II-3.2. Notions fondamentales
Objet, Rapports personnels
Objet :
Est considéré comme objet « toute
entité, matérielle ou immatérielle, qui existe pour au
moins un individu » (CHEVALLARD, 1999). Le terme objet en TAD
est à rapprocher au terme « élément »
dans la théorie des ensembles. Ainsi, le nombre est un
objet ; mais aussi : , 5 et le
signe de la fraction sont des objets. De même le nombre 2 et le signe da
racine carrée ( ) qui
composent le nombre sont des
objets. La feuille sur laquelle est écrit le nombre , la personne
qui l'a écrite et celle qui la lit ou la copie sont des objets.
Rapport personnel et univers
cognitif :
Etant donnés un individu x (identifié par son
empreinte) et un objet o, on désigne par rapport personnel de x à
l'objet o « le système, noté R(x,o), de toutes les
interactions que peut avoir x avec l'objet o » (CHEVALLARD,
1999). Si une interaction entre x et o a lieu, on a R(x,o) et on
considère alors que l'objet o existe pour l'individu x ou que o
appartient à l'univers cognitif de x. De nos jours, le
téléphone portable appartient à l'univers cognitif de
pratiquement tous les écoliers. En revanche, la chanson « Ne
me quittes pas » de Jacques Brel a peu de chances d'appartenir
à l'univers cognitif de ces mêmes écoliers.
L'univers cognitif de x est l'ensemble : .
Par exemple, l'univers cognitif d'un élève
comprend : ses parents, ses amis, ses relations scolaires, les objets
qu'il utilise (brosse à dents, mp5, etc.), ses hobbies, ses idoles, ses
plaisirs, ses souffrances, etc.
Personne et individu
Une personne X est, par définition, le couple
formé par un individu et l'ensemble de ses rapports personnels aux
objets qu'il a formés à un moment donné de l'histoire de
cet individu.
L'individu est l'invariant (reconnaissable par son empreinte)
alors que ses rapports avec les objets changent d'un instant à un
autre. Le lien entre « individu » et
« personne » est comparable au lien entre un acteur (par
exemple Jacques DUFILHO) et tous les rôles qu'il a eu durant sa
carrière d'acteur.
Institution, rapports institutionnels,
assujettissements
Le rapport R(x,o) évolue selon les occasions qui
permettent à l'individu x de manipuler ou d'évoquer l'objet o. A
titre d'exemple, le rapport d'un écolier x à l'objet
géométrique « triangle » peut varier comme
suit :
· En classe préparatoire (5 ans): forme
reconnue (en fait, un triangle plein) par distinction des autres formes
(carrées, cercles, etc.).
· En sixième (12 ans): figure
géométrique qu'il peut construire et qui a : trois sommets,
trois côtés, trois angles, des médianes, des hauteurs, des
médiatrices, des bissectrices, etc.
Pour bien comprendre l'évolution de ces R(x,o) et donc
des univers cognitifs, CHEVALLARD a introduit la notion d'institution I qui est
définie comme « un dispositif social total, qui peut
n'avoir qu'une extension réduite dans l'espace social (il existe des
micro institutions ), mais qui permet - et impose- à ses sujets,
c'est-à-dire aux personnes qui viennent y occuper les différentes
positions p offertes dans I, la mise en jeu de faire et de penser
propres » (BOSCH et CHEVALLARD, 1999). Ainsi, la classe
préparatoire et la classe de sixième sont deux institutions qui
impose, chacune, à tous les individus qui occupent la position
p= « élève » sa façon propre
d'appréhender l'objet o= »triangle ». Peuvent
être des institutions : une école, une classe, un niveau, une
section, une filière, un élève, un enseignant, une
famille, etc.
Dans une institution comme l'école I, les individus
occupent des positions : élève, enseignant, parent,
conseiller d'orientation, directeur, surveillant, etc. Chacun, dans la position
p qu'il occupe a un rapport considéré par l'institution I comme
« idéal » à tel objet o; ce rapport est dit
institutionnel et est noté (p,o).
L'écrivain Paul GUTH rapporte dans son livre « Lettres
ouvertes aux futurs illettrés » l'histoire suivante qui
se passait en France: « Un préfet négociait la
reddition d'un gangster. Barricadé chez lui, le truand pointait son
fusil sur les forces de l'ordre. Le préfet, qui, quelques années
auparavant, avait publié un manuel de savoir vivre, crut bon, en vertu
des registres de langue, d'employer dans un mégaphone, un vocabulaire de
truand : « Ne fais pas le con ! ». Le ministre de
l'intérieur estima que ce registre de langue ne convenait pas au
représentant du président de la République. Il limogea le
grossier. ».
Est considéré un bon sujet dans l'institution I,
tout individu x en position p qui répond à l'exigence :
R(x,o) est conforme à (p,o). Dans
ce cas, le sujet est considéré assujetti à l'institution
I. CHEVALLARD (1998) note que « le rapport R(x,o) n'est
jamais parfaitement conforme à un tel rapport institutionnel (p,o) » du fait que le rapport personnel R(x,o) est
la résultante de tous les rapports institutionnels : (p1,o), (p2,o),....,
(pn,o).
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