CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il ressort que le secteur
informel apparaît pour les jeunes de la ville de Yaoundé comme
l'expression de nouvelles stratégies d'insertion professionnelle des
jeunes d'une part, et la mobilisation des réseaux de solidarité
familiale et des relations est l'option privilégiée dans leur
recherche d'emploi d'autre part. Cette étude s'est attelée
à décrire les stratégies d'insertion des jeunes de la
ville de Yaoundé. Elle porte dans une telle perspective sur l'analyse
des modifications de la chance d'entrée dans la vie professionnelle dans
la ville de Yaoundé, liées aux variables démographiques et
socio-économiques du parcours de la vie et de la conjoncture
économique traversée.
Le cadre théorique a permis d'avoir des
définitions rigoureuses des concepts liés à la notion
d'insertion et de dégager les variables pouvant influer sur la
décision de participation des jeunes sur le marché du travail.
Ces variables sont relatives à l'environnement familial, au capital
humain, à la démographie et aux caractéristiques des chefs
de ménages. Les principales théories sur lesquelles
l'étude s'est appuyée sont relatives au capital humain, à
la recherche de l'emploi et du travail.
Des analyses descriptives effectuées, il est apparu que
malgré l'embellie économique caractérisée par la
croissance économique qu'observe le Cameroun depuis 1997, les jeunes ont
de plus en plus de difficultés pour se réaliser
professionnellement. Une fois sortis du système éducatif, ils
s'inscrivent dans une longue file d'attente les rendant fortement
dépendants de leur famille pendant toute cette période. Les
résultats du modèle économétrique ont montré
que les jeunes sont vulnérables sur le marché du travail car
ils ne disposent pas en général de
l'expérience professionnelle requise pour accéder à un
emploi. Dans l'ensemble, les variables relatives au capital humain
expliquent très faiblement l'accès des jeunes dans le
marché du travail et le revenu tiré de l'emploi principal. On
note que l'environnement familial influe beaucoup sur
l'insertion professionnelle des jeunes et même sur les segments du
marché dans lesquels s'orientent les jeunes. Les chefs de
ménage ont une influence considérable sur l'insertion des jeunes
qu'ils ont à leur charge de par leur secteur d'activité. De
manière générale, les jeunes qui vivent dans
les ménages où le chef travaille ont beaucoup plus de chances
de participer au marché du travail. Le chef de ménage qui
exerce dans le secteur informel verra plus les enfants qu'il encadre
s'orienter vers le secteur informel à cause de l'initiation du jeune
à ce secteur. Bien plus, l'une des raisons que l'on peut avancer pour
expliquer l'insertion des jeunes sur le marché du travail concerne
les prétentions salariales. Cette assertion émane de la
théorie de la recherche de l'emploi selon laquelle les chercheurs
d'emploi décident de leur participation au marché du travail
suivant leurs prétentions salariales qui sont
considérées comme le salaire de réserve de ces derniers.
Le modèle 54
estimé a montré que la variable relative au
salaire de réserve n'est pas significative. Ainsi, les jeunes semblent
ne pas tenir compte de cette variable pour décider de leur entrée
sur le marché du travail. Ces derniers choisissent alors le premier
emploi qui se présente à eux quelle que soit la nature et la
qualité de cet emploi. Les jeunes sont de moins en moins regardants
quant à la qualité des emplois qu'ils exercent. D'où
l'entrée massive des jeunes dans les segments d'emplois précaires
(72% des jeunes insérés exercent dans le secteur informel). En
plus, Le canal d'insertion qui s'est avéré être le plus
efficace est celui des parents ou des relations. L'usage massif de cette voie
subjective de recherche d'emploi peut être source de nombreux maux tels
que l'asymétrie des chances des jeunes dans leur prospection, le
découragement de ceux des jeunes qui n'ont pas de relations pouvant les
aider à s'insérer, le tribalisme, et dans une certaine mesure
elle peut favoriser la corruption. L'étude a aussi
révélé la faible fréquentation des institutions de
promotion de l'emploi qui serait due à une sensibilisation insuffisante
des jeunes d'une part et d'autre part au manque de confiance des jeunes
dominés par l'opinion selon laquelle les meilleurs postes sont
réservés aux connaissances.
Au vu de toutes les contraintes auxquelles les jeunes font face
quant à leur insertion, la présente étude suggère
qu'un grand intérêt soit accordé à :
· l'emploi en général et à l'emploi
des jeunes en particulier. La problématique de l'emploi doit être
placée au coeur de la question du développement ;
· adapter les programmes de formation aux besoins de
l'entreprise ;
· les institutions de promotion de l'emploi devraient
faire un effort de sensibilisation et mener régulièrement des
études de prospection afin d'aider les jeunes à dénicher
les secteurs à exploiter et le type de compétence qu'ils doivent
faire valoir pour un type d'emploi donné.
La présente étude a eu pour unités
d'observation les jeunes de la ville de Yaoundé ce qui paraît
réducteur si l'on veut préparer des éléments d'aide
à la décision pour l'ensemble des jeunes du Cameroun. Ainsi, une
étude similaire menée dans les autres localités du
Cameroun serait pleine d'intérêt. Elle permettra d'effectuer des
comparaisons et contribuera à améliorer les dispositifs d'aide
à l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun.
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