IV. 3 Les perspectives : avenir associatif des territoires
de Beni et Lubero.
L'avenir des associations, et donc de la société
civile locale, dépend de leurs apports, des facteurs de leur
création tant internes qu'externes, ... Qu'il s'agisse des associations
catholiques, protestantes ou autres au sein des territoires de Beni et Lubero,
toutes naissent des besoins de leurs membres ou de la population qui, d'une
manière ou d'une autre, bénéficient des
réalisations et leurs dépenses. Cependant, la réussite
n'est possible que lorsqu'il y a cohésion sociale.
Dans cette logique, toute activité devrait s'inspirer
d'abord de la culture locale. En tant que processus de transformation de la
société, les pratiques associatives peuvent être
liées à la construction des identités140. Si
l'association existe parce que les membres sont issus d'une même ethnie,
d'une même religion, d'une même école, d'un même
village, d'une même activité ou d'un secteur ou encore ont un
même bailleur de fonds (donateur), elle sera jugée par rapport
à sa dynamique et par rapport au contexte de son évolution.
139 OKITUNDU AVOKI, René, « Gouvernance locale et
communauté de base au Congo (RD) », in Sophie Charlier, Marthe
Nyssens, Jean-Philippe Peemans et Isabel Yépez del Castillo. Une
solidarité en actes : gouvernance locale, économie sociale,
pratiques populaires face à la globalisation, presses
universitaires de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2004, p.248.
140 DELIEGE, Robert, « Les associations comme supports
identitaires », in Momar-Coumba Diop et Jean Benoist (dir), op.cit .,
pp.103-106.
C'est pourquoi dans les territoires de Beni et Lubero, les
associations à tendance religieuse dans leurs actions doivent
privilégier celles qui sont issues des besoins locaux plutôt que
d'actions opportunistes. En conséquence, le manque de donateur pour un
réseau d'associations ayant des actions opportunistes peut conduire
à sa dissolution ou à sa faillite. Un danger existe aussi pour
les associations qui sont attachées à des personnes influentes
qui interviennent comme courtier de développement dans l'obtention ou la
canalisation des fonds.
Les différents bureaux de coordination de la
société civile, Beni et Lubero, devront être proches de la
population quelle soit rurale ou pas s'ils veulent connaître ses vrais
besoins. Si toutes ces activités nécessitent des moyens
financiers, nous pensons que le rôle de l'Etat congolais ne devrait pas
se limiter à la fourniture des documents administratifs aux acteurs non
étatiques, comme aux associations. Il faut, en outre, octroyer des
subsides permanents et suffisants de la part de l'Etat pour permettre de
répondre aux besoins primordiaux.
Lorsque les associations, religieuses ou non-religieuses,
composant la société civile dépendent de financements
extérieurs, elles peuvent connaître certaines dérives :
elles ne connaissent pas l'agenda des institutions qui les financent ou des
courtiers qui interviennent en leur faveur. L'indépendance des
associations est ainsi remise en question. La nécessité d'un Etat
minimum stable et organisé permettrait à ces associations de
répondre aux besoins à travers son soutien. Cela peut se lire
dans les propos de François RAILLON qui dit :
« La dérégulation et la privatisation
sont appelées à confiner l'État dans ses fonctions
régaliennes, et à confier à la société
civile - aux associations - le soin de gérer le pays. La condition
d'épanouissement de la société civile, selon le nouveau
credo, est l'État minimum... De même que le marché a besoin
de règles et d'une autorité régulatrice pour fonctionner,
la société civile requiert l'existence d'un État
ordonné et stable. »141
|