III-2.2. En direction des éleveurs
Nous recommandons aux éleveurs :
> De maximiser la production en saison sèche et
froide où les performances des oiseaux sont meilleures à cause
des basses températures.
> L'utilisation de la souche «croissance
lente» uniquement si la clientèle est prête
à payer le prix car le coût de revient du kilogramme est plus
élevé.
> L'élevage des sujets «chairs
colorées» jusqu'à l'âge de 84 ou 91jours
pour être le plus rentable possible.
III-2.3. En direction de l'autorité
administrative
Dans le but de mieux lutter contre la pauvreté, nous
pensons au vu de ces résultats que les performances obtenues sont
satisfaisantes. Ainsi, malgré la barrière climatique il est tout
à fait possible de faire de l'élevage un outil pour le
développement comme ce fut le cas par le passé dans les pays
occidentaux (INRA, 1996).
Les autorités administratives devraient donc :
> Protéger le marché de la volaille en
limitant les importations; ceci afin de faciliter l'écoulement des
produits locaux.
Car, comme le démontrent KRUGMAN et OBSTFELD
(1998), de même que LY (2001), la
régulation des marchés nationaux et la stabilisation des cours
mondiaux (ou des politiques d'intégration régionale) sont
déterminantes pour le développement des pays du Sud.
> Financer des études similaires plus poussés
afin de mieux explorer la rentabilité de l'élevage
prolongé à partir de souche à «croissance
lente», pour infirmer ou confirmer nos résultats et
éventuellement rendre les aviculteurs Africains plus compétitifs
en adaptant leur production à la demande de la clientèle.
> Aider les producteurs à mettre en place des
élevages de qualité, ceci en les subventionnant afin de pourvoir
être compétitifs face aux producteurs des pays occidentaux.
En effet, la France par exemple fait appliquer une taxe sur la
valeur ajoutée de 5% sur les produits avicoles (DIOP,
2003), réduisant ainsi le coût de production pour ses
producteurs. Ainsi, nous encourageons des initiatives telles
que le «Plan REVA» (Retour vers l'Agriculture) qui
subventionnent des producteurs locaux et leur permettre de diminuer leur
coût de production.
Pour assurer un dynamisme constant de l'aviculture notamment
moderne, l'Etat doit prendre un certain nombre de mesures :
> Former et organiser tous les acteurs de la filière
avicole.
Les formations actuellement dispensées au CNA sont
principalement orientées sur la conduite de l'exploitation et
s'adressent surtout aux propriétaires des poulaillers.
> Diversifier ces formations à toutes les phases de
la filière et surtout atteindre les manoeuvres qui sont les
véritables responsables des poulaillers.
A défaut d'avoir une organisation
fédérative de tous les acteurs de la filière, regrouper
les acteurs en groupe de métier et accompagner le processus associatif,
pour espérer les fédérer plus tard. Pour réussir
cela, il faut d'abord réaliser une étude sociologique
rétrospective, pour comprendre pourquoi tant d'organisations n'ont pas
réussi. Les techniciens qui interviennent dans le secteur, ont surtout
besoin de formation dans le domaine de la gestion administrative, pour mieux
gérer leur service et être en phase avec la loi.
> Améliorer la présentation du produit fini,
c'est-à-dire le poulet prêt à cuir (PAC) et les oeufs.
Pour cela, il faut non seulement former les prestataires
à l'abattage des poulets, mais surtout essayer de construire en zone de
production, un abattoir moderne qui peut traiter rapidement un nombre important
de poulets. L'emballage et la découpe peuvent participer à
améliorer la présentation du produit fini. Mais, pour
éviter que la découpe réalisée au
Sénégal ne prête à confusion avec les
morceaux de découpe (cuisse et ailes de poulets
importées), quelques producteurs rencontrés, ont proposé
de labelliser la « découpe made in Sénégal » en
réalisant une découpe qui correspond à nos pratiques
culturelles. Mais, il convient cependant, de mener une grande campagne de
sensibilisation et de marketing, pour faire accepter aux consommateurs cette
nouvelle présentation, qui aura l'avantage de s'adapter à toutes
les bourses.
> Arrêter ou à défaut,
décourager l'importation de cuisses et carcasses de poulets
congelées.
Au-delà du désastre économique que
causent ces importations sur la filière poulet de chair, il y'a aussi
l'aspect hygiène et qualité du produit qui n'est pas
respecté et qu'il convient de souligner. En effet, la chaîne de
froid n'est pas respectée par tous les acteurs.
> Travailler à ce que le secteur bancaire accepte de
financer l'activité avicole.
En effet, les banques sont peu favorables à financer
l'élevage de façon générale et les filières
avicoles de façon particulières. Les quelques cas de financements
qui existent, ne sont pas adaptés à l'activité. Car, soit
le taux d'intérêt est trop élevé, soit le
différé est trop court par rapport à l'activité,
surtout en élevage ponte, soit les sommes allouées ne permettent
que le financement du fond de roulement alors que l'investissement n'est pas
financé. Il faut donc un crédit adapté, qui finance et le
fond de roulement et l'investissement, car si l'investissement (bâtiments
et matériel d'élevage) n'est pas correctement assuré, on
ne peut pas espérer une rentabilité (TRAORE et BEBAY,
2006).
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