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Détermination de la pollution résiduelle d'une station d'épuration par lagunage naturel "cas de la lagune de béni-messous"

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par Fateh TARMOUL
Institut des Sciences de la Mer et de l'Amenagement du Littoral - DEUA 2007
  

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Conclusion :

Les eaux usées sont toutes les eaux qui sont de nature à contaminer les milieux dans lesquelles elles seront déversées. C'est pourquoi, dans un souci de respect de ces différents milieux, des traitements sont réalisés sur ces effluents (collectés par le réseau d'assainissement). Ces derniers sont débarrassés de leurs plus grands déchets, au cours des prétraitements, jusqu'aux infimes polluants, au cours des traitements tertiaires.

Les traitements secondaires biologiques, boues activées, lagunage naturel et aéré sont les traitements les plus fréquemment utilisés en Algérie.

Le recours aux traitements tertiaires reste minoritaire et réservé aux traitements poussés des effluents, du fait qu'il présente de nombreux inconvénient, à savoir :

· Des coûts d'investissement importants ;

· Les ultraviolets (UV) ne sont applicables que pour de faibles quantités d'eau ;

· La surchloration peut s'avérer cancérigène.

Le lagunage naturel est un mode épuratoire écologique, rustique et peu onéreux du fait de son fonctionnent non mécanisé, qui donne des résultats satisfaisants et qui s'avère adapté pour la réutilisation des eaux épurées.

Nous essayons dans notre étude de vérifier (contrôler) l'efficacité du lagunage naturel dans la dépollution des eaux usées ; pour pouvoir ensuite évacuer, sans risques, les eaux traitées dans le milieu naturel et éventuellement envisager leur réutilisation.

La figure 1 illustre les diverses origines des eaux usées, les différents traitements effectués sur ces effluents au sein d'une station d'épuration et enfin leur devenir.

Origine
Domestique

Origine
Industrielle

EAUX USÉES BRUTES

Origine
Agricole

Origine
Pluviale

RÉSEAU D'ASSAINISSEMENT

STATION D'ÉPURATION

-

PRÉTRAITEMENTS

Coagulation/
Floculation

TRAITEMENTS
SECONDAIRES

Éliminations :
Azote
Phosphore

1

3

Décantation

-

Filtration

Désinfection
-

Désodorisation

Dégrillage

Traitements
Anaérobies

-

Dessablage

2

-

4

-

Déshuilage

TRAITEMENTS
PRIMAIRES

Traitements
Aérobies

TRAITEMENTS
TERTIAIRES

BOUES

Rejets :
Lacs, Oueds, Mer, ...
-
Réutilisations :
Irrigation, Industrie, ...

EAUX ÉPURÉES

Valorisation en Agriculture :
Boues Humifiées
-
Récupération :
Traitements Secondaires

Figure 1 : Origines, traitements et devenir des eaux usées.

Introduction :

Parmi les divers procédés d'épuration des eaux usées, dont l'application dépend des caractéristiques des eaux à traiter et du degré de dépollution souhaité, figure le lagunage naturel.

Moyen rustique d'épuration des eaux usées, il se distinct des autres techniques de traitement réputées intensives par de nombreux avantages. Ce procédé écologique, simple et peu onéreux se base sur les phénomènes responsables de l'autoépuration des cours d'eau.

3.1. Définition :

Le lagunage est une technique biologique d'épuration des eaux usées, où le traitement est assuré par une combinaison de procédés aérobies et anaérobies, impliquant un large éventail de micro-organismes (essentiellement des algues et des bactéries). Les mécanismes épuratoires et les micro-organismes qui y participent sont, fondamentalement, les mêmes que ceux responsables du phénomène d'autoépuration des lacs et des rivières (PEARSON, 2005).

3.2. Principe de fonctionnement :

Le lagunage se présente comme une succession de bassins (minimum 2 et généralement 3) peu profonds (le plus souvent rectangulaires) dits lagunes. La surface et la profondeur de ces lagunes influencent le type de traitement (aérobie ou anaérobie) et confèrent un rôle particulier à chacune d'entre-elles. L'épuration par lagunage consiste à faire passer des effluents d'eau usée par écoulement gravitaire de lagune en lagune où la pollution est dégradée par (VALIRON, 1983) :

· L'activité bactérienne ;

· L'activité photosynthétique et l'assimilation des substances minérales ;

· Le pouvoir germicide de la lumière et de certaines algues.

Les matières en suspension de l'eau brute décantent dans le bassin de tête. Les bactéries assimilent la pollution dissoute, et l'oxygène nécessaire à cette dépollution, est assuré par l'action chlorophyllienne de végétaux qui participent aussi à la synthèse directe de la matière organique :

· les microphytes ou algues microscopiques ; ce sont essentiellement des algues vertes ou bleues difficilement séparables ;

· les macrophytes ou végétaux macroscopiques, qui comprennent des formes libres (ex. lentilles d'eau) ou fixées (ex. roseaux). Les jacinthes d'eau peuvent s'enraciner ou non. Les végétaux supérieurs jouent un rôle de support et doivent normalement permettre d'augmenter la quantité de bactéries et d'algues épuratrices. (DEGREMONT, 1989).

Les microphytes sont consommés par le zooplancton, et les macrophytes filtrent l'eau en sortie avant rejet.

L'ensemble de ces phénomènes apparait dans plusieurs bassins en séries, ce qui autorise l'étagement des phénomènes épuratoires.

Le processus épuratoire qui s'établit dans une lagune est particulièrement intéressant, car c'est un phénomène vivant, un cycle naturel qui se déroule continuellement. La figure 2 schématise les principaux cycles biologiques se développant dans une lagune.

ENTRÉE
DE L'ÉFFLUENT
bactéries
matières organiques

VENTS

microphages

ÉNERGIE SOLAIRE

macrophytes

microphytes

décomposeurs
(bactéries
champignons)

consommateurs
animaux

carnivores herbivores

producteurs
végétaux

détritiphages

sels minéraux solubles
matières organiques solubles
détritus

SORTIE
DE L'ÉFFLUENT
TRAITÉ
macrophytes
microphytes
consommateurs
sels minéraux
résidus organiques

Figure 2 : Cycles biologiques d'une lagune (d'après CEMAGREF dans DEGREMONT, 1989).

La figure 3 illustre un exemple de lagunage constitué de trois bassins (de surface et profondeur décroissante) disposés en série.

Eau Usée

Brute Digue

carrossable

egrillage

phoIde

Eau Usée
Épurée

Bassin n°1 Bassin n°2 Bassin n°3

Étanchéité

Tuyau en T

Figure 3 : Schéma d'un lagunage à trois bassins. 3.3. Les différents types de lagunage :

Selon que les lagunes soient artificiellement aérées ou pas, on distingue deux types de lagunages :

3.3.1. Le lagunage naturel :

Ce sont des bassins artificiels et imperméabilisés, de faible profondeur pouvant recevoir des effluents bruts ou prétraités et où la recirculation des boues biologiques décantées n'est pas réalisée, et la concentration de la biomasse épuratrice reste faible. Alimentées d'effluents à traiter, les lagunes naturelles sont nommées étangs de stabilisation (KOLLER, 2004), que l'on classe en fonction des filières de développement des bactéries en trois catégories : anaérobies, aérobies ou facultatifs (mixtes).

Différents assemblages de ces bassins sont possibles en fonction des conditions locales, des exigences sur la qualité de l'effluent final, du débit à traiter, ...

A titre d'exemple, si l'on souhaite un degré de réduction plus élevé des organismes pathogènes, on dispose les bassins en série comme suit : étang anaérobie, facultatif puis anaérobie (CHAIB, 2004).

Le lagunage naturel peut être utilisé, en traitement complet des effluents ou en traitement tertiaire, pour affiner la qualité de l'eau traitée par une boue activée ( ex. la désinfection) (DEGREMONT, 1978).

3.3.1.1. Étangs anaérobies :

Les étangs anaérobies sont caractérisés par un manque d'oxygène dissous causé par une forte DBO5 (100-400 g/m3/jour), et les solides en suspension s'y déposent facilement ; ils forment sur le fond une couche où les bactéries anaérobies décomposent la matière organique. Un des résultats est la production de gaz : l'hydrogène sulfuré (H2S) et le méthane (CH4) qui s'échappent vers la surface sous forme de bulles.

Typiquement, ces lagunes ont une profondeur de 2 à 5 m et le temps de séjour de l'effluent y est de 3 à 5 jours. Ils reçoivent des effluents bruts et mènent à des réductions de la DBO5 de 40 à 60 % et des solides en suspension de 50 à 70 %.

En générale, on n'y trouve pas de micro-algues à cause des conditions défavorables à leur croissance (SEVRIN-REYSSAC et al, 1995).

3.3.1.2. Étangs aérobies :

Les étangs aérobies ou de maturation sont peu profonds (0,8 à 1,2 m) où la lumière peut pénétrer et favorisant le développement d'algues vertes. Par leur action photosynthétique, les algues produisent de l'oxygène qui permet le développement de bactéries épuratrices aérobies (DEGREMONT, 1978).

Le temps de séjour dans ces étangs est beaucoup plus long, de 12 à 18 jours ou plus, et permet un traitement d'effluent déjà partiellement épuré (SEVRIN-REYSSAC et al, 1995). Ces étangs sont caractérisés par (ANRH, 1996)1 :

· Charge (Kg DBO5/ha/jour) : 111 à 112 ;

· Rendement (% de DBO5) : 80 à 95 % ;

· Concentration en algues (mg/l) : 100.

3.3.1.3. Étangs facultatifs :

D'une profondeur de 1 à 2 m et un temps de séjour de 4 à 6 jours (SEVRIN-REYSSAC et al, 1995), ces étangs fonctionnent dans des conditions telle que la partie supérieure entretient un milieu aérobie, riche en algues et en micro-organismes aérobies, alors que le fond, couvert de sédiments organiques, est le siège de fermentation anaérobie ; entre ces deux zones règne un milieu de transition favorable aux bactéries facultatives (BEAUDRY, 1984).

1 ANRH : Agence Nationale des Ressources Hydrauliques.

Les fermentations benthiques donnent lieu à un dégagement de méthane (CH4), de dioxyde de carbone (CO2), d'hydrogène sulfuré (H2S) et d'ammoniac, ainsi que de composés organiques de faible masse moléculaire.

Ce produit alimente la flore des zones supérieures et les composés minéraux dégagés entretiennent les algues ; une certaine fraction de ces algues meurent et se sédimentent, venant s'ajouter au lit de boues (BEAUDRY, 1984).

3.3.2. Le lagunage aéré :

Ce sont de vastes bassins constituant un dispositif très proche du procédé à boues activées à faible charge. On y effectue une épuration biologique bactérienne comme celle qui se pratique naturellement dans les étangs, en apportant de l'extérieur par insufflation d'air ou oxygénation au moyen d'aérateurs de surface, l'oxygène nécessaire au maintien des conditions aérobies des bactéries épuratrices.

Bien que théoriquement elle ne s'impose pas, une recirculation de l'eau traitée et parfois des boues biologiques en tête de lagune est souvent pratiquée. Elle permet d'améliorer le mélange complet et d'assurer une meilleure répartition de la biomasse.

Il est rare, en raison de la concentration relativement élevée en matières en suspension, que l'on puisse rejeter directement l'effluent traité à l'exutoire sans décantation finale (KOLLER, 2004).

3.4. Influence des conditions climatiques sur les performances du lagunage :

Le microclimat est le climat local auquel sont soumises les lagunes, il résulte de l'action de plusieurs facteurs qui jouent un rôle important dans l'implantation du lagunage naturel ; ce sont principalement :

3.4.1. La durée du jour et l'intensité de l'ensoleillement :

La durée du jour conditionne, dans une certaine mesure, la vitesse de multiplication du phytoplancton. L'intensité de l'ensoleillement a une influence sur l'activité photosynthétique des végétaux. Si le ciel reste couvert pendant plusieurs jours, surtout en été alors que le phytoplancton est abondant, la production de l'oxygène due à la photosynthèse pendant la journée devient moins importante, ce qui risque d'entrainer une désoxygénation passagère (SEVRIN-REYSSAC et al, 1995).

3.4.2. La température :

Les écarts de température exercent une influence sur le bon fonctionnement des systèmes de lagunage naturel. La croissance des algues est favorisée par une température élevée. Lorsqu'ils sont bien ensoleillés et bien oxygénés, les bassins aérobies ne dégagent pas d'odeur. Un ciel nuageux, plusieurs jours de suite, affaiblit le phénomène de photosynthèse créant ainsi des zones anaérobies dont les produits de fermentation conduisent à de mauvaises odeurs. La température intervient aussi dans le calcul du dimensionnement des installations ; les moyennes mensuelles des cinq dernières années doivent alors être connues (ANRH, 1996).

3.4.3. Le régime des vents dominants dans la région et leur orientation :

Les vents dominants sont ceux dont la direction est la plus fréquente. Ce régime des vents étant connu pour une région donnée, nous permet de fixer l'implantation du système de telle sorte à éviter le rabattement sur les habitations des mauvaises odeurs susceptibles de provenir de l'installation, et de ne pas avoir des effets néfastes sur l'ouvrage (dégradation des digues par batillage) (ANRH, 1996).

3.4.4. L'évaporation :

L'évaporation est un facteur très important. Elle est très intense en période estivale (10 à 15 mm/j). Conjuguée à une infiltration importante, elle peut être néfaste et doit donc être prise en considération lors des calculs de dimensionnement des bassins (ANRH, 1996).

3.4.5. La pluviométrie :

Elle devrait également être connue pour le calcul de la hauteur des digues, afin d'éviter tout risque éventuel d'inondation (ANRH, 1996).

3.5. Exploitation du lagunage :

L'exploitation des lagunes aérobies ou facultatives n'exige que peu d'expertise, puisque le préposé à cette tâche ne peut influencer les paramètres fondamentaux à l'exception de la hauteur d'eau.

Il devrait néanmoins, à intervalles réguliers, prendre des mesures de certaines variables telles que le débit d'arrivée, la hauteur d'eau, la charge organique, la turbidité, la température et la DBO de l'effluent ; il doit prendre note des phénomènes anormaux ou singuliers qui peuvent influer sur le comportement de l'étangs : prolifération inusité des algues, gel, perte inexpliquée de niveau, etc.

Dans le cas des étangs aérés, il convient de vérifier le fonctionnement des dispositifs d'aération et la concentration en oxygène dissous de l'effluent. En revanche, il faut porter une attention particulière à l'entretien général de l'étang, des digues, de la clôture et du terrain compris dans l'enceinte (BAUDRY, 1984).

3.6. Contraintes d'exploitation :

Parmi les contraintes d'exploitation, il faut signaler les suivantes :

· Passage de l'exploitant une à deux fois par semaine ;

· Suppression des mauvaises herbes ;

· Suppression des rongeurs ;

· Suppression des matières flottantes ;

· Limitation de la prolifération d'insectes par l'emploi judicieux d'insecticides ;

· Très faible technicité requise pour l'exploitant ;

· Très faible consommation énergétique (voire nulle) ;

· Curage contraignant et coûteux des boues, tous les 1 à 5 ans, dans le bassin de tête, tous les 10 à 20 ans dans tous les bassins.

3.7. Avantages et inconvénients du lagunage : 3.7.1. Avantages :

Le lagunage naturel présente de nombreux avantages par rapport aux procédés classiques :

· Excellente élimination de la pollution microbiologique ;

· Faibles coûts d'investissement et de fonctionnement ;

· Raccordement électrique inutile ;

· Très bonne intégration paysagère ;

· Valorisation aquacole et agricole de la biomasse planctonique produite et des effluents épurés ;

· Boues peu fermentescibles ;

· Bonne élimination de l'azote (70 %) et du phosphore (60 %).

3.7.2. Inconvénients :

A l'inverse, le lagunage naturel présente les inconvénients suivants :

· Variation saisonnière de la qualité de l'eau en sortie ;

· En cas de mauvais fonctionnement, risque d'odeurs, de moustiques, de rongeurs ;

· Emprise au sol importante ;

· Difficultés d'extraction des boues ;

· Pas de réglage possible en exploitation ;

· Sensibilité aux effluents septiques et concentrés.

Conclusion :

Le lagunage est fortement dépendant des conditions climatiques (essentiellement de la température), et la qualité des rejets peut donc varier selon les saisons. L'emprise au sol est relativement importante. Les coûts d'investissement sont non seulement dépendants du prix du terrain, mais aussi de la nature du sol. Sur un sol perméable, il sera indispensable d'ajouter un revêtement imperméable, et dans ce cas, l'investissement peut s'avérer onéreux, voire difficilement abordable.

Malgré ces défauts, le lagunage reste une technique efficace (également pour l'azote, le phosphore et germes pathogènes) bon marché, ne nécessitant pas de construction en dur (génie civil simple) et s'intégrant parfaitement au paysage. De plus, aucun apport d'énergie n'est requis si le terrain est en pente.

Au sein du lagunage naturel et par les processus biologiques qu'ils créent, les organismes jouent un rôle distinct mais complémentaire dans l'épuration des eaux usées en formant un parfait équilibre biologique naturel.

Le Zooplancton

Les Bactéries

 

ÉQUILIBRE

 

Les Algues

 

Les plantes aquatiques

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille