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Contribution de l'oralité à  l'étude des relations entre les pygmées Baka et les Bantous au sud-est du Cameroun ,des origines à  1960

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par Joseph Jules SINANG
université de yaoundé1, Cameroun - maà®trise 2004
  

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(Famille )

Beng bot (lignage)

koul bot (clan)

Mpyémo, Mpoumpo'oh, Kounabem....(tribu)

Pyramide de la structure de la société Mpo'oh et apparentés

Source : I.A. Edjondj Mempouth, «Etude ethno-historique des Mpo'oh et apparentés», p.46.

Les clans étaient autonomes les uns vis-à-vis des autres. Seule la conscience collective renforçait l'unité des groupes. Celle-ci se manifestait plus en temps de guerre où un chef militaire était désigné pour conduire les opérations. Son rôle ne durait que le temps des hostilités. Choisi parmi les chefs de beng bot composant le clan, le chef militaire était un homme à l'ardeur guerrière établie. Il était entouré dans le cadre de sa mission, d'un conseil des anciens, d'une congrégation de vieilles femmes, et des sociétés secrètes. Le conseil des anciens avait pour rôle de prendre des décisions politiques. Les vieilles femmes conservaient les fétiches et les attributs du pouvoir tandis que les sociétés secrètes veillaient au maintien de l'harmonie sociale. On distinguait trois types de sociétés secrètes : «nji» spécialisée dans la préparation occulte des guerriers pour leur invulnérabilité et leur disparition dans les champs de combats. La société «Mgbowa» active dans le domaine de la voyance et la guérison occulte des maladies et enfin la société «Mpkess» qui assurait la justice sociale par des sanctions occultes pouvant tendre jusqu'à la mort du coupable et de toute sa famille3(*)5.

C. L'organisation de la défense

Chaque tribu du Sud-Est disposait d'un système de défense qui mettait en relief le rôle de l'armée, en rapport avec l'activité guerrière qui avait cours dans cette région. Bien qu'il n'existât pas une armée permanente comme dans les sociétés centralisées, tous les hommes valides étaient de potentiels guerriers. Toutefois, on distinguait un corps spécial de combattants, une sorte d'unité d'élite qui se caractérisait par ses grades acquis sur le champ de bataille, et en fonction du rôle joué lors des opérations.

Dès le bas âge, les jeunes s'initiaient au métier de guerrier. Cette initiation rentrait dans le cadre général de leur éducation. Ils recevaient l'enseignement théorique relatif à la guerre au sein du hangar. L'instruction portait sur les coutumes, l'histoire des croyances du groupe, la bravoure, les ennemis du clan3(*)6. La phase pratique se déroulait au cours des parties de chasse et de lutte traditionnelle, où les jeunes devaient faire preuve de bravoure, de courage, de témérité et d'intelligence3(*)7. C'est ce qui a fait dire à Lucien Ngombe que : «tout bon chasseur était automatiquement un bon guerrier»3(*)8. Certaines séances d'entraînements prenaient des allures d'activités ludiques. Les Bangando, par les jeux d'adresse, préparaient les jeunes au tir à l'arc (djoto). C'était un exercice fréquent. Il mettait en compétition des jeunes gens. A l'aide de flèches, ceux-ci devaient transpercer un tronc de bananier ou une tranche de macabo située à une distance de dix mètres3(*)9. Cet exercice visait la perfection dans le tir.

Un autre jeu relatif à l'art de la guerre était le ngo'o. Il mettait en scène des jeunes gens répartis en deux camps. Ceux-ci devaient transpercer à l'aide de leurs bâtons pointus «kegna», les fruits sauvages à vive allure, jetés par le camp adverse. Chaque fruit percé était considéré comme butin de guerre et retiré du jeu. Le groupe ayant engrangé le plus grand nombre de fruits était déclaré vainqueur4(*)0. La rapidité et la vigilance étaient des qualités recherchées par cet exercice.

Ces jeunes, une fois cette éducation reçue, pouvaient accompagner leurs parents au champ de bataille d'abord comme porteurs et par la suite comme combattants. Ils pouvaient prétendre aux grades en fonction de leur prestation sur le terrain de combat car une bonne campagne guerrière nécessite l'encadrement des troupes et par conséquent une hiérarchisation de l'armée.

Il faut souligner que le déclenchement de la guerre ou sa cessation se décidait au hangar par le conseil des notables qui tenait lieu de conseil de guerre. Nous remarquons avec Thierno Mouctar Bah que : «l'organisation militaire se confond avec l'organisation sociale»4(*)1. Ceci d'autant que le chef politique devient le chef de guerre en période de conflit. Pour ce qui est de la structure des armées, celle était hiérarchisée. Au sommet, se trouvaient des chefs de guerre comparables aux maréchaux des armées modernes. Ces derniers étaient des hommes pétris d'expérience dont le rôle principal consistait à élaborer les plans et stratégies de combat. Les Bangando les appelaient Nganga Bilo. Ils étaient respectés et vénérés même après leur décès. Sur leurs tombeaux, étaient suspendus des lances, des couteaux, des boucliers fabriqués en bois ou en moelle de bambou ; rappel de leur passé glorieux4(*)2. Ces objets qui étaient inséparables de leurs propriétaires pouvaient être considérés comme des décorations à titre posthume. Du reste, la structuration de l'armée Bangando qui est à l'image de l'ensemble des armées de la région, se présentait de manière suivante :

Nganga Bilo (maréchaux)

* 35 Ibid., p.39.

* 36 Mboliko Emile, ancien combattant, entretien du 5 novembre 2004 à Yokadouma.

* 37 Ibid.

* 38 L. Ngombé,«Evolution des Bangando...», p.29.

* 39 Mediké Albert, entretien du 21 mars 2005 à Banana.

* 40 Ibid.

* 41 T.M. Bah, «Guerre, pouvoir et société...», p.370.

* 42 Mediké Albert, entretien du 21 mars 2005 à Banana.

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