INTRODUCTION
Au cours de la première moitié du
XXe siècle, les Etats-Unis ont livré deux
guerres pour éviter que l'Europe tombe sous le joug de leurs adversaires
potentiels. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, aucun pays
d'Europe occidentale n'était assez puissant pour dominer l'Europe, aucun
n'était prêt à faire de la guerre, une fois de plus,
l'instrument d'une politique hostile à ses voisins. Les menaces contre
la sécurité venaient de l'extérieur.
Dans la deuxième moitié du XXe
siècle (à partir de 1941, en fait), les Etats - Unis ont
affronté trois autres conflits pour faire valoir le même principe
en Asie contre le Japon, en Corée et au Vietnam. Mais, en Asie, les
conséquences ont été bien différentes de ce que
l'on a pu observer en Europe. Les pays de cette région du monde se
considèrent réciproquement comme des rivaux stratégiques,
même s'ils coopèrent dans bien des domaines économiques.
Les guerres y sont peu probables, sans être
entièrement exclues. L'ordre international asiatique est donc plus
proche de celui que connaissait l'Europe du XIXe
siècle que de celui de l'atlantique nord au XXIe. Il
suffit d'étudier la carte politique et économique de l'Asie pour
saisir l'importance et la complexité de cette région. Elle
comprend en effet un pays industriel avancé.
Le Japon, dont l'économie est plus puissante que celle
de n'importe que l'état historique d'Europe ; trois pays
d'envergures continentale, l'inde, la chine et la Russie, deux pays la
Corée du sud et Singapour dont le niveau économique et
technologique avoisine celui des états industriels avancés ;
deux grands archipels : les philippines et Indonésie
composés de milliers d'iles et contrôlant certaines de grandes
voies maritimes ; la Corée du nord, un état
« voyou » qui s'est engagé dans un programme de
production d'armes nucléaires et de missiles à longue
portée.
Une population largement musulmane est dispersée
à travers le territoire péninsulaire et insulaire de la Malaisie
et de l'Indonésie (cette dernière accueillie la plus importante
population musulmane du monde). Enfin, il y a le Vietnam, qui a prouvé
sa bravoure militaire et son nationalisme farouche au cours des guerres qui
l'ont opposé à la France, aux Etats-Unis et à la chine,
et ses deux voisins, le Laos et le Cambodge sur lesquels il exerce une forme de
domination.
L'économie asiatique est de plus en plus importante
pour celle des Etats-Unis et du monde en général. En 1996,
l'Asie représentait 68 % des échanges commerciaux des
Etats-Unis, les exportations américaines en direction de la chine ont
augmenté au rythme annuel de 13% dans les années 1990, et les
investissements américains dans ce pays ont triplé au cours de la
même période. Cependant, si l'Asie fait partie intégrante
de l'économie mondiale, elle ne dispose pas des structures
régionales susceptibles d'atténuer les effets des turbulences de
cette économie, et son seul pare-feu financier est la solidité de
ses différentes économies nationales. Or la crise
financière de 1997 a prouvé la vulnérabilité de ses
systèmes économiques nationaux notamment de ceux de taille
modeste ou moyenne aux fluctuations des taux d'intérêt, du cours
des devises et des mouvements de capitaux spéculatifs, sur lesquels ces
pays n'exerçaient pour ainsi dire aucun contrôle.
Il n'existe pas encore de bloc économique asiatique,
malgré des propositions japonaises en ce sens et certains mouvements en
faveur de la création d'une zone de libre échange asiatique, un
projet soutenu par la chine et le japon. Si l'Asie ou les démocraties
industrielles devaient essuyer une nouvelle grave crise financière, les
pays asiatiques redoubleraient certainement d'efforts pour exercer un plus
grand contrôle sur leurs destinées économiques et
politiques en créant le pendant asiatique des systèmes
régionaux existant.
L'existence d'un bloc asiatique hostile, qui associerait les
états les plus peuplés du monde, d'importantes ressources et des
populations qui sont parmi les plus travailleuses, craint à l'encontre
de l'intérêt national américain. Il faut donc que
l'Amérique maintienne une présence en Asie : elle doit avoir
pour objectif géopolitique d'empêcher l'Asie de constituer une
entité inamicale (ce qui risque fort de se produire sous la tutelle de
l'une de ses puissances majeures) cette tache renvoie à la façon
dont la grande- Bretagne s'est comportée vis-à-vis du continent
européen quatre siècles durant, une politique que Winston
Churchill a fort bien décri.
Pendant quatre cents ans, la politique étrangère
de l'Angleterre a consisté à s'opposer à la puissance
continentale la plus forte, la plus agressive, la plus dominatrice. Il faut
voir dans ces quatre siècles des résolutions immuables au milieu
de tant de changement de noms et de faits, de circonstances et de conditions,
l'un des épisodes les plus remarquables passé de toutes les
races, de toutes les nations, de tous les états et de tous les peuples.
PROBLEMATIQUE
Au XXIe, en poursuivant un objectif
analytique en Asie, les Etats-Unis doivent faire face à un
problème plus complexe. En Europe, l'équilibre des forces
s'appuyait sur des états-nations dont la composition ethnique
était relativement homogène (à l'exception de la
Russie) ; or, parmi les grands états asiatiques (chine, Russie,
inde, Indonésie), plusieurs possèdent des dimensions
continentales et un caractère multiethnique.
L'équilibre européen était, d'un seul
tenant, dans la mesure où tous les grandes états y participaient
c'était en effet l'interaction de leurs alliances qui constituait cet
équilibre ; c'est ainsi qu'une crise à propos de la Serbie
dans les Balkans a été à l'origine de la première
guerre mondiale. L'équilibre asiatique est beaucoup plus
différencié et, partant, plus complexe.
En Europe deux guerres mondiales et l'insuffisance de
l'état-nation européen face aux défis mondiaux ont en
raison de l'équilibre des forces du XIXe
siècle. Les pays d'Europe ne se considèrent plus mutuellement
comme des menaces stratégiques, et l'alliance avec les Etats-Unis a
permis de répondre aux dangers venus de l'extérieur.
A la différence de l'Europe, les pays d'Asie n'ont
jamais reconnu de péril commun, car ils se font des idées fortes
différentes de ce qui menace leur sécurité. Certains
redoutent traditionnellement la Russie, d'autres appréhendent avant tout
la Chine, d'autres encore s'inquiètent à l'idée d'une
renaissance japonaise ; en Asie du sud - est. Certains voient dans le
Vietnam le majeur. L'Inde et le Pakistan se craignent réciproquement
jusqu'à l'obsession.
Dans leurs querelles régionales, les pays d'Asie ont
moins hésité à recourir) la force que les pays
européens assagis par l'hécatombe de deux guerres. Dès
qu'un pays gagne en puissance, tous ceux qui sont en menace des veiller sur
leur propre sécurité se livre à des ajustements
compensatoires. D'où l'augmentation régulière des budgets
de défense à travers toute l'Asie, malgré la fin de la
guerre froide. Selon les estimations de british Aerospace, d'ici à 2010,
les dépenses militaires des états asiatiques dépasseront
celles de l'Europe occidentale et atteindront les deux tiers de celles des
Etats - Unis.
Contrairement à l'Europe du XIXe
siècle, l'Asie ne connait pas un équilibre de forces
homogènes et uniques. Les vastes dimensions de cette région du
monde et sa diversité culturelle et historique se sont associées
pour créer deux équilibres stratégiques. Ainsi sommes-nous
préoccupés à savoir : Les principaux acteurs de la
complexité géopolitique d'Asie ? Qu'est ce qui fait que le
japon cherche avant tout à indiquer l'influence de la chine ?
Qu'est ce qui empêche aux Etats-Unis de définir une approche
unique dans l'élaboration d'un ordre international pour l'Asie ?
Quelle est l'ambition géostratégique des Etats - Unis en
Asie ?
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