CHAPITRE I : LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES
Sous l'angle socioéconomique, les impacts des
aménagements portent sur : la production, la commercialisation, la
qualité des produits, le revenu des populations, le niveau
d'organisation les nouveaux emplois, les conditions de travail et les departs
pour d'autres emplois.
I- Les impacts économiques
1. La production et la qualité des produits a. Au
niveau de la pêche
Au niveau de la péche, les aménagements n'ont
pas un grand effet sur la production. Les tonnages débarqués
connaissent les variations interannuelles moyennes qui existaient méme
avant le projet et dont les causes sont dues a d'autres facteurs. Cela, les
pécheurs l'ont témoigné. L'analyse de la figure n°5
montre que la tendance générale n'a pas beaucoup
évoluée. Ceci résulte du fait que les efforts
déployés par le PAPA-SUD n'ont pas été
concentrés sur les techniques de péche et encore moins sur une
dotation en équipements de péche.
20000000
18000000
16000000
14000000
Tonage debarque
12000000
10000000
80000000
60000000
40000000
20000000
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
55
Figure 5 : Evolution des débarquements a
Joal (en tonnes)
Cependant, a Mbour, l'aménagement de l'accès au
quai côté mer a permis d'améliorer la qualité
sanitaire des produits débarqués mais aussi la situation
sanitaire et l'hygiène du site lui-même (evacuation des
déchets, mise en oeuvre de plans
santé-sécurité-environnement, mise en place d'un
comité de gestion...). Il a aussi facilité l'accostage des
pirogues et entrainé un développement d'autres activités,
tel que le petit commerce, sur l'espace aménagé.
b. Au niveau de la transformation
La transformation artisanale des produits halieutiques, elle
aussi, n'a pas, sous l'effet du projet, beaucoup progressé en termes de
production. La figure 7 révèle que l'intervention du projet ne
s'est pas manifestée par une augmentation perceptible de la
quantité des produits transformés Khelcom. Cette quantité
se situe un peu au dessus des deux millions de tonnes par année. Ceci
est certes resultant du fait qu'à Khelcom, les aménagements du
programme ne sont pas encore fonctionnels. Le site qui a été
déblayé par l'intervention du projet n'est pas encore
redallé et les femmes, déplacées pour l'aménagement
de l'aire, n'ont non plus regagné le site aménagé. Elles
continuent a utiliser les méme infrastructures et équipements
ainsi que les mémes techniques qu'avant l'intervention du projet.
Méme a Mballing, la quantité produite n'a pas
évolué parce qu'ici, les aménagements du projet ne
répondent pas aux attentes des femmes et par consequent, elles ne les
utilisent pas. De leur avis, le grand investissement que nécessite le
transport du poisson du port de péche a l'aire de transformation et les
nombreuses redevances (Cf. tableau 10) instaurées par le PAPA-SUD
expliquent que la quantité des produits transformés diminue a
Mballing. Par contre, la disponibilité de l'espace sur ce site a
engendré de nouvelles techniques de transformation plus productives et
plus hygiéniques : il s'agit de l'utilisation des fours pour le fumage
(voir photo 6). Chaque spécialiste du fumage dispose d'un four qu'elle a
construit par ses propres moyens. De l'avis des femmes, la construction d'un
four coüte environ 100 000F CFA.
57
Source: TINE M., juin 2009, Khelcom
Figure 6 : Evolution du tonnage a sec obtenu a
Khelcom
Tonnage a sec obtenu
60000000
40000000
20000000
30000000
10000000
50000000
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2. La commercialisation
Les femmes ont beaucoup approuvé le nouveau dispositif
socio-organisationnel ainsi que la formation en hygiene et qualité.
Leurs produits sont donc devenus meilleurs et plus hygiéniques tout
comme elles acquièrent de nouvelles compétences et sont
aujourd'hui mieux structurées. Par
58
consequent, la valeur commerciale des produits
transformés a légèrement augmenté dans l'ensemble
avec 10 227 006 277de F CFA en 2005 (Cf. tableau 8). Mais de leur avis, le prix
du produit vendu localement n'a pas augmenté méme si les
populations locales approuvent le nouveau produit. Par exemple, la bassine du
poisson fume coüte toujours 6000F CFA
Tableau 8 : Evolution de la valeur commerciale
des produits halieutiques a Joal
Année
2000
|
Valeur commerciale du produit
transformé
3244533905
|
Valeur commerciale des débarquements
8002826836
|
2001
|
4153407305
|
11015477950
|
2002
|
3274865350
|
19257623950
|
2003
|
3657833250
|
26603600500
|
2004
|
3713697810
|
13727984976
|
2005
|
10227006277
|
16113168000
|
2006
|
3619617500
|
16369630000
|
2007
|
4952572500
|
15052067500
|
Source: poste de contrôle des
péches de Joal
Au niveau de la péche, a Joal et a Mbour, le nouveau
dispositif socio-organisationnel a engendré une meilleure gestion du
quai. Cette gestion se manifeste par une hygiene et une propreté du site
et des produits. Par consequent de nouveaux marches sont
intéressés et la valeur commerciale des produits a, dans
l'ensemble, légèrement augmenté entre 2000 et 2007 comme
l'atteste le tableau 8. A Mbour cette augmentation de la valeur commerciale est
plus perceptible. Elle est passée de 505 801 965 F CFA en 2000 a 789 476
075 F CFA en 2007.
3.
Le revenu des acteurs
Dans l'ensemble, méme si la valeur commerciale des
produits a augmenté, l'hygiène et la qualité meilleures et
l'organisation des acteurs renforcée, le revenu des populations ne s'est
pas amélioré (Cf. Tableau 9). Au contraire, nos enquêtes
révèlent que le revenu a baissé suite aux nombreuses
redevances pour les pécheurs et aux redevances et frais de transport
pour les transformatrices de Mballing (Cf. tableau 10).
Figure 7. Appreciation du revenu par les
acteurs
Source: Enquêtes personnelles, 2009
Les 200 acteurs enquêtés sur les quatre sites
apprécient différemment le revenu actuel. Le figure ci-dessus
révèle cependant que 81,5% soit 163 acteurs constatent que leur
revenu est insatisfaisant. Les sont a l'origine de cette baisse.
4. Le système de redevance
60
Les aménagements du projet sont accompagnés d'un
système de redevance. Les personnes ou groupements de personnes
utilisant les ouvrages du projet sont tenus de payer des frais d'usage. Ces
frais varient des ouvrages utilisés et de celui qui les utilise.
Les véhicules qui entrent dans les quais ou aires de
transformation doivent payer des taxes; les pirogues qui débarquent
aussi. Les travailleurs payent également des redevances (Cf. Tableau
10). Les fonds issus de la gestion sont utilisés pour payer le salaire
du personnel chargé de l'entretien. Les bénéfices
d'exploitation sont répartis entre la mairie, le GIEI, les fonds de
réserve et les fonds pour la formation des acteurs (Cf. Tableau 11).
Tableau 9 : Le système de redevance
TYPE
|
MONTANT REDEVANCE MBOUR
|
MONTANT REDEVANCE JOAL
|
VEHICULES
|
ENTREE DU PORT 1 200 F CFA
SORTIE AVEC CHARGE 1500 F CFA
|
ENTREE 2 000 F CFA SORTIE 2 000 F CFA
|
VERIFICATION DE LA QUALIE DU PRODUIT
|
500 C CFA
|
500 F CFA
|
TRAVAILLEURS (Introduction de balance)
|
500 F CFA
|
500 F CFA
|
PIROGUE
|
500 F CFA
|
500 F CFA
|
Source: Enquêtes personnelles, 2009
Tableau 10 : Répartition des
bénéfices d'exploitation des ouvrages de péche : cas de
Mbour
BENEFICES D'EXPLOITATIONS
|
FONDS DE
RESERVES
|
MAIRIE
|
GIEI
|
FONDS POUR LA FORMATION
|
6 000 000 F CFA /
MOIS
|
50%
|
20%
|
20%
|
10%
|
MONTANT EN F CFA
|
3 000 000
|
1 200 000
|
1 200 000
|
600 000
|
Source: Enquêtes personnelles, 2009
Les bénéfices d'exploitation sont les recettes
après charges. Le système de redevance génère
beaucoup de devises pour les collectivités locales. A travers l'exemple
ci-dessus, on peut observer que la commune de Mbour gagne en moyenne 1 200 000
de F CFA par mois. Ces fonds participent grandement au développement
local.
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