Chapitre II : les immobilisations incorporelles
L'objectif de ce chapitre est d'étudier le traitement
comptable des immobilisations incorporelles faisant l'objet de la norme IAS 38
et des règles générales du SYSCOHADA. La présente
norme impose de comptabiliser une immobilisation incorporelle si certains
critères sont satisfaits. La norme spécifie également
comment évaluer la valeur comptable des immobilisations incorporelles et
impose de fournir certaines informations sur les immobilisations incorporelles.
Cependant elle s'applique à des immobilisations incorporelles à
l'exception de9 :
· Les immobilisations incorporelles dans le champ
d'application d'une autre norme
· Des actifs financiers tels que définis dans IAS
39
· Des droits miniers et des dépenses au titre de
la prospection du développement et de l'extraction des minerais, de
pétrole, de gaz naturel et autres ressources non renouvelables
similaires
Section I : définitions
I. Selon les IFRS
Les immobilisations incorporelles sont traitées par
l'IAS38 des normes comptables internationales et sont définies comme
étant un actif non monétaire identifiable sans substance
physique, contrôlée par l'entité et dont elle s'attend
à recouvrer les avantages économiques futurs
Un actif répond au caractère identifiable s'il
est séparable de l'entité, c'est-à-dire qu'il peut
être séparé de l'entité et être vendu,
transféré ou concédé par licence, loué ou
échangé, soit de façon individuelle, soit dans le cadre
d'un contrat avec un actif ou un passif lié.
Le contrôle par une entité d'un actif signifie
qu'elle a le pouvoir de bénéficier les avantages
économiques futurs découlant de son utilisation et de limiter
l'accès à ces avantages par des tiers. La capacité d'une
entité à contrôler les avantages économiques futurs
résulte généralement des droits légaux qu'elle peut
faire appliquer par le tribunal. Exemple des brevets d'invention, droit
d'auteur... toute fois la protection par de droits légaux ne constitue
pas une condition nécessaire du contrôle dans
9
Paragraphe 2 : IAS 38 selon le J.O.U.E.
la mesure où l'entité peut être
menée à contrôler l'actif d'une quelconque autre
façon. Donnons juste quelques exemples : la connaissance du
marché et les connaissances techniques peuvent constituer des avantages
économiques futurs et une entité contrôle ces avantages si
hors mis l'utilisation des droits légaux, ses connaissances sont
protégées par des contraintes commerciales ou l'obligation des
membres du personnel à garder leur confidentialité. De la
même manière les relations avec les clients, les avantages
économiques attendus d'une équipe de personnel qualifiés
peuvent être démontrés ou non par une entité ou par
l'autre comme étant des immobilisations incorporelles.
Les avantages économiques peuvent s'agir des produits
découlant de la vente, des économies de coûts ou d'autres
avantages résultant de l'utilisation de l'actif par exemple.
II .Selon le SYSCOHADA10
Selon le SYSCOHADA, une immobilisation incorporelle est
constituée par les éléments autres que les actifs
corporels, devant servir de façon durable à l'activité de
l'entreprise et susceptible de générer des avantages
économiques futurs. Leur classement se fait selon la nature et on aura :
les logiciels, les brevets, les licences, les frais de recherches et
développement, les concessions et franchises, les marques, les brevets
d'invention, les investissements de création, le fonds commercial et les
immobilisations incorporelles en cours. Elles ont la nature de biens acquis ou
crées par l'entreprise, non pour être vendus ou
transformés, mais pour être utilisés de manières
durables, directement ou indirectement, pour la réalisation des
opérations professionnelles ou non.
S'agissant des frais de recherche et de développement,
ne peuvent être immobilisées que les dépenses relatives
à des projets qui ont de sérieuses chances de réalisation
technique et de rentabilité commerciale en raison d'un marché
potentiel. Aussi les projets concernés doiventils être
répartis dans le temps. Sont par conséquent exclus du champ des
frais de recherche et de développement visés par le compte 211
les dépenses relatives à la recherche fondamentale ainsi que les
frais de lancement de la production. Le compte 212 enregistre les
dépenses engagées pour obtenir la protection accordée sous
certaines conditions aux inventeurs, auteurs ou bénéficiaires du
droit d'exploitation des brevets, modèle, dessins,
procédés, propriétés littéraire et
artistique sous forme de licence ou de concessions.
10
www.gestion33fiscal-social.e-monsite.com/accueil.html
Les éléments du compte 212 sont amortissables
sur leur durée de vie économique au maximum égale à
la durée de la protection juridique.
Le compte 213 - Logiciels enregistre les dépenses
faites en vue d'acquérir le droit d'usage, d'adaptation, ou encore de
reproduction d'un logiciel acquis, de même que le coût de
production d'un logiciel créé ou développé pour les
besoins internes de l'entreprise.
Le logiciel est un ensemble de programme,
procédés et réglés assortis ou non de
documentation, acquis ou crées par l'entreprise en vue du traitement
automatique des données.
Le compte 214 - Marques enregistre le coût
d'acquisition des « Marques » commerciales ou industrielles. Dans le
cas où ces marques ne semblent pas avoir une valeur pérenne,
elles sont à amortir.
Le compte 215 - Fonds commercial est constitué par les
éléments incorporels qui ne font pas l'objet d'une
évaluation et d'une comptabilisation séparées au bilan et
qui concourent au maintien ou au développement du potentiel
d'activité de l'entreprise, de la clientèle, de l'achalandage, du
droit au bail, du nom commercial et de l'enseigne.
La clientèle et l'achalandage correspondent au
potentiel de bénéfice représenté par l'existence
d'une clientèle déterminée ou justifié par
l'emplacement de l'entreprise.
Les éléments composant le fonds commercial ne
bénéficient pas toujours d'une protection juridique leur donnant
une valeur pérenne. Est seul inscrit à ce compte le fonds
commercial acquis.
Le compte 216 - Droit au bail est constitué par le
montant versé ou dû au locataire précédent en
considération du transfert des droits résultant tant des
conventions que de la législation sur la propriété
commerciale.
Le compte 217 - Investissements de création se
rapporte aux fabricants producteurs, éditeurs et distributeurs de
phonogrammes, aux entreprises de spectacle, aux établissements
exerçant des activités culturelles et aux industries textiles
(créateurs de mode). Sont donc portés au compte 217 les
dépenses particulièrement élevées que la production
de certains ouvrages et
de certaines éditions (ouvrages de grandes collections,
ouvrages d'art et encyclopédies) ainsi que les frais de collection
exposés dans l'industrie textile.
Immobilisation corporelles en cours : le compte 219
enregistre le coût de production des brevets, investissements, de
création et logiciel élaborés par l'entreprise elle
même, dont les éléments transitent pour la plupart par le
compte 211 - Frais de recherche et de développement. Le compte 21 -
IMMOBILISATIONS INCORPORELLES est débité de la valeur d'apport,
d'acquisition ou de création par l'entreprise de l'immobilisation
incorporelle. Il est crédité en cas de cession de disparition,
destruction ou mises au rebut
Section II : Comptabilisation et évaluation
Un actif incorporel est comptabilisé par l'entreprise
lorsqu'elle répond à la définition d'une immobilisation
incorporelle et tout en respectant les critères de comptabilisation qui
seront exposés par la suite. Concernant la comptabilisation, des
questions s'imposent : quand faut il enregistrer l'immobilisation incorporelle
et pour quel montant ? (Qu'elle soit générée en interne ou
acquise autrement
I. Date d'enregistrement et valeur d'entrée I.1
date d'enregistrement
Pour les immobilisations incorporelles acquises, il est plus
facile d'identifier la date d'enregistrement, c'est très
généralement la date à laquelle les risques et avantages
liés à la propriété du bien sont
transféré.
En revanche, pour les actifs que l'entreprise produit
elle-même, cela est plus difficile. La période de production peut
s'étaler sur plusieurs années. Pendant cette phase, la valeur des
actifs en cours est généralement suivie sur une ligne à
part de l'actif. A ce stade, l'actif prend de la valeur à chaque date de
clôture mais n'est pas encore utilisé et ne génère
pas d'avantages économiques futurs. L'enregistrement des actifs en cours
de production est particulièrement délicat pour les actifs
incorporels. En effet du fait de l'absence de substance physique, le moment
précis de la création d'un actif incorporel est difficile
à déterminer. Son existence pure et simple et son
évaluation en sont d'autant plus dures à appréhender. Les
normes IFRS (IAS 38) définissent une liste de critères qui,
lorsqu'ils sont tous remplis, déclenchent
l'enregistrement de l'actif incorporel crée. L'entreprise doit ainsi
cumulativement démontrer :11
· La faisabilité technique de l'achèvement de
l'actif incorporel afin de pouvoir l'utiliser ou de le vendre
· Son intention de continuer la production de l'actif pour
le vendre ou l'utiliser
· Sa capacité de vendre ou utiliser l'actif
produit
· L'aptitude de générer des avantages
économiques futurs soit par la vente soit par l'utilisation en
interne
· Existence de ressources suffisantes pour mener à
bien le projet
· Sa capacité à mesurer de façon
fiable les coûts liés au projet
Dans la pratique, cette démonstration est souvent
difficile à mener. Quant au SYSCOHADA l'immobilisation est
comptabilisée en son acquisition ou à sa création
définitive par l'entreprise.
I.2 valeur d'entrée
Concernant le critère de comptabilisation, plusieurs
types d'immobilisations incorporelles selon leur nature entrent en jeu selon
les IFRS. Il peut s'agir soit des immobilisations incorporelles acquises
séparément, dans le cadre d'un regroupement d'entreprise, des
acquisitions au moyen d'une subvention publique, du goodwill
généré en interne, des immobilisations incorporelles
générées en interne... cependant on ne parlera que le cas
des immobilisations incorporelles acquises séparément et
générées en interne.
Normalement, le prix qu'une entité paie pour
acquérir une immobilisation incorporelle reflète les attentes
relatives à la probabilité que les avantages économiques
futurs attendus incorporés dans l'actif ira à l'entreprise. En
d'autre terme l'effet de probabilité se reflète dans le
coût. Par conséquent, le critère de comptabilisation
relatif à la probabilité des avantages économiques est
toujours vérifié. En outre, le coût d'une immobilisation
incorporelle acquise séparément peut être identifié
séparément. C'est le cas en particulier lorsque la contrepartie
de l'actif est
11 La gestion financière en IFRS, page 136
sous forme d'actifs monétaires. Le prix d'une
immobilisation incorporelle acquise séparément comprend :
· Son prix d'achat, y compris des droits de douane et les
taxes non remboursables, après déduction et remise des rabais
commerciaux.
· Tout coût directement attribuable à la
préparation de l'actif en vue de son utilisation. Il s'agit à ce
niveau du coût de personnel résultant de la mise en état de
fonctionnement de l'actif, des honoraires et des tests de bon fonctionnement de
l'actif.
L'intégration des coûts dans la valeur comptable
d'une immobilisation incorporelle cesse lorsque l'actif se trouve dans
l'état nécessaire pour être exploité de la
manière prévue par la direction. Par conséquent, les
coûts encourus dans le cadre de l'utilisation ou du redéploiement
d'une immobilisation incorporelle ne sont pas inclus dans la valeur comptable
de cet actif. Par exemple, les coûts suivants ne sont pas inclus dans la
valeur comptable d'une immobilisation incorporelle12 :
· Les coûts encourus alors qu'un actif capable de
fonctionner de la manière prévue par la direction reste à
mettre en service ;
· Et les pertes opérationnelles initiales, telles
que celles qui sont encourues pendant que se développe la demande pour
la production de cet actif.
Quand aux immobilisations incorporelles
générées en interne, il est beaucoup difficile
d'apprécier le coût total à enregistrer dans leur valeur
comptable. Dans certains cas, leur coût ne peut pas être
distingué de celui pour maintenir ou accroître le goodwill
généré en interne ou du coût de la conduite des
affaires quotidiennes de l'entité. Par conséquent,
l'entité doit se conformer à un certain nombre de
dispositions.
Pour apprécier si une immobilisation incorporelle
générée en interne satisfait aux critères de
comptabilisation, une entité classe la création de
l'immobilisation dans une phase de recherche et dans une phase de
développement. La phase de recherche ne fait pas l'objet d'une
comptabilisation dans l'actif .si une entité est incapable de
différencier la phase de
12 Normes IFRS : IAS 38 paragraphes 30
recherche de la phase de développement d'un projet
interne, elle traite la dépense au titre de ce projet comme si elle
était encourue uniquement lors de la phase de recherche.
La phase de recherche : les dépenses
lorsqu'elles sont encourues lors de la phase de recherche ne doivent pas
être comptabilisés en tant qu'immobilisation car pendant cette
phase, une entité ne peut démontrer l'existence d'une
immobilisation incorporelle qui générera des avantages
économiques futurs probables. Les activités de recherche peuvent
s'agir par exemple des activités visant à obtenir de nouvelles
connaissances.
La phase de développement : si les
immobilisations incorporelles sont dans la phase de développement, elles
doivent vérifier certaines conditions pour être
comptabilisées dans l'actif :
· La faisabilité technique nécessaire
à l'achèvement de l'immobilisation incorporelle en vue de sa mise
en service ou de sa vente.
· Son intention d'achever l'immobilisation incorporelle et
de l'utiliser ou de le vendre
· La façon dont l'immobilisation incorporelle
générera des avantages économiques futurs probables.
L'entité doit démontrer, entre autres choses, l'existence d'un
marché pour la production issue de l'immobilisation incorporelle ou pour
l'immobilisation incorporelle elle-même ou, si celle-ci doit être
doit être utilisée en interne, son utilité.
· La disponibilité de ressources techniques
financières et autres, appropriées pour achever le
développement et utiliser ou vendre l'immobilisation incorporelle.
La phase de développement se situe dans un niveau plus
avancé que la phase de recherche et ainsi une entité peut
identifier l'immobilisation incorporelle et démontrer qu'elle
générera des avantages économiques futurs durant cette
phase.
Quand à la valeur d'entrée d'une immobilisation
incorporelle générée en interne, elle est la somme des
dépenses encourues à partir de laquelle cette immobilisation
incorporelle a satisfait pour la première fois aux critères de
comptabilisation exposée ci-dessus. Le coût d'une immobilisation
incorporelle générée en interne comprend tous les
coûts directement attribuables nécessaires pour créer,
produire et préparer l'immobilisation pour qu'elle puisse être
exploitée de la manière prévue par la direction.
Exemples de coûts directement attribuables :
· Les coûts des matériaux et services
utilisés pour générer l'immobilisation incorporelle
· Les coûts des avantages du personnel tels que
définis dans IAS 19 (Avantages du personnel) résultant de
l'immobilisation incorporelle
· Les honoraires d'enregistrement d'un droit
légal
· L'amortissement des brevets et licences qui sont
utilisés pour générer l'immobilisation incorporelle.
Mais les dépenses antérieurement encourues
relatives à une immobilisation incorporelle, comptabilisées en
charges, ne doivent pas être incorporées à l'actif. Il
s'agit à ce niveau des dépenses réalisées lors de
la phase de recherche.
Selon le SYSCOHADA, une immobilisation incorporelle doit
être comptabilisée à son coût historique.
II. Evaluation postérieure à la
comptabilisation initiale et amortissement II.1 évaluation
postérieure à la comptabilisation initiale
D'après les IFRS, une entité peut choisir soit
le modèle de coût, soit le modèle de
réévaluation en tant que méthode comptable. Si une
immobilisation incorporelle est comptabilisée en utilisant le
modèle de réévaluation, tous les autres actifs de sa
catégorie doivent être comptabilisés en utilisant le
même modèle, à moins qu'il n'existe aucun marché
actif pour ces actifs.
Une catégorie d'immobilisations incorporelles est un
ensemble d'actifs de nature et d'utilisation similaires dans le cadre de
l'activité d'une entité. Les différents
éléments d'une catégorie d'immobilisations incorporelles
sont réévaluées simultanément afin d'éviter
une réévaluation sélective des actifs et la
présentation dans les états financiers de montant correspondant
à un mélange de coûts et de valeurs à des dates
différentes.
Modèle de coût :
Apres sa comptabilisation initiale, une immobilisation
incorporelle doit être comptabilisée à son coût
diminué du cumul des amortissements et du cumul des
pertes13
Modèle de la
réévaluation:
Apres sa comptabilisation initiale, une immobilisation
incorporelle doit être comptabilisée pour son montant
réévalué correspondant à sa juste valeur à
sa date de réévaluation, diminué du cumul des
amortissements et des pertes de valeur ultérieures. Pour des
réévaluations effectuées selon la norme IAS 38, la juste
valeur doit être déterminée par référence
à un marché actif. Les réévaluations doivent
être effectuées avec une régularité suffisante pour
qu'à la date de clôture, la valeur comptable de l'actif ne
diffère pas de façon significative de sa juste
valeur14.
La fréquence des réévaluations
dépend de la volatilité de la juste valeur des immobilisations
incorporelles qui sont réévaluées. Si la juste valeur d'un
actif réévalué diffère de façon
significative, une réévaluation ultérieure est
nécessaire. Certaines immobilisations incorporelles peuvent
connaître des variations importantes et volatiles de leur juste valeur,
rendant nécessaire une réévaluation annuelle. Pour les
immobilisations incorporelles dont la juste valeur ne connaît que des
variations peu importantes, il n'est pas nécessaire de procéder
à des réévaluations aussi fréquentes.
Si la valeur comptable d'une immobilisation incorporelle
augmente ou diminue à la suite d'une réévaluation, cette
variation doit être comptabilisée en passif dans le compte
écart de réévaluation
Selon le SYSCOHADA, la méthode d'évaluation des
éléments inscrits en comptabilité est fondée sur la
convention du coût historique et sur l'application des principes
généraux de prudence et de continuité de
l'exploitation15.
13
Normes IAS 38 : paragraphe 74, publiée au JOUE du
31/12/2004.
14
Normes IAS 38 : paragraphe 75.
15 L'article 35 de l'acte uniforme portant sur
harmonisation et organisation des entreprises.
Le SYSCOHADA préconise également de
comptabiliser l'écart de réévaluation dans le passif du
bilan parmi les capitaux propres selon son article 62. La valeur
réévaluée d'un élément ne peut, en aucun
cas, dépasser sa juste valeur, à la date prise en compte pour
point de départ de la réévaluation, c'est-à-dire sa
valeur actuelle. La valeur réévaluée des immobilisations
amortissables sert de base au calcul des amortissements sur la durée
d'utilisation restant à courir depuis l'ouverture de l'exercice de
réévaluation, sauf révision du plan d'amortissement, en
application des dispositions de l'alinéa 4 de l'article 45 de l'Acte
Uniforme portant sur la comptabilité des entreprises.
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