Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
INTRODUCTION
La possession de ressources naturelles abondantes constitue en
principe un atout pour le développement économique. Les pays
favorisés à cet égard doivent pouvoir exploiter leur
capital naturel : climat, sols ; réserves forestières et
halieutiques ; gisements miniers ; pour générer des revenus dans
les premières phases de leur développement. En épargnant
une partie substantielle de ses revenus, un pays pourra transformer ses
richesses naturelles en un capital né de ses efforts, en des actifs
caractéristiques des pays avancés : population active
formée, routes ; réseaux d'électricité et de
télécommunication ; agriculture rentable ; industrie moderne ;
agglomération en expansion ; etc. (GILLIS et All, 1998).
La réalisation des ces actifs passe par une allocation
optimale des ressources naturelles. Cette efficience dans l'allocation,
même si elle a toujours été au centre des prises de
décision de politiques économiques ; elle a évolué
grâce au concept de développement durable développé
dans le rapport de la commission mondiale sur l'environnement et le
développement (CMED) en 1987, présidée par le premier
ministre norvégien Mme Brundtland. Selon cette commission, le
développement durable est vu comme : « un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs. »(CMED, 1987).
Dans le souci de résoudre en effet les problèmes
d'emploi devenus chroniques au Bénin depuis 1985, et de satisfaire leurs
besoins vitaux, les populations béninoises s'adonnent à plusieurs
activités économiques. Ainsi les populations de la commune de
Dogbo pratiquent des activités économiques parmi lesquels nous
pouvons citer l'agriculture, l'élevage, le commerce, le transport,
l'artisanat et l'exploitation minière. En général,
l'agriculture est reconnue comme l'activité principale. Mais depuis les
années 1990, compte tenu de l'importance stratégique au regard de
son impact sur la vie, la grande majorité de la population active de
cette commune s'occupe plus de l'exploitation minière, notamment le
gravier.
Ce comportement adopté par les populations s'explique
par deux faits. Le premier est relatif à la crise économique qu'a
connue le Bénin vers la fin des années 80 et à la
croissance démographique des zones urbaines qui ont obligé les
populations à s'offrir de nouvelles alternatives de sources de revenu.
La libéralisation du secteur d'exploitation des carrières en
1990, retirant au Centre d'Exploitation des Carrières du Mono (CECAMO)
le monopole de la
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
vente du gravier dans l'ex département du Mono,
constitue le second fait qui a offert l'opportunité d'investissement
dans ce secteur.
Dès lors, l'exploitation du gravier qui a connu un
véritable essor. Même si cette exploitation des carrières
dans ces localités a contribué à la réduction de
certains phénomènes sociaux comme le vol, l'exode rural
juvénile ; l'insécurité ; le trafic des enfants ; etc., il
demeure important de noter d'une part que les effets sur les populations et
l'environnement sont significatifs (santé, dégradation du sol,
accident mortel, dégradation des voies). Aussi, , faut-il aussi noter
d'autre part que les renchérissements du prix de cession des graviers et
l'accroissement des travaux de construction dans les grandes villes comme
Cotonou et Porto-Novo, ont conduit à une surexploitation des
carrières. Cette surexploitation a entraîné sans nul doute,
la dégradation de l'environnement (Guidi, 2004).
C'est ainsi que des études de l'Office Béninoise
de Recherches Géologiques et Minières (OBRGM) et de la Direction
Générale des Mines (DG/Mines) ont montré que certains
sites (Sè, Comé, Oumako, Drè, etc.) sont pratiquement
épuisés, laissant ainsi des dommages environnementaux (terres
dégradées non restaurées, dégradation des voies,
etc.) et obligeant les exploitants à migrer vers les autres sites dont
les gisements de graviers sont encore exploitables. La commune de Dogbo
disposant de gisement de graviers exploitables fait partir de ces communes
où l'exploitation est active. Il est constaté que cette
exploitation à Dogbo, se fait dans les mêmes conditions que celles
des autres sites qui ont connu un épuisement rapide.
Au regard de toutes ces réalités, il
s'avère nécessaire de prendre conscience des conséquences
de la surexploitation des carrières dans le secteur de gravier à
travers les effets négatifs tant sur la population que sur
l'environnement. Ces effets mettent en péril l'avenir des
générations futures, et ne favorisent pas un développement
durable. Il urge donc de chercher à mesurer ces effets afin de pouvoir
proposer des mesures de politiques visant à rendre optimale cette
exploitation pour sa meilleure contribution au développement.
La présente étude, se portant sur cette vision,
cherche à se focaliser sur l'exploitation des graviers dans la commune
de Dogbo précisément dans l'arrondissement de Dévé
où l'exploitation est plus effective et les autres arrondissements
voisins qui ont des gisements non exploités. Elle vise surtout, à
une gestion durable de l'exploitation des graviers en vue de faire jouir
durablement de ses fruits aux populations. Ainsi le thème de cette
étude s'intitule:
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
« Politiques de gestion durable des ressources naturelles
non renouvelables au Bénin : cas de l'exploitation du gravier dans la
commune de Dogbo.».
Cette étude se veut aussi bien quantitative que
qualitative. Le travail se répartira en trois principaux chapitres. Il
s'agira dans une première partie, de présenter le cadre
théorique et méthodologique suivi ; dans une seconde partie
d'examiner l'activité d'extraction de graviers surtout par rapport
à son importance et ses effets dans la vie de la commune de Dogbo ;
enfin dans une troisième partie, de présenter et d'analyser les
résultats de notre étude sur la gestion durable de l'exploitation
du gravier dans la commune de Dogbo.
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Politiques de gestion durable des ressources naturelles non
renouvelables au Benin: cas de l'exploitation du gravier dans la commune de
DOGBO.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE
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Ce chapitre permettra essentiellement de préciser la
problématique, les objectifs et les hypothèses de la recherche ;
de procéder à la revue de littérature et de décrire
la méthodologie suivie lors du travail.
1.1. Cadre théorique
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