Ministère de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique
Centre de recherche sur l'information SCIENTIFIQUE ET
TECHNIQUE
Mémoire de fin d'études pour
l'obtention de la Post-Graduation
Spécialisée en Information
Scientifique et Technique
CONTRIBUTION A LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF DE VEILLE
STRATEGIQUE DANS UNE ENTREPRISE COMMERCIALE
Cas de NAFTAL
Présenté par Sous la direction de
LARBI Abdelkader Dr DAHMANE
Madjid
Février 2006
Remerciements
Je tiens à remercier tout
particulièrement Monsieur DAHMANE Madjid du CERIST pour son
encadrement, ses conseils utiles, son soutien et surtout la confiance qu'il a
eu en mon projet.
Je remercie également mademoiselle Mouhoubi
Zohra du Centre de Documentation de NAFTAL d'avoir contribué de loin ou
de près à l'accomplissement de ce travail.
Je voudrais encore dire merci à toute
l'équipe du CERIST pour leur pédagogie, leur sympathie et leurs
conseils.
A mon épouse Rachida
Pour son soutien et ses encouragements
A mes enfants Chérif, Mohamed Lamine, Rafik et Walid
sommaire
Introduction 07
PREMIERE PARTIE
De l'information à la veille
stratégique 10
Chapitre 1er
Présentation de NAFTAL
12
1. Le secteur des hydrocarbures en Algérie 12
2. NAFTAL, filiale de SONATRACH 17
3. L'offre de NAFTAL 20
4. Le marché national des produits pétroliers
22
5. L'organisation de NAFTAL 23
Chapitre 2e
L'information, une ressource-clé pour
l'entreprise 26
1. Qu'est-ce que l'information ? 26
2. La typologie des informations 28
3. Le classement des informations 33
4. Les sources d'informations 34
5. Les flux d'informations 40
6. Le management de l'information 43
Chapitre 3e
La veille, concepts, outils et enjeux
47
1. Qu'est-ce que la veille stratégique ?
48
2. Historique et évolution 50
3. Les composantes de la veille stratégique
51
4. Le processus de veille stratégique 55
Deuxième partie
Mise en place d'un dispositif de veille
stratégique au sein de NAFTAL 58
Chapitre 1er
Les enjeux de la veille stratégique au sein de
NAFTAL 60
1. L'implantation du processus de veille stratégique, un
démarche formalisée 60
2. Essai de définition des enjeux 63
3. Etude de l'existant 65
Chapitre 2e
Les conditions de la mise en place du processus de
veille stratégique 68
1. L'implication de la Direction Générale
68
2. L'attention à l'égard de l'environnement
69
3. La démarche de la veille stratégique selon la
décision
n°825 S DG du 20/07/2005 70
Chapitre 3e
Plan d'action pour la mise en place d'un dispositif de
veille stratégique au sein de NAFTAL
74
1. Actions de sensibilisation 74
2. Articulation du dispositif de la veille stratégique
75
3. Désignation et formation des veilleurs 76
4. Budget 79
Chapitre 4e
Le mode opératoire 80
GUIDE METHODOLOGIQUE 82
Première phase : procéder au
ciblage 82
Deuxième phase : l'organisation de
la traque 86
Troisième phase : l'organisation de
la sélection des informations 91
Quatrième phase : l'organisation de
la remontée des informations 94
Cinquième phase : l'organisation du
stockage
des informations
94
Sixième phase : le traitement des
informations 95
Septième phase : l'organisation de
la diffusion des informations 97
Conclusion 99
ANNEXES 104
Introduction
Nul vent n'est favorable pour celui qui ne sait où
il va »
Sénèque, Lettre à Lucilius, (livre 8,
lettre 71),
Philosophe stoïcien (vers4-65 ap JC)
« Attendre d'en avoir assez pour agir en toute
lumière,
c'est se condamner à l'inaction »
Jean Rostand (1894-1977)
(Extrait des inquiétudes d'un biologiste)
Aujourd'hui les entreprises publiques du secteur de
l'énergie et des mines accomplissent leur mutation dans un environnement
particulièrement instable et marqué par l'accroissement graduelle
de la concurrence. Dans ce contexte, le besoin d'être bien informé
devient une préoccupation centrale des dirigeants. L'information se
transforme en une ressource stratégique déterminante pour
l'avenir. Son utilisation comme facteur de développement est
indiscutable.
En effet, seules les entreprises qui pourront mettre en place
des dispositifs de gestion des flux d'informations seront capables d'anticiper
les changements de comportement des acteurs de l'environnement, prévoir
les tendances d'évolution, détecter et comprendre les innovations
technologiques et prendre les bonnes décisions.
Les données augmentent à une vitesse fulgurante
et posent désormais des problèmes à l'entreprise pour
l'obtention de l'information utile et pertinente. Les techniques et les outils
de l'information et de la communication se multiplient sans cesse. Le
numérique prend une ampleur jamais égalée et les moyens
informatiques deviennent indispensables pour tout traitement de
l'information.
De surcroît, les entreprises du secteur de
l'énergie doivent déployer des efforts pour s'adapter à
leur environnement. Cependant cette adaptation ne peut se faire sans une
parfaite connaissance des acteurs environnementaux et une appréciation
de leur influence. Cela passe certainement par la mise en place d'un dispositif
de collecte, de tri, de traitement de l'information.
Ainsi un système de veille stratégique solide et
efficace devient presque nécessaire. Il permettrait d'assurer la
pertinence au processus décisionnel des entreprises et de garantir leur
pérennité dans un environnement concurrentiel. Néanmoins,
la pratique de la veille comme système pour acquérir de la bonne
information nécessite une organisation méthodique et rigoureuse
oeuvrant dans la continuité, recoupant les données importantes,
définissant les informations à chercher en priorité et les
sources pertinentes à cibler. De même qu'il exige l'instauration
d'un dispositif regroupant un personnel compétent et
dévoué pleinement à la tâche qu'il lui incombe.
Les entreprises semblent avoir pris conscience de l'importance
d'intégrer cette activité de veille mais la mise en oeuvre n'est
pas toujours facile. Pour plusieurs d'entres elles, la recherche de
l'information s'effectue par les personnes qui en ressentent le besoin sans
recourir à aucune organisation. On peut considérer que c'est
déjà une forme de veille informelle.
Mais désormais, il est question de mettre en place une
activité de « veille organisée »,
indépendante qui comptera des pilotes, des animateurs, des
correspondants et des experts en informations c'est-à-dire des veilleurs
professionnels et qui s'articulera autour d'actions coordonnées pour
être homogènes et véritablement efficaces.
NAFTAL, filiale du Groupe SONATRACH, entreprise publique de
distribution et de commercialisation des produits pétroliers sur le
marché national c'est-à-dire jouant un rôle
d'intermédiaire entre les raffineurs et les utilisateurs s'investit
déjà dans la mise en place d'un dispositif de veille
stratégique. Ce projet s'inscrit dans le cadre du développement
du management stratégique de l'entreprise qui consiste à mettre
en adéquation les ressources et les besoins actuels avec les ressources
et besoins futurs.
Il s'agit d'un processus d'alerte dont a besoin NAFTAL, pour
demeurer compétitive. En effet si aujourd'hui elle se targue de sa
position de leader sur le marché national de la distribution des
produits pétroliers, le risque de voir ses parts de marché
s'effriter peu à peu est présent fortement compte tenu du nombre
de concurrents actuels et potentiels. Cela signifie que rien n'est acquis de
façon définitive dans ce marché en expansion et largement
porteur.
Cet accroissement de la concurrence provoque la
nécessité de s'interroger sur la bonne adaptation de NAFTAL
à son environnement. Aussi doit-elle faire de gros efforts pour
être à l'écoute des évolutions naissantes, des
changements qui se dessinent dans les comportements des utilisateurs des
produits pétroliers pour bien sûr, saisir les opportunités
et localiser les menaces de toutes sortes qui peuvent se présenter.
Finalement, la connaissance en temps voulu des
évolutions de l'environnement, délai d'information et
délai de réponse aux évènements, est devenue une
condition nécessaire.
Il semble donc clair que la veille stratégique pour
NAFTAL est aujourd'hui une activité indispensable. Sa finalité
est « de créer des opportunités, de détecter
suffisamment tôt les menaces et de réduire l'incertitude des
dirigeants »(1(*)). Toutefois, les conditions et les modalités
pratiques de sa mise en place posent des problèmes parfois assez
complexes.
Ce travail de recherche s'inscrit dans le cadre des
orientations stratégiques de NAFTAL visant à terme la
maîtrise des flux informationnels pour mieux faire face aux nouvelles
menaces d'un marché de plus en plus compétitif.
La première partie de ce mémoire sera
consacrée à la ressource stratégique-clé de
l'entreprise qu'est l'information présentée en tant que produit
de la veille stratégique. Ensuite les concepts, outils et enjeux de la
veille stratégique seront traités à la lumière des
connaissances théoriques actuelles.
La seconde partie aura pour objectif de montrer comment
l'organisation du dispositif de la veille stratégique pourrait se mettre
en application au sein de l'entreprise NAFTAL. Il sera fait état
à juste titre, de la mise en oeuvre des dispositions
édictées par l'entreprise dans le domaine de la veille, d'un plan
pour tracer et mettre en oeuvre les actions retenues et de l'élaboration
d'un guide méthodologique destiné aux veilleurs pour les orienter
dans leur mission et leur faciliter la tâche qui s'avère ardue.
Première partie
De l'information
à la veille
L'information compte parmi les besoins vitaux de l'entreprise.
Le Groupe japonais MITSUI ne s'est-il pas attaché comme devise
« l'information, c'est le sang de l'entreprise ». Humbert
et Elisabeth Lesca vont jusqu'à comparer le système d'information
de l'entreprise, à l'appareil circulatoire du corps humain, et par
analogie, estiment qu'il s'expose à des maladies.
L'information est au coeur du management moderne (2(*)). Elle accomplit de multiples
fonctions dans l'entreprise. Elle permet de réduire le degré
d'incertitude dans la prise de décision, de stimuler les innovations, de
fournir les éléments pour aider le personnel à mieux
comprendre leur milieu professionnel, d'acquérir des avantages, d'aider
à la résolution des problèmes, de contribuer à
l'amélioration des compétences, de servir de mémoire des
faits et des expériences et de nourrir la stratégie. Dans un
contexte marqué par la généralisation des NTIC,
l'accélération des échanges internationaux, la
mondialisation de l'économie, l'internationalisation des marchés
et la compétition intense entre les différents acteurs
économiques, l'information est devenue une ressource essentielle du
développement de l'entreprise. Elle est considérée comme
une matière première au même titre que l'énergie et
le travail.
Arnaud Bugeat (3(*)) dans son mémoire - l'apport de
l'information au sein de l'entreprise- affirme que « nous sommes
à une époque où les matières premières
s'achètent, les technologies se copient, l'argent s'emprunte et il ne
reste donc que la compétence et l'information comme facteurs d'avantages
concurrentiels »
L'information intéresse toutes les entreprises, de la
PME à la multinationale quels que soient les secteurs
d'activités. Elle provient de sources externes et internes. Sa recherche
et sa collecte renvoie à la notion de veille, d'écoute,
d'observation et de surveillance.
En effet, l'activité de veille permet à
l'entreprise de recueillir les données informationnelles significatives
dans un contexte caractérisé par l'afflux d'informations de
diverses formes. Cela suscite la mise en place d'un système de
surveillance de l'environnement basé sur un démarche rationnelle
et une méthodologie claire.
Si NAFTAL cherche à obtenir au bon moment des
informations pertinentes lui permettant d'être plus compétitive
sur son marché, il lui faut donc mettre en place un processus de
détection et de collecte des données émanant de son
environnement, de les trier, les traiter, les analyser et les diffuser. En
définitive il s'agit pour l'entreprise d'implanter un dispositif de
veille pour répondre à ses besoins en informations autrement dit
observer et surveiller les événements extérieurs pour
mieux appréhender son futur.
Le premier cheminement à suivre dans cette
étude est de définir et faire connaître l'information au
sein de l'entreprise. Pourquoi est-elle une ressource stratégique ?
Comment peut-on définir et classer tous les types d'informations
qui intéressent l'entreprise ? Quelles sont les différentes
sources d'informations existantes ? Comment peut-on gérer
l'information dans une entreprise ? Ce n'est qu'après avoir
répondu à toutes ces questions qu'on peut traiter dans un second
chapitre de la veille, tenter de cerner ses concepts, ses contours et ses
enjeux. Mais avant d'aborder la question de l'information, il est important de
faire dans un premier chapitre une présentation de l'entreprise NAFTAL
pour donner les éclairages sur ses missions, son organisation et ses
fonctions.
Chapitre 1er
Présentation de l'entreprise
NAFTAL
1. Le secteur des hydrocarbures en
Algérie
Le pétrole apparaît en Algérie dès
l'époque phénicienne. Ahmed Said a noté que
« l'exploitation des « sources » de
pétrole a en fait, débuté en 1200 avant JC par les
phéniciens qui possédaient certains comptoirs le long de la
côte algérienne (...) Les byzantins au 5e
siècle, les arabes au 7e siècle et les turcs au
15e siècle continuèrent cette exploitation. Il faut
ajouter que les résidus bitumeux (dus au suintement d'huiles à la
surface du sol) ont fait leurs preuves comme corps imperméables
puisqu'ils servaient de colmatant aux redoutables
felouques »(4(*)).
Les premiers puits de pétrole forés en
Algérie sont ceux de Ain Zeft en 1895 et Tliouanet en 1915 au sud ouest
de Relizane. Les découvertes étant accidentelles, le plus souvent
à la suite de suintements à la surface.
Après la seconde guerre mondiale, la place acquise par
le pétrole dans le monde a poussé le pouvoir colonial de
l'époque à intensifier l'exploration en Algérie. La
découverte du gisement de Oued Guetterini (littéralement
rivière de goudron) en 1948 à 150 km au sud d'Alger et son
exploitation en 1949 a encouragé la recherche. C'est ainsi que les
forages de Hassi Messaoud et de Hassi R'mel en 1956 ont permis de
découvrir des gisements très importants. La production a
commencé en 1957.
Après l'indépendance le pétrole est
devenu un enjeu politique de première importance. L'Etat algérien
voulant construire une industrie pétrolière et gazière a
créé SONATRACH le 31 décembre 1963. A cette époque,
la distribution et la commercialisation des produits pétroliers sur le
marché national dépendaient entièrement des grandes
sociétés internationales telles que ESSO, SHELL, BRITISH
PETROLIUM, TOTAL.
A partir de 1965, les compétences de la
société nationale SONATRACH ont été élargies
considérablement. Le décret n° 66-292 du 22 septembre 1966
aménage le sigle qui devient « Société Nationale
pour la Recherche, la Production, le Transport, la Transformation et la
Commercialisation des Hydrocarbures ».
Durant la deuxième moitié des années 60,
l'économie pétrolière mondiale a vécu de profondes
transformations avec l'émergence des Etats comme acteurs de premier
ordre sur la scène pétrolière mondiale. En Algérie
un événement marquant allait se produire le 24 février
1971. Les pouvoirs publics ont pris la décision de nationaliser les
gisements de gaz naturel et les transports terrestres (y compris les
canalisations) du pétrole et du gaz se trouvant sur le territoire
national ainsi que l'accroissement de la participation algérienne,
relevée à 51%, dans les sociétés
pétrolières françaises. Les nationalisations ont
redonné à SONATRACH une nouvelle dimension. Ses
responsabilités se sont accrues de manière considérable.
Son rôle dans la politique pétrolière du pays devient
déterminant. Pour Nicolas Sarkis expert international
spécialisé dans les affaires pétrolières
« SONATRACH occupe une place particulière parmi les
sociétés pétrolières nationales ».
A partir de 1971, le développement de SONATRACH s'est
réalisé autour des axes suivants :
§ Maîtrise de l'outil de production ;
§ Développement des capacités
d'exportation ;
§ Création et développement d'une industrie
de raffinage ;
§ Mise en place et développement d'un
réseau moderne de distribution des carburants et des autres produits
pétroliers ;
§ Développement des industries
parapétroliers ;
§ Formation de cadres qualifiés.
SONATRACH est devenu l'instrument de la souveraineté de
l'Etat algérien. Elle s'est attachée au fil des années
à construire une base industrielle dans le domaine des hydrocarbures.
La valorisation des ressources gazières et
pétrolières a fait l'objet d'efforts particuliers de la part de
SONATRACH :
§ Constructions de raffineries (Arzew, Skikda,
Hassi-Messaoud, Ain-Amenas) ;
§ Exportation de grandes quantités de
pétrole et de gaz ;
§ Distribution et commercialisation des produits
pétroliers ;
§ Constructions de canalisations (pipe line )
En 1982, le secteur des hydrocarbures a connu une profonde
restructuration. SONATRACH société mère a donné
naissance à dix sept entreprises, elle-même ne se consacrant plus
qu'à l'amont pétrolier, la liquéfaction du gaz naturel, le
transport par canalisation et l'exportation des hydrocarbures. Le reste des
activités du secteur des hydrocarbures a été
organisé en entreprises nouvelles divisées en quatre sous
secteurs :
1) Sous secteur de l'industrie :
- NAFTAL ( ex ERDP) chargé du raffinage et de la
commercialisation. Celle-ci a donné naissance à NAFTEC
(raffinage) en 1987 et s'est consacrée à partir de cette date
à la distribution et la commercialisation des produits pétroliers
sur le marché national.
- ENIP : industrie pétrochimique.
- ASMIDAL : engrais
2) Sous secteur de la réalisation :
- ENGTP : grands travaux pétroliers.
- ENGCB : génie civil et bâtiments
- ENAC : construction de canalisations pour le transport
des hydrocarbures.
3) Sous secteur des service :
- ENAGEO : géophysique
- ENAFOR : forage
- ENASP : services aux puits
- CERHYD : centre de recherche en hydrocarbures
4) Gestion des zones industrielles :
- Zone de Skikda
- Zone d'Arzew
- Zone de Hassi-Messaoud
- Zone de Hassi-R'mel
Le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans
l'économie nationale. Il représente 97% des exportations du pays.
Il emploie actuellement jusqu'à 160 mille personnes.
Aujourd'hui, SONATRACH cherche à se transformer en
Groupe international. Les actions pour développer l'amont international
ne cessent de se développer. Le partenariat avec les compagnies
internationales s'élargit.
Parallèlement SONATRACH fait face à la
compétition concurrentielle où la réussite dépend
de la pertinence de la stratégie, la maîtrise des TIC, de
l'innovation, du management et de l'organisation. Dans cette
compétition, on peut considérer que la maîtrise de la
ressource informationnelle sera déterminante.
Par ailleurs, la nouvelle loi n° 05-07 du 28 avril 2005
relative aux hydrocarbures (5(*)) décharge SONATRACH de la mission de puissance
publique qui lui était dévolue dans le cadre de la promotion du
domaine national des hydrocarbures. Elle devient « une
société commerciale dont toutes les démarches doivent
avoir une finalité économique » (6(*)). Il faut noter que depuis la
promulgation de la loi n° 86-14 du 19 août 1986, SONATRACH s'est
comportée comme l'instrument de puissance publique en organisant les
opérations relatives aux appels d'offres pour l'attribution des permis
de recherche et d'exploitation du domaine minier selon le régime du
partage de la production. Apparemment cette situation est
bénéfique à SONATRACH puisqu'elle en a tiré des
avantages assez importants, cependant elle reste une survivance de
l'économie administrée.
Selon la loi n° 05-07 du 28 avril 2005, SONATRACH doit se
mettre sur la même ligne de départ que tous les autres concurrents
pour obtenir des concessions sur les périmètres du domaine minier
national. La mission de puissance publique est octroyée désormais
à deux Agences nationales indépendantes, dotées de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière :
- Une Agence nationale pour la valorisation des ressources en
hydrocarbures ci-après désignée
« ALNAFT ».
- Une Agence nationale du contrôle et de la
régulation des activités des hydrocarbures ci-après
désignée « ARH ».
SONATRACH est désormais régi par un statut de
droit commercial, elle est devenue Société Par Actions et
organisée sous la forme d'un Groupe International. Son organisation
s'articule d'une manière générale autour de quatre (4)
grandes activités :
- Activité Amont(7(*)) ;
- Activité Transport par Canalisations ;
- Activité Aval(8(*)) ;
- Activité Commercialisation.
Elle est société mère de plusieurs
filiales nationales et internationales. Les filiales sont réparties
selon l'organisation générale de SONATRACH :
I. Filiales nationales
Amont
|
Transport par canalisations
|
Aval
|
Commercialisation
|
1. GCB 100%
Entreprise Nationale de Génie civil et
Bâtiment
2. ENTP 51%
Entreprise Nationale des Travaux aux Puits
3. ENSP 51%
Entreprise Nationale des Services aux Puits
4. ENAGEO 51%
Entreprise Nationale de Géophysique
5. ENAFOR 51%
Entreprise Nationale de
Forage
6. ENGTP 100%
Entreprise Nationale des Grands Travaux Pétroliers
|
1. ENAC 100%
Entreprise Nationale de Canalisation
|
1. NAFTEC 100%
Entreprise Nationale de Traitement du Pétrole Brut
2. ENIP 100%
Entreprise Nationale de l'Industrie Pétrochimique
3. HELIOS 51%
Entreprise Nationale de Production des Liquides
d'Hélium d'Arzew
|
1. NAFTAL 100%
Entreprise Nationale de Commercialisation et de
Distribution des Produits Pétroliers.
2. COGIZ 100%
Entreprise Nationale de Conditionnement et de
Commercialisation des Gaz Industriels
3. SNTM-HYPROC 100%
Entreprise Nationale de Transport Naval des Hydrocarbures et
Produits Chimiques
Hyproc Shipping Compagny
|
II. Filiales Internationales
Amont : 01 entreprise (100%)
Transport par Canalisation :04 entreprises (00%,
50%, 11,9% et 22%).
Aval : 03 entreprises ( 99%, 49% et 10%)
Commercialisation : 09 entreprises (2 à 50%
et 7 à 100%)
Finances et Services : 05 entreprises (3 à
100% et 2 à 50%).
En 2004, SONATRACH a réalisé un chiffre
d'affaires de 2368 milliards de DA (9(*)) dont près de 2278 milliards de DA provenant
des exportations. Le chiffre d'affaires réalisé sur le
marché national a été de 98,4 milliards de DA.
NAFTAL, filiale à 100% de SONATRACH dont la mission
essentielle consiste à distribuer les produits pétroliers sur le
marché national a atteint durant l'exercice 2004, un chiffre d'affaires
de 158 milliards de DA.
2. NAFTAL, filiale de SONATRACH
NAFTAL, société nationale de commercialisation
et de distribution des produits pétroliers, filiale de SONATRACH a
été créée en 1987. Sa mission essentielle consiste
à distribuer et à commercialiser des produits pétroliers
sur le marché national. Elle intervient en qualité
d'intermédiaire entre les fournisseurs nationaux et étrangers
(raffineurs, manufacturiers et autres producteurs) et les utilisateurs de
produits pétroliers implantés essentiellement en Algérie
bien que depuis l'année 2002, elle cherche à s'internationaliser
en essayant de pénétrer les marchés de certains pays
limitrophes.
La distribution consiste à s'approvisionner, stocker,
vendre et acheminer le produit vers le client en vue de son utilisation. C'est
ainsi que NAFTAL assume deux grandes fonctions :
- La fonction logistique qui comprend la circulation de tous
les flux physiques du producteur à l'utilisateur : transport,
livraison, stockage et manutention.
- La fonction commerciale qui englobe la gestion du
réseau, la vente, les actions promotionnelles et la gestion de la force
de vente.
Créée par décret n° 80-101 du 6
avril 1980(10(*)),
l'entreprise ERDP/NAFTAL a été constituée par le
transfert des structures, moyens et biens, activités et personnel
détenus et gérés auparavant par SONATRACH. L'ERDP/NAFTAL
est entrée en activité le 1er janvier 1982. Sa mission
consistait à prendre en charge le raffinage et la distribution des
produits pétroliers en Algérie. En 1987, elle a connu une autre
restructuration instituée par le décret n° 87-189 du 27
août 1987 b(11(*))
et qui s'est concrétisée par la création de deux
entreprises :
- NAFTEC chargée du raffinage du
pétrole ;
- NAFTAL chargée de la distribution et de la
commercialisation des produits pétroliers sur le marché
national.
NAFTAL a bénéficié du monopole de la
distribution des produits pétroliers de la date de sa création
jusqu'à la fin des années 90 bien que la libéralisation de
la distribution des produits pétroliers a débuté de
manière effective quelques années auparavant avec le lancement
des unités de fabrication des bitumes et par l'importation de
pneumatiques par des privés nationaux dès 1991.
Avec la promulgation du décret exécutif n°
97-435 du 17 novembre 1997(12(*)) qui dans son article quatre énonce que toutes
personnes physiques ou morales peuvent exercer les activités de
stockage, de distribution des produits pétroliers, de conditionnement
des GPL et de transformation des bitumes, un nouveau cadre juridique a
été tracé par les pouvoirs publics mettant fin à
toute monopolisation du marché. Cette libéralisation a
été ensuite élargie par le décret n° 04-89 du
22 mars 2004 (13(*))
permettant à toute personne physique ou morale d'exercer
l'activité de fabrication des lubrifiants. Depuis 1999, de multiples
intervenants nationaux et étrangers se sont impliqués dans la
distribution et la commercialisation des carburants, des GPL, des lubrifiants,
des bitumes et des pneumatiques c'est-à-dire en exerçant une
fonction identique à celle de NAFTAL :
- Les intervenants étrangers actuels :
Société
|
Domaine d'activité
|
SPA SHELL MARKETING ALGERIE
|
Stockage et distribution de lubrifiants
|
SPA TOTAL LUBRIFIANTS ALGERIE
|
SPA DISTRIBUTION ESSO MOBIL ALGERIE
|
SPA TOTAL BITUMES ALGERIE
|
Formulation et distribution de bitumes
|
- Les intervenants nationaux
actuels :
Infrastructures
|
Projets autorisés
|
Projets en cours d'instruction
|
Emplissage et distribution des GPL
|
45
|
19
|
Centres de stockage et de distribution des carburants
|
8
|
10
|
Infrastructures de formulation et de commercialisation des
bitumes
|
11
|
3
|
Infrastructures de stockage et de distribution des lubrifiants
|
83
|
21
|
Augmentation de capacités de stockage
|
12
|
2
|
Régénération des huiles usagés
|
2
|
1
|
Infrastructures de formulation et de commercialisation des
lubrifiants
|
3
|
1
|
C'est ainsi que NAFTAL se retrouve aujourd'hui, dans un
nouveau contexte de libre concurrence marqué de surcroît, par les
nouvelles dispositions de la loi n° 05-07 du 28 avril 2005 relative aux
hydrocarbures, par l'application des mesures énoncées par les
accords d'association avec l'Union Européenne et par les
préparations pour l'adhésion de l'Algérie à
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Désormais, la survie de NAFTAL dépend de sa
capacité d'adaptation aux tendances d'un environnement dans lequel la
mondialisation des marchés, la globalisation, la difficulté
accrue de maîtrise des besoins de la clientèle, l'essor des NTIC
et l'économie fondée sur le savoir. Ils constituent de plus, des
phénomènes interdépendants entraînant dans leur
sillage de nouveaux enjeux et de nouveaux défis.
3. L'offre de NAFTAL
NAFTAL pratique une politique de distribution dite extensive
c'est-à-dire qu'elle s'attache à couvrir l'ensemble du territoire
national. Son offre est très diversifiée. Elle est
composée de plusieurs gammes de produits et services.
3.1. Les carburants
« terre »
Il existe six types de carburants
« terre »
3.1.1. Essence normale
3.1.2. Essence super
3.1.3. Essence Sans Plomb
3.1.4. gas oil
3.1.5. GPL/Carburant
3.2. Les carburants
Aviation
3.2.1. Le carburéacteur Jet A1
3.2.2. Le Kérosène (Jet
déclassé)
3.2.3. l'essence AVGAS 100LL
3.3. Les carburants Marine
3.3.1. Le fuel oil Bunker C
3.3.2. Le fuel oil BTS
3.3.3. Le gas oil
3.4. Les gaz Pétrole
Liquéfiés - GPL-
3.4.1. Le butane conditionné
3.4.2. Le butane vrac
3.4.3. Le propane conditionné
3.4.4. Le propane en vrac
3.5. Les lubrifiants
3.5.1. Les huiles moteurs diesel
3.5.2. Les huiles moteurs essence
3.5.3. Les huiles de transmission
3.5.4. Les huiles industrielles
3.5.5. Les huiles spéciales automobiles
3.5.6. Les graisses
3.5.7. Les lubrifiants et produits spéciaux
synthétiques pour moteurs d'avions
3.5.8. Les lubrifiants marine
3.6. Les produits
spéciaux
3.6.1. La paraffine
3.6.2. Les huiles aromatiques
3.6.3. Les essences spéciales
3.6.4. Le white spirit petroleum
3.6.5. Le toluène
3.6.6. Le xylène
3.6.7. Le methmix (aviation)
3.7. Les bitumes
3.7.1. Les bitumes purs
3.7.2. Les bitumes oxydés
3.7.3. Les bitumes fluidifiés
3.7.4. Les émulsions de bitumes
3.8. Les pneumatiques
3.8.1. Les pneumatiques
« tourisme »
3.8.2. Les pneumatiques « poids
lourds »
3.8.3. Les pneumatiques « véhicules
utilitaires »
3.8.4. Les pneumatiques « moyens de
manutention »
3.8.5. Les pneumatiques « tracteurs
agricoles »
3.8.6. Les pneumatiques « génie
civil »
3.9. Les prestations de
service
3.9.1. Services de vidange - lavage - graissage
3.9.2. Services de maintenance des équipements et
installations (volucompteurs, cuves, citernes...)
3.9.3. Installations d'équipements de
distribution
4. Le marché national des produits
pétroliers
Le marché étant défini comme l'ensemble
des clients actuels et potentiels capables et désireux de
procéder à l'échange des produits et services. Pour
NAFTAL, il s'agit de l'ensemble des utilisateurs nationaux voire
étrangers des produits pétroliers et des services qui leur sont
liés. Elles peuvent être des personnes physiques ou morales.
Le marché national peut être segmenté en
plusieurs secteurs et entités :
Produits pétroliers
|
Marchés (utilisateurs)
|
Carburants « terre »
|
Usagers de la route( automobilistes,transporteurs)
Producteurs d'électricité (fuel)
|
Carburants aviation
|
Compagnies aériennes
Ministère de la Défense Nationale
Sûreté Nationale
Protection civile
|
Carburants marine
|
Compagnies de navigation (armateurs)
Ministère de la Défense Nationale
Entreprises de pêche, artisans pêcheurs...
|
GPL
|
Ménages, commerçants, entreprises industrielles,
Hôtels, restaurants, collectivités locales, établissements
hospitaliers, établissements scolaires et universitaires, institutions
militaires, de sécurité, protection civile, agriculteurs,
apiculteurs, aviculteurs...
|
Lubrifiants
|
Usagers de la route, entreprises industrielles, Compagnies
aériennes, Cie de navigation, entreprises de pêche...
|
Bitumes
|
Entreprise de travaux publics et de construction de routes
Collectivités locales
Fabricants de produits d'étanchéité
|
Produits spéciaux
|
Entreprises industrielles
Cie aériennes
Cie de Navigation
|
Pneumatiques
|
Usagers de la route
Manutentionnaires
Agriculteurs
Entreprises de BTP
|
5. L'organisation de NAFTAL
Il faut rappeler que la mission de NAFTAL consiste à
acheminer son offre composée de produits et services diversifiées
telle que définie ci-dessus, des lieux de raffinage (Arzew, Skikda..) ou
des ports pour certains produits en provenance de raffineries
algériennes en utilisant le cabotage (14(*)) ou encore d'installations de raffinage et de
manufactures (pneumatiques) étrangères aux nombreux utilisateurs
éparpillés à travers le territoire national (voir
paragraphe précédent). Pour accomplir ses activités,
NAFTAL dispose comme tout distributeur d'un réseau de distribution assez
dense, organisé de manière à satisfaire toutes les
exigences de la clientèle et géré par une Direction
Générale implantée à Alger et d'Unités
administratives décentralisées appelées Districts
intervenant chacune dans deux à trois Wilayas de façon à
couvrir l'ensemble du territoire national.
Le réseau de distribution est composé
d'infrastructures et de Centres de stockage et de distribution de lubrifiants,
de bitumes, de produits marine (pour les Districts situés dans les zones
côtières), de produits aviation (pour chaque Aéroport civil
implanté au niveau du territoire national), d'entrepôts et
dépôts pour le stockage des carburants, de stations-service et
points de vente (magasins).
L'entreprise est structurée en plusieurs niveaux :
I. Assemblée Générale composée
d'un seul actionnaire SONATRACH qui est propriétaire à 100% des
actions de NAFTAL
II. Conseil d'Administration comprenant un Président
(PDG de l'entreprise), des membres issus de la société
mère SONATRACH et d'un représentant syndical).
III. Président Directeur Général et son
staff composé de Conseillers Principaux et de Conseillers.
IV. Branches (Commercialisation, Carburants, GPL,
Activités Internationales)
V. Directions Exécutives (Finances et
Comptabilité, Ressources Humaines, Stratégie, Planification,
Economie SPE)
VI. Directions Centrales ( Audit, Procédures et
Contrôle de gestion, Hygiène, Sécurité,
Environnement, Qualité HSEQ)
VII. Directions (Administration Générale,
Affaires Sociales et Culturelles)
Les Branches sont considérées comme des
structures opérationnelles et organisées elles-mêmes en
plusieurs niveaux :
1. Niveau central : Directions d'activités et de
Produits, Départements et services.
2. Niveau décentralisé : Districts
(Unités administratives), Centres et Antennes administratives au niveau
de chaque Wilaya.
Il s'agit d'une organisation fortement
hiérarchisée, conçue selon les principes dictés par
le taylorisme.
Il existe 21 Districts rattachés à la Branche
Commercialisation et 19 Districts relevant de la Branche GPL.
Pour conditionner le GPL en bouteilles de 13 Kg et 3 Kg et le
propane en Bouteilles de 35 Kg, NAFTAL possède des Centres
d'Enfûtage( carrousel de conditionnement) l'organisation de NAFTAL est
établie pour remplir trois fonctions essentielles :
§ Approvisionnement
§ Stockage des produits
§ Ventes des produits et prestations de services.
NAFTAL est dotée pour cela de moyens
considérables :
§ Un effectif de plus de 29900 personnes dont 3000
environ exercent à titre de temporaires. A signaler que presque 8% de
l'effectif est de niveau cadre. Le taux des cadres supérieurs par
rapport à l'effectif total est actuellement de 1,03 %
§ Une flotte importante composée de plus de 3500
camions. Le transport des produits pétroliers est l'une des tâches
essentielles de NAFTAL. Il exige souvent un certain savoir faire pour se
réaliser de manière efficace. A souligner que NAFTAL a
commercialisé en 2004, 10 millions de tonnes de carburants et elle en a
transporté 24 millions de tonnes. Cela montre clairement que la fonction
logistique est essentielle dans les activités de l'entreprise.
L'approvisionnement en carburant s'effectue en partie par voie ferroviaire. Il
existe une entreprise mixte de transport de produits pétroliers
- Société de Transport des Produits
Energétiques (STPE) - dont le capital appartient pour 50% à
NAFTAL et pour 50% à SNTF (Société Nationale de Transport
Ferroviaire)
§ Des hangars de stockage des lubrifiants et produits
spéciaux
§ Des bacs de stockage des bitumes
§ Des entrepôts et dépôts de stockage
des carburants.
Il faut noter que NAFTAL est propriétaire de plus de
660 stations-service dont 335 sont gérées par des tiers à
titre de location (gestion libre). Elle accomplit des tâches de grossiste
de produits pétroliers autrement dit elle fournit des produits
pétroliers à plus de 1250 stations-service privées et
à 335 en gestion libre. Elle joue le rôle de détaillant en
commercialisant directement aux clients (gestion directe) à partir de
ses propres stations-service au nombre de 329 à la date de janvier
2006.
Chapitre 2
L'information, une
ressource-clé pour l'entreprise
1) Qu'est-ce que l'information
Le développement des NTIC a entraîné une
transformation du rôle économique de l'information. Celle-ci
devient un élément-clé dans le management des affaires. Sa
valeur ne cesse de s'accroître. Un nouveau regard sur les processus
informationnels se dessinent avec l'émergence de nouveaux cadres dans
lesquels doit évoluer l'information dans l'entreprise.
Mais qu'est-ce que l'information ?
Les écrits définissant l'information sont
très peu nombreux. Les quelques définitions connues restent
souvent liées à d'autres champs d'application :juridique,
presse, cybernétique (l'information comme la réaction de la
machine sur elle-même), physique, informatique et communication.
Cependant l'information sert souvent à éclairer d'autres notions.
La communication est définie, par exemple, comme la transmission d'un
émetteur à un récepteur d'une entité appelée
« information », le document comme un support ou un objet
pour transporter de l'information.
Dans une étude de la Commission Techniques et
Méthodes Documentaires de l'ADBS, Eric SUTTER considère que
« l'information est d'abord l'action de s'informer ou
d'informer ; c'est apprendre, c'est aussi avertir ou aviser ; c'est
éclairer ou encore prévenir. Mais l'information c'est
également le renseignement fourni, l'investigation ou... l'ensemble des
informations ! »(15(*)) ce qui ne résout en aucun cas le
problème de la définition.
Sur le plan étymologique, le terme information vient du
latin « informare » qui signifie former, donner une forme,
une signification à quelque chose (dictionnaire Le Robert). On peut
déjà en déduire qu'il ne peut y avoir d'information
« brute » et que celle-ci est la mise en forme d'un fait et
qu'elle s'adresse forcément à un destinataire ce qui rappelle la
notion de communication.
En évoquant la mise en forme d'un fait, on attribue
à l'information le sens de produit donc le résultat d'un
processus. L'information n'est donc pas une donnée, ni un signal mais le
produit d'un effort particulier de formalisation.
Dans une autre acception, on considère l'information
comme une perception, un regard original de l'homme sur son entourage. A juste
titre, Jean Michel insiste pour dire que « l'information est
fondamentalement une perception,un regard contextuel et temporel d'une personne
ou d'un groupe de personnes sur son environnement. L'information reste donc
essentiellement volatile, peu fiable contradictoire et en constante
évolution. Elle ne prend toutefois de la valeur que si elle est
échangée et si elle permet la confrontation des perceptions
subjectives »(16(*)). Cependant cette définition est
contestée par d'autres auteurs qui avancent que l'assimilation de
l'information à des perceptions relève d'une pensée
confuse.
Une autre définition cherche à faire la liaison
entre l'information et la connaissance. Ainsi Jacques Arsac affirme que
« par rapport au monde de la connaissance ou des idées,
l'information serait la forme qui porte la connaissance et donc le
véhicule de la pensée »(17(*)). Cette affirmation fait
ressortir que la connaissance naît de l'information. L'UNESCO semble
adopter cette logique en avançant que l'information est un
« élément de la connaissance susceptible d'être
représenté afin d'être conservé, traité,
communiqué »(18(*)). On constate que l'information peut s'identifier au
savoir et à la connaissance et la frontière entre les deux est
difficile à établir. Mais cette assimilation est souvent
réfutée de manière catégorique. La
Société de conseil « Ourouk »
spécialisée dans le management de l'information considère
que c'est une erreur que d'assimiler l'information à la connaissance.
Dans un essai de définition de l'information,
« Ourouk » souligne qu' « identifier
l'information à la connaissance ou à la sphère des
savoirs, ou la pensée, c'est commettre un contresens lourd de
conséquences ». Dominique Foray précise dans son livre
- l'économie de la connaissance - que « la connaissance est
d'abord fondamentalement une capacité d'apprentissage et une
capacité cognitive, tandis que l'information reste un ensemble de
données formatées et structurées, d'une certaine
façon inertes ou inactives ne pouvant par elles-mêmes engendrer de
nouvelles informations » (19(*)).
Définir l'information, c'est aussi chercher
connaître son rapport avec la communication. En effet, les deux termes
sont souvent utilisés pour désigner les mêmes
phénomènes. Robert Escarpit (6) souligne que
« l'information est censée découler de l'acte de
communication ». Pour la communication, l'information est un
message, un aspect significatif d'un ensemble de propos...
Par ailleurs, l'information est définie comme un
ensemble de données qui rassemblées peuvent donner lieu à
un message. Mais qu'est-ce qu'une donnée ? Jean - Yves PRAX dans
son ouvrage - le manuel du knowledge management - énonce
« qu'une donnée est un fait discret, brut ; elle
résulte d'une observation, d'une acquisition ou d'une mesure
effectuée par un instrument naturel ou artificiel. Elle peut être
qualitative ou quantitative ».... Et il ajoute qu'une
« information est une collection de données organisées
dans le but de délivrer un message, le plus souvent sous une forme
visible, imagée, écrite ou orale » (20(*)).
Enfin, on peut affirmer que la synthèse de tous les
éléments passés en revue jusqu'à présent,
laisse entendre que l'information peut se définir comme l'aboutissement
d'un processus de représentation et de mise en forme ayant pour but la
communication d'un ensemble de faits à un destinataire donné.
2) La typologie des informations
L'entreprise reçoit et diffuse une quantité
importante d'informations revêtant des formes multiples. Le passage des
supports matériels à des supports immatériels a fait
exploser l'information. On assiste depuis quelques années à une
multiplication grandissante des différents types d'informations. Leur
connaissance permet sans aucun doute de faciliter l'activité de veille
dans l'entreprise. Pour NAFTAL, le défrichage de la « jungle
informationnelle » s'avère comme une phase préliminaire
dans le processus de mise en place du dispositif d'observation et de
surveillance de son environnement.
a) L'information formelle et informelle
· Les informations formelles ou
maîtrisables sont issues des divers documents de l'entreprise,
publications, rapports, études, catalogues, textes de lois, ordonnances,
textes réglementaires, décrets, arrêtés
ministériels, monographies, actes de colloques mais aussi des normes,
brevets, reportages radiophoniques et télévisuels, presse,
thèses, articles de revues spécialisées.
L'information formelle est collectée et
enregistrée sous forme de texte, son ou image. Elle est d'accès
facile. C'est une information véhiculée par des supports papiers,
filmographiques ou informatiques. On estime que 90% de l'information
scientifique et technique existe sous la forme formelle.
· Les informations informelles
ou non maîtrisables concernent toutes les informations
qu'on peut recueillir lors de la tenue de salons et foires ou par la collecte
d'échantillons, de prospectus, d'emballages de produits et surtout par
la rencontre ou le contact entre les commerciaux et les clients, les managers
et les fournisseurs ou les experts et les cadres de l'entreprise. Par exemple
dans le cas de NAFTAL, les chefs de stations-service, les responsables des
centres de stockage et de distribution des lubrifiants, pneumatiques, bitumes
peuvent recueillir des éléments d'informations informelles lors
de leurs contacts fréquents avec les clients (entreprises ou
particuliers) qui se présentent pour des achats ou autres transactions.
Ces informations informelles concernent toutes les fonctions
de l'entreprise qu'elles soient techniques, commerciales ou sociales et
permettent souvent de lever le voile sur les aspects non communiqués
officiellement.
Selon Bruno Martinet et Yves-Michel Marti, pour collecter
l'information informelle, « il faut être « au
contact » c'est-à-dire se déplacer, passer du temps,
pouvoir entendre, sentir, toucher, de manière à la
percevoir » (21(*)). Cette information est souvent recueillie oralement.
Elle est qualitative et exige des recoupements avec d'autres informations et
des analyses approfondies pour pouvoir être suffisamment utiles à
l'entreprise. Elle comprend :
· L'information de type
« floue » ;
· L'information de type expertise ;
· L'information de type foires et salons.
b) L'information blanche,grise, noire
L'Association française de normalisation AFNOR propose
trois types d'informations :
· « L'information
blanche » à laquelle l'accès est très
facile. Elle est ouverte à tous sans aucune barrière juridique.
Elle est présente dans la presse, les colloques, les publications
spécialisées, les banques de données, dans Internet...
· « L'information
grise » qui se rapproche davantage du renseignement. Elle se
présente de façon plus élaborée et pour la
découvrir, il faut savoir la chercher. En tout cas, elle
considérée comme licitement accessible mais certaines
difficultés peuvent surgir lorsqu'il faudrait connaître son
existence.
· « L'information
noire » qui est protégée par des contrats ou
des textes juridiques. Elle est à diffusion restreinte. Son utilisation
n'est possible que pour quelques personnes autorisées pour y
accéder. Des poursuites judiciaires peuvent être actionnées
contre celui qui est tenté de la recueillir.
c) L'information ouverte/fermée
· L'information ouverte est
assimilée à l'information écrite. C'est une information
délivrée par des sources qui le font de manière volontaire
et de plein gré par opposition à ce qui est confidentiel. Elle
existe à profusion. Elle devient utile pour la prise de décision
au sein de l'entreprise que lorsqu'elle est traitée,
répertoriée, classée et diffusée. Elle peut servir
également à compléter les informations déjà
détenues.
· L'information fermée est non
formalisée. Elle émane des rouages de l'entreprise. Elle n'est
généralement pas publiée. Sa recherche et sa collecte
passent par la mise en place d'une méthode claire.
d) L'information primaire/secondaire
· L'information primaire émane
des documents primaires : ouvrages, textes législatifs et
réglementaires, brevets, articles...L'information secondaire recense,
traite et analyse l'information primaire. Les catalogues et les documents
bibliographiques véhiculent des informations secondaires.
e) L'information brute/élaborée
· L'information brute résulte
d'une première opération de collecte. C'est celle qui n'a subit
aucun traitement. Elle est peu fiable. Elle ne peut acquérir de la
valeur et devenir une information élaborée qu'après
plusieurs traitements.
· L'information élaborée
est celle qui est directement utilisable dans la prise de décision. Elle
est ce qu'on appelle l'information utile à l'entreprise et
découle normalement des recoupements et rapprochements avec d'autres
informations. Bernard Dousset affirme que l'information
élaborée : « C'est l'art d'aller chercher dans
une masse énorme d'informations, celle qui n'est pas visible
« à l'oeil nu ». On appelle cela l'information
« endogène ». Grâce à des
méthodes mathématiques et statistiques, on arrive à tirer
des conclusions inédites et intelligentes par juxtaposition de
données brutes. C'est le b-a-ba de toute démarche de veille
stratégique, qu'elle soit scientifique, technique ou
économique » (22(*)).
f) L'information explicite/tacite
· L'information explicite est celle que
l'on peut trouver dans les supports formalisés : fichiers clients,
liste des fournisseurs, guide d'utilisation, manuel, procédures et
méthodes. Cette information se trouve dans le système
d'information de l'entreprise et se transmet d'un pole à l'autre assez
facilement.
· L'information tacite est difficilement
identifiable et transmissible. Elle ne peut être échangé
que lors des contacts entre les membres de l'entreprise.
Le salarié peut s'approprier cette information à
l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise. Elle n'est
pas formalisée et porte sur les pratiques, les procédés et
les astuces dans l'exercice d'une activité qui ne peuvent être ni
enregistrés, ni transmises.
g) Typologie proposé par H. Dou
Henri Dou dans son ouvrage veille, technologie et
compétitivité (23(*)) a proposé quatre types
d'informations :
- L'information de type
« texte », information structurée issue des
bases de données internes et externes, des rapports, des normes de la
sécurité... C'est une information qui peut être
exploitée par l'outil informatique. Pour qu'elle devienne accessible,
elle doit être validée, travaillée et codifiée.
- L'information de type
« floue », moins structurée que
l'information de type texte. C'est une information recueillie par le personnel
en contact avec les clients, les fournisseurs, les experts ou les commerciaux.
Pour Hoba Andoh Pascal, c'est une information « qu'il faut chercher
à l'extérieur de l'entreprise par une attitude active »
(24(*)). Le
repérage de cette information « floue »
nécessite la mise en place d'une stratégie de recherche et de
collecte et un processus de contrôle de validité.
- L'information de type
« expertise » elle concerne le experts en poste au
sein de l'entreprise ou en relation avec elle et porte sur les
compétences, les connaissances et les savoir-faire du type
« expertise ». Elle occupe une grande partie de la
mémoire de l'entreprise.
L'information de type « foires et
salons », elle est collectée lors de la visite des stands, en
posant des questions aux exposants et en récupérant les
plaquettes publicitaires. Elle revêt une grande importance pour
l'entreprise car les foires et salons regroupent un grand nombre d'acteurs
économiques (clients, fournisseurs, concurrents, cabinets de conseil,
banques, compagnie d'assurances...). Ce rassemblement permet souvent de
recueillir des informations pertinentes.
Répartition du volume de l'information dans
l'entreprise selon la typologie de H. Dou
h) Typologie de l'information selon Humbert et Elisabeth
LESCA
H. et E. Lesca distinguent trois types d'informations :
l'information de fonctionnement, l'information d'influence et l'information
d'anticipation.
- L'information de fonctionnement,
indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise. Elle porte sur les
opérations de commande et de contrôle. Les informations de
commande sont nécessaires à la concrétisation des
commandes clients, fournisseurs... Les informations de contrôle
interviennent pour vérifier et s'assurer de la conformité des
opérations et des tâches : fiches de stocks, relevé
bancaire, bilan, TCR...
- L'information d'influence,
considérée comme le ciment de la cohésion de l'entreprise,
elle est utilisée pour animer, motiver, stimuler et coordonner. Cette
information influe sur le comportement des acteurs de l'entreprise. A
l'intérieur, elle émane des bruits de couloir, des journaux
internes, des réunions... et à l'extérieur on la retrouve
sous la forme de plaquettes publicitaires, catalogues produits.... Elle
apparaît comme une information de type informelle lorsqu'il s'agit de
bruits de couloir ou de rumeurs et d'information formalisée lorsqu'il
est question des journaux internes ou de réunions.
- L'information d'anticipation, rassemble les
informations destinées à la Direction Générale,
pour H.Lesca, elle permet à l'entreprise « de voir venir
à l'avance certains changements de son environnement
socio-économique dans le but d'en tirer un avantage ou bien
d'éviter un risque » Elle se présente sous forme de
données, de renseignements sur les projets des clients ou des
concurrents ou bien elle concerne une rumeur portant la promulgation ou la
modification de textes législatifs, la publication d'une étude
scientifique ou d'un rapport important.
3) Le classement de l'information
L'information peut être classée selon :
ü sa nature,
ü ses supports,
ü son niveau d'élaboration,
ü son niveau d'accessibilité,
ü son niveau de diffusion,
ü son besoin informationnel,
ü sa spécificité.
Selon
sa nature
|
Selon ses supports
|
Selon son niveau d'élaboration
|
Selon son niveau d'accessi-
bilité et de confiden-
tialité
|
Selon le besoin informationnel
|
Selon son niveau de diffusion
|
Selon
sa spécificité
|
Economique
Juridique
Sociale
Politique
|
Formelle/
informelle
|
Brute/
Elaborée/
Primaire/
Secondaire.
|
Blanche,
Grise,
Noire
|
Utile, inutile
|
Sensible,
Critique,
Stratégique
|
Signaux faibles
|
4) Les sources d'information
A l'heure de la mondialisation et sous l'effet des
technologies de l'information et de la communication, de la globalisation de
l'économie, de l'accélération des échanges
internationaux et de l'internationalisation des marchés, toutes les
entreprise sont désormais confrontées à la
prolifération de l'information. Dès lors,le problème
consiste à trouver l'information la plus pertinente et la plus utile, de
savoir la gérer et la maîtriser. Face à cette situation,
les dirigeants des entreprises sont dans l'obligation d'identifier les sources
internes pour s'informer sur l'état de l'entreprise et de bien
connaître les sources externes pour se renseigner sur son environnement
et se faire une idée claire et complète des tendances de son
évolution.
a) Les sources d'information internes
q Le personnel de l'entreprise
L'implication du personnel de l'entreprise, sa motivation et
son engagement constituent des vecteurs de la croissance et de la performance.
Dès lors, les ressources humaines deviennent une véritable source
d'information interne. L'identification des compétences et le
repérage des savoir-faire au niveau de l'entreprise n'apparaissent-ils
pas comme des actions pour détecter les atouts et les
handicaps ?
Si l'entreprise s'organise pour recueillir les idées et
prendre en charge les propositions et suggestions des salariés
c'est-à-dire mettre en place des outils pour susciter la
créativité, elle pourrait en tirer des informations
appréciables et parfois très pertinentes parce qu'elles
émanent dans la plupart des cas du personnel impliqué directement
dans la production, la commercialisation ,le contrôle, les achats... ce
qui s'avère enrichissant. Michelin l'a déjà compris en
1933 en affirmant : « Si capable que soit le chef, il ne peut
passer 5 minutes sur un point que l'ouvrier a 8 heures par jour sous les yeux.
Rien d'étonnant que l'ouvrier voit mieux que le chef ce qui ne va pas ou
ce qui pourrait être fait plus économiquement ».
Les séances de brainstorming, les cercles de
qualités et les clubs que certaines entreprises ont instauré
peuvent générer de l'information qui pourrait se
révéler indiscutablement comme très utile pour la prise de
décision.
Par ailleurs, les experts liés à l'entreprise,
interviennent dans l'orientation des projets, l'amélioration des
processus, la conception et le lancement des produits et apportent leur
contribution dans l'élaboration de la stratégie, ils se
positionnent comme une source d'information importante.
Le capital humain de l'entreprise, apparaît
effectivement comme une véritable source d'information par son
implication et son savoir-faire.
q Les documents internes
Les documents qui circulent à l'intérieur de
l'entreprise constituent des sources d'informations importantes. Ils peuvent se
présenter sous des formes diverses : notes de service,
procès-verbaux de réunions, comptes rendus de missions, lettres
d'information interne, revues de presse, bilan financier et social, tableaux de
compte des résultats, règlements, procédures,
enquêtes d'opinions, reporting, note de conjoncture, ratios, états
des stocks, tableaux de bord...Chacun des documents est établi en
fonction d'une finalité liée au destinataire.
q Les produits et services
Evoquer un produit ou un service, c'est déjà
penser à son désign, son conditionnement, son emballage, ses
caractéristiques, sa composition, ses normes, son prix, et son mode
d'emploi. Il s'agit donc d'une multitude d'informations qu'il faut collecter,
évaluer et traiter pour comprendre l'entreprise. C'est ainsi que les
produits et services peuvent apparaître comme des sources d'informations
internes.
b) Les sources d'informations externes
q Les clients
Toute entreprise cherche à satisfaire les besoins de
ses clients pour accroître sa rentabilité, devenir
compétitive et se développer. La satisfaction passe par la
connaissance des clients et des facteurs influençant leurs comportements
et leurs attitudes. Pour connaître sa clientèle, l'entreprise doit
rechercher et collecter des informations. C'est ainsi que l'aspect
informationnel revêt une importance capitale. En effet, l'information sur
le client permet aux dirigeants de l'entreprise de prendre les mesures
adéquates afin d'augmenter le volume de leurs ventes et consolider la
position de leur entreprise sur le marché. Souvent l'entreprise
établit des fiches qui permettent de se renseigner sur les clients, les
quantités achetés, les produits et services
demandés, les fréquences d'achat, les modes de paiement, les
préférences, les besoins exprimés... Toutes ces
informations améliorent la connaissance des consommateurs par
l'entreprise et lui donnent à juste titre la possibilité de
devenir plus efficace et plus compétitive.
Le client peut devenir un facteur d'innovation ; les
suggestions et les idées qu'il peut émettre à chaque fois
qu'il est en contact avec un représentant de l'entreprise peuvent
constituer un facteur pouvant améliorer les produits et services actuels
voire développer de nouveaux produits.
La gestion efficace de la relation client/entreprise et le
dialogue qui peut être engagé entre les deux parties peuvent
déboucher sur la confection de bases de données riches en
informations.
Le client se présente comme une source d'informations
non seulement pour la prise de décisions mais aussi pour
améliorer le positionnement de l'entreprise sur son marché.
q Les fournisseurs
Les fournisseurs se présentent également comme
une source d'information. Leur identification et la connaissance de leurs
exigences en matière de délais de livraison, de moyens de
livraison, de mode de paiement et de qualité des produits et services
génèrent des informations que l'entreprise doit capter afin d'en
faire des éléments utiles pour prendre des décisions et
élaborer des stratégies efficaces.
q Les concurrents
L'entreprise doit apprendre à connaître ses
concurrents pour mieux les affronter renforcer sa position sur le
marché. Cette connaissance doit porter sur les parts de marché
acquis par les différents concurrents, leurs projets, les prix
appliqués et d'une façon générale sur leurs forces
et leurs faiblesses. L'accès à cette information passe par la
consultation et l'étude des articles de presse, la lecture des rapports
annuels, l'examen des messages publicitaires... il lui faut donc assurer une
surveillance de la concurrence.
Ainsi l'entreprise s'informe de manière constante et
organisée sur sa concurrence et tire des enseignements qui pourraient
s'avérer très utiles pour qu'elle reste compétitive.
q Les manifestations
Toute entreprise participe à diverses manifestations
qui pourront lui offrir l'occasion de valoriser son métier auprès
des pouvoirs publics et des milieux professionnels mais aussi de la presse et
du public. La participation à ces manifestations peut prendre la forme
de séminaires, colloques, journées d'études, salons
professionnels, tables rondes, voyages d'études. Il s'agit
d'opportunités pour identifier de nouveaux concurrents et de nouveaux
produits. Souvent des conférences débats sont organisées
durant la tenue des manifestations.
L'entreprise doit saisir ces opportunités pour
collecter des informations de types formelles (affiches, plaquettes
publicitaires, catalogues) et surtout des informations informelles (rumeurs,
conversations, exposés oraux, questions/réponses). Ce sont des
occasions qui doivent inciter les représentants de l'entreprise à
rédiger des rapports d'étonnement dans lesquels ils relatent
leurs sentiments, leurs impressions et les premières données.
Par ailleurs, certaines rencontres entre experts et chercheurs
peuvent générer des informations informelles très utiles
à l'entreprise.
q Les brevets
Un brevet garantit à son titulaire la protection de
l'invention qui est en règle générale une nouvelle
manière de faire quelque chose ou une nouvelle solution à un
problème.
Le titulaire est libre de choisir l'utilisateur de son
invention. Il peut, en vertu, d'une licence, permettre au tiers d'utiliser
l'invention à des conditions convenues d'un commun accord. Il peut aussi
vendre son droit sur l'invention à un tiers. Cependant le titulaire peut
divulguer publiquement des informations sur son invention. Ainsi le brevet peut
fournir des informations scientifiques et techniques assez précieuse. La
description de l'invention constitue également un moyen pour capter des
informations.
De même que la consultation des banques de
données sur les brevets délivrés par les offices nationaux
et régionaux existant dans le pays s'avère comme une source
d'informations scientifiques et techniques appréciables.
q Les normes
Les normes ISO ( International Standard Organisation)
(25(*)) précisent
ce que l'entreprise doit faire pour assurer la conformité des ses
produits et de son organisation aux exigences du client. Elles sont
définies comme étant des « document établis par
consensus et approuvés par un organisme reconnu, qui fournit pour les
usages communs répétés, des règles, des lignes
directrices, de ou des caractéristiques pour des activités
garantissant un niveau d'ordre optimal dans un contexte
donné ».
Les normes se présentent comme des outils pour la
diffusion des connaissances techniques. Elle constituent aujourd'hui la
référence commune pour la définition des
spécifications techniques et pour le management des entreprises.
La certification apparaît comme le prolongement de la
normalisation. Elle permet de formaliser sur le plan juridique et
opérationnel, l'application des normes aux différents contextes.
L'obtention d'un certificat de qualité par une entreprise signifie
qu'elle est apte à formaliser les processus, assurer la
sécurité des prestations accordées et témoigner de
la qualité de la relation avec les clients et fournisseurs.
La démarche qualité induit une rationalisation
des activités de l'entreprise par la mobilisation des ressources et
particulièrement la ressource informationnelle dans le but
d'améliorer sa compétitivité, de fédérer son
personnel autour d'un projet et de se positionner sur le marché.
Dès lors, l'information prend toute son importance dans la mise en
oeuvre de la démarche qualité.
q Internet
L'Internet diffuse une masse phénoménale
d'informations formelles et informelles. L'accès à cette
information est instantanée. Le problème qui se pose tourne
autour de la prolifération des informations et de leur
fiabilité.
Internet reste un outil formidable pour la recherche et la
sélection des informations scientifiques et techniques. On y trouve des
rapports, des actes de colloques et de conférences, des thèses,
des supports de cours... Il faut aussi signaler que le web invisible qui
désigne la partie du web non accessibles aux moteurs classiques,
véhicule d'énormes ressources informationnelles.
Internet reste une source appréciable pour capter des
informations utiles au « bon » fonctionnement d'une
entreprise.
q Les bases de données
Une base de données est un ensemble structuré et
organisé permettant le stockage de grandes quantités
d'informations afin d'en faciliter l'exploitation (ajout, mise à jour,
recherche de données). Les bases de données accessibles par
l'intermédiaire du Web représentent des outils très
importants pour la recherche d'informations utiles à l'entreprise. Ces
bases de données peuvent contenir des descriptions de brevets,
d'articles scientifiques et techniques, des statistiques financières et
commerciales...
q La littérature grise
Il s'agit de thèses, de rapports d'études et
autres documents qui sont diffusés en petit nombre. Ils existent parfois
dans des bases de données et constituent souvent des sources
précieuses pour accéder à l'information scientifique et
technique.
q La presse et les ouvrages
La presse diffuse des informations sur l'environnement de
l'entreprise. Elle fait paraître souvent des informations sur la vie
économique, politique et sociale au niveau national et local qui
peuvent, si elles sont bien sélectionnées et analysées,
être d'un apport inestimable pour l'entreprise.
Les ouvrages contiennent toujours des informations qui peuvent
servir à éclairer les dirigeants sur un certain nombre de
problèmes auxquels ils peuvent être confrontés
quotidiennement et leur donner la possibilité de lever le voile sur
certaines incertitudes lorsqu'il s'agit de prendre des décisions.
Cependant les difficultés « d'extraction » de la
bonne information contenue dans les ouvrages réduit
considérablement l'importance de cette source. L'utilisation des
ouvrages comme source d'informations reste pourtant d'une portée
insoupçonnée.
5) Les flux d'information de
l'entreprise
Selon H. Lesca « l'information de l'entreprise peut
se répartir en trois grands flux :
- Le flux des informations produites par l'entreprise pour
elle-même ;
- Le flux des informations prélevées à
l'extérieur et utilisées par l'entreprise ;
- Le flux des informations produites par l'entreprise et
à destination de l'extérieur » (26(*)).
Flux des informations produites par
l'entreprise
et destinées à
l'environnement
Flux des
informations
émanant de l'environnement
et orientées vers l'entreprise
Flux des informations produites
par l'entreprise pour
elle-même
(flux internes)
Les trois flux de l'information de
l'entreprise
Chacun des trois flux présente deux types
d'informations : informations de fonctionnement ou d'activité et
informations de convivialité. Les informations de fonctionnement qui
peuvent être un bon de commande d'un client, un bon de réception
de la marchandise, un bon de livraison du produit, un coût de production,
un coût de distribution. Ces informations de fonctionnement sont
indispensables, elles constituent le « mécanisme »
pour accomplir une mission, une charge ou un rôle dans l'entreprise. Il
s'agit d'informations formelles qui font l'objet d'une grande attention de la
part des acteurs internes de l'entreprise.
Les informations de convivialité sont celles qui
peuvent influer les comportements des salariés et collaborateurs de
l'entreprise. Elles permettent de « solidariser » et de
mobiliser tous les acteurs internes autour des objectifs
généraux. Elles ont un caractère relationnel. Elles sont
nécessaires pour l'existence de l'entreprise. Elles peuvent se
présenter comme une note de service, un compte rendu d'un commercial, un
rapport, un bulletin interne, un journal interne, une réunion de
service. Selon H.Lesca, « la proportion des informations informelles
est plus dans l'information de convivialité que dans l'information
d'activité » (27(*)).
L'examen des trois flux d'informations de l'entreprise permet
de faire ressortir quelques éléments d'analyse utiles pour
comprendre le processus informationnel :
- Les informations de convivialité produites par
l'entreprise pour elle-même
Elles facilitent les synergies des efforts individuels,
influent sur les comportements et fournissent un sens au travail. On peut
avancer comme exemple les organigrammes, les enquêtes d'opinions, les
notes de service...
- Les informations de fonctionnement produites par
l'entreprise pour l'entreprise permettent de déclencher, réaliser
et contrôler les opérations de fonctionnement de l'entreprise
(facturation, comptabilité, contrôle de gestion, audit...Elles
sont difficiles à gérer. Elles sont étroitement
contrôlées au niveau de chacun des services mais échappent
à toute responsabilité lorsqu'elle circulent d'un service
à l'autre c'est-à-dire que la gestion du flux global n'est pas
assurée ce qui génère des dysfonctionnements aux points
d'interface des différentes fonctions et par conséquent la
performance économique peut en pâtir.
- Les informations de convivialité sont
destinées à l'environnement ou bien à
« l'extérieur ». Il faut savoir que l'environnement
est composé de divers acteurs externes qui sont en relation avec
l'entreprise. On peut citer les clients actuels et potentiels, les
fournisseurs, les concurrents, les banques, les universités, les
pouvoirs publics... Il dans l'intérêt majeur de toute entreprise
de chercher à influencer en sa faveur les acteurs externes en diffusant
des informations. Il y va de la survie de l'entreprise.
La communication externe de l'entreprise dans toutes ces
facettes compte parmi les aspects de cette information de convivialité
dirigée vers l'extérieur.
- Les informations de fonctionnement destinées à
l'environnement. Ce sont toutes les informations liées aux relations de
l'entreprise avec les différents acteurs externes : achats, ventes,
locations...
- Informations de convivialité en provenance de
l'environnement. Il s'agit d'être à l'écoute de
l'extérieur pour recueillir toutes les informations qui peuvent servir
à affiner les stratégies et anticiper autant que possible sur ce
qui pourrait se produire pour mieux y faire face. Ce processus est tout
indiqué pour permettre à l'entreprise de détecter les
opportunités qui peuvent se présenter et les menaces qui risquent
d'être préjudiciable à l'activité.
- Les informations de fonctionnement émanant de
l'environnement représentent particulièrement les commandes des
clients, les documents des fournisseurs, les relevés des banques.
A partir de l'analyse des flux des différentes
informations, il apparaît clairement que leur importance dans la
réalisation des performances est capitale. La ressource informationnelle
peut fournir un avantage concurrentiel décisif à l'entreprise
à condition de mettre en place les jalons de sa gestion.
6) Le management de l'information
L'information étant une ressource clé de
l'entreprise. Elle a besoin d'être gérée au même
titre que les ressources humaines, les ressources financières ou les
ressources matérielles. La gestion consiste à organiser et
à utiliser au mieux les ressources de l'entreprise pour qu'elles
contribuent de manière optimale à la réalisation des
objectifs.
Gérer l'information pour accroître la
compétitivité de l'entreprise consiste donc à concevoir et
à mettre en place une démarche organisée,
méthodique et s'appuyant sur des dispositifs efficaces permettant de
canaliser et exploiter les flux informationnels. La conduite de cette
démarche vise à obtenir des informations utiles et fiables
pouvant aider les opérateurs aux différents niveaux
hiérarchiques à lever les incertitudes dans les décisions
qu'ils ont à prendre dans leur travail, améliorer de
manière continue les compétences, contribuer à nourrir la
culture de l'entreprise, servir de mémoire des expériences et des
faits marquants et surtout apporter l'aide nécessaire à la
résolution des problèmes.
Cependant l'information est un bien immatériel,
intangible, difficile à appréhender. De plus, elle est
fragmentée, éparpillée et parfois surabondante ce qui
exige qu'elle soit triée, traitée et confortée avec
d'autres informations pour qu'elle devienne utile à l'entreprise qui
cherche à s'en servir.
L'information n'a de valeur que si elle est partagée,
que si elle irrigue l'ensemble de l'entreprise et circule de manière
optimale. Il s'agit de permettre à tout le personnel d'accéder
à toute les informations qui peuvent leur être utiles,
décloisonner les fonctions et de mettre le savoir à la
disposition du plus grand nombre d'intervenants. Il y va de la survie de
l'entreprise.
La gestion de l'information n'est pas une mince affaire mais
elle est une stricte nécessité. Pratiquer l'information au jour
le jour sans prendre la décision d'investir dans la mise en place de
structures adaptées et de dispositifs appropriés et laisser
proliférer l'information de façon anarchique, c'est se diriger
vers des échecs patents et par conséquent c'est se faire
« écarter » du marché et courir le risque de
disparaître. Penser que la gestion de l'information est une affaire
systèmes informatiques, de généralisation des
micro-ordinateurs ou de numérisation des documents et croire
aveuglément aux performances de l'outil technique, c'est aussi un choix
inapproprié qui ne « frôle » que très
peu les vrais besoins informationnels de l'entreprise. Réorganiser les
services de documentation ou renforcer les fonds documentaires sans les
insérer véritablement dans l'entreprise et sans accroître
leur rôle dans la prise de décision, c'est improviser et gonfler
les dépenses sans effets sur le fonctionnement de l'entreprise.
Alors qu'est-ce q'une gestion moderne de l'information en
rapport avec le contexte actuel dominé les changements inhérents
à l'impact des TIC ?
Quoiqu'on dise, il faut au préalable définir une
politique informationnelle qui tiendra compte des besoins réels en
matière d'informations correspondant aux spécificités et
aux finalités de l'entreprise. Cette politique doit tenir compte des
contraintes liées à l'absence de culture informationnelle. Il est
clair que sans une culture de l'information assez développée, le
risque est élevé d'aller vers l'échec dans la
maîtrise de l'information. Elle doit également prendre en charge
les avantages de la création de dispositifs informationnels et
documentaires efficaces.
La gestion de l'information permet justement de mettre en
oeuvre les objectifs fixés dans le cadre tracé par la politique
informationnelle. Elle apparaît comme une exigence étant
donné que l'entreprise a besoin de disposer en permanence d'informations
utiles et fiables issues de diverses sources et en raison des évolutions
de l'environnement. Pour parvenir à gérer efficacement
l'information, il s'agit de mettre en place en priorité des dispositifs
répondant aux besoins vitaux de l'entreprise en recourant à aux
multiples équipements informatiques, aux procédures, et aux
compétences. Il s'agit d'acquérir les capacités requises
pour maîtriser l'information pertinente dans une « jungle
informationnelle » afin de la mobiliser, la traiter et la mettre
à la disposition des intervenants concernés de l'entreprise. Une
gestion rigoureuse des informations permet de mettre fin aux pratiques
anarchiques, d'éviter les pertes de temps et le gaspillage des
énergies et des ressources et de réduire les coûts. Par
conséquent elle peut créer de la valeur par l'efficacité
qu'elle apporte en matière de réduction des délais de
réalisation des projets, par une meilleure perception de
l'environnement, par une connaissance plus approfondie des tendances du
marché et même de la concurrence et par les incidences positives
sur la qualité des produits et services offerts. Jean Michel de l'ADBS
souligne que la gestion de l'information « est encore évidente
à travers la démarche de confiance qu'elle instaure, à
travers la pérennisation des pratiques, des sources, des
procédures, à travers le souci de transversalité qui
facilite le partage de l'information utile au sein de
l'entreprise »(28(*)).
Parmi les dispositifs qui permettent à l'entreprise
d'obtenir l'information utile et pertinente, la veille détient une place
primordiale. Il s'agit d'un dispositif destiné à observer et
surveiller l'environnement pour rechercher et collecter les informations
à caractère anticipatif (qui portent sur le futur) selon un
processus organisé et une démarche réfléchie.
Toutefois la veille s'intéresse aussi aux flux informationnels qui sont
produites et qui circulent au sein même de l'entreprise.
La veille dite stratégique fonctionne selon un
processus s'appuyant sur un réseau dans lequel une
« activité veille » est organisée de
manière indépendante de toute structure administrative interne.
Cette veille permet de détecter les signaux annonciateurs de changements
et de prendre les dispositions nécessaires pour mieux y faire face.
La veille est un dispositif informationnel qu'il faut
gérer selon des règles strictes pour pouvoir répondre aux
besoins en matière d'informations que l'entreprise cherche permanence
pour relever les défis qui lui sont lancés.
Chapitre 3
La veille, concepts, outils et
enjeux
Dans le domaine de la distribution et de la commercialisation
des produits pétroliers, le nombre d'intervenants nationaux et
étrangers augmente de manière progressive. Ils sont
attirés par un marché en expansion. Les chiffres (voir premier
chapitre) font apparaître clairement que l'accroissement du marché
algérien des produits pétroliers est en constante
évolution depuis 1999. Cet accroissement s'explique par la reprise des
activités économiques qui forcément implique une plus
grande consommation des produits issus des hydrocarbures.
En effet, le marché national des produits
pétroliers se libéralise rapidement. NAFTAL, jadis, entreprise
détenant le monopole de la distribution, se retrouve en quelques
années dans un nouveau paysage économique marqué
particulièrement par la libre concurrence. Pour affronter cette nouvelle
situation et assurer sa survie, NAFTAL doit faire sa mue. Alors qu'elle
assurait la fonction essentielle d'approvisionnement du marché national
en assumant une mission de service public, elle devient désormais une
entreprise commerciale avec un statut de SPA régie par les règles
du code de commerce au même titre que les autres intervenants.
Justement parmi les tâches prioritaires qu'elle doit
accomplir, figure en bonne place le maintien voire l'augmentation des parts de
marché déjà acquises. Cela veut dire que NAFTAL cherche
non seulement à consolider sa position face aux autres concurrents mais
aussi demeurer leader dans la distribution des produits pétroliers. Pour
réaliser ce double objectif, elle doit se transformer en mettant en
place un nouveau management s'appuyant sur des dispositifs et des outils
pouvant lui permettre de s'adapter à son environnement de plus en plus
turbulent et instable. Face à ses turbulences qui affectent fortement
ses capacités et son fonctionnement, elle doit disposer de l'aptitude
à réagir autrement dit de la réactivité pour
pouvoir garder sa position et si possible la renforcer. Pour Gaël Gueguen
doctorant en sciences de gestion à l'université de Montpellier I
« plus l'entreprise sera à l'écoute de son
environnement, plus elle aura de chances de réagir d'une manière
adéquate »(29(*)). Il s'agit pour NAFTAL, de développer la
compréhension de son environnement. Cette connaissance ne peut se faire
que la mise en place démarche rationnelle.
La pratique de la veille reste l'une des démarches
efficaces pour observer l'environnement et s'adapter à ses changements
incessants afin d'assurer de manière durable la
compétitivité de l'entreprise. « La veille
stratégique devra s'intéresser à l'extérieur pour
réagir aux perturbations externes et également à l'interne
pour réagir aux turbulences provenant de l'organisation
elle-même » (30(*) ).
En effet, si NAFTAL ne veut pas perdre sa place de leader dans
l'activité de distribution des produits pétroliers sur le
marché national, elle doit d'ores et déjà assurer une
qualité totale des ses produits et services, réagir rapidement
face aux dangers de la concurrence et multiplier les innovations en
matière de service à la clientèle. Pour y arriver, la mise
en place d'un dispositif de veille stratégique devient utile à
plus d'un titre.
1) Qu'est-ce que la veille
stratégique ?
L'homme a toujours pratiqué la veille. Surveiller,
observer, écouter, être attentif sont des activités
naturelles pour l'être humain. Dès la préhistoire, les
hommes s'organisaient pour choisir un des leurs afin qu'il veille lorsque les
autres dormaient. En ses temps là, il s'agissait de se prémunir
contre d'éventuels dangers notamment ceux des prédateurs.
Aujourd'hui, les entreprises font de l'observation et de la
surveillance de l'environnement, une activité à part
entière. Michael Porter n'a-t-il pas affirmé que
« l'activité de surveillance et d'analyse des activités
des compétiteurs est le rôle premier des entreprises
meneuses »(31(*)). Au cours des vingt dernières années,
les entreprises se sont empressées pour mettre en place des
activités de surveillance, de veille stratégique ou
d'intelligence économique. D'ailleurs leur nombre ne cesse de se
multiplier.
En effet, l'environnement des entreprises devient de plus en
plus complexe et imprévisible. Il revêt une importance
particulière parce qu'il entretient avec l'entreprise une multitude de
relations diverses qui s'influencent mutuellement et de manière
permanente. Il se définit comme l'ensemble des acteurs susceptibles
d'exercer une influence directe sur l'entreprise. Il est composé de
groupes d'acteurs internes ( propriétaires, salariés, management)
et externes (clients, fournisseurs, concurrents, pouvoirs publics,
collectivités, associations professionnelles, banques). Pour Auster E.
et Choo C.W. l'environnement est considéré comme « la
totalité des facteurs physiques et sociaux qui sont pris en
considération dans le comportement de prise de décision des
individus dans l'organisation »(32(*)). Il peut aussi être divisé en diverses
composantes :
- Tendances économiques ;
- Evolutions démographiques (croissance de la
population...)
- Technologie ;
- Institutions politico légales ;
- Facteurs sociaux culturels.
L'entreprise a besoin de comprendre les évolutions de
son environnement. Elle ne peut plus accepter d'être surprise par des
innovations technologiques, des changements de réglementation ou par
l'apparition de nouveaux concurrents. Cela pourrait affecter ses
capacités de manière négative voire lui porter
préjudice. Elle cherche désormais à acquérir des
avantages concurrentiels en prenant de bonnes décisions grâce
à des informations pertinentes obtenues par la mise en place d'un
dispositif de surveillance de son environnement.
Le recours à un processus de veille pour avoir une
bonne connaissance de l'environnement et aboutir à une prise de
décision efficace, constitue une préoccupation majeure des
dirigeants. Cela signifie qu'il faut « creuser » dans
l'environnement pour obtenir les informations utiles à l'entreprise mais
ce n'est quelque chose de facile à la portée de tout le monde.
La veille apparaît comme un système de
surveillance qui par l'analyse et la validation des informations
collectées rend possible la compréhension et l'anticipation des
évolutions de l'environnement. Elle permet de fournir des
données utiles à l'entreprise sur son marché, ses
concurrents, ses fournisseurs et les innovations technologiques de son
métier. Elle est donc un instrument pour se positionner dans
l'environnement. « Devenir leader sur son marché, distribuer
un produit plus performant que les concurrents, mieux cibler sa
clientèle voilà les priorités d'un manager. La veille se
doit de participer à ces challenges en leur apportant des signaux
faibles pertinents très récents et directement
exploitables » (33(*)). Quand on parle de signaux faibles, cela signifie
selon l'expression employée par Ansoff (1975) qu'il s'agit
« d'informations qualitatives, anticipatives, incertaines et
ambiguës. Elles doivent permettre d'éclairer les changements futurs
dans l'environnement ».
Le concept de veille stratégique désigne le
processus informationnel volontariste par lequel l'entreprise recherche des
informations à caractère anticipatif susceptibles d'influer sur
sa pérennité. Dans sa métaphore, Aguilar (1967) compare
« au radar du navire les efforts que fait l'entreprise pour
être à l'écoute de son environnement »(34(*)). H. Lesca (1994)
« stipule que la veille stratégique est au management
stratégique ce que le radar est à la conduite du navire. Elle
permet à l'entreprise de détecter les signaux annonciateurs de
changements et de se préparer à leur venue »(35(*)). Le terme stratégique
indique que les informations fournies par le « radar » ne
concernent pas le quotidien de l'entreprise mais plutôt l'orientation des
décisions qui engagent le devenir et l'évolution de l'entreprise,
en liaison avec les tendances de son environnement. Il s'agit de
décisions peu répétitives.
La veille stratégique apparaît donc comme
« un système d'information » qui vise à
chercher et à capter les informations provenant de l'extérieur
afin de leur donner un sens permettant d'anticiper les tendances
environnementales. Elle est « un processus par lequel
l'entreprise :
- Observe
- Recherche
- Localise
- Traite
- Analyse
- Et diffuse
L'information stratégique à des buts
décisionnels et compétitifs » (36(*)).
2) Historique et évolution
Le concept de veille n'est pas aussi récent qu'on le
pense. Les japonais ont commencé à pratiquer la veille
technologique dès le début des années 50. Ils se sont
déjà forgés une grande réputation en la
matière surtout en Europe et aux Etats-Unis. Mais déjà nos
ancêtres lorsqu'ils étaient éveillés, ils veillaient
au grain et lorsqu'ils étaient endormis, ils dépendaient d'un
veilleur qui devaient assurer leur protection contre les calamités et
les prédateurs. Jules César, cité par M. Dahmane et R.
Yalaoui, dans leur étude sur la veille dans l `entreprise, cryptait
ses messages, utilisait des espions et gagnait toutes ses
batailles »(37(*)).
Le développement de la veille en Europe date du
début des années 80. « Il faut mentionner
qu'historiquement la veille en Europe a une origine fortement liée
à l'information technologique, alors que celle provenant des Etats-Unis
est plutôt reliée à la concurrence »(38(*)). Les entreprises
particulièrement en Europe, ont pris conscience de sont
intérêt et de sa nécessité dès lors que
l'environnement économique s'est métamorphosé avec la
globalisation des marchés, la généralisation du
modèle libéral, la compétition comme moteur de
l'économie mondiale et la disparition progressive des barrières
douanières prônée fortement par l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC). Le monde est devenu le marché de toutes les entreprises
grandes ou petites.
La gestion de l'entreprise est devenue plus complexe.
L'information apparaît comme indispensable à la survie de
l'entreprise et par incidence la veille devient un dispositif extrêmement
important qu'il faudrait mettre en place, pour justement acquérir la
ressource informationnelle.
Si en Algérie, la veille dans l'entreprise est une
question qui commence à peine à effleurer les consciences, en
Europe elle a déjà fait l'objet d'une prise en charge par les
centres de documentation des entreprises bien avant 1980
« certainement parce que les deux activités étaient
liées par la recherche de l'information »(39(*)). Cependant, à NAFTAL
comme dans les entreprises américaines ou européennes, les
ingénieurs, les commerciaux et les gestionnaires ont toujours
pratiqué la veille non organisée pour leurs propres besoins. Mais
lorsque la mission des centres de documentation a été
élargie pour intégrer la veille en tant qu'activité
séparée, leurs fonctions ont été redéfinies
permettant à l'information d'occuper une place primordiale dans les
activités des documentalistes.
Les services de communications et de marketing ont pour leur
part exercé à un certain moment des activités de veille
comme c'est le cas aujourd'hui de certaines entreprises algériennes.
A l'heure actuelle, l'activité de veille a pris une
importance considérable dans les entreprises. Elle s'est
détachée des services documentaires sur lesquels elle ne repose
qu'en partie. Maintenant lorsqu'on parle de veille, elle est
considérée comme stratégique, compétitive,
technologique, commerciale... Elle est conçu de façon
systématique, organisée, nourrit l'entreprise en informations
utiles et s'avère pour elle, d'un apport appréciable.
3) Les composantes de la veille
stratégique
La veille stratégique intègre l'ensemble des
types de veille. On parle souvent de typologie de la veille lorsqu'on
évoque les différentes facettes de la veille stratégique.
Elles peuvent être technologique, concurrentielle, réglementaire,
scientifique, financière, économique, commerciale, politique
etc...
a) La veille technologique
La veille technologique permet d'identifier les techniques ou
technologies mises en oeuvre dans le cadre du domaine d'activité de
l'entreprise ou de son métier. Elle consiste à suivre les
évolutions pouvant influencer non seulement son avenir mais aussi celui
des ses concurrents, ses fournisseurs, ses clients, ses partenaires afin de
prendre des mesures en sa faveur lui donnant la possibilité de ne pas
subir des conséquences négatives. A titre d'exemple ce type de
veille porte sur les découvertes scientifiques, les innovations
technologiques, les nouveaux matériaux, les nouveaux produits et
services, les procédés de fabrications, les nouvelles
installations...
Il faut signaler que les premières applications en
matière de veille se sont effectuées dans le domaine de la
technologie. Daniel Rouach définit la veille technologique comme
étant « l'activité mise en oeuvre par l'entreprise pour
suivre les évolutions technologiques susceptibles d'influer sur le
devenir de son métier »(40(*)).
La définition de la veille technologique a
été enrichie par d'autres auteurs qui ont développé
différentes approches. On peut citer le plus connu, François
Jakobiak qui propose une approche intéressante dite « approche
5W - 1H »(41(*)).
What
|
Définition de la veille technologique
|
Why
|
Enjeux de la veille technologique
|
Who
|
Acteurs : observateurs, analyseurs, décideurs
|
When
|
L'information doit être captée dès sa
naissance et la veille technologique nécessite une mise à jour
permanente
|
Where
|
La surveillance est sectorielle mais la couverture est
mondiale
|
How
|
La veille technologique comporte une doctrine, une
méthode, une structure, une expérimentation.
|
Approche systématique de la veille technologique
dite l'approche 5W-1H (F. Jakobiak)
L'approche 5W- 1H peut même servir à organiser
d'autres types de veille autrement dit la réponse à toutes les
questions posées peut conduire l'entreprise à mener à
bonne fin sa mission de veille.
La veille technologique peut être assimilée
à la veille scientifique qui a pour objectif d'assurer une surveillance
des informations relatives aux découvertes scientifiques, aux brevets et
aux innovations techniques.
L'utilisation de la veille technologique peut également
contribuer à détecter les menaces émanant de
l'environnement pour parer aux mauvaises surprises et de saisir les
opportunités qui peuvent s'y trouver pour en tirer des avantages
concurrentiels profitables à l'entreprise.
b) La veille concurrentielle
La veille concurrentielle aide l'entreprise à
rechercher et à collecter les informations qui lui permettent
d'identifier ses concurrents actuels et potentiels et mieux comprendre leurs
forces et leurs faiblesses. Elle donne la possibilité à
l'entreprise d'avoir une connaissance plus ou moins exhaustive sur les
stratégies des concurrents. D'ailleurs, toute entreprise évoluant
dans un champ économique de libre concurrence est constamment
préoccupée par la recherche d'informations sur les
stratégies de ses compétiteurs. La connaissance de la
stratégie de l'autre permet à l'entreprise de prendre des
décisions par anticipation susceptibles d'influer sur son devenir.
L'Institut d'Innovation Informatique pour l'Entreprise propose
un certain nombre de questions pouvant être utilisées dans le
cadre de la veille concurrentielle :
§ « Quel est mon marché ?
§ Qui sont mes concurrents ?
§ Quels sont les produits qui émergent ?
Sont-ils performants ?
§ Quelles sont les perspectives et capacités de
développement des concurrents ?
§ Quelles sont les forces et faiblesses des
concurrents ?
§ Quelles sont mes capacités d'anticipation face
à la concurrence ? »(42(*)).
c) La veille commerciale
L'objectif de la veille commerciale consiste à obtenir
des informations utiles et viables permettant d'anticiper les évolutions
du marché (clients) et des fournisseurs
( raffineurs ou manufacturiers pour NAFTAL). Souvent la veille
commerciale et la veille concurrentielle sont combinées par le
croisement et le recoupement des informations de l'une ou de l'autre pour
détecter les menaces (43(*)) et saisir les opportunités(44(*)) qui peuvent provenir de
l'environnement.
La veille commerciale s'intéresse aussi aux
sous-traitants et partenaires de l'entreprise. Pour Emmanuel Pateyron,
lorsqu'il s'agit de veille commerciale, « il est crucial
d'étudier l'amont et l'aval du marché c'est-à-dire de
satisfaire les besoins évolutifs des clients et de prospecter
auprès de nombreux fournisseurs »(45(*)).
L'activité veille commerciale s'apparente à
l'écoute prospective et permanente du marché. Pour l'Institut
d'Innovation Informatique pour l'entreprise 3IE, elle doit répondre
à plusieurs questions :
§ « Quelles sont les capacités de mes
clients et de mes fournisseurs ?
§ Quelles sont les caractéristiques des produits
de mes concurrents ?
§ Quels sont les matières et
procédés de fabrication de fabrication utilisés par les
concurrents ?
§ Quelles sont les méthodes de distribution des
concurrents ?
§ Quelle est la compétence de la main d'oeuvre
concurrente ?
d) La veille « brevet »
La veille « brevet » permet à
l'entreprise de surveiller l'évolution des brevets, marques et
modèles déposés pour bien connaître ceux qui sont en
vigueur, pour identifier les entreprises dépositaires et protéger
son patrimoine.
e) La veille environnementale
La veille environnementale a pour but de rechercher,
recueillir, traiter et diffuser les informations émanant de
l'environnement interne et externe de l'entreprise et portant sur les aspects
sociaux culturels, juridiques, politiques...
Elle englobe toutes les autres veilles hormis la veille
technologique, concurrentielle et commerciale.
4) Le processus de veille
stratégique
La veille stratégique est un processus informationnel
comprenant plusieurs étapes cycliques c'est-à-dire qui se
déroulent de manière itérative et ininterrompue. Ce
processus va de la recherche des informations jusqu'à leur traitement et
leur utilisation par l'entreprise dans le but de mieux affiner sa
compréhension de l'environnement. Pour Odile Boizard, professeur en
systèmes d'information, « la veille stratégique est un
processus informationnel volontariste à travers lequel on recherche des
informations à caractère anticipatif concernant
l'évolution d'une activité, de connaissances ou d'un
environnement particulier. Il ne faut pas le confondre avec une simple
recherche d'informations, ayant pour objectif de répondre à une
question ou un problème à partir des données
précises »(46(*)). Ce processus vise à obtenir des informations
pour éclairer la marche de l'entreprise.
L'analyse de ce processus informationnel montre qu'il n'est
pas une tâche isolée d'une ou de deux personnes mais qu'il est
réellement transversal c'est-à-dire qu'il fait intervenir
plusieurs personnes situées à plusieurs niveaux et de
manière organisée. Le processus de la veille stratégique
s'apparente à une chaîne. Si l'un des maillons de la chaîne
se trouve affectée par une quelconque défaillance, c'est
l'ensemble du processus qui va être grippé. Il est indispensable
de faire fonctionner les éléments de la chaîne en
même temps sans les isoler les uns des autres tout en s'efforçant
de leur donner le même rythme. De plus, à chaque étape
correspond des méthodes et des outils spécifiques.
Le nombre des étapes formant le processus de veille
stratégique n'est pas déterminé de manière exacte.
Jakobiak (47(*))
reconnaît au mois trois étapes : la collecte, le traitement
et la diffusion de l'information. L'Institut d'Innovation Informatique pour
l'Entreprise (48(*))
propose de décomposer le processus en deux parties :
a) La surveillance de l'environnement
b) L'exploitation des informations.
Dans la partie surveillance de l'environnement, on retrouve la
recherche et la détermination des axes de surveillance, la collecte et
la validation des informations. Dans la seconde étape, il s'agit de
traiter, d'analyser et de diffuser l'information et de prendre des
décisions.
H. Lesca (49(*)) qui semble être l'inspirateur et l'architecte
du processus de la veille stratégique pour de nombreux auteurs met en
évidence plusieurs étapes :
ü Le ciblage constitue la
première étape. Il délimite la partie de l'environnement
que l'entreprise doit surveiller. Il spécifie particulièrement
les informations à recueillir et donc il permet une identification des
sources (formelles et informelles) d'où émane ce qu recherche
l'entreprise.
ü La traque désigne
l'opération que l'entreprise doit mener pour se procurer les
informations recherchées. Cette opération consiste à
capter les informations qui répondent aux besoins de l'entreprise. Le
traqueur est la personne qui observe, surveille et capte les informations pour
les mettre à la disposition de l'entreprise.
ü La remontée se présente
comme une opération permettant au traqueur de transmettre les
informations collectées aux personnes chargées de leur stockage.
La remontée s'effectue par un moyen matériel approprié
dont dispose le traqueur.
ü La circulation désigne le sous
processus par lequel les informations recueillies sont d'une part
réparties dans l'entreprise et d'autre part transmises aux
différents services chargés de les mémoriser.
ü La sélection des informations
représente l'opération au cours de laquelle les informations sont
retenues ou rejetées. Cette étape fait intervenir souvent
plusieurs personnes pour justement identifier les informations d'anticipation
surtout lorsqu'il s'agit de signes d'alerte précoces.
ü La création de sens constitue
une phase cruciale du processus. Elle consiste à traiter et à
interpréter les informations collectées et
sélectionnées et de faire un rapprochement entre informations
ambiguës, incertaines et fragmentaires et informations
mémorisées individuelles et collectives afin d'aboutir à
la création de liens significatifs.
ü La diffusion consiste à mettre
à la disposition des utilisateurs désignés les
informations résultant de l'opération de création de sens.
ü L'action permet d'intégrer les
informations jugées pertinentes et suffisamment significatives dans le
processus décisionnel. Si, par contre les informations traitées
restent encore insuffisantes pour avoir une vision claire, elles peuvent
être complétées par la suite.
Deuxième partie
Mise en place
d'un dispositif de veille stratégique au sein de l'entreprise NAFTAL
La question essentielle qui se pose au premier abord consiste
à chercher à connaître les raisons qui incitent NAFTAL
à se lancer dans un processus de mise en place d'un dispositif de veille
stratégique. Dans le contexte actuel, la veille, telle qu'elle a
été définie dans la partie précédente,
est-elle utile pour NAFTAL ? Si incontestablement, l'utilité est
confirmée par les exigences de l'environnement, alors comment peut-on
rendre applicable cette veille qui semble difficile à mettre en oeuvre
dans une entreprise qui, quoiqu'on dise, n'a pas encore une vision assez claire
de son devenir ? Comment faire lorsqu'on se trouve dans une entreprise
qui, jusqu'à présent ne se réfère qu'au flair de
ses dirigeants pour se faire une idée de son environnement ? De
plus la gestion de l'information n'est pas encore à l'ordre du jour ce
qui accroît l'appréhension des responsables lorsqu'il s'agit de la
mise en place d'un dispositif de veille stratégique.
Cependant, les nouvelles données de l'économie
mondiale ont tout bouleversé de manière que toute entreprise qui
ne peut s'adapter au rythme de la mondialisation est condamnée à
disparaître. C'est ainsi que NAFTAL n'a pas d'autres choix devant cette
contrainte qui l'oblige à être compétitive. En fait, il est
maintenant indispensable d'acquérir l'aptitude à faire face aux
turbulences d'un environnement complexe.
NAFTAL, est une entreprise qui dispose de nombreux atouts,
acquis depuis sa création. Elle détient la place de leader sur le
marché national des produits pétroliers. Mais en même temps
elle emploie un effectif de presque trente mille personnes avec des charges
salariales très importantes. Aujourd'hui, elle est appelée
à affronter d'autres distributeurs de produits pétroliers
notamment les mieux préparés et les plus huppés pour
accomplir cette activité de distribution. Cette situation fait
naître une certaine compétition entre les différents
intervenants autour d'un marché exigeant avec le risque de se voir
distancé et écarté ce qui impose à NAFTAL
l'utilisation de nouveaux outils de management notamment sur le plan de
l'efficacité et de l'efficience c'est-à-dire le rapport entre les
moyens déployés et les résultats réalisés.
Il s'agit pour NAFTAL d'acquérir la capacité
d'affronter avec succès cette transformation rapide de l'environnement
et d'effectuer les adaptations nécessaires c'est-à-dire devenir
capable de résister à la concurrence. La veille
stratégique qui a pour but de scruter l'environnement afin de situer les
enjeux à venir et de nourrir les processus de décision
stratégique peut être d'un apport considérable pour
l'entreprise.
Alors la question se pose : comment doit-on
procéder pour implanter un dispositif efficace de veille
stratégique au sein de NAFTAL ?
C'est à cette interrogation que l'on tentera de
répondre dans la suite de nos développements en faisant ressortir
dans un premier chapitre les enjeux de la veille stratégique au sein de
NAFTAL tout en identifiant les besoins en information, en traitant de
l'existant pour prospecter les moyens disponibles susceptibles d'aider à
la recherche et la collecte des données et appréhender les
éléments relatifs à la mobilisation du personnel de
l'entreprise autour du projet. Dans un second chapitre, il sera question de
l'application des outils méthodologiques aux spécificités
de NAFTAL et aux résultats attendus. Un troisième chapitre sera
consacré à l'élaboration du plan d'action qui comportera
des actions à engager et des objectifs à atteindre et enfin un
guide méthodologique sera proposé, au quatrième chapitre,
pour aider à l'implantation du dispositif.
Chapitre 1er
Les enjeux de la veille
stratégique au sein de NAFTAL
Disposer d'un dispositif de veille stratégique ne
signifie pas que l'entreprise cherche à tout connaître de son
environnement. Elle doit impérativement identifier ce qui est
véritablement important pour elle durant une période bien
déterminée. Par exemple cerner les opportunités de
développement, maîtriser les tendances du marché,
connaître les exigences des fournisseurs...etc Il s'agit d'avoir une
idée plus ou moins précise des enjeux de l'entreprise.
1) L'implantation du processus de veille
stratégique : une démarche formalisée
La distribution des produits pétroliers sur le
marché national n'est plus ce qu'elle était durant les
années 90. Jadis, dominée par un seul intervenant - NAFTAL- elle
est maintenant presque totalement libéralisée et offre des
opportunités à d'autres opérateurs qui se sont
déjà lancés dans ce marché en évolution
constante. Cette nouvelle situation a donné lieu à une
compétition ouverte réglementée par le décret
exécutif n° 97 - 435 du 17 novembre 1997 portant
réglementation du stockage et de la distribution des produits
pétroliers (50(*))
et renforcée par d'autres textes juridiques promulgués par la
suite. En 2005, la loi n° 05 - 07 du 28 avril 2005 relative aux
hydrocarbures (51(*))
intensifie davantage la libre concurrence dans le domaine de la distribution en
énonçant que « que toute personne ( personne morale
étrangère, ainsi que toute personne morale privée ou
publique algérienne disposant de capacités financières
et/ou techniques requises par la loi) a le droit d'utiliser les infrastructures
de transport par canalisation et de stockage des produits pétroliers sur
la base du principe de libre accès des tiers moyennant le paiement d'un
tarif non discriminatoire » (52(*)).
Dans ce marché ouvert et porteur, NAFTAL en tant que
leader, mobilise toutes ses capacités pour conserver sa position
actuelle. Parallèlement les autres intervenants ne cessent de
déployer des efforts pour se tailler une place honorable. Ainsi une
véritable concurrence s'est instaurée dans le domaine de la
distribution et la commercialisation des produits pétroliers sur le
territoire national.
Cette intensification de la concurrence s'est traduite sur le
terrain par un accroissement quantitatif et qualitatif des produits
pétroliers. Le client ne peut que s'en réjouir.
Cependant cette nouvelle donne modifie les relations entre les
distributeurs et les utilisateurs. Le marché devient difficile à
atteindre en raison principalement des exigences du client qui par sa libre
décision de choisir ce qui peut lui convenir créé un
nouveau rapport de force en sa faveur ce qui n'était pas le cas durant
la période monopolistique. Pour placer le produit sur le marché,
la pratique du marketing devient indispensable. Par conséquent, NAFTAL
se trouve obligée de transformer ses méthodes d'approche du
marché, tombées en désuétude. L'adaptation aux
nouvelles règles apparaît comme une question de survie.
En effet, le problème fondamental de NAFTAL consiste
à s'adapter aux tendances d'évolution du marché. Une
tâche qui n'est pas facile. Elle nécessite un changement radical
des méthodes de gestion qui l'on régi depuis sa création.
Cela veut dire qu'elle doit apprendre à faire usage des nouvelles
règles dictées par le marché et d'effectuer les
ajustements nécessaires.
Pour ce faire, NAFTAL a besoin de rester en permanence
à l'écoute de son environnement. Le marché n'étant
qu'une composante de cet environnement et de surcroît influençable
par les éléments qui le constituent.
Le but de la veille stratégique est de transformer les
informations qui lui proviennent de son environnement en une forme de savoir
devant lui permettre de nourrir son processus stratégique afin de mieux
s'en sortir. Il s'agit d'une activité organisationnelle à travers
laquelle des informations nécessaires aux changements, sont
collectées, analysées puis diffusées pour être
intégrées dans la prise de décision stratégique.
Mais de quelles informations s'agit-il ? Ce sont toutes
les informations utiles dont a besoin NAFTAL pour réaliser son objectif
principal : demeurer leader sur le marché national des produits
pétroliers dans un environnement marqué par des turbulences
« L'expérience montre qu'un des facteurs
clés de succès réside dans une analyse suffisante des
besoins, et de la mise en phase de la veille avec la stratégie
générale de l'entreprise, voire du département. L'autre
facteur essentiel de réussite est l'implication des dirigeants et la
mise à disposition de moyens humains et financiers cohérents avec
le projet. Enfin, il est important de privilégier une culture
d'entreprise basée sur le partage » (53(*)).
L'identification des orientations stratégiques permet
de faire ressortir les besoins en information de l'entreprise. Les besoins
seront utilisés par la suite pour la défintion des enjeux qui
peuvent aboutir à la détermination des axes de surveillance de la
veille stratégique. Définir les enjeux relève de la
Direction Générale et des structures centrales et
exécutives de l'entreprise.
L'analyse de la directive cadre relative au plan annuel 2006
et au plan pluriannuel à moyen terme (PMTE) 2006/2010
élaborée et corrigée en septembre 2005 (jointe en annexe)
fixe les buts de NAFTAL à l'horizon 2010. Ce document classé
confidentiel fait ressortir les principales orientations stratégiques
définies en fonction des nouvelles données de l'environnement.
L'étude de cette directive cadre permet de mettre en
évidence les principaux axes stratégiques :
· Accroissement de l'offre de NAFTAL
· Modernisation du réseau des stations-service et
augmentation de son attractivité
· Amélioration de la qualité des produits
bitumineux
· Maintien à son niveau de la production de GPL
· Approvisionnement à l'intérieur et
à l'étranger en produits pétroliers pour satisfaire les
exigences du marché
· Adaptation de l'organisation de l'entreprise aux
standards internationaux
· Accroissement des capacités managériales
de NAFTAL
· Développement du savoir faire du personnel
· Recrutement de cadres à haut potentiel
· Rénovation, modernisation et extension des
installations de stockage, de distribution et de ventes
· Développement des systèmes
d'information
· Application de la réglementation en
matière de commercialisation des produits pétroliers
· Maîtrise des outils de gestion financière
et comptable
· Accroissement de la notoriété et de
l'image de NAFTAL
2) Essai de définition des enjeux
Il ne s'agit pas d'improviser la mise en place du processus de
veille stratégique, il faut au contraire chercher à le
rationaliser, à l'inscrire dans le cadre de la stratégie de
NAFTAL et à suivre une démarche rigoureuse pour sa mise en
oeuvre.
Axes stratégiques
|
Besoins en informations
|
Enjeux
|
1. Accroissement de l'offre de NAFTAL
|
- Connaissance du Comportement d'achats de la clientèle
et des ses préférences
- Accroissement nombre et de la taille des clients
professionnels (entreprises, institutions... ect) ;
- Evolution du nombre des distributeurs de détail des
produits pétroliers et de produits bitumineux ;
- Evolution du nombre des grossistes de pneumatiques.
|
- Conserver la clientèle actuelle
- Anticiper les menaces en provenance de
l'environnement
- Conquérir de nouveaux clients
|
2. Modernisation du réseau des stations-service
|
- Evolution du nombre des usagers de la route et connaissance
des facteurs influençant leurs comportements et leurs
préférences ;
|
- Accroître sensiblement le taux de
fréquentation des stations-service de NAFTAL.
|
3. Amélioration de la qualité des produits
bitumineux
|
- Suivre les évolutions technologiques relatives
à l'utilisation des bitumes ;
- Techniques et méthodes de formulation des bitumes.
|
- Se protéger contre la concurrence
étrangère ;
- Préserver et accroître la part de
marché actuelle
|
4. Maintien du niveau actuel de conditionnement des produits
GPL
|
- Connaissance de la demande particulièrement celle des
ménages (nombre, habitat...)
- Degré de développement du réseau de
distribution du gaz naturel et connaissance des programmes de SONELGAZ
|
- Maîtriser la conduite des projets
d'investissements en matière de réalisation des centres
d'enfûtage ;
- Réguler les processus de
conditionnement ;
- Conserver la part de marché actuelle.
|
6. Accroître les capacités de transport
|
- Moyens disponibles offerts sur le marché des
transports de marchandises
|
- Rendre disponible les produits pétroliers sur
l'ensemble du marché national.
|
7. Adaptation permanente de l'organisation aux standards
internationaux
|
- Les tendances de l'évolution de l'organisation des
grandes entreprises internationales spécialisées dans la
distribution des produits pétroliers.
|
- Recherche de l'efficacité et l'efficience
|
8. Accroissement des capacités managériales
|
- Tendances d'évolution du savoir-faire
managérial
|
- Accroître le degré de
compétitivité ;
- Développer les connaissances acquises
|
9. Développement du savoir- faire du personnel
|
- Acquisition des éléments d'informations sur
les institutions de formation et le contenu des programmes mis en oeuvre.
|
- Disposer de compétences pour demeurer
compétitif
|
10. Recherche de cadres à haut potentiel
|
- Connaissance du marché de l'emploi
|
- Assurer la compétitivité de NAFTAL
|
11. Rénovation, modernisation et extension des
installations de distribution (entrepôts, dépôts,
volucompteurs, citernes, cuves...)
|
- Obtenir des informations sur l'évolution
technologique concernant les installations de distribution des produits
pétroliers ;
- Connaissance sur les constructeurs et installeurs.
|
- Rendre plus facile l'accès aux produits
pétroliers pour mieux satisfaire la clientèle.
|
12. développement des systèmes d'information
|
- Obtenir de manière efficace et rapide les
informations sur les activités de NAFTAL.
|
- Prendre de bonnes décisions.
|
14. Maîtrise des outils de gestion financière et
comptable
|
- Connaissance des nouvelles techniques comptables et
financières
|
- Assurer la rentabilité de NAFTAL.
|
15. Accroissement de la confiance du client vis-à-vis
des produits distribués par NAFTAL
|
- Connaissance des comportements d'achats de la
clientèle
|
- Assurer l'écoulement des produits et demeurer
leader sur le marché.
|
16. Environnement et sécurité
|
- Connaissances sur la politique nationale et internationale
en matière d'environnement ;
- Législation et réglementation relatives
à l'environnement ;
- Règles, méthodes et pratiques applicables dans
le domaine de la sécurité
|
- Devenir une entreprise (NAFTAL)
« citoyenne » respectant toutes les règles
régissant la vie en société ;
- Demeurer compétitive
|
18. Réactivité de l'entreprise
|
- Pratiques managériales et comportement des
dirigeants
|
- Faire face aux menaces et saisir les
opportunités
|
3) Etude de l'existant
« Seules les entreprises qui franchiront un seuil
qualitatif important dans leur capacité à prévoir les
marchés et cerner les besoins potentiels, identifier les innovations
technologiques, anticiper les modifications de comportement des acteurs
économiques, politiques et sociaux pourront prétendre à
maintenir leur compétitivité »(54(*)). Cette affirmation montre
clairement que la compétitivité d'une entreprise passe
aujourd'hui par la maîtrise de l'information et par l'aptitude à
anticiper les changements de l'environnement.
La question qui se pose dans les entreprises
algériennes à l'instar de NAFTAL est que l'importance de
l'écoute de l'environnement est reconnue comme incontournable pour la
formulation d'une stratégie efficace mais en même temps, les
dirigeants ne fournissent guère les efforts nécessaires pour
créer les conditions de la mise en place d'un tel processus.
En effet, au niveau de NAFTAL, les pratiques actuelles
laissent apparaître une absence d'un circuit informationnel visant la
connaissance de l'environnement. Les informations circulent souvent de
manière désordonnée. Les documents sont transmis de main
à main (par porteur). Le réseau informatique ayant
été installé récemment, jusqu'à
présent,il n'existe aucun partage de sites internet. Il n' y a pas
encore de système de gestion électronique des documents (GED).
Sur internet, l'information est recherchée au coup par
coup, de manière individuelle. Les employés consacrent peu de
temps à la recherche des informations. La veille sur internet
n'obéit pas encore à des règles bien définies, elle
est pratiquée de manière sporadique. Le problème de
l'absence d'une « culture informationnelle » reste
posé et semble devenir un véritable handicap pour la mise en
place du dispositif de la veille stratégique. Les dirigeants utilisent
peu d'informations à caractère anticipatif.
Les systèmes d'informations de gestion sont
employés pour mieux canaliser les flux d'informations internes:
- Win canal : système de comptabilité
analytique ;
- NAFT GD : gestion des stations-service ;
- SGC : gestion des créances ;
- NAFT COM : gestion des Centres de Distribution et de
Stockage.
Néanmoins, NAFTAL dispose d'un portail intranet
entièrement automatisé pouvant rendre l'entreprise performante en
termes de recherches et de partage de l'information. Ce portail permet dans une
première phase la diffusion d'informations portant sur la vie de
l'entreprise. Au niveau du « terrain », lorsque les
informations recueillies sont jugées opportunes, elles sont parfois
transmises aux responsables hiérarchiques qui souvent les stockent au
niveau de leur bureau personnel et en font une analyse individuelle.
Cette brève analyse de l'existant relatif à
l'écoute et la compréhension de l'environnement montre que NAFTAL
compte parmi les entreprises dans lesquelles l'implantation d'un processus de
veille apparaît comme un véritable apprentissage.
Chapitre 2
Les conditions de la mise en place
du processus de veille stratégique
La création d'un dispositif de veille
stratégique est née de la volonté de la Direction
Générale de NAFTAL de fournir aux cadres dirigeants les
informations pertinentes leur permettant de prendre de bonnes décisions.
La Direction Générale vise à réunir les conditions
favorables pour faire face à l'ouverture du marché mondial et au
développement rapide des nouvelles technologies applicables au secteur
de la distribution des produits pétroliers.
1) L'implication de la Direction Générale
La Direction Générale porte un grand
intérêt à l'utilisation de l'information comme ressource
stratégique. Ce intérêt se vérifie par la signature
de la décision n° S 825 DG du 20 juillet 2005 portant
création du processus de veille stratégique (annexe 2). Ce
processus est placé directement sous l'autorité du
Président Directeur Général. En effet cette
décision apparaît comme un coup d'envoi pour déclencher le
processus d'écoute et de surveillance de l'environnement. Elle
définit particulièrement les niveaux de responsabilité du
système de veille.
Il faut dire que la veille est une activité nouvelle au
sein de NAFTAL. L'influence de l'environnement n'est pas encore perçue
comme un élément fondamental pour la marche de l'entreprise.
L'environnement reste un concept flou dans l'esprit des dirigeants ce qui
constitue un obstacle pour l'introduction de la veille. L'incertitude
environnementale ne se pose pas encore comme une condition suffisante pour
déclencher un processus informationnel. Dans une étude sur le
« support » de l'information, Souad Chouk et Humbert Lesca
considèrent que certains pays en transition ou politiquement et
économiquement instables « l'incertitude provient des
institutions politiques et règlementaires qui détiennent les
règles du jeu et face auxquelles les démarches d'anticipation
n'ont pas de valeur ajoutée perceptible »(55(*)).
Par contre, NAFTAL déploie des efforts louables pour le
recueil de l'information interne. Cela est perceptible à travers les
systèmes d'informations existants au sein de l'entreprise et
conçus pour la collecte des données relatives aux
différentes activités liées à la distribution des
produits pétroliers.
Il apparaît donc que NAFTAL est préoccupée
essentiellement par les flux d'informations produits à
l'intérieur de l'entreprise et qu'elle accorde peu d'importance à
ceux qui peuvent émaner de l'environnement. Ce constat marque que
l'attention à l'égard de l'environnement n'est pas très
développé ce qui ne favorise pas grandement la conduite du
changement.
La décision de la Direction Générale de
mettre en place un dispositif de veille stratégique inaugure une
nouvelle conduite dans la recherche et la collecte des informations utiles pour
la prise de décision. Elle répond aux soucis des dirigeants qui
semblent chercher les outils nécessaires leur permettant de mieux
comprendre leur marché et leur environnement. De même qu'elle
favorise l'adhésion du personnel qui peut voir en cette implication de
la Direction Générale, une preuve pour l'application des
principes et des méthodes de la veille stratégique.
2) L'attention à l'égard de
l'environnement
Faire prendre conscience aux dirigeants de NAFTAL, de la
nécessité de surveiller l'environnement apparaît comme un
préalable à la mise en place d'un dispositif de veille
stratégique. En effet l'influence de l'environnement pèse
lourdement sur les décisions de l'entreprise. Il devient indispensable
d'accorder une attention soutenue aux composantes environnementales qui peuvent
agir de manière positive (opportunités) ou négative
(menaces).
Si de nos jours la surveillance de l'environnement permet de
comprendre les marchés, les concurrents, les progrès
technologiques, elle contribue également à la stratégie,
au développement et à la survie de l'entreprise. Mais comment
procéder pour obtenir les informations à partir de
l'environnement ?
Il faut certainement commencer d'abord par s'intéresser
à cet environnement c'est ce qu'on appelle l'amorçage de
l'attention aux incertitudes environnementales et ensuite implanter un
processus de veille pour:
· évaluer les différents
éléments susceptibles d'affecter l'activité de NAFTAL,
· identifier les opportunités et les menaces
environnementales.
Il s'agit en fin de compte de faire naître
l'intérêt pour l'environnement et montrer que l'entreprise
s'insère dans son milieu et le façonne en même temps.
Mais face aux turbulences de l'environnement qui peuvent
affecter l'activité de NAFTAL, il est essentiel qu'elle sache se
protéger en réagissant de manière efficace. La lenteur de
la réaction va générer de graves difficultés. De
même qu'une réponse trop rapide accroît les risques
d'erreurs dans l'appréciation des évènements.
Il est important pour NAFTAL de déployer les efforts
pour se doter de cette aptitude à réagir face aux contraintes de
l'environnement. Cette capacité de réaction est souvent
désignée par le vocable de réactivité.
Justement, la réactivité permet de
présenter une réponse adéquate aux incertitudes
environnementales. Ainsi pour assurer son développement, l'entreprise
devra rechercher toujours à être réactive pour
résister aux aléas de l'environnement.
L'écoute de l'environnement augmente les chances de
l'entreprise de réagir de manière appropriée. La veille
constitue un dispositif très efficace pour surveiller l'environnement et
obtenir des informations utiles pour l'entreprise par conséquent elle
accentue la réactivité de l'entreprise.
3) La démarche de la veille stratégique selon
la décision
n° 825 S DG du 20/07/2005
L'objet de la décision du 20/07/2005 porte sur la
création d'un processus de veille stratégique au sein de NAFTAL.
Cette décision précise dans son article 1er que ce
processus est placé sous l'autorité du Président Directeur
Général. E n annexe de la décision, une fiche technique a
été jointe. Elle définit les différentes facettes
et les objectifs de la veille stratégique ainsi que l'organisation du
processus. Elle précise ensuite les missions et les attributions
dévolues aux acteurs internes devant y intervenir.
Selon la fiche technique, le processus de veille
stratégique est un dispositif global qui fonctionne en s'appuyant sur un
système d'informations tourné vers l'extérieur. Il vise
à détecter, par anticipation, les grandes tendances de
l'environnement afin de faciliter la prise de décision. Ce processus
doit répondre, selon la décision, aux besoins en informations de
toutes les structures de l'entreprise.
Cette définition reste théorique. De plus, elle
est assez floue. Elle s'applique à la veille beaucoup plus qu'à
son processus. A noter que le processus de veille ne pourrait être un
dispositif. Néanmoins, cette définition permet de montrer toute
l'importance que NAFTAL, doit désormais accorder à
l'écoute de l'environnement pour rechercher et recueillir les
informations. En effet « l'écoute anticipatrice de
l'environnement permet d'avoir un avantage informationnel important et
nécessaire pour une action rapide et au bon moment »(56(*)). NAFTAL cherche à
juste titre, à acquérir cet avantage qui peut lui permettre de se
maintenir comme leader sur le marché national des produits
pétroliers. Mais il ne peut être acquis que par l'écoute de
l'environnement. Il est donc indispensable de s'engager dans un processus
d'écoute. Le problème qui se pose réside dans la mise en
pratique du processus d'écoute.
Par ailleurs, la décision énonce les objectifs
du dispositif de veille que NAFTAL vise à mettre en place. D'une
manière générale, il s'agit de collecter les informations
à caractère anticipatif concernant l'évolution de
l'environnement pour parvenir à prendre des décisions efficaces
sur le devenir de l'entreprise.
Le déroulement du processus est divisé en trois
grandes étapes :
· Surveillance et collecte ;
· Analyse et synthèse ;
· Publication et diffusion.
Les besoins en informations peuvent émaner de plusieurs
niveaux de responsabilités en conformité avec le schéma
organisationnel en place :
· Direction Générale,
· Branche d'Activités,
· Structures Fonctionnelles,
· Structures Centrales,
· Structures Opérationnelles.
Enfin la fiche jointe à la décision
précise les différents acteurs internes chargés de manager
le processus :
· Le pilote du processus,
· L'animateur de veille,
· Le correspondant de veille,
· Le réseau de compétence
spécialisé.
Les missions et le rôle des acteurs internes sont
définis dans la fiche technique annexée à la
décision de la Direction Générale. Ils font ressortir
qu'il existe une réelle volonté de structurer cette
activité de veille. Ils s'articulent autour des compétences et
des aptitudes :
a) Le pilote du processus a pour principale
fonction de veiller au bon fonctionnement du processus de veille. Il est
chargé de déterminer les enjeux, de jouer le rôle
d'animateur, d'élaborer les supports et de s'occuper de la formation de
tous les acteurs. Ce rôle reste imprécis, il se rapproche de celui
que doit tenir l'animateur selon ce qu'il est admis habituellement. Le pilote
apparaît comme l'interlocuteur des décideurs. A signaler qu'il est
chargé « d'insuffler l'esprit de vigilance au sein de
l'organisation » selon les termes de la décision.
b) L'animateur de veille est
présenté comme un acteur dont le rôle est de communiquer
aux correspondants les besoins en informations formulés par les
décideurs et de diffuser celles qui sont collectées et
analysées. La mission de l'animateur n'est pas cernée
correctement. Ses aptitudes ne sont pas précisées.
c) Le correspondant de veille assure la
collecte des informations et leur remontée vers les acteurs
chargés de leur analyse. Il s'agit de capteurs qui sont situés au
niveau des centres opérationnels et qui par leurs contacts avec la
clientèle, les concurrents, les fournisseurs, les concurrents ou les
pouvoirs publics sont chargés de traquer certaines sources
d'informations pour obtenir ce dont ils ont besoin.
d) Le réseau de compétences
spécialisées est une composante essentielle dans une
démarche de veille. Il s'agit des experts qui disposent d'une
connaissance parfaite de leur domaine d'intervention. Ils participent aux
travaux collectifs comprenant des compétences transversales. Le fruit de
leur collaboration est une synthèse à haute valeur
ajoutée. Selon les termes de la décision, le réseau de
compétences traite et analyse les données collectées par
les correspondants de veille pour dégager des informations
élaborées à forte valeur ajoutée.
La création des réseaux de compétences se
fera en fonction des domaines d'activités existants dans le but de
faciliter l'interprétation des informations.
Chapitre 3
Plan d'action pour la mise en
place d'un dispositif de veille stratégique au sein de NAFTAL
De la même façon que l'entreprise doit se doter
d'un plan d'action pour réaliser les objectifs qu'elle se fixe, elle
doit élaborer un plan d'action pour réaliser les résultats
escomptés en matière de veille. L'élaboration de ce plan
résulte dans le cas de NAFTAL de l'application des dispositions
pratiques formulées dans la décision
n° S 825 S DG du 20 juillet 2005.
Ce plan d'action comporte un ensemble d'objectifs lié
au processus d'implantation du dispositif de veille, à la
détermination du cheminement qui mène à la
concrétisation des objectifs et à la confection d'un calendrier
pour la mise en oeuvre.
1. Il doit comporter :
- Les programmes de sensibilisation du personnel,
- L'articulation du dispositif de la veille stratégique
au sein de NAFTAL,
- Les programmes de formation des veilleurs, des observateurs,
des traqueurs et de tous les acteurs désignés pour faire
fonctionner le système de veille,
- Le budget réservé aux opérations de
mise en oeuvre du processus de veille.
1) Actions de sensibilisation
L'une des premières actions que doit engager le pilote
de la veille stratégique consiste à réunir l'ensemble des
acteurs impliqués dans le processus de veille stratégique. H.
Lesca utilise le terme « périmètre » pour
désigner les personnes incluses dans le dispositif (les veilleurs et les
bénéficiaires). Il cite :
- Les responsables hiérarchiques
concernés ;
- Les membres du comité de pilotage du projet de mise
en plae du dispositif ;
- Les utilisateurs des informations ;
- Les traqueurs d'informations « terrain »
et bureau ;
- Le chef de projet.
En ce qui concerne NAFTAL, cette liste peut comprendre le
pilote et son comité composé des trois animateurs auxquels il
faut ajouter les traqueurs « terrain » issus des
différentes opérationnelles. Il est également
intéressant de faire participer à cette action de sensibilisation
quelques cadres supérieurs pouvant apporter leur contribution au
fonctionnement du dispositif et quelques utilisateurs des informations.
Au cours des différentes séances qu'ils auront
à organiser pour mener à bien cette action, le pilote ou
éventuellement les animateurs doivent présenter les objectifs de
la veille, le processus et les missions de chacun et les moyens mis en
oeuvre.
S'agissant d'une activité tout à fait nouvelle
au sein de NAFTAL qui ne se pratique ni au niveau individuel, ni au niveau
collectif et qu'il n'existe aucune « culture » de
l'information stratégique, il est essentiel de mener une campagne de
sensibilisation dans le but de faire connaître la veille
stratégique et le processus de son implantation dans l'entreprise.
Cette campagne de sensibilisation doit se concrétiser
par l'élaboration de notes d'explication, d'articles dans le journal de
l'entreprise et de regroupements des responsables régionaux pour
expliquer en quoi consiste les activités de veille stratégique et
les avantages que peut représenter un tel processus pour NAFTAL.
Les supports d'information destinés à faire
connaître la veille doivent mettre en évidence l'apport d'un
dispositif de veille stratégique au développement de NAFTAL et
à l'accroissement de sa compétitivité.
Les échanges d'idées qui peuvent avoir lieu au
cours de cette campagne de sensibilisation entre la Direction
Générale représentée par le pilote de veille de
l'entreprise, les animateurs et les différents intervenants issus des
centres et unités opérationnels pourront générer
des besoins en informations et encourager les salariés à y
adhérer ou à y participer activement.
2) Articulation du dispositif de veille
stratégique
L'une des opérations essentielles dans le dispositif de
mise en place de la veille stratégique consiste à définir
et à positionner l'implantation des entités de collecte et de
traitement des informations. Comment le dispositif doit-il s'articuler compte
tenu de la taille et de l'organisation actuelle de l'entreprise
NAFTAL ?
Les Branches d'activités figurent dans le schéma
organisationnel de NAFTAL comme des structures opérationnelles
intervenant directement sur le marché des produits pétroliers.
Elles sont organisées autour des « familles de
produits » :
- Branches Carburants ;
- Branches GPL (gaz de pétrole
liquéfié) ;
- Branche Commercialisation.
Pour les Branches, l'information est un facteur critique de
réussite qu'elle exploite dans le but d'être la plus
réactive possible à l'environnement. Sur la base de cette
organisation, il y a lieu de créer des Cellules de veille
stratégique composées d'animateurs et de correspondants. Les
utilisateurs des informations fournies par les Cellules peuvent
être : le Président Directeur Général et son
staff, les Cadres supérieurs concernés et exerçant au
niveau des Branches ainsi que les responsables des structures
fonctionnelles.
C'est ainsi que le dispositif de veille stratégique
pourrait être articulé de la façon suite :
- Un comité de pilotage dirigé par un pilote et
composé de l'ensemble des animateurs ;
- Une Cellule au niveau de la Branche Carburant ;
- Une Cellule au niveau de la Branche GPL ;
- Une Cellule au niveau de la Branche Commercialisation.
Chacune des trois Cellules est dirigée par un Animateur
et composée de plusieurs correspondants. Il existe deux
catégories de correspondants : les correspondants
« terrain » ou itinérants et les correspondants
sédentaires exerçant au niveau du siège comme les
documentalistes, les responsables de services d'études et de
recherche.
3) Désignation et formation des acteurs
internes de la veille
Décider de mettre en place une démarche de
veille stratégique constitue un outil de management dont le but est de
doter l'entreprise d'un système de collecte et de traitement de
l'information. L'implantation de ce système dans une entreprise comme
NAFTAL se présente comme un processus complexe qui doit engager les
acteurs internes concernés dans une collaboration étroite. Cette
démarche fait intervenir une chaîne de personnes.
La difficulté ne réside pas dans
l'élaboration de la démarche mais essentiellement dans la
façon de la faire fonctionner de manière efficace sur une longue
durée. Cela nécessite la présence de moyens humains
adéquats.
En effet, l'implantation du dispositif exige du temps et un
personnel qualifié. S'agissant d'une entreprise dans laquelle la culture
de veille est presque absente, il devient indispensable d'impliquer fortement
la Direction Générale, bénéficiaire
privilégié des produits de la veille, et de concevoir et
confectionner des plans pour le développement des capacités et
des aptitudes du personnel concerné.
L'implication de la Direction Générale passe par
la mise en application de la décision n° 825 S DG du 20 juillet
2005 relative à la veille stratégique. Parmi les points
importants de cette décision figure la désignation des cadres
devant faire partie du dispositif de la veille :
- Le pilote ;
- Les animateurs ;
- Les correspondants.
Si la désignation aux deux postes de pilote et
d'animateur doit relever du premier responsable de l'entreprise, les
correspondants seront sélectionnés et proposés, de
préférence, par le pilote en concertation avec les animateurs. La
proposition doit s'effectuer en fonction des compétences existantes au
niveau du siège et des unités décentralisées. Elle
doit tenir compte particulièrement de leurs aptitudes à
comprendre l'environnement et les enjeux actuels de NAFTAL, à avoir le
sens de l'écoute, à avoir un esprit de synthèse et
à être réactif et créatif.
Ensuite l'ensemble des veilleurs de l'entreprise doivent subir
une formation pour mieux les préparer à accomplir leur nouvelle
mission avec efficacité. « La formation des membres du futur
dispositif est un facteur critique de succès »(57(*)). Elle consiste à tenir
compte du rôle de chacun des intervenants dans le dispositif de veille
stratégique :
a) La formation de l'animateur doit s'effectuer en tenant
compte de ses aptitudes pour exercer les missions qui lui sont dévolues.
Il devrait assimiler de manière approfondie les connaissances relatives
au bon fonctionnement du dispositif notamment ce qui peut aider sur le plan
technologique et organisationnel à mener à bonne fin la
démarche de l'implantation du processus de veille stratégique.
b) La formation des participants aux séances de
création de sens doit également figurer parmi les actions
à retenir pour bien comprendre certaines méthodes comme celle qui
concerne la construction des « puzzle ».
c) La formation des correspondants s'avère comme la
plus importante. Elle est déterminante pour le fonctionnement du
dispositif de veille stratégique. Les correspondants doivent être
réunis par petits groupes de moins de quinze personnes. Le premier
exercice consiste à leur apprendre l'utilisation des fiches de lecture,
des fiches de captage et des rapports d'étonnement. Ensuite ils doivent
développer leur curiosité aux événements qui
peuvent affecter NAFTAL ; c'est ainsi qu'il faut les entraîner
à être attentifs et à observer les acteurs de
l'environnement afin qu'ils prennent conscience qu'il y a peut-être
« quelque chose derrière tout
événement » selon l'expression de H. Lesca(58(*)). Les correspondants doivent
apprendre à observer et surveiller les réactions de leurs clients
durant les nombreux contacts qu'ils peuvent avoir avec eux lors des
transactions commerciales. Il s'agit, pour un traqueur, d'acquérir le
réflexe qui lui permet de s'interroger à chaque instant sur son
environnement immédiat. Pour cela plusieurs séances de formations
doivent être organisées et des supports pédagogiques
doivent être conçus et mis à leur disposition pour parvenir
à donner le maximum de connaissances au traqueur afin qu'il assume sa
mission de la façon la plus efficace possible.
4) Budget
Etant donné la taille de NAFTAL, la mise en place du
dispositif exige l'établissement d'un budget pour la mise en oeuvre du
plan d'action. Pour éviter les gaspillages de temps et d'argent, il est
apparu nécessaire de bien cibler les besoins en informations et de
définir les sources afin de rationaliser l'allocation des moyens
financiers destinés aux différentes actions
notamment :
- Les séances de formations ;
- Les équipements informatiques et autres ;
- Les moyens de remontée des informations ;
- L'élaboration des supports pédagogiques.
S'agissant d'une opération qui doit revêtir un
intérêt particulier pour NAFTAL, la nécessité de
prévoir des dépenses pour engager les actions
arrêtées dans le cadre de l'implantation du processus de veille
stratégique est impérieuse.
Chapitre 4
Le mode opératoire
La veille stratégique est un processus informationnel.
Ce processus est le même quelle que soit la taille de l'entreprise. En
aucune manière, il ne se réduit à une tâche d'une ou
de deux personnes. Il fait intervenir différents acteurs internes
à l'entreprise. Il faut rappeler qu'il est composé de plusieurs
phases :
- Le ciblage de l'environnement à scruter ;
- La traque des informations ;
- La sélection des informations ;
- Le traitement des informations ;
- La diffusion de informations et l'action.
Dans ce qui suit, nous proposons un mode d'emploi pour la mise
en oeuvre du processus d'implantation de veille stratégique
adapté aux spécificités de NAFTAL et à son
environnement. Il s'agit d'élaborer un guide méthodologique qui
reprend chacune des phases du processus en faisant ressortir ce qu'il convient
de faire pour lancer l'activité de veille dans une entreprise comme
NAFTAL et comment le faire.
Ce guide est destiné à apporter à chaque
membre désigné pour faire partie des équipes
impliquées dans le dispositif de mise en place de la veille au sein de
NAFTAL, les éléments qui doivent lui permettre d'accomplir la
mission dont il est chargé avec sérieux et application. Il permet
également à chacun de mieux se positionner par rapport à
ses collègues, comprendre ce qu'il doit faire et ce que les autres
doivent accomplir.
Ce mode d'emploi est conçu à partir des
fondements théoriques présentés dans certains travaux
scientifiques et auxquels nous allons faire référence à
chaque fois que la nécessité se fait sentir.
La veille stratégique comprend plusieurs
facettes : veille commerciale, veille concurrentielle, veille
partenariale, veille fournisseurs, veille réglementaire et
législative... Evidemment NAFTAL, n'a pas besoin de toutes les facettes
à la fois. Elle doit choisir celle qui répond le mieux à
ses axes de surveillance déterminés en fonction des enjeux et de
la stratégie de l'entreprise.
Dans le cas de NAFTAL, chacune des trois cellules
implantées dans les trois Branches d'activités selon le mode de
rattachement décrit ci-dessus (paragraphe 2 chapitre
3e ) doit établir son propre ciblage en fonction des axes de
surveillance déterminés (voir paragraphe 1er chapitre
1er ).
Il faut rappeler que la veille stratégique consiste
à observer et surveiller l'environnement dans le but d'anticiper
certains événements susceptibles d'influer sur la
pérennité de NAFTAL. Il s'agit de rechercher et de recueillir des
signaux annonciateurs des événements dont il est question. Bien
sûr il serait intéressant de capter des signaux précoces
qui permettent à l'entreprise d'avoir le temps nécessaire pour
anticiper.
Guide méthodologique pour la mise en place du
dispositif de veille stratégique au sein de l'entreprise NAFTAL
Destiné aux veilleurs de NAFTAL, ce guide est un document
qui se veut pratique. Il définit les différentes phases du
processus de veille stratégique et contribue à mettre en
application les opérations qui leur sont liées. Il permet
d'ouvrir le chantier de la veille stratégique au sein de l'entreprise et
d'apporter l'aide nécessaire aux personnes impliquées dans cette
démarche nouvelle, passionnante et ardue.
Première phase : procéder
au ciblage
Le ciblage consiste à scruter la partie de
l'environnement que l'entreprise décide de mettre sous surveillance. Il
n'en demeure pas moins que l'on ne peut tout surveiller, c'est hors de question
et en même temps on ne peut pas se contenter d'un angle très
limité et ignorer des zones floues parfois très utiles.
Il s'agit d'identifier « les acteurs pertinents
c'est-à-dire des acteurs susceptibles, par leurs décisions et
leurs actions, d'avoir une influence sur la pérennité de
l'entreprise »(59(*)) . Ainsi, l'environnement apparaît comme un
ensemble d'acteurs que sont pour NAFTAL : les clients, les fournisseurs,
les concurrents et les pouvoirs publics susceptibles d'avoir une influence sur
la pérennité de NAFTAL.
L'opération de ciblage est un travail collectif.
L'objectif consiste à construire la cible. Elle permet de réunir
l'ensemble des membres de la Cellule de veille stratégique de la Branche
d'activité concernée. Le pilote nommé par le
Président Directeur Général conformément à
la décision administrative n° 825 S DG du 20/07/2005 dirige la
Cellule qui comprend :
- Le directeur de la Branche ou son
représentant ;
- L'Animateur ;
- Les correspondants (personnes chargées de traquer les
informations) ;
- Autres responsables de la Branche d'activité
désignés par le Directeur de la Branche.
Les membres de la Cellule de veille stratégique se
réunissent en autant de séances que possible. Au cours de chacune
des séances, un travail d'explicitation doit être mené par
les membres de la Cellule sous forme de brainstorming (60(*)) pour cerner la partie de
l'environnement que l'entreprise décide d'observer et de mettre sous
surveillance c'est -à - dire circonscrire les acteurs.
q Nommer et lister les acteurs pertinents
Les acteurs (clients, concurrents, fournisseurs et pouvoirs
publics) doivent être identifiés et nommés. Leurs noms et
adresses (postale ou électronique), téléphone et fax bien
connus. Il peuvent être actifs actuellement ou dans un proche avenir.
Ensuite il est nécessaire de qualifier leur influence selon la typologie
des acteurs existante(61(*)):
- Acteur direct : c'est un acteur qui
nous concerne directement
- Acteur indirect : c'est un acteur qui
ne nous concerne pas directement.
Cependant un acteur indirect pourrait influer un acteur
direct. Notre observation de « l'indirect » pourrait nous
aider à anticiper au sujet du « direct ».
La réflexion ne doit pas porter uniquement sur les
acteurs actuels, elle doit concerner également les acteurs potentiels.
Il est fort possible que la liste des acteurs sera assez longue alors qu'il est
difficile de les mettre sous surveillance dès le début de la mise
en place du dispositif. Cette opération exige des moyens importants que
la Branche ne pourrait fournir dès le départ. Il faut savoir que
« la méthodologie de ciblage doit être progressive,
enrichissante par apprentissage. Elle doit être efficace dès le
début mais aussi elle doit permettre une montée en puissance
progressive de façon à capitaliser
l'expérience » (62(*)). Cela veut dire que le nombre d'acteurs à
surveiller va s'accroître au fur et à mesure de l'apprentissage
des membres de la Cellule.
Pour arrêter la liste des différents acteurs
qu'il faut surveiller, il faut procéder à une
hiérarchisation. Mais la question se pose : quels sont les
critères qu'il faut utiliser pour hiérarchiser ?
q Définir les cibles prioritaires
Le degré d'influence constitue le premier
critère de hiérarchisation. En effet, il faut placer en premier
les acteurs dont l'influence est directe. Ensuite le second critère
porte sur la gravité de l'influence. Les acteurs dont l'influence est
grave sont classés en tête. Enfin le troisième
critère peut être l'influence par rapport au temps
c'est-à-dire qu'il faut retenir les acteurs dont l'influence est la plus
rapprochée dans le temps. Il est probable que la recherche peut aboutir
à mettre en évidence d'autres critères.
Toutefois les critères retenus permettent d'effectuer
la hiérarchisation des acteurs et d'arrêter les cibles
prioritaires à surveiller sans pour autant délaisser ceux qui ne
sont pas retenus et qui doivent pris en charge ultérieurement.
q Recenser les thèmes pertinents
Lorsque les membres de la Cellule sélectionnent un
acteur, il devient une cible prioritaire. Il reste ensuite à savoir ce
qu'il faut connaître de cet acteur. « Que voulons-nous
connaître de l'acteur sélectionné afin d'anticiper son
comportement ? »(63(*)). C'est justement cette question qui se pose parce
qu'il ne s'agit pas de tout savoir sur cet acteur. Ce qu'il y a lieu de
connaître réellement, ce sont des informations qui
intéressent au plus haut point l'entreprise et qui constituent
véritablement un centre d'intérêt. Par exemple les
intentions d'un gérant d'une station-service cliente actuelle de NAFTAL
qui envisage de changer de fournisseur. Les projet d'ouverture de
stations-service par des concurrents. Ces informations jugées utiles
sont appelées thèmes. Il s'agit d'une activité ou d'une
caractéristique qui intéresse NAFTAL.
Il est clair que ce besoin d'informations doit être
normalement formulé par les dirigeants NAFTAL. Mais il a
été constaté selon des expériences vécues
que les décideurs éprouvent souvent n'énormes
difficultés pour définir de manière claire les
informations stratégiques anticipatives. Alors il s'est
avéré nécessaire de prendre pour cible des thèmes
qui sont déterminés lors de la phase de ciblage par les membres
de la Cellule. Le listage des thèmes est moins difficile lorsque la
stratégie est élaborée.
Selon certains spécialistes, la détermination
des thèmes peut dépendre de l'une des facettes de la veille
stratégique.
q Cibler les thèmes prioritaires
Il est probable que le problème du nombre de
thèmes se posent au cours de l'opération de ciblage. Si les
thèmes liés à chacun des acteurs sont peu nombreux, il
faut les retenir dans leur ensemble. Si par contre, les thèmes sont
assez nombreux, ils peuvent encombrer les correspondants (traqueurs) ;
à ce moment il est nécessaire de procéder à une
hiérarchisation et ne cibler que les thèmes prioritaires. Par la
suite, les autres thèmes retenus pourront être
intégrés.
q Cibler les informations pour chaque thème
prioritaire
Un thème peut renseigner sur deux types
d'informations : les informations de profil et les signaux d'alerte
précoces.
Les informations de profil concernent certaines
caractéristiques de l'acteur ciblé. Elles renseignent sur le
potentiel de l'acteur et donnent la possibilité de procéder
à une évaluation de ses capacités d'engager certaines
actions. Si on prend par exemple un concurrent, les informations de profil
sont :
- Son influence ;
- Ses valeurs ;
- Son comportement ;
- Ses alliances ;
- Son chiffre d'affaires.
Les signaux d'alerte précoces fournissent des
renseignements sur les actions que l'acteur a engagé ou envisage
d'engager à terme. Il s'agit de signaux précoces qualifiés
de signaux faibles (weaks signals) car selon I. Ansoff ils sont de faible
intensité. Il représentent des informations fragmentaires,
imprécises, incomplètes, ambiguës et incertaines. On leur
attribue un caractère anticipatif car ils peuvent jouer un rôle de
déclic suivi d'une réflexion. Par exemple pour un client, les
signaux d'alerte précoces peuvent être une étude pour un
accroissement de ses capacités ou un projet en cours de gestation.
q Les livrables de l'opération de ciblage
La cible constitue le livrable principal de l'opération
de ciblage. Il s'agit d'un certain nombre de documents établis au cours
de la phase de ciblage :
- La liste des acteurs prioritaires ciblés ;
- La liste des thèmes prioritaires
ciblés ;
- Un tableau faisant ressortir les acteurs et leurs
thèmes retenus ;
- La liste des correspondants concernés par les acteurs
et les thèmes ciblés ;
- La liste des sources à surveiller ;
- Le glossaire des thèmes.
q Les sources d'informations
Lorsque les listes des acteurs et des thèmes ont
été finalisées et confirmées, il faut confectionner
par la suite celles des sources d'informations que les correspondants et
éventuellement d'autres traqueurs désignés doivent
observer et surveiller pour capter les données. Il existe deux types de
sources : les sources d'informations documentaires et les sources
d'informations « terrain ».
Les sources d'informations
documentaires :
- Internet ;
- Banques de données ;
- Journaux et magazines ;
- Publications d'entreprises (rapports annuels, appels
d'offres... ;
- Publications scientifiques et techniques ;
- Etc
- Les sources d'informations
« terrain » :
- Les contacts avec les clients, concurrents, fournisseurs,
partenaires ;
- Les participations aux colloques scientifiques et aux salons
professionnels ;
- Les missions ( dans le pays et à
l'étranger) ;
- Les contacts avec les experts ;
- Etc
Deuxième phase : l'organisation
de la traque
La traque peut se définir comme l'opération qui
consiste à capter les informations ciblées. C'est elle qui permet
de se procurer les données recherchées. Elle est donc
volontariste et intentionnelle. Traquer c'est se focaliser sur certaines
informations pour les percevoir, les provoquer et aller au-devant d'elles. Les
anglo-saxons parlent de « gatekeeper ».Plusieurs formes de
la traque sont perceptibles :obtenir des informations en réponse
à des interrogations, explorer, rechercher et extraire des informations
sur un sujet donné. On désigne par traqueurs les personnes
chargées d'effectuer la traque. Au niveau de NAFTAL, on peut
considérer les correspondants désignés comme des
traqueurs.
Il existe deux types de traqueurs :
- Les traqueurs sédentaires qui peuvent être les
documentalistes dans l'entreprise ou certaines personnes travaillant dans un
bureau sur des sources formelles : supports papier, bases de
données, internet... Dans le cas de NAFTAL, il s'agit des
documentalistes employés au niveau de chaque Branche
d'activité.
- Les traqueurs « terrain »
c'est-à-dire des agents situés à la frontière de
l'entreprise, proches du terrain et qui sont motivés pour
coopérer dans le cadre de la mise en place du dispositif de veille
stratégique comme par exemple les commerciaux, les techniciens en
maintenance des volucompteurs, les magasiniers en poste au niveau des centres
de commercialisation des produits pétroliers, les vendeurs
itinérants et tout agent en contact direct avec la clientèle.
q Confection de supports pour aider les traqueurs à
faire « remonter » les informations
collectées
Pour enregistrer les informations captées qui souvent
sont orales, volatiles et informelles, le traqueur a besoin d'un support de
captage approprié. Ce support doit être conçu pour
l'enregistrement des informations « terrain » d'origine
sensorielle (visuelles, auditives, olfactives, tactiles, gustatives) pour
éviter qu'elles se perdent compte tenu de leur caractère
fugace.
En ce qui concerne le traqueur sédentaire, il doit
établir une fiche de lecture sur laquelle il doit enregistrer les
informations collectées à partir des lectures des documents sur
papier ou sur ordinateur.
Pour organiser la traque et se procurer les informations
recherchées, la confection de certains supports est
nécessaire :
- Etablissement de la liste des traqueurs en joignant leurs
coordonnées (téléphones, adresses, fax, e.mail...) tout en
précisant la localité et les champs de surveillance.
- Mise à la disposition des traqueurs
« terrain » des fiches de captage et leur communiquer les
consignes pour faire « remonter » les informations (voir
modèle ci-après).
Fiche de captage
Nom et prénoms du correspondant
|
Acteur
|
.....................................
.......................................
|
thème
|
.......................................
......................................
|
sources
|
......................................
.....................................
|
Nature de l'information
|
Lieu et date de captage
|
Informations collectées
.........................................................................................................................................
..........................................................................................................................................
|
Observations et suggestions
...........................................................................................................................................
............................................................................................................................................
|
Personnes à contacter
|
- Elaboration de fiches de lecture destinées aux
traqueurs sédentaires .
Fiche de lecture
1) Nom et prénoms du correspondant :
2) Nature de la publication :
3) Auteur et année de publication :
4) Sources :
5) Informations : :
6) Pages :
7) Thème :
8) Commentaire :
9) Mots clés :
10) Bibliographie (références
intéressantes) :
11) Lieu où se trouve le document :
- Préparation d'un règlement pour édicter
les consignes à suivre afin de faire « remonter »
les informations.
- Modèle de rapport d'étonnement que les
correspondants peuvent établir et le transmettre à la Cellule au
niveau de la Branche. Le rapport d'étonnement doit faire
apparaître ce qui étonne le plus, ce qu'on trouve d'original et ce
qu'il suggère.
Modèle de rapport
d'étonnement
· Ce qui
étonne :..............................................................................
· Sujets
d'étonnement :....................................................................
· 3 faits
étonnants :.........................................................................
· Ce qui reste inexpliqué et
marginal :...........................................
· Points d'attention
particuliers :......................................................
· Réactions devant
l'étonnement :.....................................................
· Lieu et date
:.................................................................................
q Motivation du correspondant
Le correspondant doit être désigné par le
directeur de Branche. Il doit disposer suffisamment de temps pour accomplir sa
mission. Sa contribution à l'activité de veille se mesure par les
efforts par les performances qu'il réalise.
Troisième phase : L'organisation
de la sélection et de la remontée des informations
La sélection des informations constitue l'un des
maillons essentiels du processus de la veille stratégique. Elle est
considérée comme l'opération qui vise à conserver
parmi les informations collectées celles qui sont susceptibles
d'intéresser les utilisateurs potentiels. La sélection s'effectue
selon une démarche méthodique faisant intervenir des
critères.
q Les critères de sélection
Pour faciliter la tache aux traqueurs, il faut arrêter
des critères simples et faciles à appliquer. H. Lesca propose
quelques uns qui reposent sur :
- La partie de l'environnement prise en
considération,
- La pertinence c'est-à-dire le rattachement aux cibles
sur lesquelles il faut se focaliser,
- Le caractère anticipatif annonciateur
d'événements qui concernent le futur,
- Le caractère révélateur d'un changement
susceptible d'influer sur le devenir de NAFTAL.
L'interprétation qui s'effectue dans le cadre de la
sélection peut renseigner sur deux types d'informations :
- Les informations de profil qui permettent de détecter
les forces et les faiblesses des acteurs ciblés ;
- Les signaux d'alerte précoces annonciateurs de
changements qui se définissent comme des informations informelles et
volatiles. Leur interprétation permet de dire que quelque chose pourrait
s'amorcer dans l'environnement. Un signal d'alerte précoce
résulte d'un signal faible.
q Qui sélectionne
l'information ?
Parmi les membres de la Cellule de veille stratégique,
le pilote, l'animateur et le correspondant sont concernés par la
sélection. Evidemment une formation adéquate leur est utile pour
qu'ils puissent opérer et surtout comprendre l'environnement et
acquérir l'aptitude pour interpréter les informations. La Cellule
peut se faire assister par des experts afin de l'aider à faire la
sélection.
q Sélection par le
correspondant : lorsqu'il est en contact avec la source
d'informations, le correspondant doit choisir de collecter ou de rejeter
l'information. Sa responsabilité est lourde de conséquences. S'il
détecte, recueille et transmet des informations inutiles et sans grand
intérêt, il finit par encombrer les utilisateurs sans pouvoir
apporter ce qu'on lui demande. Par contre, s'il parvient à faire
remonter des informations utiles, il contribue de manière efficace
à faire connaître les opportunités d'affaires ou les
menaces sur l'activité de NAFTAL et par conséquent à la
réussite du processus de veille stratégique.
q Sélection par le pilote et/ou
l'animateur : si le correspondant n'arrive pas à juger et
à interpréter une information pour la sélectionner parce
qu'il ne dispose pas suffisamment de connaissances, il doit la transmettre
à l'animateur qui est chargé de la stocker. Si l'animateur et/ ou
le pilote ne sont pas compétents pour contribuer à la
sélection, ils doivent recourir à un expert dans le domaine. Au
contraire si les deux personnes possèdent le savoir-faire
nécessaire pour interpréter les informations remontées par
le correspondant, ils doivent comparer l'information transmise aux informations
antérieures et effectuer la sélection sinon la mettre à
l'écart.
q La sélection collective : un
processus collectif pourrait être engagé par la Cellule de veille
stratégique pour sélectionner les informations remontées.
Le pilote réunit un ensemble de cadres retenu selon leur
spécialité, avec la participation de l'animateur et des
correspondants concernés. Durant une demi-journée, ils vont
pouvoir procéder à la sélection des informations
remontées selon un processus en deux grandes étapes. Chacun des
membres du groupe reçoit un dossier dans lequel se trouve ce qu'on peut
appeler les données ou les informations « brutes »
qui après leur interprétation peuvent être rejetées
ou sélectionnées.
Etape individuelle
Chacun des membres du groupe doit travailler sur le dossier
qu'il a reçu et fait sa sélection et l'argumente.
Etape collective
Pour chaque information retenue, chacun des membres du groupe
s'exprime en soulignant avec arguments à l'appui, s'il a rejeté
ou sélectionné l'information en question. Ensuite lorsque tous
les membres ont présenté leur interprétation, une
discussion s'engage de manière à examiner information
après information. A l'issue de l'examen collectif de toutes les
informations, l'animateur enregistre les résultats sur un registre ou un
tableau en précisant les informations rejetées et les
informations sélectionnées.
Après l'application de toutes les méthodes
ci-dessus décrites, il est fort probable que les membres de la Cellule
de veille stratégique parviennent à sélectionner les
informations utiles qui permettront aux responsables centraux et
opérationnels de prendre des décisions efficaces.
Quatrième phase : L'organisation
de la remontée
Lorsque le correspondant collecte les informations, il les
transmet à l'animateur. Cette opération constitue ce qu'on
appelle la remontée et la circulation des informations. Elle
nécessite un dispositif adéquat pour qu'elle se déroule
dans de bonnes conditions.
Le correspondant doit faire parvenir les informations sans
perdre du temps et sans hésitation. A cet effet, il doit normalement
disposer des moyens appropriés particulièrement sur le plan
technologique. Il faut préciser que la remontée diffère en
fonction de type de correspondant (traqueur). S'agissant du traqueur
sédentaire, les fiches de lecture sont directement remises de main
à main (du traqueur à l'animateur) ou par fax, e.mail ou
messagerie, concernant le correspondant « terrain », la
remontée peut se faire par plusieurs voies possibles :
- Transmission orale (par téléphone), ce qui
n'est pas très conseillé ;
- Transmission par la messagerie ;
- Scanner les fiches de captage sur ordinateur du
correspondant et les transmettre par réseau ;
- Envoi des fiches par fax (moyen adéquat) ;
- Transmission par porteur (dépôt du courrier
dans lieu indiqué de façon précise) ;
- Transmission par courrier postal
- Envoi par e.mail.
Cinquième phase : l'organisation du stockage
des informations
Le regroupement des informations recueillies par les veilleurs
est une condition nécessaire. il s'agit de les stocker pour mieux les
valoriser et les exploiter afin de les rendre accessible. Cette
opération de stockage vise à concrétiser la mise en commun
de toutes les informations. Elle concerne :
- Soit le stockage des supports de l'information primaire par
exemple tous les articles des périodiques traitant des acteurs et des
thèmes retenus dans le cadre de la phase du ciblage.
- Soit le stockage des informations
sélectionnées par les correspondants ou par l'animateur ;
- Soit le stockage des connaissances suite à un
première utilisation.
Le stockage vise à centraliser les informations en un
lieu unique ou en des lieux reliés entre eux par un réseau. Le
Siège de la Branche s'avère comme le lieu tout indiqué
pour la centralisation des informations.
L'animateur doit établir un plan pour réaliser
un classement correct des informations dans des bases de données. Ce
plan s'appuie sur l'opération de ciblage. Il doit faire ressortir les
thèmes et les acteurs qui sont les mots-clés principaux. Ensuite
il leur donne un contenu plus précis. Cela conduit à
l'élaboration d'un ensemble détaillé de mots-clés
issus de la cible de la veille stratégique. La liste s'impose à
tous les utilisateurs des informations à l'intérieur de
l'entreprise.
Pour le stockage des informations, la Cellule au niveau de la
Branche doit être dotée d'équipements adéquats. Les
logiciels de la « gestion électronique des
données » (GED) peuvent servir grandement à conserver
les informations. Toutefois les bases de données doivent être
construites sur Access qui s'avère comme le plus adapté.
Le stockage des informations de veille stratégique est
une opération importante, elle constitue une capitalisation des
connaissances de l'entreprise. C'est l'une des mémoires qui permet
d'accéder aux informations et de les partager.
Sixième phase : le traitement des
informations
Le traitement des informations collectées par les
correspondants concernant la partie de l'environnement ciblée est
différent selon qu'il s'agit des signaux d'alerte précoce ou des
informations de profil.
S'agissant des informations de profil (ou de potentiel), les
actions à mener pour opérer des traitement portent sur un
ensemble de points :
- Mettre à jour et actualiser de façon
régulière les informations recueillies ;
- Visualiser les variations des informations d'une
période à l'autre par exemple l'évolution du chiffre
d'affaires sur les trois années passées ;
Cette visualisation du potentiel de l'acteur pris en
considération, permet à l'analyste des informations de mesurer
les changements et les progrès ou la régression et par
conséquent de tirer les conclusions au sujet de sa capacité
d'agir au cours des années à venir.
L'examen et l'analyse des signaux d `alerte
précoce est un sujet assez épineux. Il nécessite de faire
intervenir des méthodes originales. Il faut préciser au
préalable que l'exploitation des signaux d'alerte précoce afin de
créer du sens implique la disponibilité de ces informations. Cela
veut dire que les signaux d'alerte précoce ont été
déjà collectés et stockés.
Etant donné que les signaux d'alerte précoce
sont des informations fragmentaires, volatiles, incomplètes, incertaines
sans grande signification individuelle, alors que faire pour les transformer en
représentations structurées et porteuses de significations ?
Comment créer du sens à partir de ces informations et induire des
décisions ?
« La création de sens est l'opération
collective au cours de laquelle sont créés de la connaissance et
du « sens ajouté » à partir de certaines
informations qui jouent le rôle de stimuli inducteurs, et au moyen
d'interactions entre les participants à la séance de travail,
ainsi qu'avec les diverses mémoires (tacites et formelles) de
l'entreprise » (64(*)). Pour aider les entreprises à pratiquer
« la création du sens »,
H. Lesca propose la méthode
« puzzle ». Cette méthode ressemble au jeu de
puzzle du fait que les signaux collectés sont des pièces d'un
puzzle, en désordre, à partir desquelles on veut construire une
représentation signifiante concernant un acteur de l'environnement,
induisant des prises de décision et des actions. Néanmoins, cette
méthode diffère du jeu de puzzle dans la mesure, où les
pièces ne sont pas toutes disponibles et où la liberté de
construire plusieurs représentations est possible.
La méthode puzzle permet de construire un schéma
qui a pour but la création du sens, en manipulant les informations (de
potentiels et les signaux d'alerte précoce) déjà
stockées concernant un acteur et le thème qui est
rattaché. Des couleurs sont utilisées pour faciliter la
visualisation. La construction du puzzle peut être une opération
individuelle mais elle est surtout collective et dans ce cas elle est
réalisée par l'ensemble des membres de la Cellule de la Branche
d'activité avec la participation éventuelle d'experts. Cet acte
collectif s'apparente à une mise en commun des savoirs et au partage de
l'information.
Cette méthode de puzzle telle que décrite par H.
Lesca (65(*)) repose sur
les informations de toute nature, assimilées de façon plus ou
moins consciente par les cadres des entreprises. Ces informations sont tacites
donc informelles. Elles sont difficiles à traduire et à articuler
car elles représentent des habiletés, des aptitudes, des
savoir-faire, des intuitions et de l'heuristique et parfois peu signifiantes
lorsqu'elles sont considérées isolément. La méthode
puzzle permet de les faire émerger et les utiliser pour créer du
sens.
La méthode puzzle recèle certains
avantages :
- Créatrice de sens ;
- Utilisatrice d'un support de travail commun ;
- Génératrice d'hypothèses et de
conclusions utiles pour l'action des responsables centraux et
opérationnels;
- Provocatrice de
« déclic » ;
- Communicable au sein de l'entreprise.
Septième phase : l'organisation de la
diffusion des informations
Lorsque les informations sont collectées,
sélectionnées, mises en valeur et traitées, il reste
à aborder la dernière phase : la communication de ces
informations.
Cette phase apparaît comme la clé de voûte
du processus de veille stratégique car c'est la diffusion qui permet aux
dirigeants de prendre connaissance des informations afin de décider
efficacement et de déclencher les actions.
La diffusion se définit comme l'opération qui
consiste à mettre les informations élaborées lors de la
séance de création de sens à la disposition des
utilisateurs potentiels. L'animateur de la Cellule chargé de
gérer le stock des informations et des connaissances doit prendre les
mesures nécessaires pour assurer la diffusion.
Cependant, il s'agit de transformer l'information en
décisions, alors l'identification des utilisateurs, qui ne sont pas
forcément ceux occupant les fonctions supérieures dans la
hiérarchie, devient importante surtout pour éviter que les
informations perdent leur crédibilité et leur sens.
En tout cas pour NAFTAL, il y a lieu d'informer les personnes
placées aux niveaux hiérarchiques les plus hauts, pour obtenir
l'impact le plus fort. Pour cela, le rôle de l'animateur est très
important. Il doit considérer les décideurs comme des
« partenaires » de l'activité de veille
stratégique. L'animateur apparaît comme le responsable officiel,
désigné par le Président Directeur Général
de l'entreprise, il est chargé de convaincre les membres de la Cellule
et les utilisateurs, il joue également le rôle de communicateur et
de coordonnateur ce qui fait qu'il est appelé à « faire
le diffuseur » de l'information.
La fréquence de diffusion doit être assez
régulière pour donner de l'intérêt à
l'information transmise et éveiller l'attention des utilisateurs.
Quel doit être le support de diffusion ? Il est
préférable de choisir le support papier car selon les
expériences vécues sous d'autres cieux, son impact est beaucoup
plus fort que les autres moyens comme la messagerie électronique ou le
téléphone. En ce qui concerne la longueur du message, il est
conseillé de ne pas trop disserter. Au contraire il faut être
concis et ne donner que l'essentiel de l'information autrement dit il faut
communiquer toujours de façon synthétique.
Conclusion
La distribution des produits pétroliers se
libéralise de jour en jour. Le marché est désormais ouvert
à tout intervenant remplissant les conditions définies par la
législation et la réglementation en vigueur. La concurrence
s'intensifie de manière progressive. L'environnement est plus que jamais
instable et incertain.
Dans ce contexte caractérisé par le flou et les
incertitudes, la maîtrise des flux informationnels devient l'un des
principaux enjeux. L'information acquiert une place primordiale dans le
processus managérial de l'entreprise. La mobilisation de la ressource
informationnelle permet de détecter les menaces, de saisir les
opportunités, de devenir plus performant, de mieux vendre, d'obtenir des
avantages compétitifs et surtout d'agir et de réagir avant les
autres.
NAFTAL, entreprise publique, filiale du Groupe SOANTRACH,
marquée par les survivances de l'économie dirigée mais
disposant d'atouts considérables notamment sa place de leader sur le
marché, son personnel qualifié et expérimenté et
d'importantes installations éparpillées sur tout le territoire
national, a donc brutalement plongé dans ce nouvel environnement
concurrentiel. L'enjeu est désormais d'acquérir une
véritable compétitivité par l'offre de produits
répondant aux standards internationaux en termes de prix et de
qualité et conformes aux besoins exprimés par les utilisateurs
sur le marché.
Consciente que l'information constitue pour elle, le nerf de
la guerre, NAFTAL s'est engagée dans la mise en oeuvre d'un processus de
collecte et de traitement de toutes les données produites au niveau
interne en se dotant particulièrement de systèmes d'informations
de gestion informatisés :
- NAFT Com : système de gestion comptable et
financière des activités de l'entreprise ;
- NAFT GD : système de gestion des
stations-service du réseau NAFTAL ;
- WIN Canal : système de comptabilité
analytique pour la connaissance des coûts et pour leur
réduction ;
- SGC : système de gestion des
créances ;
- SGI : système de gestion des
immobilisations ;
- Cash Manager : système de gestion des flux de
trésorerie en temps réel ;
- Système de paiement électronique de cartes
à puce ;
- Système de code barre : (à
l'étude).
S'agissant d'informations produites par NAFTAL pour
elle-même, faciles à repérer, répétitives,
communiquées à la Direction Générale par la base
opérationnelle et nourrissant généralement les
décisions courantes, elles restent insuffisantes non seulement pour
répondre aux exigences de compétitivité, de
réactivité et aux besoins en matière de décisions
stratégiques mais aussi pour réduire l'incertitude dans la prise
de décision.
C'est ainsi que NAFTAL ne peut se contenter des informations
internes, elle doit inévitablement s'informer sur son environnement.
Elle doit développer sa connaissance des variables clés du milieu
dans lequel elle vit et qui peuvent l'influencer de manière positive
(opportunités) ou négative (risques et contraintes).
Contrairement aux informations
« blanches » produites à l'intérieur,
publiées sur support papier ou informatique, directement accessibles et
exploitables, les informations émanant de l'environnement sont souvent
informelles, qualitatives, parcellaires, incertaines, volatiles et
ambiguës. Elles ont un caractère anticipatif pour qui sait les
capter et les exploiter. Elles proviennent de sources diverses et n'ont pas de
pertinence intrinsèque. De surcroît elles sont annonciatrices
d'évènements futurs pouvant influer sur la
pérennité de l'entreprise. Elles exigent un traitement parfois
assez complexe pour qu'elles deviennent utiles à la prise de
décision. Néanmoins, c'est le prix à payer pour les
obtenir car elles donnent une marge de manoeuvre et un délai d'action
possible pour entreprendre quelque chose en faveur de l'entreprise.
Alors il devient nécessaire pour NAFTAL de mettre en
place un dispositif de veille stratégique pour rechercher, recueillir,
trier, analyser et diffuser les informations en provenance de son
environnement.
La veille stratégique étant définie comme
un processus informationnel volontariste à travers lequel on recherche
des informations à caractère anticipatif dans un environnement
donné, son implantation dans l'entreprise ne peut s'effectuer que selon
une approche spécifique. A cet effet, la conduite de toute
démarche de mise en place doit prendre en compte les conditions dans
lesquelles se trouvent l'entreprise et les enjeux stratégiques qui
caractérisent ses activités.
L'activité de veille stratégique devrait
permettre à NAFTAL de faire un premier pas pour la surveillance et la
compréhension des acteurs environnementaux afin d'en tirer des
informations utiles et pertinentes pouvant servir en tant que facteurs de
compétitivité, d'atouts commerciaux et de socle des
décisions.
Ainsi, la maîtrise actuelle des flux informationnels
produits à l'intérieur et l'exploitation à terme des flux
informationnels émanant de son environnement pourront fournir à
NAFTAL, une aide appréciable pour se hisser au niveau des grandes
compagnies internationales de distribution des produits pétroliers et
d'obtenir des avantages concurrentiels durables.
Bibliographie et adresses Web
§ Lesca, H., La veille stratégique, la
méthode L.E. SCAnning, Editions EMS, Paris, 2003.
§ Besson, B. et J.-C. Possin, Du renseignement à
l'intelligence économique, 2e édition, Dunod, Paris,
2001.
§ Pateyron, E., La veille stratégique, Editions
Economica, Paris, 1998.
§ Lamiri, A., Management de l'information, redressement
et mise à niveau des entreprises, Editions OPU, Alger, 2003.
§ Foray, D., L'économie de la connaissance, Casbah
Editions, Alger, 2004.
§ Michel, J. et E. Sutter, Valeur et
compétitivité de l'information documentaire, Editions ADBS,
2e édition, Paris, 1988.
§ Bounfour, A., Le management des ressources
immatérielles, Dunod, Paris, 1998.
§ Prax, J.-Y., Le manuel du knowledge management, Dunod,
Paris, 2003.
§ Lesca, H. « Pour un management
stratégique de l'information » Revue Française de
Gestion, n° 90, 1992.
§ Harroussi, S., « Système de veille
stratégique basé sur un réseau d'experts :
méthodes et outils », Thèse de doctorat en sciences de
l'information et de la communication, Université de Droit, d'
Economie et des Sciences
d'Aix-Marseille, janvier 2004.
§ Castano, E., « Conception et installation
d'un système de veille technologique, application au domaine
pétrolier », Thèse de doctorat en sciences de
l'information et de la communication, Université de Droit, d'Economie et
des Sciences d'Aix-Marseille, juin, 1994.
§ Hoba Andon, P., « Etude de l'infrastructure
et de développement d'un système de veille stratégique et
d'information compétitive au BNETD en Côte D'Ivoire, Thèse
de doctorat en sciences de l'information et de la communication,
Université de Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix-Marseille,
2003.
§ Issac, H., « Technologies de l'information et
management : la nouvelle frontière éthique de
l'entreprise » CREPA, Université Paris Dauphine (
issac@dauphine.fr).
§ Noailly, J., « L'espionnage industriel au
coeur de la guerre mondiale du renseignement économique »
Mémoire de maîtrise, Université Lyon 2, année
universitaire 1996/1997.
§ Béguin, F., « La validité de
l'information dans le processus de veille stratégique »
9e conférence internationale de management stratégique
AIMS 2000, Montpellier, 24 - 25 mai 2000.
§ Dahmane, M. et Yalaoui, R., « La veille dans
l'entreprise » CERIST, Alger, 2004.
§ Actes du colloque du Ministère Français
de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, « Intelligence et
défense économique au service du développement
économique », Paris, janvier 2001.
§ Carayon, B., « Rapport sur l'intelligence
économique en France », Paris, 2003.
§ Lorino, P. et Tarondeau, J. - C., « Dela
stratégie aux processus stratégiques » ESSEC, Paris,
2003.
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l'entreprise, la veille stratégique et l'intelligence
stratégique : des concepts différents mais
complémentaires », Université de Droit, d'Economie et
des Sciences d'Aix-Marseille, Institut d'Administration des Entreprises, WP.
N° 578, mars 2000.
§ Henry, V., « Le processus et les outils de la
veille technologique dans un centre de recherche et de
développement » Mémoire de DEA en sciences de
l'information et de la communication, ENSSIB, Paris, 1998.
§ I A A T France (Institut Atlantique
d'Aménagement du Terrioire), « La veille stratégique,
du concept à la pratique », Note de synthèse, Juin
2005.
§ Link-Pezet, J., « Introduction à
l'information stratégique pour l'aide à la
décision », URFIST de Toulouse, DESS SIAD, Octobre 1997.
§ Michel, J., « Veille informative, veille
stratégique, Intelligence économique, mais au fond qu'est-ce que
la veille ? » Communication faite le 11 mars 1998 à la
journée d'information « outils de veille pour
l'entreprise » organisée par l'IUT de Besançon, France
1998.
§ Veille Anticipative Stratégique - Intelligence
Collective [VAS-IC],
www.veille-strategique.org
A N N E X E S
Décision n° S.825 DG du 20 juillet 2005 relative
à la mise en place d'un dispositif stratégique au sein de
NAFTAL
Quelques indications de la directive cadre
relative aux principaux axes stratégiques de NAFTAL
-2006 // 2010-
* 1 H. Lesca, S. Blanco, M.L
Caron-Fason, « implantation d'une veille stratégique, pour le
management stratégique. Prposition d'un modèle conceptuel et
premières validations » Université Pièrre
Mendes- France Grenoble. (www. Veille-strategique.org)
* 2 Jean Michel, « le
management de l'information », ADBS, 2001, (www.adbs.fr)
* 3 Arnaud, B.
« l'apport de l'information au sein de l'entreprise »
www.shiva.istia.univ-angers.fr
* 4 Cité par Mahiout R
« le pétrole algérien », ENAP, Alger, 1974,
page 106.
* 5 JORA n° 50 du 19
juillet 2005.
* 6 Discours du Président
Directeur Général de SONATRACH, Alger 2005.
* 7 Selon la loi 05-07 du 28
avril 2005 relative aux hydrocarbures, l'amont signifie toutes les
opérations les opérations de recherche et d'exploitation du
pétrole.
* 8 Cf, Aval signifie toutes les
opérations de transport par canalisations (pipeline), de raffinage, de
transformation, de commercialisation, de stockage et de distribution.
* 9 Rapport annuel 2004
* 10JORA n° 15 du
08/04/1980, page 426.
* 11 JORA n° 35 du
26/08/1987, page 883.
* 12 JORA n° 77 du
26/11/1997.
* 13 JORA n° 12 du 24 mars
2004.
* 14 Cabotage signifie
transport par voie maritime de produits pétroliers de port
algérien à port algérien.
* 15 www.adbs.fr
* 16Michel, J., «
Veille informative, veille stratégique, intelligence économique,
mais au fond, qu'est-ce que la veille ? Communication faite le 11 mars
1998 à la journée d'information « outils de veille pour
l'entreprise » organisée par l'IUT de Besançon,
France.
* 17 Arsac, J., cité
dans les « tablettes d'Ourouk, « Définition de
l'information » n° 2, page 9, 2003. (www.ourouk.fr )
* 18 www.ourouk.fr
* 19 Foray, D.,
L'économie de la connaissance, Casbah Editions, Alger, 2004.
* 20 Prax, J.-Y. , Le
manuel du knowledge management, Dunod, Paris, 2003.
* 21 Martinet B et Marti Y..M,
l'intelligence économique, les Editions d'Organisation, Paris, 1995.
* 22 Bernard Dousset
créateur du logiciel Tétralogie, cité dans l'article, le
KM en France de nos jours : De l'information à la connaissance, p
2, http://ntide.u-3mrs.fr/services/ntide02_03/information_2.htm
* 23 Henri Dou, ouvrage
cité dans la thèse de doctorat sur l'étude de
l'infrastructure et le développement d'un système de veille
stratégique et d'information compétitive au BNETD en Cote
d'Ivoire, présentée et soutenue par Hoba Andou Pascal,
Université d'Aix-Marseille III, 2003.
* 24 Hoba Andoh Pascal,
thèse de doctorat, op.cit, p19.
* 25 L'ISO est une organisation
non gouvernementale créée en 1947. Cette organisation
internationale de normalisation (ISO) est une fédération mondiale
d'organismes nationaux de normalisation de quelques 130 pays. Sa mission
consiste à favoriser le développement de la normalisation dans le
monde, en vue de faciliter les échanges de biens et services entre les
nations et développer la coopération dans les domaines
intellectuel, technique et économique.
* 26 H. Lesca, Pour un
management stratégique de l'information, Revue française de
gestion,1992, n° 90.
* 27 H. Lesca, op.cit. p 17.
* 28 (
www.enpc.fr/ michel-j/INDEX.html)
* 29 Gaël GUEGUEN, face
aux turbulences, l'entreprise doit-elle être réactive, Equipe de
recherche sur la Firme et l'Industrie (ERFI), Université Montpellier I,
* 30 Gaël GUEGUEN.
Op.cit.
* 31 Cité par Arnaud
Bugeat, l'apport de l'information au sein de l'entreprise
(www.shiva.ista.univ-angers.fr)
* 32 Souad Chouk et H. Lesca,
le support de l'information : un facteur clé dans le processus
d'attention collective aux signaux faibles,
www.veille-strategique.org
* 33 Rasmi GINTING,
« Intégration du système d'aide à la
décision multicritères et du système d'intelligence
économique dans l'ère concurrentielle » thèse de
doctorat en sciences de l'information, page 42, année 2000,
faculté des sciences et techniques de Saint-Jérome,
Université d'Aix-Marseille.
* 34 H. Lesca, S.Blanco, M-L.
Caron-Fasan, « implantation d'une veille stratégique pour le
management stratégique », ESA de Grenoble, Université
P. Mendes-France.
* 35 Op. cit, p.1.
* 36 M. Dahmane et R.
Yalaoui, « la veille dans l'entreprise » CERIST, 2004,
Alger.
* 37 M.Dahmane et R. Yalaoui,
Op. Cit.
* 38 Daniel Labonté,
« la veille, activité ou profession », mars 1999,
(
www.veilledu
lendemain.com/fichiers/activite.pdf )
* 39 Véronique Henri,
« le processus et les outils de veille dans un centre de recherche et
développement » mémoire de DEA en système
d'information documentaire, ENSSIB, Université Lyon 3, page 11,
année 1998.
* 40 D. Rouach
cité par Siham Harroussi, thèse de doctorat sur « le
système de veille stratégique basé un réseau
d'experts : méthodes et outils », page 40, 2004,
Université de droit, d'économie et des sciences d'Aix-Marseille,
Aix-Marseille III.
* 41 F. Jakobiak, Cité
par S.Harroussi, Op.Cit.
* 42 3 IE « La veille
stratégique, les yeux et les oreilles de votre entreprise »
p.12, année 2003, (www.3ie.org).
* 43 P. Kotler et B.Dubois dans
leur ouvrage « le marketing
management » 11e édition 2003,
définissent menace un problème posé par une tendance
défavorable ou une perturbation de l'environnement qui en l'absence
d'une réponse marketing appropriée, conduirait à une
détérioration de la position de l'entreprise.
* 44 P. Kotler et B. Dubois,
Op. Cit. Opportunité correspond à un besoin d'achat que
l'entreprise peut satisfaire rentablement. La valeur d'une opportunité
est liée à son attrait et sa probabilité de
succès.
* 45 E. Pateyron,
« la veille stratégique », ed. Economica, p. 154,
année 1998,Paris.
* 46 O. Boizard,
« veille ou intelligence économique, faut-il choisir ?
Reour d'expérience » Euromed Marseille, Ecole de Management.(
http://isdm.univ-tln.fr)
* 47 Cité par
Véronique Henry « le processus et les outils de veille
technologique dans un centre de recharche et de
développement », mémoire de DEA en système
d'information documentaire, ENSSIB, LYON 3, Université Jean Moulin.
* 48 3 IE « la
veille stratégique, les yeux et les oreilles de
l'entreprise », page 14, année 2003, Paris (www.3ie.org)
* 49 H. Lesca,
« capter les signaux faibles de la veille stratégique :
comment amorcer le processus ? » CERAG-ESA. UPMF, Grenoble,
1998.
* 50 JORA n° 77 du 26
novembre 1997
* 51 JORA n° 50 du 19
juillet 2005
* 52 Article 79 de la loi
n° 05- 07 du 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures
* 53 Armelle Thomas
« la mise en oeuvre d'un système de veille
stratégique » www.productique.org
* 54 Khiat H. « la
veille stratégique à l'AFOCEL »fiche n° 661,
laboratoire de valorisation de l'information, Université d'Aix-Marseille
III.
* 55 Chouk, S. et Lesca, H.,
« Le support de l'information : un facteur clé dans le
processus d'attention collective aux signaux faibles ? »
(www.veille-strategique.org).
* 56 Humbert Lesca, Salah
Benabdellah, Moufida Sadok « Apports diférentiels de
l'internet pour la veille anticipatrice » Université Mendes
France, ISA, CERAG, Grenoble.
* 57 H. Lesca et I Boulifa
Tamboura « connaissance actionnable... www.veille-strategique.org
* 58 Lesca, H., La veille
stratégique, la méthode L.E.SCAnning,, page 108, Editions,
EMS , Paris, 2003.
* 59 H. Lesca et M. Schuler
« comment ne pas être noyé sous les
informations ? » Publications du CERAG, ESA, Université
Pièrre Mendès France, Grenoble 2. www.veille-strategique.org/
* 60 Démarche qui
consiste à donner la parole à toute l'assistance tout en
enregistrant toutes les idées émises sans faire aucune censure et
de retenir celles qui sont approuvées par le plus grand nombre.
* 61 H. Lesca
« veille stratégique, la méthode L.E
SCAnning », Editions EMS, Paris 2003.
* 62 H. Lesca et M. Schuler
« comment ne pas être noyé sous les
informations ? » ESA, Université Mendès France,
Grenoble 2000. ( www. Veille-strategique.org).
* 63 H. Lesca et M. Schuler,
Op. Cit page 68 (www.veille-strategique.org).
* 64 H. Lesca « le
portail numérique » www.gfii.asso.fr
* 65 H. Lesca « la
veille stratégique, la méthode L.S. SCAnning » Op. Cit.
page 68.
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