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La collaboration entre l'ONU et l'union africaine dans la résolution pacifique des conflits armés en Afrique: cas de la crise au Darfour

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par Philippe TUNAMSIFU SHIRAMBERE
Université Libre des Pays des Grands Lacs "ULPGL" - Diplôme de licence 2005
  

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§2. NATURE ET INCIDENCE DE LA CRISE

A. Nature de la crise

La guerre civile qui ravage actuellement, de par ses caractéristiques et son intensité, appelle plusieurs qualifications. Quelle peut être la plus exacte ?

1° La Crise au Darfour, un conflit armé interne?

Pour être qualifiée telle, elle appelle deux hypothèses:

La guerre civile au Darfour se déroule dans les limites du territoire de la République Fédérale du Soudan;

Les combats opposent les forces armées soudanaises, ses milices alliées Janjawids à deux mouvements rebelles soudanais organisés : le Mouvement pour la Justice et l'Egalité dirigé par Ahmed Mohammed Tugod et le Mouvement pour la Libération du Soudan dirigé par Maghoub Hussain;

De par cette nature, seul le droit interne pourrait être d'application pour tenter de mettre fin à cette crise.

2° La Crise au Darfour, un conflit armé interne internationalisé?

Le Conflit armé au Darfour a changé de caractère de par certains éléments nouveaux extérieurs et est devenu international.

En effet, trois hypothèses nous ont permis de qualifier également la situation au Darfour comme étant un conflit armé interne internationalisé :

D'abord le fait pour le gouvernement d'un Etat d'accepter de négocier avec les rebelles est d'office leur reconnaissance comme belligérants. C'est dans ce sens que le gouvernement du Soudan avait reconnu les rebelles lors des premières négociations internationales qui s'étaient tenues au Tchad sous la médiation tchadienne en septembre 2003, après plusieurs tentatives internationales ratées de lancer une médiation soudanaise. Les pourparlers d'Abéché52(*) - du nom de la capitale régionale tchadienne la plus proche du Darfour - avaient abouti à un accord entre le Gouvernement du Soudan et l'Armée/Mouvement de Libération du Soudan prévoyant un cessez-le-feu, le déplacement  des forces, le contrôle de milices et l'engagement d'accélérer le développement économique et social de la région;

Ensuite, la crise au Darfour compte plusieurs influences et implications extérieures. En tête, les Etats-Unis d'Amérique avec une loi qui visait à régler certains des problèmes auxquels se heurte le Soudan, à aider ceux qui y luttent pour la démocratie et la liberté, et à punir ceux qui profitent du "pétrole sanglant"53(*). Face à cette attitude américaine, le gouvernement soudanais n'avait cessé d'appeler l'administration américaine à prendre une position neutre à l'égard du conflit soudanais. A ce propos, il avait lancé un appel au gouvernement du Président Bush pour qu'il s'oppose à la proposition du Congrès visant à accorder la somme de 10 millions de dollars à l'opposition soudanaise. « L'assistance financière accordée à l'opposition ne sert qu'à alimenter la guerre et escalader la violence dans la région. Elle met en doute la neutralité de l'administration américaine... », avait précisé, à cet égard, le Dr. Gazi Salah Eldin54(*), Conseiller du Président Béchir à la paix;

Enfin, on peut citer l'assistance régionale. Parmi elle, renseigne Human Right Watchs55(*), les communautés civiles tchadiennes alignées dans chacun des deux camps, les autorités tchadiennes, les membres des forces armées tchadiennes et certainement d'autres acteurs voisins ou régionaux, des groupes armés agissant sur la frontière et profitant du délitement de la loi et de l'autorité pour piller et voler, notamment le bétail et les animaux. Plusieurs milices ethniques tchadiennes, selon l'International Crisis Group(I.C.G)56(*), sont parties prenantes dans les deux camps du conflit, y compris parmi les Janjawids. Khartoum a opté pour une approche dure, persuadant activement le gouvernement Deby de bloquer le flux d'armes et les mouvements de rebelles à travers la frontière et soutenant simultanément - en secret- les milices arabes tchadiennes qui entendent utiliser le Darfour comme tremplin pour accéder au pouvoir dans leur pays. Un éminent responsable tchadien a déclaré à International Crisis Group: "Les Arabes tchadiens peuvent s'installer au Darfour et se servir des Janjawids comme couverture pour leurs activités contre Deby". Plusieurs groupes africains à cheval sur la frontière, les Gimir et les Tama, ainsi que quelques Arabes, combattent sous la bannière de l'Armée pour la Libération du Soudan depuis le début du conflit. Ils ont apporté leur savoir-faire de la guerre motorisée dans le désert et formé l'insurrection balbutiante. L'Armée de Libération du Soudan a, pour sa part, fourni des armes et du matériel à des combattants qui sont les dissidents de plusieurs groupes rebelles tchadiens existants, et dont les motivations et les intentions précises restent obscures. La solidarité ethnique a également emmené de nombreux Zaghawa tchadiens à se battre dans les rangs des Zaghawa soudanais, qui sont prépondérants à la fois dans l'Armée pour la Libération du Soudan et le Mouvement pour la Justice et l'Egalité.

Eu égard à ces thèses, la crise au Darfour est un conflit armé interne internationalisé bien que les Etats étrangers ne sont pas intervenus avec leurs propres forces en faveur de l'une des parties mais seul le soutien financier nous permet de l'apprécier ainsi.

On pourrait tenter de qualifier cette crise de conflit international compte tenu du racisme qui est évoqué et par le fait de l'auto détermination des groupes "rebelles et les communautés dont ils sont issus qui pensent pour leur part que le fondement réel de ce conflit est la volonté d'"arabisation" du gouvernement du Soudan et de les considérer comme des citoyens de seconde zone dans une ville arabe"57(*). Toutefois, seul cet argument ne nous convainc pas de qualifier cette crise comme telle bien que le racisme ait été dénoncé.

* 52 Centre de Nouvelles Organisation des Nations Unies 04/10/2004, Art. Cit.

* 53 HYDE, H., "Après le rapport Danforth: définir la prochaine étape sur le chemin de la paix au Soudan", déclaration du 05 juin 2002 devant sa commission des relations internationales de la chambre des représentants, Séance plénière de la commission, disponible sur l'adresse www.usinfo.state.gov/français, lu ce 05 novembre 2004.

* 54 Document d'Information, L'Agence Canadienne de développement, "Soudan/Etats-Unis", disponible sur l'adresse http://www.dfait-maeci.gc.ca, lu ce 17 octobre 2004.

* 55 HUMAN RIGHT WATCHS, "les liens avec le Tchad", disponible sur l'adresse http://www.hrw.org/french/reports/2004/2004/soudan0404/3.htm, lu ce 17novembre 2004.

* 56 RAPPORT AFRIQUE D'ICG N°83, "Ultimatum au Darfour nouveau plan d'action international"

du 23 août 2004, disponible sur l'adresse http://www.icg.org//library/documents/africa/horn_of_africa/083_darfur_deadline_a_new_intl_action_plan_fr.pdf, Nairobi/Bruxelles, lu ce 8 novembre 2004

* 57 HUMAN RIGHT WATCHS, "La réponse musclée de Khartoum", disponible sur l'adresse http://www.hrw.org/french/reports/2004/2004/soudan0404/3.htm, lu ce 17novembre 2004.

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