II. 2. 1. La théorie développementaliste
Le tenant de cette approche est jean PIAGET. Il suppose que
les connaissances de chaque sujet ne sont pas une simple "copie" de la
réalité, mais une "reconstruction" de celle-ci. Le
constructivisme développementaliste s'attache à étudier
les mécanismes et processus permettant la construction de la
réalité chez les sujets à partir d'éléments
déjà intégrés.
Cette théorie « s'enracine dans l'application
d'une loi biologique
fondamentale : l'organisme possède des structures
adaptatives, constituées de systèmes actifs de réponse et
de réorganisation » (GAONAC'H, 1991 :118).
Tout apprentissage passe par un processus d'assimilation puis
d'accommodation. L'apprenant, face à des données nouvelles, va
élaborer des notions, des concepts qui sont à la fois toujours
les mêmes et toujours différents parce que saisis à des
niveaux de maîtrise supérieurs. En effet, les connaissances sont
sans cesse réorganisées de façon de plus en plus complexe,
en intégrant aux constructions nouvelles les acquis
précédents.
La compréhension, constamment renouvelée,
s'élabore à partir des représentations plus anciennes
d'événements passés, que le sujet a d'ores et
déjà « emmagasinées » dans son vécu.
Ensuite, le sujet restructure (« reconceptualise »), en interne, les
informations reçues en regard de ses propres concepts : c'est le
phénomène de restructuration conceptuelle à travers ses
expériences.
Le nouveau savoir n'est effectif que s'il est reconstruit pour
s'intégrer au réseau conceptuel de l'apprenant. AUSUBEL (1968)
parle de ponts cognitifs. La façon dont l'élève assimile
les connaissances est primordiale. Il peut y avoir des apprentissages
significatifs (sens, liens avec ce que l'élève sait
déjà) et mécaniques (sans liens, du «par
coeur»).
Les thèses structuralistes du psychologue Jean PIAGET
(1896-1980), pour en justifier la thèse centrale : toute connaissance
est le résultat d'une expérience individuelle d'apprentissage,
font appel aux concepts d'accommodation et d'assimilation formant le processus
d'accommodation. André GIORDAN souligne que cette accommodation
transforme les schèmes de la pensée et vient, le plus souvent,
s'opposer aux savoirs établis.
Ce conflit cognitif, base de la pédagogie
constructiviste, se heurte à des difficultés à
différents niveaux :
· Un individu maintient sa représentation sur un
objet tant et aussi longtemps qu'il n'a pas de problème avec cette
conception.
· Avec le temps, les représentations
spontanées reprennent leur place puisque dans la vie courante elles
peuvent produire des résultats.
· La conception initiale fortement enracinée est
trop éloignée de la nouvelle représentation
proposée pour que l'apprenant puisse l'accepter.
· L'élève manque d'informations ou ne dispose
pas des ressources (opérations mentales, stratégies et
procédures à utiliser...) nécessaires à
l'intégration d'une nouvelle conception.
· Il n'a pas envie de changer parce qu'il n'y trouve pas
d'intérêt. (Car comme on l'admet avec le Behaviorisme, la
motivation est un module essentiel à toute action.)
Sur le plan pédagogique, cette théorie
présente un intérêt dans la mesure où elle montre
l'importance de la continuité dans les apprentissages : les notions
enseignées au début doivent être compatibles avec ce qui
est appris par la suite.
C'est l'élève qui apprend et personne ne peut
le faire à sa place. Cependant, il peut difficilement trouver seul
toutes les données nécessaires à tout changement de
conceptions. Le rôle de l'enseignant est alors primordial : c'est lui qui
doit proposer et mettre en place une méthodologie et une
pédagogie appropriées pour permettre aux élèves de
construire et intégrer les nouveaux savoirs.
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