I-1. Présentation
succincte du modèle de G. AKERLOF
Le marché des voitures d'occasion est
représentatif d'un marché où acheteurs et vendeurs ont des
informations différentes sur la qualité des biens vendus ;
l'analyse d'un tel marché a été présentée en
1970 par George AKERLOF.
AKERLOF déduit de son analyse que dans de telles
conditions, la présence d'une institution bénéficiant
d'informations privilégiées, centralisant les échanges en
discriminant économiquement les mauvais peuvent s'avérer
bénéfique. Les étapes de sa démonstration ont
été fondées sur les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 Supposons un marché sur
lequel opèrent cent (100) vendeurs et cent (100) acheteurs de voitures
d'occasion.
Hypothèse 2 Supposons que cinquante (50)
voitures mises en vente soient de bonnes occasions et cinquante (50) autres de
mauvaises.
Hypothèse 3 On suppose que les vendeurs
connaissent parfaitement la qualité de leurs voitures tandis que les
acheteurs sont dans l'ignorance de cette qualité.
Hypothèse 4 Soit un million
(1 000 000) de F CFA et deux millions (2 000 000) de F CFA,
les prix souhaités respectivement par un vendeur de mauvaises occasions
et un vendeur de bonnes occasions.
Hypothèse 5 Soit un million deux cent mille
(1 200 000) de F CFA et deux millions quatre cent mille
(2 400 000) de F CFA, les prix que sont disposés à
payer respectivement un acheteur de mauvaise occasion et un acheteur de bonne
occasion.
Hypothèse 6 Les acheteurs ne pouvant observer la
qualité des voitures, doivent alors l'estimer. On suppose qu'une voiture
a une probabilité égale d'être une bonne occasion qu'une
mauvaise occasion (c'est-à-dire Pbo = Pma).
A partir de ces hypothèses, la valeur attendue pour un
acheteur normal d'une voiture d'occasion est égal à [(½) x
1 200 000] + [(½) x 2 400 000] =1 800 000 F
CFA.
Pour ce prix (1 800 000 FCFA), seuls les vendeurs de
mauvaises occasions sont intéressés à vendre. Etant
donné que par hypothèse, les vendeurs de bonnes occasions en
réclament deux millions (2 000 000) pour s'en séparer.
Une conséquence immédiate de cette situation est leur retrait du
marché.
La leçon de ce cas de figure de marché est que
sur le marché, bien que les acheteurs de bonnes occasions soient
disposés à payer à un prix supérieur aux prix
auxquels les vendeurs souhaitent leur vendre (2 400 000 >
2 000 000), les transactions de ce type d'occasion n'auront pas lieu.
En d'autres termes, il y a échec du marché, ce qui implique
l'intervention de l'Etat. La cause de l'échec du marché
réside dans le fait qu'il y a une externalité négative
entre vendeurs de véhicules de bonne qualité et vendeurs de
véhicules de mauvaise qualité de telle sorte que lorsqu'un
individu décide de mettre en vente une voiture de mauvaise
qualité, il influe du même coup l'estimation que les acheteurs
font de la qualité du véhicule moyen sur le marché. Ceci
nuit à ceux qui essayent de vendre des véhicules de bonne
qualité.
Les enseignements tirés du modèle d'AKERLOF sont
très pertinents. L'exemple des voitures d'occasion montre qu'en
présence d'asymétrie d'information sur la qualité du
produit, le marché obéit à la loi de GRESHAM
généralisée à savoir, « les mauvais
produits chassent les bons à tel point que le marché peut finir
pas disparaître ».
En effet, les mauvais produits étant vendus au
même prix que les bons, acheteurs et offreurs de bonne qualité
désertent le marché quand bien même ils étaient
désireux d'échanger. Dans ces conditions, la présence
d'institutions bénéficiant d'information
privilégiées, centralisant les échanges et discriminant
les mauvais produits peut s'avérer bénéfique.
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