V. Quelques données
empiriques
Etude 2009 : Résultat de
l'enquête à l'aéroport de Marrakech
Pour enrichir ce travail, nous avons essayé de chercher
l'étude la plus récente, une enquête à
l'aéroport de Marrakech qui a prouvé que les maisons
d'hôtes sont de plus en plus visitées, au détriment
d'autres hébergements comme les hôtels classés.
Cette étude a montré aussi un coté des
problèmes statistiques que l'état rencontre à cause de la
non réglementation ou bien à cause de la non déclaration
des maisons d'hôtes.
1. OBJECTIF :
L'enquête de l'aéroport de Marrakech
Ménara a été réalisée entre le 12/01/09 et
le 20/01/09 auprès des touristes non-résidents (Un
échantillon de plus de 1 000 touristes non-résidents). Son
objectif principal était d'expliquer le contraste qui a
été enregistré en 2008 entre la tendance des
arrivées de touristes à l'aéroport Marrakech Mènera
(+2%) et celle des arrivées dans les établissements
d'hébergement touristique classés (-5%).
2. TYPE D'HEBERGEMENT :
Tableau 1: Répartition des arrivées par
nationalité et par type d'hébergement
EHTC: Hôtels classés + Villages de Vacances
Touristiques (VVT) + Résidences
Touristiques (RT)
TES: Touristes étrangers de séjour
L'enquête révèle que les types
d'hébergement les plus fréquentés par les touristes
étrangers sont les établissements d'hébergement
touristique classés (55%), suivis des maisons d'hôtes (30%).
En analysant par nationalité, on remarque que 61% des
français optent pour les hôtels classés, avec une
durée moyenne de séjour de 6 jours. Ceux qui possèdent une
résidence secondaire à Marrakech séjournent plus
longtemps, soit en moyenne 12 nuitées. Les anglais, par contre, vont en
grande partie aux maisons d'hôtes (53%), et y séjournent en
moyenne 5 nuitées. Concernant les allemands, plus des deux tiers des
touristes préfèrent les maisons d'hôtes, le reste est
réparti entre hôtels classés et résidence secondaire
avec une durée moyenne de séjour égale à10
nuitées, et une faible part séjourne chez la famille.
Les MRE vont bien entendu en majorité chez leurs
familles ou dans leurs résidences secondaires (73%).
3. ORGANISATION DU SEJOUR :
Tableau 2: Répartition des arrivées par
nationalité et par mode d'organisation
TO/AV: Tour Opérateur/ Agence de Voyage
Concernant le mode d'organisation du séjour des
touristes qui séjournent à Marrakech, plus des deux tiers des
touristes étrangers réservent leurs voyages à l'avance,
que ça soit une réservation directe de l'hébergement (36%)
ou bien une réservation via un tour opérateur ou une agence de
voyage (33%).
On remarque aussi qu'une part importante des français,
passent par les TO pour organiser leurs voyages. Par contre, plus de la
moitié des espagnols et des anglais se contentent de réserver
uniquement l'hébergement. Quant aux allemands, presque la moitié
des touristes arrivent à Marrakech sans réservation
préalable.
Graphique 1: Organisation du séjour dans les
différentes catégories d'hébergement touristique
On relève que plus de la moitié des ventes dans
les établissements d'hébergement touristiques classés sont
effectuées par les TO/AV, notamment pour les catégories cinq
étoiles, quatre étoiles et les villages de vacances touristiques.
Toutefois, 90% des touristes qui préfèrent les maisons
d'hôtes comme mode d'hébergement, font leurs réservations
d'une façon individuelle directement ou en utilisant internet.
4. CONCLUSION :
Par référence à l'objectif principal de
cette enquête, il est à constater que la part des touristes
hébergés dans les hôtels classés a connu une
réelle diminution au profit des autres formes d'hébergement qui
se sont développés au cours de ces dernières
années.
En effet, les Maisons d'Hôtes captent 30% des touristes
arrivant à l'aéroport de Marrakech Mènera. Ce taux a
été de l'ordre de 28% en 2008 soit un additionnel de 2%. Cette
forme d'hébergement offre un standing comparable et même parfois
mieux que celui des 4* et 5*, selon les témoignages des touristes ayant
séjournés dans d'autres catégories auparavant.
Par conséquent, les nuitées des hôtels
classés sont sensiblement affectées par cette mutation dans la
structure de fréquentation des hébergements touristiques et elles
le seront davantage dans les années à venir, avec le
développement de nouveaux ormes d'hébergement
bénéficiant d'un environnement favorable grâce à la
vision 2010.
Pour mieux s'approcher du phénomène, nous
essayons de présenter quelques données empiriques sur les maisons
d'hôtes. Ces données émanant de recherches universitaires
pourraient enrichir d'avantage notre travail.
En effet, nous présentons une recherche
effectuée dans le cadre du DESS « tourisme,
développement et environnement culturel », Ecole Doctorale du
Tourisme de Marrakech. Cette recherche a porté sur un travail de
pronostics de durabilité du nouveau produit maison d'hôtes.
L'échantillon est composé de trois catégories choisies qui
sont les propriétaires de maisons d'hôtes, les
touristes et les habitants de la médina. Le champ de cette
enquête concerne la médina de Marrakech, lieu où
prolifèrent les maisons d'hôtes ciblées.
Les principaux résultats de cette recherche
sont :
· 70% des maisons d'hôtes interrogées
emploient moins de 4 employés, ceci est dû au fait que ces
établissements sont petits et comptent de 4 à 5 chambres. Les
employés se limitent dans ce cas à une cuisinière, une
femme de chambre (ou les deux à la fois) et un homme
(généralement pour faire les courses, accompagner les clients ou
faire office de guide..)
· 100% des maisons d'hôtes déclarent
utiliser des produits locaux, à cause essentiellement du
caractère authentique de ces maisons qui se doivent d'être
décorées traditionnellement et offrir des services à la
marocaine.
· Aucun des propriétaires des maisons
d'hôtes interrogées n'ont effectué des programmes
d'études sur l'impact du tourisme localement. En effet, peu de personne
se soucie des effets que peut avoir le tourisme sur les autochtones du moment
que le projet rapporte bien.
· Aucune des maisons également ne fait de
promotion auprès de la clientèle nationale. Les gérants de
ces maisons d'hôtes ont même déclaré qu'ils
n'acceptaient pas les marocains, à cause notamment de leur faible
pouvoir d'achat.
· La totalité des maisons d'hôtes
interrogées déclarent être soumises à des instances
de contrôle, être reconnues par l'état comme
établissement touristique et payer des impôts à
l'état.
Cependant, Il ressort de la même recherche que 50% des
maisons visitées n'affichent pas leur numéro de patente ni
aucune enseigne indiquant leur caractère de maison d'hôtes, ce qui
nous laisse croire qu'elles opèrent de façon informelle.
Quant à l'impact sur la population locale la
recherche a divulgué les données suivantes ;
· Aucune des maisons d'hôtes interrogées n'a
adopté un programme de communication auprès de la population
locale avant l'implantation du projet, également, cette même
population reste étrangère à la prise de décision
ou à la gestion de l'établissement.
· La totalité des employés de 90% des
maisons d'hôtes enquêtées habite la médina,
cependant, rares sont ceux qui ont un poste de responsabilité (gestion
ou encadrement..).
· Lors de l'exploitation de la maison d'hôtes, tous
les propriétaires donnent priorité aux fournisseurs de biens et
services locaux, avec lesquels ils entretiennent de bonnes relations puisqu'ils
deviennent des clients fidèles et bénéficient ainsi de
certaines faveurs.
· Priorité aussi est donnée aux produits
d'artisanat, certains propriétaires même (60%), envoient leurs
clients chez un bazariste de leur connaissance. Par ailleurs, la
totalité des propriétaires affirment que le derb et quartier
où se trouve leur maison d'hôtes profitent de leurs apports,
notamment pour l'assainissement, le dallage, ou la peinture des façades
extérieures.
· Aucune des maisons d'hôtes interrogées ne
fait travailler les enfants. Par contre, 90% d'entre elles paient à
leurs employés un salaire inférieur au SMIC marocain.
Pour ce qui est de l'impact socio -culturel, il ressort de
l'étude les éléments suivants,
· 40% des maisons d'hôtes interrogées
organisent des manifestations culturelles où elles font appel aux
groupes « folkloriques » locaux. Des 60% restantes qui ne
les organisent pas, 50% affirment que c'est essentiellement à cause de
la situation de la
maison d'hôtes à proximité d'un Saleh
(saint) ou d'une mosquée, 10% d'entre elles avancent comme raisons la
recherche de calme et de tranquillité de la part des touristes qui ne
désirent pas ces manifestations.
· 80% des maisons d'hôtes interrogées
fournissent à leur clientèle les informations avant leur
séjour, à travers notamment des brochures (70%), ou Internet
(30%), cependant, il ressort de l'enquête que si la majorité des
maisons d'hôtes dispense des informations sur le site et ses
caractéristiques (80%), peu d'entre elles informe les clients sur la
culture, l'environnement socio-économique ou encore les règles de
conduite et d'éthique (20%).
Au terme de travail, et en réponse aux questions
posées en introduction nous pouvant constater qu'offrant une nouvelle
alternative par rapport au secteur d'hôtellerie classique, les maisons
d'hôtes, communément appelées
`Riads', sont devenues au fil du temps une
réalité fortement prisée par une clientèle
déterminée à rompre avec la monotonie des
différents services offerts par les établissements
conventionnels.
En effet, tout le monde s'accorde à reconnaître
ces résidences traditionnelles comme un créneau porteur pour le
secteur, un atout majeur à même de booster la stratégie
nationale visant le cap de 10 millions de touristes à l'horizon 2010.
Il n'en demeure pas moins que le phénomène a
pris aujourd'hui des proportions telles qu'il suscite plusieurs
inquiétudes de la part des professionnels et qu'il devient urgent de
prendre les mesures nécessaires afin de repositionner clairement ce
produit et lui conserver la place qui doit être la sienne dans un
environnement foncièrement touristique et fortement
plébiscité, en l'occurrence nos villes impériales :
Marrakech, Fès, Essaouira ...
Sans prétende être exhaustif, ce travail tente
d'apporter une contribution modeste en mettant l'accent sur les 3 principaux
freins qui risquent d'entraver le développement d'un secteur si opportun
pour notre économie, dans un contexte de crise financière et de
concurrence effrénée.
Tout d'abord, la transformation, la réfection ou le
réaménagement de ces maisons traditionnelles, par des
acquéreurs pour la plupart des étrangers, doit se faire dans le
respect de l'éthique architecturale des ces lieux afin de leur conserver
cet aspect historique et patrimonial qui constitue l'ossature du charme et de
la fierté de nos anciennes médinas.
Alors, les gens qui s'investissent dans ces Riads, notamment
les étrangers doivent être plus conscients et plus sensibles
à la nécessité de la conservation des aspects
architecturaux et traditionnels de ces demeures. Parce que la réussite
commerciale de ces projets est intimement liée à cette donne.
Ensuite, il extrêmement important de rester vigilent en
évitant de heurter la sensibilité d'une population
attachée à des valeurs de pudeur, de tradition, de religion pour
assurer une intégration
Enfin, le problème essentiel réside dans la
nécessité pour les autorités publiques et les parties
concernées de prendre des mesures pour la réglementation de la
vente et l'exploitation de ce patrimoine historique
La question alors peut être considérée
comme un grand dossier, car elle touche à un patrimoine national qu'il
faut préserver et promouvoir. Il ne y'avait pas d'objection sur
l'installation des étrangers au Maroc, mais quand il s'agit de
patrimoine culturel, il faut que des règles soient instaurées, un
cadre juridique pour règlementer ce phénomène.
Il y a sans doute un point sur lequel tout le monde est
d'accord : cette réglementation est nécessaire pour la
sérénité de tous et pour mettre fin à ce
règne de l'anarchie dans la location des Riads. On ne peut plus laisser
cette anarchie où n'importe quel étranger peut acheter ce qu'il
veut. Après Marrakech, la frénésie s'est dirigée
vers d'autres villes : Mekhnès, Fès, Ouarzazate, Zagora... La
majorité du patrimoine architectural se trouve dans des quartiers
populaires qui sont caractérisés par la pauvreté et le
conservatisme. Cette situation de besoin peut inciter les étrangers
à en abuser pour l'incitation à la débauche. Le Maroc
gagnerait beaucoup en mettant un cadre juridique qui encadre l'installation des
étrangers dans les médinas comme des propriétaires de
maisons d'hôtes.
Dans un pays islamique, où le concept de
propriété privée est très fort, la situation
s'avère encore plus complexe. La question d'une gestion
appropriée de la relation tourisme-patrimoine reste ouverte, et attend
des réponses non seulement techniques mais aussi culturelles et
sociales.
|