La, migration andine
Rapport à la terre et conquête de la ville
Entre Kuancavelltn et la
eicachera.
De la sierra à Lima
Gilda Nicolau Patrick Deshayes
« L'objet d étude que l'on choisi est un aveu
biographique. » Bonis (Sn lnik
En janvier 2000, je partais au Pérou, rejoindre
l'association Gabriela Mistral, à Lima. Participant à l'un de
leurs projets avec les enfants et les jeunes, je me rendais quotidiennement
dans un quartier de San Juan de Lurigancho, district de la Lima
périurbaine, dans le "cône"1 Est. Je réalisais
très vite que la population était majoritairement d'origine
andine, sans pour autant savoir exactement d'où venaient les uns et les
autres. J'étais indignée également de la réaction
de certains liméniens lorsqu'ils s'étonnaient avec dédain
de me voir aller là-bas. J'ai d'abord été
interpellée par cette dynamique de "débrouille" que les migrants
ont développé, une sorte d' « endodéveloppement
». Inventifs dans un milieu hostile grâce à des
réseaux de liens importants, ils semblaient conquérir la ville et
construire de nouveaux univers de vie. Les femmes semblaient
particulièrement actives par le biais de cantine populaire --par
exemple, et de petites organisations ; leur lutte quotidienne était
saisissante.
Dans les collines auparavant désertes, toute une vie se
déployait ; de nouvelles demeures apparaissaient. On entendait souvent
parler d'invasions ; j'ai moi-même assisté à l'implantation
d'un groupe de maisons, au petit matin sur une dune de Lima ; c'est ainsi que
naissait un nouveau quartier !
De profondes amitiés se sont forgées au fil des
différents séjours que j'y ai effectués. C'est ainsi que
j'ai décidé de retourner dans ce pays, de nouveau pour quelques
mois. Je souhaitais, tout en retrouvant le plaisir d'y séjourner et d'y
mener diverses expériences, approfondir ce thème qui me tenait
à coeur, rencontrer des personnes susceptibles d'apporter des
éléments de réponse à mes questions et surtout
découvrir l'inattendu...
Quelle migration ?
Ce mouvement migratoire s'est produit pour différentes
raisons. D'importants changements socio-économiques et
démographiques ont conditionné et intensifié ce
phénomène. Il a été exacerbé par des crises
importantes telles les grandes sécheresses et les séismes mais
aussi et surtout le terrorisme, obligeant les paysans à chercher
d'autres terres.
Peut-on parler de la migration de la même façon
lorsqu'il a fallu choisir entre fuir ou mourir, ou lorsque l'on part pour
trouver du travail ou encore étudier à la ville ? On ne peut
comparer les migrants en quête d'« une amélioration »
avec les déplacés du terrorisme, venus malgré eux. Les
désirs d'adaptation ne sont pas les mêmes, ni les
possibilités.
J'ai rencontré beaucoup de réfugiés sur
le terrain de mes investigations (à la Vizcachera et dans la Sierra) et
je les évoquerai.
Néanmoins, je me suis intéressée quand
cela était possible, aux derniers arrivés, aux derniers migrants
qui continuent à venir dans cette Lima « explosante »,
où seuls les flancs des collines les plus hostiles offrent un espace
d'habitat. Aujourd'hui, ces gens continuent à. quitter leur village, ces
paysans « abandonnent » leurs terres pour un univers plus prometteur
(ils l'espèrent et pensent pouvoir "avancer" plus rapidement et
exhaustivement à la ville).
Quels sont leurs lieux de vie qui les poussent à
chercher ailleurs une certaine forme de progrès ou un « meilleur
» qui s'impose et qu'ils s'approprient. Est-ce le mode de vie andin
"mobile"
1 Lima est divisée en trois «
cônes » : "cono forte", "cono este", "cono sur" (l'ouest
étant l'apanage du Pacifique...) qui sont la périphérie de
l'ancienne Lima et se sont constitués au gré des migrations,
intensifiées depuis les années 40.
(on parle de « mobilité »), qui a toujours
mené ses habitants vers une quête de « terres meilleures
» face aux obstacles ?
« Costa, Sierra y Selva »
Pour les péruviens, les trois espaces
géographiques du pays : Costa, Sierra et Selva, semblent
représenter non seulement trois espaces, mais aussi trois univers, et
presque trois "cultures", qui sont pourtant en interrelation. La côte
(désertique), les Andes, l'Amazonie. Ils semblent attacher beaucoup
d'importance à cette division tant pour vanter la diversité du
pays que pour se différencier les uns des autres.
Je n'ai pas choisi d'appréhender la migration d'une
communauté en particulier, mais celles qui s'entrecroisent et
s'enchevêtrent dans un même quartier de Lima et à travers
une région. J'ai donc centré mes recherches sur les migrations
depuis la Sierra vers Lima, et du département de Huancavelica.
Il faut se perdre dans les différents "cônes",
districts et recoins de Lima pour réaliser toute l'ampleur du
phénomène mais aussi observer quelques endroits de
l'intérieur. J'ai choisi le quartier de la Vizcacbera
pour centrer cette étude sur l'aspect communautaire et
territorial. C'est un lieu à la fois atypique et caractéristique,
qui s'est peuplé progressivement autour de l'élevage porcin,
à ses débuts, et il s'étend de jours en jours.
Huancavelica est « un des
départements les plus pauvres du Pérou ».
Caractéristique de la vie paysanne (la majeure partie de la population
vie en milieu rural), de la vie minière et des changements (migratoire
et impact sur l'espace) qu'elle entraîne, c'est en outre une
région éloignée des routes touristiques. Le terrorisme y a
été très intense par sa présence et sa violence,
marquant profondément la population, ses victimes et ses
déplacés.
Un regard dans la Sierra permet de réaliser la
dissémination des familles et les réseaux qui y existent, et se
refont à la ville. Territoire agropastoral, son mode vie y est
communautaire et souvent paysan, il influence l'adaptation sur la côte.
C'est aussi une réalité du pays, aujourd'hui oubliée par
une partie de la population, mais qui transforme le monde urbain et entretient,
par ses « diasporas », un rapport important avec la ville.
Un abîme paraît se creuser entre la Côte et la
Sierra mais à Lima, ces mondes se rencontrent.
Problématique
Si je n'ai pas choisi de m'intéresser aux hautes
sphères de migration, je n'ai pas non plus opté pour suivre
l'orientation d'un certain nombre d'études qui montrent le lien
permanent entre la Sierra et ses émigrés de Lima, ou la
reproduction des "traditions" à Lima. Ou bien, celles qui
démontrent le potentiel "capitaliste" des émigrés andins,
tels des petits entrepreneurs... J'ai plutôt rencontré des gens
qui me paraissaient s'être "coupés" de leur lieu d'origine,
confrontés à un quotidien difficile. La lutte pour la
propriété ou la défense commune du territoire s'est
révélée importante pour la conquête de la ville. Le
rapport au sol est donc l'élément central sur lequel mes
"ethnographies" ont été orientées.
J'ai accordé une place particulière aux
histoires de vie, qui oscillent entre mémoire et soucis du quotidien.
Elles permettent de s'interroger sur l'identité qui se reconstruit en
ville et les nouvelles appartenances qui se dessinent.
Chez tous les migrants, on constate cette quête pour la
propriété, qu'est-ce donc qui anime ce combat ? Celui-ci semble
également s'inscrire dans la lutte d'un groupe, d'une communauté
sur un territoire.
J'ai donc essayé de traiter la question de la migration
dans toute sa complexité entre départ et retour, mémoire
et la quête qu'elle suscite. Le phénomène de la migration
ne commence pas dans un lieu de départ pour se terminer dans un lieu
d'arrivée... Elle concerne toute la famille, son passé, son
présent, ses projections futures, et ses espaces de mobilité.
Je m'intéresse aux histoires de vie et du
quotidien d'un quartier de la périphérie de Lima,
j'essaie de comprendre comment il s'est
peuplé et comment s'y constituent les rapports
et l'appartenance.
Un voyage dans les Andes permettra de mieux comprendre la
réalité et les raisons de ceux qui partent. La terre y joue un
rôle prépondérant.
Quels sont les liens entre le rapport à la terre,
l'attachement qu'elle suscite et la lutte des migrants à Lima pour la
propriété ? Quel est son sens symbolique, social et juridique ?
Quel est l'impact de l'émigration dans son évolution
?
Méthodes et écritures...
Mon "terrain" --comme il est communément appelé
en ethnologie, ne se limite pas en un lieu ; il est à l'image de la
migration, en de multiples lieux. Ce "terrain", je le côtoyais au
quotidien; en étant à Lima --puisque la ville a été
constituée par ces migrations, ce qui permettait de sortir de la seule
posture d'ethnologue, jusqu'à l'en oublier. Je rendais
régulièrement visite aux gens rencontrés à la
Vizcachera. Je retrouvais Leoncio, dans le quartier de Zapallal dont il est
dirigeant. Nous allions à la rencontre des habitants de tous les
quartiers qui le composent.
reprit presque à son compte mes questions et
interrogations ! 11 s'enquérait auprès des gens
de leurs origines et de leur valorisation ainsi que des problèmes qui
lui tenaient à coeur, liés au statut d'occupation des sols et
à la lutte des habitants. C'est ainsi (et en allant à travers la
ville) que j'ai pu connaître les autres formations de
quartiers à Lima, peut-être différentes de
la Vizcachera. Dans la Sierra, des rencontres et
évènements (festifs et associatifs) m'ont amenée dans
divers villages du département de Huancavelica. Des gens me proposaient
de me faire connaître leur terre, de rencontrer tel groupe ; une amie de
participer à son projet d'alimentation, des entrevues avec des
autorités (qui pouvaient se conclure autour d'un déjeuner), des
travailleurs sociaux, et surtout des habitants, des amis d'amis, etc. Cela a
abouti dans quelques cas à des entretiens trop formels, mais fort
heureusement par des naissances de liens, des échanges, des
témoignages de vie, et des fêtes aussi ! L'ethnologie
réside dans la rencontre et le rapport établi, celle d'un moment
impromptu, celle de rendez-vous répétés, selon les
désirs de chacun, de dire et de faire... Ce que l'on voit, n'est-ce pas
aussi ce que l'on choisit de regarder et ce que l'on aura bien voulu nous
montrer ?
Sans pourtant enregistrer aucun "entretien", j'ai choisi de
laisser une place importante aux discours des gens, à leurs mots,
à leur voix. Je les ai retranscrits sous la forme de citations et de
récits de vie. D'une part, il me semble que l'on prend trop souvent la
parole à leur place (à travers les écrits) au risque
d'interpréter trop hâtivement et de ne plus savoir "qui dit quoi"
(entre les protagonistes, les visions exogènes, les auteurs et
moi-même...). D'autre part, afin
de traduire fidèlement le « discours
authentique qui mobilise toutes les ressources d'une culture et d'une langue
originale pour exprimer et expliquer des expériences qu'une autre langue
ignore [..12 » --notons que la pratique du quechua aurait
été bien plus adaptée avec les populations andines ; les
termes employés, de par leur récurrences ou leurs connotations,
ont toute une résonance impossible à exprimer. Je
voulais surtout rester fidèle à leurs propos, leurs voix, leurs
témoignages, sans les trahir, tout en laissant transparaître ma
propre sensibilité.
Reste à trier dans le "fatras des faits", entre
vécu et « imaginaire », entre vie personnelle et
"recherches"... L'écriture n'en est pas aisée,
il faut faire des choix et accepter ses postulats.
Mais surtout à qui s'adresser. Qui sera le lecteur de ce
récit ? Les protagonistes ? Des "spécialistes" en ethnologie ?
Des proches ? Des inconnus ?... Je me suis souvent remise en question avant
d'écrire, ou après avoir porté une forme de
"jugement". Les intéressés seraient- ils vraiment d'accord ? Qui
partage cette vision ? Raconter cela comme une histoire ? Mener une
"démonstration" ?... Il m'a fallu accepter le fait que le travail
réalisé (en tant qu'écriture uniquement) devait s'inclure
tout d'abord dans le contexte qui m'était fixé tout en
conservant mes intentions de réciprocité avec les
habitants, sur d'autres plans.
Et puis, subsiste toujours le risque de la solitude
de l'écriture. On peut très vite s'emporter,
interpréter, en oubliant que la réalité telle que
les gens la vivent et l'appréhendent, est autre. J'ai
tenté de rester mesurée. Si l'ethnologie est une
rencontre, l'écriture quand à elle, mériterait
d'être partagée, interactive. J'ai cependant pu échanger au
sujet de mon terrain avec d'autres personnes, ce qui me semble
fondamental, mais insuffisant.
Posture et réciprocité
Les jugements de valeurs demeurent incontournables :
admiration devant la lutte des habitants et leur imagination provoquée
par l'émigration ; et consternation devant la domination d'une
société discriminante et l'apparente indifférence devant
la réalité des Andes. En deçà, interviennent les
meurtrissures du passé, engendrées par la terreur du Sentier
Lumineux3, sans parler des campagnes de stérilisation
forcée'.
Les ethnologues ne sont pas tous d'accord sur le fait de
prendre parti ou pas. Au nom de quelle superbe devrait-on être
l'observateur insensible de situations parfois si consternantes ? La rencontre,
à la base de cette discipline, n'incite-t-elle pas à vous
détacher de toute objectivité ?
Il est néanmoins difficile de traiter
certains thèmes qui engagent l'observateur et lui seul, à
considérer le bien fondé de son discours, la
véracité des ses écrits et surtout la
légitimité de ses réflexions. Il convient de ne pas juger
hâtivement à partir d'un regard trop fugace, et de se
détacher de tout ethnocentrisme. Je me suis d'ailleurs souvent
remise en question devant des
2 Sayad, Abdelmalek. La double absence.
3 20 années de violence, depuis 1980
où commença la violence armée, dans la Sierra. Un pays en
conflit où les Forces années et la police s'affrontèrent
aux subversifs... Le Sentier lumineux, mouvement d'inspiration maoïste,
voulait imposer un nouvel ordre politique, social et économique.
C'était le principal groupe subversif, mais d'autres mouvements
s'ajoutèrent et leurs actes, comme ceux commis par les Forces
Armées, relèvent d'une indescriptible ignominie.
4 Durant le gouvernement de Fujimori, des campagnes
de stérilisation forcée, menées dans des
conditions déplorables, ont été conduites dans des
communautés de la Sierra et de la Selva, ainsi que dans quelques
quartiers pauvres de Lima. De l'ethnocide en passant par le
génocide...
hypothèses que je formulais, de peur de ne pas respecter
les points de vue des uns et des autres.
D'autre part, lorsqu'il se crée un rapport relativement
profond avec les gens, comment ne pas prendre parti dans leur combat ? En
outre, la discrimination dont ils sont parfois victimes amène se
positionner de leur côté. Il est naturel de se préoccuper
de leur combat et d'échanger sur des plans plus personnels.
En rencontrant les déplacés du terrorisme, j'ai
été saisie par leur cause et surtout consternée par leur
isolement. Ils m'ont quelque peu prise à témoin, espérant
être compris et orientés. Je me suis donc informée des
éventuelles aides à leur disposition et de leurs droits. On se
trouve bien souvent seul et incapable devant de telles situations.
Si la rencontre est le lieu de l'ethnologie,
l'hospitalité est sa condition sine qua non.
Les gens se montrent généralement (mais pas
toujours, à raison) disponibles ; à la fin de la première
rencontre, il s'inquiétait : «j'espère que j'ai pu vous
apporter quelque chose ». Par la suite, cette disposition pouvait se
traduire par des rencontres plus personnelles, m'invitant à revenir chez
eux.
L'accueil passe toujours par un digne «
excuse-nous de la pauvreté ou du peu que je puisse t'oeir
», sans manquer de proposer une boisson ou de manger quelque chose
même si ce n'était pas l'heure. Alors que certaines paraissent
toujours indisponibles, la plupart m'invitaient volontiers à leur rendre
visite.
C'est finalement la rencontre que l'on cherche au-delà
des critères objectifs. Une rencontre, souvent fortuite, mais aussi
provoquée par ces réseaux de liens auxquels on accède
très vite et que l'on utilise. Ce que l'on comprend et
interprète, résulte du fruit de cette rencontre, de cet instant
d'échange, de l'hospitalité de l'autre, de sa propre
volonté et de la disponibilité de l'un et de l'autre.
***
Historique de la migration à Lima
Les villes d'Amérique latine, de part leur formation et
leur évolution, diffèrent grandement du modèle urbain
européen auquel nous sommes habitués. D'ailleurs au sein
même de l'Amérique latine on distingue deux grandes familles de
villes : celles issues de la colonisation hispanique, el les villes
brésiliennes, issues de la colonisation lusophone, qui ont eu une
formation sensiblement différente.
Lima est l'une des villes emblématiques de la
colonisation Espagnole, avec son centre ville classé par l'UNESCO depuis
1991. La description de son histoire urbaine va nous permettre de mieux nous
plonger dans cet ancien idéal d'urbanisme pétri des idées
de la renaissance, qui est aujourd'hui devenu un monstre urbain de 7 millions
d'habitants, saturé de bidonvilles...
Au début, il n'y avait rien, du moins rien de
signifiant pour les conquistadors espagnols, puisque l'on sait maintenant que
la zone regroupait un ensemble de villages cultivant les terres fertiles des
environs du rio Rimac, le fleuve qui coule actuellement au centre de Lima. La
population s'élevait alors à 50 000 habitants, la plupart
décimés lors de la construction de la ville. On avait en premier
lieu pensé situer la capitale Péruvienne dans les Andes, à
Jauja, près d'une immense mine d'argent, mais les zones montagneuses
étaient encore contrôlées par la résistance Inca, et
il fallait de toute façon une ville au bord du Pacifique pour charger
les galions de sa majesté Charles Quint, roi d'Espagne... Alors il
fallut se décider à installer la capitale au coeur de
l'inhospitalier désert côtier Péruvien, qui court de
l'équateur jusqu'au nord du Chili, et l'oasis du rio Rimac s'est
imposée.
les règles précises de
La « Ciudad de los Reyes » (ville des rois) naquit
donc le 18 janvier 1535, fondée par Francisco Pizarro,
légèrement avant la publication des « ordonnances royales
» de Philippe II (successeur de Charles Quint), qui dictaient formation
d'une ville dans le nouveau monde.
Le plan de base, très imprégné du
rationalisme propre à la renaissance européenne, prévoyait
une ville sans fortifications, pour lui permettre de s'étendre suivant
son module de « manzanas » (sortes d'îlots,
carrés, et de 100m de coté).
La ville d'alors est la plus importante du continent sud
américain, capitale de tout le vice royaume, couvrant l'ensemble de
l'Amérique du sud à l'exception du Brésil. En 1551 elle se
dota de la première université du nouveau monde, San Marcos, et
atteint son apogée économique et culturelle au
XVIIème siècle. C'est à cette époque que
se construisirent de nombreux palais aux balcons somptuaires, presque tous
détruits par le tremblement de terre de 1746.
En 1919 Lima est une ville de 173 007 habitants et qui entre
dans l'économie de marché avec l'émergence d'une classe
moyenne, qui se développe suivant deux axes principaux: l'un en
direction de Miraflores, à travers l'avenue Arequipa pour les classes
moyennes élevées et les classes aisées, l'autre plus
dirigé vers le Callao pour les classes moyennes et ouvrières,
à travers l'avenue Brasil.
Mais déjà dans les années 1930 la ville
doit faire face à des soulèvements populaires ouvriers, qui
réclament des logements, et le gouvernement va mener une politique de
construction de quartiers ouvriers, pour calmer la situation. Malgré
cette volonté de « limiter les dégâts », le
gouvernement va payer le prix d'une réforme agraire bâclée,
qui engendre des famines chez les indiens des Andes : chaque jour les
immigrants sont plus nombreux, et le gouvernement ne peut pas suivre la cadence
: les « cerros » (colline) de Laeticia, San Cosme et El pino, presque
dans le centre de Lima, commencent à se couvrir d' « indios
», en attente de logement...
En 1946 se met en place le « plan de développement
métropolitain » sur le modèle du « zoning »
américain, mais celui-ci est dépassé par la croissance des
quartiers irréguliers : devant l'afflux toujours croissant de paysans
venant des Andes, les « zones d'attente » où l'on
avait fini par tolérer leur présence deviennent
définitives. Ainsi la ville traditionnelle se développe vers le
sud du Rimac, pour rejoindre peu à peu le Callao et Miraflores, tandis
que la rive nord devient très populaire et s'y développent de
plus en plus de « barriadas » ("bidonvilles").
Dans les années 70 et 80 le phénomène
empire, car en plus de la pauvreté extrême des Andes, le «
sentier lumineux », groupe révolutionnaire terroriste, massacre et
terrorise les campagnes andines, provoquant un exode d'autant plus fort. Les
nouveaux quartiers se développent par énormes poches, au sud,
à l'est et au nord de la ville, pendant que les maisons du centre ville,
de plus en plus dégradées, se
transforment en taudis. Pour l'état il n'est plus
question d'essayer de reloger ces migrants, mais plutôt seulement de les
empêcher d'envahir les terrains qui ont une forte valeur foncière.
Ainsi les "bidonvilles" se retrouvent relégués en de lointaines
périphéries, loin de l'oasis qu'était Lima, en plein
désert. C'est aussi l'époque des immenses opérations
d'auto construction, tel Villa el Salvador au sud.
t.
En 1993 Lima couvrait une superficie de ,741
2812km2, et aujourd'hui la ville compte près
de 8 000 000 d'habitants, avec un toujours très fort taux de
croissance, bien que moins important. Il
. 1
n'est plus dû seulement à l'exode rural, mais
tout simplement aux 2èm" et même 3"
générations des premiers arrivants devenus citadins, toujours
confrontés à la même crise du logement. La situation
actuelle dépeint les cinquante ans d'« invasion ». La ville,
assez peu dense dans ses périphéries, occupe un espace
très important, et le centre ville de Lima se trouve maintenant à
50 Kms des derniers quartiers. Ceux-ci connaissent toujours de terribles
problèmes d'adduction d'eau, d'évacuation des eaux usées,
de circulation, et l'invasion actuelle des dunes les plus
éloignées promet des nouvelles problématiques.
Aujourd'hui, les migrations continuent
à Lima, mais il semble se développer une nouvelle dynamique de
déplacement vers la Selva, où les petites villes s'accroissent
notablement.
Les migrations vers l'étranger, qui se sont d'abord
dirigées vers les Etats-Unis commencent à s'intensifier vers
l'Europe. Quitter le pays à la rechercher de « meilleures
possibilités » continue d'être le rêve de beaucoup,
surtout les jeunes...
1ERE PARTIE
LA V Z('ACHERA. --I NTRoleecrioN
DE CAMPOY A « LA VIZCACHERA » 1
L'ARRIVER A LA VIZCACHERA 3
LES HABITATIONS. CONSTRUCTION. IMPORTANCE DE L'EMPLACEMENT. 6
SPECIFICITE DU QUARTIER 7
TERRES RURBAINES ? 8
L'ORGANISATION POLITIQUE 9
COMMUNAUTE CAMPESINA VERSUS COMMUNAUTE URBAINE ? 9
HISTOIRES DE LA VIZCACHERA 9
LA VIE A LA VTA,'AC'ElEIL, UN CAS PARTICULIER i. MORS
» LIMA ?,.... ,,,,, ,... ......... ,. ... .. ..
UNE VIE ENDOGENE? RAPPORT AVEC L' EXTERIEUR. VIE INTERNE 11
De l'élevage au recyclage... de la chancheria au hueco
11
De la lessive au comedor... De l'intendance familiale
à la gestion communautaire 13
Et la chancheria 2 17
De l'élevage 17
ORGANISATION DE LA COMMUNAUTE 18
Origine et fonctionnement de la communauté 18
Les noeuds juridiques au sein de la communauté
19
LA REPARTITION / LA RECOMMANDATION / LA PARTICIPATION
COMMUNAUTAIRE 20
LES RESEAUX 22
HISTOIRE DU PEUPLEMENT DE LA VIZCACIIERA........
..................................... ..,...,.. ...... 24
D'UNE COMMUNAUTE D'ELEVEURS DE COCHONS A UNE « INVASION
» REGULEE ET CONTROLEE PAR LA
COMMUNAUTE... 24
La fondation et ses fondateurs, des éleveurs
24
Phase Huancayo dans les années 90 (Vicso, Orcotuna
--Akko) 26
« El ano pasado se Ileno » - L'explosion de ces
dernières années. Les nouveaux arrivés 28
DE LA FORMATION D'UN QUARTIER A L'EXPLOSION LES CHANGEMENTS
D'AUJOURD'HUI POUR DEMAIN. LES MOUVEMENTS : NOUVELLES ARRIVEES ET RELOGEMENT
29
LES NIEMOIRE DE LA VIZCACIIERAIlli R ECU D'ARRITvrEE AUX
SOUVENIRS EPISODIQUESP
LES SOUVENIRS DE LA VIZCACHERA 32
Souvenirs d'antan... ou les temps mythiques 32
L 'âge d'or de la Vizcachera 32
SOUVENIRS DE L'ARRIVER A LA. VIZCACHERA 34
L'historique subjectif selon le moment de l'arrivée de
chacun 34
POURQUOI LA VIZCACHERA 7 37
Buscaba un lote, un terreno (Je cherchais un lot, un terrain)
38
Parcours liméniens 38
Pourquoi la Vizcachera ? 42
Que viennent-ils chercher à travers la casa propia?
43
HISTOIRES DE VIE I
I/ LES LIEUX DE LA MEMOIRE 46
ENTRE PRATIQUES, DISCOURS ET REPRESENTATIONS ... QUELS ESPACES
POUR LA MEMOIRE ? 46
TEMOIGNAGES... 48
Chez Cirila et Marcelino... des « antiguos » ou des
andahuaylinos. 49
Genobeba... seule dans la montée 54
Milagro et la maison disparue ! 63
Meche loin (et liberée 1?) de la chacra 66
II/ Du SOUVENIR A LA MEMOIRE 70
« L 'épreuve de la mémoire ou la
mémoire éprouvée » 70
De l'idéalisation au négativisme, entre
discours et discrimination 71
1111 « VAMOS AMI TIERRA » 74
Du discours idéal à la coupure : le non retour
74
Discours et représentation. Transfert de valeurs ?
78
Quelle rupture ? 83
Quelle transmission ? La mémoire par les enfants ou la
transmission de la mémoire 84
DE: É,' I I ISTOIRE 1H VIE A LA VIE la SES IIISIO
I RES
A/ LA COMMUNAUTE : IDENTITE ET APPARTENANCES
88
1/ DE L'ADAPTATION EN VILLE : IDENTITE ET APPARTENANCE. 88
Les rapports sociaux dans la ville 88
Des étapes d'intégration'? 89
La communauté vers le K nous » 89
Le quartier au pueblo, la communauté dans la ville
90
Vivre en communauté 90
2/ TERRITOIRE ET APPARTENANCES... LES RAPPORTS ENTRE LES
HABITANTS 93
Le nouveau tissu social de la communauté 93
Les enfants de migrés (parfois de fondateurs) et
"liméniens" 95
Les anciens/les nouveaux : fondateurs versus
intégrés 9 97
3/ LA COMMUNAUTE ET LES RAPPORTS SOCIAUX, VERS LES CONFLITS
98
Union/désunion 99
Participation / démission 99
L'association contre la communauté 100
B/ LES TENSIONS, OU L'EXEMPLE DE LA FETE DE LA CROIX OU
PROCESSION DANS LA CHANCHERIA 102
LE RAPPORT A LA TERRE COMME VECTEUR DES APPARTENANCES ET
REGULATEUR DES RELATIONS SOCIALES 108
Comment se positionne-t-on 7 108
Des positionnements au jugement : la lutte 111
Du conflit aux expectatives 111
CI LES CONFLITS OU LE LIEN A LA TERRE. HISTOIRES DE
POSSESSION 113
RAPPORT A LA TERRE ET DEFENSE CONTRE L'INVASION 113
LES RAPPORTS AU SOL : BASE DES RAPPORTS SOCIAUX ? 114
AUTONOMIE ET COFIESION DE LA COMMUNAUTE 114
LE SENS SYMBOLIQUE DE LA TERRE : PROPRIETE ET COMMUNAUTE 115
EVOLUTION ET AVENIR DE LA COMMUNAUTE 116
La Vizcachera --introduction
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J'étais allée plusieurs fois à Campoy
--quartier qui se trouve aux confins du district de San Juan de Lurigancho,
(district le plus peuplé de la ville, principalement issu des migrations
à Lima avec près d'un million d'habitants) dans le Cône
Este. Derechef je m'y rendais parce qu'en février,
c'était l'époque des carnavals et beaucoup de provinces
péruviennes réorganisent cortamontes ou
jalapatos3, à la mode de leur communauté,
dans Lima. En l'occurrence c'était la fête d'une communauté
d'origine andine, de la province de Churcampa dont je revenais !
Campoy fait en quelque sorte figure de «
siège » de nombreuses associations de « provincianos
»4, un certain nombre de districts ou de provinces du
Pérou y ont acheté un « local », à. toit
ouvert... probablement en raison du coût moins onéreux des
terrains quand le quartier était encore peu habité... (Il
y avait encore des champs jusque dans les années 85 grâce
à une bonne irrigation). A ce niveau de Campoy, je pensais être au
bout. Là où, enfin, on peut voir que la ville s'arrête,
pour laisser place au relief...Au loin, on ne voyait plus que des collines
arides. Nues. L'habitat semblait s'arrêter en haut de cette grande avenue
sans asphalte, pollué par le constant défilé de bus qui
l'empruntaient, arrivant à leur terminal, en haut de la rue. Aurait-on
imaginé que d'autres lieux de vie existaient encore
là-derrière ?
Plus tard, en m'informant sur les différents quartiers
de Campoy, j'apprenais l'existence de l'un d'eux, avec des maisons assez
récentes, qui vivait en partie du recyclage des déchets. On me
donna alors le contact d'une soeur (Francesca), habillée en civile, qui
y vivait.
A priori, c'était ce que je pensais chercher : des gens
venant surtout de la partie centrale du Pérou (sur laquelle je tentais
de me spécialiser !?) en l'occurrence des gens arrivés depuis
peu, et notamment primo-arrivants (qui ne soient pas des enfants
d'immigrés), même si le quartier ne venait pas de «
naître », et avait déjà plus de 25 ans. Francesca
travaillait au comedor popular5 et m'emmena voir les femmes
qu'elle connaissait par le biais de ce lieu de partage entre femmes, et ainsi
de suite.
Extrait d'une nouvelle de Jaune Bailv. auteur péruvien.
Lima est un terrible et épouvantable mélange,
Avant. les blancs étaient à Lima et les indiens
dans la Sierra »J
2 Lima est divisée en 3 cônes, pour
ses parties périphériques (le cône nord, le cône est
et le cône sud) ce sont les immigrés qui sont venus peu à
peu s'installer aux alentours de la ville, en bordant ses collines, puis en
s'éloignant de plus en plus, formant ces « cônes » entre
les trop hautes collines
Cortainonte et lalapato sont deux sortes de rituels
ludiques, toujours accompagnés de boissons alcoolisées
(chicha-boisson fermentée à base de maïs, cadi'', et
bière pour les plus aisés...) La finalité étant de
désigner, par le jeu, les prochains organisateurs de la fête, les
« mmywdomos »
4 On enregistre des centaines d'associations de
provinciaux. Elles regroupent des émigrés d'une province ou d'un
district du Pérou (les associations régionales --soit
départementales, étant plus aisée et ayant leur
siège dans les quartiers centraux...) et organisent surtout les
fêtes du lieu (carnavals, fêtes patronales, fêtes
coutumières, rencontres sportives (foot), etc.)
5 Cantine populaire. organisation de base,
féminine et communautaire. présente dans de nombreux quartiers.
C'est à partir d'elle que naît une certaine cohésion et
organisation, et elle permet
« Buenos dias hermanita6 »
C'est ainsi que quelques-unes m'appelèrent «
hermanita7 », par analogie avec la soeur, puisque, de
surcroît, nous étions du même pays. Cette connotation
quelque peu affective, permettait de pas entrer dans des relations trop
instrumentalisées (j'ai vite renoncé à expliquer que je
n'étais pas soeur, là n'était finalement pas la
raison de cette appellation...), les autres s'en tinrent à «
setiorita », et pour les plus vaillantes, à prononcer mon
prénom ! Cette drôle d'appellation8, malgré une
présentation en tant qu' « étudiante en anthropologie,
française, faisant une investigation sur les migrations et les origines
des gens venus à Lima », me permettait peut-être de gagner
plus vite la confiance des gens, parce qu'il y avait un certain rapprochement
avec quelqu'un de connu et apprécié faisant union avec les
femmes, une sorte de recommandation, comme elle fonctionne si bien au
Pérou.
Peut-être mes rencontres, dans un premier temps,
dépendraient de cette approche et, on pouvait le croire, se feraient
avec (et de manière exclusive) la communauté chrétienne
(communauté parmi d'autres --évangélique, paysanne,
association d'acheteurs...certaines pouvant s'enchevêtrer, s'allier ;
d'autres, en plein affront... !) Ce ne ffit pas le cas et peu à peu, on
me commentait des problèmes latents qui semblaient être le centre
de leur préoccupation ; j'entrais alors dans un jeu de conflits et
d'alliances qui paraissait presque sournois, aux débuts, mais me
révéla le lien fondamental qui influençait les rapports
sociaux...
C'est à travers de ce que j'ai pu voir, mais surtout
échanger, et donc à partir des propos des gens, que je
comprendrais les rouages qui font et défont la Vizcachera. Discours qui
sont autant de manières de dépeindre leur
réalité et celle des autres, et de livrer un
regard rétrospectif sur leur vie, de commenter le quotidien empli
d'espoirs et de questions prospectives sur la communauté. Il n'est
pourtant pas aisé de prendre en compte ces dires, en cela qu'ils
paraissent parfois se contredire (regards qui évoluent au fil des
entretiens ?) Adaptation de l'image que l'on veut montrer. Des rencontres,
parfois, trop succinctes... Mais c'est dans ces discours, aux
apparences paradoxales, que
demeuraient peut-être les
représentations et manières de se dire, selon
l'intérêt de la situation et l'interlocuteur qui se trouve en
face, discours à l'aune de la confiance qui peut naître et, a
fortiori, du temps qui passe...
« Petite soeur ». littéralement
s J'étais, selon le cas, lors de mes rencontres
au Pérou. serwrita, « gringuita « vecina »
(voisine). et, heureusement « amiga » (amie)
L'arrivée à la Vizcachera
C'est donc après bien des détours (finalement
pas si inopportuns) que je suis arrivée à la Vizcachera. J'ai
été séduite par cet endroit presque invisible,
flanqué derrière les collines qui entourent Campoy Chemin
faisant, je suis aussitôt saisie : le « cobrador9
» de la « combi »1° de l'une des
seules lignes qui vont au-delà du terminal des bus (au fin fond de
Campoy) pour monter s'aventurer à la Vizcachera, m'exonère des 50
centimes (de Sol- la monnaie) qui lui sont dus ! Quel accueil : ne pas faire
payer à une « gringall »!! (Peu de gens y
montent --ils, à mon instar ? Ce monde serait-il régi par
d'autres codes ?!...) Ce sera d'ailleurs la seule fois que cela arrivera... un
signe de bienvenue ?
En bas : le quartier de Campoy et sa longue avenue qui
mène à l'entrée de la Vizcachera. Sur la droite, se
déploie à travers les collines la porcherie, qui a fait
naître le quartier
En allant vers la gauche, on en sort pour aller vers les
habitations qui vinrent jouxter la porcherie
La route qui s'introduit dans les collines terreuses de la
porcherie croise celle qui mène à la partie habitée,
fondée après. Nous sommes à l'Est de Lima, dans la
formation des Andes. C'est pour cela qu'il ne s'agit pas, comme dans les
quartiers longeant le littoral, de dunes de sable.
9 « Cobrador » je n'ai pas vraiment de
traduction. C'est « celui qui fait payer ». Mais c'est surtout un
sacré roersonnage dans la folie des transports
au Pérou I
Dans la hiérarchie des «bus c'est le plus petit (et
inconfortable I) et souvent le plus informel.
A la base, les « gringos » sont les
nord-américains... mais l'amalgame du fait de la couleur de peau (et
sûrement du côté « occidental » et nanti) inclut
désormais tous les «blancs », européens comme
nord-américain. On peut d'ailleurs appeler quelqu'un de la sorte (au
même titre que « ehino » (chinois), « gordo » (gros),
etc.) sans que ce soit (trop !) insultant, en y ajoutant le diminutif --ito :
gringuito/a....
A1-4 11;:o1:1,Li 1"(In
(1)r1 po.r4:1-1,-...1-3)4 11%
I,ors de la montée, on s'arrêtera en chemin afin
d'emprunter la « bretelle » conduisant dans la soue si l'on veut s'y
rendre. A la fin de l'ascension, on arrive sur un grand plateau... des
habitations sont dispatchées sur différents flancs, et sur la
pampa qui s'étend jusqu'à donner, à l'autre bout, sur une
autre vallée que l'on entraperçoit... Qui aurait
soupçonné l'existence d'habitants derrière les
collines...
Où sommes nous ? La frontière de « Lima
Metropolitana » est franchie, il s'agit déjà de la province
de Huarochiri qui se trouve à la sortie, fond de toile verdoyant
grâce à ses cours d'eau qui alimentent la vallée encore un
peu agricole et, notamment, « Campo Fé », un des
cimetières les plus grands et luxueux (les plus grands espaces verts de
Lima seraient-ils ces cimetières ?!) : c'est un peu le poumon de ce
quartier ce quartier des plus arides, sans eau.
1 L
ri
n
n
Un mur sépare la Vizcachera de cette vallée ; la
séparation physique et sociale entre les riches et les pauvres ? Mais
avant ce mur se trouve le « hueco 12 » qui
reçoit les déchets (de construction - précisions-le) de
toute la ville. La population se réjouit de recevoir l'air pur venu de
ces aires verdoyantes (en sautant le hueco, probablement
contaminé ...
On peut y voir des gens affairés au tri...
1.
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Les arbres ne font pas partie du quartier...
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De l'autre côté du trou....on peut
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voir le remplissage qui s'y opère... On fond, le long,
entre cerro et hueco, quelques habitations...Certains
viennent d'en bas, dans le trou, mais le
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. · .
remplissage faisant, ils ont du
remonter la pente...
J
12 « El hueco » : le trou, ancienne mine de sable. Au
fond du quartier, bordé par des habitations, qui recule peu à peu
car on l'utilise comme réceptacle lucratif des déchets
de construction....
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