Partie II: Les perspectives du cinéma
Haïtien
Parler de perspective suscite l'idée de comprendre
comment une société a été et
évolué.
La création et la production d'images dans les conditions
sociales et économiques d'Haïti actuel semblent pouvoir trouver
une issue dans les médias légers et en particulier dans la
vidéo.
En effet, de nombreux producteurs indépendants à
coté de la télévision qui continue à produire
très peu réalisent des tournages, en vidéo, de films de
fictions ou documentaires en un nombre qui dépasse nettement la
production cinématographique proprement dite.
Arnold Antonin lui-même, depuis son retour en 1986 dans
une première période n'a réalisé que des
vidéos institutionnelles ou éducatives, à l'exception d'un
court métrage la 3ème guerre mondiale a
déjà eu lieu.
A partir de 1999, il se lance avec l'équipe du Centre
Pétion-Bolivar dont Oldy Auguste (Caméra et montage) et Mathieu
Painvier, assistant de production dans la réalisation d'une série
de documentaires, portraits de travailleuses des couches populaires du pays et
petits musée personnels de figures emblématiques de l'art
haïtien comme Tiga, Cédor, Albert Mangonès, André
Pierre, Patrick Vilaire, Matithou. A partir d'un texte de Gary Victor, il met
en film une pièce satirique: Piwoli et le zenglendo en 2001.
On peut citer krazé lanfè de Jéssifra ce
comédien haïtien qui connaît un énorme succès
au près du public pour son imitation de l'accent jugé pittoresque
des habitants du Nord du pays . Les vidéos de ses oeuvres
théâtrales, filmées sans aucun effort de tournage ou de
montage ont un succès inégalable surtout dans la diaspora. On
peut voir aussi bien Raphael Stines dans son feuilleton
télévisé « Pè Toma » et
récemment Bouqui nan Paradi tiré d`une pièce de
Fouché.
2.1 Succès commercial
Le cinéma haïtien pauvre du point de vue technique
et artistique, est très peu compétitif face aux productions
étrangères. Des pesanteurs de tout ordre se dressent sur le
chemin d'une production de qualité. La création audio-visuelle en
Haïti n'est pas de toute évidence à la hauteur de la
réputation de la création plastique. D'ailleurs on peut
même se poser cette question: Haïti n'est il pas un pays
d'oralité? Cependant le public haïtien avide de ses propres images
semble répondre clairement à cette interrogation.
Au prime abord on a envie de souligner surtout le manque de
qualité des feuilletons et des vidéos réalisées et
de les opposer à un cinéma d'art et d'essai qui serait le
cinéma documentaire ou de fiction politique et militant des certains
créateurs haïtiens. Et si le cinéma haïtien
était pourtant fondamentalement des fictions tournées en
vidéo dans la veine de la farce populaire ou du vaudeville avec toutes
leurs lacunes techniques et esthétiques? Et si ce cinéma primitif
ingénu et kitch inspirés souvent de stéréotypes et
d'histoires à l'eau de roses n'était pas le typique navet mais la
condition pour l'éclosion d'un cinéma populaire de masse.
Aujourd'hui , l'hybridation des technologies et la
multimédiatisation des produits facilitent la production et
empêchent une nette distinction entre cinéma et vidéo. En
effet, le genre de productions auquel nous faisons référence
auparavant est devenu le plus abondant sinon le seul existant depuis la chute
de la maison des Duvalier est celui qui attire les foules.
Seule la superproduction « Titanic » 1998
recueilli plus d'entrées que la vidéo intitulée
:« Cicatrices » produite localement par Jean Gardy Bien
-Aimé et projeté dans les différentes salles de
cinéma du Pays.
Il faudrait éviter le dilemme cinéma
éducatif et culturel d'une part et cinéma de masse d'autre part ,
on se demande quelles sont les productions vraiment représentatives du
travail des faiseurs d'images dans ce pays?
Est il possible de tirer parti des spécificités
haïtiennes face aux identités transnationales et d'arriver en
puissance dans l'imaginaire collectif, en profitant de l'immense «
no man's land » qui unit la réalité et la fiction dans
ce pays afin de présenter un cinéma de qualité où
le spectateur haïtien même le cultivé s'y trouve
réellement et avec joie!
N'Est-ce pas Julio Garciaa Espinoza qui rêvait d'un
cinéma imparfait qui ferait de ses propres limitations techniques la
force et la raison de sa créativité. En fait, en Haïti nous
courons le risque de faire des pesanteurs
matériels de sévères limites à la
créativité et à la recherche esthétique.
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