PARTIE I : LA REVERSE LOGISTIQUE
Nous présenterons ici, dans un premier temps, la
reverse logistics : historique, définition, acteurs, enjeux...
Ensuite, nous détaillerons les différentes
stratégies de reverse logistics s'adaptant à notre
problématique.
Enfin, nous décrirons la mise en oeuvre
opérationnelle de la reverse logistics.
|
1 INTRODUCTION
Les pressions pour la récupération des
matières, la réduction de l'enfouissement comme mode de gestion
des déchets, la prise de conscience des consommateurs ainsi que les
économies potentielles provenant d'une réutilisation des
matières amènent les organisations à accorder une
attention accrue à la logistique des retours. Ce concept introduit une
nouvelle perspective dans la gestion de la chaîne d'approvisionnement,
car les schémas traditionnels décrivant la circulation des
matières sont généralement conçus dans une optique
unidirectionnelle : des fournisseurs vers les utilisateurs. En fait, la reverse
logistics souligne que la matière peut emprunter le chemin inverse et
remonter la chaîne d'approvisionnement.
Initialement, l'intérêt de la logistique à
rebours était associé à la problématique
environnementale (récupération, réutilisation et recyclage
des produits). Cependant, elle dépasse ce seul champ d'activité
pour inclure le retour des produits défectueux et non
désirés par les clients. Dans certains secteurs
d'activités, entre autres celui de la vente par catalogue, le retour de
produits peut être équivalent à 35% des ventes. La
maîtrise du flux inversé peut donc être un facteur de survie
pour ces secteurs. La logistique à rebours n'équivaut en moyenne
qu'à moins de 5% des coûts logistiques d'une entreprise bien que
son potentiel d'économies demeure appréciable (en 1997, aux
Etats-Unis, la reverse logistics représentait 862 milliards de
dollars1). Elle recèle un haut degré de
complexité ce qui expliquerait les difficultés associées
à son implantation.
1 Rapport B. Delauney «Ninth annual state of
logistics report»
1.1 Historique de la Reverse Logistics
La reverse logistics, devenue aujourd'hui un
thème majeur de la problématique logistique, est un concept
déjà ancien. Depuis son élaboration, le Soutien Logistique
Intégré (SLI), l'approche la plus complète du management
logistique, inclut dans un même processus l'ensemble des flux, allers et
retours, en suivant le cycle de vie du produit et de ses composantes.
Pour la logistique dite de flux, le concept de reverse
logistics est apparu au tout début des années 90, à
peu près simultanément en Amérique du Nord et en
Europe.
Aux USA, le Council of Logistics Management publiait
dès 1991 un document intitulé « Reverse Logistics »
suivi en 1993 du livre « Reuse and Recycling - Reverse Logistics
opportunities ».
En Europe, c'est en Allemagne que la préoccupation de
la défense de l'environnement favorisa le développement du
concept : au Congrès International de la Logistique de La Haye, en 1991,
R. Frerich-Sagurna proposait de dupliquer le schéma classique de la
chaîne logistique, en y incluant les flux retours et en imaginant une
consuming enterprise, miroir de l'entreprise productrice classique.
Figure 2 : Schéma de R.
Frerich-Sagurna1
1 Laurent Grégoire (1999), « Bienvenue
à la Reverse Logistics », Logistique & Management, vol.7
n°2, `Reverse Logistics', Publications Groupe Ecole Supérieure de
Commerce de Bordeaux.
En France, c'est l'ASLOG, Association française pour la
logistique, qui introduisit le concept en organisant en avril 1992 le <<
1er forum de la logistique et de l'environnement >>.
Logistique verte ou Eco-logistique firent ensuite l'objet de quelques
journées d'études, notamment au CERELOG de Metz.
Une dizaine d'années plus tard, le développement
de la Reverse Logistics reste encore limité. Un certain nombre
d'initiatives a été pris, la plus importante en flux
traités étant sans doute la récupération et le
recyclage des emballages, en particulier pour les produits grand public par
l'organisme Eco-Emballages. Mais la part de flux retours dans l'ensemble des
flux physiques reste faible, du moins en France. La mise en application de la
nouvelle Directive européenne sur les DEEE devrait
accélérer l'essor de la reverse logistics.
1.2 Un problème de vocabulaire
Si la logistique prend des formes significativement
différentes selon la nature des produits considérés, il en
est de même pour la Reverse logistics. Reverse
logistics est l'expression américaine pour désigner un flux
qui ne << descend >> pas la supply chain mais la << remonte
>> depuis le consommateur vers le producteur : produits invendus, envoi
en réparations, retours des produits promotionnels ou retours dus aux
défaillances des systèmes de pilotage de type push... En
effet, la prévision de la demande étant par nature soumise
à des erreurs, beaucoup de produits sont repris et <<
recyclés >> vers d'autres zones de consommation. Le pourcentage de
flux << recyclés >> pour cette raison atteindrait
près de 20% au niveau mondial. Mais l'expression recouvre aussi les
déchets dont on doit se débarrasser le plus écologiquement
possible sans qu'ils reviennent au producteur.
On ne sait donc trop comment traduire reverse
logistics en français : logistique des retours, logistique à
rebours, logistique inverse ou rétrologistique sont autant de termes
rencontrés pour désigner une même réalité :
comment organiser la gestion des retours.
1.3 Importance de la
rétrologistique
L'importance de la rétrologistique comme outil
stratégique ayant un impact sur la rentabilité à long
terme d'un secteur n'est pas encore totalement établie. En effet, si
initialement certaines fonctions de gestion telles que la finance et le
marketing ont connu leur
prééminence, les années 90 ont
placé les capacités logistiques au centre des
préoccupations des entreprises. Dans ce contexte, la majorité des
entreprises n'a pas encore décidé de donner une place
déterminante à la rétrologistique. Un nombre croissant de
secteurs a néanmoins compris que la gestion de la logistique du point de
consommation vers l'amont est plus complexe et demande d'autres arbitrages du
mix logistique (stockage, entreposage, transport, informatisation) pour un taux
de retour et de satisfaction clientèle donné.
1.3.1 Enjeux des retours
Dans un projet de recherche du Reverse Logistics Executive
Council qui interrogeait les entreprises pratiquant la
rétrologistique, différents rôles stratégiques ont
été mis en évidence, tel présenté dans le
Tableau 2.
Raisons invoquées
|
% de réponse
|
Pression concurrentielle
La libéralisation des procédures de retour en
vertu de laquelle si un article ne satisfait pas il peut être
retourné, défectueux ou non, exerce une pression concurrentielle
dans la recherche de la fidélisation/satisfaction des clients. Le
courant entreprise citoyenne oblige les entreprises qui acceptent les retours
à les traiter dans le respect de l'environnement et selon des pratiques
socialement responsables.
|
65
|
Supply chain propre
En acceptant de reprendre des articles, pièces ou
composants ; auprès de leurs clients, les fabricants peuvent à la
fois refabriquer et recapter la valeur des produits mais aussi permettre au
client d'acheter et de stocker de nouvelles marchandises. Ce
désengorgement des stockages associé à une extension des
lignes de crédit et une augmentation du taux de satisfaction
clientèle permet de faire d'une pierre deux coups : vendre le nouveau et
recycler l'ancien pour le revendre.
|
33
|
Réglementation
Elle force la reconfiguration des systèmes de
production et de distribution pour s'assurer de ce que sur le cycle de vie de
l'article à des phases différentes, l'ensemble de la supply chain
de retour soit géré effectivement.
|
25
|
Recapter la valeur et recouvrer les actifs
Les entreprises qui ont effectivement pris en charge des
programmes de recouvrement des actifs ont pu revaloriser et améliorer la
rentabilité à partir de matières qui sinon auraient
été éliminées ou gaspillées.
|
20
|
Protéger les marges d'exploitation
Les raisons invoquées ci-dessus permettent de mieux
protéger à long terme la rentabilité en créant de
nouvelles sources de revenus et de profits.
|
18
|
Tableau 2 : Rôle
stratégique des retours1
1 Alexandre Samii (2004), Stratégie
Logistique, Supply Chain Management, 3ème Edition, Dunod.
p359.
1.3.2 Les raisons des inefficacités de la
rétrologistique
Six symptômes d'une gestion inefficace des retours ont
été identifiés. Le fait qu'ils soient tellement
fréquents démontre l'importance de la gestion efficiente et
rapide de la rétrologistique.
- Les retours arrivent plus vite qu'il n'est possible de les
traiter (stocker, transformer..) ; le symptôme est un manque de
capacité face à la demande.
- De grandes quantités de stocks de retour qui restent
entreposés dans les entrepôts. - Des retours non autorisés
ou non identifiés.
- Lenteurs des cycles de traitement des retours.
- Méconnaissance du coût logistique total des
processus de retours.
- Manque de confiance du client dans le processus de
réparation.
Il découle de ses symptômes qu'il est essentiel
d'identifier les obstacles à une logistique correcte des retours. Si
leur classement par ordre d'importance devait être réalisé,
il se présenterait comme suit :
- la logistique de retour est sous-estimée car son
coût logistique total n'est pas évalué ; il peut s'agir
d'une politique délibérée de l'entreprise et/ou d'un
manque d'attention de sa haute direction.
- le manque d'investissement informatique, de ressources
financières et de personnel, engagés dans la gestion.
- l'analyse juridique des retours est déconnectée
de la gestion managériale.
- il est étonnant de constater que, contrairement
à ce que l'on pourrait croire, la
réglementation et la pression des agences
gouvernementales de protection de
l'environnement n'ont pas suscité une reconfiguration
active de la chaîne des retours.
2 LA REVERSE LOGISTIQUE
2.1 Vers une définition
Le Council of Logistics Management définit la
rétrologistique comme suit :
`Partant du point de consommation jusqu'au point
d'origine, la rétrologistique est un processus efficient de
planification, de mise en oeuvre et de contrôle des flux de
matières premières, d'encours, de produit finis, et de
l'information relative à ces flux, dont le but est de
recapter la valeur des matières en les remettant
à disposition dans une supply chain de retour.'
Il en découle que la rétrologistique inclut des
activités telles que la retransformation, le reconditionnement, la
réutilisation des contenants, composants et emballages, tout comme la
conception de produits et emballages destinés à réduire la
pression environnementale (énergie, transport..).
La rétrologistique traite aussi du retour de
marchandises dû à des méventes, des excès de stocks
saisonniers, des rappels pour défectuosités, aussi bien que des
programmes de recyclage d'équipements obsolètes et de
matériaux dangereux et/ou dérangeants. Son importance
économique fluctue selon les secteurs considérés. A titre
d'exemple, le Tableau 3 présente les taux de retour de quelques
secteurs.
Secteur
|
%
|
Journaux et magazines
|
20-30
|
Distributeurs de livres
|
10-20
|
Ventes par correspondance
|
18-35
|
Distributeurs de composants électroniques
|
10-12
|
Ordinateurs
|
10-20
|
Grande distribution
|
4-15
|
Pièces de rechange automobiles
|
4-6
|
Electronique grand public
|
4-5
|
Produits chimiques ménagers
|
2-3
|
Tableau 3 : Exemples de taux de
retour1
Pour Martin Beaulieu2, une définition de la
logistique à rebours (LR) doit tenir compte de 4 paramètres :
- La LR est associée autant à un produit
qu'à un déchet possédant une valeur de
récupération ou de réutilisation. Ainsi, les papiers
récupérés, les produits défectueux ou les retours
suite à un achat par catalogue peuvent être
considérés comme des intrants d'un réseau à
rebours.
1 Adapté de Rogers & Tibben-Lembke (1998),
Going backwards : Reverse Logistics Trends and Practices, University of
Nevada.
2 Martin Beaulieu (2000), Définir et
maîtriser la complexité des réseaux de logistique à
rebours. Groupe de recherche CHAINE, HEC Montréal.
- Le destinataire final de ces produits retournés ou de
ces déchets peut être le producteur initial, un intervenant
différent de la même industrie ou un intervenant d'un autre
secteur d'activités. Par exemple, un produit défectueux sera
réacheminé vers son producteur, le papier
récupéré sera retourné dans l'industrie
papetière alors que les pneus seront valorisés par des
producteurs de tapis en caoutchouc.
- La LR implique davantage que la seule décision du choix
du réseau de distribution. - Elle comprend également un ensemble
d'activités de gestion.
Par conséquent, il en formule la définition
suivante :
`La logistique à rebours est un ensemble
d'activités de gestion visant la réintroduction d'actifs
secondaires dans des filières à valeur ajoutée.'
Le terme <<actif» est le pivot de la
définition car il précise la nature de l'intrant qui se
déplace dans les réseaux de logistique à rebours. Le choix
de ce terme peut sembler surprenant mais il offre suffisamment de
neutralité pour englober tous les aspects de la logistique à
rebours.
Pour Davis1, la reverse logistics est la gestion
des actifs qui ne remplissent plus leur fonction première. La notion
d'actif désigne un bien appartenant en propre à une personne
ou à une personne morale (Sylvain2, 1986). Un
déchet ou un produit hors d'usage a un propriétaire même si
ce dernier est implicite. Par ailleurs, le terme <<actif» offre plus
de neutralité car celui-ci permet d'inclure également les
produits qui sont retournés ou rappelés par les entreprises. Le
qualificatif secondaire est ajouté au terme << actif » pour
préciser qu'il a déjà subi une dégradation (suite
à son utilisation ou à une défectuosité).
2.2 Les bénéfices de la logistique
à rebours
Si les bénéfices pour l'environnement sont
connus et tangibles, il faut aussi y associer de nombreux avantages financiers
et stratégiques. La logistique à rebours n'est pas une pratique
récente mais elle acquiert de plus en plus un caractère
stratégique. En effet, l'engouement des consommateurs pour des produits
faits de matières recyclées oblige en quelque sorte les
manufacturiers à concevoir de nouveaux produits et
procédés, mais surtout à mettre en place des
réseaux capables de récupérer cette nouvelle
matière première. La
1 Davis, Shear, Lawrence, Rector (1995), <<
Reverse Logistics Pipeline » in Annual Conference Proceedings, California,
Council of Logistics Management.
2 Sylvain (1986), << Dictionnaire de la
comptabilité et des disciplines connues », Montréal,
Institut Canadien des Comptables agréés.
nécessité de tels réseaux peut aussi
provenir d'obligations législatives, comme dans le cas de la nouvelle
Directive DEEE.
D'autre part, la concurrence de plus en plus intense
amène les entreprises à accroître leurs services à
la clientèle, dont le retour de produits endommagés ou
défectueux, ou encore pour reprendre les quantités non
écoulées après une vente saisonnière.
Rogers et Tibben-Lembke (1998) précisent que le retour
de produits représente en moyenne de 3 à 5% des ventes d'une
entreprise et qu'il génère de 5 à 6% des coûts
totaux logistiques. L'essor du commerce électronique participera
d'ailleurs à l'augmentation des volumes des flux retours. Les
entreprises qui développent un flux intégré de prise en
charge du produit utilisé et de son retour au consommateur,
bénéficient de délais plus courts.
A partir de ces faits, des économies substantielles
peuvent être réalisées par une gestion efficiente des
réseaux de logistique à rebours. Soulignons que les organisations
peuvent aussi retirer un avantage indirect d'une gestion des retours de
produits, en acquérant une meilleure connaissance du produit et des
causes de défectuosité. L'entreprise peut alors effectuer des
améliorations pour corriger ces problèmes.
2.3 Les différentes activités de la
rétrologistique
Tout comme les réseaux traditionnels de distribution,
les réseaux à rebours peuvent être composés de plus
ou moins d'intermédiaires. Mais quelle que soit la taille de ces
réseaux, les intermédiaires devront se partager un certain nombre
d'activités présentées dans le Tableau 4.
Tableau 4 : Les activités des
réseaux de logistique à rebours (M. Beaulieu, 2000)
La collecte
La collecte est une opération essentielle à la
performance d'un réseau de logistique à rebours. Le point
d'entrée dans le pipe-line de rétrologistique mérite une
attention accrue. Le gatekeeping (contrôle de l'accès des
flux retours) est stratégique ; ce filtrage permet de rendre les flux
retour gérables et rentables dans leur globalité. La forte
participation des utilisateurs assurera une masse critique d'actifs
récupérés, une condition sine qua non au succès de
réseau.
Cette situation met en lumière une première
action critique : l'instauration d'incitatifs pour que l'utilisateur modifie
ses comportements. Ces incitatifs peuvent être économiques ou
prendre la forme d'aménagements favorisant la participation des
utilisateurs.
Le triage
Le triage est l'étape opérationnelle la plus
importante. S'il est effectué à la source, il réduit la
complexité et le coût de l'activité. Mais ce n'est pas
toujours possible à cause, entre autres, de la complexité des
produits. En effet, certains produits ne sont pas conçus pour le
désassemblage ; des spécialistes sont requis pour effectuer cette
opération. Le triage permet également d'aiguillonner les actifs
vers les bonnes filières de revalorisation et de séparer les
produits qui peuvent être revendus, ceux qui doivent être
réparés, ceux dont certaines pièces peuvent être
réutilisées, ceux qui peuvent être donnés à
des organismes de charité et ceux qui seront finalement envoyés
sur des sites d'enfouissement.
L'entreposage
L'entreposage peut être nécessaire pour combler
l'écart entre l'offre et la demande. Par ailleurs, l'entreposage peut
être une activité critique pour certains intervenants des
réseaux de logistique à rebours. En effet, le processus de retour
de produits peut créer un dédoublement des stocks (produits
à vendre et produits retournés) à certains points du
réseau, par exemple chez le détaillant.
Le transport
Le transport est une activité qui peut constituer une
contrainte importante sur la performance du réseau de logistique
à rebours. Dans le cas du recyclage des produits, le transport accapare
25% des coûts logistiques. Lambert et Stock1 (1993) ont
même estimé que les coûts de déplacement d'un produit
du consommateur vers le producteur peuvent être neuf fois
supérieurs à ceux du flux traditionnel. Davis et al. (1995)
identifient trois causes qui empêchent d'optimiser les activités
de transport :
- Le produit est rarement retourné dans son emballage
original.
- Il peut y avoir une grande diversité de produits
retournés.
- L'expéditeur est incapable de déterminer le poids
du chargement.
Une seconde action critique consisterait à palettiser
les produits à retourner ce qui faciliterait l'évaluation des
quantités et des coûts de transport. Dans le cas des produits
recyclés, la compaction peut être un moyen de comprimer les
coûts de transport en réduisant le volume des ressources. D'une
façon plus globale, Shear2 recommande de lier le plus
possible les activités du réseau logistique à rebours avec
ceux du réseau traditionnel.
1 Lambert, Stock (1993), « Strategic Logistics
Management », Irwin Publishing Company, 3rd Edition.
2 Shear (1997), « Reverse Logistics: An issue of
Bottom-line performance », Chain Store Age, vol.73 n°1.
Précisons que les réseaux de logistique à
rebours détournent des actifs qui auraient terminé leur existence
dans les filières d'enfouissement ou d'incinération. Cependant,
le taux de récupération de ces réseaux n'est pas de 100%.
De plus, le taux de récupération peut être limité
par des contraintes technologiques qui restreignent la réutilisation de
certains actifs secondaires.
Si l'on compare le coût de rétrologistique au
coût logistique classique, il sera aussi la somme de plusieurs
coûts : + Coût d'entreposage
+ Coût de transport
+ Coût de traitement
+ Coût de gestion des processus de retour
+ Coût associé aux réseaux de
rétrologistique utilisés et au
niveau de service requis dans ce réseau.
= Coût de rétrologistique
Vu sous un autre angle, pour un niveau de service et une
configuration centralisée ou non des centres de traitement de la
chaîne de retour, le coût de rétrologistique est la somme
des coûts d'entreposage, de transport, et de traitement (triage et mise
à disposition).
La logistique inverse concerne donc des flux multiples qui ont
tous la caractéristique de ne pas être des flux massifs de
produits :
- emballages de toutes sortes : palettes, cartons, bouteilles,
containers...
- déchets de production, eaux usées, huiles
usées...
- invendus : journaux, livres, articles démodés,
restants de promotion, produits périmés ou en limite de
péremption...
- produits défectueux rappelés par le
producteur.
- produits refusés par le consommateur en VPC ou
e-commerce.
- produits en fin de vie, soit jetables, soit usés :
automobiles, toners d'imprimantes, microordinateurs, appareils ménagers,
literie... qu'ils soient repris ou non par le vendeur.
- produits à réparer.
Tous ces produits ne reviennent pas nécessairement vers
le producteur mais peuvent emprunter des voies très différentes
avec l'intervention de nombreuses « tierces parties » : en effet la
supply chain, bien plus qu'une chaîne, est un réseau souvent
très complexe.
2.4 Une typologie des réseaux à
rebours
Tout comme les réseaux traditionnels de distribution,
les réseaux à rebours peuvent être composés d'un
nombre plus ou moins grand d'intermédiaires. Ainsi, ces réseaux
peuvent prendre des formes multiples. Bien qu'il existe quelques typologies des
réseaux de logistique à rebours, la plupart des travaux traitant
cet aspect les a décrits selon le nombre d'intervenants potentiels, par
exemple, la présence ou non de recycleurs, de firmes de traitement, etc.
Cette première classification a l'inconvénient de décrire
a posteriori les réseaux de logistique à rebours,
c'est-à-dire une fois que les réseaux sont organisés et
que les acteurs se sont structurés. Pour les gestionnaires, cette
typologie est peu utile pour la mise sur pied d'un réseau de logistique
à rebours à moins de copier ceux déjà existants.
On peut également traiter les réseaux en deux
catégories : à boucle fermée ou à boucle ouverte.
Dans le premier cas, les actifs secondaires reviennent dans leur secteur
d'origine. Dans l'industrie automobile, on constate que les broyeurs retournent
les métaux chez les sidérurgistes et les affineurs ce qui
permettra de produire de nouvelles pièces pour les constructeurs
automobiles. D'autre part, les actifs peuvent être dirigés vers
d'autres industries et c'est ce qu'on appelle une boucle ouverte. Par exemple,
les «casseurs» envoient une partie des pièces automobiles dans
d'autres réseaux de récupération qui ne sont pas
apparentés à l'industrie automobile. Cette typologie peut encore
une fois être utile pour classifier la nature des réseaux à
rebours mais elle offre peu d'indications aux gestionnaires quant aux
implications d'un réseau à boucle fermée ou ouverte.
Rogers et Tibben-Lembke (1998) apportent une nuance
importante. Ils précisent que la variété des
activités du réseau de logistique à rebours est
influencée par deux grandes variables. D'abord, l'origine de l'actif
secondaire qui peut provenir de l'utilisateur final ou d'un autre membre du
réseau de distribution. Ensuite, la nature de l'actif qui peut
être un produit ou un emballage. Pour ces derniers, il existe quatre
grandes options (utilisateur final ou membre du réseau de distribution /
produit ou emballage) qui mettront en évidence certaines
activités de gestion et de traitement des actifs secondaires. Cette
typologie est intéressante car elle aide le gestionnaire à
identifier les activités prédominantes du réseau de
logistique à rebours. Cependant, Martin Beaulieu (2000) considère
la dichotomie produit ou emballage trop stricte. De plus, Rogers et
Tibben-Lembke (1998) indiquent que les produits
réintroduits dans le réseau à rebours
peuvent arriver ou non à la fin de leur vie utile. Cependant, leur
typologie exploite peu cette nuance.
Ainsi, pour pallier aux lacunes identifiées dans les
modèles précédents, la typologie des réseaux
à rebours que Martin Beaulieu propose s'appuie sur deux
paramètres :
1° le choix de la filière à
valeur ajoutée où est dirigé l'actif secondaire.
2° le degré de traitement de l'actif
secondaire (traitement intermédiaire ou retraitement) avant sa
réintroduction dans la filière.
Ce dernier paramètre influencera le nombre
d'intervenants contenus dans le réseau. L'association de ces deux
variables permet de construire la figure 3. Par exemple, le retour de produits
(achats par catalogue, commerce électronique) constitue un exemple
d'actifs secondaires qui ne nécessitent aucune transformation et qui
retournent dans leur industrie d'origine puisqu'ils seront
réutilisés par les distributeurs et détaillants (figure 3,
coin supérieur gauche). Pour sa part, bien que retournant dans sa
filière d'origine, le papier récupéré doit subir un
retraitement important qui le ramènera sous forme d'une pâte qui
pourra être utilisée pour la production de nouveaux produits
(carton ou papier) (figure 3, coin inférieur gauche).
Figure 3 : Classification des
réseaux de logistique à rebours (Beaulieu, 1999)
Les produits ou les matières (actifs secondaires)
situés du côté droit de la matrice peuvent être plus
difficilement réintroduits dans leur filière d'origine. Cette
situation est explicable à deux niveaux : le retraitement de ces actifs
ne permet pas de retrouver les normes de qualité des matières
vierges ou encore l'actif secondaire n'a plus aucune valeur pour le
producteur initial. C'est le cas des pneus d'automobile dont
les activités de déchiquetage ne permettent pas d'obtenir une
matière qui serait réutilisable dans la production de nouveaux
pneus (figure 3, coin inférieur droit). Une autre situation est
vécue dans le secteur du commerce de détail. Malgré des
rabais, les détaillants peuvent se retrouver avec des vêtements
qui n'ont plus d'intérêt pour eux, car ceux-ci ne rencontrent plus
les critères de la mode. Ils sont donc offerts à des organismes
de charité. Il s'agit d'un exemple où l'article ne revient pas
dans la filière d'origine mais ne subit pas de traitement majeur (figure
3, coin supérieur gauche).
Cette typologie permet d'introduire une notion importante : la
complexité dans la gestion des réseaux logistiques. Un actif
secondaire qui revient dans sa filière d'origine sans subir de
traitement important (cadran supérieur gauche de la matrice) emprunte un
réseau de logistique peu complexe à gérer (facilité
de synchronisation des activités de livraison et de
récupération car on utilise la même infrastructure pour les
2 flux). Par exemple, la palette peut être réutilisée telle
quelle. Les bouteilles de bière devront être nettoyées,
mais son maillage avec le réseau logistique conventionnel est simple.
A l'opposé, plus l'actif secondaire tend à
être localisé dans le coin inférieur droit, plus le
réseau risque d'être complexe à gérer compte tenu,
entre autres, de l'incertitude technologique quant au retraitement, de
l'incertitude commerciale quant à l'existence d'un marché pour
cette matière, des difficultés de substitution de la
matière originale pour celle recyclée... Dans certains cas, ces
produits ne sont pas conçus afin de faciliter le désassemblage.
D'où l'importance du retraitement dans le cas des écrans
d'ordinateurs par exemple. Cette notion de complexité se situe à
2 niveaux dans la gestion des réseaux de logistique à rebours
:
- la difficulté à mettre en place le réseau
en question.
- la difficulté à gérer les
différentes interactions entre les acteurs de ce réseau.
Figure 4 : Complexité et
réseaux de logistique à rebours (Beaulieu et al.,
1999)
2.5 La reverse logistique : une nouvelle
complexité
La reverse logistics ajoute à la logistique
classique plusieurs facteurs de complexité :
- Elle n'est pas à proprement parler tirée mais
en général poussée : c'est la disponibilité d'un
produit ou d'un emballage à recycler qui déclenche le processus,
et non la demande d'un futur utilisateur de matières
recyclées.
- La reverse logistics génère en
général des flux entre des entreprises très
différentes et de secteurs économiques variés ; il y a
rarement des flux retours vers l'entreprise productrice à l'origine des
matières et produits traités. Toute optimisation nécessite
donc une prise en compte des intérêts et contraintes de plusieurs
entreprises : qui prendra en charge cette optimisation ? Qui sera à
même d'assurer une approche sérieuse du coût global, alors
que le seul coût logistique interne d'une entreprise est encore à
ce jour si mal appréhendé ?
- Cet accroissement et cette diversification des flux et des
partenaires renforcent encore le souci et la complexité de la
traçabilité des produits et des matières. Les
systèmes d'informations actuels des entreprises sont-ils adaptés
?
- La nécessaire prise en compte des opérations
de soutien, recyclage, récupération en fin de vie, dès la
conception du produit, suivant l'approche du SLI, rend indispensable la
présence de logisticiens dans toutes les phases du cycle de vie du
produit. La plupart des entreprises doivent encore en prendre conscience et
l'accepter ; il faut aussi que les logisticiens le comprennent et qu'ils en
aient la compétence.
3 DIVERSES STRATEGIES POUR LA REVERSE
LOGISTIQUE
Depuis quelques années, la reverse logistics occupe une
place de plus en plus importante au sein des services logistiques des
entreprises européennes, notamment dans les secteurs ou les flux de
retour sont les plus importants, tels que la vente par correspondance et le
commerce électronique, mais aussi l'électroménager et
l'électronique. Dans cette partie, nous décrirons de
manière synthétique les stratégies utilisées
actuellement afin d'améliorer les flux de retour de marchandises. Nous
ne parlerons que des éléments stratégiques associés
à la problématique du mémoire (les DEEE).
Pour certaines entreprises, les coûts liés aux
flux de retour peuvent réduire de manière considérable les
bénéfices réalisés, parfois jusqu'à rendre
la transaction initiale non rentable. Ces entreprises doivent désormais
comprendre l'importance et le rôle stratégique de la reverse
logistique. Les gestionnaires doivent s'atteler à la réduction de
ces coûts, en améliorant certains aspects de leur logistique des
retours :
- Rendre plus efficientes les technologies de filtrage, ou «
gatekeeping technologies ». - Accélérer les prises de
décisions quant à l'élimination des déchets.
- Accélérer les temps de cycle.
- Améliorer la gestion des données.
La manière la plus efficace de diminuer les coûts
liés aux retours de marchandises consiste tout simplement à
réduire le volume des produits à retourner. Pour ce faire,
l'entreprise doit empêcher les produits non qualifiés d'entrer
dans ces flux. De plus, une fois les bons produits intégrés dans
les flux, elle doit les lui faire traverser le plus vite possible.
3.1 Réduire les flux de reverse
logistique
De nouvelles techniques ont été
développées afin d'être certain que tous les produits qui
entrent dans les flux de reverse logistics remplissent les conditions requises
pour être dans le système. On en cite quelques unes :
- Les technologies de filtrage d'accès aux flux à
rebours.
- La gestion du cycle de vie des produits.
- Les systèmes d'information.
- Les échanges de données informatisées.
- Une conception adaptée à la reverse
logistique.
3.1.1 La gestion du cycle de vie des produits
La gestion du cycle de vie des produits implique pour
l'entreprise la mise en place de l'appui logistique et du marketing
approprié aux différents stades du cycle de vie du produit
(lancement, croissance, maturité, déclin). Selon le stade
où se trouve le produit, l'entreprise doit effectuer une gestion et un
appui différent. En fin de vie du produit notamment, les coûts de
détention de stocks associés vont très fortement
augmenter. Les coûts d'obsolescence et d'entreposage vont être
majoritairement responsables de la forte augmentation de ces coûts.
Les entreprises doivent donc anticiper la fin de vie de leurs
produits dès qu'il a dépassé le stade de croissance, afin
qu'un moindre volume devienne obsolescent et entre dans les flux à
rebours.
3.1.2 Les technologies de filtrage d'accès aux
flux à rebours
Le filtrage d'accès, ou « gatekeeping »,
correspond au processus de décision quant aux produits à admettre
ou non dans le système de retour. L'amélioration de ce filtrage
va permettre la réduction du volume de marchandises retournées
et, par là même, la diminution des coûts globaux liés
aux flux retours. Cette amélioration passera également par une
formation adéquate des employés concernés.
Une des techniques utilisée par exemple aujourd'hui
pour améliorer le filtrage d'accès consiste à la mise en
place d'un réseau internet ou intranet guidant l'employé dans la
procédure de retour de chaque produit.
3.1.3 L'échange de données
informatisées
Même si de très nombreuses entreprises utilisent
aujourd'hui l'échange de données informatisé (EDT), elles
ne considèrent pas toujours comme primordial un investissement pour
fonctionner également en EDT quant à la gestion des flux retours.
Pourtant, l'EDT peut être aussi utilisé pour automatiser le
traitement des retours.
3.1.4 Conception adaptée à la reverse
logistics
Les entreprises, aujourd'hui, adaptent souvent leurs produits
pour rendre certaines opérations plus faciles et donc moins
coûteuses. On parle ainsi de conception adaptée à la
fabrication (« Design For Manufacture ») ou encore de conception
adaptée à la gestion de la chaîne logistique (« Design
For Supply Chain Management »). Depuis peu, on commence à voir
apparaître la conception adaptée à la reverse logistics
(« Design For Reverse Logistics »).
Par exemple, l'entreprise adapte l'emballage du produit pour
faciliter son retour. Elle peut aussi encourager le consommateur à
rendre le produit avec son emballage d'origine ou à ramener un produit
en fin de vie lorsqu'il désire en acheter un neuf.
La conception adaptée à la reverse logistics
consiste donc à tenir compte des besoins en reverse logistics dans la
conception et l'emballage du produit, autrement dit à intégrer
besoins de reverse logistics et besoins de protection de l'environnement d'une
part, et produit et chaîne de reverse logistics d'autre part.
On voit s'accentuer très fortement depuis un an les
discussions dans les entreprises sur une telle conception, suite à
l'adoption de la loi sur les DEEE (Déchets d'Equipements Electriques et
Electroniques ; cf. Partie II) obligeant les entreprises à
intégrer dans un cycle de retour (valorisation, recyclage, etc.) tous
les produits concernés.
3.2 La gestion des flux logistiques
retour
Afin de gérer de manière efficace les flux
retours des produits, les entreprises doivent notamment diriger leurs
réflexions vers l'externalisation des retours et les marchés
secondaires.
3.2.1 L'externalisation des retours
L'externalisation de la gestion des retours reste avantageuse
pour les PME et pour les grandes entreprises n'ayant pas acquis les moyens, les
compétences et l'expérience requise pour effectuer une gestion
des retours aux meilleurs coûts. En effet pour ces entreprises, il est
moins cher de faire appel à des partenaires que de gérer
elles-mêmes leurs retours.
Les entreprises qui se sont intéressées aux
processus de reverse logistics ne décentralisent pas toujours
physiquement leurs centres de gestion des retours ; elles décentralisent
son contrôle.
3.2.2 Les marchés secondaires
On appelle marchés secondaires tous les
intermédiaires, distributeurs et détaillants
spécialisés dans les produits qui ont déjà
été vendus ou proposés à la vente au détail.
Dans le premier cas, les produits sont généralement
réparés, reconditionnés avant d'être revendus. Dans
le second cas, plutôt que de faire entrer ces produits dans le cycle
coûteux des retours, certains gestionnaires optent aujourd'hui pour leur
vente à l'une des nombreuses entreprises présentes sur le
marché secondaire. Cette opération est désignée
sous le terme de recouvrement d'investissement ou d'actifs. Pour ces
entreprises qui écoulent de manière organisée et efficace
leurs produits sur le marché secondaire, le recouvrement d'actifs est
devenu une source importante de ressources : il peut représenter
jusqu'à 20 à 25% des bénéfices nets.
En France, les consommateurs sont de moins à moins
réticents à réaliser des achats dans ces magasins
secondaires. L'augmentation de 13% en 2005 des parts de marché de ce
segment en témoigne clairement.
Enfin, une dernière solution consiste à proposer
ces produits sur des sites web de ventes aux enchères (le site phare
Ebay a d'ailleurs réalisé un CA de 5,8 milliards d'euros en
2005). Ces ventes sur internet présentent néanmoins deux
inconvénients majeurs : les clients sont exclusivement des
ménages d'une part et d'autre part l'image de l'entreprise peut se
trouver diminuée.
4 LA MISE EN OEUVRE OPERATIONNELLE DE LA REVERSE
LOGISTIQUE
Les solutions de reverse logistics mises en oeuvre par les
entreprises aujourd'hui sont souvent très
hétérogènes. On observe cependant plusieurs grandes
familles d'activités qui mettent en place des solutions
homogènes.
Activités et exemple de sociétés.
|
Coûts relatifs
|
Solutions de reverse logistique
|
R&D
|
Production
|
Logistique
|
Produit à forte VA et de haute
technologies (Canon, HP, Samsung)
|
Elevés
|
Faibles
|
Faibles
|
Recherche d'une diminution des coûts au niveau
des matières et composants. Réduction de la
génération de déchets.
|
Produits de haute technologie à obsolescence
très rapide (Macintosh, Dell, Sony)
|
Modérés
|
Elevés
|
Elevés
|
Réseaux de distribution organisés pour traiter
les retours
|
Distribution directe (VPC)
|
Quasi- inexistants
|
Quasi- inexistants
|
Très élevés
|
Système de traitement des retours dédies
|
Consommables à durée de vie
courte (fabricants de batteries)
|
Modères
|
Elevés
|
Modérés
|
Intégration du facteur reverse logistique des
la phase de conception du produit.
|
Industrie de la peinture
|
Faibles
|
Faibles
|
Faibles
|
Pas de prise en compte mais pression environnementale
|
Tableau 5 : Approche comparative des
logistiques de retours par familles de produits
On observe grâce à ce tableau que les organisations
mises en place pour traiter les flux retours peuvent être très
différentes d'une famille d'activités à l'autre ou d'un
produit à un autre.
Trois exemples de secteurs qui ont très vite
été obligés de mettre en place des solutions de reverse
logistique sont présentés par la suite.
1 Philippe-Pierre Dornier, Michel Fender (2001), La
Logistique Globale - Enjeux, Principes, Exemples, Edition
d'Organisation.
4.1 L'automobile
Depuis plusieurs années, l'industrie automobile s'est
attelée à mettre en place une organisation efficace des retours
pour tous ses produits. Lorsqu'une voiture est retirée du marché,
toute la chaîne logistique retour se met en marche :
déconstruction et désassemblage, tri, réparation, remise
dans le cycle direct, recyclage ou rejet des déchets ultimes.
Certains constructeurs automobiles ont d'ores et
déjà créé des centres uniques de démontage,
distribution et service de pièces et véhicules usagés.
C'est le cas de Mercedes-Benz à Obertürkheim, près de
Stuttgart en Allemagne.
4.2 Les produits de consommation
courante
La grande distribution et ses fournisseurs sont très
régulièrement confrontés aux problèmes des flux
retours : marchandises invendues, marchandises défectueuses, produits
d'emballage destinés au recyclage, etc. Ils ont donc créé
des centres logistiques en charge de la gestion de ces flux et des
procédures pour en diminuer le volume. La plus grande attention est
portée au traitement des emballages, car ils peuvent représenter
jusqu'à 1,5% du CA. Une entreprise suisse, Migros, est vue comme la
référence européenne de la réduction et de retour
des emballages : elle a remplacé en 1964 la grande majorité de
ses cartons par des bacs en plastique, ce qui lui fait économiser 60 000
tonnes de cartons par an. Rien de tel n'a encore été mis en place
en France, mais les initiatives se multiplient. Ecovalor par exemple, un GIE,
s'est doté d'une usine pour traiter les déchets de cartons et de
plastique de plus de 40 magasins de l'Ouest de la France. Cet investissement a
permis de diviser par 4 les coûts de retraitement. Les déchets
sont triés par les magasins et collectés plusieurs fois par mois.
Ils sont ensuite retriés à l'usine puis passent dans une presse.
Ecovalor peut ainsi produire 500 tonnes de cartons et 75 tonnes de plastique
par mois. Ces matières sont ensuite revendues à des
sociétés spécialisées.
4.3 Les produits électroniques
Depuis août 2005, les fabricants de produits
électroniques sont obligés par la loi sur les DEEE (cf. Partie
II) de mettre en place ou de financer des circuits de traitement des produits
électroniques en retour (récupération, revalorisation,
recyclage, etc.).
Certaines grandes entreprises du secteur n'avaient pas attendu
la loi pour s'organiser. Hewlett Packard, par exemple, a mis en place un grand
programme visant à réduire ses déchets et à limiter
les coûts induits par leur traitement. Ainsi, près de 2 000 tonnes
de matériels sont traités tous les mois dans les sites de
Grenoble en France et de Tübingen en Allemagne. Cela représente 99%
du poids de tous les produits retournés.
Dans les télécommunications, certaines
entreprises ont confié leur logistique à des prestataires
logistiques, qui s'occupent alors aussi des flux retours. C'est le cas de
France Telecom par exemple. Un entrepôt unique a été
créé pour stocker les retours et organiser un transport
adapté à ce flux. Cet entrepôt va permettre, depuis les
agences commerciales, de prendre en charge les terminaux destinés
à la réparation, au service après-vente ou à la
destruction. France Telecom traite ainsi jusqu'à 20 000 terminaux par
jour.
Pour un produit consommable tel que les cartouches d'encre,
les fabricants ont progressé non seulement sur l'impulsion des
contraintes écologiques et légales, mais aussi du fait de
l'intérêt financier présenté par le
reconditionnement des cartouches usagées. En effet, une cartouche
recyclée peut être revendue à hauteur de 50% de son prix
initial avec un coût de retraitement intermédiaire relativement
faible. Canon a été le premier fabricant de cartouches d'encre
à mettre en place un schéma logistique dédié au
retraitement de ses cartouches.
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