Participation du dirigeant au capital social et performance des P.M.E. camerounaises( Télécharger le fichier original )par Mohamadou Abbo Université de Yaoundé 2 - D.E.A. 2005 |
II - 2 - 2 - 3 Le marché financier :Tout d'abord, le marché financier intervient comme un mécanisme de contrôle dans la mesure où les actionnaires mécontents peuvent se défaire de leurs titres en entraînant ainsi une baisse. Celle-ci induit une diminution de la rémunération des dirigeants s'il existe une indexation et rend plus difficile l'appel au marché pour se financer. Ensuite, le marché financier intervient sous la forme du marché du « contrôle des sociétés » (M.C. Jensen et R.S. Ruback, 1983). En effet, si les objectifs stratégiques choisis par les dirigeants ne satisfont pas à la contrainte de maximisation de la richesse, un conflit d'intérêts apparaît entre les dirigeants et les actionnaires qui peut être résolu grâce à un instrument coercitif : la menace puis l'exécution d'une prise de contrôle externe qui induit une modification des contrats fondamentaux. C'est-à-dire, pour les dirigeants, un risque de révocation à l'issue de la prise de contrôle. Ce « marché du contrôle» peut aussi exercer son rôle disciplinaire sans qu'une prise de contrôle complète n'intervienne. On parle alors du « marché du contrôle partiel », marché, en réalité beaucoup plus actif que le précédent comme l'ont constaté J.E. Bethel, J. Porter Liebeskind et T. Opler (1998). Le contrôle partiel de ces investisseurs n'aura d'intérêt que s'ils peuvent influencer la politique des entreprises concernées afin d'améliorer leur performance. De surcroît, cette influence induit des coûts comme la baisse de la diversification de leur portefeuille, l'affectation de ressources au contrôle des dirigeants ou la proposition de résolution en assemblée générale. II - 2 - 2 - 4 Le marché du travail :Les participants individuels de la firme, en particulier les dirigeants, font face à la discipline et aux opportunités proposées par le marché du travail pour leur service tant qu'à l'intérieur qu'à l'extérieur de la firme ( E. F. Fama 1998). S'il n'existe pas d'indexation de la rémunération sur la performance, les meilleurs d'entre eux seront amené à partir. Inversement si les dirigeants ne sont pas performants, ils pourront être remplacé soit par les individus issus des entreprises (marché du travail interne) soit par des individus externes à l'entreprise (marché du travail externe). Le marché du travail est ainsi un instrument de discipline qui s'exerce sur les dirigeants. Cependant, trois théories contradictoires de la succession des dirigeants coexistent : a- La théorie du « bon sens » : Une faible performance conduit aux remplacements du PDG9(*) (M.P Alein , S.K Paniant et R.C Lotz, 1979 ; G.R Salancik et J. Pfeffer, 1980), qui, en conséquence, doit amener une amélioration de la performance (R. Guest, 1962). Cette approche soutien qu'il est de la responsabilité des dirigeants de maximiser la richesse des actionnaires. b - La théorie « bouc émissaire » : La succession n'a aucun effet significatif sur la performance. Même si elle est le résultat d'une faible performance, elle sert d'exutoire (W.A Gamson et N.A. Scotch, 1964 ; Lieberson et J.F.O. Connor , 1972 ; M.C. Brown, 1982). Les faibles performances sont considérées comme temporaires, les changements servent à fournir une réassurance symbolique que l'organisation en tant que telle ne tolère pas une faible performance. c - La théorie du « cercle vicieux » : Elle souligne la controverse. Le changement de dirigeant tend à accroître la désarroi organisationnel et conduit à diminuer encore la performance ( O. Grusky, 1963). D. C. Hambrick et R.A d'Aveni (1992) propose ainsi une modélisation de ce « cercle vicieux » et illustré par le schéma 3. La divergence au sein de l'équipe de direction se traduit par des erreurs stratégiques et le retrait de tiers (priants, fournisseurs, banquiers, etc.) ce qui affecte la performance de l'entreprise et génère des départs des dirigeants, volontaire ou non qui déstabilisent à un rythme accéléré l'équipe dirigeante et provoque à terme la défaillance de l'entreprise. Schéma 3 : Le cercle vicieux de la divergence de l'équipe dirigeante et de la faible performance Composition divergente de l'équipe de direction Défaillance du système d'information Signes externes de la divergence de la direction Départ en tant que bouc émissaire Départ volontaire pour une meilleure rémunération Départ volontaire pour éviter une mauvaise réputation Arrivée de nouveaux membres de l'équipe dirigeante Erreurs stratégiques Retrait des tiers Faible performance de l'entreprise Source : D.C. Hambrick et R.A. d'Aveni (1992) Ce chapitre nous a permis non seulement de faire un tour d'horizon sur les fondements théoriques de la participation du dirigeant au capital, mais aussi de percevoir la nature des relations d'agence qui existent qu'on soit dans une entreprise familiale ou managériale. Suivant plusieurs travaux, la participation du dirigeant au capital joue un rôle particulier dans la gestion de cette relation. Ceci peut expliquer l'absence de conformité des études empiriques entre la part du capital détenu et le rendement des entreprises. Dès lors, le problème de l'indicateur des performances se trouve posé dans les études empiriques antérieures. * 9 PDG :Président Directeur Géneral |
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