CONCLUSION
La présente étude s'est fixée comme
objectif de proposer une politique de gestion durable des ressources naturelles
non renouvelables, notamment le gravier de la commune de Dogbo. Elle a permis
de faire ressortir des mesures de politiques de gestion responsable de
l'exploitation du gravier dans la commune de Dogbo. Ainsi nous nous sommes
basés sur les hypothèses suivantes :
H1 : le volume d'exploitation de graviers dans
la commune de Dogbo croît dans le temps ;
H2 : le revenu et les contraintes d'exploitation
expliquent l'évolution du volume exploité de graviers dans la
commune de Dogbo ;
H3 : l'exploitation du gravier dans la commune
de Dogbo a des externalités négatives sur les exploitants, sur
l'environnement et sur la population de la commune de Dogbo.
Pour tester l'hypothèse H1, nous avons
analysé l'évolution dans le temps du volume exploité de
graviers dans la commune de Dogbo de la période allant du premier
trimestre 2001 au troisième trimestre 2008. A ce niveau le
résultat montre que le volume exploité de graviers croît
considérablement dans le temps. Mais, il est à noter, que cette
croissance n'est pas stable sur toute la période. Elle a connu une
croissance remarquable dans le dernier trimestre de l'an 2006, année de
lancement des grands chantiers de l'Etat béninois.
En ce qui concerne la deuxième hypothèse, nous
avons procédé à une analyse des déterminants de
l'évolution du volume exploité de graviers. Les résultats
montrent que les variables telles que : le revenu tiré de
l'exploitation, le nombre de personnes en charge ainsi que le prix du
m3 de gravier sont significatives. Cette analyse permet de se rendre
compte que certaines variables comme le niveau d'exigence des normes qui ne
sont pas significatives, sont des indicateurs d'une mauvaise organisation de ce
secteur.
En fin quant à la troisième hypothèse,
nous avons procédé à une évaluation des
externalités négatives que cette exploitation de carrières
de graviers a sur la population et l'environnement par la méthode
d'évaluation contingente. Notons à ce niveau que nous avons
effectué une enquête qui a permis d'interroger face à face
105 personnes qui peuvent être classées en deux groupes
différents:
- un premier groupe sensible à l'état
d'exploitation des carrières de graviers déclare un CAP qui
correspond à la valeur qu'il accorde à cet état ;
66
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
- un deuxième groupe, sensible également
à l'état d'exploitation des carrières de graviers,
préfère adopter un comportement de passager clandestin et faire
payer le coût de l'amélioration de cet état par les
autres.
On est bien en présence d'un clivage connu: une partie
de la population, sensible aux problèmes d'environnement, est
prête à contribuer annuellement pour une somme non
négligeable. Cette partie de la population représente la
majorité de l'échantillon. L'autre partie de la population
sensible aux problèmes d'environnement mais qui n'est pas encore
prête à payer.
L'évaluation contingente a permis de mesurer un CAP
moyen d'une valeur de 10.883,17 FCFA par an, donc différent de
zéro. Ce CAP moyen rapporté à la population totale de
DEVE, permet de déduire le coût social. Ce coût social qui
caractérise la perte du bien-être causée par la mauvaise
exploitation des carrières de graviers pour l'ensemble de la population
exposée s'élève à 102.737.125 FCFA par an, et
constitue un véritable outil d'aide à la décision pour les
pouvoirs publics en matière de politique de gestion durable de
l'exploitation des carrières.
De plus, la probabilité de payer augmente avec le revenu,
et est plus élevée au niveau des hommes. Cette probabilité
diminue avec la notion de développement durable.
Il urge donc, que chacun des acteurs du secteur de graviers
prenne conscience de l'importance que revêt le gravier en tant ressource
naturelle non renouvelable et source d'importantes richesses. L'Etat, les
autorités communales et les exploitants doivent collaborer et jouer
chacun à son niveau leur partition afin que le secteur de gravier
contribue véritablement au développement du Bénin en
général, et de la commune de Dogbo en particulier.
Cependant, il convient de rester prudent par rapport aux
résultats issus de cette analyse car ces résultats comportent
certaines insuffisances. Nous les formulons ici de manière à ce
qu'elles soient prises en compte dans les études ultérieures : il
s'agit entre autre :
- d'évaluer entièrement la réserve de
gravier dans le département du Couffo en général
et celle de la commune de Dogbo en particulier.
- d'estimer ou de faire ressortir le temps probable que cette
réserve mettra pour s'épuiser complètement. Ceci permettra
de prendre si possible des mesures de contingentement de l'exploitation dans ce
secteur.
- De procéder à un calcul d'optimisation en vue de
rendre optimale cette activité d'extraction de graviers.
Les limites proviennent également de
l'indisponibilité de certaines données sur
certaines périodes et de la diversité des sources. Il convient
de souligner que les insuffisances ci-
67
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
dessus relevées ne constituent nullement d'handicape
à la portée théorique et économétrique des
résultats et suggestions de cette étude, mais plutôt une de
ses forces car elles traceront de pistes à d'autres recherches.
68
Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
|