L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir( Télécharger le fichier original )par Martin MBENDE Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008 |
III. Position de PlatonPhilosophe idéaliste et dialecticien, Platon est le premier qui a tenté une solution au problème métaphysique du devenir en opérant à la fois un dépassement de Héraclite et de Parménide. Pour lui, le devenir de l'Etre est rendu possible, aussi bien par les Idées qui sont causes du mouvement des choses sensibles que par l'existence d'un non-Etre relatif qu'il a nommé l'altérité. C'est pourquoi, notre analyse de l'approche platonicienne du devenir, s'intéressera à la théorie des Idées et au problème de l'Un et du Multiple relatif à celui de la prédication. 1. La théorie platonicienne des Idées
Exposé de la théoriePour Platon, c'est l'Idée qui réalise tout ce qu'il y a d'intelligible dans le monde. Celle-ci existe absolument par soi, et en dehors de toute pensée. Non générée et incorruptible, l'Idée subsiste toujours. Elle est douée d'intelligibilité, et n'est connue que par l'intellect. Platon affirme à propos dans le Timée : « Dans de telles conditions, il faut convenir qu'il est : premièrement l'ordre des êtres qui se conservent identiques, qui ne sont sujets ni à naître ni à périr, dont nul n'accueille en soi un autre distinct de lui ni ne se rend lui-même en un autre, qui sont invisibles et à tout autre sens inaccessibles ; ce sont précisément ces êtres que l'intellection à pour lot d'examiner. »37(*) Par ces termes, le disciple de Socrate établit clairement la distinction entre ce qu'il nomme Idée et la chose sensible vouée au changement, au mouvement et donc au devenir. En plus, il faut dire que chez Platon, la pluralité sensible existe par participation aux Idées qui ont le même nom qu'elle. Il affirme à ce sujet : « Ces Idées dont nous parlons, sont à titre de modèles, des « paradigmes», dans l'éternité de la Nature ; quant aux objets, ils leur ressemblent et en sont des reproductions ; et cette participation que les autres objets ont aux Idées ne consiste en rien d'autre qu'à être faits à leur image. »38(*) Par ailleurs, dans le Phédon, Platon soutient que les Idées sont causes des êtres et du devenir des choses. Ainsi, le mouvement et le changement observés dans le monde sensible qui traduisent son être en devenir, ont pour principe les Idées immuables et éternelles auxquelles Platon assigne une nature mixte. Les Idées considérées comme mixtesEn dépit de leur individualité et du fait qu'elles ne sont pas immanentes aux choses sensibles, les Idées sont pourtant formées comme les choses sensibles : elles ont une matière à savoir la Dyade indéfinie du Grand et du Petit, qui porte soit chez Platon lui-même, soit chez ses disciples différents noms : l'inégal, l'infini, la multiplicité, le non-Etre. En plus d'une matière, les Idées sont investies d'une forme que Platon appelle l'Un. L'Idée platonicienne est donc mixte. Ce caractère mixte ne doit en aucun cas suggérer à notre esprit un quelconque devenir des Idées comme c'est le cas pour les êtres sensibles. Car en plus d'être immobiles, les Idées sont aussi causes d'immobilité comme le souligne Aristote. Ainsi exposée, la théorie des Idées éclairera la contribution platonicienne dans la résolution du conflit de l'Un et du Multiple lié au problème de la prédication. * 37 PLATON, Timée, 52 a. * 38 PLATON, Parménide, 132 d. |
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