INTRODUCTION
La faune sauvage est l'un des principaux atouts naturels de
l'Afrique. Admirer et chasser la faune sont une des raisons qui attirent les
touristes en Afrique. Pourtant, les organisations occidentales de
défense de la faune soutiennent qu'elle court un risque constant
d'extinction.
Dans la faune Africaine, les oiseaux d'eau sont parmi les
créatures les plus remarquables et les plus impressionnantes. Depuis des
millénaires, ils parcourent notre globe en volant sur des milliers de
kilomètres, depuis leurs aires de reproduction jusqu'à leurs
zones d'hivernage avant de refaire le chemin en sens inverse. Certains oiseaux
d'eau se reproduisent dans le haut arctique et hibernent près de
l'équateur. D'autres survolent tout le continent Africain en quête
de meilleures conditions. Pendant cette migration, certains oiseaux perdent
jusqu'à un tiers de leur poids et nombreux sont ceux qui ne reviennent
jamais. Cette vie d'éternels nomades, en plus d'une rivalité
constante entre conditions environnementales et exigences humaines rendent les
oiseaux d'eau extrêmement vulnérables.
Tout au long de leur vie, dans tous les lieux qui jalonnent
leur voyage, les oiseaux d'eau sont tributaires des zones humides non seulement
pour nicher et hiberner, mais aussi pour se reposer un moment avant la
prochaine étape de leur migration. Les oiseaux d'eau dépendent
donc de ces zones humides pour leur survie tout comme les chasseurs qui
dépendent d'eux pour l'assouvissement de leur passion. Pour capturer les
oiseaux, les chasseurs utilisent généralement les cartouches de
plomb. Or, les plombs de chasse sont extrêmement nocifs pour les oiseaux
qui les ingèrent. A cela s'ajoute le fait que ces plombs persistent de
manière tenace dans l'environnement. Selon les estimations, les plombs
de chasse tuent chaque année des milliers d'oiseaux d'eau dans le monde
entier. A plusieurs reprises, l'élimination massive d'oiseaux atteints
de saturnisme a été constatée au Canada et aux Etats-Unis
[7].
Pour une utilisation durable des ressources naturelles des
zones humides, il est primordial que les activités de chasse et de
tourisme, en général, ne polluent pas l'environnement de ces
zones qui doivent rester intactes et propres. Ainsi, l'abandon de la grenaille
de plomb toxique pour la chasse des oiseaux d'eau dans les zones humides est
une nécessite absolue.
En tenant compte de la pertinence de cette situation, nous
avons entrepris une étude dont l'objectif majeur est de chercher
l'impact réel du plomb de chasse sur la santé des oiseaux d'eau
migrateurs au Sénégal. Il s'agit de savoir si ces oiseaux
ingèrent les grains de plomb de chasse; et si c'est le cas, quelle est
la prévalence du saturnisme causé par le plomb de chasse chez ces
derniers afin de proposer des solutions alternatives.
Le second objectif de ce travail est de faire une étude
parasitologique particulièrement l'helminthologie digestive des oiseaux
d`eau au Sénégal et la distribution spécifique de ces
derniers en fonction des caractéristiques des différents
milieux.
Pour mieux cerner la question du portage de plomb et des
parasites digestifs chez les oiseaux d'eau au Sénégal, nous
allons adopter un plan binaire ; d'une part, nous évoquerons les
généralités sur l'avifaune au Sénégal et
d'autre part, nous analyserons l'impact du plomb de chasse sur la santé
des oiseaux d'eau au Sénégal et la parasitologie digestive chez
ces derniers. Ce qui nous permettra de faire des recommandations et de donner
des perspectives d'avenir.
Première partie : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
: Généralités sur l'avifaune au
Sénégal
Depuis 1960, le Sénégal a décidé,
par une action méthodique et constante de protéger sa nature, non
seulement ses animaux mais aussi ses plantes. Ce n'est donc pas par hasard
qu'il a été en Afrique noire le premier pays à avoir eu un
Ministère de l'Environnement. (SENGHOR cité par LARIVIERE et col
[43]). Ainsi, il existe au Sénégal des aires
protégées qui couvrent environ 21807 km2, soit 11,1% de la
superficie totale. Ces aires sont classées en plusieurs
catégories : forêts classées, périmètres de
reboisement ou de restauration, parcs nationaux, réserves naturelles
intégrales et réserves spéciales [1] [64] [67].
Pour une bonne protection des son patrimoine notamment les
réserves fauniques ; le Sénégal est également
signataire des conventions internationales suivantes [28]:
· Convention Africaine d'Alger
· Convention du Patrimoine Mondial (UNESCO)
· Convention de Ramsar
· Convention de Washington (CITES)
· Convention de Berne
L'avifaune du Sénégal est très
diversifiée et elle va des espèces extrêmement petites
telles que le troglodyte ou le roitelet , mesurant moins de 10 cm du bec
à la queue, aux oiseaux majestueux tels que la cigogne, le
pélican, le cygne ou l'aigle atteignant parfois plus de 2m
d'envergure[36][69]. On dénombre au Sénégal plus de 360
espèces différentes d'oiseaux [35].
Le Parc National des Oiseaux de Djoudj à lui seul
comporte environ 300 espèces differentes et plus de 3.000.000
d'individus, avec environs 160 espèces protégées par la
convention de Bonn 1977 et celle de Berne 1979 [3].
La plupart de ces espèces sont étroitement
adaptées à un milieu déterminé [22]. Le milieu dans
lequel on observe l'oiseau constitue donc en lui même un critère
de détermination. C'est pour quoi dans cette partie, nous
présenterons successivement : les aires d'habitation des oiseaux, les
caractéristiques des oiseaux d'eau chassés au
Sénégal enfin la valorisation et la gestion de l'avifaune.
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