PARTIE II : LA RESPONSABILITE DE LA SONEB DANS
L'ASSAINISSEMENT DES EAUX USEES DOMESTIQUES AU BENIN
La Société Nationale des Eaux du Bénin
(SONEB) a été créée par décret N°
2003-203 du 12 juin 2003 à l'issue d'une réforme institutionnelle
des secteurs Eau et Electricité en milieu urbain,
précédemment assurés par la Société
Béninoise d'Electricité et d'Eau (SBEE). La SONEB est un
établissement public à caractères industriel et commercial
avec un capital social d'un milliard (1.000.000.000) de francs CFA. Elle a pour
objet la captation, le transfert, le traitement, la distribution de l'eau
potable ainsi que l'évacuation des eaux usées. Ses
activités s'étendent en milieu urbain sur l'ensemble du
territoire national. La SONEB est sous la tutelle du Ministère des
Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique (MMEH) et dispose de sept (07)
directions techniques dont la Direction de la Planification et des Etudes (DPE)
qui a la lourde mission de mettre sur pied le service d'assainissement des eaux
usées jusque là inexistant.
En effet en se référent à l'article 3
des statuts de la SONEB, cette dernière a en charge dans ses
attributions le traitement et l'évacuation des eaux usées en
milieu urbain sur toute l'étendue du territoire national.
Si l'assainissement des eaux usées est devenu un
impératif pour les Sociétés modernes, les pays africains
connaissent, de graves difficultés d'une part pour l'alimentation en eau
et d'autre part pour l'évacuation et le traitement des eaux
usées. Les problèmes sont évidemment plus cruciaux dans
les centres urbains et sont dus à la combinaison de plusieurs
événements. En premier lieu les faibles ressources en eau
disponibles dans certains pays-africains, puis la forte croissance
démographique et l'exode rural.
Cependant le point le plus important semble être la
quasi inexistence de réseaux et d'ouvrages d'assainissement dans les
pays en voie de développement.
Ä 78% des villes africaines ne disposent d'aucun service
formel d'évacuation et de traitement des eaux usées.
Ä 85% des villes africaines n'ont pas de service de
collecte des déchets solides.
Ä 90% des villes africaines n'ont pas de réseau
d'assainissement pluvial.
Les conséquences de cette situation sont très
graves : 51 % des pays connaissent une pollution sévère de
l'environnement. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 80
% des maladies graves sont dues à l'insuffisance de la qualité
des eaux mises à disposition des populations et au manque
d'assainissement ; 37 % des diarrhées infantiles morbides
pourraient être entées.
On peut se rendre compte aujourd'hui que seulement 25 % des
stations à boues activées, construites au cours des années
1960, fonctionnent de manière satisfaisante. La maintenance de ces
stations et la gestion des réseaux qui y sont rattachés
coûtent des fortunes. Le deuxième point important est, dans une
large majorité, l'insuffisance de l'éducation sanitaire des
populations. Elles ne se rendent pas compte des dangers, surtout pour leurs
enfants, du manque d'assainissement et n'ont pas elles-même un
comportement sanitaire satisfaisant du fait de leur ignorance quasi totale des
modes de transmissions des maladies.
I- Etat des lieux de l'assainissement des eaux
usées dans certains pays de l'Afrique de l'Ouest
Cas du Burkina-Faso
Le Plan Stratégique d'Assainissement de Ouagadougou
(PSAO) est un programme intégré d'assainissement et de promotion
de l'hygiène mis en oeuvre par l'Office National de l'Eau et de
l'Assainissement (ONEA). Il reconnaît que le système traditionnel
d'égout n'est pas une option à la portée de tous les
habitants de la ville et s'attend à ce que 80 % des habitants optent
pour des solutions d'assainissement autonome. Avec le PSAO, des milliers de
personnes à Ouagadougou ont été en mesure
d'améliorer leurs latrines. Les habitants sont informés des
options techniques disponibles et négocient le prix de la main d'oeuvre
directement avec des artisans formés à cet effet. Une subvention
est mise en place pour le financement des dalles et des tuyaux de ventilation.
Les activités de promotion de l'ONEA ainsi que les subventions pour
l'assainissement autonome sont financés grâce à une
surcharge perçue sur les facteurs d'eau. Les écoles de
Ouagadougou ont également bénéficié de latrines.
Pour mettre en oeuvre ses activités, l'ONEA a signé un contrat de
sous-traitance avec une ONG locale (ADRA) et un centre régional de
formation (CREPA).
Dans le cadre du PSAO, un système d'égouts et
des travaux de traitement d'eaux usées émanant du centre ville et
du quartier industriel sont également en cours. La législation
récente veut que les industries traitent leurs effluents avant le
déversement de ceux-ci dans le système d'égouts. Elles
auront droit aux crédits à faibles intérêts, en vue
de la mise en place des processus de pré-traitement. Pour arriver
à financer ces travaux, l'ONEA percevra une autre surcharge sur les
abonnés d'eau branchés au système d'égouts.
L'Office National d'Eau et d'Assainissement (ONEA)
créé en 1985 est devenue une entreprise para-étatique en
1996 et fait encore partie du secteur public, financièrement autonome
vis à vis du gouvernement du Burkina-Faso. L'ONEA constitue aujourd'hui
une référence en Afrique de l'Ouest en matière
d'assainissement des eaux usées domestiques quand bien même ses
activités ne sont pas d'une perfection irréprochable.
En fait, en 1999, les 900000 habitants de Ouagadougou
utilisaient principalement des latrines traditionnelles (70 %), alors que
d'autres avaient accès aux latrines à fosses
améliorés ou fosses septiques (5 %). Environ 7 % de la population
étaient dépourvues de tout assainissement et pratiquaient la
défécation en plein air. La plupart des écoles n'avaient
pas d'installations sanitaires adéquates. Les égouts et les eaux
usées provenant du marché central, des principaux hôtels,
de l'hôpital, de la brasserie, des vanneries et de l'abattoir
étaient évacués sans traitement dans les environs. Les
quantités de matières de vidange atteignaient 600 000
m3/an. La quantité d'eau usée en provenance de la
ville de Ouagadougou s'est accrue considérablement avec l'ouverture d'un
autre barrage en 1999.
Le fait que l'ONEA gère la surcharge d'assainissement
constitue aujourd'hui un obstacle dans sa collaboration avec le gouvernement.
Les politiques récentes de la décentralisation du pays confient
les services d'assainissement au gouvernement local. L'ONEA s'est alors
engagé à oeuvrer avant 2010, pour le renforcement des
capacités des municipalités du gouvernement local, en vue d'un
éventuel transfert à ces dernières, de ses
responsabilités en matière d'assainissement.
Suite au succès qu'a connu le PSAO, l'ONEA est en train
de mettre en place un programme semblable à celui de Bobo Dioulasso, la
deuxième ville du pays et pourrait étendre le programme dans
quatre autres grandes villes.
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