Le christ comme médiateur du salut, essai d'herméneutique africaine du message chrétien à la lumière de la christologie de karl Rahner( Télécharger le fichier original )par Thomas RAINCHOU Grand séminaire notre dame de l'espérance de Bertoua - Attestation de fin d'étude de théologie 2006 |
3.3.3. Confession africaine du Mystère du ChristRien n'est impossible à Dieu (cf. Luc 1, 37.) ; voici une expression forte de sens qui n'est pas absente dans l'imaginaire religieux africain. Cette expression est d'autant plus vraie que Dieu, dans sa volonté salvifique universelle, à l'égard des hommes et de toute la création, a dû braver l'abîme qui le séparait des hommes pour se solidariser avec leur propre expérience et les en a délivrés. Ceci, selon Karl Rahner, il l'a fait en la personne de Jésus-Christ, qui a connu la passion, puis la mort sur la croix et est ressuscité, marquant ainsi la victoire définitive de la vie sur la mort208(*). Jésus-Christ, Dieu devenu homme, « est Africain dans les membres de son corps »209(*) et une confession africaine du mystère du Christ possible non seulement dans une formule de foi, mais aussi dans le témoignage existentiel. Dans la formule de foi, le Christ peut être reconnu par les chrétiens africains en tant que roi de l'univers à travers les catégories linguistiques de chef, d'ancêtre et de frère aîné qui à chaque fois, prennent une signification éminente dans la mesure où aucun système culturel n'est en mesure de traduire adéquatement le mystère de la Révélation. Celui-ci reste toujours insaisissable parce que c'est un mystère, mais aussi évocable parce qu'il est révélé et incarné. Dans le témoignage existentiel, le mystère de l'Incarnation peut être confessé en Afrique dans une mobilisation réelle pour la promotion d'une Afrique de réconciliation, de pardon, de justice et de paix. Une telle entreprise ne va pas sans difficulté car elle exige une vie d'engagement aussi bien au niveau individuel que collectif des Africains eux-mêmes. Et comme le dit Karl Rahner, un engagement « dans la patience, l'ouverture et la fidélité au développement de la vie chrétienne propre, jusqu'à ce que cette vie, lentement, peut-être au sein des souffrances et d'échecs, se déploie en expérience du rapport personnel à Jésus-Christ »210(*) ; lui qui à travers la souffrance et « l'échec » a proclamé la victoire du bien sur le mal. Dans tous les cas, la profession de foi christologique en Afrique doit devenir culture africaine, avec ses implications existentielles, ecclésiologiques et missiologiques, car en effet, « une foi qui ne devient pas culture est une foi qui n'est pas pleinement accueillie, entièrement pensée et fidèlement vécue »211(*). Une telle foi s'exprime dans la conversion réelle des coeurs, des institutions et structures sociales en Afrique. Elle seule pourrait ouvrir aux Eglises et aux sociétés africaines ainsi qu'aux chrétiens individuels le vrai chemin de leur avenir dans la grâce de Dieu212(*). La foi christologique en Afrique, plus qu'un acquis, est un défi à relever dans l'oeuvre de l'Evangélisation qui n'est qu'une continuation du dialogue de Dieu avec l'homme, porté à son terme dans la personne de Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes. * 208 Cf. TFF, p. 299. * 209 JEAN-PAUL II, cité par J. DORE, « Présentation », dans PAA, p. 10. * 210 TFF, pp. 343-344. * 211 EA 78. * 212 Cf. NTIMA NKANZA, Op. cit., p.173. |
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