CONCLUSION GENERALE :
Depuis 1950, la péche artisanale
sénégalaise a connu un développement considerable. Avec
600 000 emplois, 11% du PIB du secteur primaire, 1,4% du PIB national, 154,216
milliards de chiffre d'affaire annuelle a l'exportation, 40% des
protéines animales consommées dans le pays, son role
socioéconomique est considerable. De plus, la croissance
démographique fulgurante d'une part, la degradation des conditions
climatiques et les difficultés de l'économie arachidière
survenues ces dernières décennies d'autre part ont accru ce role
de la péche artisanale dans l'économie sénégalaise.
Cependant de nombreuses contraintes entravent son développement. Ces
contraintes qui sont essentiellement d'ordre technique et socio-
organisationnel se résument en termes d'insuffisance en
équipements, de problèmes d'aménagement et d'organisation
des acteurs et de surexploitation de la ressource. Elles sont a l'origine de la
crise récente du secteur.
Le PAPA-SUD, intervenu dans la Petite Côte avait la
noble mission d'appuyer la péche artisanale afin d'assurer le
développement durable du secteur. Ce projet qui est institué dans
un contexte de crise a réalisé des aménagements aussi bien
sur les centres de débarquement que sur les aires de transformation. La
présente étude a analyse les impacts socioéconomiques et
géographiques de ces aménagements. Elle a pris comme exemple les
centres de débarquements de Mbour et de Joal et les aires de
transformation de Mballing et de Khelcom.
En somme, il ressort de cette étude que l'appui au
développement de la péche artisanale dans les pays sous
développés ne donne pas toujours les résultats attendus.
Si la formation et l'organisation des acteurs sont de bons modèles de
développement de la péche artisanale a Mbour et a Joal, les gros
moyens déployés pour la construction d'infrastructures,
d'équipements et d'ouvrages ont produit des résultats
mitigés. Les investissements n'ont pas été
rentabilisés. Les acteurs ciblés par le projet apprécient
différemment les aménagements et déplorent de n'être
pas associés a la conception de ceux-ci. Pourtant, l'identification de
leurs besoins avec eux était nécessaire afin de répondre a
leurs attentes. Néanmoins, les aménagements du projet ont
occasionné des impacts socio-économiques et spatiaux divers.
Sur le plan socio-économique, méme si la
production n'a pas beaucoup évolué sous l'influence du
PAPA-SUD, la qualité des produits et l'amélioration de
l'hygiène des sites peuvent être constatées. Cela s'est
traduit par une augmentation de la valeur commerciale des produits
exportés. Aussi, bien que la consommation locale du
produit transformé ait augmenté au cours des huit
dernières années, le prix des ventes locales est resté
pratiquement le même. Par conséquent, le revenu des acteurs a
baissé suite aux nombreuses redevances et aux frais de
déplacements des acteurs et de transport du poisson destiné a la
transformation. Ces nombreuses dépenses malgré la
stabilité pratique du prix sont a l'origine du départ de nombreux
petits acteurs qui ne supportent pas la situation actuelle. Par contre, le
déplacement de l'aire de transformation a Mballing a
généré de nouveaux emplois pour la population locale.
Sur le plan spatial, l'intervention du projet a aussi des
effets divers. Les aménagements et ses effets (l'hygiene et la
salubrité des sites) bien que loin d'être satisfaisants ont
étendu l'espace de destination des produits a l'exportation.
L'expédition régionale des produits a, au contraire,
légèrement diminué sous l'influence du projet. La
délocalisation du site de transformation de Mbour a mis a terme la
pollution que la fumée de la transformation entraInée. Par contre
le manque manifeste de suivit se traduit par d'autres formes de pollution
encore très graves (déversement de déchets dans la mer et
sur l'espace déjà aménagé..). Cette
délocalisation a aussi accru la mobilité spatiale les migrations
pendulaires et même la migration interrégionale. Cependant il faut
noter que l'ampleur des aménagements et plus généralement
du projet est bien inférieure aux effets qu'il a causé. Les
objectifs fixés sont loin d'être atteints.
Par ailleurs le PAPA-SUD a instauré un système
de gestion des ouvrages de la pêche. Ce système de gestion, un peu
calqué sur le principe de la décentralisation, voit la
participation de l'Etat, des collectivités locales, des GIEI et des
populations a travers les GIE. Chaqu'une des parties bénéficie
des retombés de la gestion. Donc approfondir l'étude sur nos
indicateurs de recherche en y intégrant la gestion des ouvrages
permettrait de mieux ressurgir les impacts du projet et de mieux
intégrer l'aspect gestion et l'aspect socio-économique.
72
|