I.3.
Les ceintures vertes
Aujourd'hui la moitié de l'humanité vit en
ville, tandis qu'en 2015 ce seront les deux tiers et dans un siècle la
population urbaine aura doublé. Les villes doivent donc s'adapter pour
accueillir cet afflux de population. De ce fait, les villes s'étendent
très vite et trop souvent de manière incontrôlée.
La majorité de ces nouveaux citadins choisit de
s'installer en banlieue, où les prix pour se loger sont moins
élevés et où le rêve de la propriété
privée est plus accessible. Ce phénomène engendre de
nombreux problèmes sociaux et environnementaux : forte consommation
d'espace, destruction des écosystèmes, manque d'espaces verts,
quartiers périphériques isolés, multiplication des
embouteillages...
La maîtrise de l'étalement urbain est aujourd'hui
un enjeu qui nous concerne tous. Kofi Annan, Secrétaire
général des Nations Unies, déclarait ainsi en 2004 :
«L'urbanisation rapide est devenue un des défis majeurs auxquels la
communauté internationale doit faire face».
Les villes ont sans cesse besoin de nouveaux espaces pour
construire et les milieux naturels en sont les premières victimes. La
question de la protection des espaces naturels face à l'aggravation des
pressions urbaines est au coeur des préoccupations. En effet, les
espaces naturels apportent de nombreux services aux villes. Ces espaces
filtrent l'eau et contribuent également à la purification de
l'air. Les boisées permettent de refroidir la température moyenne
et de limiter le phénomène des îlots de chaleur dans les
villes, ce qui améliore la qualité de vie. A Kinshasa, le champ
d'eucalyptus du quartier 1 à N'djili a été planté
pour cette raison. En plus de ces avantages, ils permettent aux citadins de
profiter d'espaces verts dans leur ville. Cependant, ces services
dépendent de la qualité des écosystèmes et ne
doivent donc pas être considérés comme acquis.
Le défi des villes de demain est de réussir
à concilier la croissance urbaine avec la protection des espaces
naturels dans et autour de la ville. De plus en plus de pays sont conscients de
ces enjeux et mettent en place des outils pour contrôler la croissance de
leurs villes.
La création d'une ceinture verte (Greenbelt) autour
d'une ville est aujourd'hui un outil très efficace pour relever ce
défi. Son objectif est d'entourer une agglomération d'une zone
non bâtie, où l'urbanisation est limitée et où les
espaces naturels sont mis en valeur.
Une ceinture verte est donc un ensemble d'espaces naturels
protégés reliés entre eux par des corridors à
vocation écologique ou récréative.
Ce concept présente de nombreux avantages pour
répondre à ces enjeux :
1. Contrôler la croissance des villes
2. Redonner une place à la nature en ville ce qui
améliore les conditions de vie de la population
3. Éduquer et sensibiliser la population urbaine
à l'environnement.
4. Améliorer l'image et l'attractivité de la
ville.
5. Renforcer l'économie en développant des
activités récréatives et touristiques
Le concept de ceinture verte est né à Londres
dans les années 1950. Le but était alors d'arrêter
définitivement l'expansion incontrôlée de
l'agglomération. La Greenbelt de Londres a été crée
par la loi d'urbanisme Town and Country Planning Act de 1947. L'enjeu
était tel que cette loi a été votée par le
parlement anglais lui-même, et non par les administrations locales. Ce
texte est fondamental, car il rend définitivement inconstructibles les
terrains de la future ceinture verte. Cette loi est accompagnée par la
création de villes nouvelles à 30 kilomètres de Londres
pour répondre aux besoins d'urbanisation.
Aujourd'hui la Greenbelt de Londres couvre 5 133 km².
Elle est prise en compte dans toutes les décisions d'aménagement
du territoire dans la région. À Londres la campagne est aux
portes de la ville.
Pour s'inscrire dans la durée et atteindre ses
objectifs, une ceinture verte doit donc bénéficier d'un soutien
politique et une législation stricte qui protège ses espaces
naturels de l'urbanisation.
Pourtant, le terme de « ceinture verte » a
été chaque fois utilisé. Dans la plupart des cas, la
ceinture verte a un véritable rôle et les moyens pour
réaliser ses objectifs. Mais, parfois, le terme n'est qu'un
«label» pour désigner avantageusement les espaces verts d'un
territoire. En effet, ce terme donne une image positive à la ville et
offre une vitrine qui permet d'afficher fortement sa volonté de mener
une politique de développement durable.
Une ceinture verte permet d'associer la préservation de
la nature, la qualité du cadre de vie et le développement
économique. Elle s'inscrit dans une perspective de développement
durable du territoire.
Ces politiques montrent que les villes les plus modernes,
souvent dénoncées pour leurs impacts dévastateurs sur leur
environnement, disposent d'outils efficaces pour se développer
durablement. La croissance urbaine très rapide suscite donc la
création de politiques urbaines innovantes.
Cependant, on peut regretter le manque de
coopération et d'échanges entre les villes qui possèdent
une ceinture verte. Les conséquences et les bénéfices de
ces politiques sont peu ou pas diffusés. Un partage des expertises
pourrait permettre d'enrichir les ceintures vertes actuelles et futures.
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