Conclusion
générale
La recherche de stratégies efficaces pour la gestion
des MSW reste un défi à relever. L'atteinte de l'un des objectifs
du troisième millénaire concernant la propreté doit tout
d'abord faire face à l'élimination de ces déchets. La
difficulté majeure de la gestion des MSW est liée aux coûts
économiques et environnementaux. La collecte et le traitement des MSW
nécessitent un énorme budget, alors que de la non
réalisation de ces activités peut découler beaucoup
d'autres problèmes environnementaux et de santé publique. Ce
dilemme posé par les MSW fait que tous les pays se voient obligés
de bien gérer leur MSW. Les pays en développement (PED),
malgré leurs multiples autres préoccupations de réduction
de la pauvreté, de la construction d'infrastructures sanitaires et
scolaires, et la recherche de croissance économique soutenue, doivent
désormais consacrer une partie de leur ressource à la gestion des
MSW.
Les MSW sont le plus souvent vus comme un danger et le premier
réflexe est de les faire disparaître. Les possibilités
offertes sont soit de les incinérer ou les enfouir.
L'incinération nécessite, pourtant pour sa mise en oeuvre, de
grands investissements alors qu'avec l'agrandissement galopant des villes il
devient de plus en plus difficile de trouver des espaces praticables pour
l'enfouissement. De plus, à ces deux techniques de gestion des MSW sont
associées d'impacts environnementaux non négligeables. La
recherche de solutions à ces problèmes de pollution
environnementale a incité les communautés à avoir un autre
regard sur les MSW. Les MSW sont alors considérés comme une autre
source potentielle de matière première. La valorisation de cette
matière première nécessite alors plus d'organisation dans
la gestion des MSW. Il faut collecter, trier, et traiter les MSW afin de
valoriser leur partie récupérable. Cela nécessite
cependant un effort (économique, financier et technique)
supplémentaire.
La valorisation des MSW offre beaucoup d'avantages. D'une part
l'extraction de nouvelles matières premières des MSW, contribue
à réduire l'exploitation des ressources naturelles ; d'autre
part la revalorisation des matières issues des MSW est moins gourmande
en énergie et en eau que le traitement des matières
premières vierges. La valorisation des MSW est également une
source de création d'emplois surtout au sein des PED où une forte
proportion de la main d'oeuvre est non qualifiée.
La gestion des MSW doit être bien organisée pour
permettre de valoriser une bonne partie et bien optimisée pour permettre
de bénéficier des rendements d'échelle dans leur collecte
et leur traitement. C'est ce qui a suscité l'intérêt de
savoir si la taille du système de gestion des MSW de la commune urbaine
de Ouagadougou (CUO) permet de collecter et de traiter une quantité
importante de MSW à faible coût.
Les MSW de la CUO sont gérés selon le slogan
« les déchets doivent être rapidement collectés
et transférés au centre d'enfouissement technique
(CET) ». De nombreux efforts sont fournis avec l'installation des
centres de collecte, la répartition de la ville en douze zones
concédées aux groupes d'intérêt économique (GIE)
pour la collecte primaire, le ramassage des tas sauvages etc. Mais le taux de
collecte reste encore très faible, car la volonté de collecter
tous les MSW de la CUO est confrontée à un besoin énorme
de ressources (financières, techniques et humaines). Le manque de moyen
ne doit cependant pas être vu comme une contrainte absolue, la
première possibilité offerte est de rechercher
l'efficacité. Cette efficacité doit être d'abord
recherchée en terme d'organisation interne avant de l'envisager en terme
d'investissement additionnel.
La quasi-totalité de la dépense de la commune
dans le domaine de la gestion des MSW est consacrée au transport ou dans
une moindre mesure au capital physique (réparation et entretien des
machines et autres installations). Au regard du double objectif de
réduction du taux de chômage et de l'incidence de la
pauvreté (propre au PED), il est aussi intéressant de chercher
des stratégies pour rendre la gestion des MSW plus intensive en main
d'oeuvre.
Ainsi, à l'objectif d'identification des
stratégies de réduction du coût de transport, l'analyse a
tenté d'examiner les possibilités de création d'emplois
fournies par la gestion des MSW.
Les résultats de l'analyse montrent que la construction
des entrepôts est nécessaire malgré le fait que les prix
des matériaux valorisés sont fixes. Les activités de
valorisation des MSW peuvent bénéficier des rendements
d'échelle mais cela nécessite, pour ce faire que, le taux de
valorisation global soit un peu élevé. Les efforts de
réorganisation interne (transformation de certains centres de collecte
en grands centres de collecte) et un investissement supplémentaire en
infrastructures (d'eau, d'énergie, de bâtiments et de petit
matériel) peuvent fournir à moyen ou long terme des
résultats très intéressants en matière de
réduction des coûts de gestion des MSW. Les taux
élevés de valorisation des MSW sont non seulement des
possibilités pour réduire le coût de gestion des MSW, mais
également pour intensifier la gestion des MSW en main d'oeuvre.
Pourtant, pour accroître la productivité de la main d'oeuvre il
faut que les revenus compensent au moins le coût d'opportunité du
temps des personnes qui s'y impliquent (bonne rémunération des
efforts individuels).
Les limites de
l'étude
La première limite réside au niveau des
données utilisées. D'une part les données sur les MSW sont
collectées en terme de quantité acheminée au CET.
L'information sur la provenance de ces déchets reste inconnue.
L'analyse a considéré uniquement les
déchets provenant des centres de collecte, et pour avoir la
quantité de déchets provenant de chaque centre de collecte il a
été procédé par le nombre de bacs à ordures
dont dispose chaque centre de collecte. A ce niveau, le nombre de bacs à
ordure par CC peut varier, de plus les bacs utilisés sont dans la
majorité de douze mètres cubes mais il existe également
des bacs de sept mètres cubes. La quantité de MSW produite par CC
par trimestre est obtenue en faisant une simple moyenne pondérée
(en considérant qu'il n'existe que des bacs de douze mètres
cubes). Cette stratégie ne donne pas la quantité effectivement
produite au sein de chaque CC.
De plus, il se trouve que des bacs à ordures ont
été également déposés dans d'autres zones
publiques autres que les CC (par exemple les marchés). Les
déchets collectés au sein de ces différents lieux sont
également acheminés au CET. Le nombre et l'emplacement exacte
n'étant pas connus, il a été supposé que tous les
déchets acheminés au CET sont collectés au sein des trente
cinq CC.
Le taux de croissance des MSW a été
calculé à partir des données d'une seule année. La
série est trop faible pour pouvoir donner une estimation parfaite du
taux de croissance. Aussi, la quantité produite peut varier
considérablement d'un mois à l'autre selon qu'au cours du mois
des tas sauvages aient été ramassés ou non.
D'autre part les paramètres d'échelle
utilisés dans le modèle sont des paramètres
empruntés sur les études menées au sein des pays du nord.
Il peut alors exister des écarts importants entre ces ratios et leurs
valeurs réelles pour le cas ici étudié.
La seconde limite réside au niveau du choix des lieux
d'emplacement des grands centres de collecte. L'étude montre qu'il est
nécessaire de transformer certains centres en grands centres de collecte
sans préciser les lieux indiqués.
La troisième limite réside dans le fait de
n'avoir pas pris en compte les coûts environnementaux
(évités et/ou générés). De même,
l'augmentation du nombre d'emplois est vue seulement sous l'angle positif de
réduction du chômage, alors que la manipulation des déchets
peut causer un préjudice à la santé des ouvriers.
|