5. Evaluation de la situation de la filière
huile alimentaire : a.- Organisation :
Pour établir une situation assez exhaustive de la
filière, il est utile de se référer au point de
départ c'est-à-dire, au niveau de la production agricole et
étudier le type de relations existantes et leur degré d'influence
sur la filière.
L'absence d'intégration avec l'amont agricole a
entraîné une dépendance exclusive aux ressources
d'approvisionnements extérieures (tableau n°7).
Le bilan de la situation économique de la
filière qui s'identifie avant 1998 à celui du seul
opérateur national ENCG, indique que des difficultés
considérables sont apparues après la disparition des
réseaux de distribution et par conséquent une atrophie de la
filière.
Le vide qui s'est ainsi creusé entre la production
d'huile raffinée et la consommation, s'est comblé en partie par
la mise en service de la raffinerie CEVITAL, qui a su rapidement créer
son propre réseau de distribution local (Agro ligne n°4,2000) . Il
n'en demeure pas moins que le marché informel de l'huile s'était
implanté durant ces dernières années ou l'on a vu souvent
des pénuries provoquées à la suite de stockage du produit
à la veille de fêtes (Ramadhan,..). La structure de vente et de
distribution au niveau national, basée sur les revendeurs, reste
insuffisante et mal maîtrisée. L'absence de structures de
distribution organisées a handicapé fortement le marché et
par là même la politique d'ouverture du commerce et de
l'approvisionnement de la population qui est restée précaire au
niveau de la consommation.
b.- Compétitivité des Entreprises
:
Le passage du pays à l'économie de
marché, son adhésion quasi-imminente à l' OMC et
l'entrée en vigueur le 1er septembre 2005 de l'Accord
d'association entre l'Algérie et l'Union Européenne (UE), ouvrant
ainsi la voie à l'établissement d'une zone de
libre-échange à l'horizon 2017, constituent à la fois de
véritables menaces mais aussi des opportunités pour les
entreprises locales.
- Menaces : dans la mesure ou leur fragilité
financière et surtout leur compétitivité (qualité
du produit) les rendent très vulnérables.
- Opportunités : dans la mesure ou cela leur permettra
d'accéder plus facilement aux matières premières et
à une technologie industrielle performante. En vertu du calendrier de la
suppression des barrières tarifaires étalé sur une
douzaine d'années, les matières premières forment la
première liste des produits pour lesquels l'exemption totale de droits
de douane est appliquée depuis l'entrée en vigueur de l'Accord
d'association.
En matière de compétitivité, il est clair
qu'une comparaison en termes de coûts de transformation (raffinage,
conditionnement) entre les prix au niveau de la production locale et les prix
pratiqués sur le marché international apportera plus de
lumière sur la compétitivité du produit local et sa
résistance face a l'avènement de nouveaux concurrents sur le
marché national.
Pour illustrer cet important aspect au stade actuel et
à titre indicatif, le litre d'huile (ENCG) est vendu à 75 DA /
litre en 2003 sur le marché national (ONS n°34, 2005) avec un
coût moyen avant raffinage de 41,12 DA / litre et 48,50 DA / litre
lorsqu'il est raffiné en 2003. (Données obtenues au niveau de
l'ENCG* ) et 69.80 DA/litre conditionné prêt à l'emploi .
Sur le marché international le litre d'huile coûte 46 DA (prix FOB
en 2003) prêt à la consommation. (Cotations des huiles fluides,
2003). Pour une appréciation plus complète de la situation, il
est repris ci-après les droits de douanes et taxes à
l'importation concernant les deux catégories d'huile
(*) l'ENCG adopte la méthode des coûts complets :
c'est la méthode la plus communément utilisée, car elle
absorbe aussi bien les charges fixes que variables , c'est ce que l'on
désigne comme étant la méthode des coût réels
voir annexe 01.
Tableau n°10 : Droits de Douanes et taxes
applicables aux huiles à l'importation.
ANNEE
|
HUILE BRUTE
|
HUILE CONDITIONNE FINIE
|
DROIT DE DOUANE
|
TVA
|
DROIT DE DOUANE
|
TVA
|
1999
|
05%
|
14%
|
25%
|
EXONERE
|
2000
|
05%
|
14%
|
25%
|
EXONERE
|
2001
|
05%
|
14%
|
25%
|
EXONERE
|
2002
|
05%
|
14%
|
25%
|
EXONERE
|
2003 2004
|
05% 05%
|
17% 17%
|
30% 30%
|
EXONERE EXONERE
|
Source : Office de promotion du commerce
extérieur.
La filière locale n'est pas compétitive sur le
plan international. Elle le sera encore moins lorsqu'on prend en ligne de
compte la trituration (qui d'ailleurs même en Europe avec un coût
de trituration de 0.02 euro pour un litre - (Oil Word 2001)-, l'huile n'est
plus compétitive avec celle en provenance d'Asie ou d'Amérique du
Sud avec la trituration à 40 $ la tonne). Dans le contexte du
marché actuel et dans tous les cas de figure, le prix de revient* en
Algérie est supérieur à celui des autres pays producteurs.
Aussi, dès l'ouverture des frontières au libre échange et
l'entrée à l'OMC, la concurrence va influer
considérablement sur le prix à la consommation.
Il est utile remarquer qu'au niveau des unités de
production de l'ENCG la maîtrise du coût de raffinage reste encore
très faible, celui-ci est passé de 40, 58 DA / litre en 2000
à 47, 99 DA/litre en 2002 (Amrouche 2003). Cependant l'augmentation du
coût de raffinage au niveau de l'ENCG suit la même tendance que la
hausse des prix de l'huile brute sur le marché international, (de 39.36
DA le kg en 2000 à 45.88 DA le kg 2002). Les charges directes
représentent en moyenne 94 % des charges totales pour des huiles
raffinées de tournesol et de colza. Les matières premières
ont la part la plus importante avec 90.24% en moyenne du total des charges
directes des huiles raffinées. Les charges indirectes
représentent 5.95% environ du total des charges ; les sections
chaufferie et maintenance sont les 69.89 % du total des charges indirectes.
De ce point de vue, l'analyse de l'impact de l'adhésion
à L'OMC va permettre d'observer une confrontation des entreprises
locales soumises à une rude épreuve de lutte pour la survie face
au marché international. La justification de leur existence ne pourra se
faire que par les résultats de rentabilité qu'elles obtiendront.
A ce stade on peut considérer que l'adhésion à l'OMC va
être à l'origine d'une plus grande transparence sur les prix, une
meilleure cohérence dans les actions entreprises et un commerce de
produits plus loyaux et marchands.
(*) Définition de prix de revient ou
coût de revient: c'est la somme des coûts correspondant à
l'ensemble des dépenses nécessaires pour élaborer et
mettre sur le marché un bien de service.
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