C- Sources de pollution du lac Nokoué
1 - Les déchets solides
Plusieurs types de déchets sont recensés dans
cette catégorie.
Ils proviennent non seulement des ménages des villages
situés sur le lac mais aussi des villages ou quartiers
périphériques. Ces ordures ménagères sont
déversées directement dans le lac ou sur la berge.
|
Rejet de déchets solides ménagers
|
Localités
|
Dans le lac
|
Sur la berge du lac
|
Cotonou
|
43
|
56
|
Sèmè-Podji
|
0
|
100
|
Ganvié
|
100
|
0
|
Tableau III: Nombre de ménages (en % des
enquêtés) évacuant les ordures ménagères dans
le
lac Nokoué ou sur la
berge
Les résultats de ce tableau révèlent
qu'en général, une forte proportion de population lacustre
rejette les ordures dans le lac Nokoué. En effet, 66% des personnes
interrogées déversent les déchets dans le lac alors que
35% les jettent sur la berge. A Cotonou, 43% des ménages se
débarrassent des déchets solides en les rejetant dans le
lac ; les 57% restants les évacuent sur la berge. Par contre
à Ganvié, tous les déversent dans le lac.
Des observations directes effectuées sur le terrain
ont permis de constater le long du lac d'une part, des dépotoirs
d'ordures dans 4% des villages ou quartiers lacustres puis d'autre part dans le
lac, des déchets flottants et des ruines d'habitation au niveau de tous
les villages visités.
Les rejets anarchiques d'ordures par les ménages sont
dus à l'inexistence d'un système de collecte dans le milieu
lacustre.
A Cotonou, les nombreux rejets sur la berge expliquent la
présence de plusieurs dépotoirs d'ordures. Le plus grand est
localisé à Ahouansori (Photo 1).
Quelques structures privées de pré collecte
d'ordures dans certains quartiers de Cotonou viennent également
déverser les déchets (ménagers et biomédicaux) sur
la berge du lac Nokoué à Ahouansori, Agbato, Gankpodo, Ladji et
Minontchou.
Au niveau des parties non marécageuses de la berge,
certains habitants mettent feu aux dépotoirs lorsque leur taille devient
importante.
Au total, tous les grands dépotoirs recensés
autour du lac Nokoué se trouvent dans la ville de Cotonou. En
période de crue et de pluie abondante, ces décharges sont
envahies par les eaux et, une partie importante des déchets est
charriée vers le lac. Il faut noter qu'à
Sèmè-Podji, bien que toutes les personnes interrogées
affirment rejeter les ordures sur la berge, aucun dépotoir n'a
été observé. En effet, les ordures produites en faible
quantité dans cette commune sont soit éparpillées dans des
marécages, soit brûlées.
Les déchets solides jetés dans le lac ou sur la
berge sont constitués en partie de matières putrescibles ;
ils contribuent surtout à la contamination bactériologique du
lac et à la pollution par les matières organiques. Les
matières organiques sont définies comme étant des
matières oxydables qui nécessitent pour leur décomposition
une certaine quantité d'oxygène. Elles sont
considérées comme des matières polluantes car elles
appauvrissent le milieu en oxygène.
Une partie de ces ordures est composée des
éléments tels que : les amas de ferrailles, les piles et
batteries usées, les appareils électroménagers hors
d'usage, les déchets biomédicaux provenant des cliniques ou
cabinets médicaux privés et retrouvés dans les ordures
ménagères (pansements, mercure des thermomètres
cassés, seringues et aiguilles hypodermiques ). Ces déchets
favorisent la présence des polluants chimiques dans le lac. Le Tableau
IV récapitule les principaux dépotoirs situés sur la berge
du lac Nokoué.
Tableau IV : Principaux dépotoirs
d'ordures autour du lac Nokoué
N°
|
Sites
|
Hauteur des décharges (m)
|
Coordonnées géographiques en degré
|
Longitude E
|
Latitude N
|
1
|
Ladji
|
0,70
|
002°26'01,4
|
06°23'22,9
|
2
|
1,19
|
002°25'48,7
|
06°23'34,4
|
3
|
Ahouansori
|
0,85
|
002°25' 15,0
|
06°23'18,5
|
4
|
2,00
|
002°25'16,7
|
06°23'18,5
|
5
|
0,90
|
002°25'19,0
|
06°23'18,5
|
6
|
Minontchou
|
1,20
|
002°27'05,8
|
06°23'37,2
|
7
|
1,15
|
002°27'02,7
|
06°23'38,1
|
8
|
Gankpodo
|
1,05
|
002°27'0,7
|
06°23'35,8
|
9
|
0,95
|
002°26'54,8
|
06°23'39,6
|
10
|
0,98
|
002°26'51,4
|
06°23'41,8
|
11
|
Agbato
|
1,18
|
002°26'15,7
|
06°23'18,4
|
12
|
1,55
|
002°26'15,8
|
06°23'18,2
|
13
|
1,45
|
002°26'16,0
|
06°23'11,7
|
Photo 1 : Dépotoir d'ordure situé sur
la berge du lac Nokoué à Ahouansori (haut de 2 m)
2 - Les déchets liquides
a) Les eaux usées
Les eaux usées domestiques sont classées dans la
catégorie des déchets liquides. Elles regroupent les eaux de
vaisselle, de lessive, de bain et de cuisine.
Dans ce cas également, l'inexistence d'un système
de collecte des eaux usées contraint la population lacustre à
rejeter ces déchets dans le lac ou sur la berge. Le Tableau V
présente la statistique de l'évacuation des eaux usées.
Tableau V : Nombre de ménages (en % des
enquêtés) évacuant les eaux usées dans le lac
Nokoué ou sur la berge
Localités
|
Evacuation des eaux usées
|
Dans le lac
|
Sur la berge
|
Cotonou
|
53 %
|
47%
|
Sème-Podji
|
0%
|
100%
|
Ganvié
|
100%
|
0%
|
Au total, la majorité des ménages
interrogés, plus précisément les 69% déversent les
eaux usées dans le lac tandis que les 31% restants en jettent sur la
berge. Par exemple, à Cotonou et Ganvié les
proportions de ménages qui rejettent les eaux
usées dans le lac sont respectivement de 53%, et 100%. A
Sèmè-Podji par contre, le rejet se fait sur la berge.
Les eaux usées jetées dans le lac par les
ménages contribuent non seulement à la pollution chimique du lac
par des apports en phosphates, ammonium, nitrates et nitrites, mais aussi
à la pollution organique car ces eaux usées domestiques
contiennent aussi des matières organiques biodégradables.
b) Les excréta.
Les excréta constituent aussi un type de déchet
liquide, ils sont produits en abondance dans tout lieu de regroupement humain.
Ils proviennent des Hommes et des animaux.
c) Les déjections humaines
Dans les milieux lacustres les déjections humaines ont
pour destination le lac ou la berge. (Tableau VI).
Tableau VI : Nombre de ménages (en %)
rejetant les matières fécales dans le lac Nokoué ou
sur la berge
Localités
|
Latrines publiques sans fosse
|
Latrines privées sans fosse
|
A partir de pirogue
|
A partir de la case
|
Cotonou
|
23
|
17
|
43
|
0
|
17
|
Sèmè-Podji
|
0
|
0
|
30
|
0
|
70
|
Ganvié
|
0
|
0
|
57
|
43
|
0
|
Les résultats présentés dans ce tableau
révèlent que seulement 9% des personnes interrogées
disposent d'une latrine sans fosse installée sur le lac, le reste (91%)
rejettent les matières fécales soit sur la berge, dans une
latrine publique construite sur le lac, soit à partir d'une pirogue ou
de leur case sur pilotis.
Au total, une forte proportion de personnes (87%) rejettent
les matières fécales dans le lac contre une faible proportion de
personnes (13%) qui les mettent sur la berge. A Ganvié, toutes les
personnes
interrogées rejettent les matières
fécales dans le lac. Par contre 83% et 30% des interrogés en
rejettent dans le lac respectivement à Cotonou et Sème-Podji. Les
17% et 70% restants respectifs en rejettent sur la berge.
En zone urbaine du lac Nokoué, particulièrement
à Cotonou, 44 latrines sans fosse dont 25 publiques et 19 privées
sont installées sur le lac. La particularité des latrines
publiques est que l'accès est subordonné au paiement d'une somme
de 25 FCFA. La latrine publique la plus fréquentée se trouve
à Agbato (Photo 2). Elle accueille en moyenne 95 personnes par
jour ; parmi celles-ci, on compte un grand nombre de conducteurs de taxi
moto (65%). A Ahouansori et Agbodjèdo, les latrines les plus
fréquentées accueillent respectivement 38 et 25 personnes en
moyenne par jour. Le Tableau VII présente la répartition des
latrines en zones urbaines et sur le lac Nokoué.
Tableau VII : Latrines installées en zones
urbaines du lac Nokoué
Villages ou quartiers
|
Nature de latrine
|
Total
|
Latrines publiques
sans fosse
|
Latrines privées
sans fosse
|
Agbato
|
09
|
06
|
15
|
Agbodjèdo
|
00
|
07
|
07
|
Ahouansori
|
03
|
03
|
06
|
Gankpodo
|
01
|
02
|
03
|
Ladji
|
02
|
01
|
03
|
Minontchou
|
02
|
04
|
06
|
Vossa
|
02
|
00
|
02
|
Yenawa
|
00
|
02
|
02
|
Total
|
19
|
25
|
44
|
Agbato possède le plus grand nombre de latrines sans
fosse ; viennent ensuite Agbodjèdo avec 7 latrines sans fosse puis
enfin, Ahouansori et Minontchou avec chacun 6 latrines sans fosse.
En période de crue, les déjections
déposées sur la berge sont envahies par l'eau et ramenées
dans le lac.
Photo 2 : Latrines publiques installées sur
le lac Nokoué à Agbato et bidons d'essence plongés
dans l'eau .
d) Les déjections animales
Le cheptel animal des quartiers ou villages lacustres est surtout
composé de bovins, ovins, caprins, porcins et volaille. Soixante huit
pour cent des ménages interrogés élèvent des
animaux domestiques. Parmi ces éleveurs, on compte 66% d'éleveurs
de porcs, 32% de moutons chèvres, 75% de volaille et 6% de boeufs ;
ces pourcentages se justifient par le fait que certains habitants
élèvent à la fois plusieurs catégories d'animaux
(Tableau VIII ). A certains endroits, les animaux sont dans des enclos, mais
dans d'autres, ils errent sur la berge et dans l'eau (Photo 3).Ces enclos sont
des lieux de production d'importante quantité de lisier (urines et
matières fécales). Le fumier produit est rejeté dans le
lac lors du nettoyage des parcs par les propriétaires.
Photo 3 : Porcs en divagation sur la berge du lac
à Mènontin
Tableau VIII : Nombre d'éleveurs (en %
des enquêtés) rejetant les cadavres d'animaux et les
déjections animales dans
le lac ou sur la berge
Localités
|
Eleveurs de porcs
|
Eleveurs de volaille
|
Eleveurs de moutons et chèvres
|
Eleveurs de boeufs
|
Cotonou
|
72
|
78
|
44
|
0
|
Sèmè-Podji
|
83
|
67
|
1
|
0
|
Ganvié
|
62
|
72
|
24
|
7
|
Les résultats obtenus sur le comportement sanitaire des
éleveurs vis-à-vis des animaux se présentent dans le
Tableau IX.
Tableau IX : Nombre d'éleveurs (en %
des enquêtés) qui jettent d'animaux domestiques dans
le lac
Localités
|
Cadavres d'animaux
|
Déjections animales
|
Rejet dans le lac
|
Rejet sur la berge
|
Enterrés
|
Rejet dans le lac
|
Rejet sur la berge
|
Cotonou
|
38
|
33
|
27
|
33
|
66
|
Sèmè-Podji
|
0
|
33
|
66
|
0
|
100
|
Ganvié
|
100
|
0
|
0
|
93
|
6
|
Les cadavres d'animaux sont rejetés dans le lac, sur la
berge ou enterrés.
En effet, 67% des ménages jettent les animaux morts dans
le lac, 12% les abandonnent sur la berge alors que 19% les enterrent.
Les déjections animales sont en majeure partie dans le
lac. En réalité, 62% des ménages se débarrassent de
ces déchets en les déversant dans le lac alors que 37% les
abandonnent sur la berge. Trente trois pour cent, et 93% des ménages
rejettent ces déjections dans le lac respectivement à Cotonou, et
Ganvié.
Les éleveurs producteurs de lisiers (urine et
matières fécales) sont des sources majeures de pollution
azotée : un porc de 100 kg élimine environ 1 m3
de lisier par an, soit 5,5 kg d'azote. (BEAUX, 1998).
Les matières fécales en général
contribuent surtout à la présence dans le lac des polluants
inorganiques azotés (ammonium, nitrates et nitrites), phosphorés
(phosphates) et des micro-organismes (bactéries par exemple).
|