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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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INTRODUCTION GENERALE

Nous avons choisi dans le cadre du présent mémoire de DEA d'étudier la question de l'homme dans ses activités et son environnement écologique. Les villes camerounaises croissent avec sa population. Cette croissance démographique s'accompagne généralement d'une dynamique socio-économique. Cette dernière se traduit aussi par une production et un rejet toujours plus grand des déchets. A Douala, l'augmentation de la population conjuguée à une mauvaise politique de gestion des déchets industriels génère des problèmes d'insalubrité et de promiscuité, entraînant l'habitation des zones à risque ; risques souvent ignorés par les services publics car l'augmentation de la qualité de l'effluent se traduit rarement par une intensification des mesures antipollution. L'industrie, reflet direct du développement économique qu'elle contribue elle même à promouvoir est une source multiforme de pollution de l'environnement. Au nom de la profitabilité, les entreprises ne se soucient guère de la gestion des déchets toxiques pourtant des lignes budgétaires existent à ce sujet. Les règlements concernant la pollution industrielle et d'autres types de dégradation de l'environnement ont été largement ignorés.

A Douala les systèmes de traitement des ordures ménagères et les déchets industriels sont insuffisants et inefficaces. Seuls certains quartiers sont inscrits dans le programme de ramassage de ces ordures et des déchets. La situation qui prévaut dans les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité témoigne de la nature de ce fait. S'accumulent dans le milieu naturel : détergent, métaux lourds, hydrocarbures, matières organiques peu ou non dégradées ordures ménagères et industrielles. Ces zones deviennent des milieux à écologie peu fiable, sensible, attirant toutes sortes de bêtes moins agréables pour l'existence humaine. Or c'est vers cet environnement que les populations affluent, s'installent de plus en plus et développent des activités socio-économiques diverses.

La ville de Douala est essentiellement marécageuse. Mais certains sites sont aménagés et ne peuvent nullement constituer un danger particulier pour la population. Par contre les zones d'écoulement des déchets industriels et ménagers constituent de véritables zones à risque. Après les inondations de 2001 qui ont provoqué des dégâts considérables, les pouvoirs publics ont pris l'engagement ferme de résoudre définitivement les problèmes des zones marécageuses. Des actions de déguerpissement ont été menées à ce sujet. Plus de cinq ans après, les lieux jadis déguerpis pour permettre l'écoulement des eaux ont été de nouveaux investis par la population. Or les zones marécageuses telles que développées par K. FODOUOP (1992) constituent un réservoir de maladie. En outre, ne peuvent être favorables au développement économique. Pourtant ces sites ne cessent d'attirer la population malgré la promiscuité et son caractère pollué. Les sites de Maképé Missoké et Maképé Maturité sont situés dans l'arrondissement de Douala Ve, Département du Wouri. Ils sont issus de l'éclatement du grand quartier Maképé depuis 1972. Dès lors ces zones ont été rattachées au drain Tongo- Bass (Confère Carte géographique Annexe 6). La zone de Maképé Missoké couvre une superficie de 9km2 et celle de Maképé Maturité 10km2. Ces zones inondables et Marécageuses connaissent des dynamiques socio-économiques intenses depuis 1972. Respectivement de 1000 et de 6000 habitants en 1972 (Recensement Général de la Population et de l'Habitat : RGPH 1987), les populations de ces sites sont passées à 7500 et 12000 en 1987. Au départ, ces zones avaient été déclarées sites sensibles et ne faisaient nullement l'objet de fréquentation intense. Mais le constat aujourd'hui n'est plus le même : elles deviennent des lieux par excellence de développement socio-économique de toute nature.

L'actuel petit marché situé entre les deux zones n'était constitué que de quelques boutiques en 1990. Il tend aujourd'hui à s'officialiser puisque devenu permanent et attire de plus en plus de monde. Les activités socio-économiques se manifestent jusqu'au plus profond des habitations où les populations exercent en journée de petits commerces. Certaines ont même transformé une partie de leur maison en boutiques, d'autres construisent près de leurs cases des tentes qui servent d'abris pour vendre certains produits comme les beignets, le haricot etc. D'autres encore installent devant leurs cases des assiettes de cigarettes, des produits issus de la petite agriculture du milieu. Cette dynamique socio-économique suscite des interrogations sur les conditions de vie des populations et ses implications; les sites à risque étant susceptibles de modifier les comportements humains. Ce qui ne laisse pas insensible un chercheur en sciences sociales ; car il faut comprendre les motivations des individus à faire de plus en plus recours aux zones à risque en dépit de toutes les interdictions et de toutes les campagnes de sensibilisation. Aussi décrire et expliquer le mode de vie de cette couche de la population et les risques susceptibles de modifier leurs comportements.

La raison première dans le choix du sujet tient donc au fait de cette observation des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala. Particulièrement dans les zones de Maképé Missoké et Maképé Maturité où des populations s'installent et exercent des activités économiques à proximité de pollutions de toutes sortes. Cette observation nous a poussé à une curiosité qui était celle de connaître de cette tranche de la population : pourquoi elle y est ? Comment vit-elle? Quel sens accorde t-elle à ses actions, aux risques et à son environnement ? Le déploiement des populations dans les zones géographiques et de positionnement induit des effets de milieu tel que analysé par Y. GRAFMEYER (1998). D'où une autre interrogation : n'y a t-il pas d'incidences ? Cette curiosité qui était entachée des jugements des valeurs relèvant ainsi de l'ordre subjectif s'est peu à peu élargie et nous avons envisagé de réaliser une recherche scientifique sur le phénomène. D'où le thème suivant : « dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala et ses implications sur l'environnement social : cas des populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité (arrondissement de douala ve)». Ce thème revêt un caractère général et ne laisse pas apparaître directement l'objet de la recherche. Mais cette formulation trouve sa justification en ce sens que l'étude prend en compte tous les acteurs ou les individus des sites à risque impliqués dans un ou plusieurs activités socio-économiques.

La deuxième raison dans le choix de ce sujet tient au fait de l'existence des littératures relatives au sujet de l'homme et son environnement. Mais ces littératures sont inscrites de manière globale dans la sociologie des risques. C'est le cas des études menées par (C. GILBERT, 1999) qui identifient les risques comme des constructions individuelles.

Les travaux sur le Phénomène étudié sont rares au Cameroun. Ceux qui existent s'orientent plus vers la description Physique de l'environnement à l'instar des études engagées par K. FODOUOP (op. cit.) qui rendent compte des problèmes liés à l'urbanisation en mettant l'accent sur l'impact environnemental. La question relative à la croissance humaine et économique dans les milieux à risque reste peu abordée au Cameroun en général et à Douala en particulier. Le retour en force du problème des conduites socio-économiques dans les sites à risque reflète l'ampleur d'un drame social persistant comme le montre les faits : la littérature et la multitude des actions entreprises pour lutter contre l'occupation des sites à risque. Ces études et actions donnent peu de clarifications et sont pour la plupart la propriété des gouvernements et des ONG qui tentent de mettre en place des stratégies permettant de répondre aux besoins des populations dans les domaines de la santé, du logement etc. Les universités africaines en général et camerounaises en particulier se contentent de répondre aux différentes sollicitations plus ou moins orientées pour un but précis. De leurs différentes recherches, le phénomène n'est pas appréhendé pour lui même, mais bien plutôt pour répondre à d'autres besoins ou pour expliquer les situations particulières. Or ce phénomène ne se répercute pas seulement au niveau des idées. Il doit permettre à la classe pensante d'analyser un mal qui ronge la société afin d'élaborer des politiques adaptées, capables d'aider les acteurs sociaux à l'appréhender avec plus de lucidité. L'étude du phénomène s'ouvre alors d'un apport positif pour la science car elle constituent l'un des champs le plus prolifique de la sociologie (économique, des risques, de l'environnement) et revêt le caractère d'un fait social total M. MAUSS (1968). Notre objectif étant pour reprendre les propos de (R. T. TAGNE, 2006 :1) « de construire un corpus de connaissance cohérent dans notre formation académique, lequel est susceptible de déboucher à cours et à long terme à la mise sur pieds d'un champ ou d'un pôle de recherche », lequel est tourné vers une socio économie de l'environnement. C'est-à-dire un phénomène imbrique qui englobe à la fois les dimensions sociale, économique, environnemental etc. Il ne s'agit pas de faire un étalage des questions liées à l'environnement physique comme le font les spécialistes de l'environnement. De cette étude, une considération est surtout portée sur les facteurs explicatifs de la mobilité sociale et économique dans les sites à risque, les conditions de vie de ces populations, la perception que les individus ont de leur environnement immédiat, et ses implications socio-économiques.

Notre volonté de contribuer à la recherche sur les problèmes sociaux s'est trouvée renforcée par le caractère actuel de la rénovation urbaine de Douala entreprise depuis quelques années et dont le but principal n'est autre que l'amélioration du paysage urbain et du cadre de vie de la population. Notre recherche pourrait être d'un atout pour les pouvoirs publics. Elle pourrait être utilisée non seulement dans le cadre des stratégies de développement urbain, mais aussi dans celui de l'amélioration des conditions de vie de la population urbaine. Car la prise des décisions et des initiatives de développement doivent tenir compte des réalités observées sur le terrain.

Le choix de la ville de Douala et plus particulièrement les zones, Maképé Missoké et Maképé Maturité s'explique par le fait que ces zones se trouvent dans les quartiers où l'insalubrité est criarde. En outre, elles regorgent chacune de nombreuses habitations et des structures où les populations exercent des activités économiques au milieu des eaux souillées, polluées des industries et au milieu des ordures ménagères. Ces habitations et structures économiques offrent la possibilité de trouver des personnes cibles de notre étude, pouvant répondre à nos préoccupations. Ainsi nous avons comme question de recherche :

Comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social ?

Comme questions subsidiaires :

Q1-comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala en dépit de toutes les interdictions ?

Q2- quelle perception les acteurs impliqués ont-ils des risques ?

Q3- quelles sont les conditions de vie et stratégies de survie de ces populations ?

Q4-Quelles sont les implications liées aux actions des individus dans les sites à

risque ?

L'étude engagée vise donc à mettre en exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques et les sites à risque pour analyser les implications

De manière spécifique,

-Comprendre et expliquer les raisons qui poussent les individus à s'installer et à exercer des activités socio-économiques dans les zones à risque

-Décrire, évaluer les conditions de vie des populations et les perceptions relatives à leur environnement immédiat (sites à risque).

-Identifier, analyser et évaluer les implications qui sont de deux ordres :

- implications sociales

- implications économiques.

L'étude s'articule autour de deux grandes parties :

-la première est intitulée : cadre théorique et méthodologique. Elle est constituée de trois chapitres. Le premier dans un premier temps présente les définitions des concepts clés de l'étude, dans un deuxième temps fait les points des travaux sur le phénomène étudié. Le deuxième circonscrit le cadre théorique de l'étude. Le troisième chapitre définit la méthodologie de l'étude et s'articule autour des aspects comme, la formulation des hypothèses et la construction des variables, les logiques de recherche, les techniques de collecte et les méthodes d'analyse des données.

- la deuxième partie rend compte des résultats obtenus sur les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social. Elle est constituée également de trois chapitres. Le premier est intitulé mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et perception des risques par la population. Il s'agit ici de présenter les facteurs explicatifs de la mobilité humaine et économique dans les sites à risque. Ensuite la représentation sociale des risques. Notamment la perception de l'acuité des problèmes liés à leur cadre de vie, de l'origine des problèmes sanitaires, des causes de l'accumulation des ordures et de la pollution. Le deuxième est intitulé les conditions et stratégies de vie des populations des sites à risque. Dans ce chapitre, sont analysés deux principaux points : les conditions de vie dans les ménages et les stratégies de survie des acteurs. Le troisième présente les résultats obtenus sur les implications liées à l'habitation et à l'exercice des activités dans les sites à risque. Il est intitulé dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses implications sur l'environnement social.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand