Conclusion Générale
Dans la représentation commune, le développement
est synonyme de niveau de vie élevée et d'accès au
bien-être pour tous. Ce développement ne doit pas être
abordé seulement à partir d'une optique quantitative, mais aussi
« comme un processus de transformation de la gestion des ressources
humaines en potentiel de développement ». Il convient alors de
faire la différence entre développement et croissance comme
l'affirme Bairoch repris par Greffe (1992) : « La croissance se limite
à l'augmentation du volume de production par habitant et ce n'est que
lorsque cette croissance est accompagnée des changements structurels en
question que l'on parle de développement... »
Cette recherche exploratoire a permis de souligner les
innovations que les acteurs de l'économie sociale ont introduites en
matière de politiques de financement et d'accompagnement à la
création d'entreprise. Le secteur de l'accompagnement à la
création d'entreprises connaît des bouleversements qui aujourd'hui
méritent que l'on y apporte une attention soutenue tant il devient un
enjeu national. On a montré ici comment les organismes de
l'économie sociale ont contribué de façon très
notable à la structuration de l'offre d'accompagnement et comment elle a
servi et continue à servir de laboratoires d'expérimentation pour
de nouvelles politiques économiques et sociales. En particulier, les
associations ont créé l'accompagnement global du futur
entrepreneur, avec l'idée sous-jacente de l'aider à se construire
un capital humain, social et/ou économique qui lui fait défaut,
en orientant leur activité autour des enjeux humains de la
création d'entreprise.
Reste aujourd'hui à s'interroger sur les tensions
imprimées à ces associations du fait même de leur
implication dans des logiques d'action et des mondes pluriels. Par exemple,
l'aptitude de l'économie sociale à travailler en étroite
collaboration avec les pouvoirs publics, fondée par une même
logique d'action civique, l'oblige à adapter ses outils de gestion et
ses objectifs à ceux de ces mêmes pouvoirs publics. Avec le risque
de divergence entre les objectifs finaux de leur activité
(insérer les candidats à la création d'entreprise) et
l'évaluation qui en est faite (nombre d'entreprises
créées). Cette question des objectifs finaux renvoie aussi
à celle de la professionnalisation.
Insérer un public en voie d'exclusion économique
par la création d`activité exige, on l'a montré, des
compétences spécifiques qui vont au delà d'une simple
technicité. Les associations doivent s'engager dans des politiques de
ressources humaines visant à développer ces multiples
compétences. Mais sont-elles en mesure de créer un
véritable marché du travail pour les personnels concernés
? Et si la constitution de ce marché du travail n'était pas
intrinsèquement liée à l'émergence d'un
véritable marché de l'accompagnement à la création
d'entreprise associant des opérateurs de l'économie dite
classique ?
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