Enjeux géopolitiques des initiatives des grandes puissances en matière de maintien de la paix en Afrique( Télécharger le fichier original )par Oumarou KOLOGO Université de Ouagagougou - Master de sociologie 2010 |
1.3 Le contexte actuel des ressources africaines pour le Maintien de la paixPour des raisons historiques, culturelles et surtout celles liées à l'attachement des Etats à leur souveraineté, la plupart des armées africaines sont confinées dans des missions classiques de sécurisation et de défense de leur intégrité territoriale. Des moyens modestes, très souvent acquis dans le cadre de la coopération avec les anciennes puissances coloniales ou d'accords bilatéraux avec l'ancienne Union des républiques socialistes soviétiques, ont servi à cette fin, sans qu'un renouvellement capacitaire ne soit effectué en cohérence avec les besoins opérationnels d'aujourd'hui2. Du coup, à partir de 1990, année référentielle de la recrudescence des conflits internes, toutes les armées se sont retrouvées avec des moyens vétustes et surtout inadaptés au maintien de la paix. En outre, le marasme économique, la fin de la guerre froide et la disparition du bloc soviétique constituent autant de facteurs qui justifient difficilement l'opportunité des plans d'équipement et leur réalisation. L'un des géants africains, le 2 Lieutenant-colonel MBOW, Armée de terre / Sénégal, Les initiatives pour le renforcement des capacités de Maintien de la paix en Afrique subsaharienne : enjeux et Perspectives, KOLOGO OUMAROU, réflexion sur les enjeux
géopolitiques des initiatives Nigeria dispose de capacités non négligeables, mais n'a pu participer à la mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire en décembre 2002, à cause de ses engagements précédents au Libéria et en Sierra Léone pour un coût de l'ordre de 8 milliards de dollars. Peu d'Etats africains disposent comme cette Nation des ressources nécessaires pour soutenir des opérations de paix. Les conflits intra-étatiques qui ravagent l'Afrique impliquent des missions de paix aux tâches multiples, effectuées dans un contexte de violence significative et où les parties au conflit sont nombreuses. Ce sont autant de variables qui entraînent la création de missions à forts effectifs militaires. Or plusieurs États africains ne disposent pas d'effectifs suffisants pour mener de telles opérations ou même pour faire une contribution significative de l'ordre d'un bataillon et plus à une force multinationale. Le manque d'effectifs et d'unités entraînées et équipées reflètent davantage la situation réelle que les effectifs mentionnés «sur papier ». Aussi, les lacunes au niveau du matériel et de la formation sont considérables. Peu sinon aucune armée subsaharienne dispose de l'infrastructure de commandement, de contrôle et communication suffisante pour mener des opérations impliquant des effectifs supérieurs à une brigade. Les moyens logistiques permettant d'intervenir sur de grandes distances et de soutenir une opération en temps réel sont aussi insuffisants. De plus, on ne peut guère anticiper beaucoup de succès d'opérations de paix menées par des sous-officiers et des soldats qui sont parfois si mal payés ou ravitaillés qu'ils doivent se livrer au marché noir ou au pillage pour survivre en mission. Enfin, aux besoins en ressources humaines et en matériel s'ajoutent la nécessité de compter sur d'importants financements pour défrayer le coût des missions. Au-delà de ces aspects, il y a les barrières des langues et de cultures qui jouent cruellement dans le succès des opérations. Les questions d'expertise et de formation restent aussi essentielles. Il faut éviter que les capacités militaires africaines ne soient détournées à des fins de coups d'État. En outre, la formation des officiers doit inclure un volet portant sur le respect de l'autorité civile et l'acquisition de techniques modernes du maintien de la paix processus de médiation et respect des droits de la personne, sans parler de la maîtrise des tâches de coordination qui relèvent de l'état-major. Enfin, la formation ne peut être limitée qu'aux seuls officiers; elle doit s'étendre au corps des sous-officiers et aux soldats. Depuis 1995 les activités de l'ONU en la matière commencent cependant à créer un cadre de coopération avec les organisations régionales afin de tirer parti des acquis. Les pays Africains ne manquant pas d'expérience en matière de maintien de la paix. Complétant l'appui aux actions préventives dans le cadre de l'OUA en particulier dans le domaine de l'alerte rapide, l'ONU engage les donateurs à verser des contributions au Fonds d'affectation spéciale pour la prévention des conflits en Afrique, et aide à rendre opérationnel le centre de gestion des conflits de l'OUA. Elle aide l'OUA et les organisations sousrégionales à mettre en place des équipes d'évaluation des besoins logistiques et à déterminer les besoins logistiques et financiers d'opérations de maintien de la paix autorisées par le Conseil. L'ONU encourage également l'application de formules de partenariat entre Etats et organisations régionales et sousrégionales pour un partage des fournitures de matériels et de forces. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, principalement se sont engagés dans l'assistance aux capacités africaines de maintien de la paix. Après l'abandon de l'idée de création d'une force interafricaine permanente de maintien de la paix, évoquée notamment lors du Sommet de Biarritz en novembre 1994, ces trois Etats ont présenté aux Nations Unies, le 22 mai 1997, les principes guidant leur action. La recherche d'une complémentarité entre le projet européen et celui des américains se manifeste par la volonté d'appuyer des modules de forces en attente, ouvertes en principe à tous les Etats africains, dans un cadre transparent, avec un KOLOGO OUMAROU, réflexion sur les enjeux
géopolitiques des initiatives dispositif chargé de superviser la mise en oeuvre des différents programmes sous l'égide des Nations Unies et en liaison avec l'OUA. Mais ces programmes visent à instruire, entraîner, équiper en partie des troupes africaines pour mieux leur permettre de participer au système de forces en attente des Nations Unies. Il donne lieu notamment au prépositionnement de matériel nécessaire à l'équipement d'un bataillon africain ou à des exercices multinationaux de maintien de la paix. Le programme ACRI des Etats-Unis est un programme de formation, d'entraînement des cadres de bataillons issus de plusieurs Etats africains dont certains francophones. A l'exception d'une utilisation dans le cadre de missions de paix classiques, pouvant être décidées au niveau régional, ces capacités africaines ne présentent aucune garantie contre un éventuel nouveau refus d'intervention de la part du Conseil de Sécurité. Les initiatives individuelles de soutien des grandes puissances aux capacités africaines révèlent ainsi à la fois un désengagement et une volonté de sauvegarde de leurs intérêts nationaux en Afrique. Le vieux paradigme des puissances dominantes reprend ainsi du service à travers le prisme de la sous-traitance. Les réflexions entourant la régionalisation demeurent, malgré leurs difficultés, exemplaires pour les projets de réformes des opérations de maintien de la paix de l'ONU. régionales, les interventions militaires humanitaires ad hoc telles que l'Opération turquoise menée par l §2. ENJEUX DES PRINCIPAUX PROGRAMMES D'APPUI A UNE CAPACITE AFRICAINE DE MAINTIEN DE LA PAIX |
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