SECTION 3 : Le marché du travail des jeunes
Les enquêtes ECAMI et ECAMII ont
révélé qu'au fil des années, la population active
des jeunes ne cesse d'être en perpétuelle croissance26
malgré la stagnation de la demande de travail27.
D'après le BIT, cette croissance serait le fait de la pression
démographique et de l'arrivée sur le marché du travail des
personnes précédemment découragées par la crise
économique. Ces dernières seraient encouragées par les
signes de la reprise de la croissance économique.
3.1 La situation d'activité des jeunes 3.1.1 La
non-insertion des jeunes
Les jeunes non insérés constituent plus de la
moitié (56,3%) de la population active jeune. La non insertion
toucherait davantage les jeunes femmes (64,7%) que les jeunes hommes
(48,5%).
26 Entre 1996 et 2001, près de 1 409 000
camerounais se sont ajoutés à la population active
âgée de 15 ans et plus, faisait passer le taux d'activité
de 68,3% à 71,3% (Source : OIT « Les statistiques sur l'emploi et
le marché du travail au Cameroun » ; Edition décembre 2004
p.11).
27 BIT « Caractéristiques et
déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun » ; Edition 2005 P.
28.
32
Tableau 3 : Taux de non insertion selon le sexe
et les classes d'âges des jeunes (en %)
Classes d'âge
|
Sexe de lindividu
|
Ensemble
|
Masculin
|
Féminin
|
15-19 ans
|
68,8
|
57,3
|
72,2
|
20-24 ans
|
26,8
|
28,5
|
61,3
|
24 - 29 ans
|
30,6
|
35,5
|
52,8
|
30 - 35 ans
|
41,4
|
47,0
|
42,0
|
Total
|
48,5
|
64,7
|
56,3
|
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Par rapport à l'âge, l'examen du tableau 3 permet
d'affirmer que le taux de non insertion serait une fonction décroissante
de l'âge. Ainsi, plus l'on est jeune moins on a les chances de
s'insérer. Ce qui est révélateur de la
vulnérabilité sur le marché du travail qui affecte de plus
en plus les jeunes. (cf. Graphique 6).
Graphique 6 : Vulnérabilité des
jeunes face à l'emploi selon les classes d'âge
Pourcentage(en %)
81,5
80,5
79,5
78,5
77,5
82
81
80
79
78
77
15- 19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-35 ans
Classes d'âge
Source : EDIJ 2005, ISSEA
La vulnérabilité est un indicateur qui permet de
mesurer le risque pour un jeune d'être non inséré. C'est le
rapport du nombre de personnes non insérées depuis moins d'un an
à la population active occupée28 , en d'autres termes,
c'est le pourcentage des jeunes devenus non insérés parmi les
actifs qui travaillaient un an plus tôt . Par ailleurs, cette
vulnérabilité pourrait être le fait du manque
d'expérience professionnelle dont seraient victimes les jeunes une fois
insérés.
Ces jeunes seraient sortis du système scolaire,
principalement par manque de moyens (Près de 60 %) (cf. tableau 20 en
annexe 1).
28 Cette définition est celle des auteurs
LONGATTE J., VANHOVE P. in Economie générale page 251.
33
Dans la ville de Yaoundé, la non insertion toucherait
davantage les primo demandeurs29 d'emploi qui
représenteraient 79,7% des jeunes non insérés contre 20,3%
des personnes ayant perdu précédemment leur emploi (cf. tableau
15 en annexe 1). L'âge moyen des jeunes en première insertion (26
ans) est supérieur à 24 ans. Leur formation s'est faite en
majorité dans les cycles d'enseignement général. La
moitié de ces jeunes auraient le niveau du secondaire
général, et 17 % le niveau de l'enseignement supérieur
général (contre seulement 4 % des jeunes ayant reçu une
formation supérieure technique) (cf. Graphique 7).
Graphique 7 : Répartition des primo
demandeurs d'emploi selon le niveau d'instruction
4%
17%
14%
15%
50%
Primaire
Secondaire général Secondaire technique
Supérieur général Supérieur technique
Source : EDIJ 2005, ISSEA
Ces individus qui sont sortis du système scolaire sont
en majorité des jeunes de niveau secondaire et supérieur de
l'enseignement général et par conséquent, ils ne seraient
pas compétitifs sur le marché du travail du fait de leur manque
de formation professionnelle. Ce qui semble être similaire à la
situation des jeunes au Burkina Faso. L'étude menée par
Lachaud30 révèle qu'une partie importante des jeunes
demandeurs d'emplois du Burkina Faso en particulier et de l'Afrique
sub-saharienne seraient de plus en plus des diplômés du secondaire
et du supérieur général. Par contre, les
diplômés ayant reçu des formations techniques et
professionnelles du supérieur et du secondaire ont de plus en plus de
chances de s'insérer sur le marché du travail et à une
meilleure situation d'emploi [ECAM II- Rapport sur l'emploi].
Une fois sortis du système éducatif, les jeunes
s'inscrivent dans une longue file d'attente. La durée moyenne
d'attente31 pendant la période de référence
serait de 32 mois, soit environ 3 ans (2 ans et 8 mois plus
exactement)32. Elle est même supérieure à 5 ans
pour plus de 23 % des
29 Les primo demandeurs d'emploi sont les jeunes non
insérés qui ont effectué pour la première fois une
recherche active de l'emploi.
30 Il s'agit de l'étude sur la pauvreté,
la vulnérabilité et le marché du travail au Burkina Faso
menées en 1996.
31 La durée d'attente est la durée entre
la date de début de recherche d'un emploi et la date de
l'enquête.
32 Calculée sur la base des données
d'EDIJ présentées dans la première section
34
jeunes non insérés (cf. tableau 4). La
durée d'attente relativement longue pousserait d'autres jeunes encore
dans le système éducatif à prolonger la durée de
leurs études, ceci dans le but d'obtenir des diplômes plus
élevés, susceptibles de faciliter leur insertion
socioprofessionnelle.
Tableau 4 : Répartition des jeunes non
insérés selon la durée d'attente et l'accès
à la formation professionnelle
Durée
d'attente
|
Avoir reçu une ou plusieurs
formations professionnelles
|
Ensemble (en %)
|
oui
|
non
|
Momns d'un an
|
20
|
29
|
11,9
|
1 à 2 ans
|
22
|
89
|
26,9
|
2 à 3 ans
|
20
|
65
|
20,6
|
3 à 4 ans
|
12
|
27
|
9,5
|
4 à 5 ans
|
10
|
21
|
7,5
|
5 à 6 ans
|
9
|
27
|
8,7
|
6 à 7 ans
|
3
|
10
|
3,2
|
7 à 8 ans
|
5
|
10
|
3,6
|
8 à 9 ans
|
6
|
8
|
3,4
|
9 à 10 ans
|
1
|
3
|
1,0
|
10 à 11 ans
|
3
|
4
|
1,7
|
11 ans et plus
|
4
|
4
|
1,9
|
Total
|
115
|
297
|
100
|
Lecture : la différence entre les durées moyennes
des jeunes ayant suivi au moins une formation et ceux n'ayant suivi aucune
formation est significative (la significativité au seuil de 5% est de
0.000)
Source : EDIJ 2005, ISSEA
L'attente relativement longue des jeunes sans emploi pourrait
être imputée au faible développement de l'investissement
productif qui permettrait la création d'emplois décents
[Njiké Njikam Gilles Bertrand, Lontchi Tchoffo Marc Roland et Mwaffo
Fotzeu Violet, 2005 ; p.35].
Les jeunes occupant un emploi s'inscriraient dans de longues
files d'attente avant de s'insérer. En général, ils
resteraient entre 18 et 26 mois en attente avant de s'insérer. Les
délais d'insertion semblent relativement plus courts pour les jeunes qui
exercent dans le secteur public et parapublic (en moyenne 13 mois) (cf. tableau
22 en annexe 1). Ceci pourrait être dû aux conditions de
recrutement très sélectives imposées par la fonction
publique camerounaise. Ainsi, seuls les jeunes méritants auraient
accès à ce segment d'emploi.
Une fois insérés, ces jeunes occupent divers
statuts dans leurs emplois et sont sujets à diverses conditions
d'activités.
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