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Politiques de gestion rationnelle des ressources naturelles non renouvellables au bénin: cas de l'exploitation des graviers de la commune de dogbo (au bénin)

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par DATO Prudence et FLIFLI Vincent
UAC Bénin - Maîtrise Sciences Economiques, option Economie. 2008
  

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1.1.4.1.2. Externalités

La notion d'externalité a son origine dans les travaux de Marshall qui définit « économies internes » comme organisation interne des firmes et « économies externes » celles liées à l'environnement industriel. (Somakpo, 2004)

Pigou distingue effet positif ou économie externe de l'effet négatif ou déséconomie externe. L'absence de compensation monétaire rend compte du caractère non marchand de l'effet (externe).

Elle est l'expression utilisée pour désigner toute situation où les activités d'un (ou de plusieurs) agent(s) économique(s) ont des conséquences sur le bien-être (au sens large) d'autres agents, sans qu'il n'y ait des échanges ou des transactions entre eux.(Guerrien et All, 2002).

La Présence d'externalités se traduit généralement par l'apparition d'inefficience (au sens du critère de Pareto), car il n'existe pas à priori de « récompense» (ou de gain) pour ceux qui sont à l'origine d'externalités positives ni de sanctions pour ceux qui engendrent des externalités négatives.(Guerrien et All, 2002).

Les facteurs externes(coûts) non supportés par les producteurs individuels, mais par la population dans son ensemble, ou avantages qui bénéficient à la société, mais échappent aux producteurs, constituent dans ce domaine, un élément essentiel. Or les principaux effets induits sont ceux que causent l'épuisement ou la dégradation des ressources naturelles et, notamment, du cadre naturel. (Gillis, 1995).

La définition de Guerrien semble être plus adaptée à notre étude. Cette définition de l'externalité est relative à l'expression utilisée pour désigner toute situation où les activités d'un (ou de plusieurs) agent(s) économique(s) ont des conséquences sur le bien-être (au sens large) d'autres agents, sans qu'il n'y ait des échanges ou des transactions entre eux.

1.1.4.2. Approche d'analyse théorique. 1.1.4.2.1. Exploitation de graviers.

Pendant longtemps, de nombreuses recherches ont été menées sur l'activité d'exploitation des carrières de gravier.

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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier
dans la commune de DOGBO.

Déjà en 1962 Maurice SLANSKY1, s'intéressant aux ressources minières dans le sud du Bénin (ex Dahomey), a révélé la présence d'importants gisements de graviers dans certaines régions dont celle de Dogbo où les dépôts étaient particulièrement bien développés.

Dans son ouvrage intitulé Contribution à l'étude géologique du bassin sédimentaire côtier du Dahomey et du Togo, et dans lequel il a étudié la stratigraphie de la région de Dogbo, il signale que le gravier est tout proche de la surface de la terre à Dogbo (une profondeur comprise entre deux (02) et trois (03) mètres de la surface du sol.

Les conclusions de cette étude de SLANSKY, justifient l'existence d'un gisement de graviers dans la commune de Dogbo.

En 1974, A. HOUESSOU avait fait la description de l'existence de plusieurs bancs de graviers dans la région de Comé, autre zone d'exploitation que la commune de Dogbo.

En cette même année, C.MIGAN avait mis en évidence d'importantes couches de gravier au cours d'une campagne de recherche de calcaire et de phosphate dans la région de Gbédji.

Cette révélation a poussé l'OBEMINES (Office Béninoise des Mines) à mener une campagne de recherche de gravier à proximité de ce même village, campagne dont les résultats ont servi plus tard d'indice pour le projet minier des Nations Unies BE N/81/008 en Juin 1983.

Ce n'est qu'en 1983, que A. AGBANTHOUNDO, B. IHETA, A.HOUESSOU, MI KIROV et N. SCHIPPER, ont effectué des travaux de recherches géologiques sur le gravier dans la zone du ex Mono, secteur Sê, dans le cadre du projet : recherches minières au Bénin. Ils ont procédé par des forages de puits dans ledit secteur aux fins de faire l'évaluation des substances utiles dans le bassin sédimentaire côtier2.

Ces travaux de recherches ont permis de mettre en évidence plusieurs sortes de gisements dont le gravier. C'est un gisement exploitable de grande importance. Ils ont révélé au total cinq sites de carrières de graviers dans le secteur et ont remarqué une similitude entre le gravier retrouvé sur place et ceux de Lokossa et de Dogbo.

1 Maurice SLANSKY, Bureau de Recherches Géologiques et Minières n°11

2 Rapport sur les recherches géologiques du gravier dans la zone du ex Mono secteur Sê en 1983 p.4

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dans la commune de DOGBO.

Selon leur rapport, les résultats de cette campagne qui a eu lieu à Sê, doivent permettre d'évaluer les réserves existantes de graviers et d'établir des paramètres qui assureront une exploitation rationnelle du gravier du ex Mono3.

Mais jusque là, aucune évaluation proprement dite des réserves de gravier existantes n'est faite. Ce qui pose un problème de projection du niveau des réserves de graviers face à une intense exploitation.

Fayçal YACHIR, dans son ouvrage intitulé Enjeux miniers en Afrique, met un accent particulier sur la motivation de l'impérialisme occidental en Afrique dans le domaine des ressources minières. Cette motivation est basée sur le contrôle et l'exploitation des ressources minières du continent. De ce fait, le poids de l'Afrique dans l'approvisionnement du monde développé en métaux de base, est clairement mis en évidence de même que la spécialisation croissante du continent dans la fourniture de minerais à l'Europe et au Japon. C'est en effet une réalité trop souvent occultée. L'ouvrage comporte beaucoup d'enseignements du point de vue de l'agressivité nouvelle que manifeste l'impérialisme au cours de la phase actuelle. Sur les principaux aspects que sont le contrôle des gisements, la rente tirée de leur exploitation ou de leur transformation locale, l'histoire récente des pays miniers du continent révèle beaucoup plus d'échecs que de succès. Ainsi, la nationalisation des gisements en Afrique est purement formelle et leur transformation locale très peu développée. Aucun pays minier n'a ni réussi, ni même sérieusement tenté, d'accroître ses revenus par une politique appropriée.

Cette description historique du secteur des mines, montre le caractère non rationnel et agressif de l'exploitation minière en Afrique qui demeure la ruse de l'impérialisme occidental en Afrique. Il est donc temps, que l'Afrique notamment le Bénin cherche à adopter une approche qui pourrait permettre d'accroître ses revenus par des politiques de gestion durable appropriées.

Le document dénommé Profil de la zone côtière du Bénin a été élaboré en collaboration avec le Ministère de l'Environnement ; le Grand Ecosystème Marin de l'Habitat et de l'Urbanisme du Golfe de Guinée et le Centre pour l'environnement et le développement en Afrique (Ceda).

Le profil de la zone côtière du Bénin est un document qui fait le diagnostic de l'état de l'environnement par l'analyse des principaux problèmes environnementaux côtiers : l'érosion

3 Rapport sur les recherches géologiques du gravier dans la zone du ex Mono secteur Sê en 1983 p.4

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dans la commune de DOGBO.

des sols, la pollution de l'air, des eaux marines et lagunaires, l'érosion côtière, les déchets urbains, l'occupation du sol (mauvaise maîtrise du foncier), l'exploitation des forêts et des écosystèmes fragiles, la pêche, etc.

Ce travail d'analyse des problèmes environnementaux de la zone côtière du Bénin a été réalisé dans une première étape par une équipe de chercheurs chevronnés sous la coordination de Marcel A. Baglo, Directeur Général de l'Agence Béninoise pour l'Environnement, et Théophile Ch. Worou de la Direction de l'Environnement. Le rapport réalisé a servi de document de base à l'ensemble des représentants de toutes les structures nationales impliquées dans la gestion de la zone côtière qui l'ont amendé puis adopté. Ce forum qui a rassemblé diverses compétences a permis non seulement d'analyser les problèmes environnementaux côtiers dans toutes leurs dimensions, mais également de jeter les bases d'un Plan National de Gestion Intégrée de la zone côtière du Bénin.

Selon le profil de la zone côtière au Bénin, le secteur minier béninois est très peu développé. En effet, selon les estimations de 1992, la part du secteur minier dans la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) ne représente que 0,6%. Dans la zone côtière du Bénin, il existe des gisements de pétrole, de gaz naturel, de tourbe, de sable marin, de graviers et d'argile, ainsi que d'importantes ressources en eau. La volonté politique des différents gouvernements de faire des matières premières minérales un des moteurs du décollage de l'économie béninoise s'est traduite sur le terrain par l'amorce d'un développement de la recherche géologique et de l'activité minière.

A ce jour, les gisements les plus importants découverts dans la zone côtière sont les ressources minières en gisements de calcaire, d'argile, de sable et de graviers. Quant aux gisements de gravier, ils sont situés dans le Sud du Mono, leurs réserves exploitées avaient été évaluées à plus de 13 millions de tonnes.

Ce secteur n'est pas sans connaître des difficultés. Ces différents gisements sont mis en valeur de façon artisanale ou industrielle. Ils constituent d'importantes sources de revenus pour les populations riveraines. Toutefois, l'exploitation desdits gisements se fait en l'absence de toute gestion rationnelle et au mépris de toute réglementation, générant ainsi des nuisances à l'environnement (érosion côtière, carrières désaffectées, etc.).

Par ailleurs on note dans ce document de profil sur la zone côtière que les gisements existants sont assez bien connus. Cependant, les recherches devront se poursuivre pour

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dans la commune de DOGBO.

identifier l'ensemble des richesses minières de cette région, ce qui nécessite d'importants moyens financiers.

La cartographie de la localisation des gisements et de leurs zones sensibles et la mise en place d'une base de données sur lesdites ressources restent à faire.

Néanmoins au niveau du Plan Stratégique pour la Relance du Secteur Minier en République du Bénin, se trouvent deux (02) cartes dont l'une synthétisant les formations géologiques du Bénin et l'autre mentionnant les potentialités minières au Bénin. (DG/mines)

En 2004 C. GUIDI avait fait des recherches sur le thème : Problématique de la gestion des carrières de graviers dans la commune de Lokossa. Il ressort de cette étude que la gestion de l'exploitation de la ressource minière de Lokossa pose un grand problème. Ce problème engendré par la gestion de l'activité résulte non seulement de l'analphabétisme des exploitants mais aussi et surtout de leur ignorance des notions de gestion. Des recommandations ont été faites pour une amélioration de la contribution des graviers dans le développement harmonieux de la commune de Lokossa. Parmi ces recommandations on peut citer entre autres : l'intervention de l'Etat dans le secteur de gravier à travers les collectivités locales en tant que gardien du patrimoine national ; la réorganisation de l'activité d'exploitation des carrières de gravier ; le développement chez les exploitants un esprit d'équipe et de coopérative ; etc.

Cette étude montre qu'il y a une surexploitation des graviers avec des conséquences néfastes sur les populations (santé, risque d'accident, perturbation de sommeil ; etc.) et sur l'environnement (dégradation du sol, dégradation des voies, etc.).

1.1.4.2.1. Externalités

Le concept économique de référence en matière de problème d'environnement est celui d'effet externe et plus précisément de déséconomie externe ou d'externalité négative. On dit qu'il existe un effet externe lorsque l'activité d'un agent économique affecte l'utilité (le bien-être ou le profit) d'autres agents, sans qu'il y ait de transaction sur le marché.

En matière d'environnement, les procédures d'estimation peuvent être appliquées aussi bien à la mesure des avantages, pour la collectivité, d'une amélioration de la qualité de l'environnement, qu'à l'évaluation des dommages liés à une dégradation de l'environnement.

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dans la commune de DOGBO.

Si l'on reprend la formulation de Maurice Allais, la valeur sociale d'un objet est mesurée par son prix. Cette valeur dérive essentiellement du phénomène collectif de l'échange et elle ne saurait exister en dehors de lui. L'ensemble des prix constitue en fait "l'échelle des valeurs sociales", qui caractérise toute économie de marché. Le marché transmet, par l'intermédiaire des prix, des signaux quant à la rareté des ressources, et alloue ces ressources aux utilisations où elles sont les plus précieuses. Or, dans le cas des biens environnementaux, il n'existe pas de marché donc pas de système de prix. Pourtant l'inexistence d'un système de prix ne signifie pas pour autant que les actifs environnementaux n'ont pas de valeur.

Dans le cadre de l'analyse utilitariste, les valeurs attribuées aux actifs environnementaux sont construites sur la base des préférences des agents. Cependant, ce choix suppose qu'on exclut de fait la possibilité d'existence d'une valeur intrinsèque, c'est à dire une valeur construite selon un principe biocentré donc indépendante de toute évaluation par les hommes.

L'approche économique s'inscrit donc dans un courant de pensée anthropocentré où l'évaluation des actifs environnementaux se fonde sur les bénéfices ou les dommages affectant le bien-être des individus.

La théorie économique a développé différentes méthodes d'évaluation des préférences des agents lorsqu'il y a absence de marché. Ces méthodes peuvent être groupées en deux catégories: celle reliée à l'observation des comportements et des décisions (préférences révélées) et celle issue de réponses à des situations hypothétiques (évaluation contingente et jeux d'enchères). La première catégorie inclue des méthodes basées sur l'analyse de la demande, des fonctions de coût, des prix de marché et des choix et comportements observés.

Dans la seconde catégorie, on questionne directement les individus sur leur consentement à payer (CAP) pour une modification donnée (hypothétique) de leur environnement. On peut aussi les interroger sur la façon dont leur comportement changerait si la modification était mise en oeuvre, ou enfin sur la façon dont ils classent certaines situations alternatives (combinaisons différentes de revenus, santé et autres biens).

Les types d'avantages les plus facilement identifiables sont ceux obtenus par usage direct ou indirect des ressources naturelles: on parle alors de valeurs d'usage directes ou indirectes.

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dans la commune de DOGBO.

L'utilisation peut aussi être envisagée dans une optique à plus long terme. Les ressources pourront, dans le futur, être l'objet d'un usage. Le bien n'a donc pas de valeur d'usage mais son utilisation potentielle dans le futur détermine une valeur d'option. Cependant, les individus peuvent attribuer une valeur à un bien même s'ils n'en ont pas l'usage dans le présent et n'envisagent pas de l'utiliser dans le futur. Une valeur peut être définie sur la base du pur plaisir qui découle de son existence sans que cela puisse être mis en relation avec un usage présent ou futur. On définit alors un autre type de valeurs, les valeurs d'existence et patrimoniale. La valeur de patrimoine a cela de particulier qu'elle provient du désir de transmettre un environnement non détérioré aux générations futures.

Dans l'analyse globale d'un écosystème, il est probablement raisonnable de partir du principe selon lequel les individus n'auraient pas une connaissance suffisante du monde pour évaluer l'environnement. On peut alors envisager une nouvelle valeur attribuable aux composantes environnementales, la valeur systémique. Chaque composante serait donc évaluée en fonction du rôle qu'elle joue dans l'écosystème.

Il convient de noter qu'il est possible, sur la base de cette conception de la valeur, d'envisager des valeurs systémiques présentes et futures (quel rôle pourra jouer une composante environnementale dans le futur).

Cette notion est intimement liée à l'état des connaissances scientifiques et donc au problème de l'incertitude. Elle reste toutefois intéressante car elle permet d'intégrer dans l'évaluation d'un actif naturel les phénomènes d'interdépendance des services liés à ce bien ainsi que les problèmes d'irréversibilité.

Les approches utilisées donc pour évaluer les effets négatifs supportés par les individus sont de deux types : évaluations directes et évaluations indirectes.

· Les évaluations directes visent à attribuer une valeur monétaire en terme de gains ou de pertes aux actifs naturels. La méthode des coûts de transport, la méthode des prix hédonistes, l'évaluation contingente constituent des exemples.

· Les évaluations indirectes visent à établir à partir de la recherche, le lien de cause à effet, des relations de doses-réponses. La méthode du coût économique de la maladie et la méthode des bénéfices de protection de santé, constituent des exemples. (Somakpo, 2004)

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dans la commune de DOGBO.

Les solutions politiques par lesquelles les pouvoirs publics doivent intervenir pour remédier aux facteurs externes et assurer le jeu rationnel des forces du marché sont : Droits de propriété, réglementation publique, fiscalité et les permis commercialisables.

Selon La Revue `'Finances et développement»(Décembre 2007), il ressort de l'explication des relations complexes qui sont à la base de la sustainomics(à partir de « sustainable economics », «économie durable ») qu'il n'existe pas de mesures reconnues de développement durable comparables aux mesures du développement économique. L'idéal de base est la nécessité d'internaliser les coûts environnementaux et sociaux, d'éliminer les dysfonctionnement du marché qui entraînent les dégradations et d'intégrer toutes les externalités pour calculer le prix des ressources naturelles. Enfin, un appel est fait aux valeurs, aux idées et à la religion afin qu'elles inventent de meilleures incitations à protéger l'environnement pour les générations futures et mettent un terme au matérialisme actuel qui ne pourra pas durer. (Mohan, 2007).

Dans le cadre de cette étude, les instruments d'évaluations directes semblent être mieux adaptés compte tenu du fait qu'il sera plus facile d'attribuer une valeur monétaire en terme de gains ou de pertes dus à l'exploitation de graviers.

1.1.4.2.2. La nature du potentiel de Développement Durable.

Si un gouvernement voulait étudier le succès de son pays dans le maintien d'une croissance durable, quels sont les concepts, les instruments de mesure qu'il pourrait utiliser ?

Il apparaît souhaitable d'inclure également les ressources naturelles dans les modèles de croissance économique et dans la mesure de la production nationale. Pour inclure les ressources naturelles dans la réflexion sur la croissance économique, les économistes ont élaboré le concept de capital naturel d'où la première mesure. La deuxième est liée au concept de potentiel de développement durable qui est la capacité à maintenir la consommation, pendant une période indéfinie, à un niveau constant. Il existe d'autres méthodes qui tiennent compte des ressources et du revenu national.

1.1.4.2.3. La pratique de la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC).

La méthode d'évaluation contingente a été appliquée pour la première fois par R. Devis en 1963, pour la valorisation des actifs naturels. Cette méthode est depuis très utilisée par les économistes du fait de sa relative simplicité.

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La théorie économique connaît plusieurs méthodes d'évaluation des dommages liés à la dégradation de l'environnement.

La méthode des marchés hypothétiques, encore appelée méthode d'évaluation contingente, ne repose pas sur une référence à des marchés existants, mais procède à une évaluation directe du consentement à payer au moyen d'enquêtes et de questionnaires.

Elle consiste à amener les personnes soumises aux enquêtes à révéler leur préférence en ce qui concerne la demande d'un bien environnemental (qualité de l'environnement comme le sol, les voies ; etc.) par le truchement, soit du consentement à payer (CAP) pour bénéficier d'une amélioration de la qualité de l'environnement, soit du consentement à recevoir (CAR) comme compensation si le dommage dû à la dégradation de l'environnement est inévitable.

Il s'agit d'une méthode qui permet, par interrogation directe des individus de générer une estimation des mesures compensées de variation du bien-être. C'est un ensemble de procédures utilisées pour estimer la variation d'utilité ex-ante de l'impact d'une politique à l'aide de questionnaires directs, de jeux d'enchères ou de référendum.

On décrit aux agents interrogés un marché contingent dans lequel on leur fait faire un choix. C'est à dire qu'on décrit à travers un scénario, par exemple sur la base d'une politique visant à l'amélioration d'un actif environnemental, pour ce qui nous concerne, l'amélioration de l'exploitation de graviers ; et on demande ensuite dans le questionnaire quel est le consentement à payer de la personne enquêtée pour cette amélioration ainsi qu'un certain nombre d'autres questions.

Puisqu'il s'agit d'une méthode alternative de valorisation des actifs naturels, plus souvent utilisée car plus flexible, il conviendra de s'interroger sur son degré de validité. Il importe donc de maîtriser les principes de la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC).

Il faut noter qu'il y a 4 mesures du surplus, mais le choix dépend de l'état de référence ainsi que de l'état de droit des individus sur l'offre des actifs naturels. La MEC est employée chaque fois que le marché ne permet pas d'utiliser les méthodes indirectes de révélation des préférences, ou lorsque l'intervention publique ne peut s'appuyer sur aucune donnée disponible.

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Pour comprendre les possibilités, mais aussi les limites dans l'exercice d'évaluation contingente, il convient de s'arrêter sur les obstacles auxquels se heurte une révélation parfaite des préférences.

La MEC s'expose donc à des difficultés d'analyse importantes. Ces difficultés découlent non seulement de limites opératoires (Exemple : lourdeur du dispositif d'enquête) mais aussi de multiples biais qu'elle peut impliquer (BONNIEUX, 1998; CARSON, 1999). Il s'agit notamment du caractère fictif de l'échange proposé qui impose de s'interroger sur la solidité des consentements à payer déclarés ex ante. C'est le biais hypothétique. Il s'agit aussi de la méconnaissance des conséquences de l'amélioration avancée dans le scénario qui implique une sensibilité parfois extrême des réponses au contenu du scénario, au protocole d'enquête et aux informations véhiculées par d'autres questions. C'est le biais informationnel (WILLINGER, 1996).

Du fait au moins de ces deux biais, nous savons, depuis les recherches réalisées par TVERSKY et KAHNEMAN, que cette méthode présente le risque de construire les réponses qu'elle vise à recueillir.

Aussi, une littérature foisonnante aborde cette problématique des biais. Elle traite cette question le plus souvent sous l'angle de la résolution économétrique du biais induit par les questions servant aux enquêtés pour déclarer leur intention de payer : question ouverte ou fermée, nombre des montants ou intervalles proposés ; etc.

Cet exercice de choix exige donc la résolution par l'agent de deux problèmes: un problème de formulation de la valeur (choix sous contrainte budgétaire) et un problème de révélation de cette valeur (opportunité et comportement stratégique).

Dans leur ouvrage (Desaigues et Point, 1993) sur les méthodes d'évaluation, ces deux économistes de l'environnement proposent la prise en compte de six points pour faire une évaluation correcte et éviter un certain nombre de biais.

Le mécanisme de l'évaluation contingente nécessite donc six (6) points à savoir : la population interrogée, la définition de l'actif naturel, le support de paiement, la question de révélation des valeurs (le système d'enchères montantes ou descendantes, la question ouverte, la question fermée), les caractéristiques socio-économiques et enfin l'élaboration du questionnaire.

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L'analyse des réponses et le calcul du Consentement à Payer maximal (CAP) moyen se fait à base de différents modèles dépendant des types de question (ouverte ou fermée), et des réponses données par les individus. Il y a le modèle Logit et le modèle Probit. Ces deux modèles sont utilisés dans le cadre de l'analyse des questions fermées simples. Lorsque la loi des termes aléatoires est logistique, on utilise le modèle Logit. Le modèle Probit s'utilise dans le cas d'une loi normale.

La résolution du biais d'auto-sélection et la prise en compte des variables censurées se fait grâce au modèle Tobit et la méthode d'Heckman, méthode de Greene. Ces modèles sont utilisés dans le cadre de l'analyse des réponses à la question ouverte.

Le traitement du biais hypothétique se fait dans le cas des surévaluations du CAP.

Parmi les études sur les évaluations directes des actifs naturels, l'évaluation contingente est la méthode la plus utilisée.

Une étude sur l'application de la méthode d'évaluation contingente aux récifs coralliens dans la Caraïbe a été faite dans la zone de pigeon de la Guadeloupe par J. RABOTEUR et M. RODES, en avril 2006.

Cette étude porte sur les récifs coralliens. Ces récifs sont présents dans plus de cent (100) pays. C'est l'un des écosystèmes les plus variés de notre planète. Il convient donc, dans ces régions et plus particulièrement en Guadeloupe, d'avoir conscience de l'impact des activités humaines sur l'environnement.

Dans cette optique, une évaluation économique du patrimoine environnemental s'est avérée indispensable pour une gestion durable des actifs naturels. L'objectif de cette étude exploratoire est d'estimer la valeur économique globale de la zone de Pigeon en Guadeloupe.

Cet article utilise la méthode de l'évaluation contingente pour une évaluation du bénéfice économique et social de l'actif naturel que représentent les récifs frangeants des îlets Pigeon.

R. Kast et S. Luchini dans leur article intitulé " Calcul économique et incertitude socio-politique : une procédure d'évaluation des projets publics " ont accordé une place importante à l'évaluation contingente des biens publics.

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Cette étude montre que les processus de décision publique possèdent une double dimension.

Ils doivent à la fois tenir compte d'aspects économiques et du contexte socio-politique dans lequel ils s'inscrivent.

Cet article construit une procédure d'évaluation expérimentale en deux étapes, fondée sur deux théories économiques, qui permet d'évaluer les bénéfices d'un projet public donné en tenant compte des aspects socio-politiques.

L'évaluation contingente est utilisée pour savoir combien les individus sont prêts à payer ex-ante pour une modification donnée (quantitative ou qualitative) d'un bien public.

G. Geniaux et S. L. GREQAM font une description dans leur article relatif à l'évaluation économique des ressources non échangées, de l'évaluation contingente.

Dans leur exposé, les méthodes indirectes telles que la méthode des coûts de protection, la méthode hédonistique et la méthode des coûts de transport n'ont pas été abordées. Seule est présentée la méthode d'évaluation contingente. Cette méthode permet théoriquement de mesurer l'ensemble des valeurs que la théorie économique a mis à jour.

L'objectif de cette étude est de contribuer à fournir des informations susceptibles d'éclairer les décisions des pouvoirs publics dans la mise en oeuvre de l'Assurance Maladie Universelle en Côte d'Ivoire. De façon spécifique, il s'agit d'estimer les dispositions des ménages à cotiser pour l'Assurance Maladie Universelle et d'identifier les facteurs explicatifs de ces cotisations. Pour y arriver, une enquête basée sur la méthode de l'évaluation contingente et portant sur 367 chefs de ménages agricoles a été réalisée dans le département d'Aboisso, département agricole situé à l'Est d'Abidjan, à la frontière ivoiro-ghanéenne. Les données de cette enquête ont été analysées en utilisant une approche descriptive et en ayant recours à un modèle économétrique : le modèle tobit censuré.

R. E GBINLO dans son étude sur « Évaluation du coût social de la pollution de l'air par les taxis moto à Cotonou, Bénin » a utilisé la MEC pour évaluer le coût social de la pollution de l'air par les taxis moto à Cotonou.

Cette étude débouche sur la première estimation du CAP des Cotonois pour améliorer la qualité de l'air et la détermination du coût social lié à l'activité de taxis moto.

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De cette étude, il ressort que le CAP est une fonction croissante du revenu, des dépenses de santé, les personnes âgées annonçant, toutes choses étant égales par ailleurs, une valeur plus faible que les autres. Les femmes ont un CAP plus élevé que les hommes. Ce coût social qui caractérise la perte du bien-être causée par la détérioration de la qualité de l'air pour l'ensemble de la population exposée est déterminé par la méthode d'évaluation contingente. Il s'élève à 429.481.264 FCFA et constitue un véritable outil d'aide à la décision pour les pouvoirs publics en matière de politique de transport et d'amélioration de la qualité de l'air.

Toutefois, aux vues de tout ce qui précède en comparant les avantages et les limites de toutes les méthodes de monétarisation, et en fonction du temps et des ressources dont nous disposons, nous avons opté dans le cadre de cette recherche, une démarche basée sur l'étude des externalités grâce à la méthode d'évaluation contingente, une méthode qui est donc adaptée à l'évaluation des impacts de l'exploitation des carrières de graviers sur l'environnement. Cette méthode permet par interrogation directe des individus, de générer une estimation des mesures compensées de variation du bien-être. Son apparente simplicité, jointe à un approfondissement récent des procédures à respecter pour lui conserver une certaine fiabilité (Mitchell et Carson, 1989), explique son succès parmi les économistes : c'est certainement la méthode de valorisation des actifs naturels la plus utilisée ces dernières années car elle permet de mesurer les bénéfices d'usage et de non-usage.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote