II.1.2. Une << sensibilisation >> envisageable
dès la Formation Initiale d'Application
Reste la question du moment où cette information doit
avoir lieu. Pour les personnels déjà opérationnels,
dans le cadre de la formation continue, une information des équipiers
directement au sein des centres de secours par des chefs d'agrès
préalablement informés semble être la solution la plus
simple à mettre en oeuvre et la moins onéreuse. Les chefs
d'équipe et les chefs d'agrès peuvent recevoir quant à eux
l'information au travers de formations déjà existantes.
Pour les agents encore non formés, la FIA
d'équipier apparaît être le moment opportun pour
intégrer dans leurs cursus cette nouvelle compétence. Il semble
en effet important de faire ancrer une << culture >> RCCI dans les
mentalités sapeurs pompiers et ce, dès le début de
carrière des agents.
II.2. Une démarche envisageable chez les sapeurs
pompiers du Val D'Oise
L'information des sapeurs pompiers, concernant la RCCI, doit
être assurée par le biais de modules spécifiques
adaptés aux compétences de chacun.
Il semble important de découper cet apprentissage selon le
niveau de compétences et de responsabilités de chaque
personnel.
Ces informations auront pour objectif d'expliquer aux sapeurs
pompiers l'importance que peut avoir la RCCI pour un SDIS et de leur inculquer
le mode de raisonnement à adopter sur intervention, afin de permettre
à cette démarche scientifique de s'intégrer dans la
méthodologie opérationnelle.
II.2.1. La répartition de l'information
La bonne répartition de cette information est
impérative pour la bonne marche du service. Les sapeurs pompiers, qu'ils
soient professionnels ou volontaires sont amenés à suivre
quantité de stages au cours de leur carrière. Que ce soit dans le
domaine du secours à victimes, de l'incendie ou encore des nombreuses
spécialités propres à la profession, les agents du service
se forment dans les divers domaines relatifs à leurs champs
d'interventions pour réaliser leurs missions avec un maximum de
sécurité et d'efficacité.
La RCCI, comme toutes disciplines, doit trouver sa place dans le
cursus de formation dévolu aux sapeurs pompiers.
Pour cela, il convient de séparer l'information des
personnels officiers, sous officiers et hommes du rang.
Concernant les personnels hommes du rang :
Non avons vu précédemment que la FIA
d'équipier semblait être le moment opportun pour informer les
futurs sapeurs pompiers sur la RCCI. Cette information peut se voir
dispensée soit par l'intermédiaire d'un module
spécifique (ce qui impose la mise en place d'une
réflexion nationale de fond), soit par un
complément d'information dispensé au cours d'un module
déjà existant.
Concernant les chefs d'équipes (CE), pour le cas du Val
D'Oise, la formation au perfectionnement incendie (PFI) de CE semble permettre
une bonne introduction des notions de RCCI, par l'intermédiaire des
modules pédagogiques incendie et des compétences des instructeurs
qui, pour certains, ont également les qualifications de technicien en
recherche des causes d'incendie et sont intervenants dans cette dite
formation.
Concernant les personnels sous-officiers :
La PFI de chef d'agrès permet également dans le
cadre de sa formation incendie de former les sous officiers à cette
discipline tout en gardant à l'esprit que ces formations << PFI
>> ne sont dispensées qu'au niveau départemental (formation
SDIS 95).
La formation des équipiers, des chefs d'équipe et
des chefs d'agrès resteraient donc au niveau départemental.
Concernant les personnels officiers :
Il est impératif que la culture << RCCI >>
inculquée aux officiers soit nationale et par conséquence
dispensée au sein de l'ENSOSP.
Une première information sur les notions de RCCI
interviendrait lors des FIA de lieutenant et de major. Elle présenterait
la discipline dans sa globalité et permettrait aux jeunes officiers de
détenir une culture << générale >> dans ce
domaine.
Une seconde information, plus poussée, toujours
dispensée par l'ENSOSP, interviendrait lors des formations de chefs de
colonnes et de chefs de sites. Dans une phase d'expérimentation, ce
processus pourrait être assurer par les membres de l'équipe RCCI
eux même.
Récapitulatif de la chaîne de
d'information
Information des futurs personnels intégrant le corps
départemental :
Hommes du rang
Officiers
Sous officiers
É quipiers Chefs d quipes
'é
Chefs d agr
' è s
Chefs de groupe Chefs de colonne Chefs de site
FIA d'équipier
PFI de Chefs d'équipe
PFI de Chefs ' agr s
d è
FIA de Lieutenant et de Major
Module spécifique interne SDIS ou formation
ENSOSP
Module spécifique interne SDIS ou formation
ENSOSP
Formations Départementales Formations Nationales ou
Départementales
Information des personnels déjà en poste dans le
corps départemental :
Hommes du rang
Officiers
Sous officiers
Information interne en CS
PFI de Chefs d'équipe
PFI de Chefs d'agrès
PFI de Chef d'agrès ou formation ENSOSP
Module spécifique interne SDIS ou formation
ENSOSP
Module spécifique interne SDIS ou formation
ENSOSP
Équipiers Chefs d'équipes Chefs d'agrès
Chefs de groupe Chefs de colonne Chefs de site
Formations Formations Nationales ou
Départementales Départementales
II.2.2. Le contenu des formations L'information des
équipiers et des chefs d'équipes : Cette initiation à
la RCI s'axerait selon trois parties :
- la présentation de la technique scientifique RCCI,
- l'explication des objectifs et intérêts de la
RCCI,
- la présentation et l'explication des signes constitutifs
à la RCCI comme :
> Les signes liés à la vue :
-A distance avant d'arrivée sur les lieux, -En arrivant
sur les lieux :
Aux alentours du sinistre,
Concernant le sinistre,
-En progressant dans le lieu du sinistre, -Durant la phase
d'attaque,
-A l'issue de la lutte contre le sinistre, -Lors du
déblai,
-En quittant les lieux.
> Les signes liés à l'audition :
-Les bruits perçu en dehors et à l'intérieur
du sinistre, -Les paroles perçues des sinistrés, des
témoins.
> Les signes liés à l'odorat :
-Les odeurs (au delà des dispositions
réglementaires relatives au port de l'ARI)
> Les signes liés au toucher : -Le chaud/ le froid,
-L'humide/ le sec,
-Le visqueux,
-Le dur/ le souple.
> Les signes liés aux manipulations :
-Les objets déplacés, -Les objets renversés,
-Les objets actionnés, -Les coupures d'organes, -Les objets
évacués, -Les objets dégradés.
> Les signes liés au sinistre :
-Présence, couleurs(s), importance, lieu(x) des
fumées,
-Présence, couleurs(s), importance, lieu(x) des
flammes,
-Présence, couleurs(s), importance, lieu(x) des lueurs,
-Traces, bandeaux, lignes de fumée, -Traces et
qualités de carbonisation.
> Les actions menées par les secours :
-Ouverture de portes, de fenêtres...
-Effraction nécessitée de portes, de
fenêtres... -Destruction nécessaire d'éléments,
-Limitation du déblai.
La prise en compte de ces signes est déjà
abordée lors des FIA et des PFI. Nombre d'entre eux sont en relation
directe avec la propre sécurité des équipes lors de leur
engagement. Cette information ne serait donc pas réellement un
enseignement nouveau. Elle consisterait plutôt à faire valoir la
plus value que ces renseignements sont susceptibles d'apporter aux
investigateurs RCCI et qui autrement serait restés inconnus.
Toutes ces explications peuvent être commentées
lors des simulations sur feux réels dispensées lors des stages
PFI par des techniciens RCCI, mais aussi directement sur le terrain, lors des
phases de mise au repos des personnels ou en fin d'intervention.
L'information des chefs d'agrès basée sur le
même principe que la précédente, elle, porterait sur trois
axes de travail :
> Une explication du fonctionnement de la RCCI et de sa mise
en oeuvre,
> Une explication du rôle de la RCCI dans la protection
juridique des SDIS, > Le comportement à adopter lors de
l'intervention, à savoir :
-la capacité à pouvoir restituer les observations
réalisées lors de l'intervention, -la capacité à
savoir restituer les actions conduites lors de l'intervention, -l'importance
d'une prise en compte de documentations photographiques lorsque l'engagement
immédiat de techniciens RCCI n'est pas possible.
Restant sur le même principe que pour les chefs
d'équipes, les informations évoquées lors de cette
formation peuvent être présentées de façon
concrète soit par le biais des simulations sur feux réels, soit
par le commentaire d'une scène réelle déjà investie
et dont le contexte juridique lui permet de servir de support
pédagogique. Les officiers RCCI ont également la
possibilité, une fois l'intervention terminée et la pression
opérationnelle retombée de commenter leur travail et de
répondre naturellement aux questions que se posent les intervenants
quant à cette nouvelle technique.
Cette formation semble également adaptée
à l'emploi de chef de groupe. Une formation dispensée par
l'ENSOSP mais reprenant ces axes de formation semble intéressante pour
former les chefs de groupe à la culture de RCCI. Cette formation peut se
voir intégrée lors des FIA de lieutenant et de major ou se voir
intégrée à un module départemental
déjà existant.
L'information des chefs de colonnes et des chefs de sites
pourrait porter sur :
> Une présentation de la RCCI au sein du SDIS :
L'objectif et l'intérêt de la mise en oeuvre de la
RCCI au sein du SDIS, Le concept de culture départementale à
inculquer,
Le formalisme d'une équipe départementale,
> Une présentation des conditions d'accès
à l'emploi de technicien RCCI : Une culture opérationnelle
confirmée,
Des connaissances scientifiques du feu,
Des connaissances dans le domaine de la règlementation
contre l'incendie, Connaissances juridiques,
> Une présentation de l'articulation de la RCCI dans
l'intervention, Les compétences du COS,
Les limites du champ d'action de l'équipe
départementale RCCI.
> Une présentation des notions d'expertises de justice
et de leur cadre juridique,
L'objectif de ces informations étant de sensibiliser les
cadres sur la démarche mise en oeuvre par l'équipe
départementale RCCI et le contexte juridique dans lequel ils
interviennent.
Une fois la culture de corps départemental en RCCI bien
intégrée, il est largement envisageable qu'avec la mise en place
des mesures appropriées, la quasi-totalité des incendies
pourraient faire l'objet d'un relevé minimum d'informations s'inscrivant
dans le concept de RCCI et permettraient ainsi l'alimentation d'une base de
données statistiques départementale voire nationale.
En revanche, un sapeur pompier ne pourra se considérer
comme apte à l'investigation post incendie dès l'issue de cette
information. Ce ne sera qu'a l'issue d'un certain parcours professionnel
permettant de détenir une maîtrise de la lutte contre le feu, une
bonne connaissance de tout l'environnement « construction et
prévention règlementaire » mais également du droit de
la responsabilité des SDIS, qu'un intéressé pourra
candidater à suivre la formation de technicien en RCCI-3.
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