CONCLUSION GENERALE
L'aviculture moderne est une solution intéressante pour
satisfaire les besoins en protéines animales des centres urbains
à démographie galopante dans les pays africains. Les
investisseurs ont en effet remarqué que le marché avicole dans
les zones urbaines en Afrique est riche en potentialités surtout qu'il
est maintenant aisé de monter en un temps assez court des unités
de productions (KOUZOUNKENDE, 2000).
Cette vision doit tout de même être
relativisée compte tenu des paramètres tels que les lois du
marché, notamment la concurrence. Certes il faut produire, mais encore
faudrait il écouler sa production en présence des produits
avicoles importés qui sont bons marchés du fait de leur faible
coût de production; lié à la grande quantité
produite. Ainsi, les éleveurs Africains doivent être encore plus
compétitifs que les autres, afin de pouvoir rivaliser avec eux et de se
faire une place sur le marché. Ceci implique donc une plus grande
maîtrise des aspects purement techniques de la production et un personnel
plus qualifié.
La libéralisation du marché a provoqué
une augmentation de l'importation des viandes de volailles, au détriment
de la production de poulets de chair produits sur place à cause des
coûts de production peu compétitifs. Cependant, le prix du poulet
«fermier» n'a pas été
touché par ces importations.
Notre idée était donc de mettre sur le
marché à partir des souches de poussins améliorées,
un produit qui se rapproche des qualités organoleptiques du poulet
«fermier» tant apprécié du
consommateur. Les objectifs spécifiques étaient de voir à
quel âge abattre ces oiseaux et quel serait le coût de production
et sa rentabilité tant en saison chaude qu'en saison froide.
Nous avons pour cela procéder à une
expérimentation qui s'est déroulée en deux phases: d'abord
en saison chaude et humide (août- octobre) et ensuite en saison
fraîche et sèche (avril - juin) avec des températures
maximales respectives de 38°C et 28°C. Elle a consisté au
suivi des performances
zootechniques de deux (2) souches COBB
500 (« chair blanc») dite
à «croissance rapide» et
JUPITER appelée («chair
coloré») à «croissance
lente». Nous avons expressément prolongé la
période d'élevage jusqu'à 91 jours pour la première
phase et 105 jours pour la seconde.
Les paramètres mesurés ont été:
> L'indice de consommation (IC)
> Le poids moyen
> Le Gain Moyen quotidien (GMQ)
> La consommation Alimentaire
> La température
L'analyse de nos résultats montre que la période
correspondant à la saison fraîche est la plus propice à
l'élevage des poulets de chair. Car les températures y
étant plus basses, leur impact est plus réduit et les oiseaux ont
des performances zootechniques plus satisfaisantes. Ainsi nous avons obtenus
respectivement pour les souches COBB 500
et JUPITER, 3100,7 g et 2730,39 g de
poids moyen avec comme IC de 2,6 et 4,24 en saison chaude et humide (à
13 semaines d'âge) contre 3600 g et 3240 g, avec comme IC 2,46 et 3,7 en
saison sèche et fraîche (à 15 semaines d'âge).
L'analyse comparée des performances les souches
JUPITER et COBB 500
révèle que la souche à «croissance
rapide» (COBB 500) a effectivement
une vitesse de croissance plus élevée que JUPITER
(«croissance lente»).
L'étude nous montre aussi que les performances zootechniques des sujets
se dégradent à partir d'un certain âge (J42 pour les
COBB 500 et J70 pour
JUPITER). Cependant nous avons constaté que,
le coût de production du kg des sujets à
«croissance rapide» (1.595,21 F CFA en
saison chaude et 1.103,01 F CFA en saison fraîche) est bien
inférieur à celui des sujets à
«croissance lente» (3.911,52F CFA en saison
chaude et 3.309,93 F CFA en saison fraîche). Mais, la
supériorité économique de la production à partir
des souches à «croissance rapide»
s'est révélée être plus réduite qu'on ne
pourrait penser. Dans notre essai,
le coût de revient du Kg de viande des sujets de la
souche COBB 500 est de 2,2 fois inférieur
à celui des sujets JUPITER en 2005 et 3 fois
en 2006. Nous concluons donc que, la différence de rentabilité
économique entre poulets standard et poulets à
«croissance lente» se rapprochant du point
de vue en organoleptique du poulet
«fermier», peut en effet être plus
réduite qu'on ne le pense. Enfin, qu'en jouant sur le prix de vente on
pourrait augmenter les recettes d'autant plus que dans notre essai nous avons
vendus les sujets des deux souches au prix moyen de 1750 FCFA /kg comme l'on
fait remarquer certains auteurs (NJIKAM, 2003).
L'âge à l'abattage est le principal facteur de
variation de la qualité sensorielle de la viande et le plus important
élément de différenciation des poulets standard, Label et
«fermier». Son importance pourrait
permettre aux productions intermédiaires à partir de souche
«croissance lente» de rivaliser avec le
poulet standard et de se faire une place sur le marché de la volaille.
Comme le montre le comportement des consommateurs qui, achètent en effet
davantage le poulet standard, sans doute en grande partie en raison de leur
plus faible coût, mais retiennent le poulet
«fermier» pour les occasions plus
solennelles. Il semble cependant très possible que la production de
poulets, intermédiaire entre les productions de poulet standard et
«fermier» comme nous le préconisons,
se développe au détriment, de la production standard. Elle
apparaît en effet, aux yeux de certains consommateurs comme un compromis
raisonnable entre productivité et qualité supérieure.
Face à ce bilan contrasté, nous encourageons
l'installation de microprojets d'élevage à cycle
«court» financé par les autorités compétentes
comme l'aviculture, afin de contribuer à l'amélioration de la
compétitivité de nos éleveurs locaux et à la
réduction de la pauvreté des populations.
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