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La pollution des plans d'eau au Bénin

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par Edia Flavien DOVONOU
Université d'Abomey-calavi ( Bénin) - DEA en Environnement, Santé et Développement 2008
  

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Les résultats des analyses physico-chimiques et bactériologiques des eaux du lac Nokoué sont comparés aux normes de qualité des eaux. Au début du mois de septembre, on observe un apport hydrique de la rivière Sô et du fleuve Ouémé. On enregistre une augmentation de la température sur tous les sites lorsqu'on se réfère aux normes fixées dans le Tableau I. La température étant un facteur très important pour le fonctionnement des écosystèmes, sa variation entre 24 °C et 29 °C agira sans doute sur les réactions métaboliques qui se produisent dans l'eau du lac.

La diminution totale du taux de salinité enregistrée en septembre s'explique par les apports en eau douce de la rivière Sô et du fleuve Ouémé qui diluent l'eau du lac. La baisse de la salinité favorise la prolifération des espèces aquatiques plus précisément les jacinthes d'eau qui en se développant empêchent la pénétration des rayons solaires dans l'eau et contribuent à la raréfaction de l'aération de l'eau ce qui est une menace pour les poissons.

Les valeurs moyennes de la conductivité électrique en juin et septembre (respectivement 1025 et 1073,3 ìs/Cm) sont largement supérieures à la norme de qualité admise de 400 ìs/Cm. Cette valeur moyenne indique que le milieu est pollué. L'eau du lac serait inapte à la plupart des usagers et pourrait constituer une menace pour la santé publique et l'environnement.

L'examen des valeurs de pH obtenues montre que l'eau du lac Nokoué passe d'une nature acide (pH<7) en juin à une nature basique (pH>7) en septembre. Ces valeurs sont comprises dans l'intervalle de la norme de qualité admise (6,5 - 8,5) et seraient favorables au développement des espèces aquatiques.Pendant le mois de septembre, en dehors de Ganvié et de la rivière Sô, les teneurs des matières solides en suspension de tous les autres sites sont inférieures à celles mesurées en juin. La norme de qualité étant de 30 mg/L, on constate que à Abomey-Calavi par exemple, la teneur en MES mesurée en septembre dépasse celle de la norme. Ceci témoigne d'une pollution à cet endroit du lac par les activités anthropiques.

Les moyennes des teneurs en oxygène dissous observées sur l'ensemble des sites en juin et septembre sont respectivement de 3,62 et 2,71 mg/L alors que la norme de qualité admise est de 7 mg/L. Cela montre une pénurie d'oxygène dans ces milieux. Lorsque nous savons que l'oxygène est indispensable à la vie, on doit se poser beaucoup de questions sur le devenir de ce plan d'eau. Ceci est en harmonie avec la DCO. En effet, la norme de qualité admise est de 20 mg /L. Or dans le lac Nokoué, la DCO est largement supérieure à 80 mg /L. Cette valeur élevée de la DCO correspond à une forte teneur de matière organique présente dans le lac liée aux dépôts de branchages d'acadja.

Une comparaison des différentes concentrations de l'ammonium avec les normes de qualité permet de constater que les valeurs obtenues sont largement supérieures à 8 mg/L sur tous les sites sauf à Ahouansori où une teneur de 7,9 mg/L est enregistrée en septembre.

Les concentrations de phosphates obtenues sont supérieures à la limite admissible de 0,5 mg / L (GAUJOUS, 1995). Ceci peut provoquer plus tard des problèmes d'eutrophisation pour le lac. En effet Les algues diffèrent de la vie animale microscopique de nos plans d'eau à cause leur mode de respiration : elles libèrent plus d'oxygène durant la journée qu'elles en utilisent, et absorbent plus de dioxyde de carbone qu'elles n'en relâchent, alors que les animaux et les organismes photosynthétiques libèrent le dioxyde de carbone et absorbent l'oxygène de leur environnement. Les algues réagissent habituellement d'une façon opposée pendant la nuit, lorsqu'elles agissent comme des matières organiques mortes augmentant ainsi la DBO. Il est important de réfléchir soigneusement sur les actions d'élimination des algues des plans d'eau : l'oxygène fourni par les algues lors de leur photosynthèse est bénéfique à la plupart des formes de vie. Ainsi, leur élimination se fera souvent plus au détriment de ces formes de vie qu'à leur bénéfice.

Au total, les principaux effets causés par l'eutrophisation peuvent être résumés comme suit :

- la baisse de la diversité des espèces ;

- l'augmentation de la biomasse végétale et animale ;

- l'augmentation de la turbidité ;

- l'augmentation du taux de sédiments dans le lac ;

- le développement des conditions anoxiques.

Les indications d'état tropique appartiennent soit au biotope (facteur physico-chimique), soit à la biocénose (facteur biologique).

Les principaux indicateurs biotrophiques sont :  

- le bilan d'oxygène : le déficit en oxygène est une fonction croissance des concentrations en phosphates. Malheureusement, il ne peut être utilisé que pour des lacs dont l'hypolimnion est bien différencié.

- la transparence: bien qu'étant étroitement liée à l'abondance du phytoplancton, elle n'est qu'un médiocre indicateur dans la mesure où d'autres éléments peuvent interférer (couleur, matières en suspension etc.)

- les index morphométriques : ils peuvent être utilisés pour étudier l'évolution physique d'un lac, pour expliquer l'état trophique d'un lac mais pas pour le définir.

- les nutriments et ions associés : le phosphore est un bon indicateur même si sa vitesse de recyclage est difficile à évaluer. En revanche, l'azote n'est guère utilisable car il est difficile d'en évaluer les diverses transformations. Les ions, associés aux activités humaines (sulfates, chlorure, sodium etc.) présentent de bonnes corrélations avec d'autres indicateurs plus directement liés à l'état tropique.

- les indicateurs biocénotiques : la présence ou l'absence d'espèces indicatrices est très utilisée. Ces espèces appartiennent au phytoplancton, au zooplancton, au benthos ou aux poissons. La sensibilité de l'éducation est fonction de la réponse de la physiologie et de son comportement mais aussi des interactions interspécifiques, il va de soi que l'utilisation des espèces indicatrices n'est intéressante que lorsqu'on connaît les réponses et les interactions en fonction de l'état trophique du milieu.

- la productivité : on utilise des indices basés sur l'élaboration de la matière organique. On utilise par exemple le déséquilibre entre production et consommation qu'entraîne l'augmentation du flux des nutriments, c'est-à-dire le rapport autotrophie / hétérotrophie. On étudie également l'activité des consommateurs se répercutant sur la biomasse phytoplanctonique et la chlorophylle.

- la diversité : les critères qui utilisent l'abondance relative des espèces sont plus importants que leur simple présence. Le plus simple de ces indicateurs de diversité est le rapport (nombre d'espèces) / (nombre d'individus). Dans les milieux aux conditions difficiles ou extrêmes (sources chaudes, lacs salés etc.), le nombre d'espèces est limité et la diversité réduite. Il en est de même dans les milieux très eutrophes.

Les conséquences de l'eutrophisation : les lacs et réservoirs oligotrophes sont généralement caractérisés par une faible concentration en nutriments, une grande diversité des communautés biologiques (végétales ou animales) mais aussi une productivité primaire (phytoplancton) faible, une biomasse peu importante et des eaux de bonne qualité convenant à la plupart des usages.

Au contraire, les eaux eutrophes sont caractérisées par une productivité et une biomasse élevée à tous les niveaux trophiques, des pullulations fréquentes d'algues.

La diversité des plantes et d'animaux est souvent réduite ; on observe également une croissance accrue des plantes aquatiques de la zone littorale. Les eaux de la couche profonde ou hypolimnion sont déficientes en oxygène et leur qualité est insuffisante pour de nombreuses utilisations.

Conséquences écologiques : l'eutrophisation peut avoir des effets nuisibles sur la stabilité biologique de l'écosystème lacustre : presque toutes les populations vivantes et leurs interactions en seront affectées.

De plus, nous avons vu que certains indicateurs biologiques sont caractéristiques d'une eau oligotrophe ou d'une eau eutrophe.

On va observer dans les eaux eutrophes l'absence d'espèces dites "nobles".On va en revanche rencontrer en abondance des poissons de surface et d'eaux tièdes comme les carpes.

La recherche d'une productivité accrue pour la pisciculture ou d'autres formes d'aquaculture est un des rares cas où l'eutrophisation n'est pas perçue négativement : en effet, la production totale de poissons est également plus élevée dans les eaux eutrophes car elle augmente avec l'apport de nutriments, mais elle n'offre qu'une variété d'espèces limitée.

L'eutrophisation des lacs a surtout des conséquences écologiques, sanitaires, sociales sur la population.

Conséquences sanitaires et économiques : il peut y avoir des conséquences sur le tourisme, dues à des aspects désagréables, les eaux ont une couleur verdâtre, sont peu transparentes, et les rejets de SH2 et NH3 créent des odeurs putrides. Les paysages aquatiques sont altérés.

Les baigneurs peuvent également être gênés à cause des algues. De plus, la pêche peut être limitée à cause de la disparition de certaines espèces prisées.

Qualité de l'eau : la qualification de l'eau dépend de l'utilisation que l'on veut en faire.

- Utilisation agricole : l'eau est souvent utilisée non traitée pour l'arrosage et l'irrigation ; or les cultures et le bétail ont sensibles à la qualité de l'eau, ce qui peut donc entraîner des conséquences sanitaires si elle n'est pas très bonne. C'est pourquoi, étant donné les coûts et les impacts dans les écosystèmes de l'eutrophisation, il est important de prendre des mesures pour limiter ce phénomène.

Les moyens de lutte contre l'eutrophisation : il existe de très nombreuses méthodes pour lutter contre l'eutrophisation : elles varient en fonction du degré de dégradation des lacs, mais la plupart sont extrêmement coûteuses.

La première question est de savoir s'il faut traiter les causes ou les symptômes.

Il est généralement plus judicieux de traiter les causes sous-jacentes, les plus facilement maîtrisables, plutôt que de se contenter de réduire les symptômes. Le traitement exige généralement la réduction ou l'élimination des apports excessifs de nutriments qui sont la première cause de la prolifération des plantes aquatiques.

Réduction des apports ponctuels de nutriments (urbains et industriels) : En règle générale, le phosphore est le principal facteur de maîtrise de l'eutrophisation en eau douce.

Il s'agit avant tout de diminuer les apports de phosphates car ils sont directement assimilables par les végétaux.

Il est possible de réduire le phosphore directement à la source, en l'éliminant par précipitation chimique (avec les sels de fer et d'aluminium, ou de la chaux) au cours du traitement d'épuration des eaux usées.

Bien sûr, il ne faut pas remplacer les phosphores par des substituts qui engendreraient de nouveaux problèmes environnementaux.

Quand l'apport externe en phosphore est réduit de façon énergique et rapide, le plan d'eau se restaure de lui-même.

Réduction des apports diffus de nutriment (rejets agricoles) : les activités agricoles constituent la principale source de pollution diffuse par le nitrate. Avec le développement de la culture du coton dans les régions du septentrion, le nitrate après lessivage des sols se retrouve dans les eaux de surface.

Protection des zones humides : les zones humides sont des plans d'eaux de très faible profondeur (étangs, mares, marais, marécages, tourbières etc.).

Une autre possibilité de contrôle de l'eutrophisation est donc de développer la protection des zones humides pour favoriser l'épuration naturelle. En effet, ces zones ont un rôle d'assainissement. Elles éliminent rapidement la matière organique.

La décision de ne traiter que les symptômes de l'eutrophisation s'explique lorsque le coût du traitement des causes premières est trop élevé, ou si le traitement des symptômes est de toute façon nécessaire.

Dragage des sédiments : les sédiments ont une grande importance dans le phénomène d'eutrophisation ; en effet, même si on arrête les apports externes de phosphore et d'azote, le phénomène d'eutrophisation continue pendant un certain temps car l'azote et le phosphore sont stockés dans les sédiments qui relarguent les phosphates lorsque le milieu est réducteur. La réhabilitation du milieu n'est donc pas immédiate. Le dragage est la méthode de contrôle des sédiments nutritifs la plus efficace.

Oxygénation de l'hypolimnion : si les sédiments enrichis ne peuvent pas être extraits, on peut réduire le processus de relargage en créant un environnement oxydant aux sédiments ; le moyen le plus simple d'obtenir ces conditions dans un lac profond consiste à oxygéner l'hypolimnion . L'aération hypolimnique crée un environnement aquatique oxygéné qui favorise l'élimination des rapports nutritifs externes et s'étend graduellement vers les eaux hypolimniques profondes et les sédiments.

Faucardage et récolte des plantes aquatiques : cette méthode consiste à couper et retirer les macrophytes et les algues fixés du plan d'eau, ce qui permet d'éliminer les conditions qui nuisent aux loisirs aquatiques. Les inconvénients sont le coût, la nécessité de répéter souvent l'opération et surtout les problèmes d'évacuation  des végétaux.

Biomanipulation : il s'agit d'utiliser des organismes spécifiques pour contrôler la croissance des algues ou d'autres composantes du réseau tropique. Par exemple, l'utilisation de poissons pour contrôler les macrophytes.

Il faut toutefois être extrêmement prudent avant d'introduire une espèce étrangère ou exotique dans un plan d'eau, car elle pourrait sévèrement perturber l'équilibre écologique du milieu.

Un autre paramètre dont la teneur dans l'eau du lac est inquiétante est le nitrite. Il provient de la réduction du nitrate sous l'influence des bactéries. Au mois de juin, à l'exception des sites de Kétonou et du bras Ouest de la rivière Sô, toutes les autres stations présentent une concentration de nitrite supérieure à la limite admissible de 0,06 mg/L correspondant au seuil inférieur de la gamme de toxicité aiguë (DJIBRIL, 2001).

En septembre, les concentrations de nitrites obtenues sur tous les autres sites sont supérieures à

0,06 mg/L. La contaminations des puits par le nitrate constitue un grand problème de santé publique car dans certains quartiers périphériques de Cotonou, l'eau de puit continue d'être consommée sans traitement préalable. L'effet le plus grave et le plus anciennement connu des nitrates est la méthémoglobinémie. En fait, dans l'organisme, c'est l'hémoglobine (les globules rouges du sang) qui transporte l'oxygène. La "méthémoglobinémie" est une déformation de l'hémoglobine, ce qui ne lui permet plus de remplir cette fonction vitale de transport de l'oxygène. Chez un individu normal, environ 0,8% de l'hémoglobine se trouve sous forme de méthémoglobine.

La méthémoglobinémie correspond précisément à une accumulation anormale de méthémoglobine dans l'hémoglobine : lorsqu'elle est trop importante, le transport de l'oxygène dans les cellules devient défaillant, avec des conséquences plus ou moins graves.

Les symptômes de la méthémoglobinémie apparaissent lorsque le taux de méthémoglobine dans les globules rouges atteint 10%, avec de premiers signes de cyanose (coloration mauve ou bleue de la peau, les vaisseaux transportant du sang mal oxygéné). Lorsque la méthémoglobinémie dépasse 20%, des signes plus sérieux se font jour, comme des maux de tête, vertiges, tachycardie, asthénie etc. Des troubles de conscience et des signes neurologiques surviennent au delà de 60% et, à partir de 70%, l'intoxication peut être mortelle (www .ird.fr) 2007.

Les nitrates, en tant que tels, ne peuvent être directement responsables de l'apparition de la méthémoglobinémie. C'est leur transformation en nitrites, dans certaines conditions biologiques, qui peut la provoquer.

Les nitrites sont, en effet, des agents favorisant la formation de méthémoglobine. Si l'Homme adulte est, a priori, peu menacé par la méthémoglobinémie, le nourrisson de moins de six mois est, par contre, sensiblement plus vulnérable à cette pathologie, et ce pour plusieurs raisons.

Pendant les trois premiers mois de la vie environ 70% de l'hémoglobine est d'origine foetale. Cette hémoglobine est beaucoup plus facilement "oxydable" que celle de l'adulte et peut donc, de ce fait, se transformer beaucoup plus facilement en méthémoglobine (www .ird.fr) 2007.

Le pH de l'estomac des nourrissons est proche de la neutralité, contrairement aux adultes, pour lesquels l'estomac est un milieu acide. Or, c'est justement à pH presque neutre que les nitrates se transforment le plus aisément en nitrites.

Les nourrissons sont donc la population la plus directement concernée par les risques de méthémoglobinémie. C'est pourquoi la norme "nitrate" de l'eau potable (50 mg/L) a été établie en fonction de leur sensibilité à ce phénomène, afin de protéger la population la plus vulnérable. C'est également pourquoi, en cas de dépassement, même temporaire, de la norme, la consommation d'eau est proscrite pour les nourrissons ainsi que pour les femmes enceintes ou allaitantes. Les populations concernées par un éventuel dépassement de norme doivent alors être prévenues par les autorités responsables (www .ird.fr) 2007.

Les nitrosamines et le cancer : les nitrosamines sont le produit de réactions entre des dérivés des nitrites et certains acides animés.

Le caractère cancérogène des nitrosamines de synthèse a été établi chez l'animal. Chez l'Homme, ce caractère cancérogène est suspecté, par extrapolation (www .ird.fr) 2007.

Encore une fois, ce sont donc les nitrites, impliqués dans la formation de nitrosamines, qui peuvent être suspectés d'un effet nocif pour la santé. Aucun effet cancérogène direct des nitrates n'a en revanche, été constaté sur l'Homme. La limitation de leur concentration dans l'eau est donc à ce niveau conforme au principe de précaution maximale, qui vise à garantir la santé des personnes contre tout risque à court ou long terme, que ce risque soit avéré, probable ou même, comme ici, simplement supposé car il vaut mieux prévenir que guérir.

La pollution bactériologique du lac a des conséquences graves sur la santé des populations lacustres. Les courbes de coliformes totaux, de coliformes fécaux et de streptocoques fécaux présentent presque la même allure tant en juin qu'en septembre. Ces indicateurs de pollution bactériologique varient pratiquement de la même façon d'un site à un autre.

Les résultats des analyses bactériologiques montrent la présence de streptocoques fécaux et de Clostridium dans les eaux de puits de certaines localités proches de la berge. Les rapports Escherichia coli / Streptocoques fécaux étant partout supérieurs à 4, alors la contamination fécale est d'origine humaine et provient du rejet des excréta dans le lac et sur la berge. La présence de microbes pathogènes comme les staphylocoques, Salmonella et Shigelle confirme la prévalence élevée de maladies diarrhéiques et de dermatoses signalée par les agents de santé des localités lacustres.

L'évaluation de la contamination du lac Nokoué par les métaux toxiques a révélé que les concentrations de ces métaux sont largement au dessus de la norme. Ainsi dans les échantillons d'eau du lac Nokoué, les teneurs en plomb, aluminium et cadmium dépassent le seuil (AGONKPAHOUN, 2006). Dans les sédiments du même lac, l'aluminium, le cadmium et le zinc sont présents à des concentrations non négligeables. Des poissons prélevés dans le lac Nokoué contiennent dans leur chair du cuivre à une concentration élevée (AGONKPAHOUN, 2006). Les poissons faisant partie de la chaîne alimentaire de l'Homme, ces métaux toxiques pourraient facilement se retrouver dans notre organisme.

Les métaux lourds dans l'organisme humain :

- remplacent ou substituent les minéraux essentiels ;

- ont un effet antibiotique, ce qui augmente la résistance des bactéries,

- changent notre code génétique ;

- produisent des radicaux libres ;

- neutralisent les acides aminés utilisés pour la détoxication ;

- causent des allergies ;

-endommagent les cellules nerveuses. ( www.up.univ-mrs.fr/ufrsm/filières/lic Plurid/pollution 2006).

Compte tenu de tout ce qui précède, le risque écotoxicologique lié à la pollution du lac Nokoué est très grand car il y a risque de toxicité pour la faune aquatique à cause de l'ion ammonium provenant de la décomposition des excréta qui passe sous la forme de gaz ammoniac à la faveur d'une élévation du pH (par exemple grâce à l'absorption du CO2 par la photosynthèse). Le gaz ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons, des crevettes et d'autres organismes. Les concentrations de nitrate sont au dessus de la norme à cause du rejet des excréta dans le lac.

Ces nitrates peuvent se transformer en nitrite si les conditions deviennent réductrices dans le lac ; cela entraînera une augmentation de la toxicité due aux nitrites.

En conclusion, nous pouvons dire que les risques de prolifération de plantes aquatiques par eutrophisation sont élevés dans le lac Nokoué. En effet, les ions ammonium, nitrate et phosphate en concentration très élevées dans la zone méridionale du lac peuvent induire un développement exagéré des végétaux aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraînera  des difficultés de navigation réduisant les activités économiques .

Les risques d'asphyxie pour la faune et la flore benthiques sont liés au manque d'oxygène dissous provoqué par la forte demande en oxygène pour l'oxydation de cette grande quantité de matière organique que sont les végétaux pourris au fond du lac, les excréta jetés dans le lac, car à ce rythme, l'auto épuration du lac finira par disparaître.

C

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Tout écosystème aquatique présente des caractéristiques physiques et chimiques déterminées. Le plus grand lac du Sud-Bénin est pollué par des éléments chimiques, des matières organiques et autres déchets. De façon générale, les teneurs des polluants retrouvés dans le lac Nokoué sont supérieures aux nomes de qualités admises. Les causes de sa pollution sont diverses et peuvent être résumées comme suit :

- des déversements de produits pétroliers dans le lac ;

- les branches d'acadja qui sont quotidiennement déversées dans le lac ;

- les décharges d'ordures en bordure du lac ;

- les rejets des collecteurs d'évacuation d'eau pluviale en provenance de la ville de Cotonou ;

- les apports du fleuve Ouémé ;

- les matières fécales d'origines humaines et animales ;

- les déchets ménagers (ordures et eaux usées) dans le lac par les populations lacustres.

Tant que la charge polluante n'est pas trop élevée, le lac Nokoué sera capable de s'auto épurer grâce aux microorganismes présents dans l'eau. En revanche si l'on n'y prend garde, le lac Nokoué risque d'être le siège d'une forte eutrophisation liée à un développement excessif des algues.

Le plus grand risque écotoxicologique lié à la pollution du lac Nokoué est celui lié à la possibilité d'accumulation de certains polluants dans l'organisme des poissons et des huîtres vivants dans cet écosystème. En effet, l'ion ammonium provenant de la décomposition des excréta passe sous la forme de gaz, à la faveur d'une élévation de pH. Le gaz ammoniac est toxique et peut entraîner la mort des poissons, des crevettes et d'autres organismes.

Les teneurs en nitrites élevées par rapport à la norme qui est de 0,06 mg / L (OMS) constituent un frein au développement de la faune aquatique à cause de la toxicité (ANDRE 1995). Les nitrites agissent directement sur l'hémoglobine en oxydant l'ion ferreux, il se forme de la méthémoglobine qui est incapable de transporter les gaz respiratoires.

A cause du rejet des excréta dans le lac, les concentrations de nitrite sont par endroit au dessus de la norme.

Les ions ammonium, nitrate et phosphate, en concentration très élevés à cause des excréta, peuvent induire un développement exagéré des végétaux aquatiques tels que la jacinthe d'eau qui entraîne des difficultés de navigation, réduisant ainsi les activités économiques. Ce phénomène entraîne en outre un appauvrissement du lac en produits halieutiques (poissons, et crevettes notamment) qui constituent les principales sources d'alimentation en protéines et de revenus pour les populations lacustres et riveraines.

En vue de contribuer à la réduction de la pollution du lac Nokoué, nous avons fait sept recommandations que voici à l'endroit des autorités politico administratives chargées de la gestion des ressources en eau au Bénin :

1) sensibiliser les pêcheurs sur l'intérêt d'utiliser, des espèces végétales qui ne se décomposent pas rapidement, à défaut de pouvoir supprimer cette technique de pêche ;

2) détruire tous les dépotoirs d'ordures installés autour du lac Nokoué et interdire aux populations lacustres et riveraines de jeter dans le lac leurs déchets solides ;

3) doter les élus locaux de moyens efficaces afin de faire respecter les dispositions réglementaires dans le cadre de la protection des eaux superficielles ; il s'agira de veiller à l'interdiction du transport et de la commercialisation des produits pétroliers sur le lac, ses berges et le long des caniveaux et autres collecteurs d'eaux pluviales couvert ou à ciel ouvert. Il faut en faire de même des rejets d'huile de vidange dans le lac ;

4) développer l'agriculture biologique afin d'éviter à moyen et long terme l'usage des pesticides et des engrais chimiques et de diminuer ainsi la charge polluante de l'eau du lac en pesticides en provenance des eaux de surface de l'intérieur du pays ;

5) minimiser la pollution du lac par les matières fécales, en encourageant la promotion et la vulgarisation des latrines écologiques ;

6) procéder à la dépollution du lac pour permettre la prolifération des espèces animales aquatiques telles que les poissons, les crevettes, les huîtres ;

7) développer les réseaux d'adduction d'eau potable dans tous les villages situés sur le lac et autour du lac.

PERSPECTIVES POUR LA THESE

Thème : Problématique de l'urbanisation et protection des ressources en eau souterraine au Bénin : cas du champ de captage de la SONEB à Godomey

1 - Problématique et justification

Le développement d'un pays passe par la mise en place d'une bonne politique de gestion de ses ressources naturelles. L'eau est une ressource vitale indispensable à toute vie. Elle représente l'une des ressources naturelles les plus sensibles et les plus fragiles. Elle est un facteur de développement économique et social qui n'a pas de substitut. Sa contribution au choix des établissements humains a été prouvée à travers des siècles.

Le Bénin dispose d'importantes ressources en eau. Dans cette situation d'abondance relative, l'accent a été jusqu'ici mis sur l'exploitation de la ressource au détriment de sa préservation. C'est notamment le cas en ce qui concerne le champ de captage de la SONEB situé au Nord-Ouest de Godomey qui permet d'alimenter Cotonou, la plus grande ville du Bénin en eau potable et qui fait actuellement l'objet d'une urbanisation sauvage.

Face à cette déplorable situation, nous avons choisi d'entreprendre notre thèse de doctorat sur le thème : Problématique de l'urbanisation et protection des ressources en eau souterraine au Bénin : cas du champ de captage de la SONEB à Godomey car il urge de se poser des questions sur les conséquences qu'ont les activités anthropiques développées dans la localité sur la ressource. Ce travail de recherche va nous permettre d'apporter notre contribution à la lutte pour la préservation de la qualité des eaux souterraines sur ce site en particulier et dans tout le Bénin en général.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon