Analyse multidimensionnelle de l'avortement en république du congo( Télécharger le fichier original )par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Elève Ingénieur Statisticien 3è année 2007 |
INTRODUCTION GÉNÉRALEIndépendante depuis 1960, la République du Congo a connu l'instauration de la démocratie pluraliste en 1992, régime multipartiste qui s'est accompagné de troubles, en 1993 puis en 1997-1999, qui ont occasionné des préjudices au sein de la population et la destruction d'une partie du tissu économique du pays. Au sortir des conflits armés de la période 1997-1999, le Gouvernement s'est investi dans la mise en place des bases de la relance effective de l'économie nationale en s'inscrivant dans la double dynamique du sommet de Copenhague 1996 visant la réduction de moitié de la pauvreté d'ici à l'an 2015, conformément aux OMD et de l'initiative PPTE. C'est ainsi qu'en fin 2005, la situation macroéconomique du Congo s'est caractérisée, entre autres, par la consolidation de la croissance économique (6.8 % contre 4.2 % en 2004) grâce à la forte montée de la production pétrolière. Le PIB à prix courants a enregistré une hausse de 64.9 % en 2005 contre 20.9 % l'année précédente, passant de 2307.8 milliards de F CFA en 2004 à 3 157.8 milliards de F CFA en 2005. Abritant le siège de l'OMS, la RC se trouve prédisposée à souscrire aux déclarations et actes internationaux majeurs relatifs à la santé en Afrique. La loi n°014-92 du 29 avril 1992 portant institutionnalisation PNDS démontre parfaitement l'intérêt des autorités congolaises pour ce secteur vital. L'application de cette loi s'est d'abord traduite par la mise en oeuvre d'un 1er PNDS 1992-1996 qui a permis un certain nombre de réalisations ayant considérablement modifié le paysage sanitaire du Congo (par exemple la mise en place, par le décret n°95-3 du 04 janvier 1995, du Comité Technique de Suivi du PNDS, cadre de développement d'une approche participative et intersectorielle dans l'analyse des problèmes de santé). Enfin, l'intérêt du Gouvernement pour l'élaboration d'une Politique Nationale de Population (PNP) s'est concrètement manifesté dans le 2ème Programme de coopération (1992-1994) signé avec le Fonds UNFPA pour veiller à faire une place aux questions de population. Malheureusement, l'absence de données démographiques récentes et fiables, n'a pas permis de doter le pays d'un cadre de référence nécessaire à la promotion du bien-être de la population. Toutefois, dans le cadre des OMD et conformément à la vision du NEPAD, le Gouvernement congolais oeuvre à l'amélioration de la qualité de vie de la population. Le DSRP (en cours), s'inscrit dans cette logique. Dans le même ordre d'idée, le 3ième programme pays de coopération (2004-2008) signé le 17 mai 2004 avec l'UNFPA contribue, en particulier, à favoriser l'accès aux services de qualité en santé. D'après les résultats de l'EDSC-I, 11% des femmes ont eus recours à l'avortement3(*) au cours de leur vie. Il peut s'agir bien entendu d'une proportion sous-estimée à cause du caractère illégal et de la réprobation que revêt cette pratique. Or il est évident de soupçonner une corrélation négative entre la pratique de l'avortement et la santé de la mère et/ou de l'enfant, et, en tant que telle, contribuerait significativement à la dégradation du potentiel féminin en général et de l'enfant en particulier. Ce qui peut retarder le développement du Congo car dit-on dans le langage populaire : « un corps sain est une source de richesse », mais aussi, parce que la population de la RC est jeune [45 % des congolais ont moins de 15 ans et à dominance féminine (51 %)]4(*). De même, on peut aussi présumer qu'avorter peut avoir une influence sur la fécondité, nuire à la santé maternelle et par extension à la santé de l'enfant, et peut, dans une certaine mesure, accroître significativement le risque de décéder pour les femmes ayant recours à cette pratique. Vue comme telle, l'analyse de l'avortement revêt une place de choix pour la mise sur pied des stratégies en matière de santé de la reproduction. D'où la nécessité de porter une attention particulière à l'avortement, une des gangrènes et un des vices qui mine la population congolaise si l'on veut juguler la mauvaise santé de la reproduction en RC. Cependant, en RC, les rares analyses disponibles sur l'avortement ne sont qu'unidimensionnelles. C'est dans ce contexte que s'inscrit ce travail dont les résultats, fondés selon une approche multidimensionnelle, ajoutés à ceux du rapport EDSC-I 2005 et complétés éventuellement par ceux du RGPH2006, alimenteraient les réflexions relatives à l'amélioration de l'état de santé de la reproduction, permettraient de saisir certains facteurs explicatifs de l'avortement, insuffleraient des lignes d'actions en matière d'avortement des femmes selon leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques, fourniraient des indicateurs d'aide à l'arbitrage pour les décideurs en charge des PNP et compléteraient la base de données du CNSEE afin de renforcer ses capacités statistiques pour la mesure et le suivi de la santé de la reproduction . Nous commencerons notre exploration par la présentation du CNSEE et le déroulement de notre stage dans le chapitre 1 puis la présentation de l'enquête EDSC-I Congo 2005 dans le chapitre 2. Après quoi nous procéderons à une description des techniques d'analyse des données utilisées au chapitre 3, puis à l'analyse multi variée proprement dite de l'avortement au Congo qui fera l'objet du Chapitre 4 pour enfin terminer par les difficultés rencontrées et les recommandations au chapitre 5. * 3Interruption naturelle ou provoquée d'une grossesse/expulsion d'un embryon ou d'un foetus avant le moment où il devient viable. * 4cf. RGPH 1984 et 1996. |
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