251650048
251639808
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
Nouveau Programme de Troisième Cycle
Interuniversitaire- NPTCI
03 BP 7164 Ouagadougou 03 Burkina Faso
Tel : (226) 50 30 14 08
Courriel : ptci@fasonet.bf
FACULTE DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
B.P. 1365-YAOUNDE
CAMEROUN
Tel (237) 22 21 34 41/Fax (237) 22 23 79
12
Nouveau Programme de Troisième Cycle Inter-
universitaire
(N.P.T.C.I.)
Première promotion
CROISSANCE DES DEPENSES PUBLIQUES ET INCIDENCE SUR LE
DEVELOPPEMENT AU CAMEROUN : le cas du secteur de
l'éducation
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie (D.E.A./Master) en
Sciences Economiques
Spécialité : ECONOMIE
PUBLIQUE
Par:
FOUEKA TAGNE Romuald Sostaine
Titulaire d'une MAÎTRISE en Sciences
Economiques
Sous la coordination de :
Pr. KAMGNIA DIA Bernadette
Agrégé des Facultés des Sciences
Economiques
Et l'encadrement de :
Dr TAMBA Isaac
Docteur d'Etat en Sciences Economiques
Année académique 2008-2009
SOMMAIRE
SOMMAIRE.......................................................................................I
AVERTISSEMENT.............................................................................III
DEDICACES....................................................................................IV
REMERCIEMENTS.............................................................................V
RESUME/ABSTRACT.........................................................................VI
LISTE DES
ABREVIATIONS...............................................................VII
LISTE DES
TABLEAUX......................................................................IX
LISTE DES
GRAPHIQUES...................................................................XI
INTRODUCTION
GENERALE................................................................1
Partie I : ESSAI DE JUSTIFICATION DE LA CROISSANCE DES
DEPENSES
PUBLIQUES......................................................................................9
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES EN MATIERE DE DEPENSES
PUBLIQUES.....................................................................................11
Section I)- Les dépenses publiques expliquées par
les approches basées sur la
demande ..........................................................................................11
Section II)- Les dépenses publiques expliquées par
les approches basées sur l'offre...16
Section III-)- Les approches du
déséquilibre.................................................21
CHAPITRE II : DE L'ACCROISSEMENT DES DEPENSES
PUBLIQUES..........25
Section I)- Analyse de l'évolution des dépenses
publiques au Cameroun...............25
Section II)- Vérification empirique de la loi de Wagner
dans le cas du Cameroun.....31
Section III)- Estimations et
recommandations...............................................39
Conclusion de la première
partie..............................................................49
Partie II : DEPENSES PUBLIQUES ET DEVELOPPEMENT : le
cas du secteur de l'éducation au
Cameroun..................................................................50
CHAPITRE III : DU ROLE DE L'EDUCATION DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT............................................................................52
Section I)- Considérations
théoriques.........................................................53
Section II)- Le marché de l'éducation au
Cameroun.......................................58
Section III)- Les politiques et stratégies en
matière d'éducation au Cameroun.........65
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INCIDENCE DES DEPENSES PUBLIQUES
D'EDUCATION.................................................................................74
Section I)- Aspects factuels et théoriques de l'analyse
des dépenses publiques
d'éducation.......................................................................................75
Section II)- L'équité dans les scolarisations et la
distribution des ressources publiques pour
l'éducation.................................................................................83
Conclusion de la deuxième
partie.............................................................92
Conclusion
générale............................................................................93
ANNEXE..........................................................................................95
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES...................................................107
TABLE DES
MATIERES.....................................................................117
AVERTISSEMENT
« L'université de Yaoundé II n'entend
donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à l'auteur. »
DEDICACES
Ø Aux deux êtres qui nous sont les plus
chers :
Notre chère mère, Mme veuve FOUEKA née
SAMO Madeleine ; notre défunt père, Mr FOUEKA Brice.
« Par le biais de ce travail scientifique,
recevez toute notre gratitude en réplique à tous les sacrifices
consentis à notre égard. »
REMERCIEMENTS
Nous voulons rendre un hommage particulier :
- Au Professeur Kamgnia Dia Bernadette qui, malgré
toutes ses occupations, a bien voulu consacrer une partie de son temps à
la supervision de ce travail.
- Aux Professeurs Kobou Georges et Avom Désiré,
respectivement Doyen de la FSEG et Directeur national du NPTCI, pour le cadre
d'étude attrayant mis à notre disposition.
- Au Dr Tamba Isaac dont nous manifestons
particulièrement notre considération pour l'accueil, le suivi et
la conduite presque au quotidien de nos pas préliminaires vers les
destinées ingénieux du savoir.
- Au nouveau programme de troisième cycle
interuniversitaire (NPTCI) qui a mis à notre disposition des moyens
indispensables pour la réalisation de ce travail.
- Au centre de recherche en économie pour le
développement durable en Afrique (CREDDA) ainsi qu'à son
personnel pour le cadre de recherche idéal dont nous avons
bénéficié tout au long de ce travail.
- A tous nos camarades de la première promotion du
NPTCI dont les moments passés ensemble pendant la formation fut une
expérience enrichissante.
- A nos amis : Kuicheu Thierry pour son précieux
aide en informatique ; Djoumessi Gilles pour ses conseils et ses
encouragements ; à Fotsa Rolande pour qui il a valu la peine de
relever ce défi ; aux anciens camarades de
l'université ; à tous nos amis de l'association et du
quartier Messa-Doumassi pour leur chaleur fraternelle.
- A ma petite soeur, à tous mes frères et
membres de la famille FOUEKA, pour leur soutien indéfectible et leurs
encouragements aux heures d'angoisse et d'incertitude.
Que tous ceux qui nous ont assisté de près, de
loin et de quelque manière que ce soit, trouvent ici l'expression de
notre reconnaissance.
RESUME
Notre étude identifie les facteurs qui fondent
l'évolution des dépenses publiques au Cameroun et leurs effets
sur le bien-être des individus. Plus spécifiquement il s'agit
d'analyser les principaux déterminants de la croissance des
dépenses publiques au Cameroun d'une part ; et d'apprécier
l'incidence de ces dépenses dans la promotion du développement au
Cameroun à travers le secteur de l'éducation d'autre part.
Les résultats empiriques indiquent, à partir
d'un modèle de déséquilibre où les aspects d'offre
et de demande de dépenses publiques sont pris en compte
simultanément, que le niveau de vie appréhendé à
partir du revenu réel, est le principal facteur qui explique la demande.
Ce qui valide la loi de Wagner dans le cas du Cameroun. Du côté de
l'offre, les facteurs tels que l'effet de Baumol et le montant des taxes et
impôts ont une influence significative. Mais une observation faite dans
le secteur éducatif, à partir de l'analyse bénéfice
incidence permet de constater que ces dépenses sont inégalement
réparties selon la zone géographique.
Mots clés: dépense publique,
modèle de déséquilibre, loi de Wagner, effet de Baumol,
analyse bénéfice incidence.
ABSTRACT
Our study identifies factors which base evolution of public
expenditure to Cameroon and their effects on wellbeing of individuals. More
specifically it is a question of analyzing principal determinants of growth of
public expenditure in Cameroon on one hand, and on other hand to appreciate
incidence of this expenditure in promotion of development in Cameroon through
sector of education.
The empirical results indicate that, starting from a model of
imbalance where aspects of supply and demand of public expenditure are taken
into account simultaneously, which standard of living apprehended starting from
real income, is principal factor which explains the request. What validates
Wagner's law in case of Cameroon. Side of offer, factors such as effect Baumol
and the amount of taxes have a significant influence. But an observation made
in educational sector, starting from the benefits incidence analysis makes it
possible to note that this expenditure is unequally distributed according to
the geographical area.
Keys words: public expenditure, model of
imbalance, Wagner's law, Baumol's effect, benefits incidence
analysis.
LISTE DES ABREVIATIONS
ABI : Analyse bénéfice incidence
ADF : test de Dickey Fuller augmenté
AN : Assemblée nationale
APE : Association des parents d'élèves
AR : Modèle Autorégressif
BAC : Baccalauréat
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique centrale
BEPC : Brevet d'études du premier cycle
BTS : Brevet de technicien supérieur
CDMT : Cadre de dépenses à moyen terme
CEE : Communauté des Etats européens
CEI : Coefficient global d'efficacité interne
CEMAC : Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale
CEP : Certificat d'études primaires
CES : Conseil économique et social
DGSN : Délégation générale
à la sûreté nationale
DSRP : Document de stratégie de réduction
de la pauvreté
ECAM : Enquête camerounaise auprès des
ménages
EDSC : Enquête démographique et de
santé du Cameroun
ENSP : Ecole supérieure nationale polytechnique
EPT : Education pour tous
FALSH : Faculté des arts, des lettres et sciences
humaines
FCFA : Franc de la communauté financière
africaine
FMI : Fond monétaire international
FS : Faculté des sciences
FSJP : Faculté des sciences juridiques et
politiques
FSEG : Faculté des sciences économiques et
de gestion
FTI : Fast track initiative
IFORD : Institut de formation en recherches
démographiques
iid : Identiquement et indépendamment
distribué.
INS : Institut national de la statistique
IPPTE : initiative en faveur des pays pauvres très
endettés
IRIC : Institut des relations internationales du
Cameroun
IUT : Institut universitaire technologique
IVAC : Instituteur vacataire
MINADER : Ministère de l'agriculture et du
développement rural
MINAS : Ministère des affaires sociales
MINATD : Ministère de l'administration
territoriale et de la décentralisation
MCE : Modèle à correction d'erreur
MCO : Moindre carré ordinaire
MINCOM : Ministère de la communication
MINCOMMERCE : Ministère du commerce
MINCULT : Ministère de la culture
MINDAF : Ministère des domaines et des affaires
foncières
MINDEF : Ministère de la défense
MINDUH : Ministère du développement urbain
et de l'habitat
MINEDUB : Ministère de l'éducation de
base
MINEDUC : Ministère de l'éducation
nationale
MINEE : Ministère de l'énergie et de
l'eau
MINEFOP : Ministère de l'emploi et de la formation
professionnelle
MINEP : Ministère de l'environnement et de la
protection de la nature
MINEPAT : Ministère de l'économie, de la
planification et de l'aménagement du territoire
MINEPIA : Ministère de l'élevage, des
pêches et des industries animales
MINESEC : Ministère des enseignements
secondaires
MINESUP : Ministère de l'enseignement
supérieur
MINFI: Ministère des finances
MINFOF : Ministère de la forêt et de la
faune
MINFOPRA : Ministère de la fonction publique et de
la reforme administrative
MINIMIDT : Ministère de l'industrie, des mines et
du développement technologique
MINJEUN : Ministère de la jeunesse
MINJUSTICE : Ministère de la Justice
MINPMEESA : Ministère des petites et moyennes
entreprises, de l'économie sociale et de l'artisanat
MINPOSTEL : Ministère des postes et des
télécommunications
MINPROFF : Ministère de la promotion de la famille
et de la femme
MINRESI : Ministère de la recherche scientifique
et de l'innovation
MINREX : Ministère des relations
extérieures
MINSANTE : Ministère de la santé
publique
MINSEP : Ministère des sports et de
l'éducation physique
MINTOUR : Ministère du tourisme
MINTP : Ministère des travaux publics
MINTRANS : Ministère des transports
MINTSS : Ministère du travail et de la
sécurité sociale
OMD : Objectifs du millénaire pour le
développement
PAS : Programme d'ajustement structurel
PETS : Public Expenditure Tracking Survey
PIB : Produit intérieur brut
PNB : Produit national brut
PP : Test de Phillips-Perron
PRC : Présidence de la République du
Cameroun
PM : Services du Premier Ministre
R&D : Recherche et développement
RESEN : Rapport d'Etat d'un système
éducatif
SRPRC : Services rattachés à la PRC
TBS : Taux brut de scolarisation
TBFS : Taux brut de fréquentation scolaire
TOFE : Tableau des opérations financières
de l'Etat
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Evolution du taux des dépenses
publiques dans l'économie du Cameroun
(%).................................................................................................96
Tableau 2.2 : Evolution des dépenses selon la
classification fonctionnelle (109
FCFA).............................................................................................96
Tableau 2.3 : Evolution des dépenses publiques selon
la classification catégorielle (109
FCFA).............................................................................................98
Tableau 2.4 : Nombre de retards des séries de
l'équation de demande....................98
Tableau 2.5 : Caractéristiques des séries
temporelles de l'équation de demande......40
Tableau 2.6 : Equation de long terme de la demande des
dépenses publiques..........41
Tableau 2.7 : Test de stationnarité sur la
série de résidu : équation de demande des
dépenses
publiques..............................................................................99
Tableau 2.8 : Modèle MCE de la demande des
dépenses publiques suivant la méthode de Engle et
Granger..............................................................................99
Tableau 2.9 : Caractéristiques des séries
de l'équation d'offre ...........................42
Tableau 2.10 : Equation de long terme d'offre des
dépenses publiques..................43
Tableau 2.11 : Test de stationnarité sur la
série de résidu : Equation d'offre des dépenses
publiques.............................................................................100
Tableau 2.12 : Modèle MCE de l'offre des
dépenses publiques suivant la méthode de Engle et
Granger................................................................................100
Tableau 2.13 : Dynamique de long terme selon la
catégorie des dépenses
publiques.........................................................................................101
Tableau 2.14 : Dynamique de court terme selon la
catégorie des dépenses
publiques.........................................................................................102
Tableau 3.1 : Évolution des effectifs
scolarisés par niveau et type d'enseignement...103
Tableau 3.2 : Évolution du taux brut de
scolarisation (%) par niveau et type
d'enseignement.................................................................................103
Tableau 3.3 : Estimation logistique de la
probabilité d'accès à l'école, 2001.........104
Tableau 3.4 : Taux brut de fréquentation scolaire
du Secondaire (TBFS) de la population de droit des ménages, (EDSC III
2004).......................................104
Tableau 3.5 : Objectif du développement du
millénaire dans l'éducation (%)..........66
Tableau 3.6 : Proportion de redoublants (%) par niveau
d'études, 1990-2002........104
Tableau 3.7: Taux de redoublement (%) par sous-système et
par grade, 2002/2003.104
Tableau 3.8 : L'efficacité interne dans les flux
d'élèves par cycle (2002-2003)......105
Tableau 3.9 : Répartition de la situation
d'emploi des actifs (25-34 ans) suivant le secteur d'activité et le type
d'emploi selon leur niveau d'instruction...................106
Tableau 4.1 : Dépenses publiques d'éducation,
1997-2007................................77
Tableau 4.2 : Les coûts unitaires de scolarisation par
niveau d'études, 2004............85
Tableau 4.3 : Distribution structurelle des ressources
publiques en éducation au sein d'une cohorte de 100 enfants
(données transversales de l'année 2004)..................86
Tableau 4.4 : Disparités sociales dans
l'appropriation des ressources publiques en
éducation..........................................................................................89
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 2.1 : Taux de dépenses publiques de
1982-2007...............................26
Graphique 2.2 : Evolution des dépenses publiques
selon la classification fonctionnelle
.....................................................................................................29
Graphique 2.3 : Courbe des dépenses totales, de
fonctionnement et d'investissement31
Graphique 3.1 : Evolution des effectifs scolarisés
1990-2004.............................59
Graphique 3.2 : Taux de redoublement (%) par
sous-système et par grade..............69
Graphique 3.3 : Répartition de la situation
d'emploi (24-35 ans) selon le plus haut niveau
d'instruction..............................................................................72
Graphique 4.1 : Répartition par niveau des
dépenses d'éducation en 2004..............78
Graphique 4.2 : Evolution des dépenses
d'éducation en % du PIB par nature..........78
Graphique 4.3 : Courbe de Lorenz de la distribution des
ressources publiques en
éducation..........................................................................................87
Graphique 4.4 : Distribution des dépenses
d'éducation selon la région..................90
INTRODUCTION GENERALE
I-CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Les articles 14 et 15 de la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen reconnaissent que la mesure de la performance
répond à un impératif démocratique en
établissant d'une part que « tous les citoyens ont
le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique (...) et d'en suivre
l'emploi (...) » et d'autre part que « la
société a le droit de demander compte à tout agent public
de son administration ». Cette question de la performance dans
la gestion publique est particulièrement aigue aujourd'hui dans les pays
en voie développement. C'est pour cela qu'au Cameroun, au cours de
l'année 2007 la Chambre des Comptes fut mise sur pied afin de
répondre à ce souci dans la gestion des affaires publiques au
Cameroun. Toute gestion doit répondre à deux questions : les
activités entreprises sont elles efficaces ? Est ce qu'elles
satisfont les besoins exprimés ? Les activités entreprises
sont elles efficientes ? Est ce qu'elles sont entreprises au moindre
coût ? Car, gouverner c'est connaître les effets de l'action,
les résultats, l'efficacité de l'action dans les
différentes dimensions qui ont intérêt pour la
population.
Ainsi, l'approche économique de la gestion
publique1(*) comporte
maintenant deux dimensions. La première, traditionnelle de
l'évaluation des politiques publiques consiste à s'assurer que
les services fournis ou les réglementations procurent des
bénéfices en rapport avec leur coût. La seconde porte sur
le choix des modalités de l'intervention publique et si c'est une offre
publique qui est retenue sur les conditions d'organisation et
d'efficacité dans lesquelles celle-ci est fournie. La littérature
économique s'est longtemps interrogée sur les raisons
d'être de l'intervention publique et le choix des objectifs.
Attardons-nous plutôt sur leur réalisation. Selon la terminologie
de Greffe (1994) l'analyse économique
distingue trois approches théoriques de l'intervention publique qui se
succèdent l'une après l'autre.
D'abord l'Economie du bien-être néo-classique qui
est la première à apporter une réponse à la
question de comment construire une théorie de l'allocation des biens
publics comparable à celle des biens privés. Une chose est de
montrer que l'Etat peut intervenir, une autre est d'intégrer ses
interventions à l'analyse économique formalisée. Arrow,
Samuelson et Musgrave s'efforcèrent, parmi d'autres d'intégrer
l'Etat dans le schéma analytique de l'économie du
bien-être, sur la base de l'individualisme méthodologique.
Ensuite, l'école des choix publics ou collectifs :
à la suite de Buchanan et Tullock (1962), plusieurs économistes
ont adopté une position différente de celle de l'économie
du bien-être, tout en épousant le même cadre de
référence : l'individualisme
méthodologique qui ne sera pas mis en cause, mais la
démarche suivie pour analyser l'intervention publique le sera. Pour les
tenants de cette école, ce n'est pas au nom des résultats
recherchés que l'on doit recommander ou non l'intervention de l'Etat
mais au seul vu des procédés et des chemins utilisés.
Venir à bout des insuffisances du marché n'exclut pas que
d'autres insuffisances interviennent, cette fois ci du côté de
l'Etat.
Enfin l'économie des politiques publiques : elle
se propose d'étudier le comportement de l'Etat de manière
différente. Plutôt que de parler d'intervention publique on
parlera d'actions mises en oeuvre par différents secteurs ou
institutions publiques, liées d'emblée à d'autres centres
de décisions privés dont on doit intégrer les
comportements à l'analyse. Plutôt que de centrer les études
sur le moment privilégié que constitue une prise de
décision on considèrera que plusieurs stades de
développement de ces actions doivent être scrutés pour en
comprendre la logique et l'efficacité : mise à jour d'un
problème ; inscription sur l'agenda politique ;
préparation d'une décision ; prise effective de
décision ; mise en oeuvre ; suivi et évaluation.
Plutôt que de considérer qu'une fois la décision prise par
l'Etat, tout le monde concoura à sa mise en application, mieux vaut
considérer que ce ne sera probablement pas le cas et que d'autres
actions pourront s'y opposer, de la part d'agents privés ou publics.
Nous retiendrons dans notre analyse cette dernière
approche comme axe de recherche en nous attardant sur l'offre des politiques
publiques au Cameroun. Cependant, nous emprunterons à l'économie
du bien-être les fonctions de l'intervention publique.
En fait, une économie de marché peut
présenter trois grands types de défauts de
fonctionnement :
Ø elle peut être
déséquilibrée (les prix ne permettent pas
d'égaliser l'offre et la demande)
Ø elle peut être inefficace (les prix
correspondent à des équilibres sous optimaux)
Ø elle peut conduire à un
optimum « socialement injuste » (la distribution
initiale des dotations correspond à un optimum qui ne maximise pas la
fonction de bien être)
Sur cette base, à la suite de Musgrave
(1959), on peut définir les trois grands domaines
où l'intervention est potentiellement bénéfique : une
politique de stabilisation permet de passer du déséquilibre
à l'équilibre ; une politique d'allocation de
l'équilibre sous-optimal à un équilibre optimal ; une
politique de redistribution d'un optimum qui ne maximise pas le bien être
social à l'optimum optimorum.
Dans la quête de l'efficacité dans les actions
entreprises par l'Etat2(*),
nous nous limiterons aux politiques d'allocation à travers les
dépenses des administrations publiques en reconnaissant avec Weber
(1978) que : « l'Etat est universellement devenu le
plus important agent d'affectation de ressources ». L'analyse
économique des dépenses publiques étant un sujet
très vaste, nous allons centrer notre attention sur deux aspects3(*) : - i) les théories
concernant la croissance et les déterminations des dépenses
publiques (approche positive) ; - ii) les théories concernant les
processus collectifs de prise de décision (approche normative). Cette
logique est profondément en accord avec celle de
Mougeot (1989) lorsqu'il définit l'économie
publique4(*).
Cette analyse revêt une attention plus
particulière au Cameroun avec l'atteinte par ce dernier du point
d'achèvement de l'initiative PPTE qui a permis la mobilisation de
nouvelles ressources financières par l'Etat. Reconnaissons avec
Gupta et Tareq
(2008) que les flux financiers destinés à l'Afrique
subsaharienne se sont nettement accrus depuis 19805(*). Cette hausse des
flux et des taux de croissance élevés qu'il a engendrés a
permis aux pays d'accroître les dépenses publiques, notamment dans
les secteurs sociaux. Ainsi, les dépenses d'éducation et de
santé ont progressé dans ces pays en proportion du PIB et des
dépenses totales6(*).
Il importe de ne pas perdre de vue que le ratio des dépenses publiques
rapporté au PIB constitue un indicateur très imparfait du poids
du secteur public et du rôle de l'Etat dans l'économie qui peut
prendre bien d'autres formes que les dépenses publiques telles que la
réglementation ou l'existence d'entreprises publiques dont les
dépenses ne sont pas comptabilisées dans les dépenses
publiques.
II- REVUE DE LA LITTERATURE
Au regard de la littérature économique,
plusieurs analyses ont été faites quant à ce qui concerne
les dépenses publiques. Il existe un fait irrémédiable
à savoir celui de la croissance des dépenses publiques dans la
plupart des pays du monde et plusieurs explications théoriques ont
été évoquées dont la plus célèbre est
la « loi dite de Wagner7(*) ». Parmi les nombreux facteurs qui ont
contribué à faire des dépenses publiques un champ
d'études important, deux paraissent prédominants8(*) :
- en premier lieu, le développement des interventions
publiques dans de nombreux secteurs de l'économie jusque là
considérés comme le domaine exclusif de l'initiative
privée a entraîné une rapide expansion des dépenses
publiques, au point que la part des dépenses publiques dans le PIB est
supérieur à 30% dans de nombreux pays.
- en second lieu les économies acceptaient de moins en
moins volontiers l'hypothèse selon laquelle la structure fondamentale de
l'économie était celle d'une concurrence libre dans le jeu de
laquelle les interventions des pouvoirs publics représentaient un
inconvénient nécessaire mais mineur pour les prises de
décision privées. Avec le développement des
systèmes de transferts sociaux, se trouvent alors définies les
conditions dans lesquelles les interventions publiques dans une économie
de marché sont justifiées. Les notions de prises collectives de
décision, de facteurs externes, de comparaison entre les avantages dont
jouissent les particuliers ou la collectivité, ont été
introduites dans la théorie et la pratique des finances publiques. Au
même moment, les responsables des questions budgétaires ont
commencé à reconnaître l'importance de l'application de
l'analyse économique aux décisions en matière de
dépenses publiques.
Reconnaissons avec Bernard (1985) dans son
ouvrage d'économie publique que, les justifications théoriques
ont été cherchées tantôt du côté de
l'offre, tantôt du côté de la demande des biens publics non
marchands. Ce n'est que la judicieuse recommandation de VP
Gandhi9(*) au
congrès international de finances publiques (Edinburgh, 1976) de
considérer les deux aspects de façon interdépendante ainsi
que leurs effets sur le reste de l'économie. Dans l'optique de l'offre,
l'étude du FMI précédemment citée, fait ressortir
deux explications théoriques pour expliquer la croissance des
dépenses publiques à savoir : la loi de l'accroissement de
l'activité de l'Etat qui stipule que la part du secteur public dans
l'économie s'accroît parallèlement à la croissance
économique d'une part, et l'effet de déplacement de
Peacock et Wiseman d'autre part. Ces derniers
ont émis l'idée que l'accroissement des dépenses publiques
qui s'est produit en temps de guerre avait permis de maintenir en permanence un
niveau plus élevé de dépenses civiles. Ils sont d'avis que
de tels accroissements des activités de l'Etat ont des effets de
déplacement, de concentration et de contrôle. A ces deux
explications théoriques Weber (1978) y
ajoute une troisième : la thèse de différence de
productivité entre secteur privé et secteur public10(*). Pour cet auteur il existe
d'autres phénomènes non économiques que Musgrave
(1969) caractérise comme le conditionnement
technico-démographique et sociopolitique11(*).
D'un autre côté, les études ont
été menées afin d'expliquer la croissance des
dépenses publiques par la demande des biens publics. C'est le cas par
exemple de Crozet12(*) qui
intègre les théories évoquées ci-dessus du
côté de la demande. Greffe (1994) en plus de ces théories
explicatives y ajoute la théorie de l'électeur médian et
l'hypothèse des groupes d'intérêt. Mais, il reconnaît
une possible confrontation entre la demande et l'offre des biens publics pour
expliquer la croissance des dépenses publiques. Ce qu'avait
déjà fait Bernard (1985). Analyser la croissance des
dépenses publiques par l'offre des fonds publics sans tenir compte de la
demande, ou par la demande de biens publics sans tenir compte de l'offre, nous
parait incomplète et non pertinente.
Certains auteurs ont cherché à combler cette
lacune. C'est le cas des auteurs suédois et canadiens13(*). Tout récemment, pour
expliquer la croissance des dépenses publiques au Canada
Trottier (1995) intègre à la fois les aspects
de l'offre et ceux de la demande en qualifiant son approche de
« déséquilibre14(*) ». L'approche mixte a pour apport
fondamental de combiner à la fois l'offre et la demande en supposant
qu'elles s'ajustent simultanément.
Sur un plan local, les études et analyses faites en ce
qui concerne les dépenses publiques s'inscrivent pour l'essentiel dans
la lignée des travaux d'Ashauer (1988) et de Barro
(1990) et cherchent à déterminer quelle est la contribution des
dépenses publiques à la croissance économique au Cameroun.
On peut citer entre autres les travaux de Kuitcha (2005) qui montrent que les
infrastructures physiques et sociales ont un impact positif sur la croissance
économique au Cameroun ; Ongono (2006) qui détermine la
taille optimale de l'Etat camerounais15(*), valeur au-delà de laquelle toute
dépense aura un impact négatif. Mfoulou (2007) quant à lui
mène son étude dans un univers plus grand, celui de la CEMAC et
aboutit à la conclusion que le capital public contribue largement
à la croissance de la productivité des facteurs privés
dans les pays en zone CEMAC. Mais au-delà de ce qui
précède Touna Mama, Kamgnia et al (2002) ont mis en
évidence l'existence au Cameroun d'une relation significativement
négative entre les dépenses publiques et la croissance
économique. Malgré ces résultats qu'on peut qualifier de
contradictoires, toutes ces études ont été faites dans
l'optique d'appréhender les dépenses publiques comme une variable
explicative sans jamais chercher à savoir ce qui explique la place de
plus en plus importante de ces dépenses dans le PIB.
Sous un tout autre angle Atangana (2004) dans son étude
se propose d'évaluer l'équité associée à la
répartition des dépenses publiques d'éducation au Cameroun
tout en appréciant la progressivité de ces
dépenses16(*).
Kamgnia et al (2008) mène à peu près la même
étude dans deux secteurs clés (l'éducation et la
santé) mais en se fondant sur des approches méthodologiques
très poussées. Pour justifier l'accroissement des dépenses
publiques au Cameroun, Tamba (2005) avance le point de vue du soutien
étatique aux stratégies fondatrices de développement dans
les pays de la CEMAC. En particuliers Tamba apprécie ce soutien de deux
manières : par la part des dépenses publiques dans le PIB
selon la grille de lecture de Wagner et par le taux du crédit
intérieur17(*).
En retenant l'approche du déséquilibre, nous
essayerons dans le cadre de notre étude de répondre à la
question spécifique de savoir ce qui explique la croissance des
dépenses publiques au Cameroun et leurs effets sur le bien-être
des agents économiques.
III- OBJECTIFS ET INTERET DE L'ETUDE
L'objectif principal de cette étude est d'analyser les
facteurs qui fondent l'évolution des dépenses publiques au
Cameroun et leurs effets sur le bien-être des individus.
Plus spécifiquement nous nous proposons :
1) d'identifier les déterminants de la croissance des
dépenses publiques au Cameroun et ;
2) d'apprécier l'incidence de ces dépenses dans
le domaine de l'éducation.
Notre étude relève d'un double
intérêt. Sur le plan politique ou opérationnel
l'intérêt est de fournir un outil supplémentaire aux
décideurs publics. Outil (évaluation des politiques publiques)
que nous jugeons très indispensable dans la mesure où, certaines
économies dites développées en utilisent
abondamment18(*), et
même dans les pays anglo-saxons elle est une culture suffisamment
ancrée dans les moeurs des décideurs.
Sur le plan théorique, on observe une certaine
opposition entre les libéraux et le courant interventionniste. Chez les
libéraux toute intervention directe de l'Etat dans les activités
économiques est source de perturbation et de déséquilibre
et ils pensent que les dépenses publiques sont nombreuses,
variées et disparates pour être soumises à un traitement
scientifique abstrait. Or dans le courant interventionniste l'Etat est un
élément décisif de politique économique, de relance
ou de stabilisation. L'intérêt est de se situer sur le
débat profond entre les libéraux et le courant interventionniste
en matière de politiques publiques, en appréciant les
interventions de l'Etat dans le secteur de l'éducation.
IV- HYPOTHESES
En réponse aux objectifs spécifiques de notre
travail, les hypothèses suivantes peuvent être
formulées ;
Hypothèse 1) la tendance haussière des
dépenses publiques au Cameroun est expliquée par les besoins
liés au financement du développement
Hypothèse 2) les dépenses publiques
d'éducation au Cameroun ont un impact significativement positif sur le
bien-être et la distribution inter ménages des revenus
V- METHODOLOGIE
On se propose, afin de vérifier chacune de ces
hypothèses, d'utiliser des modèles tels que
présentés par la suite.
V-1- Croissance des dépenses publiques
Afin d'expliquer la croissance des dépenses publiques
au Cameroun nous utiliserons le modèle développé par
Henrekson et Lybeck (1988). Ces auteurs s'en sont servis pour
expliquer la croissance des dépenses publiques en Suède. Ils
proposent un modèle dans lequel ils intègrent à la fois le
côté de l'offre et de la demande, ce qui diffère des
modèles de dépenses publiques antérieures.
L'hypothèse avancée par ces auteurs est qu'il n'y a pas de
mécanisme d'ajustement des prix pour équilibrer l'offre et la
demande étant donné que les biens et services du gouvernement ne
sont pas vendus sur le marché. Le résultat est que les
quantités observées ne sont pas nécessairement en un point
d'équilibre, mais peuvent se situer sur l'offre ou sur la demande,
d'où la nécessité d'utiliser un modèle de
déséquilibre. Les auteurs utilisent trois équations pour
définir leur modèle de déséquilibre, soit
l'équation de l'offre, de demande et de quantité observée
(qui est le maximum de la demande et de l'offre) G/Y= Max f (demande, offre).
L'estimation de ce modèle est faite à partir de la méthode
du maximum de vraisemblance développée par Maddala
et Nelson (1974). Mais au préalable nous allons tester les
propriétés des séries temporelles relatives à
chaque variable.
Les données utilisées ont été
tirées des différentes lois de finance (1982-2007) et des
rapports économiques du ministère des finances, ainsi que des
rapports d'activités de la BEAC.
V-2- Effet des dépenses publiques sur le
bien-être
Dans la deuxième partie, l'appréciation de
l'effet des dépenses publiques sur le bien-être se fera en
recourant à l'approche « benefits incidence
analysis » de Lionel Demery 2003, qui prend en compte le
coût de la dépense publique. Cette approche est
complémentaire à l'analyse de la progressivité de
l'utilisation des services publics et vise à évaluer l'impact
distributionnel des dépenses publiques. En d'autres termes elle permet
de déterminer les couches de la société auxquelles les
dépenses publiques profitent (et celles auxquelles elles ne profitent
pas). Cette « benefits incidence analysis » s'avère
pertinente dans le domaine de l'éducation et de la santé, dans la
mesure où les dépenses publiques dans ces deux secteurs sont
considérées comme principaux instrument de redistribution du
revenu et de lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de
développement (banque mondiale et ROCARE 2003). Un complément
utile à l'analyse moyenne dans le cas présent est l'analyse de la
façon dont les individus s'approprient les ressources publiques
d'éducation en partant de l'idée que de par leur scolarisation,
ces individus accumulent une part plus ou moins grande de ces ressources, et ce
d'autant plus qu'ils accèdent à des niveaux élevés
du système éducatif.
Les données nécessaires pour cette étude
sont issues principalement de la deuxième enquête camerounaise
auprès des ménages (ECAM-II) réalisée en 2001, de
l'enquête sur le suivi des dépenses publiques et la satisfaction
des bénéficiaires (Public Expenditure Tracking Survey :
PETS) dans les secteurs de la santé et de l'éducation
réalisée en 2003-2004 et de l'annuaire statistique 2004 de
Cameroun.
VI- PLAN D'ETUDE
Notre démarche hypothético-déductive nous
impose un plan assez commode. La dynamique de cette démarche nous
conduit à avoir dans chaque partie une approche théorique et une
spécification empirique. La première partie qui porte
essentiellement sur l'explication de la croissance des dépenses
publiques se divise en deux sous parties. D'une part nous mettons en exergue
toutes les approches en matière de croissance des dépenses
publiques. C'est ce qui constitue le chapitre premier. Le débat
théorique autour des approches nous conduira d'autre part au chapitre
deux à la vérification empirique de ce qui justifie la croissance
des dépenses publiques au Cameroun. Toute cette partie sera donc
intitulée : Essai de justification de la croissance des
dépenses publiques.
Dans la seconde partie, il s'agira de voir quelle est
l'incidence de ces dépenses publiques dans un secteur particulier
à savoir celui de l'éducation. Ce qui nous donne au chapitre III
une présentation théorique et factuelle de la relation
éducation et développement. Enfin le chapitre IV sera
consacré entièrement à l'application empirique de
l'approche Bénéfice Incidence.
PREMIERE PARTIE :
ESSAI DE JUSTIFICATION DE LA CROISSANCE DES DEPENSES
PUBLIQUES
« L'occident a croqué tous ses rêves ou
presque19(*).
Nous autres avons encore de quoi rêver : la
liberté,
la démocratie, le savoir, le bien-être, la
libération
de nos fantasmes les plus échevelés... Mais d'un
rêve éveillé dont nous avons besoin. Que la
raison
soit à l'oeuvre pour que recule la nuit, et qu'ainsi
le débat sur notre devenir soit sauvé de la
cacophonie »
MAURICE KAMTO : L'URGENCE DE LA
PENSEE
Introduction de la première partie
Il a été pendant longtemps admis par les
économistes que les dépenses publiques étaient une
variable exogène sur laquelle l'Etat pouvait agir pour influencer
positivement les activités économiques d'un pays, surtout lorsque
celui-ci se trouve en situation de récession. Cette vision
qualifiée de keynésienne a pendant longtemps prévalu
jusqu'à ce que soit traduite en anglais en 1958, les premiers travaux de
Wagner (1883-1890). Ce dernier a présenté un modèle de
détermination des dépenses publiques dans lequel les
dépenses publiques sont endogènes au lieu d'être
exogènes comme dans la vision keynésienne. Pour lui, la
croissance des dépenses publiques est une conséquence naturelle
du développement économique. En d'autres termes, le
développement économique explique la croissance des
dépenses publiques. Devenu populaire dans les milieux académiques
après la traduction de 1958, plusieurs travaux empiriques ont à
sa suite testée la relation entre la croissance des dépenses
publiques et celle du produit20(*). Cependant, il y a eu plusieurs variantes à
cette loi de Wagner, que plusieurs chercheurs ont interprétée
à leur manière et qu'ils ont testée de façon
empirique. Cinq au moins méritent d'être notées.
Selon la première version les dépenses publiques
doivent croître plus rapidement que le PNB ; la seconde stipule que
dans les économies en croissance, le ratio dépenses publiques de
consommation/revenu national s'élève ; la troisième
mentionne que lorsqu'un pays connaît une croissance accompagnée
d'un développement, les activités du secteur public doivent
augmenter d'un taux qui, une fois converti en dépenses, doit
dépasser le taux de croissance du PNB par habitant. Quant à la
quatrième version, il y aurait une élévation de la part du
secteur public ou du ratio dépenses publiques/PNB lorsqu'un pays passe
d'un faible à un fort niveau de revenu par habitant. Enfin la
cinquième version postule que le nombre par habitant des fonctionnaires
du gouvernement s'accroît avec le revenu par habitant.
Par contre, d'autres chercheurs d'horizon divers21(*) au lieu d'interpréter
à leur manière la loi de Wagner, ont plutôt cherché
à trouver d'autres explications justificatives de la croissance des
dépenses publiques. Il en ressort plusieurs dont la plus
célèbre reste tout de même la loi de Wagner. Reconnaissons
avec Gaudemet et Molinier22(*) qu'en présence de cette loi, il faut commencer
par observer ce phénomène d'accroissement des dépenses
publiques et d'en rechercher les causes puis il sera possible d'essayer d'en
dégager les principales conséquences. Dans cette optique nous
présenterons dans le chapitre premier une liste quasi-exhaustive des
approches théoriques en matière de dépenses publiques,
avant de faire une analyse empirique dans le cas du Cameroun au chapitre
deux.
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES EN MATIERE DE
DEPENSES PUBLIQUES
INTRODUCTION
Jusqu'aux environs de 1960, les dépenses publiques
étaient un domaine relativement négligé de l'étude
d'ensemble des finances publiques. Depuis lors, on attache une attention
considérable aux différents aspects des dépenses publiques
en essayant de redresser le déséquilibre résultant de
l'accent mis dans le passé sur le rôle de la fiscalité dans
l'économie. C'est ainsi que de nombreuses idées furent
émises pour expliquer la croissance des dépenses publiques. En se
situant dans une perspective d'offre et de demande, et non dans une perspective
historique, certains auteurs ont expliqué cette croissance des
dépenses publiques par la demande des agents économiques pour les
biens publics. D'autres plutôt avancent l'idée selon laquelle
cette croissance des dépenses publiques est due au niveau d'offre des
ressources publiques. Du fait qu'il n'existe pas un marché où la
demande des biens publics et l'offre des ressources publiques se rencontrent,
certains auteurs plus récents avancent l'hypothèse de recourir
à l'approche du déséquilibre où l'offre et la
demande s'ajustent en même temps et le niveau des dépenses
publiques se situent soit sur l'offre soit sur la demande.
Dans ce chapitre, nous évoquerons tour à tour
les théories qui relèvent de l'approche de la demande comme
justificatives de la croissance des dépenses publiques et celles de
l'approche de l'offre. Enfin quelques éléments de l'approche du
déséquilibre seront mentionnés.
Section I - Les dépenses publiques
expliquées par l'approche basée sur la demande
L'une des principales explications traditionnelles pour la
justification de l'intervention gouvernementale est la présence
d'économies externes. Lorsque l'action d'un individu ou d'une firme
cause des effets (désirés ou non désirés) sur la
fonction d'utilité ou sur l'ensemble des possibilités de
production d'un autre individu ou d'une autre firme on est en présence
d'économie externe. D'après Pigou (1946) l'intervention du
gouvernement pour corriger les externalités, à l'aide des taxes
et des subventions est suffisante pour justifier les dépenses
gouvernementales. Cette idée est rapidement critiquée par Coase
(1960) qui stipule que si les droits de propriété sont bien
définis, les négociations privées entre les individus sont
socialement efficaces, donc aucune intervention gouvernementale n'est
nécessaire en cas d'économie externe.
La tendance à l'accroissement exponentiel des
dépenses publiques est un « fait stylisé » de
l'histoire économique qui trouve des explications classiques et
multiformes qui seront examinées ci-dessous.
I-1-1-1 - La loi de WAGNER
L'économiste Adolf Wagner23(*) (1835-1917) a
énoncé une « loi de l'extension croissante de
l'activité publique ». Le caractère déjà
ancien de son analyse, et le fait qu'elle s'est vérifiée lui
donnent un grand intérêt. C'est pourquoi nous allons en
présenter ses enseignements avant de voir quelques études qui ont
testé sa véracité.
a) Les enseignements de la loi
La « loi d'Adolf Wagner » (Wagner,
1909-13) est un apport déterminant dans l'analyse de la progression
séculaire des dépenses publiques. Cette loi exprime la
progression plus rapide des dépenses publiques que la richesse produite
au cours du temps. Il convient de noter que plusieurs variantes de cette loi
furent mises en exergue24(*). Cette loi est expliquée par trois
raisons25(*) :
- la complexité croissante de la société,
issue du phénomène d'industrialisation, et qui exige des formes
développées ou de nouvelles organisations de la vie
collective : administration, urbanisation, services publics en
matière d'hygiène, d'éclairage, de transports, etc.,
- l'accroissement de la demande de certains biens publics
dû à l'élévation du niveau de vie :
éducation, santé, culture ; qui sont tous des biens
« supérieurs » puisque leur demande progresse plus
vite que n'augmente le revenu par tête (élasticité revenu
des dépenses publiques serait supérieur à
l'unité26(*))
- le développement des activités de recherche et
l'augmentation de la taille des investissements dus à la poursuite de
l'industrialisation imposent une intervention de l'Etat ; de même
que l'apparition de la division du travail qui favorise la concentration, les
monopoles devant être contrôlés par les pouvoirs publics.
Malgré le consensus qui s'observe autour de cette loi
comme explicative de la croissance des dépenses publiques, les travaux
empiriques ont donné des résultats controversés.
b) Les résultats empiriques
controversés
Des études ont été menées pour
valider ou non la loi de Wagner. Les modèles utilisés
diffèrent d'un auteur à l'autre. Les auteurs comme. Musgrave
(1959) et Borcheding (1977a) pour les Etats-Unis, d'Alcantara et Barten (1976)
pour la CEE ont cherché à élucider la part des diverses
variables pouvant agir sur la demande (à l'occurrence celle de
l'électeur médian) et à la mesurer
économétriquement.
Borcheding construit son modèle sur
une fonction de demande agrégée de type multiplicatif (style
COBB-DOUGLAS)27(*). Il
obtient sur la période 1902-1970 une somme d'élasticités
supérieure à l'unité de sorte que la croissance des
facteurs inclus de la relation pousse à une croissance plus forte de la
dépense publique. Mais l'élasticité partielle de la
dépense publique par rapport au revenu national par tête ä
est nettement inférieure à l'unité (ä =
0,75).
Dans le même sens d'Alcantara et Barten (1976)
construisent un modèle de demande notionnelle de dépenses
publiques28(*). Pour une
période allant de 1953 à 1972 ils obtiennent comme estimation
économétrique pour l'élasticité partielle de la
dépense publique civile par rapport à la consommation
privée des valeurs nettement inférieures à
l'unité29(*).
Contrairement aux travaux précédents des auteurs
comme Ram (1987), Abizadeh et Yousefi (1988), Muller (1989), Henreckson et
Lydbeck (1988), Dudley et Montmarquette (1992) utilisent des modèles de
séries chronologiques pour tester la validité de la loi de
Wagner. Il en ressort un plus ou moins consensus sur la validité de
cette loi30(*).
Il semble, avec Bernard (1985), que l'effet de la croissance
du revenu national sur la dépense publique soit moins déterminant
que Wagner et bien d'autres ne l'ont affirmé, à partir du moment
où l'on prend en soin de distinguer et de mesurer les effets d'autres
facteurs non moins décisifs. Rappelons à toute fin utile quels en
sont ces autres facteurs.
I-1-1-2 - L'hypothèse de l'électeur
médian
Pour expliquer la croissance des dépenses publiques,
l'hypothèse de l'électeur médian peut être vue selon
deux aspects :
a) Demande de bien public par
l'électeur-médian
Il est communément admis que le gouvernement a le
rôle de procurer les biens publics et de contribuer à
éliminer les économies externes et que chaque citoyen a une
demande pour le bien public. Selon le théorème du votant
médian qui revient à Black (1948), c'est la demande des
électeurs possédant le revenu médian qui détermine
le niveau des dépenses publiques. Ce théorème suppose un
seul bien public financé par des impôts proportionnels au revenu,
l'utilisation de la règle majoritaire du vote et la distribution des
préférences à un seul sommet. C'est cette demande des
électeurs qui est prise en compte et démontrée
implicitement dans le paragraphe précèdent31(*).
Peltzman (1980) quant à lui insiste sur l'importance de
l' « électeur-médian »
c'est-à-dire les classes moyennes qui ont tendance à utiliser des
mécanismes politiques en vue d'accroître la production des biens
collectifs, puisque ceux-ci les favorisent davantage que ne les frappent leurs
contreparties fiscales32(*). Dans ce contexte, la réduction des
inégalités sociales et la progression des classes moyennes
constituent une source importante d'accroissement des dépenses
publiques, ce qui confère un rôle décisif à
l'électeur-médian. Cependant le gouvernement n'existe pas
uniquement pour la fourniture des biens publics mais aussi pour la
redistribution du revenu.
b) Redistribution de revenu à
l'électeur-médian
L'application la plus connue du théorème du
votant médian pour l'analyse de la croissance des dépenses
publiques est celle de Meltzer et Richard (1981, 1983). Ils suggèrent
que c'est le votant médian qui détermine le niveau des
dépenses publiques. Leur explication principale pour la croissance de la
part publique à travers le temps vient à l'extension du droit de
vote, ceux qui ce sont ajoutés à la liste électorale ont
un revenu inférieur à la médiane. Pour eux, tous les
revenus des électeurs qui sont inférieurs au revenu médian
vont préférer voter en faveur de l'augmentation des transferts
(bien-être social, pensions). De même si
l'électeur-médian a une productivité inférieure
à la moyenne, il a avantage à recevoir des revenus de transferts
et donc à décider une redistribution, alors qu'il en va à
l'inverse si sa productivité individuelle tend vers la moyenne. On peut
penser que l'évolution des dépenses publiques du dernier
demi-siècle a découlé de la prépondérance
d'électeurs-médians aux productivités individuelles
inférieures à la moyenne accentuée par l'accroissement
corrélatif du nombre des citoyens non actifs.
Néanmoins ces électeurs ne votent pas sur chaque
question concernant les dépenses publiques ils mettent plutôt
quelqu'un au pouvoir qui décide le montant qui sera alloué dans
chaque catégorie des dépenses. Ce montant peut être
plutôt la résultante d'une pression quelconque exercée sur
le gouvernement.
I-1-1-3- Existence de la demande pour la
redistribution de revenu aux groupes d'intérêt
Buchanan et Tullock (1962) ont avancé un argument qui
n'est pas la redistribution de revenu au votant médian mais une
redistribution aux groupes de pression dans la société.
L'idée principale est que chaque groupe d'intérêt33(*) peut demander une
réduction des taxes et des subventions plus élevées pour
une minorité dans la société. Afin d'obtenir leurs
bénéfices, ils peuvent promettre au gouvernement des votes aux
prochaines élections. Becker (1983, p.384) démontre que cette
concurrence entre les groupes de pression permet une allocation efficace des
ressources du gouvernement. De même par le « marchandage
politique » à la Buchanan et Tullock, les
politiciens contribuent à la croissance des dépenses publiques.
Les candidats aux élections ont tendance, pour attirer le maximum de
votes possible, à multiplier les concessions faites aux électeurs
et à élargir les programmes d'investissement et de soutien
demandés par ceux-ci. Ceux au pouvoir, en vue de se faire
réélire (Nordhaus 1975), ne peuvent qu'accroître les
dépenses publiques en période préélectorale. Blais
et Nadeau (1992) arrivent à démontrer que dans
une année électorale les dépenses totales des
gouvernements provinciaux canadiens augmentent de 1%. De même Ngondjeb
(2005) démontre l'influence de l'agenda électoral sur les
dépenses publiques des secteurs tels éducation, santé et
affaires sociales au Cameroun.
Cette hypothèse de redistribution de revenu aux groupes
d'intérêt est traduite par Greffe (1994) comme la thèse
de la concentration différentielle des bénéfices et des
coûts. En même temps qu'elle se développait,
l'école des choix publics a proposé une autre
interprétation de la croissance des dépenses publiques que l'on
trouve aussi bien chez Tullock que chez Stigler. Le point de départ est
simple : l'Etat ne met pas en oeuvre la production des biens à
part, mais celle des biens normaux demandés par certains agents que
d'autres. Mais comme le financement de ces biens est reparti entre tous les
membres de la collectivité, nombreux sont les groupes de pression qui se
constitueront, s'organiseront et/ou investiront pour que l'Etat entreprenne la
production des biens qui leur profitent particulièrement.
Mais les autres citoyens qui ne tirent pas profit et
bénéfice d'une telle dépense, mais en supportent une perte
nette, s'organiseront pour résister à ces pressions et à
conduire l'Etat à refuser sa mise en oeuvre. Cette nouvelle coalition a
une probabilité très réduite de succès car pour ce
grand nombre de contribuables il sera difficile de se mettre ensemble. Il est
à noter tout de même la possibilité d'existence des contre
tendances qui viendront affaiblir l'hypothèse de groupes de pression.
Jusqu'à présent nous avons concentré nos
hypothèses du côté de la demande de choix publics tout en
supposant que les désirs des consommateurs des biens publics des
individus étaient automatiquement satisfaits. Dans la section suivante
notre analyse va au-delà de cette théorie qui dit que les
dépenses gouvernementales sont simplement déterminées par
la demande des électeurs.
Section II- Les dépenses publiques
expliquées par l'approche basée sur l'offre
La deuxième approche a trait à l'offre des
services publics. Plusieurs contributions ont été mises en
exergue afin d'enrichir cette approche.
I-1-2-1- La thèse de BAUMOL ou thèse
de différence de productivité
Si certaines activités ne peuvent économiser du
travail autant que d'autres, et s'il est nécessaire de
rémunérer ce travail à peu près de la même
manière quel que soit le secteur où il est mobilisé, le
coût de certaines activités augmentera plus vite que d'autres, ces
activités absorbant alors une part croissante du revenu national. La
production de services publics non marchands connaît en effet de faibles
gains de productivité et c'est aussi ce qui peut expliquer le
développement des dépenses publiques. Même à
activité publique inchangée, son coût relatif
augmenterait.
Cette thèse renvoie aux travaux de Baumol dont
l'objectif initial n'était pas d'expliquer la croissance des
dépenses publiques mais les difficultés de gestion de certains
secteurs34(*). Dans la
société, il existe deux grands types d'activité :
celles où il est possible de capter en permanence d'importants gains de
productivité, par exemple les industries automobiles ou chimiques ;
et celles où il est pratiquement impossible d'économiser le
travail utilisé au cours du temps. L'exemple de référence
est celui de l'éducation où le maître peut voir son nombre
d'élève augmenter, mais il lui faudra à peu près le
même temps, à nombre d'élève donné, pour
enseigner des principes mathématiques qu'il y a vingt ou trente ans. Il
existe donc des activités où on ne peut pas économiser du
travail et réaliser des gains de productivité correspondants,
alors que c'est le cas dans le reste de l'économie. Le secteur de
l'économie qui capte des gains de productivité en fera
bénéficier ses salariés qui verront leurs
rémunérations augmenter, la limite maximale de cette hausse
étant donné par la récupération maximale de ces
gains de productivité. Et Baumol de remarquer qu'une part centrale des
interventions croissantes de l'Etat a porté sur des activités
telles que l'éducation, la santé, le bien-être, la culture,
autant d'activités où les gains de productivité sont
faibles sinon absents. Ceci explique donc l'emprise croissante de
l'intervention publique sur un certain nombre d'activité, celles
où les gains de productivité sont systématiquement plus
faibles que dans d'autres, et le coût croissant de ces
activités.
Cette thèse a donné lieu à des
malentendus. D'une part, il est rare que les gains de productivité
soient systématiquement impossibles, quelle que soit l'activité
considérée : Baumol avait largement révisé ses
premières positions en expliquant d'ailleurs que c'était le
différentiel des gains de productivité qui importait. D'autre
part, certains en ont déduit que ces activités ne pouvaient
qu'être déficitaires, ce qui pourrait revenir à cacher des
déficits artificiels derrière des déficits
structurels : là encore, Baumol avait répondu en disant
qu'une chose était d'identifier des facteurs objectifs de
déficit, autre chose de se servir de son approche pour légitimer
des déficits inadmissibles liés à la gestion des
bureaucrates.
I-1-2-2- L' « effet de
déplacement » de PEACOCK et WISEMAN
Une autre explication théorique, proposée par
Peacock et Wiseman, peut être mentionnée ici.
Dans leur analyse des effets à long terme de l'accroissement des
dépenses publiques qui s'est produit en temps de guerre, Peacock et
Wiseman ont émis que cet accroissement avait levé les limites de
la taxation, ce qui avait permis de maintenir ensuite en permanence un niveau
plus élevé de dépenses civiles35(*). Ils sont d'avis que de tels
accroissements des activités de l'Etat ont des effets de
déplacement, de concentration et de contrôle. Selon eux, en
période de stabilité, les considérations de
fiscalité ont plus d'influence sur la taille du secteur public et son
taux de croissance que les conceptions relatives à l'accroissement
souhaitable des dépenses. Il peut donc y avoir une divergence
persistante entre les concepts de dépenses souhaitables et ceux de
limitation du niveau de la fiscalité. Cette divergence peut être
réduite par les évènements comme les guerres qui peuvent,
par un effet de déplacement, amener les revenus et les
dépenses publiques à de nouveaux niveaux. Après les
évènements, des idées nouvelles émergent concernant
le niveau tolérable de fiscalité et un nouveau palier peut
être atteint, les dépenses publiques représentant à
nouveau une partie approximativement constant du PNB, même si les
composantes de cette dernière ne sont plus les mêmes.
Ils ont aussi avancé que cet effet de
déplacement s'accompagne de l'apparition d'un processus de
concentration apportant des changements dans l'importance relative des
administrations centrales et des autorités locales, les premières
assumant des attributions publiques nouvelles tout en s'attribuant des
fonctions jusqu'alors exercées par les autorités locales. Ils
ajoutent que les guerres forcent souvent les gouvernements et la population
à prendre mieux conscience de certains problèmes, il y a
là un effet de contrôle qu'on ne doit pas sous-estimer.
Depuis cette étude de 1967, de nombreux efforts ont été
faits pour soumettre la thèse de l'effet de déplacement à
une vérification empirique et plusieurs d'entre eux ne l'ont pas
confirmée, au contraire. En partie en raison du nombre croissant des
données statistiques tendant à prouver le contraire (les guerres
ne provoquent pas de tels effets de déplacement mais entraînent
des temps d'arrêt dans la tendance à la hausse).
Bird (1972) complète la thèse de l'effet de
déplacement, en signalant une évolution contrainte par un
effet de Cliquet. L'effet de Cliquet impliquerait le maintien des
dépenses publiques exceptionnelles caractérisant l'effet de
déplacement en périodes de crises ou de guerre. Le rythme de
dépenses exceptionnelles se maintient même après le retour
à une période économique stable ; les dépenses
stratégiques militaires ou spécifiques de relance se
transformant dès lors en nouvelles dépenses sous forme de
transferts supplémentaires.
L'effet de Cliquet est critiqué par Diamond (1977) qui
suggère une autre présentation de la thèse de Peacock et
Wiseman en la validant par le test de Chow sur le cas du
Royaume-Uni pour la période 1885-1913 (remise en cause de
l'hégémonie britannique avec l'industrialisation progressive des
autres pays) et la période 1920-1938 (déclin économique
britannique). Diamond confirme la croissance des dépenses publiques en
période stratégique mais la justifie comme la recherche d'un
compromis négocié entre l'Etat et les électeurs
éventuels offreurs de soutien politique ou dans la logique d'Olson
(1965) entre le gouvernement et tout groupe d'intérêt.
Peacock et Wiseman, par la suite, ont modifié dans une
certaine mesure leurs premières propositions et font maintenant valoir
que les perturbations provoquées par les guerres modifieraient la
structure des dépenses publiques. Toutefois, ce point de vue
modifié transfère sur les questions de composition de la
dépense l'accent mis précédemment sur le volume total.
I-1-2-3- Les éléments de la théorie
de la bureaucratie
Le pouvoir administratif met en évidence le passage de
l'échange volontaire à la dérive bureaucratique à
cause du théorème d'impossibilité d'Arrow, un ensemble de
logiques individuelles ne peut pas conduire à une rationalité
collective. Dès lors, le risque est grand de voir, au mépris de
la démocratie, les choix publics correspondre davantage aux
préférences des dirigeants qu'à une expression de la
volonté populaire. La classe dirigeante peut alors se servir des
dépenses publiques pour assurer la réalisation de ses objectifs
et la défense de ses intérêts propres. Cette dérive
bureaucratique peut également s'expliquer en faisant recours à la
théorie économique de la bureaucratie. Elle résulte de la
conjonction d'approches sociologiques de la bureaucratie et d'analyses
managériales des grandes firmes transposées aux
administrations.
a) Les caractéristiques de la
bureaucratie
Le terme « bureaucratie » souvent
utilisé de façon polémique et péjorative dans la
langue française, n'a ici aucune connotation de ce type. Il est
employé au sens étymologique de « gouvernement par
les bureaux ». Telle est la signification que lui donnent les
sociologues notamment Weber (1922). On y distingue l'approche
wébérienne ou sociologique qui explique les dysfonctionnements en
raison d'un manque de liberté ou d'initiative dans un système
bureaucratique, de l'approche économique ou managériale pour qui
c'est l'autonomie des bureaucrates qui est source de biais observés
(biais par rapport aux situations optimales au sens de Pareto).
Pour les tenants de la conception wébérienne, la
bureaucratie se caractérise comme une organisation hiérarchique
à la discipline quasi militaire, obéissant à des
règlements internes minutieux qui en garantissent le fonctionnement
précis et régulier. Le comportement optimal du fonctionnaire
consiste à se conformer le mieux possible aux règles
établies et aux ordres reçus à l'intérieur de ces
règles. Son efficacité et sa carrière sont fonction de
cette observance des règles. Ainsi se trouve garantie
l'indépendance de l'administration à l'égard des
intérêts privés en même temps que sa
dépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
Par contre les tenants de la conception managériale de
la bureaucratie mettent l'accent sur le pouvoir discrétionnaire,
analogue à celui du manager des grandes entreprises vis-à-vis des
actionnaires. Tandis qu'à l'intérieur de la bureaucratie, le
fonctionnement demeure wébérien, à son sommet, des marges
de jeu apparaissent entre la direction bureaucratique et le pouvoir politique.
La direction managero-bureaucratique en profitera naturellement pour
développer ses avantages en terme de pouvoir, de prestige, voire
d'intérêts matériels. Cette conception managériale
se traduit plus aisément en termes économiques que la conception
wébérienne. Elle a vu le jour et s'est développée
aux Etats-Unis dans les années 70 avec les travaux de
Niskanen (1968 et 1971). Il existe un certain nombre de modèles
de comportement bureaucratique notamment celui de Niskanen, de Migue-Belanger
et de Miller que nous verrons par la suite.
b) Les modèles de comportement bureaucratique
La bureaucratie influence le niveau des dépenses
publiques. L'auteur le plus connu qui traite de ce sujet est Niskanen (1968,
1971). Le modèle de Niskanen décrit la situation d'une
administration produisant un seul bien public en quantité q sous un
certain nombre d'hypothèses36(*), le modèle montre comment l'optimum
bureaucratique diffère de l'optimum parétien. En particulier, le
modèle montre les excès de production dans les administrations
bureaucratiques, car celles-ci essayent surtout de maximiser leur budget. Les
fonctionnaires disposant d'une information privilégiée et
désireux d'accroître leur pouvoir, ont tendance à
surestimer les montants de leurs besoins en investissements sans souci de leur
efficacité, de sorte que le poids des dépenses budgétaires
ne fait que croître de période en période, sans que
l'intérêt public ne le justifie. Selon Niskanen, les organismes
publics croissent du fait de leur inefficacité et du désir de
puissance de leurs dirigeants (Delas, 2001).
Certains auteurs ont apporté, à la suite de
Niskanen, leur contribution à la théorie de la
bureaucratie. Notamment Migue-Belanger (1974) et Miller (1977).
Le modèle de Migue-Belanger complète celui de
Niskanen en explicitant la fonction d'utilité du bureaucrate
notée U (q, R) où R représente un ensemble d'avantages qui
est déterminé par la taille de son revenu discrétionnaire.
Le modèle montre que le bureaucrate produira plus qu'à l'optimum
mais moins que le bureaucrate de Niskanen.
Miller quant à lui généralise les deux
modèles précédents car il analyse les liens entre le
pouvoir politique et le manager bureaucrate en termes de jeu37(*) de stratégie. Il
suppose que le parti au pouvoir choisit la part des ressources publiques qu'il
décide d'affecter au bureaucrate. Cette proportion á est comprise
entre 0 et 1. Le bureaucrate décide lui de la part du budget qu'il
affectera à la production, le reste étant le budget
discrétionnaire à la Migue-Belanger. â compris entre 0 et
1 est cette part.
Ces modèles expliquent pourquoi le niveau de production
du secteur public et les coûts sont excessifs pour le gouvernement et
pourquoi le niveau d'output est supérieur à ce que le votant
médian désire. Cependant, il n'explique pas directement le
phénomène de croissance des dépenses publiques dans le
temps.
I-1-2-4 - La théorie de la capacité
fiscale
Il y a très peu de tentatives dans la
littérature pour expliquer la croissance des dépenses publiques
à l'aide du modèle de revenu, plus précisément la
capacité du système fiscal. Certains économistes comme
Musgrave (1969) et Kau et Raubin (1981) considèrent plutôt les
facteurs influençant l'offre des fonds publics comme déterminants
du niveau des dépenses publiques. D'après ces auteurs, le niveau
de développement d'un pays a un effet sur la capacité de
percevoir des taxes. Si tel est le cas, on devrait s'attendre à ce que
dans les pays à faible revenu per capita, les électeurs
soient contraints par la capacité du système fiscal d'extraire
des revenus provenant des taxes. Musgrave (1986) suggère par exemple
que, la contrainte imposée par la capacité de taxation est une
variable qui détermine directement le niveau total des dépenses
gouvernementales. Leur théorie est construite autour de l'argument de
Friedman (1977) qui stipule que la possibilité de maximiser les revenus
provenant des taxes est déterminée par la taille et par la forme
d'une nation, et cela conduit à une croissance des dépenses
publiques. Leur principal argument, pour expliquer la croissance de la part du
secteur public, est le changement de technologie qui a conduit à une
diminution dans les coûts de perception d'impôts. Donc s'il est peu
coûteux de taxer et que le gouvernement réussit à
éviter l'évasion fiscale, les dépenses publiques seront
d'autant plus élevées. Ils posent comme hypothèse que le
revenu du gouvernement provenant des taxes dépend de quatre
paramètres que nous expliciterons : le pourcentage de travailleurs
autonomes, des économies d'échelles, du taux de participation
féminine et de l'urbanisation.
D'après les auteurs, le changement technologique dans
la production a contribué à la spécialisation et à
la division du travail, ce qui a permis de réduire le nombre
d'employés travaillant à leur propre compte. Ces individus
augmentaient leurs possibilités de cacher leurs revenus auprès du
gouvernement, mais en diminuant le nombre d'employés autonomes, cela
augmente la capacité du système fiscal de générer
des revenus.
Un autre changement technologique important est
l'accroissement d'économie d'échelle dans la production. Cela
permet d'accroître la taille des firmes et par le fait même cela
augmente la demande de capital. Ceux qui investissent dans ces grandes firmes
exigent des informations afin de s'assurer qu'il n'y a pas de fraude. Cette
information est aussi disponible auprès du gouvernement, ainsi il
augmente sa capacité de taxer.
Les auteurs reconnaissent un changement important dans
l'augmentation du taux de participation de la main d'oeuvre féminine sur
le marché. La production faite par la femme qui passe de la production
de maison à la production de marché facilite le gouvernement
à augmenter sa source de revenu.
Le dernier paramètre est l'urbanisation. On ne peut pas
connaître a priori, l'effet exact de l'urbanisation sur le niveau de
revenu du gouvernement. Mais le fait qu'elle conduit à la concentration
d'ouvriers, il sera alors plus facile pour le gouvernement de les taxer.
Jusqu'à présent, nous avons examiné
séparément la demande et l'offre des biens publics. Dans le cas
des modèles traditionnels de Wagner, du votant médian ou des
groupes d'intérêt la demande était fixe ; et
c'était l'offre qui variait. Tandis que dans l'hypothèse de
Baumol ou de Peacock et Wiseman, dans les
théories de la bureaucratie ou de la capacité fiscale c'est
l'offre qu'on considère uniquement en supposant que la demande s'ajuste.
Toutes ces approches supposaient alors un modèle d'équilibre.
Nous allons à présent analyser à une approche non
traditionnelle, celle du déséquilibre pour expliquer la
croissance des dépenses publiques.
Section III - Les approches du
déséquilibre
Les justifications théoriques ont été
cherchées tantôt du côté de l'offre, tantôt du
côté de la demande des biens publics non marchands et ce n'est
qu'assez récemment que la recommandation de VP Gandhi,
de considérer les deux aspects de façon interdépendante
ainsi que leurs effets sur le reste de l'économie, a été
suivie. C'est de cette façon que nous aborderons l'analyse des
dépenses publiques dans cette section. Avant d'appréhender les
dépenses publiques par l'approche du déséquilibre, nous
essayerons tout d'abord de présenter « l'approche dite du
déséquilibre ».
I-1-3-1 - Le modèle de
déséquilibre
Dans un modèle de déséquilibre, on
suppose que les prix ne sont pas flexibles de façon à ce qu'ils
s'ajustent jusqu'à l'équilibre sur le marché de l'offre et
de la demande. En macroéconomie, on fait souvent l'hypothèse que
si l'on atteint pas l'équilibre alors, les transactions se trouveront au
minimum de l'offre et de la demande.
Si le prix (P1) est inférieur au prix
d'équilibre (P*) alors la demande sera supérieure à
l'offre (S) et donc la demande sera contrainte car elle ne pourra être
entièrement satisfaite (demande contrainte par l'offre). Si par contre,
le prix (P2) est supérieur à (P*) alors l'offre sera
supérieure à la demande et donc dans ce cas, c'est l'offre qui
sera contrainte par la demande. La quantité Q observée est la
quantité échangée sur le marché et il
représente la « règle du côté
court » du marché. Selon cette règle, les agents du
côté court obtiendront les quantités désirées
tandis que ceux du côté long seront rationnés en supposant
que l'échange est volontaire. Donc, si on a Qs >
QD, la quantité Q est sur la courbe de demande et si
QS = QD, c'est l'offre qui est observée. La
demande et l'offre ne sont donc pas toujours observés sauf dans le cas
où D= S = Q.
Dans le cas d'un modèle d'équilibre on observe Q
qui est égal à l'offre et à la demande. Dans le
modèle de déséquilibre on observe Q et on sait qu'il
appartient soit à l'offre, ou soit à la demande, mais on ne sait
pas sur quelle courbe il est observé puisque la fonction de demande D,
la fonction d'offre S ne sont pas observées. Ce genre de modèle
statistique dans lequel on ne peut prédire avec certitude le
résultat de Q, puisque cette variable est aléatoire, partage
quelques caractéristiques importantes avec le modèle
TOBIT38(*).
Voilà brièvement ce que recouvre le concept de
modèle de déséquilibre. Maintenant faisons ressortir, dans
le paragraphe suivant quelques formes de modèles de
déséquilibre de croissance des dépenses publiques qui
existent dans la littérature.
I-1-3-2 - L'évolution des dépenses
publiques expliquée par l'approche du
déséquilibre
Il existe cependant une approche non traditionnelle qui permet
à la demande et à l'offre d'exister à la fois.
C'est-à-dire, qu'en certaines périodes, c'est la demande qui
prédomine (choix des électeurs) et à d'autres moments,
c'est la capacité d'offre du service public qui détermine le
niveau des dépenses publiques. Dans cette sous-section nous examinerons
deux applications de l'approche du déséquilibre pour expliquer la
croissance des dépenses publiques : soit celle d'Henrekson
et Lybeck (1988) et de
Dudley et Montmarquette
(1992).
Soucieux d'expliquer la croissance rapide des dépenses
publiques en Suède, entre 1950 et 1983, Henrekson
et Lybeck (1988) proposent un modèle dans
lequel ils intègrent à la fois le côté de l'offre et
de la demande, ce qui diffère des modèles de dépenses
publiques antérieures. L'hypothèse avancée par les auteurs
est qu'il n'y a pas de mécanisme de prix pour équilibrer l'offre
et la demande, étant donné que les biens et services du
gouvernement ne sont pas vendus sur le marché. Le résultat est
que les quantités observées ne sont pas nécessairement en
un point d'équilibre mais peuvent se situer sur l'offre ou sur la
demande, d'où la nécessité d'utiliser un modèle de
déséquilibre. Les auteurs utilisent trois équations pour
définir leur modèle de déséquilibre, soit
l'équation d'offre, de demande et de quantité observée
(qui est le maximum de la demande et de l'offre). G/Y =
MAX f (demande,
offre)39(*).
Lorsque l'offre est supérieure à la demande, ils supposent que
c'est l'offre qui domine. Ils expliquent ce résultat en supposant que
c'est les politiciens qui ont le pouvoir de décision et donc le surplus
des ressources sera néanmoins dépensé. Mais quand la
demande est supérieure à l'offre, c'est la demande qui
détermine le niveau des dépenses publiques, puisque les
politiciens et les bureaucrates répondent directement à
l'augmentation de la demande même si cela peut entraîner un
déficit.
Dudley et Montmarquette
utilisent aussi l'approche de déséquilibre afin d'expliquer les
dépenses publiques. Cependant, ils supposent que c'est le
côté court qui détermine le niveau des dépenses
publiques. Ils ne sont pas d'avis avec la condition du maximum qu'utilise
Henrekson et Lybeck (1988),
pour eux, si la capacité fiscale du gouvernement est supérieure
à la demande des électeurs, alors c'est la demande qui
détermine le niveau des dépenses publiques. Par contre, si la
demande des électeurs dépasse la capacité fiscale du
gouvernement, les dépenses véritables seront limitées par
la capacité de financement. Les auteurs présentent un
modèle de déséquilibre dans lequel ils incorporent
à la fois, les éléments du choix de l'électeur et
la capacité fiscale. G/Y = MIN
f (choix des
électeurs, capacité
fiscale). Ils testent les trois approches possibles afin de choisir
laquelle des trois expliquera le mieux le phénomène de croissance
des dépenses publiques pour la période
considérée.
En définitive, il apparaît d'une part que le
niveau de développement, qui induit une demande de plus en plus
poussée de biens publics par l'électeur médian, est
déterminant du niveau de dépenses publiques. D'autre part, ce
même niveau de développement a un effet sur la capacité de
percevoir des taxes, d'où son influence sur l'offre des fonds publics.
Ces deux approches (offre et demande) ont été combinées
pour donner une approche de déséquilibre. De cette approche il en
découle un profond débat sur la règle de
détermination du niveau de dépenses publiques : soit il se
situe du côté long, soit du côté court40(*). Dans de nombreux pays aux
niveaux de développement différents et de système
politiques variés, on a observé que les dépenses publiques
croissent plus rapidement que le revenu national. Les ressources disponibles
sont généralement limitées dans les pays en voie de
développement et en particulier le Cameroun, et selon la théorie
de la capacité fiscale41(*), qu'est ce qui peut bien justifier la croissance des
dépenses publiques dans ce pays ? C'est ce que nous essayerons
d'élucider dans le chapitre suivant, en adoptant l'approche du
déséquilibre qui nous semble la plus complète.
CHAPITRE II : L'ACCROISSEMENT DES DEPENSES
PUBLIQUES AU CAMEROUN
L'observation de l'évolution des finances publiques de
nombreux pays à travers le monde indique que cette étape est
importante et de plus en plus incontournable, si l'on veut mobiliser la fortune
publique pour l'affecter à une politique de construction de la
société. S'étant attardé sur l'évolution des
dépenses publiques, nous avons vu que plusieurs arguments ont
été avancés pour expliquer la tendance de plus en plus
à la hausse de ces dépenses. Entre autres nous avons
mentionné la thèse de Wagner, les arguments de l'école des
choix publics, les hypothèses de Baumol et de Peacock et Wiseman, et
enfin les théories de la bureaucratie et de la capacité fiscale
comme facteurs explicatifs de cette croissance séculaire des
dépenses publiques. Reconnaissons avec Tsafack42(*) que tous ces arguments
développés peuvent être retrouvés dans le cas du
Cameroun et s'avèrent pertinentes pour l'analyse et la
compréhension de l'évolution des dépenses publiques dans
ce pays.
Dans ce chapitre nous tentons de démontrer dans la
seconde section, à travers un modèle de
déséquilibre où les questions de demande et d'offre des
biens publics sont prises ensemble, quels sont les facteurs qui influencent
significativement la croissance des dépenses publiques. Auparavant, nous
examinons l'évolution tendancielle des dépenses publiques pendant
la période allant de 1982 à 2007.
Section I - Analyse de l'évolution des
dépenses publiques au Cameroun
Cette analyse consistera à apprécier le poids du
secteur public dans l'économie qui peut prendre d'autres formes que la
dépense publique telles que la réglementation ou l'existence
d'entreprises publiques dont les dépenses ne sont pas
comptabilisées dans les dépenses publiques, de même que les
taux de prélèvement obligatoire. Dans notre étude ce poids
sera apprécié par les dépenses publiques en pourcentage du
produit intérieur brut (PIB) selon la grille d'analyse de Tamba
(2005)43(*).
Comme l'indique le tableau 2.1 en annexe, le total des
dépenses publiques44(*) en volume a connu une évolution tendancielle
croissante en dépit de la conjoncture économique en vigueur.
L'évolution des dépenses publiques a suivi le même trend
que celle de l'activité économique ou celle des recettes
budgétaires45(*).
Quatre phases ressortent de cette évolution à savoir : une
première phase de croissance de dépenses publiques de 1982
à 1987, une deuxième phase de variation erratique avec tendance
plus baissière qu'haussière de 1988 à 1996, une
troisième phase de reprise de la croissance des dépenses
publiques allant de 1997 à 2000 et une dernière phase
marquée par une variation erratique avec tendance haussière. De
412 milliards en 1982, les dépenses publiques ont plus que doublé
en cinq ans pour atteindre 879 milliards en 1986, avant de se rétablir
par la suite à un niveau très bas de 451 milliards en 1994. Pour
croître une fois de plus exponentiellement entre 1994 à 2007 (451
milliards en 1994 à 1730 milliards en 2007).
On remarque aisément des effets de seuil. A l'occasion
de la crise du milieu des années 1980, de nouveaux paliers sont
franchis. Tout se passe comme si cette perturbation a engendré une
brutale montée de la part des dépenses publiques dans le PIB
(avec un pic de 26,9% en 1987). Mais l'ensemble des mesures prises46(*) pour juguler la crise a
conduit à une nette réduction du poids du secteur public se
situant aux alentours de 15% au début des années 1990 et à
une stabilisation par la suite qui semble correspondre à un effet de
Cliquet. Les signes de reprise observés à partir de 1996 ont
induit une hausse vertigineuse des dépenses publiques. Mais la structure
des dépenses publiques pendant cette période relève une
place prépondérante accordée au service du remboursement
de la dette47(*). Comme le
reconnaît Touna Mama : « un Etat lourdement
endetté aurait une propension plus élevée à
réallouer sa dépense publique au détriment de ses
dépenses d'investissement, devant l'obligation d'assurer le paiement du
service de sa dette ».
Cette évolution en « dents de
scie » peut être appréciée au regard du Graphique
2.1.
Graphique 2.1 : Taux de dépenses
publiques de 1982-2007
L'admission du Cameroun à l'initiative pays pauvres
très endettés a dégagé des ressources
supplémentaires pour l'Etat qui a conduit à un certain
rééquilibrage des dépenses entre secteurs et entre
catégories. L'analyse de la dépense publique en terme de
structure, d'allocations sectorielles et de volume va permettre d'avoir une
visibilité plus grande dans la recherche d'une meilleure restructuration
de celle-ci.
I-2-1-1 - Analyse de l'évolution des
dépenses publiques selon la classification fonctionnelle
La classification fonctionnelle est intéressante en ce
sens qu'elle porte sur une répartition sectorielle des dépenses
publiques. Elle permet d'évaluer le niveau des allocations
budgétaires48(*)
dont bénéficient les différents secteurs année par
année et de déterminer leur poids véritable dans les
dotations budgétaires globales (Cf. Tableau 2.2 en annexe). Au niveau de
la nomenclature du budget de l'Etat, la classification fonctionnelle concerne
les chapitres ministériels. L'analyse va être faite non seulement
par rapport à l'ensemble des dépenses, mais aussi par rapport au
total des dépenses des chapitres ministériels. Ainsi dans la
classification fonctionnelle on distinguera les dépenses de
souveraineté, les dépenses dites économiques et les
dépenses sociales.
a) Les dépenses de souveraineté49(*)
Les dépenses de souveraineté ont
évolué comme suit : 54milliards en 1982 à 119 en
1991 ; il s'en suivit une légère baisse jusqu'en 1994 avec
113 milliards ; depuis lors elles n'ont cessé de croître
pour atteindre 248 milliards en 2007 du fait de leur caractère hautement
stratégique et de protection de masses.
Par rapport aux dépenses dites ministérielles
c'est-à-dire les dépenses des postes ministériels, les
dépenses de souveraineté représentent 37% en 1982, 34% en
1987, 34,6% en 1994 et 21,2% en 2007. Avec un taux de 37% en 1982 elles avaient
le poids le plus important. Ce poids a régressé au fil des ans si
bien qu'en 2007 ces dépenses constituent le dernier poste des
dépenses ministérielles
Par rapport aux dépenses totales, la tendance reste la
même à quelques différences près. En 1982, 13,1% de
dépenses publiques sont alloués aux dépenses de
souveraineté. Cette part se situe à 14,3% en 1987, 25% en 1994 et
14,3% en 2007. Soulignons cependant que les dépenses afférentes
à la défense nationale et à la sécurité
intérieure (services rattachés) sont les plus importantes, compte
tenu du fait que le gouvernement au plus haut niveau accorde une place de choix
aux problèmes de paix et d'intégration nationale, motivée
par la résolution pacifique du conflit de Bakassi.
b) Les dépenses «
économiques »50(*)
Les dépenses économiques ont
évolué comme suit : de 41 milliards en 1982, elles
atteignent 103 milliards en 1987, régressent pour atteindre 59 milliards
en 1993 avant de s'établir à 552 milliards en 2007. On observe
qu'entre 2003 et 2004, ces dépenses se sont multipliées par plus
de 2,5 passant de 143 à 386 milliards.
Par rapport aux dépenses ministérielles, les
dépenses économiques représentent 27,7%, 28,5%, 23,3% et
47,2% respectivement en 1982, 1987, 1994 et 2007. Le désir de relance
des activités économiques, d'amélioration de la
compétitivité de l'économie camerounaise et de
développement urbain peut à juste titre justifier la tendance
haussière de ces dépenses.
Par rapport aux dépenses totales, la tendance
précédente est presque confirmée avec respectivement comme
pourcentage de dépenses totales, 1%, 1,2%, 1,7% et 31,9% pour les
années 1982, 1987, 1994 et 2007. Les principales allocations au titre
des dépenses économiques ressortent au niveau des
départements des travaux publics, de l'économie et finances, du
développement urbain et de l'agriculture.
c) Les dépenses sociales
Les secteurs sociaux51(*) portent principalement sur la santé,
l'éducation, la culture et les affaires sociales. Ils concourent
à l'amélioration du bien être intellectuel, physique et
culturel des populations. Les dépenses afférentes à ces
secteurs doivent refléter la volonté de l'Etat de lutter contre
la pauvreté dans le pays.
Cette volonté s'est traduite par une allocation de plus
en plus croissante des dépenses sociales. Ainsi nous avons une
évolution suivante : de 53 milliards alloués aux
dépenses de ce secteur en 1982, ces dépenses ont cru
continuellement jusqu'en 1994 avec 137 milliards, il s'en suit une
légère baisse entre 1995 et 1996, conséquent de la double
baisse des salaires intervenu en 1994. A partir de 1997 avec 119 milliards ces
dépenses n'ont cessé de croître pour atteindre 370
milliards en 2007, avec un pic de 437 milliards en 2004, expliquée en
grande partie par l'admission du Cameroun à l'IPPTE52(*). A quelques exceptions
près ces dépenses ont constitué l'un des postes les plus
importants, sinon le plus important des dépenses budgétaires
(respectivement des dépenses ministérielles).
Le poids des dépenses sociales dans les dépenses
budgétaires n'a cessé de croître de 12,8% en 1982, il est
passé à 15,7% en 1987, 16% en 1995 et 21,4% en 2007. En
pourcentage des dépenses ministérielles on a : 35,8% en
1982, 37,4% en 1987, 30,9% en 1995 et 31,6% en 2007.
Cette évolution des dépenses publiques selon la
classification fonctionnelle est mieux traduite à la lecture du
graphique 2.2.
Graphique 2.2 : Evolution des
dépenses publiques selon la classification fonctionnelle
SER 01 Dépenses de souveraineté
SER 03 Dépenses sociales
SER 02 Dépenses économiques
SER 04 Dépenses totales
I-2-1-2- Analyse de
l'évolution des dépenses publiques selon la classification
catégorielle
L'analyse de l'évolution des dépenses publiques
selon la catégorie des dépenses nous permettra de distinguer les
dépenses de fonctionnement et celles d'investissement53(*). Cette distinction est
clairement exprimée dans les lois de finance de la République du
Cameroun. Mais dans le souci d'analyser les montants effectivement
réalisés, nous avons, pour chaque catégorie de
dépenses, affecté le taux de réalisation annuel des
dépenses tiré de la loi de règlement de l'exercice
budgétaire considéré. Ainsi le tableau 2.3 en annexe
retrace l'ensemble des résultats obtenus.
a) Les dépenses de fonctionnement
Les dépenses de fonctionnement sont les dépenses
courantes hors intérêt sur la dette publique. Elles concernent les
dépenses fonctionnelles des services publics et comportent trois
rubriques essentielles : les immobilisations (corporelles, incorporelles
et sur fonds de contrepartie), les salaires et les consommations en biens et
services de l'Etat.
Sur un plan général, les dépenses de
fonctionnement ou dépenses courantes ont connu au cours de la
période d'analyse deux types d'évolution : une
première période dite « d'évolution
oscillatoire » entre 1982 et 1996 avec des séquences de hausse
et de baisse, de 212 milliards en 1982 elles se situent à 338 milliards
en 1996 ; une seconde période où les dépenses n'ont
cessé de croître en volume entre 1997 et 2007 passant
respectivement de 334 milliards à 883 milliards. Cette situation peut
être due grâce à la reprise de l'économie
camerounaise entraînant une volonté de l'Etat de rétablir
les conditions de vie des fonctionnaires qui prévalait avant la double
baisse de 1994, conjointement aux effectifs de plus en plus
élevés dans la fonction publique.
Par rapport aux dépenses totales, les dépenses
de fonctionnement ont, à quelques années près (31,4% en
1984), représentées plus de la moitié des dépenses
totales, avec comme ratio 51,5% en 1982, 53% en 1996 et 51% en 2007.
b) Les dépenses d'investissement
Les dépenses d'investissement ou en capital portent
exclusivement sur celles financées à partir des ressources
budgétaires internes de l'Etat, auxquelles on peut ajouter les
opérations de développement sur financement extérieur, les
participations diverses et la réhabilitation/restructuration.
L'évolution des dépenses d'investissement a
suivi l'évolution des recettes budgétaires puisqu'elles sont
financées en grande partie par ces ressources. En 1982 leur niveau se
situait à 57 milliards pour atteindre 295 milliards en 1987. Puis il
s'en suivit une baisse considérable de ces dépenses jusqu'en 1994
avec 107 milliards. Enfin on observe une hausse de ces dépenses jusqu'en
2007 (381 milliards), résultante des signes de reprise de la croissance
économique au Cameroun.
Par rapport aux dépenses totales elles occupent une
proportion faible en comparaison des dépenses de fonctionnement :
13,8% en 1982, 34,3% en 1987, 23,7% en 1994 et 22% en 2007.
Il faut noter que les dépenses en capital sur
financement extérieur bénéficient beaucoup aux secteurs
sociaux qu'aux autres secteurs et la plupart des projets d'investissement dans
le domaine social financés par les bailleurs de fonds concernent les
infrastructures scolaires et de santé. Mais ces dépenses sont
fortement marquées par une faiblesse dans l'exécution, dû
principalement par l'absence de coordination entre le programme pluriannuel et
la libération annuelle des tranches budgétaires. Cette situation
crée un modèle de dépenses d'investissement
« par à-coups » et entrave le processus
d'investissement à long terme. Ce faible taux d'exécution
s'explique également par un certain nombre d'autres facteurs, y compris
la complexité technique des opérations d'investissement par
rapport aux capacités techniques et managériales de
l'administration, ainsi que le manque apparent de volonté de la part des
pouvoirs publics de s'attaquer aux problèmes du budget et du secteur
public.
L'évolution des deux catégories de
dépenses est résumée sur le graphique ci-dessus : les
courbes des dépenses d'investissement et de fonctionnement ont la
même direction que la courbe des dépenses totales.
Graphique 2.3 : Courbe des dépenses
totales, de fonctionnement et d'investissement
SER 04 Dépenses totales SER 06 Dépenses
d'investissement
SER 05 Dépenses de fonctionnement
Que l'observation soit faite selon la classification
fonctionnelle ou selon la classification catégorielle, il en ressort une
remarque importante que pendant la période se situant après la
dévaluation, les dépenses publiques n'ont cessé de
croître de façon considérable mais avec une proportion
importante et stable dans le produit intérieur brut, en moyenne 18,8%.
Cette croissance des dépenses publiques est elle justifiée par le
niveau de développement du Cameroun ? C'est ce que nous essayerons
de voir dans les sections suivantes.
Section II- Vérification empirique de la loi de
Wagner dans le cas du Cameroun
Afin d'expliquer la croissance tendancielle des
dépenses publiques au Cameroun entre 1982 et 2007, nous proposons un
modèle dans lequel on intègre à la fois le
côté de l'offre et de la demande, ce qui diffère des
modèles de dépenses publiques antérieurs. Au-delà
de cette différence nous allons également analyser les
propriétés des séries chronologiques54(*). Nous admettons qu'il n'y a
pas de mécanisme d'ajustement des prix pour équilibrer l'offre et
la demande étant donné que les biens et services du gouvernement
ne sont pas nécessairement en un point d'équilibre mais peuvent
se situer sur l'offre ou sur la demande, d'où la nécessité
d'utiliser un modèle de déséquilibre.
I-2-2-1- Présentation du modèle
L'hypothèse fondamentale que nous cherchons à
tester empiriquement stipule que la hausse tendancielle des dépenses
publiques est expliquée par le niveau de développement. Ce niveau
de développement induit :
- une complexité croissante de la société
qui exige des formes développées de la vie collective ;
- un accroissement de la demande de certains biens
publics : éducation, santé... ;
- une intervention accrue de l'Etat, car ce dernier devra
réguler ou favoriser le développement des activités de
recherche, l'augmentation de la taille des investissements, les concentrations,
les monopoles... ;
- enfin, des recettes supplémentaires du fait d'une
meilleure capacité à collecter les taxes.
Il en ressort des facteurs de demande ou d'offre explicatifs
de la hausse des dépenses publiques. D'où l'utilisation de trois
équations pour définir notre modèle de
déséquilibre : soit une équation où les
dépenses publiques sont expliquées par les facteurs d'offre
appelée équation d'offre ; une autre où ces
dépenses sont expliquées par les facteurs de demande
appelée équation de demande ; et une équation de
quantité observée qui est le maximum de la demande et de l'offre
a) Spécification des variables
Les dépenses totales représentent la variable
principale à expliquer. Nous y retiendrons les deux grandes rubriques
des dépenses publiques que sont : les dépenses publiques
d'investissement et de fonctionnement pour pouvoir expliquer également
leur évolution. Nous utiliserons alors trois variables
dépendantes :
G = Part des dépenses totales dans le
PIB
GF = Part des dépenses de
fonctionnement dans le PIB
GI = Part des dépenses
d'investissement dans le PIB
Pour pouvoir expliquer ces variables, nous allons nous servir
des variables explicatives suivantes dont leurs choix seront expliqués
dans le prochain paragraphe :
- URBAN = la proportion de population urbaine
dans la population totale
- LogPOP = logarithme de la population totale
- Y = revenu réel per capita au prix
constant 2006
- RELPRICE = le rapport entre l'indice de
prix à la consommation (pris comme le déflateur implicite de
consommation du gouvernement) et le déflateur implicite du PIB
- XM = la somme des exportations et
importations divisées par le PIB
- PUB = l'effectif total des employés
du gouvernement en milliers.
- DIRTAX = la proportion des impôts et
taxes dans le PIB
- DEFICIT = la proportion du déficit
budgétaire du gouvernement dans le PIB
- DUMCOAL = variable égale à 1
si le gouvernement est à l'intérieur d'une coalition et
égale à 0 sinon
- D1 = Dummy pour la
stabilité macroéconomique ; D1 = 0 pour les
années de récession (1986-1995) et D1 = 1 pour les
années dites de croissance (1982-1985 et 1996-2007)
b) Identification des équations d'offre, de
demande et de déséquilibre
i) Equation de demande
GD = â0 + â1URBAN
+ â2LogPOP + â3Y +
â4RELPRICE + â5XM +
â6D1 + å
Avec å terme aléatoire et
â0 constante
A l'aide des variables URBAN, LogPOP et Y nous pouvons tester
l'hypothèse de Wagner en tenant compte du changement
démographique. Le signe prédit est positif pour les trois
premières variables explicatives55(*) car on s'attend à ce qu'elles influencent
positivement la demande des dépenses publiques. L'augmentation de la
population a un effet positif sur la demande de biens fournis par le
gouvernement.
L'effet de Baumol sera tester en utilisant la variable
RELPRICE. Le signe attendu est positif, car suivant l'hypothèse de
Baumol, il y a accroissement du prix relatif du bien public avec une demande
inélastique par rapport au prix.
La redistribution aux groupes de pression est mesurée
par une variable : XM l'ouverture de l'économie, qui nous permettra
de tester l'effet positif de l'ouverture de l'économie sur la croissance
des dépenses publiques.
ii) Equation d'offre
GS = á0 +
á1RELPRICE + á2PUB
+á3DIRTAX +á4DEFICIT
+á5D1+á6Dumcoal+ ì
Avec á0 constante et ì terme
aléatoire
Nous tenons encore compte de l'effet de Baumol en utilisant la
variable RELPRICE.
Le signe du coefficient de la variable explicative PUB devrait
être positif suivant la théorie de Niskanen (1968, 1971) puisqu'il
suppose que les employés du gouvernement ont une
préférence pour avoir des budgets trop élevés.
La présence de la variable D1 reflète en quelque
sorte l'effet de récession. Suivant la pensée keynésienne,
le gouvernement devrait augmenter ses dépenses publiques en
présence de récession d'où le signe de
á5 devrait être positif (négatif dans le cas
contraire).
La variable DIRTAX est utilisée pour mesurer la
capacité fiscale du gouvernement. Logiquement, on devrait s'attendre
à ce qu'une hausse des recettes fiscales induise une hausse des
dépenses publiques (á3 > 0)
La variable DEFICIT est un indicateur de mesure pour traduire
le recours de l'Etat à l'emprunt extérieur pour faire face aux
difficultés de financement des biens publics. L'effet est donc
positif.
Lorsqu'il y a plusieurs partis au pouvoir, cela augmente
l'habilité des groupes d'intérêt à influencer le
niveau des dépenses publiques à la hausse. La variable
dichotomique DUMCOAL teste cet effet positif sur le niveau des dépenses
publiques. Dans le cas du Cameroun, cette variable prendra la valeur 0 pour la
période d'étude.
iii) L'équation de
déséquilibre56(*)
Nous utiliserons en droite ligne d'Henrekson et Lybeck, la
condition du maximum contrairement à l'hypothèse du
côté court que l'on retrouve dans les modèles
macroéconomiques de déséquilibre.
G/Y = Max (demande, offre)
Même si le prix apparaît dans les deux
équations, il n'est pas certain que le prix relatif s'ajustera de
façon à ce que la demande soit égale à l'offre.
Lorsque l'offre est supérieure à la demande, c'est l'offre qui
détermine le niveau des dépenses publiques. Ce résultat
s'explique en supposant que les politiciens ont le pouvoir de décision,
même malgré le surplus de ressources publiques, ces ressources
seront néanmoins dépensées. Mais quand la demande est
supérieure à l'offre, c'est la demande qui détermine le
niveau des dépenses publiques, puisque les politiciens et les
bureaucrates réagissent directement à l'augmentation de la
demande même si cela peut entraîner un déficit. C'est cette
dernière situation que l'on observe dans la plupart des pays en voie de
développement et particulièrement le Cameroun où les
déficits budgétaires ont atteint certaines proportions en rapport
avec la montée de la dette.
Après avoir présenté notre modèle,
il convient de faire un bref aperçu sur la méthode à
utiliser pour la vérification empirique de notre hypothèse de
travail.
I-2-2-2- Présentation du cadre
méthodologique
Il s'agit ici de déterminer les facteurs qui
influencent la croissance des dépenses publiques. Pour cela nous avons
retenu des variables telles que explicitées ci-dessus, des études
ont procédé directement à des estimations sans au
préalable analyser les propriétés chronologiques des
séries. Ce que nous incorporerons dans notre étude en
procédant à des tests de stationnarité et de
co-intégration sur les séries utilisées dans nos
équations d'offre et de demande.
a) Les tests de stationnarité et de
co-intégration sur les séries utilisées
Avant de procéder à l'estimation de notre
modèle de déséquilibre, il convient de s'assurer de la
stationnarité des séries utilisées dans les
équations d'offre et de demande. En effet, lorsque les variables ne sont
pas stationnaires, l'estimation des coefficients par les MCO (moindres
carrés ordinaires) ne converge pas vers les vrais coefficients, et les
tests usuels des t-Student et F-Fisher ne sont plus valides ; on dira
alors que les régressions sont fallacieuses. Pour procéder
à l'estimation des relations, il suffit que la stationnarité soit
de forme faible, c'est-à-dire plus formellement si on considère
une variable (Xt) celle-ci est faiblement
stationnaire si son espérance mathématique et sa variance sont
constantes et finies et si la covariance de Xt
et Xt-h (avec h>0)
dépend uniquement de h. Autrement dit la variable
Xt est stationnaire si elle est
intégrée d'ordre zéro, et sera notée
Xt I(0). Plus généralement une
variable sera dite intégrée d'ordre p si sa différence
d'ordre p est stationnaire ou intégrée d'ordre zéro (et
notée Äp Xt I (0)).
La plupart des données macroéconomiques sont
intégrées d'ordre un. Il existe plusieurs manières de
tester la stationnarité des séries on peut citer entre
autre : le test de Dickey-Fuller (DF), le test de Dickey-Fuller
Augmenté (ADF), et le test de Phillips-Perron (PP).
i) Les tests de Dickey-Fuller (1979,1981)
Les tests de Dickey-Fuller (1979,1981), permettent de mettre
en évidence le caractère stationnaire ou non d'une chronique par
la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique. Les
modèles servant de base à la construction de ces tests sont au
nombre de trois. Le principe est simple pour les tests de Dickey-Fuller
(DF) :
Si l'hypothèse : H0 : ñ = 1
est retenue dans l'un de ces trois modèles, alors le processus est non
stationnaire.
Modèle autorégressif d'ordre 1 ou AR (1).
Modèle autorégressif avec constance.
Modèle autorégressif avec tendance.
Avec åt iid57(*) et est un « bruit blanc58(*) »
Si l'hypothèse H0 est
vérifiée, la chronique Xt n'est pas stationnaire
quelque soit le modèle retenu.
La procédure du test est séquentielle et part du
modèle au modèle : sur le modèle, on teste la significativité du coefficient b à partir
des statistiques classiques de Student. Si b est significativement
différent de zéro, alors on teste pour ce même
modèle le coefficient de c'est-à-dire
Si l'hypothèse est acceptée, la série est non stationnaire avec
tendance ; sinon ( est acceptée) la série est stationnaire.
L'hypothèse est acceptée si et seulement si
Si par contre b est significativement
nul, on passe directement au test sur le modèle avec le même cheminement que précédemment jusqu'au
test sur le modèle. Si n'est pas stationnaire on peut appliquer le test de Dickey-Fuller (DF)
sur les variables différenciées en suivant la même
procédure que précédemment.
Dans les trois modèles précédents,
utilisés pour les tests de Dickey-Fuller (DF), le processus est par hypothèse un « bruit blanc », or il
n'y a aucune raison pour qu'à priori, l'erreur soit non
corrélée : on appelle test de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF) celui qui tient compte de cette hypothèse. Les tests de
Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sont fondés sous
l'hypothèse alternative ñ ? 0 issue de l'estimation par les MCO
des trois modèles ci-dessous.
Le test se déroule de manière similaire aux
tests de Dickey-Fuller (DF), seules les tables statistiques diffèrent.
La valeur p de retard est déterminée à l'aide des
critères de Aikaike ou Schwartz.
Le test de Phillips-Perron
(1988), lui est construit sur une correction non paramétrique des
statistiques de Dickey-Fuller pour prendre en compte les erreurs
hétéroscédastiques. L'exécution du test est
identique à la procédure de Dickey-Fuller. Si
les séries sont toutes stationnaires, lorsque définies en
différence première suivant les tests de ADF et de
Phillips-Perron, l'on pourrait penser à l'existence d'une relation de
co-intégration entre elles. Ainsi le test de co-intégration de
Engle et Granger (1987) peut être effectué.
ii) Test de co-intégration
Selon Engle et Granger (1987), deux séries sont
co-intégrées lorsque leur combinaison linéaire est
stationnaire. La co-intégration traduit le fait que la combinaison
linéaire ne s'éloigne jamais très longtemps de sa moyenne
même si les séries présentent des évolutions
divergentes. Autrement dit il existe une évolution stable à long
terme entre les séries. Deux séries sont
co-intégrées d'ordre (d, b) pour 0<b<d si :
- Xt intégré d'ordre d et
Yt intégré d'ordre b
- Il existe () tel que soit intégré d'ordre (d-b) ou I (d-b)
En pratique on s'en tient généralement
à d=b=1 et dans ce cas, zt sera stationnaire ou I (0) et
traduira la relation d'équilibre entre Xt et
Yt.
L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme
puisse être définie entre variable pourtant individuellement non
stationnaire est à la base de la théorie de la
co-intégration. Cette théorie permet d'étudier des
séries non stationnaires mais dont la combinaison linéaire est
stationnaire. Elle permet ainsi de spécifier des relations stables
à long terme tout en analysant conjointement la dynamique de court terme
des variables considérées. La présence d'une relation
d'équilibre entre des variables est testée formellement à
l'aide des procédures statistiques, dont les plus utilisées sont
celles d'Engle et Granger (1987). Une condition nécessaire d'utilisation
de ce test est que toutes les variables doivent être
intégrées du même ordre d'intégration. La
méthode est la suivante :
- estimation par les M.C.O. de la relation de long terme
- test de stationnarité du résidu du
modèle de long terme : il a pour objectif de tester l'existence
d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la relation de
long terme, non pas sur les vraies valeurs mais sur les valeurs critiques
tabulées59(*) par
Engle et Yoo (1987).
En présence d'une relation de co-intégration, de
meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un
modèle à correction d'erreur (MCE). Le modèle à
correction d'erreur présente une propriété remarquable qui
a été démontré par Granger en 1983. Un ensemble de
variables co-intégrées peut être mis sous forme d'un
modèle à correction d'erreur dont toutes les variables sont
stationnaires et dont les coefficients peuvent être estimés par
les méthodes de l'économétrie classique sans risque de
corrélation fortuite.
La cible de long terme doit en fait être satisfaite par
le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de
représentation de Granger. Un tel théorème associe la
présence d'une relation de co-intégration à l'existence
d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin
de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995). Nous
utiliserons l'approche de Engle et Granger (1987) pour la représentation
et l'estimation de ce modèle à correction d'erreur.
Tous ces tests de stationnarité et de
co-intégration ne concernent que les séries utilisées dans
les équations de demande et d'offre de notre modèle de
déséquilibre. De meilleurs résultats sont obtenus par la
méthode du maximum de vraisemblance dont nous ferrons, dans le
paragraphe suivant, quelques commentaires afin de percevoir sa logique.
b) La méthode du maximum de
vraisemblance
Dans un modèle de déséquilibre, on
suppose que les prix ne sont pas flexibles de façon à ce qu'ils
s'ajustent jusqu'à l'équilibre sur le marché de l'offre et
la demande. Ce qui n'est pas le cas dans un modèle d'équilibre,
où les prix s'ajustent ce qui permet d'observer la quantité Q
échangée sur le marché, qui est égale à
l'offre et à la demande. Dans le modèle de
déséquilibre on observe Q et on sait qu'il appartient soit
à l'offre ou soit à la demande, mais on ne sait pas sur quelle
courbe il est observé puisque la fonction de demande et la fonction
d'offre ne sont pas observées. Ce genre de modèle statistique
dans lequel on ne peut prédire avec certitude le résultat de Q,
puisque cette variable est aléatoire, partage quelques
caractéristiques importantes avec le modèle
TOBIT.
La première étude empirique appliquée au
modèle déséquilibre fut réalisée par Fair et
Jaffee (1972). Ils ont proposé quelques méthodes d'estimation
pour les marchés de déséquilibre. Maddala et Nelson (1974)
ont rapidement critiqué Fair et Jaffee puisque ces derniers ne tiennent
pas compte que le modèle en soit nous permet de déterminer les
probabilités que chaque observation appartient soit à la demande
ou soit à l'offre. Donc leur fonction de vraisemblance n'est pas la
meilleure fonction à maximiser. Ils ont donc proposé une
méthode de maximisation de vraisemblance adéquate pour estimer
l'offre, la demande et l'équation du maximum.
Leur maximum de vraisemblance ressemble à celui qui a
été suggéré par TOBIN (1958) qui est le TOBIT
MODEL. Afin de mieux comprendre le maximum de vraisemblance proposé
par Maddala et Nelson, il convient de s'intéresser brièvement au
modèle TOBIT dont nous rappellerons quelques traits
caractéristiques.
Nous avons une distribution contrainte (les variables
dépendantes ne peuvent pas prendre des valeurs négatives). Pour
analyser cette distribution on définit une variable aléatoire
transformé à l'aide de la variable originale.
Pour estimer nos paramètres, on va faire un maximum de
vraisemblance. Il est essentiel de dériver les fonctions de
densité dans ce genre de modèle. La variable observée a
deux états possibles, par les lois élémentaires de
manipulation des probabilités, on trouve la distribution des
probabilités de la variable transformée. En supposant que cette
dernière suit une loi normale de moyenne ì et de variance
ó2, on dérive les fonctions de répartition et
par conséquent les fonctions de densité. En prenant le produit
des fonctions de densité, on obtient la fonction de vraisemblance. Afin
d'obtenir les estimateurs du maximum de vraisemblance, il suffit de maximiser
le logarithme de la fonction de vraisemblance par rapport aux paramètres
inconnus.
On fait le même raisonnement avec le modèle de
déséquilibre des dépenses publiques, mais où la
variable aléatoire observée est la part des dépenses
publiques dans le PIB et les deux états de cette variable sont les
équations d'offre et de demande. L'obtention de la fonction de
vraisemblance est très difficile à obtenir par rapport à
un modèle d'équilibre. On doit avoir recours ici aux
méthodes très complexes des algorithmes. Selon Trottier (1995)
l'estimation dans ce cas peut être réalisée qu'à
l'aide du programme LIMDEP développé par Greene
(1988).
Il était question dans cette section de
présenter d'une part, le modèle qui nous permettra de tester
notre première hypothèse de travail, et d'autre part la
méthodologie de l'estimation. Il nous reste cependant à
procéder à l'estimation, à l'analyse des résultats
afin d'en tirer quelques recommandations de politique économique.
Section III- Estimations et Recommandations
Dans cette section, il s'agira de déterminer les
caractéristiques des séries utilisées dans le but de s'en
servir pour l'estimation de la relation de déséquilibre. Les
caractéristiques renvoient ici à la stationnarité des
variables utilisées dans chaque équation. Nous en tirerons des
conclusions issues de l'analyse des résultats.
I-2-3-1- Estimation du modèle
Le comportement des dépenses publiques est
évalué au regard des résultats des estimations des
équations de demande, d'offre et de déséquilibre des
dépenses publiques. Au préalable, il nous convient d'examiner en
profondeur les propriétés des séries utilisées dans
chaque équation.
a) Equation de demande des dépenses
publiques
§ Test de stationnarité de Dickey-Fuller
Augmenté (ADF)
Les caractéristiques des variables utilisées
seront déterminées à l'aide du test de
stationnarité de Dickey-Fuller augmenté (ADF). L'application du
test ADF nécessite au préalable de choisir le nombre de retards
p à introduire de sorte à blanchir les résidus.
Le problème du choix de p est important dans la mesure
où :
- l'inclusion d'un nombre insuffisant de retards peut affecter
le niveau du test,
- l'introduction d'un nombre trop élevé de
retard réduit le nombre de degrés de liberté et la
puissance du test, ce qui conduit trop souvent, de manière
erronée au non rejet de l'hypothèse nulle.
Plusieurs méthodes sont possibles pour effectuer ce
choix. Nous retiendrons le critère d'information d'Akaike qui consiste
à estimer plusieurs processus pour différentes valeurs de p
et l'on retient le modèle qui minimise les critères
d'information.
Ayant appliquée cette méthode aux
différentes variables de l'équation de demande, nous obtenons
pour chaque variable les valeurs suivantes : 1 pour les variables G,
Urban, Relprice et XM ; 2 pour la variable Y ; et 5 pour la variable
Logpop
Ayant obtenu ces différentes valeurs, nous pouvons
maintenant vérifier la stationnarité des séries en
adoptant la stratégie séquentielle descendante du test ADF tel
que explicité ci-dessus. La règle de décision est la
suivante :
- Si la valeur de ADF est inférieure à la valeur
critique, alors on accepte l'hypothèse de stationnarité de la
série;
- Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de non
stationnarité de la série
Les résultats sont tels que présentés
dans le tableau 2.5.
Tableau 2.5 : Caractéristiques des
séries temporelles de l'équation de demande
Variables
|
Statistiques ADF en niveau
|
Statistiques ADF en différence
1ère
|
Ordre d'intégration
|
G
|
-2.393097
|
-3.556919**
|
I (1)
|
Urban
|
-2.545678
|
-7.248888**
|
I (1)
|
Logpop
|
-2.833045
|
-2.225560**
|
I (1)
|
Y
|
-2.473103
|
-1.991981**
|
I (1)
|
Relprice
|
-2.358061
|
-3.557491**
|
I (1)
|
XM
|
-2.301279
|
-3.157835**
|
I (1)
|
Notes : ** indique la significativité à 5%
c'est-à-dire la valeur de ADF est inférieure à la valeur
critique
Si les variables sont de même ordre
d'intégration, I (1) par exemple, l'existence d'un seul vecteur de
co-intégration est possible. En revanche, si les séries ne sont
pas toutes intégrées du même ordre, nous pouvons être
certain que le vecteur de co-intégration n'est pas unique (Bourbonnais
2002). A la lecture du tableau 2.5, on se rend bien compte que les
séries définies sont toutes non stationnaires à niveau,
mais stationnaires lorsque définies en différence
première. Elles sont toutes intégrées d'ordre 1, l'on peut
penser à l'existence d'une relation de co-intégration entre
elles. Ainsi, le test de co-intégration de Engle et Granger doit
être effectué.
§ Test de co-intégration par l'approche en
deux étapes de Engle et Granger
Première étape :
Estimation par les MCO de la relation de la relation de long terme
Cette relation a été estimée et
présentée dans le tableau suivant :
Tableau 2.6 : Equation de long terme de la
demande des dépenses publiques
Dependent Variable: G
|
Method: Least Squares
|
Sample: 1 25
|
Included observations: 25
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-1186.348
|
1301.972
|
-0.911193
|
0.3742
|
URBAN
|
-2.128388
|
2.315886
|
-0.919038
|
0.3702
|
LOGPOP
|
180.3363
|
196.2747
|
0.918795
|
0.3704
|
Y
|
0.028906**
|
0.009872
|
2.928058
|
0.0090
|
RELPRICE
|
-0.005284
|
11.39550
|
-0.000464
|
0.9996
|
XM
|
-0.188416***
|
0.110856
|
-1.699649
|
0.1064
|
D1
|
2.955158
|
1.759674
|
1.679378
|
0.1104
|
R-squared
|
0.490892
|
Mean dependent var
|
19.18920
|
Adjusted R-squared
|
0.321189
|
S.D. dependent var
|
2.940625
|
S.E. of regression
|
2.422781
|
Akaike info criterion
|
4.839205
|
Sum squared resid
|
105.6576
|
Schwarz criterion
|
5.180490
|
Log likelihood
|
-53.49006
|
F-statistic
|
2.892654
|
Durbin-Watson stat
|
1.599845
|
Prob(F-statistic)
|
0.037365
|
Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Estimation sous Eviews
Pour passer à la deuxième étape il
convient de tester la stationnarité du résidu de
l'équation de long terme. Si le résidu n'est pas stationnaire
c'est-à-dire les variables ne sont pas co-intégrées, alors
la relation de long terme est une régression fallacieuse. Par contre si
ce résidu est stationnaire, la relation de long terme est une relation
de co-intégration.
Nous utiliserons les valeurs critiques tabulées par
Engle et Yoo (1987) dans l'application du test de stationnarité ADF sur
le résidu de la relation de long terme.
Le résultat du test, à la lecture du tableau 2.7
en annexe est le suivant : la statistique ADF calculée est
inférieure à la statistique ADF lu (-2,986 < -2,67), alors on
accepte l'hypothèse de stationnarité de la série du
résidu, notre relation de long terme est une relation de
co-intégration. En présence d'une relation de
co-intégration, de meilleurs résultats sont obtenus en estimant
plutôt un modèle à correction d'erreur (MCE).
Deuxième étape :
Estimation du modèle à correction
d'erreur
Le résultat de l'estimation de notre modèle
à correction d'erreur est donné par le tableau 2.8
présenté en annexe.
On constate que le coefficient associé à la
force de rappel est négatif (-0,84) et significativement
différent de zéro au seuil statistique de 1%. Il existe bien un
mécanisme à correction d'erreur. Grâce, au mécanisme
à correction d'erreur, nous avons modélisé
simultanément les dynamiques de long terme et de court terme des
séries des dépenses publiques, selon l'optique de la demande. Les
résultats seront analyser dans la sous-section suivante, mais avant
cela, vérifions les caractéristiques des séries de
l'équation d'offre des dépenses publiques.
b) Equation d'offre des dépenses
publiques
Comme précédemment, nous utiliserons les
mêmes approches pour l'application des tests de stationnarité et
de co-intégration.
§ Test de stationnarité de Dickey-Fuller
Augmenté (ADF)
La variable dépendante reste toujours la part des
dépenses publiques dans le PIB, mais les variables explicatives ne sont
plus les mêmes à l'exception de la variable Relprice. Les
caractéristiques des séries sont les suivantes : les
variables sont de même ordre d'intégration, I (1), se
référer au tableau 2.9. L'existence d'un seul vecteur de
co-intégration est possible.
Tableau 2.9 : Caractéristiques des
séries de l'équation d'offre
Variables
|
Statistiques ADF en niveau
|
Statistiques ADF en différence
1ère
|
Ordre d'intégration
|
G
|
-2.393097
|
-3.556919**
|
I (1)
|
Relprice
|
-2.358061
|
-3.557491**
|
I (1)
|
Pub
|
2.480086
|
-3.258461**
|
I (1)
|
Dirtax
|
-2.215199
|
-4.500953**
|
I (1)
|
Deficit
|
-0.925688
|
-5.306786**
|
I (1)
|
Notes : toutes les variables ont le même nombre de
retard, p=1
Grâce à la conclusion de
Bourbonnais (2002), nous pouvons
tester l'existence d'une relation de co-intégration.
§ Test de co-intégration par l'approche en
deux étapes de Engle et Granger
Première étape :
Estimation par les MCO de la relation de la relation de long terme
Les résultats sont présentés dans le
tableau 2.10.
Pour passer à la deuxième étape il
convient de tester la stationnarité du résidu de
l'équation de long terme. Si le résidu n'est pas stationnaire
c'est-à-dire les variables ne sont pas co-intégrées, alors
la relation de long terme est une régression fallacieuse. Par contre si
ce résidu est stationnaire, la relation de long terme est une relation
de co-intégration. L'application du test de stationnarité ADF sur
le résidu de la relation de long terme nous donne des résultats
satisfaisants (le résidu est stationnaire en niveau), voir tableau 2.11
en annexe. Notre relation de long terme est une relation de
co-intégration. Nous pouvons passer à la deuxième
étape.
Tableau 2.10 : Equation de long terme
d'offre des dépenses publiques
Dependent Variable: GMethod: Least SquaresSample: 1 25Included
observations: 25
Variable
CoefficientStd. Errort-StatisticProb.
C
-9.5926316.356395-1.5091310.1477
RELPRICE
14.90246**5.6503642.6374340.0162
PUB
-0.0195490.016352-1.1955320.2466
DIRTAX
1.186293*0.1554477.6315060.0000
DEFICIT
0.0734760.1612930.4555420.6539
D1
-0.2257521.288239-0.1752410.8627
R-squared
0.783362
Mean dependent var
19.18920
Adjusted R-squared
0.726352
S.D. dependent var
2.940625
S.E. of regression
1.538282
Akaike info criterion
3.904773
Sum squared resid
44.95993
Schwarz criterion
4.197303
Log likelihood
-42.80966
F-statistic
13.74076
Durbin-Watson stat
1.731672
Prob(F-statistic)
0.000009
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Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Estimation sous Eviews
Deuxième étape :
Estimation du modèle de correction d'erreur
A la lecture du tableau 2.12 (Cf. annexe), on observe les
résultats de l'estimation du mécanisme à correction
d'erreur.
Une fois de plus le coefficient associé à la
force de rappel est négatif (-0,85) et significativement
différent de zéro au seuil statistique de 1%. Il existe bien un
mécanisme à correction d'erreur. Ce mécanisme à
correction d'erreur permet de faire ressortir les dynamiques de court et long
terme de l'offre des dépenses publiques, que nous analyserons dans la
suite.
De tout ce qui précède, la variable
dépendante est la part des dépenses publiques totales dans le
PIB. Lorsque qu'on distingue dépenses de fonctionnement et
dépenses d'investissement et qu'on procède à des tests de
stationnarité, nous obtenons des résultats satisfaisants (cf.
Annexe Tableaux 2.13 et 2.14) qui nous permettent d'avoir une vue d'ensemble
sur l'évolution de chaque catégorie de dépenses publiques.
Après avoir fait une présentation complète des
résultats, il nous reste à analyser ces résultats afin
d'en tirer des conclusions de politiques économiques.
I-2-3-2- Commentaires et recommandations de politiques
économiques.
Il s'agit pour nous ici d'interpréter
économiquement les résultats tout en vérifiant au
préalable si les résultats sont conformes à la
théorie et aux hypothèses avancées. Ce qui nous conduira
aux meilleures implications de politique économique.
a) Interprétation des résultats des
différentes spécifications
Notre équation de long terme de la demande des
dépenses publiques est la suivante :
GD = -1186,3 - 2.13Urban +180,3Logpop +
0,03Y**- 0,005Relprice - 0,19XM*** + 2,9D1
(-0,91)60(*) (-0,92) (0,92) (2,93)
(-0,0004) (-1,699) (1,67)
De cette relation il en ressort que la variable, Revenu
réel per capita, est significative et le signe prédit (positif)
est obtenu. Ce résultat, qui est conforme à la théorie,
traduit une relation positive entre la part des dépenses publiques et
le PIB per capita. On remarque alors que la loi de Wagner est validée
dans notre modèle. Une étude faite en 1988 par Abizadeh et
Yousefi confirmait aussi un effet positif du revenu réel sur la
croissance des dépenses publiques au Canada entre 1945 et 1984, une
autre étude faite par Ram (1987) appuie la loi de Wagner pour 115 pays
en série chronologique.
La variable Urban, bien qu'elle soit non significative,
possède un coefficient de signe négatif qui reflète une
relation non positive entre les dépenses publiques et le taux
d'urbanisation. Résultats déjà obtenus par Muller
et Murell (1985). Ces auteurs n'ont pas trouvé de relation
positive entre les dépenses publiques et l'urbanisation à travers
les pays.
Le degré d'ouverture de l'économie, capté
ici par la part des exportations et des importations dans le PIB, a une
influence négative sur les dépenses publiques à un niveau
peu significatif.
L'effet de Baumol, c'est-à-dire l'accroissement du prix
relatif du bien public avec une demande inélastique par rapport au prix,
ne s'observe pas ici. Car le coefficient de la variable Relprice est non
significatif.
Mais au regard du taux de croissance des dépenses
publiques à travers le modèle à correction d'erreur
(tableau 2.8 en annexe), seul le taux de croissance du revenu réel est
significatif. Plus intéressant encore, le coefficient du terme de
correction d'erreur est significatif et négatif (-0.841896). Ce qui,
tout en validant la représentation à correction d'erreur, indique
la convergence des trajectoires de la série des dépenses
publiques vers la cible de long terme. Ainsi, les chocs sur les dépenses
publiques au Cameroun se corrigent à 84% par effet de
« feed-back ». En d'autres termes, un choc constaté
au cours d'une année donnée est entièrement
résorbé au bout d'un an et 2 mois et demi (1/0,84 = 1.2).
En se plaçant plutôt du côté de
l'offre, nous avons la relation de long terme des dépenses publiques
suivante :
GS = -9,59 + 14,9Relprice** - 0,02Pub +
1,186Dirtax* + 0,073Déficit - 0,225D1
(-1,5) (2,637) (-1,19)
(7,63) (0,455) (-0,175)
Au regard de cette relation, nous remarquons que l'effet de
Baumol a une influence sur l'offre des dépenses publiques au Cameroun.
La production de services publics non marchands connaît en effet de
faibles gains de productivité, ce qui explique le développement
des dépenses publiques afin de soutenir la production de ces services
publics essentiels. Ainsi l'intervention de l'Etat a beaucoup porté ces
dernières années sur des activités telles que
l'éducation, la santé, la culture (...), autant
d'activités où les gains de productivité sont faibles
sinon absents.
Une autre variable significative sur l'offre des
dépenses publiques est la part des impôts et taxes dans le PIB.
Elle a un impact positif sur le niveau des dépenses publiques. Ce qui
est conforme à la théorie et à la pratique, en ce sens que
la dépense est au centre de la politique budgétaire de l'Etat, et
l'exécution des dépenses se fait toujours en fonction du niveau
des recettes réalisées.
Un résultat intéressant qu'il convient de
souligner est la non significativité de la variable PUB dans
l'explication du niveau des dépenses publiques. Cette absence de
relation entre les deux variables, contrairement à la théorie de
la bureaucratie de Niskanen, traduit le fait que les employés du
gouvernement n'ont pas une préférence pour avoir des budgets trop
élevés. Mais en considérant l'analyse de Miller qui
distingue le pouvoir politique du pouvoir bureaucrate (celui des
employés du gouvernement), nous sommes tentés de penser que ce
résultat est dû au fait que le pouvoir bureaucrate est exclu du
processus d'élaboration du budget au Cameroun ce qui revient plus au
pouvoir politique.
A l'observation du modèle à correction d'erreur
de l'offre des dépenses publiques, nous remarquons que le taux de
croissance de l'offre des dépenses publiques est expliqué
significativement par des taux de croissance des variables Relprice, Dirtax et
Deficit. Le déficit budgétaire n'influence pas en niveau l'offre
des dépenses publiques mais son taux de croissance a un impact positif
sur le taux de croissance des dépenses publiques. Le coefficient du
terme de correction d'erreur est significatif et négatif (-0,85388), il
y a convergence de la série vers la cible de log terme.
Cette analyse peut également être faite pour les
résultas présentés en annexe 2.1 sur les dépenses
de fonctionnement et d'investissement. A la lecture de la relation de long
terme des deux catégories de dépenses publiques, on observe que
les variables Urban, Logpop et Y, utilisées par Henrekson et Lybeck pour
tester l'hypothèse de Wagner dans le cas de la Suède, sont
significatives à des degrés divers. Le taux d'urbanisation
explique positivement la demande des dépenses publiques de
fonctionnement, la population totale et le revenu réel ont plutôt
un impact positif sur la demande des dépenses publiques
d'investissement.
Lorsque l'on s'attarde sur l'offre de chaque catégorie
de dépenses on se rend bien compte que la variable PUB (les
employés du gouvernement) explique la croissance des dépenses de
fonctionnement ainsi que notre variable Dummy de l'instabilité
macroéconomique. Cette dernière explique également le
niveau de l'offre des dépenses publiques d'investissement, de même
que l'effet de Baumol et la part des taxes et impôts sur le PIB.
On constate en outre que, le taux de croissance des
dépenses publiques d'investissement dépend de façon
positive du taux de croissance passé de ces mêmes dépenses.
Ce qui n'est pas le cas ni pour les dépenses de fonctionnement, ni pour
les dépenses publiques totales. Ce dernier résultat est quelque
peu surprenant du point de vue des théories mettant en avant le
rôle des habitudes de consommation, selon lesquelles ce résultat
s'observerait sur les dépenses de fonctionnement (dépenses de
consommation du gouvernement).
Les différentes interprétations faites
ci-dessus, relèvent du test de significativité individuel des
variables. Sur un plan plus global, toutes nos spécifications peuvent
être considérées comme globalement significatives. Car sans
exception en appliquant le test de Fisher61(*) on rejettera l'hypothèse nulle de non
significativité globale. Les estimateurs obtenus sont donc consistants.
Mais au regard du coefficient de détermination
(R2), qui en moyenne varie autour de 70%, on peut
dire que 70% des fluctuations des dépenses publiques sont
expliquées par l'ensemble des variables retenues dans notre
modèle. De ces résultats globalement satisfaisants, quelles
conclusions de politique économique faisons-nous ?
b) Implications de politiques
économiques
L'analyse de la dépense publique en termes de
structure, d'allocations sectorielles et de volume va nous permettre d'avoir
une visibilité plus grande dans la recherche d'une meilleure
restructuration de celle-ci. Cependant, il est nécessaire d'assurer
davantage une allocation qualitative de la dépense pour préserver
l'amélioration du niveau de vie de population, guidé par le
respect du principe de rationalisation des choix budgétaires62(*). Selon Weber, ce principe est
une forme d'approche des choix en matière des dépenses publiques
qui s'efforce de substituer dans la mesure où cela est possible et
justifié, la rationalité économique au processus politique
de recherche d'un consensus. C'est ce principe qui justifie
l'élaboration dans le DSRP d'un cadre des dépenses à moyen
terme (CDMT).
Le CDMT sert de cadre pour mettre en cohérence
financière les stratégies sectorielles et le budget de l'Etat. Il
permet de chiffrer les implications budgétaires des stratégies
sectorielles et de réconcilier les besoins de financement des
stratégies avec les ressources générées par la
croissance (ressources propres) ou provenant des appuis extérieurs. Le
CDMT assure ainsi la cohérence entre le budget prévisionnel
où les dépenses sont classées selon une approche
fonctionnelle (par secteur ou par ministères) et le TOFE
prévisionnel où elles sont agrégées et
projetées selon une classification par nature économique (courant
ou capital). Le CDMT assure enfin la cohérence entre le niveau des
dépenses de fonctionnement et des dépenses d'investissement. Il
constitue aussi un instrument de politique budgétaire ciblée. Ce
cadrage nous permettra d'atteindre un objectif, dans l'optique de
résorber le souci de bonne gouvernance, à savoir celui de la
maîtrise des dépenses publiques qui ne signifie nullement une
réduction drastique de celles-ci. Tout ceci n'aura de réussite
qu'avec une bonne visibilité de l'évolution passée des
dépenses publiques.
Comme recommandations supplémentaires qui
découlent de nos résultats, nous suggérons à notre
humble avis que :
§ L'Etat priorise les dépenses publiques pros
pauvres à savoir les dépenses dans les secteurs de
réduction de la pauvreté. Il s'agira d'accroître les
allocations budgétaires, en faveur des secteurs sociaux tels que
l'éducation, la santé, l'assainissement (...), d'une part qui ont
un impact sur l'offre des services sociaux pour les rendre disponibles, et
d'autre part en faveur des secteurs générateurs de revenu pour
lesquels les populations pauvres ont un avantage comparatif.
§ Les dépenses publiques soient des
dépenses pros OMD c'est-à-dire qui visent à atteindre ces
OMD souscrits par le gouvernement camerounais. En d'autres termes, il s'agit de
mettre en adéquation le cadre budgétaire aux OMD.
En somme il s'agit de développer une stratégie
comptable DSRP-OMD-CDMT-DP qui serait un outil efficace et une plate forme
à la fois de mobilisation des ressources publiques mais aussi
d'allocations de ces ressources dans les domaines générateurs de
développement durable pour le Cameroun.
Malgré les efforts importants consentis par les
autorités pour appuyer la stratégie de réduction de la
pauvreté, les dépenses publiques resteraient stables en
pourcentage du PIB (17% environ). Cela est dû en partie à la
contraction de la part des dépenses du service de la dette qui ont
permis d'absorber une grande partie des dépenses prioritaires. Dans le
même temps, les réformes fiscales et douanières devraient
permettre d'améliorer les recettes non pétrolières en
pourcentage du PIB non pétrolier. Ces recettes induiraient une hausse
accrue des dépenses. L'analyse de la croissance de ces dépenses
pour la période 1982-2006 nous donne comme principaux
résultats : le niveau du revenu réel est la principale cause
de la croissance de la demande des dépenses ; ensuite la faible
productivité des services publics et le montant des impôts et
taxes agissent plutôt sur l'offre des dépenses publiques ; et
enfin la croissance des dépenses de fonctionnement est expliquée
par les effectifs de plus en plus croissants des employés du
gouvernement. Ayant adopté comme hypothèse que le niveau de
développement explique favorablement la hausse tendancielle des
dépenses publiques nous pouvons, à la lumière de nos
résultats dire que cette hypothèse est vérifiée
dans le cas du Cameroun.
Conclusion de la première partie
Il était question dans cette partie du travail de faire
un essai justificatif de la croissance des dépenses publiques. Le
premier chapitre de cette partie a porté essentiellement sur l'aspect
théorique en matière de croissance de ces dépenses. Ainsi,
plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer la
tendance de plus en plus à la hausse des dépenses. Entre autres,
nous avons mentionné la thèse de Wagner, les arguments de
l'école des choix publics, les hypothèses de Baumol et de Peacock
et Wiseman, et enfin les théories de la bureaucratie et de la
capacité fiscale, comme facteurs explicatifs de la croissance
séculaire des dépenses publiques. Ces justifications
théoriques ont été cherchées tantôt du
côté de l'offre, tantôt du côté de la demande
des biens publics non marchands. La combinaison de ces 02 aspects nous a
permis, de considérer de façon interdépendante ces deux
approches, et d'aboutir à un modèle de déséquilibre
de dépenses publiques avec comme condition de
déséquilibre, la condition du maximum : quand la demande des
biens publics est supérieur à l'offre des biens publics, c'est la
demande qui détermine le niveau des dépenses publiques. Puisque
dans de nombreux pays aux niveaux de développement différents et
de systèmes politiques variés, les politiciens et les
bureaucrates répondent directement à l'augmentation de la demande
même si cela peut entraîner un déficit.
La validité de ces théories a été
testée dans le deuxième chapitre, en partant de
l'hypothèse que le niveau de développement explique favorablement
la hausse tendancielle des dépenses publiques. Tous ces arguments
développés s'avèrent pertinentes pour l'analyse et la
compréhension de l'évolution des dépenses publiques au
Cameroun. Les principaux résultats de nos estimations
révèlent que :
- le niveau du revenu réel est la principale cause de
la croissance de la demande des dépenses publiques ;
- la faible productivité des services publics et le
montant des impôts et taxes agissent plutôt sur l'offre des
dépenses publiques ;
- les effectifs de plus en plus croissants des fonctionnaires
expliquent la croissance des dépenses publiques de
fonctionnement ;
- et enfin le taux de croissance des dépenses publiques
d'investissement dépend de façon positive de son taux de
croissance passé.
Comme le reconnais les instituions de Bretton Woods63(*), l'atteinte des OMD passera
par l'accroissement des dépenses et le renforcement de
l'efficacité de celles-ci. Il est donc crucial pour nos pays
d'améliorer leurs systèmes budgétaires. La faiblesse de
nos systèmes peut miner la planification, l'exécution et
l'information budgétaire, entraînant un gaspillage de ressources
publiques déjà limitées64(*). L'une des mesures prises et que nous soutenons
énergétiquement, pour consolider la gestion des finances
publiques, est la mise en place d'un cadre comptable adapté et
cohérent afin de suivre l'exécution des dépenses à
travers le CDMT, qui permet une cohérence financière entre les
stratégies sectorielles et le budget de l'Etat.
DEUXIEME PARTIE
DEPENSES PUBLIQUES ET DEVELOPPEMENT : LE CAS DU SECTEUR
DE L'EDUCATION AU CAMEROUN
« Toute fortune est instable,
la seule richesse durable c'est une bonne
éducation »
VOLTAIRE
Introduction de la deuxième
partie
La situation des pays africains65(*), les contraintes qu'ils
doivent affronter et les progrès qu'ils ont réalisés
varient considérablement selon les pays, et il va de même de leurs
programmes de développement. Il peut néanmoins être utile
d'illustrer ce qui reste à faire, sur l'ensemble du continent, dans
chacun des secteurs intéressants des politiques publiques :
- Politiques macroéconomiques :
maintien du taux de change réalistes et poursuite des réformes
commerciales. Retour à l'équilibre budgétaire et à
la prudence en matière budgétaire par le biais de la mobilisation
des recettes fiscales et du contrôle des dépenses. Pour les
dépenses publiques, détermination d'un ordre de priorité
compatible avec le programme de développement ;
- Développement humain
tenant compte des problèmes spécifiques aux
femmes : expansion importante de l'éducation de base, de la
santé et des services de planning familial, à l'aide de
ressources publiques, mais aussi avec des initiatives du secteur privé
et des collectivités concernées ; importance des questions
d'égalité des chances entre homme et femme ; attention
prudente au système d'enseignement secondaire et universitaire dans le
contexte du renforcement des capacités ;
- Agriculture (...) - Environnement (...) -
Développement du secteur privé (...) - Services
d'infrastructures (...) - Renforcement des capacités (...)
Tous les points énumérés sont importants
et ils sont interdépendants, mais deux éléments paraissent
se dégager de l'expérience du début de la décennie
90.
Le premier est l'importance du développement des
ressources humaines au sens le plus large du terme. Non seulement parce que
c'est un domaine où les progrès ont été
particulièrement lents, mais aussi parce que c'est un facteur qui influe
sur plusieurs autres éléments de l'agenda du
développement.
Le deuxième est l'importance de la gestion
budgétaire. Les questions budgétaires touchent tous les
éléments de l'agenda du développement. Les dépenses
publiques, ou leur insuffisance, conditionnent les progrès dans tous les
domaines, et l'équilibre entre les recettes et les dépenses
influe sur la stabilité macroéconomique et le
développement du secteur privé.
Dans cette seconde partie de notre travail nous nous
attarderons essentiellement sur les deux éléments
évoqués ci-dessus : développement des ressources
humaines et gestion budgétaire. Ainsi, dans le chapitre trois, nous
analyserons l'un des aspects les plus importants des ressources humaines,
à savoir l'éducation au Cameroun. Et au chapitre quatre, les
questions budgétaires dans le secteur de l'éducation seront
appréciées.
CHAPITRE III : DU ROLE DE L'EDUCATION DANS LA
PROMOTION DU DEVELOPPEMENT
INTRODUCTION
La décennie 1990 peut être
considérée comme celle du plaidoyer du développement
humain durable sous l'impulsion des différentes agences du
système des Nations Unies. Après la chute du mur de Berlin, le
monde en développement, est profondément marqué par le
changement des structures économiques. Cette dynamique du changement
qu'accompagnent la remise en cause de l'interventionnisme étatique et la
prise en main par les peuples de leur propre destinée, témoigne
du triomphe de l'esprit de l'homme. Le Cameroun a toujours affirmé sa
grande préoccupation en ce qui concerne le bien être de ses
populations. C'est pour cela qu'il adhère aux dispositions
énoncées dans la Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme et du Citoyen. Cette volonté a été
réitérée lors du sommet mondial sur le
développement social tenu à Copenhague en 1995 auquel le Cameroun
était représenté. En reconnaissant que l'éducation
occupe une place importante dans la résolution des problèmes
liés à la pauvreté, à l'environnement et au
développement humain, cette volonté s'est traduite par une
allocation croissante au profit de l'éducation. Cette mobilisation a
d'ailleurs débouché sur des actions concrètes faisant
appel à la participation et à l'implication de tous les
intervenants. Ainsi, la loi d'orientation de l'éducation a
été votée en 1998 et stipule que :
« l'éducation a pour mission générale la
formation de l'enfant en vue de son épanouissement intellectuel,
physique, civique et moral et de son insertion harmonieuse dans la
société, en prenant en compte les facteurs économiques,
socioculturels, politiques et moraux ». De même plusieurs
autres actions d'envergure furent mises sur pied pour la promotion du
développement à travers l'éducation66(*).
Mais L'absence de coordination et de concertation qui a
prévalu lors de la préparation de ces stratégies
ministérielles, a eu pour conséquence de mettre en relief des
visions fragmentées et non cohérentes de l'ensemble du secteur
éducatif. Toutes choses qui ont rendu nécessaire
l'élaboration d'une stratégie sectorielle globale pour
refléter une vision unitaire et cohérente de l'éducation
au Cameroun. Ainsi, en février 2005, les Ministres en charge du secteur
de l'éducation67(*)
ont pris l'engagement d'y oeuvrer.
Cette stratégie unifiée s'inscrit dans la
perspective d'une mise en oeuvre des dispositions pertinentes de la
Constitution, des lois d'orientation de l'éducation et de l'enseignement
supérieur, des orientations majeures du DSRP ainsi que des engagements
du Cameroun68(*) en faveur
de l'éducation pour tous et plus particulièrement de
l'universalisation de l'enseignement primaire comme objectif à atteindre
par le système éducatif en 2015.
Nous allons commencer par analyser les aspects
théoriques qui sous-tendent le rôle de l'éducation dans le
développement avant d'examiner les caractéristiques du secteur au
Cameroun.
Section I - CONSIDERATIONS THEORIQUES.
Dans la littérature économique, il existe des
théories qui mettent en avant le rôle primordial de
l'éducation dans la promotion du développement. Nous
présenterons deux théories qui nous paraissent essentielles,
à savoir la théorie du capital humain et les théories de
la croissance endogène.
II-3-1-1- La théorie du capital humain
Selon cette théorie, toute dépense susceptible
d'améliorer le niveau de formation d'un individu a pour
conséquence d'augmenter sa productivité et donc ses revenus
futurs, de la même façon que l'achat de biens de capital par une
entreprise permet à celle-ci d'augmenter sa production et ses recettes
ultérieures. Cette théorie reprend une idée ancienne,
présente par exemple chez Marx, qui expliquait la
rémunération des travailleurs qualifiés par le coût,
notamment en temps de travail de leur formation. Toutefois, c'est au
début des années soixante que l'idée de capital humain a
été popularisée chez certains théoriciens
néo-classiques, suite aux travaux de Schultz (1962) et Becker69(*) (1964), qui ont vu en elle un
cas particulier de choix inter temporel.
Dans l'approche de la qualité de la population,
Schultz traite cette qualité comme une ressource rare, ce qui
implique qu'elle a une valeur économique et que son acquisition
entraîne un coût. La clé de l'analyse du comportement
humain, celle qui détermine le type et le volume de qualité
acquis sur une période donnée, réside dans le rapport
existant entre les recettes provenant de la qualité additionnelle et son
coût d'acquisition ; si les recettes sont supérieures aux
coûts, la qualité de la population s'élève. Ce qui
signifie que l'accroissement de l'offre d'une composante de la qualité
n'est que la réponse à l'une des demandes accrues de cette
composante. Dans cette approche des marchés, des investissements en
qualité de la population, toutes les composantes de la qualité
sont traitées comme des ressources durables et rares dont
l'utilité s'étend sur un certain laps de temps. C'est à
l'éducation que l'on doit une grande partie de l'élévation
de la qualité de la population.
L'investissement en capital humain consiste à combiner
du temps et d'autres ressources matérielles en vue d'accroître le
stock de capital humain c'est-à-dire les aptitudes à avoir des
revenus monétaires et des gains non monétaires (psychiques)
additionnels. Sera appelé investissement humain, toute activité
qui nécessite un coût c'est-à-dire une mobilisation des
ressources rares et qui améliore les capacités physiques et
intellectuelles (habilité, connaissance, santé,...) des
individus. L'augmentation de la productivité qui en découle se
manifeste par des revenus accrus ou par un bien être supérieur.
L'investissement humain peut provenir d'une décision
collective, c'est le cas par exemple de la scolarité obligatoire ou des
campagnes de vaccination. Il peut aussi découler d'une décision
individuelle70(*).
L'investissement en capital humain peut prendre des formes multiples. Si l'on
retient l'ordre chronologique selon lequel les individus acquièrent tout
au long de leur vie des capacités physiques et intellectuelles, il
apparaît que le milieu familial est le premier cadre où les
individus favorisent l'éclosion et le développement de leurs
aptitudes. Cette acquisition du capital humain par l'intermédiaire de la
famille entraîne des coûts pour les parents et rapporte des
bénéfices pour la famille et pour les enfants. Après la
famille, l'école représente le second milieu où
s'acquièrent et se développent les aptitudes et les
connaissances. En effet, l'éducation est coûteuse pour ceux qui en
bénéficient. Ses coûts directs sont l'ensemble des
dépenses additionnelles entraînées par la
fréquentation d'un établissement scolaire (frais de
scolarité et de transport, fournitures scolaires, ...). Ses coûts
indirects sont les revenus qu'auraient eu l'élève s'il avait
travaillé. Ce sont donc le prix du temps consacré aux
études. Les coûts de l'éducation sont croissants avec le
niveau éducatif : pour un élève d'âge non
actif, le manque à gagner est nul ; pour un élève
d'âge actif, le revenu sacrifié est autant plus
élevé que le niveau éducatif est élevé.
L'utilité que l'on retire de l'éducation est
d'abord immédiate, elle se présente comme une consommation de
culture. Au-delà, l'éducation développe de façon
durable les compétences. Elle favorise les aptitudes à apprendre
davantage, à mieux profiter des temps de loisir, à entreprendre
plus efficacement des activités non marchandes, à réaliser
des activités plus passionnantes, à s'adapter plus efficacement
aux changements ... Elle augmente donc les revenus psychiques des
individus tout au long de leur vie ; elle est à ce titre, un bien
de consommation durable. Enfin, l'éducation développe surtout les
aptitudes à réaliser les activités marchandes plus
lucratives, elle augmente la productivité et les revenus
monétaires, c'est donc un bien d'investissement. Ainsi, l'école
contribue largement au développement des aptitudes et des
compétences. Mais le processus de l'accumulation du capital humain ne
s'arrête pas là, l'entreprise le poursuivra ou s'y
substituera71(*).
Weisbrod (1932) est le premier à avoir analysé
les effets externes positifs de l'éducation. Pour lui, ces effets
justifient l'intervention de l'Etat en matière d'éducation. Ils
profitent à la famille72(*) et aux voisins du bénéficiaire de
l'éducation, à ses collègues au travail et à la
société en général73(*). Blaug (1970) ne partage pas cet avis et critique
vivement cette analyse. Il qualifie la plupart de ces effets
d'atmosphériques. Pour lui certains effets doivent être
manipulés avec beaucoup de prudence74(*). Blaug insiste sur l'idée que
l'éducation peut engendrer des externalités
négatives75(*).
Néanmoins, les premiers travaux sur le capital humain
montrent que l'éducation a effectivement un effet externe important sur
les investissements en capital humain qui lui sont postérieurs76(*) et pour Becker,
le facteur sans doute le plus important de la demande d'investissement
en capital humain est le taux de rendement de cet investissement. D'autres
travaux, à l'occurrence ceux de Romer (1986) et Lucas (1988), vont faire
ressurgir un nouveau développement de la théorie du capital
humain. En apportant des réponses satisfaisantes aux questions
posées par la croissance77(*) et en orientant les recherches vers les
caractéristiques internes de l'économie.
II-3-1-2- Les théories de la croissance
endogène
Les théories de la croissance connaissent un renouveau
depuis la fin des années 80 et le début des années 90. Les
anciennes théories78(*) considéraient que celle-ci a des
déterminants exogènes (généralement la croissance
de la population active et celle du progrès technique). Elles
postulaient donc que la croissance ne s'auto entretient pas et n'est pas un
processus cumulatif. L'étude des divergences entre les croissances des
différentes régions du monde et celle des
phénomènes de crise semblent au contraire démontrer que la
croissance n'est pas un phénomène naturel. Pour intégrer
ces constatations, des économistes ont bâti les théories de
la croissance endogène. Certains, néo-keynésiens et
néo-libéraux, se retrouvent autour de ces nouvelles
théories, donc les deux principaux représentants sont
Romer et Lucas79(*). Le premier a lancé dès 1986 le terme
de croissance endogène ; et le second est le chef
de file des nouveaux économistes classiques. Ces économistes
rejettent les politiques conjoncturelles de l'Etat, mais acceptent que ce
dernier puisse favoriser la croissance de longue période.
Trois principales directions sont prises par les
théories de la croissance endogène : l'accumulation des
connaissances et du capital technologique, l'accumulation du capital humain et
l'accumulation en dépenses d'infrastructures publiques.
Romer considère que l'accumulation des connaissances
est un facteur endogène de croissance. Il reprend en partie la
théorie du « learning by doing »
déjà formulée par Arrow (1962) qui considère que
c'est en produisant qu'une entreprise acquiert des expériences et donc
des connaissances. Plus la croissance est forte, plus l'accumulation
d'expériences et de savoir-faire est forte, ce qui favorise la
croissance et ainsi s'installe le cercle vertueux. L'accumulation des
connaissances produit des externalités positives. Une entreprise
accumule des connaissances qui lui permettent d'être plus performante,
mais qui serviront aussi aux autres firmes, par effet d'imitation ou
grâce au « turn-over » d'une main-d'oeuvre ayant
bénéficié du savoir faire. L'accumulation des
connaissances a donc une productivité privée (celle dont profite
l'entreprise), mais également une productivité sociale (celle
dont profite l'ensemble de l'économie et de la société).
Alors que l'apprentissage par la pratique est à l'origine du
progrès technique, Romer (1996) estime que le taux d'accumulation des
connaissances ne dépend pas seulement de la part des ressources que
l'économie engage dans la recherche développement (R&D), mais
également de l'importance de nouvelles connaissances engendrées
par l'activité économique elle-même.
A la différence de l'accumulation des connaissances,
les modèles basés sur l'accumulation du capital technologique
insistent plus généralement sur la problématique
schumpetérienne de destruction créatrice et son impact sur le
marché du travail (Aghion et Howitt 1992) ou plus simplement sur la
spécialisation des économies et les écarts persistants de
développement (Romer 1990). C'est donc l'innovation et
la R&D qui constituent le facteur résiduel : plus les efforts
de R&D sont importants, plus la croissance est forte, et inversement.
Le premier modèle de croissance endogène avec
capital humain est formulé par Lucas (1988), qui,
plutôt que d'introduire le stock des connaissances sous forme
d'externalités, comme Romer (1986), considère
des connaissances accumulatives et appropriables privativement, procurant une
incitation individuelle à l'éducation. Ceci dans une inspiration
proche du modèle de capital humain de Becker (1964). La
croissance économique dépend donc en grande partie des efforts en
formation individuels et sociaux, qui eux-mêmes dépendent de la
capacité à épargner et donc de renoncer à une
consommation présente pour investir dans l'éducation. Ainsi, la
croissance est endogène et cumulative car la capacité en
épargne de la formation d'une économie dépend du niveau de
production et donc de la croissance économique. Par effet de
réseau, un niveau d'éducation est d'autant plus efficace qu'il
permet d'interagir avec d'autres personnes présentant ce même
niveau. On conçoit alors clairement que la productivité sociale
de la formation est supérieure à sa productivité
privée.
Bien que les pères fondateurs de la théorie de
la croissance endogène à savoir Romer et
Lucas rejettent le rôle primordial de l'Etat, ils acceptent
cependant que l'Etat doive favoriser la croissance de longue période. La
question n'est pas de savoir si l'Etat doit intervenir ou non dans
l'activité économique, mais de savoir comment et jusqu'où
peut-il intervenir.
En 1990, Barro démontre que la dépense publique
est directement productive et doit donc être considérée
comme un des facteurs de la fonction de production. La contribution du secteur
public à la croissance comprend les dépenses d'éducation
(afin d'accroître le capital humain) et de
recherche-développement, mais aussi celles d'infrastructures en
matière de transport et de communication. Comme les autres
accumulations, ces dépenses ont un effet cumulatif : elles
permettent d'augmenter la croissance qui, en élargissant l'assiette
fiscale, induit un accroissement des recettes publiques et donc des
dépenses publiques, facteur de croissance. Cette théorie conduit
à démontrer la nécessité du maintien des
investissements publics dans une conjoncture difficile. La tentation des
gouvernements est souvent grande, en période de crise, de réduire
les dépenses d'investissement pour pouvoir maintenir les dépenses
courantes. Les théories de la croissance endogène rejoignent ici
les théories keynésiennes80(*).
A ces deux théories de l'éducation qui nous
paraissent essentielles, nous pouvons mentionner quelques réflexions qui
ont été faites par la suite, soit pour les infirmer, soit pour
les confirmer.
Entre autres on peut mentionner la théorie du filtre
développée par Arrow. Les tests empiriques ont montré que
la théorie du capital humain explique peu les faits. En particulier, des
individus de même niveau obtiennent des gains très
différents. La théorie de Becker a été remise en
cause à la fois dans son développement et ses hypothèses.
La formation, et en particulier le diplôme, sert à apporter de
l'information sur les qualités des individus (intelligence,
capacité de travail...). L'éducation ne sert donc pas à
accroître les capacités des individus mais à les identifier
afin de pouvoir les filtrer. Le système productif filtre les individus
en fonction des qualités qu'il recherche. Des tests à l'embauche
pourraient toutefois servir eux aussi de filtres, à un coût
inférieur à celui du système éducatif.
Comme prolongement à la théorie du filtre Spence
met en avant la théorie du signal. La théorie du signal est un
prolongement sur le marché du travail de celle du filtre. Les employeurs
sont considérés comme étant en asymétrie
d'information vis-à-vis des offreurs de travail. Ils disposent de
données intangibles telles que le sexe. D'autres, comme le niveau de
qualification, peuvent au contraire être modifiées par les
individus à la recherche d'un emploi. Le diplôme constitue donc un
signal envoyé aux employeurs potentiels. II reste aux individus à
choisir la formation qui permet d'envoyer le meilleur signal, soit celle qui
offre le plus de possibilités pour trouver un emploi, soit le meilleur
taux de rendement.
La réflexion sur les attitudes de choix de formation
par les agents a conduit au développement de la théorie
sociologique de l'individu rationnel (Boudon). Les individus procèdent
tout au long de leur " carrière scolaire " à des calculs
avantages-coûts. Ces calculs s'opèrent non seulement sous la
contrainte des coûts matériels mais aussi et surtout sous
l'influence de données sociologiques de chaque individu. Le rendement et
le risque d'une formation sont valorisés différemment selon la
classe sociale. Les choix et les ascendances sociales qui en découlent
sont donc différents selon les individus. La faible mobilité
sociale s'explique ainsi non comme le résultat de la reproduction d'une
" classe dominante " mais comme un " effet de système " engendré
par l'agrégation des comportements et stratégies individuelles.
Tel est également la thèse défendue par le modèle
d'arbitrage entre rendement et risque de Mingat et Eicher.
Comment se présente le secteur de l'éducation au
Cameroun ? Quel est l'effort national consenti au bénéfice
du secteur ? Et quel en est le rendement en terme de rendement du
système?
Section II- Le marché de l'éducation au
Cameroun
Nous analyserons successivement la demande d'éducation
et l'offre d'éducation au Cameroun.
II-3-2-1- Situation de la demande d'éducation
Le système éducatif a subi les contrecoups des
difficultés économiques qu'a connues le pays sur la
période 1985-1995. Ceci s'est traduit en général par une
faible évolution des effectifs scolarisés (voir graphique 3.1).
Toutefois, cette tendance connaît de légères
différences lorsque l'on s'intéresse au niveau et au type
d'enseignement.
a) Evolution des effectifs
scolarisés
Concernant l'enseignement préscolaire, l'effectif des
enfants scolarisés est resté faible. En 1990, on compte 94 000
enfants. Le début de la décennie est caractérisé
par une diminution des effectifs. Depuis 1995, les effectifs inscrits dans
l'enseignement préscolaire connaissent d'année en année
une augmentation, qui s'est accentuée en 2003/04 avec une hausse de
près de 27%. Cette tendance résulte de deux évolutions
contrastées : l'enseignement privé s'est
développé alors que l'enseignement public perdait un quart de ses
effectifs dans les premières années de la décennie pour
rester stable par la suite. Le sous-système anglophone détient
22% des effectifs en 2003.
Dans le niveau primaire, on dénombrait presque 2
millions d'élèves en 1990. Cet effectif a baissé au cours
des années 1993-1995 du fait de la crise économique citée
par ailleurs, pour remonter ensuite et atteindre pratiquement 3 millions en
2004 (dont 22 % dans le sous-système anglophone). Cette situation est
essentiellement due à la suppression des frais d'écolage (1 500
Fcfa par an et par enfant) à compter de la rentrée scolaire de
2000-2001 dans le secteur primaire public qui détient près de
76,54% des effectifs, contre 24,46% pour le privé en 2003.
Dans le post-primaire, les effectifs évoluent de 13
000 élèves en 1990-91 à 17 000 élèves en
2000-01. Comme l'idée était de privilégier le niveau
secondaire diplômant, entre 1990-91 et 1995-96 les effectifs ont
diminué de façon notable (de 13 000 à 8 000
élèves). Ce niveau d'enseignement est entièrement
contrôlé par le secteur public.
Concernant l'enseignement secondaire général,
l'évolution est tout à fait comparable entre les deux cycles, les
effectifs enregistrés en 2000-01 dépassant de 67 % ceux
observés en 1990-91. Le taux de croissance moyen s'est établi au
rythme de 5,3 % sur la décennie, alors que celui des enfants d'âge
correspondant a progressé à un rythme annuel un peu
inférieur à 2 %. Le pays a donc augmenté sa couverture
scolaire au cours de la période à ces niveaux d'enseignement. En
2003, sur 669 129 élèves, l'enseignement public en encadrait
471565, soit 70,47% des effectifs contre 29,53 pour le secteur privé.
Dans l'enseignement technique et professionnel de niveau
secondaire, les effectifs évoluent à un rythme moyen de
croissance d'une part comparable pour ce qui est des deux cycles
d'études et d'autre part très proche de celui enregistré
dans l'enseignement secondaire général. Il s'ensuit que la
proportion des effectifs scolarisés dans le technique au sein des
effectifs globaux du secondaire a été à peu près
constante (autour de 18 %) sur l'ensemble de la décennie. Ici encore, la
part belle des effectifs scolarisés revient au public, le secteur
privé ne représentant que 38,98% en 2003.
Dans l'enseignement normal, les effectifs ont
évolué de 5 000 étudiants en 1996-97 à près
de 13 000 en 2000-01, manifestant la reprise de la formation des enseignants
lorsque le pays est progressivement sorti de la crise des finances publiques
dans la seconde moitié des années 90. Mais, il faut remarquer
les baisses de près de 47,8 % des effectifs en 2003/04 du fait de la non
intégration dans la fonction publique de la cohorte d'instituteurs
formées dans les années précédentes.
Pour ce qui concerne enfin l'enseignement
supérieur, contrairement aux autres niveaux d'enseignement qui
ont connu un tassement de leurs effectifs au milieu des années 90, les
effectifs ici ont augmenté de façon assez importante sur la
décennie, de 29 000 étudiants en 1990-91 à plus de 92 000
étudiants (hors étudiants à l'étranger81(*)) en 2004.
Au total, hormis le préscolaire dominé par le
secteur privé, l'ensemble du système éducatif camerounais
qui a connu une hausse sensible des effectifs scolarisés est
marqué par la large emprise du secteur public (cf. tableau 3.1). Si on
assiste aujourd'hui à un boom du côté de la demande sociale
d'éducation, c'est à cause du modèle qui a
été conçu à l'aube des indépendances qui,
pour relever le défi au développement, ont beaucoup misé
sur l'éducation formelle.
: Courbe des effectifs scolarisés
b) Evolution des taux bruts de scolarisation82(*) (TBS)
De manière générale, le taux brut de
scolarisation est resté stable dans le préscolaire et le
secondaire. En revanche, il a régressé dans le primaire et a
connu une progression notable dans le supérieur.
Concrètement, hormis le cas particulier de l'enseignement normal,
le reste du secteur éducatif a connu au cours des dix dernières
années, une augmentation sensible du taux de scolarisation pour
atteindre un niveau de plus de 100 % dans le primaire et 25% dans
l'enseignement secondaire général. Ceci peut être mieux
appréhendé par la lecture du tableau 3.2 en annexe.
Le taux brut de scolarisation (TBS) est un indicateur à
utiliser avec précaution83(*), notamment pour évaluer la couverture
scolaire. D'où l'importance du profil de scolarisation84(*). Celui-ci permet de mieux
appréhender le nombre d'enfants ayant réellement accès
à l'école et de ceux d'entre eux qui réalisent une
scolarisation complète dans les différents cycles
d'enseignement. Le système camerounais est
caractérisé par un bon accès à l'école, mais
un achèvement faible du cycle primaire, notamment dans le
sous-système francophone La réduction de la fréquence des
redoublements constituerait sans doute un élément important pour
améliorer la rétention dans l'enseignement primaire.
c) Analyse des disparités dans la demande
d'éducation
Le système éducatif camerounais est
marqué par des disparités selon le genre dans le primaire
(accès et rétention), dans le premier cycle secondaire (où
elles sont moindres), par contre elles sont plus importantes dans le second
cycle et se stabilisent au niveau de l'enseignement supérieur.
Le phénomène de la scolarisation est loin
d'être homogène sur l'ensemble du territoire national. La zone de
résidence géographique constitue de loin le facteur
différentiel le plus important avec près de 40 points
d'écart entre le milieu urbain et le milieu rural. Cet écart est
de 60 points si on oppose les Provinces du Nord et de l'Extrême Nord
à celles du Centre, du Littoral ou du Sud. Dans les provinces
septentrionales, on note une faible scolarisation de l'ensemble des enfants
(filles et garçons confondus) pratiquement à tous les niveaux
d'enseignement.
D'après l'enquête Camerounaise auprès des
ménages ECAM II (2000/2001), la chance pour un enfant d'aller à
l'école est fonction du revenu des parents. Le tableau 3.3 illustre ce
fait (voir annexe).
On déduit qu'un enfant d'une famille pauvre
(appartenant au 2ème quintile de revenu) a 30% plus de chance
d'aller à l'école qu'un enfant d'une famille appartenant au
1er quintile de revenu (20% + pauvres) et cette probabilité
d'accès va croissant au fur et à mesure que la famille appartient
à un quintile de revenu plus important. La disparité (quant
à l'accès au primaire) par rapport au revenu constaté va
s'accentuant avec un niveau d'études plus élevé ainsi que
le montre en annexe le tableau 3.4 du taux brut de fréquentation au
niveau secondaire tel qu'il ressort de l'enquête EDSC85(*) III (2004).
Enfin, dans le Supérieur il n'y a pratiquement aucun
étudiant originaire du premier et du second quintiles de revenu. Ces
chiffres révèlent un degré très élevé
d'inégalités économiques et sociales dans le
système éducatif camerounais.
Quoiqu'il en soit, l'accroissement significatif de la
population scolarisée peut être recherché par des actions
dans trois directions : la demande, l'offre et les dépenses
d'éducation.
II-3-2-2- La situation de l'offre d'éducation
Héritage de la double domination anglaise et
française, le système éducatif camerounais est divers et
multiple.
A la dualité des langues d'enseignement et des
modalités y afférentes (l'anglais dans les provinces du
Nord-ouest et du Sud-Ouest, le français dans les autres provinces),
s'ajoute la diversité des ordres d'enseignement. On a ainsi d'un
côté, l'ordre d'enseignement public, et de l'autre l'ordre
privé comprenant le privé laïc, le privé
confessionnel catholique, le privé confessionnel protestant et le
privé confessionnel musulman.
En dépit de cette diversité, les encadrements du
système éducatif camerounais sont déterminés au
niveau central de l'Etat. En effet, l'Etat par voie législative ou
réglementaire,
· définit le régime de
l'enseignement ;
· arrête les programmes et les manuels
scolaires ;
· fixe les modalités de
création, d'ouverture, de fonctionnement et de financement des
établissements et institutions privées de formation;
· contrôle les établissements et
institutions privées de formation;
· régit les systèmes et les
modalités d'évaluation des élèves et des
étudiants et organise les examens officiels nationaux et l'année
académique sur toute l'étendue du territoire national.
A tous les niveaux d'enseignement, la qualité des
services offerts souffre d'un certain nombre de problèmes qui se
manifestent, pour certains niveaux, avec plus d'acuité dans le secteur
public. Entre autres, on peut citer :
- l'insuffisance du personnel enseignant en
général et de manière plus chronique en certaines
matières en particulier ;
- l'insuffisance des structures d'accueil ;
- l'insuffisance des commodités
élémentaires.
a) Evolution des structures d'accueil
Sur le plan des structures d'accueil, le nombre de salles de
classes dans les 12 505 écoles primaires fonctionnelles en
2006/2007 est de 64 500, on dénombre 6872 bureaux administratifs,
3484 magasins, 1050 salles de réunions, et 4072 logements de fonction.
L'atteinte de ces effectifs s'inscrivait dans l'optique de l'atteinte du taux
net de scolarisation de 75% à l'an 2005, et de l'adoption d'une norme
canonique de 50 élèves par classe et par enseignant. Cet objectif
préconisait la construction de 2000 salles de classe par an dont la
réalisation ne fut possible par l'appui important de certains bailleurs
de fonds à l'instar du Japon dont le financement ciblait essentiellement
la construction des écoles primaires. On peut à ce jour constater
que ces objectifs ont été atteints car selon l'INS (2006) ;
le nombre d'élèves par salle de classe fonctionnelle est de 60 et
celui par enseignant est de 51 en 2002/2003.
Dans le secondaire général, l'on dénote
à la fin des années 90, une baisse de 116 salles de classe dans
l'enseignement privé. Ceci est probablement dû à la crise
économique qui a entraîné la fermeture ou la suspension de
fonctionnement de certains établissements privés. Mais depuis
l'an 2000, on peut noter une hausse des établissements d'enseignement
secondaire tant dans le secteur public que dans le secteur privé.
L'enseignement secondaire technique et professionnel compte 298
établissements dont 110 pour le public avec 1557 salles de classes et
442 ateliers ; et 188 pour le privé avec 2651 salles de classes et
718 ateliers.
Au niveau de l'enseignement supérieur, on observe une
réponse forte face à la demande accrue des étudiants.
Ainsi, plusieurs nouvelles facultés ont été
créées dans l'ensemble des universités d'Etat, de
même plusieurs amphithéâtres modernes ont été
construits. L'année académique 2008/2009 a été
marquée dans cet ordre d'enseignement par la création de
l'université de Maroua et le démarrage effectif des
activités de cette université.
L'analyse de l'offre par région montre que les
disparités entre les régions du Cameroun sont significatives. Les
régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord sont les
moins dotées tant en personnels enseignants qu'en salles de classe. Ces
provinces sont celles où les conditions de vie sont
généralement les plus difficiles (absence de logement,
aridité du climat, etc.). La situation la plus favorable est
enregistrée dans la province du Centre86(*). Toutefois, l'analyse des ratios
élèves/classe et élèves/maître permet de
mieux apprécier les conditions d'encadrement des
élèves.
b) La qualité des services éducatifs
offerts
Cette qualité sera appréciée entre autre
par : les conditions d'encadrement, la qualification des enseignants, et
les conditions de travail des enseignants.
Dans le préscolaire en 2003/04, le ratio
élèves/enseignant est de 20, alors que celui du nombre
d'élèves par salle de classe vaut 35,6. Dans le primaire
en 2003/04, le ratio élèves/enseignant est de 52,6 et
on y compte 51,4 élèves par salle de classe. Il s'agit d'une
insuffisance en personnel enseignant et en structures d'accueil (les besoins
estimés étant de 25000 enseignants et 16000 salles de
classe) ; la ratio élève/enseignant étant
supérieur à la norme du Fast Track.Initiative (FIT).
Dans le secondaire
général en 2003/04, on dénombre
dans le public 61 élèves par salle de classe et seulement 38 par
salle dans le privé. Par ailleurs, lorsque l'on regarde le ratio
élèves par place assise dans une salle de classe
spécialisée (laboratoire de sciences, salles d'informatique,
salle de langues), il est de 1/100 dans le public et 8/100 dans le
privé. L'on note également que dans le secondaire
général premier cycle, les matières comme le
Français et l'Anglais souffrent d'un manque d'enseignants. En effet, la
charge hebdomadaire moyenne vaut respectivement 51h et 29h, assez loin des 22
heures hebdomadaires requises. Ce problème persiste en ce qui concerne
les mathématiques tant au premier qu'au second cycle avec des charges
horaires hebdomadaires de 32 et 28 heures respectivement.
Enfin concernant le supérieur, si la comparaison des
ratios enseignant/étudiants87(*) révèle des écarts entre
universités (par exemple 1/25 à Buéa ; 1/42 à
Douala), ceux-ci sont souvent encore plus sensibles au sein de la même
université, en particulier entre facultés et
établissements professionnalisés. A titre indicatif, à
Yaoundé I, le ratio varie de 1/5 à l'ENSP à 1/40 pour
la FALSH. A Yaoundé II, il suffit de comparer le ratio de
l'IFORD (1/3) ou de l'IRIC (1/13), à celui de la
FSJP (1/62). Autre exemple, celui de Dschang, où le ratio
s'élève à 1/79 en Sciences juridiques et politiques,
contre 1/7 à la faculté d'agronomie et des sciences agricoles. A
Ngaoundéré, la Faculté de droit est à 1/5088(*), alors que l'IUT se situe
à 1/5. A ces ratios peu satisfaisants, s'ajoute une utilisation
intensive de vacataires dont il arrive que le nombre soit supérieur
à celui des enseignants permanents.
Le système éducatif camerounais souffre à
tous les niveaux de l'insuffisance des enseignants qualifiés. Ceci
implique le recours à des personnels dont la qualification n'est pas
toujours adaptée. Cette situation étant plus accentuée
dans le privé.
Au niveau du primaire, on dénombre trois
catégories d'enseignants : les fonctionnaires, les IVAC et les
maîtres des parents. Si les deux premières citées ont
reçu une formation initiale appropriée, les derniers sont
recrutés localement par les APE (rémunérés pour la
plupart à moins de 20 000 FCFA par mois et sur 9 mois uniquement). Ce
sont généralement des diplômés de l'enseignement
secondaire (BEPC, Probatoire, BAC) sans formation pédagogique. Dans
l'enseignement privé, les enseignants sans qualification sont
majoritaires (56,61% contre 13,8% dans le public). Ce qui montre que le secteur
privé souffre plus du manque de qualification des enseignants.
Dans le secondaire et dans le sous-système formation
professionnelle, une situation similaire est observée et est
aggravée par l'instabilité de ces personnels.
Au niveau du supérieur, force est de constater que le
nombre d'enseignants de rang magistral dans les universités d'Etat est
faible. On compte au total 233 professeurs et maîtres de
conférences, répartis selon des proportions variables entre les
établissements :18 % à Yaoundé I ;
14 % à Yaoundé II ; 10 % à
Ngaoundéré ; 9 % à Buéa ; 8,5 %
à Dschang ; 6 % à Douala. La faiblesse numérique
d'enseignants de rang magistral est d'autant plus critique pour la
qualité de l'enseignement et la promotion de la recherche qu'ils
doivent, en principe et tout à la fois, dispenser des cours, encadrer
les doctorants et autres étudiants de deuxième et de
troisième cycle, former les chargés de cours et les assistants,
encadrer les nombreux vacataires qui interviennent dans les enseignements,
impulser la recherche mais aussi, souvent, assumer d'autres fonctions au sein
de leur université ou ailleurs. Le corps enseignant souffre de l'absence
de perspectives professionnelles : les possibilités de
développer une activité de recherche sont plutôt
faibles ; il n'existe pas de plan de formation pour les assistants (ils
ont la charge horaire la plus lourde), afin qu'ils puissent terminer leur
thèse pour postuler sur un poste d'enseignant permanent. En ce qui
concerne la pédagogie, du fait d'une part qu'elle soit insuffisamment
prise en compte dans les critères de promotion des enseignants et
d'autre part de l'absence de formation et de recyclage dans le domaine de la
pédagogie, les compétences pédagogiques des enseignants du
supérieur sont assez faibles.
Le personnel enseignant camerounais est démotivé
et souffre d'une désaffection profonde vis-à-vis d'une profession
n'assurant plus un statut social valorisant. La baisse drastique de la
qualité de l'école camerounaise trouve aussi son origine dans la
sévère réduction des traitements des personnels en valeur
nominale et donc dans l'érosion de leur pouvoir d'achat.
L'austérité a été certes imposée à
l'ensemble des fonctionnaires, mais les enseignants n'ont fait l'objet d'aucune
mesure de rattrapage significatif depuis lors, contrairement à d'autres
corps de la fonction publique. De sorte que les enseignants ont
légitimement le sentiment d'avoir vu leur niveau de vie se
dégrader tant par rapport au PIB par tête que par rapport à
des professions dont les indices de fin de carrière étaient
comparables avant 1994. Dans l'ensemble le traitement des enseignants a
diminué de moitié en valeur nominale depuis 1994, tandis que les
prix doublaient, ce qui équivaut à une réduction du
pouvoir d'achat de l'ordre de 75%. En 2005, le même enseignant est
payé à un niveau inférieur du PIB par tête qu'avant
1993. Les enseignants comme les personnels administratifs, eux aussi
affectés par les mêmes évolutions, souffrent en
général d'une grande pauvreté des conditions de travail -
bureaux, matériels de secrétariat, places de
bibliothèques, documentation. Ces médiocres conditions dissuadent
les jeunes de talent de postuler à la carrière d'enseignants
(avec plus d'acuité dans l'enseignement technique et supérieur).
Elles inspirent à nombre d'enseignants qui se sentent
piégés des stratégies de survie familiales et personnelles
peu « rentables » pour les établissements. La
recherche des activités lucratives à l'extérieur des
établissements réduit leur disponibilité, ce dont les
élèves et étudiants se plaignent.
S'agissant de la formation professionnelle, le personnel
enseignant d'encadrement est démotivé et a presque
démissionné devant les défis à relever. Car, en
privant les centres de formation de budget de fonctionnement et de maintenance,
ces derniers ne sont plus en mesure de dispenser la majeure partie des
formations.
En définitive, l'Etat apparaît comme la
principale institution organisatrice du système éducatif
camerounais. Par ses orientations et ses décisions, il influence plus
que tout autre agent ou institution, l'offre d'éducation et la demande
d'éducation au Cameroun. Cette place prépondérante de
l'Etat face aux acteurs du secteur éducatif nous permet d'identifier le
marché de l'éducation comme un oligopole monopolistique. Dans ce
marché le produit éducation doit être pris comme un service
public car il est attribué gratuitement ou contre paiement d'un tarif
subventionné; son financement est assuré par les contribuables
via la budgétisation, indépendamment de l'utilisation effective
qu'ils peuvent effectuer des services publics.
Ayant fait ressortir les quelques problèmes structurels
liés aux marchés de l'éducation au Cameroun, il convient
dans la suite, de voir tout ce qui a été mis en oeuvre dans ce
secteur pour résorber ces problèmes.
Section III- Les politiques et stratégies en
matière d'éducation
La population camerounaise est estimée à 15,5
millions d'habitants en 2002, avec un âge moyen d'environ 22 ans. Elle
est donc particulièrement jeune et croit à un taux moyen
estimé à 3% par an. A ce rythme, elle devrait se situer autour de
24 millions d'habitants à l'horizon 2015. Cette évolution rapide
nécessite par conséquent une accélération de la
création de richesse en vue de satisfaire les besoins de base des
populations et de faciliter l'accès de tous aux services sociaux
essentiels. Face à ce défi, le gouvernement entend promouvoir la
politique nationale de la population qui a été
révisée et adoptée en mars 2002. Cette politique vise
à assurer une adéquation entre la croissance
démographique, la valorisation progressive des ressources humaines et
les ressources disponibles et accessibles. Elle vise en particulier : (i)
l'amélioration de l'état de santé de la population en
général et celui des mères et des enfants en particulier,
(ii) la promotion de l'éducation de base pour tous et celle des filles
en particulier, (iii) le renforcement de la lutte contre le chômage, (iv)
la promotion de l'égalité et de l'équité entre les
sexes, (v) la préservation de l'environnement et (vi)
l'amélioration des conditions nécessaires à
l'épanouissement et à la sauvegarde de la famille et de
l'individu. Au-delà de ces objectifs sociaux, la stratégie de
renforcement des ressources humaines constitue un axe transversal dans la
stratégie de croissance et d'appui au secteur privé. Elle vise
à renforcer le capital humain du Cameroun, et ainsi d'améliorer
la compétitivité générale de l`économie, la
mise en place des mécanismes institutionnels favorisant une plus grande
implication du secteur privé dans l'élaboration et la mise en
oeuvre des programmes de formation, incluant des mesures spécifiques de
renforcement des capacités professionnelles. Ces orientations
générales sont déclinées en stratégies et
programmes sectoriels, en particulier pour l'éducation.
II-3-3-1- La politique sectorielle de
l'éducation
a) Stratégie sectorielle de l'éducation
de première génération
La stratégie de l'éducation vise à
atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM), en
particulier de porter le taux d'accès et le taux d'achèvement du
primaire à 100% en 2015 et l'indice de parité fille/garçon
établi à 1 à la même échéance.
Tableau 3.5 : Objectif du
développement du millénaire dans l'éducation
(%)
ODM
|
Indicateurs de mesure des projets
|
Situation actuelle
|
Objectifs à atteindre
|
Niveau
|
Année
|
Niveau
|
Horizon
|
assurer une éducation primaire pour tous
|
taux net de scolarisation à l'école primaire
(6-11ans)
taux d'accès à l'école primaire
taux d'achèvement à l'école primaire
|
75,2
90
56
|
2001
2000
2003
|
100
100
100
|
2015
|
Promouvoir l'égalité des sexes
|
Indice de parité filles/garçons
Indice de parité filles/garçons au niveau
secondaire
· Secondaire générale
· Secondaire technique
|
85
81,5
87,5
61,7
|
2000
2000
|
100
100
100
100
|
2015
2015
|
Source : MINEDUC (2000),
stratégie sectorielle de l'éducation.
|
Les résultats de l'Enquête camerounaise
auprès des ménages (ECAM II) réalisée en 2001,
ainsi que les informations recueillies lors des consultations participatives,
ont mis en exergue l'importance de l'éducation et de la formation
technique et professionnelle à la fois comme déterminant et
facteur de réduction de la pauvreté. A la lumière de ces
réalités, les autorités ont adopté, en Octobre
2000, une stratégie sectorielle de l'éducation qui vise à
atteindre les objectifs suivants (i) élargir l'accès à
l'éducation tout en corrigeant les disparités, (ii)
accroître la qualité de l'offre d'éducation, (iii)
développer un partenariat efficace avec le secteur privé et la
société civile, et (iv) améliorer la gestion et la
gouvernance du système éducatif.
Cette stratégie s'articule autour de (i)
l'universalisation de l'enseignement primaire, (ii) l'amélioration de
l'accès et de l'équité dans les autres niveaux
d'enseignement, (iii) l'amélioration de la qualité et de la
pertinence des enseignements dispensés et (iv) l'amélioration de
la gestion et de la gouvernance.
Conscient du rôle et de la place de l'enseignement
supérieur en tant que laboratoire du « know how » et
au regard de la forte croissance du nombre d'étudiants, le gouvernement
a crée, à travers la reforme de 1993, cinq autres
universités d'Etat à Yaoundé (Soa), Douala, Buéa,
Dschang et Ngaoundéré. Les orientations fondamentales de cette
réforme sont les suivantes :
§ Participation des différents partenaires
à la gestion et au financement de l'enseignement supérieur
§ Autonomie la plus large possible sur le plan
académique et celui de la gestion
§ Egalité d'accès à l'enseignement
supérieur pour tous les camerounais
§ Professionnalisation et augmentation de l'offre
d'éducation
§ Pluridisciplinarité et déconcentration
§ Ouverture à l'environnement local,
régional, national et international
§ Utilisation rationnelle et optimale des infrastructures
existantes et des moyens disponibles
§ Dynamisation de la coopération inter
universitaire et internationale.
§ ...
Toutes ces mesures concourent au programme de redynamisation
du secteur.
L'absence de coordination et de concertation qui a
prévalu lors de la préparation de ces stratégies
ministérielles, a eu pour conséquence de mettre en relief des
visions fragmentées et non cohérentes de l'ensemble du secteur
éducatif. Toutes choses qui ont rendu nécessaire
l'élaboration d'une stratégie sectorielle globale pour
refléter une vision unitaire et cohérente de l'éducation
au Cameroun.
b) Stratégie sectorielle unifiée de
l'éducation
Conscient du rôle important de l'éducation dans
le développement des ressources humaines en général et
partant, dans la lutte contre la pauvreté, le Gouvernement a
décidé d'élaborer une stratégie globale du secteur
de l'éducation adossée sur le Cadre d'Action de Dakar (EPT 2000)
et sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Sept principes sous-tendent les actions entreprises dans le
cadre de la stratégie proposée :
· Réduction de toutes sortes de disparités
(égalité et équité)
· Libéralisation de l'offre
éducative
· Partenariat efficace et bien coordonné
· Responsabilité (gestion transparente et
efficace)
· Gestion
déconcentrée/décentralisée
renforcée
· Atteinte par tous des normes de qualité les
plus élevées
· Maîtrise des coûts
Au regard de la situation de l'enseignement et de la formation
au Cameroun et du niveau de développement du pays, les priorités
du secteur de l'éducation sont les suivantes : (i)
l'universalisation de l'enseignement primaire, (ii) l'amélioration de
l'accès et de l'équité dans les autres niveaux et types
d'enseignement en fonction des ressources disponibles et des besoins de la
société, (iii) l'amélioration de la qualité
à tous les niveaux et (iv) l'amélioration de la gestion et de la gouvernance.
De façon plus spécifique, l'enseignement
primaire au Cameroun est obligatoire, tel que le stipule la Constitution de
1996. Il a pour but d'assurer à tous les enfants camerounais la
satisfaction des besoins éducatifs fondamentaux, de donner à tous
les enfants d'âge scolaire l'instruction et l'éducation de base
indispensables à leur propre développement et à celui du
pays. Par ailleurs, l'universalisation de l'enseignement primaire participe du
respect du droit de l'enfant à l'instruction et contribue à la
lutte contre la pauvreté. L'expérience d'autres pays en la
matière comme l'Ile Maurice, la Namibie, le Cap-Vert, ainsi que les
différentes études disponibles, montrent qu'il n'est pas possible
de mener à bien le développement durable du pays, d'atteindre des
taux de croissance économique escomptés dans le court et le moyen
termes, d'envisager une vie sociale mieux organisée avec un taux
d'achèvement avoisinant les 60 % dans l'enseignement primaire et un taux
d'alphabétisation durable des adultes avoisinant les 48%, comme c'est le
cas au Cameroun aujourd'hui.
La
généralisation de l'enseignement primaire induit des
conséquences contraignantes à tous les autres niveaux
d'enseignement. En l'absence d'une politique de régulation des flux, ces
niveaux d'enseignement sont appelés à absorber une masse
importante d'élèves dont l'augmentation est de loin
supérieure aux ressources susceptibles de leur être
allouées. Cette situation entraînera ipso facto une
dégradation de la qualité de ces niveaux d'enseignement. Le
Gouvernement se propose de stopper cette spirale à la dégradation
de la qualité de l'ensemble du système éducatif en mettant
en oeuvre une politique contrôlée et équitable de
régulation des flux à l'entrée de chaque niveau
d'enseignement.
Il s'agira de permettre au premier cycle de l'enseignement
secondaire de poursuivre dans la mesure des moyens disponibles la formation de
base entamée dans le primaire. Quant au second cycle, sa vocation sera
de servir de socle à un enseignement supérieur de qualité
orienté vers le marché de l'emploi.
Il ne suffit pas d'améliorer l'accès et
l'équité pour prétendre à une scolarisation
effective et durable. Cette scolarisation, tout en étant massive, doit
être efficiente. Elle doit atteindre non seulement les standards
nationaux mais aussi les standards universels prônés par l'UNESCO.
C'est pourquoi le respect des normes pour tout ce qui touche au système
éducatif est de règle. C'est aussi pourquoi l'accent doit
être mis sur la recherche de l'efficacité de l'existant, sur
l'amélioration du rendement du système à travers les
différents acteurs que sont les apprenants, les instructeurs, les
enseignants, les administrateurs de l'éducation, la communauté
éducative toute entière, sur le développement des
curricula avec la priorité accordée aux disciplines pratiques
pour favoriser l'émergence d'une culture de l'entreprise ou du travail
chez les apprenants, sur le développement et la valorisation de la
recherche, sur le développement d'une culture de l'évaluation et
sur les perspectives d'avenir par l'introduction dans le système des
technologies modernes de l'information et de la communication.
Le système éducatif ainsi conçu ne sera
jugé dynamique et performant, à la satisfaction de tous, que si
les ressources humaines et matérielles nécessaires et disponibles
sont gérées de façon rationnelle et transparente.
Cette exigence induit l'existence d'un système
d'information fiable, une décentralisation de la gestion de
l'éducation, la responsabilisation et l'instrumentation des
différents niveaux hiérarchiques, ainsi que l'obligation des
résultats des personnels en charge du pilotage du système.
II-3-3-2- Efficacité interne du système
éducatif au Cameroun
L'analyse en termes d'efficacité interne s'attache
à ce qui se passe réellement à l'intérieur des
différents cycles scolaires à savoir les flux
d'élèves, les redoublements et abandons et l'influence des
facteurs de l'organisation scolaire sur les résultats scolaires
(rétention, acquisitions des élèves).
Le système éducatif camerounais connaît un
sérieux problème de redoublements, ainsi qu'illustré dans
le tableau 3.6 présenté en annexe.
D'une manière générale, les redoublements
sont relativement fréquents au Cameroun.
· Dans le primaire et depuis deux décennies, ils
se situent de façon stable autour de 25 % en moyenne.
· Dans le secondaire, la fréquence des
redoublements se situe à des niveaux également
conséquents, respectivement 15,3 et 26,2 % dans le premier et le second
cycle du général en 2002/2003.
On note toutefois une nette différence entre les deux
sous-systèmes : le sous-système francophone se
caractérise par un taux de redoublement notablement plus
élevé que le sous-système anglophone : 11 points de
plus pour le primaire, 4 pour le secondaire premier cycle et 14,5 points pour
le secondaire deuxième cycle, soit plus de deux fois plus de redoublants
pour ce sous cycle.
Aussi, est-il utile de noter qu'au Cameroun, la
fréquence des redoublements est élevée dans toutes les
classes des différents cycles d'enseignement, mais qu'elle l'est
très spécialement dans certaines d'entre elles : la
première classe primaire d'une part (34 %) et les dernières
classes secondaires de l'autre part, comme le montre le tableau 3.7 de l'annexe
ainsi que le graphique 3.2.
Cette observation est valable pour les deux
sous-systèmes. Tant dans les établissements francophones
qu'anglophones, la première classe du primaire se caractérise par
un taux de redoublement notablement supérieur à celui de toutes
les autres classes, alors que la dernière classe du cycle enregistre un
taux nettement inférieur, en particulier pour les anglophones où
il est de l'ordre de la moitié du plus faible taux constatés dans
les autres niveaux. A l'inverse, au niveau du secondaire premier cycle, les
premières classes ont des taux de redoublement faibles, alors que la
dernière classe du sous cycle a cette fois de forts taux de
redoublement, respectivement de 11 et 7 points supérieurs aux autres
classes pour les sous-systèmes francophone et anglophone.
C'est au secondaire second cycle que l'on constate une
différence particulière entre les deux sous-systèmes. Sur
l'ensemble des deux précédents cycles, la structure des taux de
redoublement est comparable entre sous-systèmes francophone et
anglophone, même si leurs niveaux dans ce dernier sont toujours nettement
inférieurs. Dans le secondaire second cycle, en revanche, le profil des
taux de redoublements est, pour le sous-système francophone, similaire
à celui du secondaire premier cycle : faibles taux en début de
cycle et taux élevés en classe terminale et, pour le
sous-système anglophone, similaire à celui du primaire :
élevés en début de cycle et assez faibles en
dernière classe.
Ainsi il apparaît clairement que si les redoublements
dans les différentes classes d'un cycle présentent des
caractéristiques communes, ceux concernant la dernière
année des cycles sont aussi liés aux conditions
spécifiques de la transition entre cycles pour les classes de CM2 et de
3ème, et à l'obtention du baccalauréat pour la classe de
terminale. De plus, les comportements à ces différentes classes
charnières sont assez différents : en fin de primaire les
taux sont plus faibles, alors qu'en fin de secondaire premier cycle ils sont
plus importants. Il semble donc que, malgré des taux de transition assez
faibles entre le primaire et le secondaire, peu
d'élèves décident de redoubler la
dernière classe du primaire pour tenter une deuxième fois
d'obtenir une place dans le secondaire.
En fin de secondaire premier cycle, c'est le contraire que
l'on constate : de nombreux élèves redoublent la
troisième ou la Junior Secondary 5 afin d'avoir plus de chance
l'année suivante d'intégrer le secondaire second cycle. On peut
en effet supposer que lorsqu'un enfant a déjà atteint ce niveau,
les capacités montrées et l'investissement fait pour l'y amener
justifient le coût supplémentaire que représente le
redoublement, de manière à ce qu'il puisse accéder,
à terme, au baccalauréat.
Plusieurs indicateurs dits coefficients
d'efficacité interne permettent d'évaluer le gaspillage
dans l'usage des crédits publics du fait des multiples redoublements et
abandons scolaires. Ils peuvent être calculés cycle par cycle pour
le système éducatif.
Le tableau 3.8, que l'on retrouve en annexe, donne les
éléments de cadrage pour les trois premiers degrés
d'enseignement, pour l'année 2002-2003, ainsi que les estimations de
ces indices d'efficacité.
Le coefficient global d'efficacité interne (CEI), pour
l'ensemble du système éducatif camerounais, est de 71,4
%. Cela signifie qu'a contrario, près de 30 % des
ressources allouées au système éducatif sont
gaspillées, d'une part parce qu'elles paient des années de
redoublement, d'autre part parce qu'elles paient des individus qui ne vont pas
suivre les cycles qui correspondent à des unités d'enseignement
jusqu'à leur terme.
Dans le primaire, le CEI est estimée à 63,3%, ce
qui a pour conséquences :
· L'incapacité des élèves à
conserver l'aptitude à la lecture et à l'écriture à
l'âge adulte ;
· Le gaspillage de plus de 35% des ressources
allouées.
En comparant le CEI des deux sous-systèmes, on
réalise que le sous-système anglophone est globalement plus
efficient que le sous-système francophone (65 % contre 61,1 %).
Dans le premier cycle du secondaire, le CEI est plus
élevé dans le sous-système francophone. En effet, il est
estimé à 85 %, soit 8 points de plus que dans le système
anglophone.
Dans le second cycle du secondaire, l'efficience est à
nouveau assez faible, plus encore qu'au cycle primaire. Dans le
sous-système francophone, ce sont les abandons qui sont responsables du
très faible niveau du CEI (59 %), inférieur à celui du
primaire. Globalement, ce cycle est légèrement plus efficient que
le primaire, mais moins que le secondaire premier cycle.
S'agissant du Supérieur, l'on estime à
près de 70 % le taux d'échec au niveau de la première
année des facultés. Il faut noter par ailleurs le faible taux de
réussite des candidats aux examens nationaux du BTS89(*). Toutefois, il faut relever
que le manque d'informations statistiques fiables empêche l'étude
précise du degré d'efficacité interne de ce niveau
d'enseignement.
II-3-3- 3- Education et développement
économique : efficacité externe du système
éducatif
Cette sous-section étudie l'efficacité externe
du système, qui mesure les performances des jeunes issus du
système éducatif dans la sphère productive.
D'après l'enquête ECAM II, 89% des jeunes de 25
à 34 ans sont soit occupés, soit en quête d'emploi. Parmi
ceux qui sont occupés 75% exercent dans le secteur informel avec
généralement un faible niveau d'instruction. Dans le secteur
moderne, l'emploi est fonction du niveau d'instruction, en dépit du sous
emploi qui prévaut.
En terme d'efficacité externe, on note pour les
sortants de l'Enseignement Technique une nette démarcation entre ceux
issus du premier cycle qui s'insère mieux dans le secteur productif et
ceux du second cycle qui le sont moins.
S'agissant des diplômés de l'Enseignement
Supérieur, 37% seulement s'insèrent assez convenablement dans le
monde de l'emploi. Ce qui pose le problème de l'adéquation
formation emploi.
Il est établi que le stock de capital humain
conditionne l'aptitude d'un pays à innover, autrement dit à
engendrer le progrès technique. Par ailleurs, plusieurs études
permettent de comprendre l'impact de la formation professionnelle dans
l'insertion socioprofessionnelle des chercheurs d'emplois. En effet, les
résultats du modèle économétrique établi
dans le RESEN90(*)
montrent que s'agissant du niveau d'instruction, on constate que les individus
ayant suivi une formation professionnelle après le CEP, BEPC ou
probatoire ou ceux ayant reçu une formation dans une école
spécialisée recrutant au niveau du bac, ont 11 % de chances en
plus d'avoir un emploi que les non diplômés. En revanche les
détenteurs d'une formation générale ou technique ou les
individus ayant reçu exclusivement une formation universitaire ont une
probabilité plus grande que les non diplômés d'être
chômeurs : alors que l'écart de probabilité se monte
à +15 % pour les « secondaires » il atteint
jusqu'à +21 % chez ceux du niveau d'études supérieures.
D'une manière générale, la situation de l'emploi des
jeunes camerounais de la classe d'âge comprise entre 25 et 34 ans selon
le plus haut niveau d'études atteint se présente de la
manière suivante:
A leur compte - 5
7- chômage
6- secteur informel
4- sans qualifications
3- employés ouvriers
2- cadres moyens
1- cadres supérieurs
Cette image peu reluisante s'explique en partie par la
situation actuelle du marché de l'emploi dans le pays.
Le marché de l'emploi au Cameroun est
caractérisé par une segmentation en deux secteurs
juxtaposés : un secteur moderne structuré et un secteur non
structuré dit informel.
Depuis le milieu des années 80, le marché de
l'emploi au Cameroun se caractérise de manière
générale par un écart croissant entre l'offre et la
demande d'emploi. Dans le secteur moderne, la demande d'emploi qualifié
croît à un rythme accéléré alors que l'offre
d'emploi salarial connaît un niveau de croissance moindre. La
contribution du secteur moderne à l'offre d'emploi en zone urbaine est
passée de 49 % en 1987 à 26 % en 2001. Cette décroissance
se fait au profit du secteur informel qui occupe environ 80% des actifs et du
chômage qui est évalué à près de 18,9% en
milieu urbain et 2,3% en zone rurale, avec des pointes de 25,6 % et 21,6 % dans
les villes de Douala et de Yaoundé. Contrairement au secteur moderne, le
décalage entre l'offre et la demande d'emploi dans le secteur informel
et notamment dans le sous-secteur rural est moindre.
En tout état de cause, cette situation peut s'expliquer
par:
- L'inadéquation entre la demande d'emploi
qualifié et les profils et besoins réels du système de
production;
- L'absence de mécanismes de régulation des flux
par rapport au marché de l'emploi ;
- L'absence d'un système cohérent de formation
professionnelle.
Il en résulte que le profil de ceux qui arrivent sur le
marché est en déphasage par rapport à la structure des
emplois.
Sous un tout autre angle, la contribution de
l'éducation à la croissance économique au Cameroun est
ambiguë, du fait des résultats paradoxaux obtenus à ce
propos. Des conclusions du genre, l'éducation n'a pas d'effet sur la
croissance économique ou alors cet effet est négatif dans les
pays en voie de développement, sont souvent observées. C'est le
cas de l'étude de Kobou (2000)91(*) qui montre que la croissance
économique au Cameroun est non seulement extensive, mais peu
alimentée par les fondamentaux de l'économie tels
que l'investissement, le capital humain et l'investissement de
remplacement. Ce qui est rejeté en bloc par l'étude
récente d'Atala (2008)92(*) qui révèle que l'éducation a un
impact positif sur la croissance économique au Cameroun.
Somme toute, l'éducation comporte un caractère
spécifique voire spécial dans la promotion du
développement. Cette idée est sous-tendue dans la
littérature économique par les théories du capital humain
et de la croissance endogène. De même l'éducation occupe
une place importante dans les politiques de développement des pays en
voie de développement, particulièrement le Cameroun. Dans le
secteur éducatif camerounais et ainsi que dans la plupart des pays en
voie de développement, l'intervention de l'Etat est très
importante93(*), il
convient d'apprécier l'impact de cette intervention à travers les
dépenses publiques d'éducation94(*) sur le bien être des individus. Cet objectif
constituera le socle du chapitre suivant.
CHAPITRE IV : ANALYSE DE L'INCIDENCE DES DEPENSES
PUBLIQUES D'EDUCATION
Après plusieurs années d'efforts de
réforme de la gestion des finances publiques au Cameroun, la
préparation du budget présente des lacunes en partie attribuables
au fait que les réformes n'ont pas été toujours
planifiées et mises en oeuvre de façon globale. Le Cameroun
dispose déjà d'outils de soutien à la réforme de la
préparation du budget : le DSRP, qui sert de cadre politique et
identifie les priorités de développement ; et les CDMT
sectoriels qui tentent d'adapter le budget aux objectifs et stratégies
du DSRP. Le cadre des dépenses à moyen terme (CDMT) constitue un
instrument de politique budgétaire ciblée : c'est avec les
clés de répartition de l'enveloppe budgétaire que le
gouvernement opère des arbitrages dans l'allocation des ressources entre
les secteurs prioritaires et les autres. C'est par ce biais qu'il peut donner
des impulsions dans divers secteurs. Ces ressources affectent directement la
réalisation des objectifs sectoriels et indirectement le profil de la
croissance. Les dépenses publiques, en particulier les salaires, les
dépenses de biens et services et les dépenses en capital
résultant de la mise en oeuvre des stratégies sectorielles de la
santé, de l'éducation et des infrastructures devront progresser.
Cette évolution sera possible sans détérioration de
l'enveloppe globale des dépenses grâce à la
réduction du service de la dette.
La stratégie sectorielle de l'éducation
prévoit un appui budgétaire qui portera la part de
l'éducation dans les dépenses primaires de 17% sur la
période 1995-2000 à 25% sur la période 2001-2010. Les
dépenses en capital devraient croître plus vite que les
dépenses de fonctionnement pour les besoins de rattrapage ainsi que pour
des efforts particuliers en faveur de l'enseignement technique et de la
formation professionnelle. Cette volonté d'accroître les
dépenses s'est réellement observée au cours de la
période 1997-2007, avec un niveau de dépenses publiques
d'éducation passant de 81 milliards en 1997 à 295 milliards en
2007. Ce qui représente respectivement en pourcentage des
dépenses ministérielles 23,7% en 1997, 37% en 2002 et 25,2% en
2007.
Au regard de l'ensemble des fonds mis à la disposition
du secteur de l'éducation, nous nous posons la question
fondamentale de savoir : A qui profite les ressources mises à
disposition du secteur de l'éducation ? La réponse de cette
question qui constitue l'objet de ce chapitre, sera obtenue par application de
la méthode d'analyse bénéfice incidence
Cependant, l'analyse d'un système scolaire
doit prendre en compte et étudier la notion d'équité, non
seulement pour les aspects descriptifs de ce système mais
également pour rendre compte d'un des objectifs sous-tendus par
l'éducation, l'égalité de chance. Cette approche porte
principalement sur trois aspects liés soit au revenu, soit au genre ou
soit à la zone géographique. Ainsi, à la suite de
l'étude faite par Kamgnia et
al (2008)95(*), dont l'analyse a porté sur les
disparités liées au revenu, nous nous attarderons sur les
disparités liées au genre et à la zone de résidence
(régions).
Avant d'introduire les aspects d'équité dans
l'analyse des dépenses publiques d'éducation, nous
présenterons en première section une vue d'ensemble des
dépenses publiques d'éducation et un exposé complet de
l'approche d'analyse bénéfice incidence.
Section I- Aspects factuels et théoriques de
l'analyse des dépenses publiques d'éducation
Dans cette section, en fonction des données
disponibles, nous présenterons sur l'ensemble de notre période
d'étude, les ressources publiques mises à la disposition du
secteur éducatif d'une part et d'autre part, nous mettrons en exergue
l'une des méthodologies les plus fréquemment utilisées
pour évaluer l'impact des dépenses publiques en éducation
sur la pauvreté appelée « analyse-
bénéfice incidence » (ABI).
II-4-1-1- Vue d'ensemble des dépenses publiques
d'éducation
La lutte contre la pauvreté constitue aujourd'hui une
des principales priorités des pouvoirs publics des pays d'Afrique au Sud
du Sahara et des partenaires au développement qui apportent leur soutien
à cette région du monde. Le Cameroun n'est pas une exception
à cette règle. La volonté de faire reculer la
pauvreté apparaît à travers la structure des
dépenses publiques qui est caractérisée par un arbitrage
en faveur des secteurs sociaux notamment l'éducation. En effet, les
dépenses d'éducation représentent le premier poste du
budget de l'Etat alors que les dépenses sociales représentent
près du quart des dépenses totales. Ce choix budgétaire
peut être justifié par le fait que dans les pays en
développement les dépenses publiques (d'éducation, de
santé et d'infrastructures sociales) constituent le principal instrument
de la politique de redistribution et de réduction des
inégalités96(*).
Dans cette sous-section, nous ferrons ressortir les
différents acteurs qui interviennent dans le financement du secteur
éducatif, ensuite nous analyserons l'évolution des
dépenses courantes d'éducation et enfin nous apprécierons
l'efficience de ces dépenses d'éducation.
a) Financement du secteur éducatif
Dans le système éducatif camerounais, selon le
document de stratégie de l'éducation, la contribution de
l'État au financement de l'éducation est relativement faible (15
% des dépenses publiques97(*) en 2005). Celle des parents est en revanche
très importante. En 2002, 30 % des personnes qui enseignent dans les
écoles primaires publiques sont des «maîtres des
parents». Si on ajoute les enseignants payés de fait par les
usagers dans les écoles primaires privées98(*) , ce sont au total plus de 40
% des enfants du primaire qui ont un maître rémunéré
par les parents. L'enquête de ménages (ECAM II) montre que les
dépenses privées des familles correspondent à 44 % des
dépenses totales engagées pour la scolarisation primaire.
Sur l'ensemble du système en 2001, le montant des
dépenses courantes d'éducation s'élève à 415
milliards de Fcfa, à raison de 182 milliards pour l'État, soit
43,85% et 233 milliards pour les ménages, soit 57,15%. Au regard de ce
qui précède, il se dégage que :
· la part du budget consacrée à
l'éducation (15%) reste loin en deçà de ce qui se fait
dans les pays d'égal niveau de développement au Cameroun et dont
la part du budget consacrée à l'éducation se situe en
moyenne à 20%;
· les ménages supportent l'essentiel des
dépenses d'éducation.
La distribution des dépenses publiques
d'éducation entre niveaux d'enseignement se présente comme
suit :
- enseignement maternel ou préscolaire : 4%;
- enseignement primaire : 37%;
- enseignement secondaire : 44 %;
- enseignement supérieur : 15 %.
Cette répartition intra sectorielle est encore
éloignée des critères minimaux de performance
préconisés dans le cadre incitatif de l'initiative
« Fast Track99(*) ».
Par ailleurs, il faut dire que 86% des dépenses de
l'Etat sont consacrés au paiement des salaires, le reste (14%)
étant insuffisant pour améliorer la qualité du
système.
b) Distribution des dépenses publiques
d'éducation par niveau d'enseignement et par Nature.
Dans le contexte ci-dessus, en ce qui concerne la contribution
de chaque acteur à la dépense publique d'éducation,
comment se présente les ressources publiques allouées au secteur
éducatif ?
Les données relatives dans ce domaine sont
présentées au tableau 4.1 ci contre. L'effort budgétaire
national en matière d'éducation, pendant la période
considérée, s'élève en moyenne à 2,66% du
PIB. Mais cet effort reste variable selon les années. En effet, la part
du PIB allouée à l'éducation est passée de 1,96% en
1997 pour s'élever à 3,19% en 2007, avec un pic atteint en 2002
où cette part se chiffre à 3,21%. Par rapport aux dépenses
totales, on peut remarquer que la part réservée aux
dépenses d'éducation a toujours été
inférieure à 20%. Plus précisément, au cours de la
décennie considérée, elle n'a cessé de
croître, passant de 9,08% des dépenses totales en 1997 à
17,05% en 2007, proche des 20% nécessaire pour respecter l'initiative
20/20100(*).
La lecture du graphique 4.2 montre une même
évolution entre les dépenses totales d'éducation et les
dépenses courantes d'éducation. Comme il est d'usage, les
dépenses courantes constituent l'essentiel des dépenses publiques
d'éducation101(*). On s'attarde ici aux dépenses courantes dans
la mesure où i) elles représentent la majeure partie des
dépenses et constituent les coûts de fonctionnement
récurrent du système éducatif, les plus importants dans
une logique de soutenabilité à moyen-long terme ; ii) les
dépenses en capital peuvent fluctuer considérablement d'une
année à l'autre en fonction des projets d'investissements,
irréguliers en nombre, et en fréquence et iii) les données
de dépenses en capital sont souvent partielles dans la mesure où
le financement extérieur est fréquemment insuffisamment
renseigné. La part de dépenses
Tableau 4.1 : Dépenses publiques
d'éducation, 1997-2007.
Source : Auteur, à partir des lois de finance
1997-2007.
année
|
Dépenses publiques totales d'éducation
|
Dépenses publiques courantes d'éducation
|
En % du PIB
|
En % des dépenses publiques totales
|
En % dépenses publiques totales d'éducation
|
En % du PIB
|
En % des dépenses publiques totales
|
%
|
Indice
(1997=100)
|
%
|
Indice
(1997=100)
|
%
|
Indice
(1997=100)
|
%
|
Indice (1997=100)
|
%
|
Indice (1997=100)
|
1997
|
1,96
|
100
|
9,08
|
100
|
91,35
|
100
|
1,72
|
100
|
8,3
|
100
|
1998
|
2,33
|
118
|
10,26
|
113
|
90,65
|
99
|
2,11
|
122
|
9,3
|
112
|
1999
|
2,46
|
125
|
11,02
|
121
|
87,5
|
95,7
|
2,15
|
125
|
9,64
|
116
|
2000
|
2,56
|
131
|
11,33
|
125
|
85,71
|
93,8
|
2,19
|
127
|
9,71
|
117
|
2001
|
2,04
|
104
|
11,68
|
128
|
85,52
|
93,6
|
1,75
|
101
|
9,99
|
120
|
2002
|
3,21
|
164
|
16,22
|
178
|
85,33
|
93,4
|
2,74
|
159
|
13,93
|
168
|
2003
|
2,79
|
142
|
14,87
|
164
|
89,26
|
97,7
|
2,5
|
145
|
13,28
|
160
|
2004
|
3,1
|
158
|
18,2
|
200
|
91,4
|
100
|
2,89
|
168
|
16,65
|
200
|
2005
|
3,1
|
158
|
17,07
|
188
|
88,88
|
97,3
|
2,75
|
159
|
15,17
|
183
|
2006
|
2,9
|
148
|
17,05
|
187
|
91,18
|
99,8
|
2,65
|
154
|
15,55
|
187
|
2007
|
3,19
|
162
|
17,05
|
187
|
86,1
|
94,2
|
2,75
|
159
|
14,68
|
177
|
Graphique 4.2 : Evolution des dépenses
d'éducation en % du PIB par nature
Graphique 4.1 : Répartition par niveau
des dépenses d'éducation en 2004
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Série1
Série2
MINEDUB
MINESEC
MINESUP
Source : Auteur, à partir de la loi de
règlement 2004
Série1 dépenses totales
d'éducation Série 2 dépenses courantes
d'éducation
courantes dans les dépenses totales d'éducation
tourne autour de 90% bien qu'au regard de son indice, elle se trouve en 2007
à un niveau inférieur à celui de 1997 (94,2< 100). Ceci
est la résultante de la volonté du gouvernement qui a pris
conscience de la nécessité de revoir à la hausse son taux
d'investissement en dépenses publiques d'éducation.
Le graphique 4.1 fait ressortir la répartition des
ressources publiques mises à la disposition du secteur éducatif
par niveau d'étude au cours de l'année 2003/2004. Année
dont nous essayerons de donner une mesure de l'efficience globale dans l'usage
des ressources publiques en éducation.
c) Mesure de l'efficience globale dans l'usage des
ressources publiques en éducation
L'efficience102(*) correspond d'une façon assez
générale à la relation qui peut exister entre les
ressources mobilisées et les résultats obtenus par l'usage de ces
ressources. La dimension comparative est ici importante car il est plus facile
d'évaluer si le système éducatif de tel pays est plus
efficient que celui d'un autre que d'évaluer, dans l'absolu, si le
niveau d'efficience d'un pays donné à un moment donné du
temps est élevé ou faible. La question de l'efficience du
système éducatif camerounais est alors abordée ici de
manière comparative, en comparant la situation du Cameroun à
celles d'autres pays de même niveau de développement dans la
période actuelle.
Pour mettre en relation les ressources engagées et les
résultats, il nous faut au préalable calculer un indicateur
global de mesure de la performance du système. Sur la base des niveaux
terminaux d'éducation des individus, on peut calculer de façon
transversale (au cours d'une année scolaire donnée), la
durée moyenne de scolarisation ou espérance de vie scolaire d'une
pseudo cohorte, en agrégeant la situation des enfants qui ne vont pas du
tout à l'école et de ceux qui y ont accès selon le niveau
de scolarisation atteint. Le profil de scolarisation, en tant que série
des taux d'accès aux différentes années d'études
permet de calculer cette distribution. La compilation de cette distribution
jusqu'au niveau de l'enseignement supérieur permet de calculer le nombre
moyen d'années qu'un enfant est censé passer dans le
système scolaire et universitaire.
L'espérance de vie scolaire, pour l'année
2003/2004 du Cameroun est de 6,54 années, estimée à partir
du profil de scolarisation de 2004 (Cf. chapitre III). En 2004, un enfant
camerounais peut espérer bénéficier en moyenne de 6,54
années d'études dans le système éducatif national.
Ce chiffre qui traduit la situation du Cameroun en termes de nombre moyen
d'années par enfant se compare raisonnablement, en 2004, à ce qui
est observé en moyenne dans les pays africains francophones (5,1
années) tout en restant supérieur à la moyenne africaine
(5,9 années), mais inférieur à la moyenne des pays
africains anglophones (7,6 années103(*)).
Pour mettre en relation ressources publiques mobilisées
et couverture quantitative (espérance de vie scolaire), on peut calculer
directement le rapport entre la durée moyenne des scolarisations et le
pourcentage du PIB alloué à ce secteur. Ce rapport indique le
nombre d'années de scolarisation qu'un pays réussit à
offrir à sa population en dépensant 1% de son PIB en
éducation. Ainsi, avec un pourcentage des dépenses publiques
d'éducation de 2,89%, nous obtenons pour le cas du Cameroun qu'un point
du PIB alloué au financement public du secteur génère 2,26
années de scolarisation en 2003/2004.
En termes comparatifs internationaux, la situation du
Cameroun, avec un coefficient d'efficience de 2,26 pour l'année
2003/2004, est meilleure que celle des pays d'Afrique subsaharienne en moyenne
(2,0 années), qu'il s'agisse du groupe des pays francophones
(2,1années) qu'anglophones (1,9 années). La comparaison de la
situation du Cameroun en 2004 avec celle des autres pays africains, nous
suggère que les ressources publiques allouées au secteur
éducatif sont utilisées de façon relativement
efficiente.
L'analyse précédemment faite nous permettait
d'apprécier globalement les dépenses d'éducation.
L'appréciation de l'impact de ces dépenses sur la population
requiert une autre analyse dont nous exposons l'approche ci-dessus.
II-4-1-2- Exposé de l'approche
Bénéfice Incidence104(*)
La répartition des revenus peut être
appréhendée à un triple niveau. Le niveau primaire
correspond à la répartition des richesses créées
entre les acteurs (ou les facteurs de production) qui ont apporté leur
contribution. Le niveau secondaire désigne les correctifs
apportés aux inégalités liés à la
répartition primaire à travers les impôts (progressifs) et
les transferts aux plus défavorisés. Quant à la
répartition tertiaire des revenus, elle indique les avantages obtenus
par les différentes couches sociales des services et des dépenses
publiques. L'analyse d'incidence selon l'approche de Demery permet
d'opérer une telle mesure. Nous présenterons cette approche avant
de s'attarder sur l'estimation des coûts unitaires de scolarisation.
a) L'analyse d'incidence appliquée à
l'éducation
Dans les pays en voie de développement, on note un
intérêt de plus en plus marqué pour l'analyse de l'impact
redistributif des dépenses publiques dans différentes couches
sociales, notamment parmi les plus vulnérables à savoir les
femmes, les enfants et les ruraux, ainsi que la capacité d'accès
et d'utilisation des services publics par ces couches sociales105(*). L'analyse
bénéfice incidence (ABI) s'est développée pour
devenir un outil d'analyse de politique économique. Dans sa forme
classique, l'ABI se fonde sur des décompositions de subsides acquis de
l'usage des services, suivant des groupes constitutifs de la population, soit
de genre, soit de toutes autres catégories discrètes telles que
les régions, les ethnies. Une telle décomposition est
révélatrice en ce sens qu'elle donne une idée
précise sur les iniquités de genre ou de bien-être. Par
exemple pour un pays donné, partant des informations précises sur
les inégalités d'accès à l'éducation, il
pourra être clairement établi que cette différence, faible
parmi les ménages riches, est préoccupante chez les pauvres. Le
décideur éclairé réagira de deux manières au
moins. Soit il corrigera les écarts relevés en concentrant les
efforts sur les élèves des ménages démunis, soit il
agira sur les distributions des subventions de manière à rendre
plus équitable l'accès aux services sociaux correspondants.
Plus spécifiquement, la mise en oeuvre de l'ABI combine
les éléments d'offre et de demande des services publics, tout en
permettant de déceler les inefficiences et iniquités dans
l'allocation des ressources publiques destinées à la couverture
des services sociaux, ainsi que dans l'utilisation de tels services.
Normalement, les études d'impact de dépense moyenne ou de
bénéfice articulent les données d'enquête sur
l'utilisation des divers services (santé, éducation,
infrastructure...) par les ménages d'une part, et les données sur
les allocations budgétaires (lois de finance) d'autre part. Selon
Davoodi et al. (2003) l'ABI est un instrument d'usage tellement facile
- aussi bien pour l'analyse ex-ante que pour les exercices ex-post
d'évaluation et suivi des projets de développement -, qu'il a
été introduit comme un des outils d'analyse d'impact de la Banque
Mondiale ; ce qui justifie du reste la publication de son guide
d'utilisation (Demery, 2000), pour sa vulgarisation parmi les chercheurs de la
Banque Mondiale en particulier, et les économistes du
développement en général.
L'analyse d'incidence des dépenses publiques a
été appliquée à plusieurs pays en
développement (Demery 2000, Demery and alii 1995). Elle indique la
mesure dans laquelle les dépenses publiques agissent sur le bien
être des différents groupes ou des ménages individuels. Ce
résultat est obtenu à travers la conjugaison d'une information
sur les coûts unitaires des services fournis et l'information sur
l'utilisation de ces services (obtenue auprès des ménages ou
d'une enquête). La démarche consiste à imputer aux
ménages utilisateurs d'un service particulier le coût de
fourniture de ce service. Le service imputé correspond au montant auquel
le revenu du ménage devrait augmenter s'il devait payer le service dont
il bénéficie. A titre d'illustration, si l'on considère un
système éducatif comprenant trois ordres d'enseignement
(primaire, secondaire et tertiaire), la méthodologie peut être
décrite comme suit :
Où
Xj : Montant de la subvention en
éducation dont bénéficie le groupe j (individus
ménages)
Si : Dépense publique
d'éducation pour l'ordre d'enseignement i
Ei : Nombre d'inscrits dans l'ordre
d'enseignement i
i : Ordre d'enseignement (primaire, secondaire,
supérieur)
Subvention moyenne monétaire de l'ordre d'enseignement i
L'incidence de l'avantage des dépenses totales en
éducation imputé au groupe j est égale à : Nombre
d'inscrits dans le primaire du groupe j (Eij) x coût unitaire du primaire
+ nombre d'inscrits dans le secondaire x coût unitaire du secondaire +
nombre d'inscrits dans le supérieur x coût unitaire du
supérieur.
La part de la dépense totale d'éducation
imputée au groupe j correspond à :
Cette part dépend de deux facteurs :
- eij : part du groupe dans le service
total utilisé. Il reflète le comportement du ménage.
- si : part de la dépense publique
dans les différents types de service. Il reflète le comportement
de l'Etat.
Par ailleurs, la représentation graphique des
résultats (courbe de Lorenz, courbes de concentration) permet
d'apprécier la mesure dans laquelle les dépenses sont
ciblées et progressives. En effet, les courbes de concentration
situées au dessus de la courbe de Lorenz sont progressives et indiquent
que la subvention ou la dépense publique est plus équitablement
répartie que le revenu. Dans le cas où les courbes de
concentration sont situées au dessous de la courbe de Lorenz la
dépense publique est répartie de manière
inéquitable. En outre la comparaison des courbes de concentration avec
la diagonale de 45° permet d'apprécier le ciblage des groupes
pauvres. Les courbes de concentration situées au dessus de la diagonale
révèlent que le quintile le plus pauvre reçoit plus de 20%
de la subvention totale et le quintile le plus riche moins de 20%. A contrario
les courbes de concentration situées en deçà de la
diagonale indiquent un ciblage plus faible.
b) Commentaires sur l'approche ABI
Si l'ABI apparaît de plus en plus comme l'instrument
d'analyse par excellence de l'impact des politiques sociales dans bon nombre de
pays en développement, il n'est pas à l'abri des critiques. En
effet, la mise en oeuvre de l'ABI a révélé un certain
nombre de faiblesses, aussi bien dans sa conceptualisation que dans son
application (Lanjouw et Ravallion, 1998 ; Lopez-Acevedo et Salinas, 2000 ;
Glick et al. 2004). Parmi ces faiblesses, on note que :
i) Le recours au bénéfice unitaire n'est pas un
indicateur de la valeur que les usagers accordent aux services publics, car la
valeur du bénéfice qu'un individu retire de l'utilisation d'un
bien ou d'un service n'est pas directement liée à son coût
unitaire ;
ii) L'hypothèse des coûts moyens définis
comme «proxy» du bénéfice marginal n'est pas
théoriquement justifiée, du fait même qu'elle implique des
prix relatifs et des revenus réels qui sont constants ;
iii) L'homogénéité ne saurait être
justifiée parce que la dimension des programmes ne reste pas
figée ;
iv) Les effets à long terme des investissements
physiques et l'accumulation en capital humain ne sont pas pris en compte ;
v) Les inefficiences d'allocations budgétaires ne sont
généralement pas correctement quantifiées ;
vi) Les résultats de l'ABI dépendent fortement
de la qualité des bases de données et du degré de
désagrégation des données
vii) L'ABI ne révèle que les impacts directs
d'un changement de politique publique. L'objectif avoué de cette analyse
est de comparer la distribution du bien-être avec ou sans dépenses
publiques. Toutefois, la théorie et les faits montrent que les
politiques publiques exercent une influence notable sur les comportements
économiques individuels tels que les décisions d'offre de
travail, de consommation, d'épargne et d'investissement. De telles
réactions recèlent potentiellement des implications quant
à l'impact final d'une politique publique et ne sont malheureusement pas
prises en compte lors d'analyses d'incidence bénéfice.
viii) C'est une méthode statique qui ne permet pas de
faire des recommandations dites « dynamiques » du fait
qu'elle permet de faire une observation sur une période.
Certes, certains auteurs renvoient à l'approche du
consentement marginal à payer de Lopez-Acevedo et Salinas (2000) et
à celle de Glick et al. (2004) comme réponses à
certaines insuffisances de l'ABI. En particulier, Lopez-Acevedo et Salinas
(2000) analysent l'impact des dépenses publiques sur les dépenses
moyennes des ménages en éducation, et déterminent le
montant que les ménages consentent à payer pour que leurs enfants
fréquentent les établissements publics. Quant à Glick
et al. (2004), ils pensent que l'incidence marginale dépend
aussi bien des facteurs de politique économique que de ceux de la
demande des services. Il est donc important, selon eux, de commencer par
identifier les déterminants de la demande des services afin de mieux
cerner les effets redistributifs. Dans ce cas, c'est une analyse
économétrique qui doit être menée. Malheureusement
l'une et l'autre approche se révèlent être coûteuses
aussi bien en données qu'en temps.
Le principal avantage de l'ABI est l'aisance avec laquelle les
résultats peuvent être présentés aux
décideurs politiques, à laquelle se raccorde la simplicité
de leur mise en oeuvre ainsi que la quantité relativement moins
importante des données qu'elles nécessitent. En
conséquence et malgré les critiques mentionnées, la
méthodologie de l'ABI servira de base à l'évaluation de
l'équité dans les scolarisations, dans cette deuxième
partie de l'étude.
Section II- L'équité dans les
scolarisations et la distribution des ressources publiques pour
l'éducation
L'analyse d'un système scolaire doit prendre en compte
et étudier la notion d'équité, non seulement pour les
aspects descriptifs de ce système mais également pour rendre
compte d'un des objectifs sous-tendus par l'éducation,
l'égalité des chances. L'éducation est reconnue comme
étant un investissement utile pour les individus qui la reçoivent
et contribue à déterminer leurs conditions économiques et
sociales dans leur vie adulte. Cependant, les possibilités scolaires
seront toujours sujettes aux contraintes de financement, ce qui implique que
tous les individus ne pourront avoir accès aux carrières
scolaires maximales. Face à ce double constat, il importe que des
chances de scolarisation aussi égales que possibles soient offertes
à tous les jeunes pour assurer non pas l'égalité mais
l'équité interindividuelle. On notera que la recherche de
l'équité est en fait convergente avec celle de
l'efficacité, car il convient que les individus les plus capables,
indépendamment des conditions socio-économiques de leurs parents,
soient sélectionnés pour les niveaux les plus
élevés du système. Ceci est important dans la perspective
de production efficace de ces services éducatifs comme dans celle de
production des élites pour la prochaine génération.
Un système éducatif est souvent
caractérisé par des situations moyennes. L'analyse de
l'équité s'attache, elle, aux dispersions qui peuvent exister
autour de ces moyennes. Ces dispersions concernent les différences en
matière de carrière scolaire (accès, rétention,
acquisitions dans les différents cycles d'enseignement) et elles peuvent
être mises en rapport avec les caractéristiques sociales des
individus (sexe, milieu géographique, niveau de revenu des parents)
aussi bien qu'avec les disparités dans les conditions d'enseignement.
Dans cette section, nous utiliserons une double
approche : la première analysera la question de répartition
des ressources publiques en éducation dans le pays au sein d'une
génération d'enfants ; la deuxième approche
mentionnera le contenu progressif des dépenses publiques
d'éducation. Ainsi, deux niveaux complémentaires peuvent
être distingués, dans cette analyse :
§ La structure moyenne des scolarisations (distribution
des niveaux terminaux) d'une part, et la structure des dépenses
publiques par élève, d'autre part.
§ Le 2nd niveau intègre dans les
disparités structurelles entre groupe (selon le sexe, l'origine
géographique, le groupe de revenu) le poids du milieu social.
L'idée générale de cette analyse est que,
au cours de leur scolarisation, les individus accumulent des ressources
publiques d'éducation. Ceux qui n'ont pas accès à
l'école ne bénéficient par conséquent d'aucune des
ressources publiques mises à disposition du système
éducatif. En revanche, ceux qui fréquentent l'école vont
s'approprier au cours de leur scolarité un volume croissant de
ressources publiques en fonction du nombre d'années passées dans
le système et du niveau atteint (le coût unitaire augmentant avec
le cycle d'étude).
II-4-2-1 La dimension structurelle de la distribution des
ressources en éducation
A ce niveau, on ne fait pas référence aux
caractéristiques personnelles, sociales ou géographiques. On
conçoit simplement que la répartition des crédits publics
sera d'autant moins inégale que :
i) La proportion de la classe d'âge qui a accès
au premier cycle de l'enseignement fondamental est importante
ii) La croissance des coûts unitaires avec le niveau
éducatif est faible.
A l'opposé, si la proportion d'une classe d'âge
qui n'a pas accès à l'école est élevée et si
les coûts unitaires augmentent fortement avec le niveau éducatif
au seul bénéfice du petit nombre qui y a accès, alors la
répartition des crédits publics mobilisés pour le secteur
de l'éducation sera inégale.
On se rend bien compte que l'analyse qui sera faite à
ce niveau nécessite au préalable la connaissance des coûts
unitaires par niveau d'enseignement.
a) L'estimation des coûts unitaires selon la
méthode agrégée
Sur la base du volume des dépenses publiques courantes
par niveau ou type d'enseignement, qui a été
présenté ci-dessus, et des effectifs scolarisés dans le
secteur public à chacun de ces niveaux, on peut de façon directe
mettre ces deux termes en correspondance et calculer des coûts unitaires
de scolarisation. Le tableau 4.2, ci après, présente les
résultats. Cette méthode simple d'analyse constitue la
méthode agrégée. Il
existe une autre méthode de calcul des coûts unitaires à
savoir la méthode analytique106(*) de décomposition des coûts
unitaires. La complexité de cette méthode et
l'indisponibilité des données nous pousse à la
délaisser en faveur de la méthode agrégée.
La dépense publique par élève
s'échelonne de 20 761 F.CFA dans l'enseignement primaire à
291 409 F.CFA dans l'enseignement supérieur en passant par le
chiffre de 122 036 F.CFA dans l'enseignement secondaire
général. Les valeurs en indice s'étalant entre 1 dans le
cycle primaire à 14 dans le cycle supérieur. Cela dit, c'est
principalement sur une base comparative, dans l'espace et dans le temps qu'on
pourra se faire une idée utile sur la valeur de ces coûts
unitaires de scolarisation, deux observations émergent toutefois
d'emblée sur la base d'une comparaison interne entre les
différents niveaux d'enseignement :
Tableau 4.2 : Les coûts unitaires de
scolarisation par niveau d'études, 2004
Niveau d'études
|
Dépenses courantes d'éducation (milliards F.CFA)
|
Nombre d'élèves ou étudiants
|
Coût unitaire public
|
F.CFA
|
Indice
|
% du PIB/habitant*
|
Enseignement primaire
|
64
|
3 082 702
|
20 761
|
1
|
5,56
|
Enseignement secondaire général
|
135
|
901 370
|
149 772
|
7,2
|
40,12
|
Enseignement supérieur
|
25
|
85 790
|
291 409
|
14
|
78,07
|
*PIB/habitant (2004) = 373268 F.CFA (678,66 $)
Source : Auteur, à partir des données de
l'annuaire statistique 2004, INS.
§ Dans l'enseignement général, s'il est
sans doute normal d'avoir des coûts unitaires croissants avec le niveau,
on remarque tout de même que l'enseignement secondaire est
caractérisé par un coût unitaire spécialement
élevé, sept fois plus que celui du cycle primaire ;
§ L'écart de coût unitaire entre le cycle
primaire et le cycle supérieur apparaît également
très important. Une année d'étude d'un étudiant du
supérieur coûte autant que la scolarisation annuelle de
près de 14 élèves au cycle primaire. C'est une
vérité qui mérite certainement d'être
considérée au moment de discussions sur les arbitrages entre
niveaux d'enseignement, compte des objectifs de scolarisations retenus.
L'obtention de ces différents coûts unitaires
publics nous permettra de poursuivre notre analyse sur les disparités de
scolarisation au Cameroun.
b) La répartition
structurelle des ressources publiques au sein d'une cohorte
Disposant du profil de scolarisation de l'année 2004,
ce qui nous permet de déterminer la distribution des niveaux terminaux
de scolarisation au sein d'une cohorte de jeunes, nous pouvons définir
le volume de ressources publiques accumulées jusqu'à chacun de
ces niveaux terminaux de scolarisation. On peut aisément, selon
l'étude faite au Mali par la Banque Mondiale107(*), passer des données
de scolarisation à un moment donné à celles correspondant
aux niveaux de sortie du système scolaire en se situant dans une logique
dans laquelle les informations transversales peuvent être transcrites
dans une perspective temporelle108(*).
Sur la base des données relatives aux taux
d'accès aux différents niveaux du système éducatif
et à celles des coûts unitaires publics attachés à
chacun de ces niveaux (on considère ici qu'à l'intérieur
d'un cycle d'enseignement le coût unitaire attaché à chaque
niveau est égal au coût unitaire moyen dans le cycle
considéré), on calcule les données correspondant aux
niveaux terminaux de scolarisation, ainsi que la répartition
structurelle des ressources publiques en éducation qui en
découle.
Tableau 4.3 : Distribution structurelle
des ressources publiques en éducation au sein d'une cohorte de 100
enfants (données transversales de l'année 2004)
Cycles d'enseignement
|
niveaux
|
Coût unitaire (FCFA)
|
Nombre d'années
|
% cohorte
|
Ressources publiques accumulées
|
Niveau de scolarisation
|
Niveau terminal (a)
|
Ressources absorbées à un niveau donné
(FCFA) (b)
|
Ressources accumulées par le groupe (FCFA) (a)*(b)
|
Proportion (%) des ressources accumulées
|
Sans scolarisation
|
|
0
|
0
|
6
|
6
|
0
|
0
|
0
|
Primaire
|
SIL
|
20761
|
1
|
94
|
17
|
20 761
|
352 937
|
1,01
|
CP
|
20761
|
1
|
77
|
1
|
41 522
|
41 522
|
0,12
|
CE1
|
20761
|
1
|
76
|
8
|
62 283
|
498 264
|
1,41
|
CE2
|
20761
|
1
|
68
|
5
|
83 044
|
415 220
|
1,18
|
CM1
|
20761
|
1
|
63
|
6
|
103 805
|
622 830
|
1,77
|
CM2
|
20761
|
1
|
57
|
25
|
124 566
|
3 114 150
|
8,85
|
Secondaire général 1er cycle
|
6e
|
149772
|
1
|
32
|
3
|
274338
|
823 014
|
2,34
|
5e
|
149772
|
1
|
29
|
1
|
424110
|
424 110
|
1,21
|
4e
|
149772
|
1
|
28
|
1
|
573882
|
573 882
|
1,63
|
3e
|
149772
|
1
|
27
|
8
|
723654
|
5 789 232
|
16,45
|
Secondaire général 2nd cycle
|
2nde
|
149772
|
1
|
19
|
2
|
873426
|
1 746 852
|
4,96
|
1ère
|
149772
|
1
|
17
|
6
|
1023198
|
6 139 188
|
17,44
|
Tle
|
149772
|
1
|
11
|
5
|
1172970
|
5 864 850
|
16,66
|
Supérieur
|
supérieur
|
291409
|
4
|
6
|
6
|
1 464379
|
8 786 274
|
24,97
|
Ensemble
|
|
|
17
|
|
100
|
|
35 192 325
|
100
|
Source : Auteur, à partir des données de
l'annuaire statistique 2004, INS.
Graphique 4.3 : Courbe de Lorenz de la
distribution des ressources publiques en éducation, 2004.
10% des individus les mieux éduqués
38% des ressources publiques d'éducation
A
B
Les calculs et les résultats sont
présentés dans le tableau 4.3. A partir des taux de scolarisation
par année d'études (colonne 5), nous déterminons tout
d'abord le pourcentage d'enfants qui, au sein d'une cohorte, atteint un niveau
donné d'études. Par exemple, nous avons que 94% d'enfants
fréquentent la première année du primaire, sur une cohorte
de 100 enfants alors 6 ne sont jamais allés à l'école. De
façon analogue, nous pouvons en déduire pour chaque niveau
d'étude. Connaissant la dépense par élève pour
chaque niveau (colonne 3) et la dépense cumulée par
élève, nous pouvons calculer la dépense cumulée
reçue par le groupe (colonne 8), compte de la permanence dans le
système. La dernière colonne fait ressortir la proportion des
ressources accumulées à chaque niveau. Les résultats
montrent ainsi que, sur une cohorte de 100 enfants, les 23% qui ont comme
niveau terminal la SIL n'ont bénéficié que de 1,01% des
ressources publiques d'éducation ; les 68% qui ne vont pas
au-delà du primaire n'obtiennent que 14,34% des ressources
publiques ; et les 11% qui arrivent au moins en classe de Terminale
mobilisent 41,63% des ressources publiques d'éducation.
La distribution structurelle peut être également
présentée en construisant la courbe de Lorenz (graphique 4.3)
établie sur la base des valeurs cumulées des individus de la
cohorte et du volume des ressources publiques qu'ils s'approprient. On
déduit des indications fournies par cette courbe. La diagonale de ce
graphique (OB) correspond à la situation de distribution
égalitaire dans laquelle, quel que soit X, X% de la cohorte obtient
exactement X% des ressources publiques, la courbe de Lorenz correspond à
la situation effective de la distribution des ressources publiques en
éducation dans le pays. Et on observe qu'elle s'écarte de
façon significative de la référence égalitaire.
Pour évaluer l'ampleur de la déviation par rapport à la
référence égalitaire, on définit un indicateur,
certainement moins technique109(*), mais plus compréhensible qui mesure la part
des ressources publiques appropriées par les 10% les plus
éduqués au sein de la cohorte.
La structure des scolarisations en 2004 et des dépenses
unitaires au Cameroun, implique en effet que les 10% les d'individus les plus
éduqués d'une cohorte perçoivent à eux seuls 38%
des dépenses publiques d'éducation consacrées à
l'ensemble de celle-ci.
Ce résultat qui nous semble sensiblement moins
inégalitaire110(*), tient uniquement compte de la structure des
scolarisations, qu'en serait-il si nous prenons en compte les
caractéristiques socio-économiques des individus dans la
distribution des ressources publiques en éducation ?
II-4-2-2- Les disparités de scolarisation selon
certaines caractéristiques socio-économiques : la
sélectivité sociale dans la distribution des ressources publiques
en éducation
Dans la sous-section précédente, on examinait la
concentration des ressources publiques qui dérive de la structure du
système éducatif (structure quantitative des scolarisations et
structure des coûts unitaires aux différents niveaux du
système). Il convient de s'attacher maintenant à la mesure de la
sélectivité sociale qui s'inscrit dans cette enveloppe
structurelle. En effet, on peut imaginer des pays où
l'inégalité structurelle est forte, mais où les chances
des jeunes des différents segments de la société (selon le
sexe, le lieu de résidence ou le revenu des parents) sont relativement
égales, comme des pays à faible inégalité
structurelle mais avec une appropriation forte des ressources par des segments
particuliers de la société. Pour explorer cette question, nous
examinons, à chaque niveau scolaire, la distribution des ressources
publiques appropriées selon une dimension de segmentation sociale.
Tenant compte des résultats obtenus par Kamgnia et al
(2008), qui stipule que, les dépenses pour l'enseignement primaire sont
pro pauvres et celles du supérieur pro riches, conformes à
ceux de Atangana (2004), pour qui les dépenses publiques
d'éducation sont progressives au niveau de l'enseignement primaire et
régressives ailleurs, nous allons ignorer cet aspect lié au
revenu et intégrer plutôt les aspects genre et zone
géographique dans notre analyse. Ainsi, sur la base des données
de l'annuaire statistique 2004 nous examinerons la distribution des
différentes catégories de population classées par
région et selon le sexe aux différents niveaux de
scolarisation.
Dans la mesure où d'une part, les élèves
qui restent le plus longtemps dans le système éducatif sont issus
de façon disproportionnée des familles vivant en milieu urbain,
et d'autre part, un garçon camerounais a plus de chance qu'une fille de
parvenir aux niveaux supérieur d'éducation, on devrait s'attendre
à ce que leur revienne la plus grande partie des dépenses
d'éducation. Qu'en est il exactement ?
Les résultats obtenus après application de la
méthodologie de Demery, sont présentés dans le tableau
4.4. Ainsi, par exemple on peut observer que, dans la population
scolarisée des deux niveaux d'enseignement considéré,
près de la moitié des élèves sont issus de trois
régions à savoir Centre, Ouest et Littoral avec un taux
cumulé de 47,4% des effectifs. Ce qui leur confère une grosse
part d'appropriation des ressources en éducation évaluée
en pourcentage à 57,4%. D'où les 42,6% reviennent à
l'ensemble des sept régions restantes. Cette disproportion est d'autant
plus accentuée lorsque l'on effectue des comparaisons entre
régions. L'exemple le plus marquant se situe entre les régions du
littoral et de l'Est. La région de l'Est possède13% des effectifs
scolarisés mais ne reçoit que 4,46% des ressources en
éducation, alors que la région du Littoral, avec 12,4% des
effectifs scolarisés, reçoit 15,51% de ces ressources.
Tableau 4.4 : Disparités
sociales111(*) dans
l'appropriation des ressources publiques en éducation*
Groupe de population
|
Distribution de la population selon la localisation
géographique
|
Montant de la subvention en éducation dont
bénéficie le ménage
|
nombre
|
%
|
Montant (FCFA)
|
%
|
1-Extrême Nord
|
178 696
|
5,4
|
14 518
|
8,51
|
2-Nord-ouest
|
379 478
|
11,8
|
15 969
|
9,36
|
3-Nord
|
237 087
|
7,1
|
7 444
|
4,36
|
4-Adamaoua
|
133 871
|
4
|
5 364
|
3
|
5-Est
|
432 669
|
13
|
7 607
|
4,46
|
6-Ouest
|
521 880
|
15,7
|
30 281
|
17,75
|
7-Sud-ouest
|
246 221
|
7,4
|
11 937
|
7
|
8-Sud
|
140 576
|
4,2
|
9 817
|
5,9
|
9-Centre
|
641 699
|
19,3
|
41 179
|
24,15
|
10-Littoral
|
411 357
|
12,4
|
26 455
|
15,51
|
Genre
Masculin
|
1 807 713
|
54,3
|
93 586
|
54,9
|
Féminin
|
1 515 839
|
45.7
|
76 947
|
45,1
|
Total
|
3 323 552
|
100
|
170 533
|
100
|
* Enseignement primaire et secondaire
Source : Auteur, à partir des données de
l'annuaire statistique 2004, INS.
: Pourcentage des dépenses publiques d'éducation
par région.
Ces disparités sont moins accentuées suivant le
sexe des individus. En moyenne la population féminine dans
l'enseignement primaire est de 46% contre 45%112(*) dans l'enseignement secondaire. Cette population
reçoit à peu près un pourcentage proportionnel à
leur taille, en terme de ressources en éducation, 45,1% des ressources
leurs sont allouées contre 54,9% pour le sexe masculin.
Ces données factuelles donnent l'image d'un
système dans lequel les inégalités sociales sont tout
à fait substantielles, en particulier dans l'enseignement
supérieur, et sont croissantes lorsqu'on monte l'échelle
scolaire. Il apparaît clairement que ce n'est pas la dimension du genre
qui fait le plus de différences, des écarts sensiblement plus
importants existent selon la localisation géographique, ainsi que selon
le niveau de revenu familial suivant les résultats obtenus par Kamgnia
et Ondoa.
II-4-2-3- Recommandations
Selon la théorie marginaliste,
l'élévation du bien-être passe par une meilleure
utilisation des ressources existantes113(*). L'examen de l'utilisation des ressources publiques
en éducation révèle quelques disparités
liées à certaines caractéristiques
socio-économiques. Ces disparités éveillent en nous des
modestes recommandations qui pourront, dans une mesure dont nous
espérons significative, apporter une valeur ajoutée dans la
promotion de l'éducation dans la lutte contre la pauvreté.
Ainsi, sans prétendre à l'exhaustivité,
les responsables politiques en charge de l'éducation doivent :
§ Bien définir les clés de
répartition des dotations budgétaires ; les dotations ne
sont pas reparties de façon équitable entre les
établissements de même niveau, situés dans les
régions différentes ou d'une même région. Le rapport
entre la dotation perçue et le nombre d'élève moyen montre
une grande disparité. Il est important de répartir le budget
alloué aux établissements scolaires sur des bases
équitables et de définir clairement les clés de
répartition de ce budget.
§ Maintenir la répartition des ressources
publiques en éducation par sexe en supposant que l'indice de
parité reste constant ou s'améliore.
§ Recruter et affecter des enseignants qualifiés
dans les établissements scolaires appropriés. Et à ce
propos l'ouverture d'une école normale supérieur à Maroua,
est une initiative à encourager et à développer dans
d'autres régions sous scolarisées.
§ Répartir équitablement les
dépenses publiques en tenant compte des profils régionaux de
pauvreté, des niveaux et des taux de scolarisation. Car les zones les
plus pauvres sont les moins dotées en ressources publiques
éducatives.
§ Augmenter l'effort budgétaire afin de passer
à un niveau d'espérance de vie scolaire supérieur car
selon nos calculs, l'augmentation d'un point du PIB en faveur de
l'éducation augmente cette espérance de 2,26 années.
Conclusion de la deuxième partie
Toute dépense susceptible d'améliorer le niveau
de formation d'un individu a pour conséquence d'augmenter sa
productivité et donc ses revenus futurs, de la même façon
que l'achat de biens de capital par une entreprise permet à celle-ci
d'augmenter sa production et ses recettes ultérieures. Telle est la
théorie qui, à quelques variances près, soutient
fondamentalement l'analyse faite dans cette deuxième partie qui
s'attarde sur le rôle de l'éducation, à travers ses
dépenses, dans la promotion du développement au Cameroun.
Le système éducatif camerounais est très
marqué par l'action de l'Etat, qu'il s'agisse de l'offre
d'éducation ou de la demande d'éducation. L'effort national en
faveur de l'éducation est considérable, avec 3,1% du PIB
consacré au secteur éducatif en 2004. Il s'avère selon nos
résultats que ces ressources sont efficientes car elles permettent de
générer, avec une espérance de vie scolaire de 6,54
années, 2,26 années de scolarisation, ce qui est mieux en
comparaison avec les années antérieures où les niveaux de
scolarisation étaient inférieurs. Ce résultat pouvant
servir de levier en matière de politique éducative car, en ce qui
concerne le capital humain, suivant les résultats de l'ECAM III,
l'accroissement du niveau d'instruction du chef de ménage et de son
conjoint contribue à l'amélioration de manière importante
du bien être du ménage114(*).
Mais toute mesure de politique pouvant être prise, doit
intégrer le profil de scolarisation selon ses disparités
spatiales et structurelles. Nous avons vu que la structure du système
éducatif s'avère très inégalitaire dans la
répartition des ressources publiques : les 10% les plus
éduqués reçoivent 38% des ressources en éducation
et 3 régions sur 10 s'approprient 57,4% de ces dépenses au cours
de l'exercice 2003/2004. Ce qui, au-delà de tout progrès
observé en matière de scolarisation, suscite des actions majeures
pouvant réduire, voire éliminer, ces disparités afin de
rendre compte d'un des objectifs sous-tendus par l'éducation, à
savoir l'égalité des chances.
CONCLUSION GENERALE
Les préoccupations placées au centre de notre
travail étaient doubles :
- Premièrement, il s'agissait de justifier
l'accroissement des dépenses publiques au Cameroun. Nous avons
supposé au préalable comme hypothèse que le niveau de
développement détermine la hausse tendancielle des
dépenses publiques au Cameroun.
- Deuxièmement, c'est l'appréciation de
l'impact de cet accroissement des dépenses publiques qui devait
être faite en s'attardant sur un secteur particulier à savoir le
secteur éducatif. L'hypothèse faite à ce niveau est que
les dépenses publiques d'éducation au Cameroun ont un impact sur
le bien-être et la distribution inter ménages des revenus.
En ce qui concerne la première préoccupation,
nous l'avons abordée en considérant un modèle de
déséquilibre qui distinguait la demande et l'offre des
dépenses publiques. Ce modèle était soutenu
fondamentalement par quelques approches théoriques : 1) Du
côté de la demande des dépenses publiques, nous avons
évoqué la loi de Wagner, l'effet de Baumol, l'hypothèse de
l'électeur médian et de la redistribution aux groupes
d'intérêt ; 2) et du côté de l'offre des
dépenses publiques, nous avons mentionné l'effet de Baumol,
l' « effet de déplacement » de Peacock et
Wiseman, les éléments de la théorie de la bureaucratie et
la théorie de la capacité fiscale. Il s'avère en effet
que, selon Bernard (1985), l'on doit distinguer et mesurer les effets relatifs
de chaque facteur sur la croissance des dépenses publiques.
Cette spécification nous donne divers
résultats déjà présents dans la
littérature économique: Le niveau du revenu réel influence
significativement la variation de la demande des dépenses
publiques ; La faible productivité des services publics et le
montant des impôts et taxes agissent plutôt sur l'offre des
dépenses publiques ; Les effectifs de plus en plus croissants des
fonctionnaires explique la croissance des dépenses publiques de
fonctionnement et enfin le taux de croissance des dépenses publiques
d'investissement dépend de façon positive de son taux de
croissance passé.
Quant à la deuxième préoccupation qui
portait sur l'incidence des dépenses publiques d'éducation, nous
l'avons abordé à partir de deux approches. La première
approche mettait en exergue le rôle primordial de l'éducation dans
la promotion du développement. Ainsi, la théorie du capital
humain et la théorie de la croissance endogène nous ont paru
essentielles dans cette quête de justification théorique,
auxquelles nous ajoutons de façon concise quelques nouvelles
théories115(*)
économiques en matière d'éducation ;
La deuxième approche s'articulait en deux volets :
- un volet descriptif où le secteur éducatif camerounais est
décrit dans son ensemble (politique éducative et marché de
l'éducation) ; - et un volet analytique qui apprécie
l'effort national dans le dit secteur. Ainsi, il en ressort de l'exercice 2004
que les ressources éducatives sont globalement efficientes car, elles
génèrent un nombre relativement élevé
d'années de scolarisation (2,26 années). Mais une analyse en
terme de structure de scolarisation et en application de l'approche
bénéfice incidence permet de faire ressortir quelques
disparités116(*),
dont l'action gouvernementale consistera dans la mesure du possible à
les réduire voire à les éliminer.
Nous terminons notre réflexion par l'examen et
l'appropriation des recommandations dont quelques unes ont déjà
été émises dans chaque conclusion de chaque partie de
notre travail. Ces recommandations mettent principalement l'accent sur des
cadres d'actions et des stratégies à savoir :
§ La priorisation des dépenses publiques pro
pauvres c'est à dire les dépenses dans les secteurs de
réduction de la pauvreté ;
§ Le cadrage des dépenses publiques vers les
dépenses pro OMD ;
§ La bonne définition des clés de
répartition des dotations budgétaires en s'appropriant les
bonnes pratiques, en matière de définition des priorités
budgétaires, que sont : priorités définies par
programmes et sous-programmes et non par ministères/secteurs ;
protection des programmes prioritaires contre les compressions
budgétaires ; protection des dépenses d'investissement et
d'entretien ; amélioration de l'exécution et du
suivi ;
§ L'accentuation de la coordination entre le programme
pluriannuel et la libération annuelle des tranches
budgétaires ;
§ L'utilisation efficace et efficiente des gains de
l'allègement de la dette externe camerounaise. Ce qui permettrait de
tendre vers les OMD en matière de croissance économique et de
réduction de la pauvreté. Les autorités publiques doivent
doubler d'ardeur au niveau de la qualité des dépenses et
augmenter l'effort budgétaire dans les secteurs sociaux essentiels. La
quantité étant partiellement assurée au vu des vastes
projets d'investissement que connaît le Cameroun.
§ La crédibilisation de notre politique de
développement pour le long terme telle que présenter dans la
vision 2035, en améliorant la qualité des infrastructures
publiques.
En somme, il s'agit de développer une stratégie
comptable DSRP-OMD-CDMT-DP qui serait un outil efficace et une plate forme
à la fois de mobilisation des ressources publiques mais aussi
d'allocations de ces ressources dans les domaines générateurs de
développement durable pour le Cameroun.
ANNEXE
Tableau 2.1 : Evolution du taux des
dépenses publiques117(*) dans l'économie du Cameroun (%)
Année
|
Dépenses totales (G) en milliards de FCFA
|
PIB* (Y) en milliards de FCFA
|
G/Y (%)
|
1982
|
412
|
2173
|
18,9
|
1983
|
494
|
2618
|
18,8
|
1984
|
649
|
3372
|
19,2
|
1985
|
751
|
3628
|
20,7
|
1986
|
876
|
3416
|
25,6
|
1987
|
859
|
3189
|
26,9
|
1988
|
630
|
3093
|
20,36
|
1989
|
551
|
3014
|
18,3
|
1990
|
489
|
3005
|
16,3
|
1991
|
501
|
3319
|
15,1
|
1992
|
613
|
3230
|
19
|
1993
|
487
|
3049
|
16
|
1994
|
451
|
2799
|
16,1
|
1995
|
550
|
3264
|
16,85
|
1996
|
638
|
4008
|
15,9
|
1997
|
892
|
4291
|
20,7
|
1998
|
1042
|
4590
|
21,4
|
1999
|
1089
|
4871
|
22,35
|
2000
|
1174
|
5194
|
22,6
|
2001
|
1241
|
7104
|
17,46
|
2002
|
1387
|
7005
|
19,8
|
2003
|
1378
|
7330
|
18,8
|
2004
|
1345
|
7741
|
17,4
|
2005
|
1476
|
8119
|
18,18
|
2006
|
1530
|
8984
|
17,03
|
2007
|
1730
|
9230
|
18,7
|
*PIB au coût des facteurs 2006
Source : Auteur, à partir des lois de
finance et données statistiques BEAC
Tableau 2.2 : Evolution des
dépenses selon la classification fonctionnelle (109
FCFA)
Année
|
Dépenses de souveraineté
|
Dépenses économiques
|
Dépenses sociales
|
Dépenses ministérielles
|
Dépenses totales
|
1982
|
54
|
41
|
53
|
148
|
412
|
1983
|
67
|
50
|
69
|
186
|
494
|
1984
|
81
|
66
|
88
|
235
|
649
|
1985
|
101
|
77
|
104
|
282
|
751
|
1986
|
116
|
92
|
123
|
331
|
876
|
1987
|
123
|
103
|
135
|
361
|
859
|
1988
|
107
|
72
|
112
|
291
|
630
|
1989
|
108
|
65
|
117
|
290
|
551
|
1990
|
114
|
74
|
125
|
313
|
489
|
1991
|
119
|
81
|
141
|
341
|
501
|
1992
|
118
|
78
|
140
|
336
|
613
|
1993
|
114
|
59
|
129
|
302
|
487
|
1994
|
113
|
76
|
137
|
326
|
451
|
1995
|
121
|
76
|
88
|
285
|
550
|
1996
|
118
|
71
|
94
|
283
|
638
|
1997
|
128
|
98
|
119
|
345
|
892
|
1998
|
134
|
99
|
145
|
378
|
1042
|
1999
|
156
|
126
|
169
|
451
|
1089
|
2000
|
175
|
111
|
192
|
478
|
1174
|
2001
|
185
|
105
|
200
|
490
|
1241
|
2002
|
219
|
125
|
261
|
605
|
1387
|
2003
|
247
|
143
|
269
|
659
|
1378
|
2004
|
264
|
386
|
437
|
1087
|
1345
|
2005
|
251
|
525
|
365
|
1141
|
1476
|
2006
|
276
|
314
|
403
|
993
|
1530
|
2007
|
248
|
552
|
370
|
1170
|
1730
|
Source : Auteur, à partir des lois de
règlement de 1982-2007
Tableau 2.3 : Evolution des
dépenses publiques selon la classification catégorielle (109
FCFA)
Année
|
Dépenses de fonctionnement (a)
|
Dépenses d'investissement (b)
|
Taux de réalisation des dépenses en%
(c)
|
(a')
|
(b')
|
Dépenses totales
|
1982
|
244
|
65
|
86,8*
|
212
|
57
|
412
|
1983
|
253
|
90
|
86,8*
|
220
|
78
|
494
|
1984
|
235
|
195
|
86,8*
|
204
|
169
|
649
|
1985
|
296
|
220
|
86,8*
|
257
|
191
|
751
|
1986
|
327
|
310
|
86,8*
|
284
|
269
|
876
|
1987
|
356
|
340
|
86,8*
|
309
|
295
|
859
|
1988
|
400
|
250
|
86,8*
|
347
|
217
|
630
|
1989
|
320
|
225
|
83,4
|
267
|
188
|
551
|
1990
|
425
|
175
|
81
|
344
|
142
|
489
|
1991
|
302
|
186
|
91,13
|
275
|
170
|
501
|
1992
|
379
|
166
|
104,93
|
398
|
174
|
613
|
1993
|
410
|
136
|
85,5
|
351
|
116
|
487
|
1994
|
410
|
136
|
78,35
|
321
|
107
|
451
|
1995
|
362
|
184
|
94,59
|
342
|
174
|
550
|
1996
|
361
|
286
|
93,61
|
338
|
268
|
638
|
1997
|
417
|
147
|
80,17
|
334
|
118
|
892
|
1998
|
492
|
166
|
82,95
|
408
|
138
|
1042
|
1999
|
534
|
229
|
88,58
|
473
|
203
|
1089
|
2000
|
565
|
295
|
92,03
|
520
|
272
|
1174
|
2001
|
664
|
339
|
84,09
|
558
|
285
|
1241
|
2002
|
783
|
294
|
89,76
|
703
|
264
|
1387
|
2003
|
860
|
264
|
91,33
|
785
|
241
|
1378
|
2004
|
899
|
271
|
83,18
|
748
|
225
|
1345
|
2005
|
875
|
289
|
85,77
|
751
|
248
|
1476
|
2006
|
1010
|
348
|
82,3
|
831
|
286
|
1530
|
2007
|
1150
|
496
|
76,8
|
883
|
381
|
1730
|
* 86,6 est la moyenne des taux de
réalisation de 1989 à 2007 car avant 1989 cette statistique
n'était pas donnée.
a' = a*c et b' = b*c
Source : Auteur, à partir des lois de
finance de 1982 à 2007
Tableau 2.4 : Nombre de retards des
séries de l'équation de demande
variables
|
Nombre de retards
|
G
|
P=1
|
Urban
|
P=1
|
Logpop
|
P=5
|
Y
|
P=2
|
Relprice
|
P=1
|
XM
|
P=1
|
Source : Compilation de l'auteur
Tableau 2.7 : Test de stationnarité
sur la série de résidu : Equation de demande des
dépenses publiques
ADF Test Statistic
|
-2.986214
|
1% Critical Value*
|
-2.6700
|
|
|
5% Critical Value
|
-1.9566
|
|
|
10% Critical Value
|
-1.6235
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(RES)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 3 25
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
RES(-1)
|
-0.826096
|
0.276637
|
-2.986214
|
0.0070
|
D(RES(-1))
|
0.030724
|
0.218440
|
0.140654
|
0.8895
|
R-squared
|
0.400402
|
Mean dependent var
|
-0.041877
|
Adjusted R-squared
|
0.371850
|
S.D. dependent var
|
2.771200
|
S.E. of regression
|
2.196340
|
Akaike info criterion
|
4.494403
|
Sum squared resid
|
101.3021
|
Schwarz criterion
|
4.593142
|
Log likelihood
|
-49.68564
|
Durbin-Watson stat
|
1.941673
|
Source : Auteur, à partir de Eviews
Tableau 2.8 : Modèle MCE de la
demande des dépenses publiques suivant la méthode de Engle et
Granger
Dependent Variable: D(G)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 3 25
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
3.812530
|
6.171253
|
0.617789
|
0.5466
|
D(URBAN)
|
-0.623650
|
1.459125
|
-0.427414
|
0.6756
|
D(LOGPOP)
|
-185.9365
|
467.6875
|
-0.397566
|
0.6969
|
D(Y)
|
0.048616**
|
0.018328
|
2.652575
|
0.0189
|
D(RELPRICE)
|
11.96330
|
7.213294
|
1.658508
|
0.1194
|
D(XM)
|
-0.099674
|
0.088147
|
-1.130775
|
0.2771
|
D1
|
-1.595847
|
1.706004
|
-0.935430
|
0.3654
|
RES(-1)
|
-0.841896*
|
0.267824
|
-3.143461
|
0.0072
|
D(G(-1))
|
0.265411
|
0.219686
|
1.208137
|
0.2470
|
R-squared
|
0.665570
|
Mean dependent var
|
-0.076957
|
Adjusted R-squared
|
0.474467
|
S.D. dependent var
|
2.758418
|
S.E. of regression
|
1.999677
|
Akaike info criterion
|
4.510020
|
Sum squared resid
|
55.98192
|
Schwarz criterion
|
4.954344
|
Log likelihood
|
-42.86523
|
F-statistic
|
3.482786
|
Durbin-Watson stat
|
2.154870
|
Prob(F-statistic)
|
0.020039
|
Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%.
Source : Auteur, à partir de Eviews
Tableau 2.11 : Test de
stationnarité sur la série de résidu : Equation
d'offre des dépenses publiques
ADF Test Statistic
|
-3.580740
|
1% Critical Value*
|
-2.6700
|
|
|
5% Critical Value
|
-1.9566
|
|
|
10% Critical Value
|
-1.6235
|
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit
root.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(RES)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 3 25
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
RES(-1)
|
-1.002515
|
0.279974
|
-3.580740
|
0.0018
|
D(RES(-1))
|
0.098987
|
0.210588
|
0.470053
|
0.6432
|
R-squared
|
0.475376
|
Mean dependent var
|
0.052842
|
Adjusted R-squared
|
0.450394
|
S.D. dependent var
|
1.879208
|
S.E. of regression
|
1.393158
|
Akaike info criterion
|
3.583965
|
Sum squared resid
|
40.75870
|
Schwarz criterion
|
3.682704
|
Log likelihood
|
-39.21560
|
Durbin-Watson stat
|
2.094520
|
Source : Auteur, à partir de Eviews
Tableau 2.12 :
Modèle MCE de l'offre des dépenses publiques suivant la
méthode de Engle et Granger
Dependent Variable: D(G)
|
Method: Least Squares
|
Sample(adjusted): 3 25
|
Included observations: 23 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
0.125805
|
0.482833
|
0.260555
|
0.7980
|
D(RELPRICE)
|
11.23269***
|
5.471975
|
2.052766
|
0.0580
|
D(PUB)
|
-0.065140
|
0.057004
|
-1.142731
|
0.2711
|
D(DIRTAX)
|
1.047095*
|
0.145196
|
7.211592
|
0.0000
|
D(DEFICIT)
|
0.151665***
|
0.082319
|
1.842406
|
0.0853
|
D1
|
0.331344
|
0.657705
|
0.503789
|
0.6217
|
RES(-1)
|
-0.853880*
|
0.231671
|
-3.685743
|
0.0022
|
D(G(-1))
|
0.077315
|
0.119077
|
0.649286
|
0.5260
|
R-squared
|
0.815568
|
Mean dependent var
|
-0.076957
|
Adjusted R-squared
|
0.729500
|
S.D. dependent var
|
2.758418
|
S.E. of regression
|
1.434642
|
Akaike info criterion
|
3.827916
|
Sum squared resid
|
30.87297
|
Schwarz criterion
|
4.222871
|
Log likelihood
|
-36.02104
|
F-statistic
|
9.475841
|
Durbin-Watson stat
|
2.347233
|
Prob(F-statistic)
|
0.000156
|
Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%.
Source : Auteur, à partir de Eviews
Tableau 2.13 : Dynamique de long terme selon
la catégorie des dépenses publiques
variables
|
dépenses publiques de fonctionnement
(GF)
|
Dépenses publiques d'investissement
(GI)
|
coefficient
|
t-student
|
coefficient
|
t-student
|
Equation de demande
Constance
|
1375.894***
|
1.873437
|
-1349.387**
|
-2.200372
|
Urban
|
2.479099***
|
1.897722
|
-2.413815**
|
-2.212831
|
Logpop
|
-204.2339***
|
-1.844673
|
202.4800**
|
2.190177
|
Y
|
-0.009961***
|
-1.788657
|
0.018736*
|
4.029201
|
Relprice
|
-6.468841
|
-1.006349
|
6.826760
|
1.271869
|
XM
|
-0.102313
|
-1.636170
|
-0.029826
|
-0.571215
|
D1
|
-1.519360
|
-1.530680
|
-1.047490
|
-1.263802
|
Equation d'offre
Constance
|
15.65732**
|
2.525877
|
-7.342224
|
-1.424455
|
Relprice
|
-2.511794
|
-0.455841
|
9.476964***
|
2.068355
|
Pub
|
0.028274***
|
1.773075
|
-0.019350
|
-1.459290
|
Dirtax
|
-0.139599
|
-0.920890
|
0.453082*
|
3.594410
|
Déficit
|
-0.184929
|
-1.175693
|
0.042490
|
0.324865
|
D1
|
-3.125019**
|
-2.487494
|
-2.022606***
|
-1.936185
|
Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%.
Source : Compilation de l'auteur.
Tableau 2.14 : Dynamique de court terme selon
la catégorie des dépenses publiques
Variables
|
Accroissement des dépenses publiques de
fonctionnement (D(GF))
|
Accroissement des dépenses publiques
d'investissement (D(GI))
|
coefficient
|
t-student
|
coefficient
|
t-student
|
Equation de demande
Constante
|
1.601297
|
0.370993
|
1.754366
|
0.623781
|
D(URBAN)
|
2.581046**
|
2.497494
|
-2.007586*
|
-3.126485
|
D(LOGPOP)
|
-361.8393
|
-1.112134
|
79.94645
|
0.382176
|
D(Y)
|
-0.019689
|
-1.575984
|
0.032164*
|
4.201947
|
D(RELPRICE)
|
-5.823761
|
-1.162819
|
8.261404**
|
2.523208
|
D(XM)
|
-0.098003
|
-1.537231
|
-0.043370
|
-1.246626
|
D1
|
-0.139941
|
-0.120650
|
-1.061891
|
-1.408920
|
RES(-1)
|
-1.515447*
|
-3.420175
|
-1.034354*
|
-4.490882
|
D(F(-1)) / D(I(-1))
|
0.159382
|
0.649573
|
0.314811***
|
2.017447
|
Equation d'offre
Constante
|
-0.183945
|
-0.355575
|
0.227795
|
0.681862
|
D(RELPRICE)
|
-4.076207
|
-0.726967
|
7.731173***
|
1.905094
|
D(PUB)
|
0.128772**
|
2.235600
|
-0.020352
|
-0.533998
|
D(DIRTAX)
|
-0.147114
|
-0.948561
|
0.410581*
|
3.917180
|
D(DEFICIT)
|
-0.058372
|
-0.629256
|
0.120837***
|
2.035792
|
D1
|
-0.651437
|
-0.954390
|
-0.140919
|
-0.310369
|
RES(-1)
|
-1.557329*
|
-4.498542
|
-0.966366*
|
-4.313199
|
D(F(-1)) / D(I(-1))
|
0.413559
|
1.655797
|
0.343480***
|
2.088452
|
Notes : * indique une significativité à 1%,
** indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%.
Source : Compilation de l'auteur.
Tableau 3.1 : Évolution des
effectifs scolarisés par niveau et type d'enseignement
Niveau d'enseignement
|
1985/86
|
1990/91
|
1995/96
|
1996/97
|
1997/98
|
1998/99
|
1999/00
|
2000/01
|
2001/02
|
2002/03
|
2003/04
|
Préscolaire
Public
Privé
|
73 571
|
93 605
58 971
34 634
|
81 504
45 642
35 862
|
87 318
45 405
41 913
|
91 708
44 020
47 688
|
103 908
47 798
56 110
|
113 648
48 869
64 779
|
125 674
52 783
72 891
|
135 996
51 539
84 457
|
138 716
52 570
86 146
|
175 970
62 773
113 197
|
Primaire
Public
Privé
|
1 705 319
|
1 964 146
1 473 110
491 037
|
1 874 873
1 443 652
431 221
|
1 931 129
1 448 347
482 782
|
2 023 809
1 477 381
546 428
|
2 133 707
1 557 606
576 101
|
2 237 083
1 610 700
626 383
|
2 689 052
1 963 008
726 044
|
2 723 371
2 084 562
638 809
|
2 798 523
2 142 086
656 437
|
2 906 732
2 222 051
684 681
|
Secondaire général
Ier Cycle
Public
Privé
2nd cycle
Public
Privé
|
260 158
|
409 729
270 445
164 971
105 474
139 320
84 985
54 335
|
480 190
316 925
225 017
91 908
163 265
115 918
47 347
|
484 461
319 744
220 623
99 121
164 717
113 655
51 062
|
500 222
330 147
244 309
85 838
170 075
125 856
44 220
|
504 677
333 087
246 484
86 603
171 590
126 977
44 613
|
554 830
366 188
263 655
102 533
188 642
135 822
52 820
|
618 283
438 283
311 181
127 102
179 000
127 090
51 910
|
618 147
467 520
326 613
138 907
150 627
107 012
43 615
|
669 129
504 586
354 666
149 920
164 543
116 899
47 644
|
762 053
576 760
392 431
184 329
185 293
126 828
58 465
|
Post primaire (public)
|
|
13 357
|
8 033
|
11 277
|
13 769
|
14 202
|
15 834
|
17 464
|
15 625
|
13 875
|
|
Secondaire technique
Ier Cycle
Public
Privé
2nd cycle
Public
Privé
|
|
90 051
65 737
26 952
38 785
24 314
9 969
14 345
|
108 519
79 219
49 116
30 103
29 300
18 166
11 134
|
108 020
78 855
48 890
29 865
29 165
18 082
11 083
|
112 085
81 822
50 730
31 092
30 263
18 763
11 500
|
122 122
89 149
56 164
32 985
32 973
20 773
12 200
|
143 839
106 687
67 213
39 474
37 152
23 406
13 746
|
146 469
107 134
62 138
44 996
39 335
22 814
15 521
|
141 757
104 572
66 887
37 685
37 185
19 509
17 576
|
137 044
102 009
65 248
36 761
35 035
18 381
16 654
|
139 317
|
Normal
|
-
|
-
|
-
|
5 339
|
7 080
|
9 402
|
9 521
|
12 732
|
9 605
|
9 739
|
5 068
|
Supérieur
Public
Privé
|
14 293
-
|
29 457
-
|
38 145
-
|
38 674
-
|
49 265
-
|
60 534
-
|
65 677
59 260
6 417
|
68 311
63 135
5 176
|
77 705
71 091
6 616
|
7 213
|
85 790
78 790
7000
|
Source : MINEDUC et MINESUP (2003/2004)
Tableau 3.2 : Évolution du taux
brut de scolarisation (%) par niveau et type d'enseignement
|
1990/91
|
1995/96
|
1996/97
|
1997/98
|
1998/99
|
1999/00
|
2000/01
|
2001/02
|
2002/03
|
2003/04
|
Préscolaire
|
13,3
|
9,9
|
10,3
|
10,5
|
11,6
|
12,4
|
13,3
|
13,9
|
13,8
|
6,6
|
Primaire
|
96,3
|
81,2
|
81,6
|
83,4
|
85,7
|
87,7
|
102,8
|
104,7
|
105,4
|
100,1
|
Secondaire général Ier
Cycle
|
25,3
|
25,3
|
24,8
|
24,8
|
24,2
|
25,8
|
28,8
|
28,8
|
32,1
|
35,3
|
Secondaire général 2nd
cycle
|
18,8
|
18,6
|
18,2
|
18,1
|
17,7
|
18,8
|
16,3
|
16,3
|
16,4
|
19,8
|
Total secondaire général
|
22,6
|
22,6
|
22,0
|
22,0
|
21,5
|
22,9
|
23,6
|
23,6
|
25,5
|
|
Secondaire technique Ier cycle
|
6,1
|
6,3
|
6,1
|
6,1
|
6,5
|
7,5
|
7,3
|
7,1
|
6,7
|
|
Secondaire technique 2nd cycle
|
3,3
|
3,3
|
3,2
|
3,2
|
3,4
|
3,7
|
3,8
|
3,7
|
3,4
|
|
Total secondaire technique
|
5,0
|
5,1
|
4,9
|
4,9
|
5,2
|
5,9
|
5,9
|
5,0
|
4,9
|
|
Supérieur (étudiants/100 000
hab.)
|
254,2
|
287,3
|
283,2
|
353,9
|
423,2
|
439,2
|
453,7
|
503,6
|
509,6*
|
|
Source: MINEDUC (2004), « la carte scolaire 2002/03
et 2003/04 »
Tableau 3.3 : Estimation logistique de la
probabilité d'accès à l'école, 2001
Quintile de revenu
|
Coefficient
|
(seuil de significativité)
|
1er quintile (20 % + pauvres; Ref.)
|
-
|
-
|
2ème quintile de revenu
|
+0,292
|
***
|
3ème, 4ème et
5ème quintiles de revenu
|
+0,710
|
***
|
*** : Variable significative au seuil de 1 %.
Source : INS (2002), « ECAM II ».
Tableau 3.4 : Taux brut de
fréquentation scolaire du Secondaire (TBFS) de la population de droit
des ménages, (EDSC III 2004)
Quintile de revenu
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
1er quintile (20 % + pauvres)
|
13,6
|
9,1
|
11,5
|
2ème quintile de revenu
|
20,6
|
12,1
|
16,4
|
3èmequintile de revenu
|
39,7
|
31,0
|
35,5
|
4ème quintile de revenu
|
64,7
|
58,1
|
61,5
|
5ème quintile de revenu (20%+riches)
|
100,4
|
90,1
|
95,2
|
Source : INS (2002), « ECAM II ».
Tableau 3.6 : Proportion de redoublants
(%) par niveau d'études, 1990-2002
|
1990-91
|
1995-96
|
1997-98
|
1998-99
|
1999-00
|
2000-01
|
2002-03
|
Ensemble du Cameroun
|
Ensemble
|
Francophone
|
Anglophone
|
Primaire
|
27,5
|
25,0
|
27,5
|
27,3
|
27,5
|
24,8
|
25,8
|
28,1
|
17,4
|
Secondaire Général 1
|
20,2
|
24,6
|
15,3
|
16,0
|
12,1
|
Secondaire Général 2
|
27,0
|
21,8
|
26,2
|
27,5
|
13,0
|
Source : MINEDUB et MINESEC (2008),
« stratégie sectorielle de l'éducation »
Tableau 3.7: Taux de redoublement (%) par
sous-système et par grade, 2002/2003
Cycle
|
Primaire
|
Secondaire 1er cycle
|
Secondaire 2ème cycle
|
Niveau
|
SIL
CL1
|
CP
CL2
|
CE1
CL3
|
CE2
CL4
|
CM1
CL5
|
CM2
CL6
|
CL7
|
6è
JS1
|
5è
JS2
|
4è
JS3
|
3è
JS4
|
JS5
|
2nde
SS1
|
1ère
SS2
|
Term.
|
Système
Francophone
|
36,0
|
23,9
|
32,5
|
23,7
|
26,9
|
22,7
|
-
|
11,8
|
11,2
|
16,5
|
27,3
|
-
|
14,1
|
33,6
|
39,9
|
Système
Anglophone
|
21,2
|
16,8
|
17,3
|
16,5
|
20,4
|
20,1
|
8,2
|
7,1
|
6,3
|
10,2
|
11,3
|
16,7
|
15,6
|
7,1
|
-
|
Ensemble
|
33,6
|
22,5
|
29,8
|
22,1
|
25,3
|
22,0
|
(8,2)
|
10,9
|
10,3
|
15,4
|
25,0
|
(16,7)
|
14,3
|
30,3
|
(39,9)
|
Source : MINEDUB et MINESEC (2008),
« stratégie sectorielle de l'éducation »
Tableau 3.8 : L'efficacité interne
dans les flux d'élèves par cycle (2002-2003)
Cycles
|
\ Sous-système v
|
Ensemble
|
Francophone
|
anglophone
|
Primaire
|
|
|
|
|
Nombre d'années dans le cycle
|
|
6
|
7
|
6
|
(1)
|
Nombre d'années élèves théoriques
utiles dans le cycle
|
840,4
|
355,8
|
484,6
|
478,7
|
(2)
|
Nombre d'années élèves effectivement
consommées
|
1328,1
|
582,5
|
745,6
|
660,9
|
(3)
|
Nombre années élèves gaspillées du
fait des abandons.
|
212,2
|
100,6
|
111,6
|
48,2
|
(4)
|
Nombre d'années élèves gaspillées
du fait des redoublements
|
275,7
|
126,1
|
149,4
|
134,0
|
|
Coefficient d'efficacité interne global (1)/(2)
|
63,3%
|
61,1%
|
65,0%
|
72,4%
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des abandons (1)/((2)-(4))
|
79,8%
|
78,0%
|
81,3%
|
90,9%
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des redoublements (1)/((2)-(3))
|
79,3%
|
78,4%
|
80,0%
|
79,7%
|
Collège
|
|
|
|
|
Nombre d'années dans le cycle
|
|
4
|
5
|
(1')
|
Nombre d'années élèves théoriques
utiles dans le cycle
|
715,5
|
362,7
|
352,8
|
(2')
|
Nombre d'années élèves effectivement
consommées
|
883,4
|
426,5
|
456,8
|
(3')
|
Nombre d'années élèves gaspillées
du fait des abandons.
|
72,0
|
6,7
|
65,4
|
(4')
|
Nombre d'années- élèves gaspillées
du fait des redoublements
|
95,8
|
57,1
|
38,6
|
|
Coefficient d'efficacité interne global (1')/(2')
|
81,0%
|
85,0%
|
77,2%
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des abandons (1')/((2')-(4'))
|
90,9%
|
98,2%
|
84,4%
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des redoublements (1')/((2')-(3'))
|
89,2%
|
86,6%
|
91,5%
|
Lycée
|
|
|
|
|
Nombre d'années dans le cycle
|
|
3
|
2
|
(1'')
|
Nombre d'années élèves théoriques
utiles dans le cycle
|
450,5
|
206,9
|
243,6
|
(2'')
|
Nombre d'années élèves effectivement
consommées
|
598,6
|
350,8
|
247,8
|
(3'')
|
Nombre d'années élèves gaspillées
du fait des abandons.
|
50,3
|
72,0
|
21,8
|
(4'')
|
Nombre d'années- élèves gaspillées
du fait des redoublements
|
97,9
|
71,9
|
26
|
|
Coefficient d'efficacité interne global (1'')/(3'')
|
75,3% *
|
59,0%
|
98,3% *
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des abandons (1'')/((2'')-(4''))
|
90,0% *
|
74,2%
|
109,8% *
|
|
Coefficient d'efficacité interne ne tenant compte que
des redoublements (1'')/((2'')-(3''))
|
83,7%
|
79,5%
|
89,5%
|
Coefficient d'efficacité interne global tous cycles
confondus ( (1)+(1')+(1'') ) / ((3)+(3')+(3'') )
|
71,4% *
|
68,1%
|
74,5% *
|
* des problèmes de données invalident le
«CEI abandons» anglophone et réduisent la fiabilité des
coefficients qui lui sont liés
Source : MINEDUB et MINESEC (2008) :
Stratégie sectorielle de l'éducation.
Tableau 3.9 : Répartition de
la situation d'emploi des actifs (25-34 ans) suivant le secteur
d'activité et le type d'emploi selon leur niveau
d'instruction
Niveau d'instruction
|
Secteur formel
|
Secteur informel
|
Chômage
|
Total
|
Cadres supérieurs
|
Cadres moyens
|
Employés ouvriers
|
Sans qualification
|
A leur compte
|
Aucun
|
0
|
0
|
2
|
1
|
1
|
81
|
15
|
100
|
Primaire inachevé
|
0
|
0
|
3
|
3
|
2
|
77
|
16
|
100
|
CM2
|
0
|
1
|
5
|
4
|
4
|
66
|
20
|
100
|
Secondaire Général 1 inachevé
|
0
|
1
|
10
|
4
|
3
|
56
|
26
|
100
|
Secondaire Technique 1 inachevé
|
0
|
1
|
11
|
7
|
3
|
55
|
23
|
100
|
Secondaire Général 1 achevé
|
0
|
2
|
13
|
6
|
4
|
45
|
30
|
100
|
Secondaire Technique 1 achevé
|
0
|
2
|
14
|
8
|
7
|
46
|
24
|
100
|
Secondaire Général 2.
|
1
|
6
|
20
|
6
|
5
|
33
|
30
|
100
|
Secondaire Technique 2.
|
2
|
7
|
14
|
5
|
5
|
34
|
33
|
100
|
Université 1er 2è Année
|
2
|
18
|
14
|
4
|
3
|
11
|
48
|
100
|
Université 3è Année et +
|
25
|
12
|
9
|
4
|
3
|
12
|
35
|
100
|
Ensemble
|
2
|
3
|
8
|
4
|
3
|
57
|
24
|
100
|
Source : INS (2002), « ECAM II »
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
v Abizadeh S. et Yousefi M. (1988): « The growth of
government expenditure: the case of Canada », Public Finance
Quaterly.
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growth through creative destruction », Econometrica, vol 60, pp.
323-351.
v Atala E. (2008) : « La contribution de
l'éducation à la croissance économique au
Cameroun », Thèse de Doctorat, université de
Yaoundé II.
v Atangana. O. (2004): « Les effets
redistributifs des dépenses publiques d'éducation au
Cameroun », mémoire de D.E.A., université de
Yaoundé II
v Balma L. et al
(2008) : « Dépenses publiques d'éducation et
pauvreté au Burkina Faso : une approche en équilibre
général calculable selon le principe de la micro
simulation », Réseau PEP, projet de recherche.
v Barro R.J. (1991): « Economics growth in a cross
section of countries », Quaterly journal of Economics, 106, pp
407-443.
v Banque mondiale (1995): Un continent en transition :
L'Afrique subsaharienne au milieu des années 90, région Afrique,
Washington.
v Banque mondiale (2002) : Education et formation
à Madagascar : vers une politique nouvelle pour la croissance
économique et la réduction de la pauvreté, document de
travail, région Afrique.
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE.......................................................................................I
AVERTISSEMENT.............................................................................III
DEDICACES....................................................................................IV
REMERCIEMENTS.............................................................................V
RESUME/ABSTRACT.........................................................................VI
LISTE DES
ABREVIATIONS...............................................................VII
LISTES DES
TABLEAUX.....................................................................IX
LISTES DES
GRAPHIQUES..................................................................XI
INTRODUCTION
GENERALE............................................................1
Partie I : ESSAI DE JUSTIFICATION DE LA CROISSANCE DES
DEPENSES PUBLIQUES
....................................................................................9
Chapitre I : APPROCHES THEORIQUES EN MATIERE DE DEPENSES
PUBLIQUES....................................................................................11
Section I)- Les dépenses publiques expliquées par
les approches basées sur la
demande :........................................................................................11
I-1-1-1)- La loi de
WAGNER..................................................................12
a)- Les enseignements de la
loi.........................................................12
b)- Résultats empiriques controversés
................................................12
I-1-1-2)- théorème de l'électeur
médian......................................................13
a)- Demande de bien public par l'électeur
médian..................................14
b)- Redistribution de revenu à l'électeur
médian....................................14
I-1-1-3)- Existence de la demande pour la redistribution de
revenu aux groupes
d'intérêt............................................................................................15
Section II)- Les dépenses publiques expliquées par
les approches basées sur
l'offre.............................................................................................16
I-1-2-1)- La thèse de
BAUMOL...............................................................16
I-1-2-2)- L'effet de déplacement de PEACOCK et
WISEMAN .........................17
I-1-2-3)- Eléments de la théorie de la
bureaucratie..........................................18
a)- Les caractéristiques de la
bureaucratie............................................18
b)- Les modèles de comportement
bureaucratique..................................19
I-1-2-4)- La théorie de la capacité
fiscale.....................................................20
Section III-)- Les approches du
déséquilibre.............................................21
I-1-3-1)- Le modèle de
déséquilibre...........................................................22
I-1-3-2)- L'évolution des dépenses publiques dans
l'approche du déséquilibre.........22
Chapitre II : DE L'ACCROISSEMENT DES DEPENSES
PUBLIQUES.........25
Section I)- Analyse de l'évolution des dépenses
publiques au Cameroun
(1982-2008)...............................................................................................25
I-2-1-1)- Selon la classification
fonctionnelle................................................27
a)- Les dépenses publiques de
souveraineté..........................................27
b)- Les dépenses
économiques.........................................................28
c)- Les dépenses
sociales...............................................................28
I-2-1-2)- Selon la classification
catégorielle.................................................29
a)- Les dépenses publiques de
fonctionnement......................................29
b)- Les dépenses publiques
d'investissement.......................................30
Section II)- Vérification empirique de la loi de Wagner
dans le cas du
Cameroun................................................................................31
I-2-2-1)- Présentation du
modèle...............................................................32
a)- Spécification des
variables.........................................................32
b)- Identification des équations d'offre et de
demande.............................33
i)- Equation de
demande........................................................33
ii)- Equation
d'offre.............................................................33
iii)- Equation de
déséquilibre...................................................34
I-2-2-2)- Présentation du cadre
méthodologique.............................................35
a)- Les tests de stationnarité et de co-intégration
sur les séries utilisées.........35
i)- Les tests de
Dickey-Fuller..................................................35
ii)- Test de
co-intégration......................................................37
b)- La méthode du maximum de
vraisemblance....................................38
Section III)- Estimations et
recommandations..........................................39
I-2-3-1)- Estimation du
modèle...............................................................39
a)- Equation de demande des dépenses
publiques..................................39
b)- Equation d'offre des dépenses
publiques........................................42
I-2-3-2)- Commentaires et recommandations de politiques
économiques...............44
a)- Interprétations des résultats des
différentes spécifications.....................44
b)- Implications de politique
économique............................................47
Conclusion de la première
partie............................................................49
Partie II : DEPENSES PUBLIQUES ET DEVELOPPEMENT : le
cas du secteur de l'éducation au
Cameroun..................................................................50
Chapitre III : DU ROLE DE L'EDUCATION DANS LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT
..........................................................................52
Section I)- Considérations
théoriques...................................................... 53
II-3-1-1)- Théorie du capital
humain..........................................................53
II-3-1-2)- Théories de la croissance
endogène...............................................55
Section II)- Le marché de l'éducation au
Cameroun....................................58
II-3-2-1)- La situation de la demande
d'éducation..........................................58
a)- Evolution des effectifs
scolarisés..................................................58
b)- Evolution du taux brut de
scolarisation..........................................60
c)- Analyse des disparités de la demande
d'éducation.............................60
II-3-2-2)- La situation de l'offre
d'éducation................................................61
a)- Evolution des structures
d'accueil................................................62
b)- La qualité des services
offerts......................................................62
Section III)- Les politiques et stratégies en
matière d'éducation au Cameroun...65
II-3-3-1)- La politique sectorielle de
l'éducation............................................66
a)- La stratégie sectorielle de première
génération..................................66
b)- La stratégie sectorielle unifiée de
l'éducation...................................67
II-3-3-2)- Efficacité interne du système
éducatif au Cameroun...........................69
II-3-3-3)- Education et développement économique au
Cameroun.......................71
Chapitre 4 : ANALYSE DE L'INCIDENCE DES DEPENSES PUBLIQUES
D'EDUCATION ...............................................................................74
Section I)- Aspects factuels et théoriques de l'analyse
des dépenses publiques
d'éducation.......................................................................................75
II-4-1-1)- Vue d'ensemble des dépenses publiques
d'éducation..........................75
a)- Financement du secteur
éducatif...................................................75
b)- Distribution des dépenses publiques par niveau
d'enseignement et par
nature..........................................................................................76
c)- Une mesure de l'efficience globale dans l'usage des
ressources publiques en éducation
.................................................................................78
II-4-1-2)- Exposé de l'approche Benefit
Incidence..........................................79
a)- Analyse d'incidence appliquée à
l'éducation....................................80
b)- Commentaire de cette
approche...................................................82
Section II)- L'équité dans les scolarisations et la
distribution des ressources publiques pour
l'éducation ..................................................................83
II-4-2-1)- La dimension structurelle de la distribution des
ressources publiques en
éducation..........................................................................................84
a)- L'estimation des coûts unitaires selon la
méthode agrégée....................84
b)- La répartition structurelle des ressources publiques
au sein d'une cohorte..86
II-4-2-2)- Les disparités de scolarisation selon certaines
caractéristiques socio-économiques : la
sélectivité sociale dans la distribution des ressources publiques
en éducation au
Cameroun.........................................................................88
II-4-2-3)-
Recommandations...................................................................90
Conclusion de la deuxième
partie...........................................................92
Conclusion
générale...........................................................................93
ANNEXE.........................................................................................95
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES................................................107
TABLES DES
MATIERES.................................................................117
* 1 Voir Greffe X. (1999) :
Gestion publique, Dalloz.
* 2 En Afrique au sud du Sahara
le déficit des administrations publiques est passé de 5% du PIB
en 1984 à 11% en 1992 (
FMI). Cela illustre les
difficultés à réduire les dépenses publiques en
dehors des dépenses d'investissement
* 3 Cf. FMI :
« Dépenses publiques : fondement et
structures », institut du FMI.
* 4« L'économie
publique apparaît comme l'étude positive et normative des effets
de l'action de l'Etat sur l'économie. Dans l'approche positive on tente
d'expliquer les causes du comportement de l'Etat et ses conséquences sur
celui des firmes et des ménages ; l'approche normative étant
consacrée à la recherche des règles optimales de politique
économique compte tenu de l'impact des décisions publiques sur le
bien-être de la collectivité », MOUGEOT M. (1989) :
Economie du secteur public, Economica.
* 5 Entre 1980 et 2006, l'aide
nette (allégements compris) a été multipliée par
cinq, les envois de fonds par neuf, et l'investissement direct étranger
par cinquante, Finances et développement, septembre 2008.
* 6 La part des dépenses
publiques d'éducation sur le budget global est passée de 12,4% en
2000/2001à 14,1% en 2001/2002 pour s'élever à 15,08% en
2003 (loi de Finance 2003, MINEFI).
* 7 Encore appelée loi de
l'accroissement de l'activité de l'Etat.
* 8 Cf.
FMI : « Dépenses publiques : fondement et
structures », institut du FMI.
* 9 Citée dans Bernard
(1985) : Economie publique, Economica
* 10 Thèse
défendue par Baumol (1967).
* 11 Cité dans Weber L.
(1978) : Analyse économique des dépenses publique, P.U.F.
* 12 Crozet Y. (1997):
Analyse économique de l'Etat, Armand colin, 2e
édition.
* 13 Henrekson et Lybeck pour
les dépenses publiques en Suède, Dudley et Montmarquette pour le
Canada
* 14 Ou approche mixte.
* 15 Valeur maximale des
dépenses publiques de consommation 10% et celle des dépenses
publiques d'investissement 6%.
* 16 Il trouve que les
dépenses publiques d'éducation sont progressives au niveau de
l'enseignement primaire et régressives ailleurs.
* 17 C'est le volume du
crédit intérieur brut octroyé aux entreprises publiques en
pourcentage du PIB.
* 18 C'est le cas par exemple
de la France où il existe un conseil scientifique de
l'évaluation, un secrétariat d'Etat auprès du premier
ministre chargé de la prospection et de l'évaluation des
politiques publiques
* 19 Reste encore l'aventure
cosmique et l'obsession athéiste ou païenne de bien vouloir
« créer » l'homme et ainsi de tuer
définitivement Dieu
* 20 A titre d'illustration, on
peut citer les travaux de Musgrave et Borcheding, d'Alcantara et Barten,
Mueller...
* 21 École du
bien-être néo-classique, école des choix publics,
école du marché politique...
* 22 Gaudemet P.M. et Molinier
J. (1996) : Finances publiques, 7e éd, Montchrestien
* 23 A. Wagner était un
économiste allemand, professeur d'économie politique à
l'université de Berlin. Son oeuvre est considérable et a
porté fondamentalement sur la banque et le crédit. Mais il reste
surtout célèbre par un magistral traité de
« services de finances publiques » en 4 volumes dans lequel
il prône l'avènement d'un véritable « socialisme
d'Etat ».
* 24 Voir introduction de la
première partie.
* 25 Tsafack R. (2005)
* 26 En supposant, pour
simplifier que la population est constante (situation presque
vérifiée dans les économies de marché
industrialisées) la loi de Wagner peut se formaliser par
G/Y = F (Y) avec dF/dY > 0
Or dF/dY = 1/Y*(dG/dY - G/Y) > 0 alors dG/dY*Y/G > 1
* 27 Ce modèle part de
la demande de l'électeur médian et se présente comme
suit :
q =
AðçPç+1YäNè+1mè,
q est la demande physique de biens publics par l'électeur
médian ; P est le coût relatif moyen de ces biens ; Y
est le revenu réel moyen par tête ; N est la population
totale ; m les facteurs explicatifs résiduels (parmi lesquels les
pressions bureaucratiques) et les exposants de cette relation sont les
élasticités partielles de la demande de dépense publique
par rapport à chacun de ces facteurs.
* 28 Cette demande, issue de
la maximisation sous contrainte d'une fonction d'utilité collective de
type CES, prend la forme logarithmique avec variables retardées.
* 29 Pour la France 0,489,
l'Italie (0,828) et le Royaume Uni 0,371 mais supérieure à
l'unité pour l'Allemagne (1,175)
* 30 Ram rejette
l'hypothèse de Wagner sur un échantillon de 115 pays en coupe
transversale, de même Muller ne trouve pas de relation positive entre les
dépenses publiques et l'urbanisation, Abizadeh et Yousefi trouvent une
relation positive entre la part des dépenses publiques et le PNB per
capita, Dudley et Montmarquette vérifie l'hypothèse de
Wagner : le revenu per capita a un effet positif sur la part des
dépenses publiques.
* 31 Modèles de
Borcherding, d'Alcantara et Barten, Muller
* 32 En effet, la charge des
prélèvements pèse proportionnellement plus sur les
catégories aisées du fait de la progressivité de
l'impôt sur le revenu et sur celles des plus défavorisées
(du fait du mode de prélèvement des cotisations sociales et de
l'importance de l'imposition sur la dépense).
* 33 Les unions, les
corporations, d'autres organisations etc.
* 34 BAUMOL W.J. (1967) :
« The macroeconomics of unbalanced growth », American
Economic Review
* 35 Les dépenses
nouvelles engagées pour faire face à la crise ou à la
guerre seraient ensuite maintenues sous d'autres formes. Aux dépenses
militaires, par exemple, succèdent celles de la reconstruction ainsi que
les pensions à verser aux anciens combattants et à leur
famille.
* 36 H1 : le budget B (q)
que le politique va allouer au bureaucrate est l'utilité totale que le
politique retire d'un niveau de production égal q.
H2 : le bureaucrate maximise le budget.
H3 : si C (q) est le coût de production. Le
bureaucrate de Niskanen va respecter la condition B (q) = C (q) tout en
cherchant à maximiser son budget.
* 37 Ce type de jeu
où les paramètres ici á et â [0,1] est dit jeu sur
le carré unitaire
* 38 Modèle à
variable dépendante limitée pour lesquels la variable
dépendante est continue mais n'est observable que sur un certain
intervalle.
* 39 Ceci est la condition du
maximum.
* 40 Règle du
côté long : lorsque l'offre est supérieure
à la demande c'est l'offre qui détermine les dépenses
publiques. Mais quand c'est la demande qui est supérieure alors le
niveau des dépenses se situe sur la demande
Règle du côté court :
lorsque l'offre est supérieure à la demande, c'est la demande qui
détermine les dépenses publiques. Mais quand c'est la demande qui
est supérieure, le niveau des dépenses se situe sur l'offre.
* 41 Qui voudrait que dans les
pays à faible revenu per capita, on doit s'attendre à ce que les
électeurs soient contraints par la capacité du système
fiscal d'extraire des revenus provenant des taxes
* 42 Tsafack R. (2005), op.
cit.
* 43 Il précise en
effet que, la validité de la loi de Wagner en ce qui concerne les
économies de la CEMAC peut être appréciée à
partir de la part des dépenses publiques dans le PIB,
considérée comme l'indicateur le plus évident de
l'interventionnisme économique.
* 44 Dans l'estimation du taux
de dépenses publiques nous avons inclus le montant du déficit
budgétaire dans la mesure où ce dernier participe
également à la dépense et doit par conséquent
être considéré comme une partie intégrante du poids
économique de l'Etat
* 45 La dépense est au
centre de la politique budgétaire de l'Etat, en ce sens que
l'exécution des dépenses se fait toujours en fonction du niveau
des recettes réalisées.
* 46 Les différents
programmes d'ajustement structurel (PAS) adoptés par le Cameroun ont
défini certaines priorités susceptibles de garantir la reprise
économique. C'est le cas des dépenses en capital, des
dépenses sociales et d'infrastructures et des dépenses
d'intérêts sur la dette extérieure. Le premier programme
d'ajustement structurel (PAS) couvrait la période septembre 1988-juin
1990 et l'avant dernier des six programmes du 01 Octobre 2000 au 30 septembre
2003.
* 47 En 1997, la part du
service de la dette dans les dépenses totales est de 34,2% et dans les
dépenses courantes 38,9%
* 48 Les montants proviennent
des différentes lois de règlement de la période
considérée.
* 49 Les secteurs de
souveraineté englobent l'ensemble des ministères en plus de la
présidence de la république et du premier ministère, qui
ont des fonctions générales au niveau de la nation. Explicitement
nous avons : PRC, SRPRC, AN, PM, CES, MINREX, MINATD, MINJUSTICE, COUR
SUPREME, CONTROLE SUPERIEUR ETAT, DGSN, MINDEF et MINFOPRA
* 50 Ce sont les
dépenses qui concernent les secteurs productifs et d'infrastructure
relevant des ministères économiques, des travaux publics et
d'urbanisation. On y retrouve : MINFI, MINCOMMERCE, MINEPAT, MINTOUR,
MINEP, MINIMIDT, MINADER, MINEPIA, MINEE, MINTP, MINDAF, MINDUH, MINPMEESA,
MINPOSTEL et MINTRANS.
* 51 MINCULT, MINEDUB,
MINSEP, MINCOM, MINESUP, MINRESI, MINESEC, MINJEUN, MINEP, MINFOF, MINEFOP,
MINSANTE, MINTSS, MINAS et MINPROFF
* 52 Atteinte du point de
décision en 2000 et du point d'achèvement en 2006.
* 53 Le 3e poste est
le service de la dette que nous n'intégrons pas dans notre analyse car
cette dépense a servi ou sert aux financements des dépenses de
fonctionnement et d'investissement.
* 54 Comme l'ont montré
Nelson et Ploser (1982), la plupart des séries macroéconomiques
sont non stationnaires à niveau.
* 55 Le signe attendu pour le
revenu réel par habitant est parfois indéterminé,
étant donné que la taille du gouvernement est calculée
à partir du revenu national. Selon l'étude de Abizadeh
et Yousefi (1988) ces auteurs
trouvent une relation positive entre la part des dépenses publiques et
le PIB per capita dans un modèle de série chronologique pour le
Canada pour la période de 1945 à 1984.
* 56 Tel que mentionné
ci-dessous, la robustesse de notre modèle aurait été
affinée si nous étions allé jusqu'au bout du modèle
de déséquilibre. Malheureusement, la résolution de ce
modèle nécessitait l'utilisation d'un logiciel, LIMDEP, dont la
manipulation n'est pas aisée. Le recours aux informaticiens et
statisticiens qualifiés de l'université de Yaoundé II et
même de l'INS s'est avéré infructueux. Ainsi, avons-nous
admis par hypothèse, compte tenu des tendances factuelles
observées dans les déterminants de la variation des
dépenses publiques au Cameroun que c'est généralement la
demande qui détermine le niveau des dépenses publiques.
* 57 Identiquement et
indépendamment distribué.
* 58 Selon Granger une
série est un bruit blanc si elle n'a pas virtuellement une structure
discernable, en d'autres termes il n'y a pas de corrélation entre les
termes de la série et les valeurs passées de la série ne
permettent pas de prévoir ses valeurs futures.
* 59 Voir V. Mignon et S.
Lardic (2002) : Econométrie des séries temporelles
macroéconomiques et financières, Economica.
* 60 Les valeurs entre
parenthèses sont les statistiques de Student obtenues.
* 61 L'estimation sous Eviews
nous donne directement la statistique de Fisher de même que la
probabilité de cette statistique qui doit être inférieure
à 1%, 5% ou 10% pour rejeter l'hypothèse nulle.
* 62 Elle est une recherche
méthodique qui, en utilisant toute technique disponible d'analyse, de
calcul, de prévision, d'organisation et de gestion, vise à la
concrétisation efficace d'une politique publique.
* 63A l'occurrence le Fond
monétaire international et la Banque mondiale.
* 64 Des enquêtes de
suivi des dépenses révèlent des déperditions
importantes de fonds publics dans certains pays : de 1991 à 1995,
moins de 15% des dépenses d'éducation est parvenue aux
écoles en Ouganda. D'autres études signalent des fuites d'environ
60% dans les dépenses d'éducation en Zambie en 2002 et en
Tanzanie en 1999.
* 65 Rapport de la Banque
Mondiale (1995) : « Un continent en transition : l'Afrique
subsaharienne au milieu des années 1990 ».
* 66 Entre autres nous relevons
la tenue des Etats Généraux de l'Education de 1995,
l'élaboration en l'an 2000 de la stratégie du secteur de
l'éducation, la participation au forum de Dakar sur l'éducation
pour tous (E.P.T), la conclusion d'un Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DRSP)
* 67 Respectivement
ministère de l'éducation de base, ministère des
enseignements secondaires, ministère de l'enseignement secondaire,
ministère de l'emploi et de la formation professionnelle.
* 68 L'éducation pour
tous (EPT), l'initiative fast-track (FIT), les objectifs du millénaire
pour le développement (OMD), etc.
* 69 Prix Nobel
d'économie 1992
* 70 Cas de
l'élève qui choisit entre poursuivre ses études
au-delà de la scolarité obligatoire ou bien rejoindre la
population active.
* 71 Les stages de formation,
l'apprentissage, l'expérience acquise par le travail ou
« learning by doing ».
* 72 La scolarisation des
enfants libère les mères et leur permet d'accéder au
marché du travail. D'un autre côté, les enfants profitent
de l'éducation de leurs parents parce que ceux-ci leur transmettent des
attitudes et des motivations et éveillent leur esprit.
* 73 En élargissant
l'horizon intellectuel des citoyens, en accroissant leur rationalité
économique et en rendant plus cohérent leurs choix.
* 74 La réduction des
différences de gains entre travailleurs due à l'éducation
d'une élite est un exemple où est entretenu une confusion entre
un effet temporaire de variation des offres relatives de travail pour
différents niveaux éducatifs et un effet à long terme de
l'augmentation de la productivité engendrée par la formation de
capital humain.
* 75 En effet, certains types
d'éducation peuvent : entraver la découverte de talents
potentiels ; diminuer la capacité d'adaptation de la population
active au progrès technique ; encourager une recherche purement
académique
* 76 Becker s'étant
basé sur les travaux de Dénison, qui attribue 23% de croissance
à un effet direct de l'éducation et 20% à un effet
indirect, conclut que la prise en compte des effets externes double le taux de
rendement de l'éducation.
* 77 La question de convergence
et de l'accroissement continu du stock de capital par tête.
* 78 Principalement le
modèle de Solow
* 79 Prix Nobel
d'économie 1995
* 80 Où
l'investissement public est nécessaire à la croissance :
l'Etat est encouragé à développer des activités
à fort potentiel d'externalités telles que les infrastructures et
l'éducation.
* 81 Dont l'effectif est
estimé en 2002/2003 à 4776 avec 553 boursiers de la
coopération
* 82 Le taux brut de
scolarisation (TBS) mesure pour un niveau
d'étude donné, la population d'élèves
scolarisés par rapport à la population scolarisable de cette
tranche d'âge. Ex dans le primaire, ce taux est égal au nombre
d'élèves du primaire, multiplié par 100 et divisé
par la population de six à onze ans (dans le système
francophone).
* 83 Non seulement il est
gonflé par les redoublements (à cause du double compte, si bien
qu'un TBS égal ou supérieur à 100 % ne signifie pas que
tous les enfants sont scolarisés), mais ne représente qu'une
moyenne sur le cycle d'études alors que des abandons peuvent exister en
cours de cycle
* 84 En 2002-2003, environ 94 %
des enfants en âge d'entrer à la SIL (dans le sous-système
francophone) et en Class 1 (dans le sous-système anglophone) ont
accès à l'enseignement primaire, mais seulement 57 % d'entre eux
atteignent le CM2 dans le sous-système francophone et, 75 % la Class 6,
dans le sous-système anglophone
* 85 Enquête
Démographique et de Santé du Cameroun
* 86 Avec 23,5% des effectifs
des enseignants et 19,24% de salles de classe selon le rapport MINEDUC 2000
* 87 Le ratio inclut les
assistants, chargés de cours, maîtres de conférences et
professeurs. Il ne prend donc pas en compte les vacataires dont le nombre est
supérieur à celui des enseignants.
* 88. Il est cependant à 1/12
à la FALSH, 1/18 à la FSEG, et 1/23 à la FS.
* 89 Le taux de réussite
du BTS est passé de 36,21% en 1999/2000 à 21,44% en 2002/2003
* 90 Rapport d'Etat d'un
Système Educatif National
* 91 Kobou G. (2000) :
« Les sources de la croissance économique au
Cameroun », communication of 10th annual conference on econometric
modeling in Africa, African Econometrics Society.
* 92 Atala E. (2008) :
« La contribution de l'éducation à la croissance
économique au Cameroun », Thèse de Doctorat,
université de Yaoundé II.
* 93 Sur l'ensemble du
système en 2001, le montant des dépenses courantes
d'éducation s'élève à 415 milliards de Fcfa,
à raison de 182 milliards pour l'État, soit 43,85% et 233
milliards pour les ménages, soit 57,15%
* 94 Selon la loi de
règlement 2007, 16,2% du budget fut consacré au secteur de
l'éducation
* 95 Kamgnia et al
(2008) : « Bénéfices acquis et ciblage des pauvres
dans les dépenses publiques de santé et d'éducation au
Cameroun »
* 96 la
prépondérance des impôts indirects dans les recettes de
l'Etat n'autorise pas une redistribution des revenus à travers la
progressivité de l'impôt (Bourguignon, 2000).
* 97 Basé sur les
prévisions budgétaires de la Loi des Finances 2005.
* 98 23 % des effectifs du
primaire sont dans le secteur privé qui est très faiblement
subventionné
* 99 Qui préconise
que 50% des dépenses d'éducation au moins soient allouées
à l'enseignement primaire dans la perspective de son universalisation
rapide.
* 100 Initiative obtenue lors
du 1er sommet social mondial pour le développement humain qui
prône le partage de responsabilités entre pays donateurs et pays
en voie de développement où les premiers consacreraient 20% de
leur aide publique au développement à des programmes sociaux et
les seconds affecteraient, quant à eux, 20% de leur budget global
* 101 Banque Mondiale
(2002) : « Education et formation en Madagascar : vers
une politique nouvelle pour la croissance économique et la
réduction de la pauvreté », document de travail.
* 102 On dira d'un
système qu'il est plus efficient qu'un autre, s'il obtient de meilleurs
résultats pour un même niveau de dépenses, ou bien s'il
obtient les mêmes résultats qu'un autre en dépensant
moins.
* 103 Voir Banque mondiale
(2007) : « Le système éducatif tchadien :
éléments de diagnostic pour une politique éducative
nouvelle et une meilleure efficacité de la dépense
publique », document de travail no 110, pp 37.
* 104 L'ABI indique la mesure
dans laquelle les dépenses publiques agissent sur le bien-être des
différents groupes ou des ménages individuels. Ce résultat
est obtenu à travers la conjugaison d'une information sur les
coûts unitaires des services fournies et l'information sur l'utilisation
de ces services.
* 105 Birahim N. (2005) :
« Les dépenses publiques d'éducation sont elles pro
pauvres ? Analyse et application au cas du
Sénégal », Laboratoire de politiques économiques
et modélisation, CREA.
* 106 Nous pouvons
également procéder à une estimation en partant des
conditions de l'enseignement et des ressources mobilisées en moyenne
directement au niveau de l'élève avec comme formule de
décomposition suivante : CU = SE/REM + SNE/RENE + FONCU + SOCU +
ADMU ; CU est le coût unitaire, SE le salaire moyen des enseignants,
REM le rapport élève maître, SNE le salaire moyen des non
enseignants, RENE le rapport entre le nombre des élèves et des
non enseignements, FONCU les dépenses de fonctionnement par
élève, SOCU les dépenses sociales moyennes par
élèves et ADMU le niveau moyens des dépenses
d'administration par élève.
* 107 Banque Mondiale
(2007) : « L'éducation au Mali : diagnostic pour le
renouvellement de la politique éducative en vue d'atteindre les
objectifs du millénaire », document de travail.
* 108 On accepte ainsi
l'argument selon lequel les observations disponibles de façon
transversales donnent une image raisonnable des chances de scolarisation d'une
cohorte d'enfants. Des simulations permettent de mesurer que les estimations
faites sur données transversales tendent plutôt à
sous-estimer le degré d'inégalité existant sur
données longitudinales, mais que cette sous-estimation est relativement
modeste dans la majorité des cas.
* 109 Le plus souvent on
utilise le coefficient de GINI qui synthétise le degré de
concentration d'une distribution en ressources, il est égal au rapport
entre l'aire comprise entre la courbe de Lorenz et la diagonale et l'aire du
triangle OAB. Par définition il est compris entre 0 et 1, et sa valeur
est d'autant plus petite que la courbe de Lorenz est proche de la diagonale.
* 110 En comparaison avec la
moyenne des pays africains francophones dont 10% des plus éduqués
s'approprient 46% des ressources (ce qui s'élève à 64%
dans le cas du Tchad), ce chiffre est de 28% dans les pays anglophones.
* 111 Ce classement
décroissant tient compte du profil de la pauvreté par
région entre 2001 et 2007, selon le rapport préliminaire de
l'ECAM III.
* 112 Ce taux est beaucoup
plus faible dans l'enseignement supérieur, il est de 38%.
* 113 Jevons :
« au fur et à mesure que l'on accroît, la
quantité du bien considéré, chaque quantité
additionnelle satisfait un besoin moins pressant, l'utilité marginale
s'abaisse tandis que la quantité disponible augmente ».
* 114 Par rapport à un
ménage dont le chef n'a jamais été à
l'école, un ménage dont le chef a fait des études primaire
améliore sa consommation par équivalent adulte de 11%. Cet effet
est respectivement de 26%, 38% et 75% pour un ménage dont le chef a un
niveau d'études secondaire 1er cycle, 2nd cycle et
supérieur.
* 115 Théorie du
filtre, théorie du signal, modèle arbitrage rendement-risque,
théorie sociologique de l'individu rationnel, ...
* 116 10% des plus
éduqués absorbent 38 % des ressources publiques
d'éducation et 3 régions sur 10 absorbent 57,4% de ces
mêmes ressources.
* 117 Dans l'estimation du
taux de dépenses publiques nous avons inclus le montant du
déficit budgétaire dans la mesure où ce dernier participe
également à la dépense et doit par conséquent
être considéré comme une partie intégrante du poids
économique de l'Etat
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