INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte et
justificatif du sujet
L'Afrique vit actuellement de grands bouleversements. La
plupart des pays du continent connait une importante redistribution de la
population attribuable à l'urbanisation rapide, alors que la performance
économique est généralement médiocre.
Confrontées à de nombreuses difficultés, les
autorités urbaines semblent avoir manqué à leurs
obligations. Dans le rapport des Nations Unies (2001), la population mondiale a
atteint 6 milliards à la fin du siècle dernier et chaque
année, elle augmente de 90 millions. Au niveau des Pays en voie de
développement (PVD), 10 000 personnes de plus naissent toutes les
secondes. Quant à la production alimentaire mondiale, elle a
progressé plus vite que la croissance démographique, passant de
2410 à 2800 Kcal dans les pays développés, contre 2010
à 2680 kcal dans les PVD. Elle a permis de réduire
significativement la proportion de sous-alimentés de 37% entre 1969 et
1971 à 17% entre 1997 et 1999 ; malheureusement le nombre de
sous-alimentés dans les PVD reste toujours important : estimé
à 956 millions entre 1969 et 1971 ce nombre est demeuré à
777 millions entre 1997 et 1999 (FAO. 2001). Afin de
réduire de moitié le nombre de sous-alimentés dans le
monde en 2015, objectif fixé par le Sommet Mondial de l'Alimentation
à Rome en Italie, il faut que la production alimentaire mondiale
continue à accroître (FAO. 1996). La population
urbaine continue d'augmenter à un rythme très
accéléré et les villes elles-mêmes aussi ne cessent
de grandir. Ce gonflement des effectifs des populations en zone urbaine est
dû en majeure partie à l'exode rural. Ela (1983,
5), à ce sujet, écrit : « La
population urbaine croît à un rythme beaucoup plus
accéléré que la population rurale ». Aussi,
renchérit-il (1983, 23) : « Vers de
grands centres en pleine expansion convergent chaque jour des courants continus
de migration, drainant des ruraux dans un espace très
vaste. ».
Si l'Afrique subsaharienne voit sa population doubler toutes
les deux décennies avec un taux de croissance de 3%, la production
agricole n'a cependant progressé que de 2% ces 30 dernières
années. Pour maintenir l'équilibre, la production vivrière
devra alors augmenter de 4% (Günter.
1996). D'ici 2020, 2 africains sur 3 vivront en ville. Ils
devront par conséquent produire plus de vivres, en qualité et en
quantité suffisante pour faire face à la demande toujours
croissante en nourriture.
Face à l'accroissement continu de la population, pour
maintenir ou accroître les rendements agricoles appropriés, le
système de gestion de la fertilité des sols dans les
différents agro-écosystèmes urbains et périurbains
devrait favoriser un fort taux d'utilisation d'engrais chimiques et de la
matière organique. Pour accroître leur production, les
agriculteurs africains devraient améliorer la productivité en
intensifiant leur mode d'exploitation des terres. Pour le faire, ils devront
renforcer la richesse des sols en éléments nutritifs. Ceci
exigera entre autres, l'utilisation des doses d'engrais de plus en plus
élevées. De nos jours, de nombreux processus de fermentation
naturelle permettent la récupération et le recyclage de
matières organiques, même à partir des cycles non
végétaux, telles les ordures ménagères qui nous
intéressent.
La croissance de la population urbaine et l'extension
continuelle de l'espace occupé entraînent d'énormes
difficultés dans la gestion de l'environnement. Aussi, de nombreuses
villes produisent-elles des déchets dont elles ne peuvent pas se
débarrasser. Selon le rapport de la Banque Mondiale sur le
développement dans le monde, les municipalités des pays à
faible revenu et à revenu intermédiaire consacrent souvent entre
1/5 et 1/2 de leurs budgets aux services de la voirie, alors que beaucoup de
déchets ne sont pas enlevés.
La gestion des ordures ménagères dans la plupart
des Etats est reléguée au second plan alors que, au même
titre que les préoccupations de bonne gouvernance, les transports,
l'éclairage public, la fourniture d'eau potable, la construction des
infrastructures, la lutte contre les IST et SIDA, les déchets devraient
faire l'objet d'une attention particulière. Ainsi, comme le dit
Waas (1990), peu de décideurs voient
le déchet en terme d'environnement, leur gestion devenant l'affaire des
municipalités.
La pauvreté financière des citadins a des
grandes conséquences sur la gestion des ordures ménagères.
La majorité des citadins ne vivent que des revenus aléatoires.
Des incidents qui ont eu lieu récemment dans les grands centres urbains
d'Afrique montrent que le problème de la gestion des déchets a
atteint des proportions telles que les mesures prises par les différents
niveaux d'administration et les spécialistes se sont
révélées infructueuses. Il suffit de traverser n'importe
quelle ville africaine pour constater les manifestations de ce problème
: amoncellements de déchets, détritus le long des routes,
ruisseaux bloqués, sites d'enfouissement menaçant la santé
dans les secteurs résidentiels, et élimination inadéquate
des déchets toxiques.
La propreté n'est plus la chose la mieux
partagée ; ainsi Gapyissi (1989,
122) affirme en ces termes : « les immondices non
ramassées, les eaux non canalisées, les voiries
dégradées sont devenues les cauchemars de la ville africaine. Ils
créent des conditions propices à la prolifération des
maladies et rendent le cadre de vie désagréable et incidente
surtout dans les quartiers populaires. »
Cependant, la ville de Bertoua dans la Région de
l'Est-Cameroun connaît aujourd'hui une véritable explosion
démographique. Dans ce contexte, l'approvisionnement de la ville semble
être un enjeu majeur des politiques de développement. Avec la
croissance de l'agglomération, l'agriculture vivrière est
repoussée toujours plus loin du centre de la ville. Malheureusement, les
terres de Bertoua subissent l'action de l'érosion. Aussi les
agriculteurs, pour la plupart d'entre eux, ont-ils recours aux fertilisants de
tout genre pour améliorer leur production. D'une part le souci
d'augmenter la production par l'utilisation intensive des intrants agricoles
s'impose et d'autre part d'énormes quantités d'ordures
ménagères sont produites au quotidien et ne subissent aucun
processus de traitement. L'agriculture, s'inscrivant dans le paysage urbain, il
devient impératif d'établir un lien avec les ordures
ménagères. Ce lien repose sur des techniques de traitement des
ordures ménagères, qui doivent aboutir à des co-produits
facilement utilisables pour l'agriculteur, sans dangers pour la santé et
avec risque minimum sur le milieu naturel (Smith et al.
2004).
2. Objet de la
recherche
Notre étude a pour objet d'apprécier la
contribution des activités du traitement des ordures
ménagères dans la lutte contre la pauvreté en milieu
urbain. De manière précise, il s'agit d'attirer l'attention de la
communauté sur l'importance des activités de
récupération et de valorisation des ordures pour le
développement de l'agriculture et de susciter leur engagement à
les développer.
Cependant, plusieurs objectifs sont visés à
travers cette étude dont un objectif général et trois
objectifs spécifiques.
3. Objectifs de
l'étude
Cette étude a un objectif général autour
duquel se greffent des objectifs spécifiques.
3.1. Objectif général
Cette étude a pour objectif principal d'amener les
populations à récupérer et valoriser les ordures
ménagères aux fins de développement d'une agriculture
urbaine et périurbaine dans la ville de Bertoua. Plus explicitement, il
est question d'inciter les populations à participer aux activités
de récupération et de valorisation des ordures
ménagères afin d'améliorer leurs conditions de vie.
3.2. Objectifs spécifiques
Plus spécifiquement, il s'agira de :
· amener les autorités municipales et les
populations à une meilleure gestion des ordures ménagères
dans la ville de Bertoua ;
· identifier les opportunités du traitement des
ordures ménagères récupérées et
recyclées (compost) sur l'agriculture urbaine pour
l'épanouissement des populations ;
· envisager une stratégie de traitement des
ordures ménagères compatible avec des préoccupations de
développement de l'agriculture urbaine et périurbaine (AUP).
4. Intérêt de
l'étude
Ce travail est une contribution à la recherche action;
car il est nécessaire d'effectuer des recherches pour trouver de
nouvelles ressources à valoriser et pour soutenir certaines pratiques
existantes. Cette étude revêt un intérêt pluriel
à savoir : professionnel, politique, scientifique,
économique, social
Au plan professionnel, les maux comme le
chômage, la pauvreté et la faim qui frappent les populations
camerounaises ne sauraient incomber à l'Etat seul. Leur
éradication nécessite la contribution de tous et de chacun. Le
Cadre de Jeunesse et d'Animation doit favoriser l'insertion professionnelle des
populations désoeuvrées au moyen des regroupements. Il doit pour
ce faire identifier et mettre en oeuvre les éléments positifs des
savoir-faire traditionnels et contribuer à la valorisation des
initiatives et des talents des populations. Il s'agit de donner toute leur
ampleur à des pratiques sociales novatrices.
Au plan politique, cette recherche s'inscrit dans le cadre de
l'amélioration des conditions de vie des populations. Ce travail
intéresse plusieurs acteurs tels les départements
ministériels : le Ministère de la Jeunesse ;
Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation (MINATD) ; le Ministère de l'Agriculture et
du Développement rural(MINADER); le Ministère du
Développement Urbain et de l'Habitat (MINDUH); le Ministère
de la Santé Publique (MINSANTE); le Ministère des
Finances ; le Ministère de l'Economie de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, le Ministère de l'Environnemnt et de
la Protection de la Nature (MINEPN), la Communauté Urbaine de Bertoua,
les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les organisations
internationales (Banque Mondiale).
Au plan économique,
la promotion d'un produit local (le compost) et les dividendes
économiques non négligeables qui peuvent résulter de la
fourniture d'un produit de substitution peuvent favoriser la diminution des
charges liées à la gestion des ordures ménagères.
Les activités de récupération, de valorisation et
l'agriculture urbaine constituent un moyen d'insertion socio-économique
des jeunes et des adultes démunis, de lutte contre la pauvreté et
le chômage, puisqu'elles sont génératrices de revenus et
participent au renforcement de l'économie familiale, mais aussi au
relèvement du tissu économique national.
Au plan social, ce travail devra impulser une politique et une
détermination pour opérer du changement en vue d'instaurer, un
niveau de vie socialement et économiquement productif pour les
populations. La vulgarisation des métiers de valorisation des ordures
permettrait, d'apporter une solution non négligeable au problème
du chômage auquel de nombreux jeunes et adultes sont confrontés en
milieu urbain. En mettant en évidence les activités de
récupération des déchets biodégradables dans la
lutte contre la pauvreté en milieu urbain, cette étude suscitera
une nouvelle vision sur la gestion des ordures ménagères dans nos
cités. Cette recherche devra non seulement améliorer la
qualité des prestations, accroître la productivité,
créer des emplois, mais également contribuer à la mise en
place des projets de développement communautaire.
5. Domaine de la
recherche
L'étude que nous menons s'inscrit dans le domaine du
développement des organisations sociales et de l'alphabétisation
fonctionnelle, avec comme champ d'application les Sciences et Techniques de
l'Animation. Nous reconnaissons en cela qu'il s'agit d'un domaine
pluridisciplinaire permettant à son praticien de placer l'Homme au
centre de ses préoccupations. Le Conseiller de Jeunesse et d'Animation
joue le rôle de facilitateur permettant ainsi aux communautés de
s'insérer sans difficulté dans la dynamique locale,
régionale, nationale. De concert avec les populations du Lom et
Djérem, le professionnel de l'animation propose des solutions
envisageables qui lui permettraient de résoudre les problèmes
tributaires à l'environnement immédiat.
6. Délimitation de
l'étude
La délimitation de notre sujet se fait sous un triple
plan spatial, temporel et scientifique.
Au plan spatial, notre étude pourrait
s'appliquer dans certaines grandes villes du pays. Mais pour le cas
présent, nous allons nous limiter à la ville de Bertoua qui se
trouve être le chef lieu de la Région de l'Est. L'étude va
s'étendre sur les deux arrondissements que sont Bertoua 1 et Bertoua 2,
où les problèmes d'insalubrité et d'assainissement, ainsi
que de pauvreté sont réels et préoccupants d'une part et
la valorisation d'importantes ressources telles les ordures
ménagères d'autre part.
Au plan temporel, cette étude s'étale sur la
période allant de 2007 à 2009. La borne chronologique 2007 marque
l'entrée de la nouvelle équipe communale à l'issue des
élections municipales, tandis que 2009 traduit l'année de la
création de la Communauté Urbaine de Bertoua. En fait, ce travail
s'étale sur une période de deux ans.
Au plan scientifique, l'investigation menée sur cette
étude relève des Sciences et Techniques de l'Animation en tant
que discipline qui participe au développement intégral des
individus et de la société. Bien qu'elle se penche sur le
traitement des ordures et l'agriculture urbaine, cette étude s'appuie
également sur la sociologie de la ville africaine. Elle
s'intéresse à l'insertion socio-professionnelle, et s'inscrit
plus spécifiquement dans le champ de l'éducation permanente.
7. Problématique
de la recherche
Le surpeuplement est à la base des déchets en
grand nombre sur les avenues, les coins des parcelles, les caniveaux, les lieux
non habités et les marchés. Ces endroits constituent les lieux de
prédilection de dépôt de toutes les ordures
ménagères, industrielles, manufacturières, agricoles, et
de boues d'égouts. Les bidonvilles sont constitués des quartiers
dont l'absence des infrastructures ou/et des équipements font que les
déchets soient en grand nombre dans cette partie de la ville.
Face à la prolifération des bidonvilles et des
taudis, qui va de pair avec l'insuffisance croissante des services urbains, on
se rend de plus en plus compte que le développement sous-entend bien
d'autres choses que la simple expansion de la production. Une ville est un
immense puits de nutriments, qui ne cesse « d'engloutir » les
denrées alimentaires afin de pouvoir nourrir une population en
croissance constante. La majorité de ces denrées viennent de
loin, et une partie se gaspille ou se détériore en transit ou
pendant l'entreposage. Ce puits de nutriments pourrait être plus efficace
si une plus grande partie des déchets étaient recyclés.
Cela pourrait même permettre de réduire certaines importations. La
ville deviendrait un meilleur milieu de vie si une partie de ses déchets
y étaient réutilisés, car l'air, l'eau et le sol y
seraient moins pollués.
L'état du sous-développement est en grande
partie responsable de la carence des pouvoirs publics, incapables de
gérer les ordures ménagères, de maîtriser la
croissance urbaine, de l'organiser, d'assurer les emplois, les infrastructures
et les équipements nécessaires à la vie de la population.
Toutefois, ce n'est pas la quantité de déchets
qui pose problème, mais plutôt l'incapacité de s'en
débarrasser. La plupart des déchets n'étant pas
ramassés, la collecte des ordures se limite habituellement au centre
ville et aux quartiers. Pour se débarrasser des ordures, les populations
doivent les enfouir ou les brûler. Cet état de chose menace la
santé et l'environnement, cause une nuisance, contribue à
l'érosion du sens civique et risque de donner lieu à un grave
problème social. La pratique d'une agriculture urbaine et
périurbaine et le recours aux « petits métiers »
permettent tant bien que mal d'assurer la subsistance.
Suite à la crise économique qu'a connu le
Cameroun des années 80, le service de collecte des ordures
ménagères par la Commune urbaine a régressé. C'est
alors que la ville de Bertoua est entrée dans un état
d'insalubrité généralisée. Or, l'insuffisance de
mécanismes efficaces d'élimination des déchets dans la
majorité des villes des pays en développement se traduit par
d'énormes accumulations de déchets riches en nutriments, qui
jusqu'à ce jour constituent une menace pour l'environnement et pour la
santé humaine. La découverte d'un moyen sûr et
économique de recycler une partie ou la totalité des
déchets urbains et agro-industriels aurait un triple avantage :
l'assainissement de l'environnement urbain, la réduction des risques
pour la santé et l'accroissement de la production agricole grâce
au renouvellement des éléments nutritifs du sol.
Si, dans toute l'Histoire, il s'est posé des
problèmes de pauvreté, de chômage, de logement et
d'infrastructures dans les villes, l'ampleur et l'intensité des
problèmes urbains dont souffrent actuellement les pays en voie de
développement sont des phénomènes tout à fait
nouveaux. L'acuité de ces problèmes est due essentiellement
à la rapidité de la croissance démographique et à
la grave pénurie de ressources susceptibles d'être
consacrées aux aménagements que nécessite l'augmentation
de la population urbaine.
Fort de ce constat, diverses solutions sans succès ont
été expérimentées par l'Etat avec notamment :
certains acteurs de la société civile, des Associations, des
Organisations non gouvernementales, et des groupes organisés et
informels ; avec l'appui financier des bailleurs de fonds
bilatéraux et multilatéraux, notamment la Coopération
Française à travers le Fonds Social de Développement et la
Banque mondiale. Ces actions portaient essentiellement sur la mobilisation des
populations pour assurer le service de la propreté urbaine à
travers les opérations de pré collecte et de collecte des ordures
dans les quartiers à habitat spontané et les grands axes des
villes.
Comme l'activité agricole, la gestion durable et
efficace des ordures ménagères à travers les
opérations de récupération et de recyclage participent
à l'amélioration des conditions de vie des populations.
Malheureusement, l'étude menée par Sotamenou
(2005) montre que, pour les villes comme Abidjan (Côte
d'ivoire), Accra (Ghana), Dakar (Sénégal) et à
Yaoundé (Cameroun), le taux de collecte des déchets solides
municipaux ne dépasse pas 60%, avec une moyenne située entre 30
et 40% de la production.
La mise sur pied des opérations de
récupération et de recyclage des ordures ménagères
devrait permettre d'améliorer le système de gestion des
déchets qui, de façon significative contribuerait au
développement de l'activité agricole urbaine et
périurbaine. La gestion reste toujours problématique, les aspects
économiques et surtout environnementaux qui sont tout aussi importants
étant très souvent négligés. Aussi nous semble t-il
nécessaire de se pencher sur des solutions susceptibles
d'améliorer le service de collecte des déchets non seulement pour
rendre la ville plaisante d'un point de vue environnemental mais aussi de
faciliter les opérations de récupération et de recyclage,
favorables au développement de l'agriculture urbaine et
périurbaine, afin de générer des emplois, des revenus et
améliorer l'autosuffisance alimentaire des populations de Bertoua.
8. Questions de
recherche
Des auteurs tels que Grawitz
(2001) et Van Der Maren
(1999) précisent, qu'à une question de recherche
correspond une réponse anticipée qui prend la valeur d'une
hypothèse.
8.1. Question principale
Ø La question principale de notre étude est
celle de savoir : comment peut-on amener les populations à
envisager le traitement des ordures ménagères pour des fins de
l'agriculture urbaine dans la ville de Bertoua?
8.2. Questions secondaires
· Qu'est ce qui explique les insuffisances
observées en matière de gestion des ordures
ménagères dans la ville de Bertoua ?
· En quoi le traitement des ordures
ménagères peut-il contribuer à l'amélioration des
conditions de vie des populations de Bertoua ?
· Comment envisager le traitement des ordures
ménagères afin qu'il soit compatible avec les
préoccupations de développement de l'agriculture urbaine et
périurbaine ?
Telles sont les préoccupations qui ont fondé
notre volonté de réaliser ce travail.
9. Hypothèses de
recherche
En respectant le principe du parallélisme
intersubjectif énoncé par Goëtz et
Lecomte (1984) puis, repris par Van
Der Maren (1999), amener les populations à
envisager le traitement des ordures ménagères aux fins de
développement de l'agriculture passe par quatre
hypothèses :
9.1. Hypothèse
générale
Le traitement des ordures ménagères aux fins de
l'agriculture urbaine passe par la participation des populations aux
activités de récupération, de valorisation des ordures et
de vulgarisation de la technique du compostage.
9.2. Hypothèses secondaires
- HS1 : La gestion des ordures
ménagères dans la ville de Bertoua est insuffisante en raison de
la quasi absence des connaissances en la matière et ce, malgré la
multitude des intervenants.
- HS2 : L'utilisation des
ordures ménagères récupérées et
recyclées (le compost) dans les exploitations agricoles est une source
de richesse contribuant non seulement à sécuriser l'alimentation
des populations urbaines à travers la fertilisation des sols, mais aussi
à améliorer de la productivité des cultures et la
santé publique ;
- HS3 : La participation des
populations à la pratique du compostage est le moyen de traitement des
ordures ménagères compatible au développement de
l'agriculture urbaine et périurbaine.
10. Définition
opératoire des concepts
Durkheim (1988) indique
que : « le savant doit d'abord définir les choses
dont il traite afin que l'on sache, et qu'il sache de quoi il est
question ». Dans la même lancée, il poursuit qu'une
théorie ne peut être contrôlée que si l'on sait
reconnaître les faits dont elle doit rendre compte. Signalons toutefois
que cette activité de définition des concepts s'effectuera en
respect du principe de la « Clôture
sémantique » suggérée par Van Der
Maren (1999) et qui dispose de la définition
d'un concept selon son acception dans le cadre spécifique d'une
étude. Ce principe a pour avantage de réduire les cas de
confusions issues de la polysémie de certains termes. C'est dans cette
logique que nous définissons ici les concepts clés de notre
sujet.
Le traitement est un vocable
polysémique, il peut être considéré comme une
transformation d'une matière de manière à atténuer
son degré de nuisance sur le milieu récepteur. Dans le cadre de
notre étude, nous retiendrons la définition de
Smith (2004) : le traitement est un
processus la réduction, dans des conditions contrôlées, du
potentiel polluant initial des déchets et/ou du flux des déchets
à mettre en décharge devant aboutir à des coproduits
utilisables pour l'agriculture, sans danger pour la santé et avec un
risque minimum sur l'environnement. Comme technique de traitement des ordures,
nous évoquerons dans le cadre de cette étude, le
compostage qui est le processus de biodégradation
aérobie (dégradation de la matière organique par les
agents biologiques en présence de l'air) de la matière organique
sous l'action d'une très grande biodiversité des
micro-organismes, préexistant dans les substrats concernés. Le
compost est le produit final du compostage, c'est la
matière stable, assainie, riche en matière organique et non
nauséabonde. Il est composé pour l'essentiel d'une fraction
organique stabilisée et des composés minéraux.
De manière générale un
déchet est un débris ou tous les restes sans
valeur de quelque chose ou encore tout ce qui tombe d'une matière qu'on
travaille. C'est donc toute matière ou objet indésirable
abandonné sur la voie publique, même les cadavres d'animaux, bref
une réunion de résidus hétérogènes. Selon
l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
(ADEME : 1994), le déchet est « tout
résidu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou, plus
généralement, tout bien, meuble abandonné ou que son
détenteur destine à l'abandon ». Les déchets
ménagers font partie de la catégorie de déchets
communément appelée déchets urbains qui
représentent l'ensemble des déchets de la collectivité
dont la gestion incombe aux municipalités. Les déchets
ménagers sont liés à l'activité domestique, ils
comprennent les ordures ménagères au sens strict, les
déchets de jardin et déchets verts. Seuls les ordures et les
déchets verts sont susceptibles d'être utiles à
l'agriculture après un traitement adéquat. Dans le cadre de notre
étude, nous adopterons la définition de Valiron cité
par Ekouma (1999) qui apparaît beaucoup plus restreinte
dans son manuel d'assainissement spécifique pour les pays à
faible revenu. Il considère les déchets
ménagers comme : « Les déchets
solides provenant de la vie des ménages (cuisine, renouvellement des
bien, jardinage, loisir ...) et ceux des activités commerciales qui y
concourent. S'y ajoutent, les déchets de même nature de
l'administration et des services (cantines ...) s'ajoutent en effet aux
déchets ménagers, ceux du nettoiement des
rues »
Si la définition du concept déchet est claire et
précise, la différence entre ordure et déchet n'est pas
perceptible par tous car ces deux termes sont souvent pris l'un pour l'autre.
De manière générale, les ordures
évoquent quelque chose de repoussant. Ce concept rappelle les
détritus de la vie quotidienne. Zoa (1996) pense que
les ordures désignent une chose qui fait horreur, en l'occurrence, les
excréments et autres matières répugnantes telles que la
crasse, la fange... ainsi, les ordures s'opposent à ce qui est propre.
Elle retient comme ordures ménagères les
déchets de cuisine, des balayures, des menus objets dont on se
débarrasse. Les ordures appartiennent à la catégorie de
l'obscène et du grossier. Elles se composent des choses usées,
des débris de toutes sortes, des fragments, des matériaux
utilisés. Pour certains auteurs, les ordures se
caractérisent surtout par leur
hétérogénéité, on y trouve par exemple les
cendres, les débris de vaisselles, les feuilles, les balayures, les
détritus alimentaires, les produits de nettoiement des marchés,
etc.
De ce fait, l'ordure est donc tout déchet ou
résidu inutilisable dans l'immédiat. Ainsi, si les ordures sont
des déchets, les déchets ne sont pas obligatoirement des ordures
car le terme déchet semble plus englobant. Dans cette étude,
l'ordure ménagère sera considérée comme les
déchets végétaux tels que les restes de cultures, les
déchets de cuisine (les épluchures de plantain, de manioc, etc.)
à l'état frais et décomposé ; des déchets
animaux tels que les fientes de poules, les lisiers de porc, etc. et du compost
qui ici constitue l'ensemble des déchets végétaux, animaux
et de cuisine à l'état de putréfaction. La transformation
de ces ordures pourrait aboutir à des co-produits utilisables pour
l'agriculture.
Selon le dictionnaire encyclopédique
Hachette(1997), l'agriculture est une activité
économique ayant pour objet la transformation et la mise en valeur du
milieu naturel afin d'obtenir les produits végétaux et animaux
utiles à l'Homme. La définition de l'agriculture urbaine
et périurbaine semble plus complexe, du fait qu'elle se
définit par rapport à la ville. L'agriculture urbaine selon la
terminologie anglo-saxonne est considérée comme l'agriculture
localisée dans la ville et à sa périphérie, dont
les produits sont destinés à la ville. Lorsqu'on adjoint le
qualificatif urbain au mot agriculture, sa définition devient difficile.
Kouemo (2002, 10) le relève en ces termes :
« La difficulté de poser des limites exactes de
l'agriculture urbaine réside dans l'accroissement rapide de la ville qui
absorbe peu à peu les campagnes
périphériques ». Pour le CIRAD
(1999) : « l'agriculture urbaine est l'agriculture
localisée dans la ville et sa périphérie dont les produits
sont destinés à la ville ».
Dans le cadre de notre étude, l'agriculture urbaine et
périurbaine renvoie à ces différentes activités
agricoles pratiquées en zone intra-urbaine c'est-à-dire à
l'intérieur du périmètre urbain de Bertoua et dans les
périphéries des limites territoriales des trois arrondissements
du Département du Lom et Djérem, dont les produits sont
destinés à la ville.
Il n'est pas toujours aisé de donner une
définition à la ville. Ainsi, la
ville selon le dictionnaire encyclopédique
Hachette (1997), est : « Une
agglomération importante (à la différence du village) dont
les habitants exercent en majorité des activités non agricoles
(commerce, industrie, administration)... offrant à ses habitants une
structure d'accueil complète (emplois, services,
loisirs)».Dans son ouvrage, Grafmayer (1993),
definit la ville « un ensemble diversifié des
populations, d'activités et d'institutions concentrées sur le
même territoire ». Il considère également la
ville comme des entités sociales et matérielles
façonnées par les rapports d'échanges et de
coopérations qui s'instaurent entre les hommes.
Par ailleurs, au Cameroun, les villes ont subi des mutations
diverses qui oscillent entre la tradition et la modernité. De ce fait
opérer une définition appropriée de la ville semble
difficile. La ville apparaît dès lors comme un milieu
dominé par les activités du secteur tertiaire. Il existe en
milieu urbain camerounais, des activités relevant des secteurs
(primaires et secondaires) telles que l'artisanat, l'agriculture,
l'élevage, etc., ce qui amènera Ela (1983)
à considérer les villes africaines comme étant de
« gros villages ».
Dans le cadre de notre étude, la ville sera l'espace
dans lequel vivent des individus appelés citadins exerçant des
activités diversifiées, entretenant des rapports
d'échanges et coopérations spécifiques dans le but de
satisfaire leurs besoins.
11. Approche
méthodologique
L'approche méthodologique telle que définit par
Thank Koï (1981) est l'ensemble des démarches
suivies par l'esprit pour atteindre et démontrer une
vérité ou ce que l'on croit être telle. La
méthodologie consiste à préciser essentiellement notre
démarche dans la collecte et l'analyse des données. En effet,
nous avons au préalable procédé à une
pré-enquête qui nous a permis de nous rendre compte que le
traitement des ordures ménagères et l'agriculture en milieu
urbain étaient effectivement confrontés à de multiples
problèmes. Par la suite, nous sommes passé à
l'enquête proprement dite afin de rassembler toutes les informations
nécessaires sur la question. Cette enquête sera faite par le biais
de l'observation, des entretiens, du questionnaire et de la recherche
documentaire. La troisième étape a consisté en l'analyse
des informations collectées ; et celle-ci s'est fondée sur
la statistique descriptive et l'analyse de contenu.
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