SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
XIII
INTRODUCTION GENERALE
14
PREMIERE PARTIE : ETUDE DU PHENOMENE
21
CHAPITRE 1ER : LES CARACTERISTIQUES
ET LES FACTEURS DE PROLIFERATION ET DE CIRCULATION ILLICITES DES ARMES LEGERES
ET DE PETIT CALIBRE EN AFRIQUE CENTRALE
22
CHAPITRE 2 : LES PROCESSUS DE PRODUCTION ET
LES MODES D'ACQUISITION ILLICITES
33
CHAPITRE 3 : LES CONSEQUENCES DE LA
PROLIFERATION ET DE LA CIRCULATION ILLICITES DES ALPC DANS LA SOUS-REGION
45
DEUXIEME PARTIE : LES MECANISMES DE CONTROLE
DES ALPC
56
CHAPITRE 4: PRESENTATION DES MECANISMES DE CONTROLE
DES ALPC
57
CHAPITRE 5 : APPRECIATION DES MECANISMES DE
CONTROLE
69
CONCLUSION
79
DEDICACE
A
Mon père, le regretté ALIMA Etienne ;
Mon grand frère, le regretté OWONA
Dieudonné ;
Mon petit frère, le regretté OTTOU ALIMA
Casimir ;
Mes enfants, BILE OWONA Cathérine Thérèse et
ELOUNDOU OWONA Benjamin Stéphane.
REMERCIEMENTS
A monsieur le ministre délégué
à la Présidence chargé de la Défense, Rémy
ZE MEKA, pour avoir autorisé le déroulement de ce stage
académique ;
Au général de division, René Claude
MEKA, chef d'état major des armées, pour avoir diligenté
le dossier de mise en stage ;
Au général de brigade, Esaie NGAMBOU, commandant
le CSID, pour son accueil chaleureux ;
Au colonel Brunot MIGNOT, directeur de l'enseignement du CSID,
pour ses bons conseils ;
Au lieutenant-colonel MVOM Jacques Didier Lavenir,
chargé de l'enseignement au CSID, pour la qualité de son
encadrement et ses conseils constructifs pour rendre ce travail
acceptable ;
Au lieutenant-colonel MBALLA MBATSOGO Jean Louis,
chargé d'études à l'Etat Major de l'armée de
l'air/MINDEF, pour ses idées constructives ;
Au commandant ONANA MBARGA Oscar, Chef de service de la
documentation du CSID, pour avoir mis à notre disposition la
documentation nécessaire afin que nous puissions mener à bien ce
travail ;
A tout le personnel du CSID, d'une manière
générale, pour leur franche collaboration ;
Au docteur Michel KOUNOU, Chargé de Cours à
l'université de Yaoundé II, pour sa disponibilité à
superviser ce travail ;
A mes frères bien aimés, l'abbé
Raphaël ONDIGI, NGANDI BINDZI Maurice, pour leur soutien
multiforme ;
A ma belle-mère, madame NJOMBWE Catherine épouse
BOYOMO, pour son appui matériel ;
A ma mère, OKOA Madeleine, pour sa
prière ;
Enfin, et de manière tout à fait
spéciale, mes remerciements à mon épouse, OWONA Elisabeth,
pour avoir créé des conditions particulièrement favorables
afin que ce travail puisse aboutir.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Volume des principales armes classiques fournies
par les pays du
G8...........................................................................................................26
Tableau 2 : Valeur des exportations d'armes
légères effectuées par les pays du G8 en
2001.........................................................................................................27
Tableau 3 : Livraisons d'armes à l'Afrique
subsaharienne (en millions de dollars
courants)...................................................................................................28
Tableau 4 : Répartition mondiale des
sociétés fabriquant des armes légères dans le
monde,
2002.........................................................................................................34
Tableau 5: Coups d'Etat et mutineries majeures en Afrique
Centrale (1994
-2004).......................................................................................................48
Tableau 6 : Nombre de victimes dans les conflits en Afrique
après 1980 (évaluation à fin
1995).......................................................................................................50
Tableau 7 : Calendrier de mise en oeuvre du programme des
activités de la CEEAC dans le cadre de l'application du Programme
d'Action des Nations Unies sur les armes légères.........
...............................................................................................................62
Tableau 8: Exportations françaises d'armes vers le
Myanmar.....................................74
Tableau 9: Exportations françaises d'armes vers le
Soudan........................................75
LISTE DES ABREVIATIONS
ALPC = Armes Légères et de Petit Calibre.
CCPAC = Comité des Chefs de Police d'Afrique Centrale.
CEDEAO = Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
CEEAC = Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale.
CEMAC = Commission Economique et Monétaire de l'Afrique
Centre.
CEREBA = Centre d'Etudes et de Recherche en Education de Base
pour le Développement Intégré.
COPAX = Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique
Centrale.
CRS = Congressional Research Service.
CSID = Cours Supérieur Interarmées de
Défense.
FDLR = Forces Démocratiques pour la Libération du
Rwanda.
FOMAC = Force Multinationale de l'Afrique Centrale.
GRIP = Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la
Sécurité.
HCR = Haut Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés.
IANSA (RAIAL en français) = International Action Network
on Small arms.
MARAC = Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique
Centrale.
MINDEF = Ministère de la Défense.
MINUAR = Mission des Nations Unies au Rwanda.
MPLA = Mouvement Populaire pour la Libération de
l'Angola.
OCH = Office de Coordination de l'Aide Humanitaire des Nations
Unies.
ONG = Organisation Non Gouvernementale.
ONU = Organisation des Nations Unies.
ONUSOM = Mission de l'Organisation des Nations Unies en
Somalie.
OSCE = Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe.
OTAN = Organisation du Traité de l'Atlantique Nord.
PNUD = Programme des Nations Unies pour le
Développement.
RAIAL (IANSA en anglais) = Réseau d'Action Internationale
pour les Armes Légères.
RCA = République Démocratique du Congo.
ROF = Royal Ordonnance Factories.
SAWL= Small Arms and light Weapons.
SIPRI = Institut International de Recherche sur la Paix de
Stockholm.
UNICEF =United Nations Children's Fund.
UNITA = Union Nationale pour la Libération Totale de
l'Angola.
URSS = Union des Républiques Socialistes
Soviétiques.
USA = United State of America.
UY II= Université de Yaoundé II.
VDS = Vicker Défense System.
RESUME
Depuis la fin de la Guerre Froide, l'Afrique Centrale est
fortement marquée par le phénomène de prolifération
et de circulation illicites des armes légères et de petit
calibre.
· Les raisons qui expliquent le
phénomène
Plusieurs facteurs expliquent la prolifération et la
circulation des armes dans la sous-région d'Afrique Centrale. Parmi
lesquels, les facteurs socio-politiques, les conflits armés, les
mouvements de réfugiés et le commerce international
incontrôlé des armes.
Favorisent également la circulation illicite et
anarchique des ALPC dans la sous-région : l'absence d'une norme
internationale coercitive sur les ALPC, la réglementation mitigée
de certaines armes telle que la kalachnikov (AK-47), l'absence d'un instrument
fiable sur la traçabilité et le marquage des ALPC et enfin les
caractéristiques physiques mêmes de ces armes.
D'énormes quantités d'armes
légères et de munitions sont actuellement fabriquées dans
de nombreuses usines disséminées à travers la
planète, mais fortement concentrées dans les pays du Nord. Dans
cette production sans cesse croissante et où les Etats-Unis figurent au
peloton de tête à l'échelle mondiale, le continent africain
occupe une place non négligeable avec ses industries naissantes, mais
déjà très productives. L'Afrique excelle aussi dans la
fabrication artisanale des armes. Cette fabrication locale est d'une importance
mineure, mais aggrave considérablement le phénomène de la
circulation des armes. Ces armes circulent abondamment et de façon
incontrôlée dans le monde et en particulier dans la
sous-région d'Afrique Centrale, grâce aux techniques de transfert
mises en oeuvre par les trafiquants et à cause de la faiblesse des
contrôles au niveau des frontières.
· Les conséquences du
phénomène
La prolifération incontrôlée et la
circulation anarchique des armes légères ne sont pas sans
conséquences dévastatrices dans la sous-région. En plus de
détruire de nombreuses vies humaines, les armes légères
constituent une grave menace pour la paix, la sécurité et la
stabilité ainsi que le développement durable au niveau
individuel, local, national, régional et sous-régional. En
Afrique Centrale, l'accumulation des armes légères prolonge les
conflits, exacerbe la violence, contribue fortement au déplacement
massif des civils et aux violations abusives des droits humains et du droit
international humanitaire, en particulier au détriment des femmes et des
enfants. Elle favorise également la recrudescence de la
criminalité organisée nationale et transfrontalière ainsi
que le développement des ramifications des liens existant entre le
commerce illicite des armes légères, les trafics de drogues et de
minéraux précieux. En outre, les armes légères
constituent une grande entrave à la recherche d'une solution durable aux
différents conflits qui déchirent le continent et en particulier
l'Afrique Centrale.
Enfin, l'accumulation et la circulation excessives des ALPC
entraînent des conséquences considérables sur le plan
humanitaire : la difficulté d'agir de la communauté
internationale dans les zones de conflits armés à cause des
atrocités perpétrées à l'aide de ces armes, et les
entraves à l'acheminement de l'aide humanitaire vers les populations
civiles en proie aux souffrances multiples.
· Les mécanismes et les instruments
de contrôle des ALPC dans la sous-région
Depuis quelques décennies, plusieurs mécanismes
et instruments ont été mis en place, tant au niveau
sous-régional qu'à l'échelle internationale, pour
combattre le phénomène de prolifération et de circulation
illicites des ALPC. Cependant, ces mécanismes et instruments comportent
des lacunes importantes et ont montré leurs limites. Ce qui a
contribué à aggraver considérablement le
phénomène.
· Les approches de
solutions
Pour mettre fin à la
prolifération et à la circulation incontrôlées des
armes légères, des efforts devraient être faits au niveau
continental, au niveau sous-régional et à l'échelle
internationale.
Au niveau continental, l'Union Africaine, en tant que
système de sécurité collective, devrait pouvoir atteindre
certains objectifs, notamment : négocier avec les pays la
réduction des stocks d'armements ; créer des
mécanismes ou des lieux de discussion afin de permettre le
règlement pacifique des différends pour éviter que ceux-ci
ne dégénèrent en conflits armés, sources
d'accumulation des armes légères ; favoriser la
coopération entre Etats en vue de faciliter le contrôle des
frontières et la répression des trafics d'armes.
Au niveau sous-régional, la CEEAC devrait aussi
atteindre certains objectifs: renforcer les mécanismes de contrôle
qui ont montré les limites et créer d'autres mécanismes
plus efficaces ; doter le COPAX d'un organe spécial de
contrôle des armes légères ; renforcer les
capacités des institutions de sécurité et impliquer les
experts civils dans la lutte contre la circulation illicite des armes
légères ; accélérer le processus
d'harmonisation des législations nationales sur les armes et parvenir
à un régime d'interdiction qui prévoit les autorisations
et non un régime d'autorisation qui intègre les
interdictions ; renforcer la coopération bilatérale et la
coopération sous-régionale/sous-régionale pour permettre
l'échange d'informations sur la circulation des armes ;
créer un observatoire sous-régional des ALPC dont les missions
seraient entre autres, collecter les informations sur les mouvements illicites
des armes et des munitions afin de les mettre à la disposition des
Etats, contrôler les frontières afin de prévenir et
d'arrêter les mouvements illégaux des armes et des munitions,
élaborer des stratégies, politiques et programmes de lutte contre
la prolifération et la circulation illicites des armes.
Par ailleurs, la CEEAC devrait inciter les Etats à
s'attaquer à la corruption, surtout à l'égard des forces
de sécurité et du personnel des douanes chargés des
contrôles au niveau des frontières. Les Etats membres devraient
aussi mettre l'accent sur la lutte contre la pauvreté. Les gouvernements
de la sous-région devraient surtout instaurer la démocratie et
s'efforcer de pratiquer la bonne gouvernance afin d'éviter les tensions
sociales, voire les conflits armés, sources d'accumulation des armes.
Pour ce qui est du cas spécifique du Cameroun, un
module sur les armes légères devrait être ajouté
dans le programme des enseignements du CSID.
Au niveau de l'ONU, des efforts doivent également
être menés. L'article 51 de la Charte, qui accorde une
liberté sans limite aux Etats d'accumuler ou de vendre des armes, doit
être révisé. Le Registre des armes conventionnelles de
1991, qui exclut les armes légères de la liste des armes
classiques faisant l'objet de déclaration, doit être
complété pour intégrer ces armes ; les informations
à communiquer par les Etats doivent inclure les stocks d'armements
existants ; les déclarations des Etats membres doivent être
obligatoires ; le Registre devrait pouvoir intégrer une disposition
qui prévoit un office de contrôle international indépendant
des Etats qui serait chargé d'opérer des vérifications.
L'ONU doit également parvenir à un traité de non
prolifération anarchique des ALPC et des munitions, et à la
création d'une sorte d'agence internationale des armes
légères et des munitions. La mission de l'agence serait
d'inspecter dans des usines de production des ALPC pour voir si les Etats
respectent les normes internationales et les quotas de production
fixés.
ABSTRACT
Since the end of Cold War, Central Africa is
greatly marked by illicit proliferation and circulation of small arms and light
weapons (SALW) phenomenon.
· Causes of the phenomenon.
Many reasons can justify the proliferation and circulation of
arms in Central Africa's sub-region, among them, socio-political factors, armed
conflicts, movements of refugees and uncontrolled international business of
arms.
Facilitate also the illicit and anarchic circulation of SALW
in the sub-region: lack of coercive international legislation on SALW,
ambiguous reglementation of certain arms like Kalachnikov (AK-47), lack of a
credible instrument on the traçability and markage of SALW and last,
physical characteristics of those arms.
Important quantities of small arms and munitions are now
produced by many factories all over the planet, but they are more implanted in
Northern countries. According that more and more increasing production where
United States occupies the first position at world's level, african continent
occupies an important ranking with its young factories but which are already
very productive. Africa is also performant in local production of arms. That
local production is less important, but increases considerably the circulation
of arms phenomenon. Those arms circulate abundantly and the lack of control in
the world, particularly in Central Africa's sub region, facilitated by
techniques of transfer activated by traffickers and because of deficit of
control at the frontiers.
· Consequences of the phenomenon
Uncontrolled proliferation and anarchic circulation of small
arms have several negative consequences in the sub region. As well as
destroying many human lifes, small arms constitute a great menace for peace,
security and stability and also for durable development at the individual,
local, national, sub regional and regional level. In Central Africa
accumulation of small arms increases the duration of conflicts, violence and
contributes strongly to massive migration of civilians, abusive violations of
human rights and international humanitarian law, in particular unfavourably to
women and children. It facilitates the increase of national and transborder
organized criminality and also the development of ramifications of
relationships between illicit commerce of small arms, traffic of drugs and
precious minerals. In addition, small arms constitute a great obstacle to the
scopes of finding a durable solution to multiple conflicts which affect the
continent, particularly Central Africa.
At last, the excessive accumulation and circulation of SALW
have important consequences on humanitarian order: difficulty for international
community to act in armed conflicts areas because of the atrocities caused by
those arms, and obstacles to send humanitarian help for civilian populations
suffering.
· Mechanisms and instruments to control SALW in
the subregion
Since several decades, many mechanisms and instruments have
been put in place both at subregional and international levels, to combat
illicit proliferation and circulation of SALW phenomenon. However, those
mechanisms and instruments have important deficiencies and have shown their
limits. That has contributed to increase considerably the phenomenon.
· Recommendations
To end uncontrolled proliferation and circulation of small
arms, efforts must be done at continental, subregional and international
levels.
In continental level, African Union, as collective security
system has to attain certain goals, notably: to negociate with States the
reduction of stocks armaments; to create mechanisms or instances of dialogue in
order to permit pacific arrangement of conflicts so that to block those one to
be transformed in armed conflicts, sources of small arms accumulation; to
encourage cooperation between countries in order to facilitate control of
frontiers and fight against traffics of arms.
In subregional level, the Central Africa's State Economic
Community (CEEAC) has to initiate a certain number of actions: to reinforce
mechanisms of control which have shown limits and create other mechanisms more
efficient; to attribute to the COPAX special organ of control of small arms; to
reinforce capacities of security's institutions and associate civilian experts
in the fight against illicit circulation of small arms; to accelerate the
process of harmonization of national legislations on arms and reach to an
interdiction regime which includes authorizations and not an authorization
regime which includes interdictions; to reinforce bilateral cooperation and sub
regional / sub regional cooperation in order to open way to exchange of
informations on arms circulation; to create a sub regional observatory on SALW
that activities should be: to collect informations on illicit movements of arms
and munitions in order to give these to governments, to control frontiers in
order to prevent and stop illegal movements of arms and munitions, to elaborate
strategies, policies and programs of fight against illicit proliferation and
circulation of arms.
In the other way, the CEEAC must instigate governments to
fight against corruption, particularly vis-à-vis security forces and
custom personnel incharged of controls in the frontiers. States members must
also emphasize on the fight against poverty. Government of the sub region
should particularly establish democracy and make an effort to practise good
governance in order to block social tensions, more over arms conflicts, sources
of arms accumulation.
Concerning the specific case of Cameroon, a module should be
added to the program of training of CSID.
At the level of United Nations, efforts must also be made.
Article 51 of the Charte which accords implicitly to States a large licence to
accumulate and exports arms, must be amended. The conventional arms Register of
1991 which excludes small arms from the list of classic arms submitted to
declaration, must be completed by adding those arms; the informations to
communicate by States must include present stocks of armaments; the
declarations of states members must be obligatory; the Register should
integrate one article which institutes an international independent office of
control of States in charge of inspections. The United Nations must also reach
to the treaty of non anarchic proliferation of SALW and munitions, and to the
creation of a sort of international agency of small arms and munitions. The
mission of the agency should be to inspect factories of SALW in order to see if
States respect international legislations and quotas of production fixed.
AVANT-PROPOS
Dans le cadre de la professionnalisation des enseignements
dispensés au Master en Stratégie, Défense,
Sécurité et Gestion des Conflits et Catastrophes, les auditeurs
sont appelés à effectuer un stage académique dans une
structure appropriée pouvant leur apporter une vision pratique sur
certaines questions intéressant tant l'auditeur que la structure qui
l'encadre.
Ayant été désigné par le
coordonnateur du Master pour suivre un stage au sein du Ministère de la
Défense (MINDEF), par Message Porté, N°002314/MP/MINDEF/017
du 15 Octobre 2007, nous avons été orienté par le
Ministre Délégué à la Présidence
chargé de la Défense, vers le Cours Supérieur
Interarmées de Défense (CSID).
Dans l'organigramme du MINDEF, défini par le
décret N°2001/178 du 25 Juillet 2001 portant organisation
générale de la Défense et des Etats Majors Centraux, le
CSID est placé sous l'autorité du Chef d'Etat Major des
Armées, responsable de la formation dans les forces de Défense.
Sous cette autorité, se trouve le commandement des Ecoles et Centres
d'Instruction Interarmées qui coiffe le Centre de l'Enseignement
Militaire Supérieur divisé en école d'Etat Major et le
CSID.
Au sein du CSID, il y a un commandement assuré
actuellement par le Général de Brigade Esaie NGAMBOU. Trois
groupements d'enseignement s'occupent de l'enseignement général,
de l'enseignement opérationnel et du volet logistique. C'est au sein du
groupement de l'enseignement général que le sujet traité a
été encadré par le Lieutenant-colonel MVOM Jacques Didier
Lavenir, Docteur de 3ème cycle en Relations Internationales
et Breveté de l'Enseignement Militaire Supérieur. Ce groupement
d'enseignement général est un lieu de grandes réflexions
théoriques et stratégiques sur les grands problèmes de
l'actualité internationale. Un intérêt tout particulier est
manifesté par conséquent par le CSID sur le sujet que nous avons
choisi de traiter, à savoir : La prolifération et la
circulation illicites des armes légères et de petit calibre en
Afrique Centrale : étude du phénomène et analyse
critique des mécanismes de contrôle de ces armes.
Au moment où la conflictualité se modifie en
Afrique, en général et en Afrique Centrale en particulier, le
sujet présenté est d'un intérêt particulier pour la
sous-région d'Afrique Centrale. Ce qui implique une importance
avérée pour le CSID et le Ministère de la Défense.
L'objet est en effet porteur de dangerosité pour les Etats et les
modalités de minimisation du phénomène conduisent le
Ministère de la Défense à nourrir la réflexion dans
ce domaine.
INTRODUCTION GENERALE
Cette introduction comporte sept volets :
1. La définition des concepts de
l'étude
Pour éviter la confusion dans la recherche, il est
fait recourt d'abord à la définition des concepts. Selon
Madeleine GRAWITZ : « Le concept n'est pas seulement une
aide pour percevoir, mais une façon de concevoir. Il organise la
réalité en retenant les caractères distinctifs,
significatifs des phénomènes ».1(*)
Le concept est donc le guide du chercheur ; par
conséquent son sens doit être bien précisé, au
préalable, pour éviter l'utilisation du sens contraire ou
approximatif des mots ou expressions souvent préjudiciable dans la
recherche. Dans le présent travail, les concepts suivants sont
fréquemment utilisés. Il s'agit de :
- Armes légères
- Armes de petit calibre
- Prolifération, circulation, commerce, transfert,
exportation ou importation...illicites / illégaux.
- Transferts autorisés
- Transferts irresponsables
- Transferts secrets
· Armes légères et de petit
calibre :
Il n' y a pas une définition unanimement
acceptée ; il faut néanmoins retenir que les armes
légères ou de petit calibre désignent, en
général, toute arme qui peut être transportée et
utilisée par un seul individu ainsi que les munitions qui leur sont
associées. Pour Agnès Marcaillou2(*), la notion d'armes légères et de petit
calibre renvoie tout simplement à toutes les armes que l'homme peut
porter. Sont donc classés dans cette catégorie les
lance-roquettes, les grenades, les pistolets automatiques et semi-automatiques,
etc. Les militaires parleraient d'armes utilisées par un seul
servant.
· Les transferts autorisés
sont ceux autorisés par au moins un gouvernement.
· Les transferts irresponsables
Egalement appelés transferts sur le marché gris,
ce sont des transferts autorisés par un gouvernement, mais qui sont
d'une légalité douteuse, du moins du point de vue du droit
international (risque important d'utilisation abusive) ou irresponsables
à tout autre égard (risque important de détournement vers
des destinataires non autorisés).
· Transferts, prolifération, fabrication,
circulation, ... illégaux renvoient au marché noir. Les
deux expressions font référence à tout ce qui n'est
autorisé par aucun gouvernement.
· Transferts, prolifération, fabrication,
circulation, ... illicites englobent tout ce qui est irresponsable et
illégal (marché gris /noir).
· Transferts secrets
Ce sont les transferts dans lesquels les gouvernements
dissimulent leur participation souvent, mais pas toujours, parce qu'ils sont
illicites.
La définition des concepts étant
déjà faite, il y a lieu de préciser maintenant l'objectif
et l'intérêt de l'étude.
2. L'objectif et l'intérêt de
l'étude
L'objectif s'entend comme le but à atteindre. Par
exemple, on dira atteindre l'objectif qu'on s'est fixé.
Quel est donc l'objectif poursuivi dans ce travail ? La
prolifération et la circulation anarchiques des ALPC en Afrique
Centrale sont un mal qui menace sérieusement la sécurité
et la paix des populations, mais qui jusque là ne trouve pas de
remède efficace. L'objectif dans ce travail est d'abord d'apporter une
modeste contribution à la réflexion sur la question et de pouvoir
ensuite trouver les vraies solutions pour atténuer les effets
néfastes du fléau à défaut de l'éradiquer
complètement. Enfin, au-delà de la lutte contre la
prolifération et la circulation anarchiques des ALPC, la visée
est surtout de pouvoir trouver une solution durable aux conflits qui
déchirent actuellement l'Afrique Centrale.
Quant à l'intérêt, il faut retenir qu'en
tant qu'expert en Stratégie, Défense, Sécurité et
Gestion des Conflits et Catastrophes, cette étude devra enrichir les
connaissances acquises pendant la formation, notamment en matière de
sécurité ; cette étude est surtout l'occasion
donnée pour se spécialiser sur les questions d'armements
légers en Afrique Centrale.
3. La problématique de l'étude
La fin de la guerre froide entre le bloc occidental et le
bloc oriental, consécutive aux changements révolutionnaires
intervenus en Union Soviétique sous la direction du président
Mikhaïl Gorbatchev, a donné l'espoir d'un monde paisible,
totalement hors de la menace d'une guerre nucléaire accidentelle ou
mûrement préparée, entre les Etats-Unis et l'Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) tout comme les autres
sources de menace provenant des alliés satellites de ces deux
super-puissances. Les mutations qui se sont produites à travers la
planète au lendemain de la chute du mur de Berlin ont conforté
cet espoir de paix : la plupart des foyers de tension, nés de la
confrontation Est-Ouest, se sont progressivement éteints ; le
dialogue entre Washington et Moscou a repris ; les relations diplomatiques
entre pays capitalistes et pays communistes, longtemps restées
refroidies, ont subitement connu un dégel décisif. Tous ces
évènements « heureux » donnaient
l'impression d'un monde qui va définitivement entrer dans une ère
de paix et de sécurité.
Cependant, si la menace d'un conflit entre l'Est et l'Ouest
s'est considérablement atténuée, les problèmes de
sécurité n'ont pas disparu pour autant. L'invasion du Koweït
par l'Irak le 2 août 1990 et les conséquences y relatives ont
auguré un monde plus instable et fortement dangereux. Des foyers de
tensions vont s'allumer un peu partout sur la planète ; des
conflits sanglants vont surgir. C'est cette situation inattendue qui fait dire
à Michael D. Intriligator qu' « il existe
actuellement plusieurs situations, provoquées dans certains cas par la
fin de la guerre froide, qui pourraient constituer une menace pour la
sécurité. A certains égards, la fin de la guerre froide a
rendu le monde plus dangereux. »3(*) Le continent africain, dans ce retour tragique au
passé sanglant, ne fait pas exception. D'une manière
particulière, l'Afrique Centrale est fortement touchée par ces
nouvelles secousses. En effet, dans la sous-région, vont éclater
des guerres d'une rare atrocité et extrêmement meurtrières.
Il y a notamment le génocide rwandais et burundais, la guerre en RDC, le
conflit du Congo- Brazzaville, la reprise des hostilités en Angola, sans
oublier les escarmouches sanglantes en RCA. Naturellement, il y a lieu de
s'interroger sur les causes de ce regain de violence qui plonge toute la
sous-région dans un climat de totale insécurité. La raison
principale facilement avancée est la mauvaise gouvernance :
centralisation excessive du pouvoir, refus du dialogue par ceux qui sont au
pouvoir, absence de transparence dans la gestion des ressources naturelles,
surtout les hydrocarbures, etc. Autant de facteurs qui déclenchent les
conflits armés sanglants en Afrique. Cependant, très souvent, les
petits engins qui servent à faire la guerre ne sont pas pris en
compte : les Armes Légères et de petit calibre (ALPC).
Dans les années 1990, sur 49 conflits, 47 furent
menés au moyen d'armes légères. Aujourd'hui, l'attention
de la communauté internationale est focalisée sur la Corée
du Nord4(*) et
l'Iran5(*), au
prétexte qu'ils constituent de graves menaces en matière de
prolifération nucléaire, donc un danger pour la
sécurité mondiale. Dans le même temps, une véritable
hécatombe se poursuit dans les zones de conflits ou non, en Afrique
notamment, où sont déversées des quantités
considérables d'ALPC, en toute impunité. Le véritable
danger vient de ces petites armes dont le commerce et la circulation
échappent à tout contrôle. Interviennent dans ce commerce
dangereux plusieurs acteurs de différentes catégories aux
intérêts plus ou moins divergents, mais eux tous formant la
longue et complexe chaîne des armes légères. Il existe
ainsi des Etats exportateurs/importateurs ; des entités ou
organisations non étatiques (forces rebelles, groupes paramilitaires,
milices) ; des négociants, des courtiers ; des transporteurs
et autres facilitateurs. La confusion s'installe dans ce cas. Il devient
difficile de faire la distinction entre le commerce licite et le commerce ou le
trafic illicites. Sur le terrain sont déversées des
quantités ahurissantes d'armes qui déstabilisent la paix et
alimentent l'insécurité. Dans cette ambiance de grave
insécurité causée par la prolifération et la
circulation anarchiques des armes légères après la guerre
froide, comment l'Afrique Centrale entend se prémunir pour maintenir la
paix et la sécurité et quelle est la pertinence des moyens jusque
là mis en oeuvre ?
4. La formulation des hypothèses
Pour répondre à la question principale, la
méthode scientifique voudrait qu'il soit fait recourt à des
hypothèses. D'après J. Louis LOUBET DELBAYLE « Les
hypothèses sont à la fois des questions que l'on se pose à
propos de l'objet de la recherche et des faits recueillis par l'observation et
les propositions de réponses à ces
questions »6(*).
L'hypothèse est donc finalement une proposition
résultant d'une observation et soumise au contrôle de
l'expérience et vérifiable par déduction. Dans le cadre de
la présente étude, deux types d'hypothèses ont
été retenus : l'hypothèse générale et
les hypothèses de recherche.
a. L'hypothèse générale
Elle est énoncée de la manière
suivante : l'insécurité observée aujourd'hui en
Afrique Centrale résulte de la prolifération et de la circulation
anarchiques des ALPC.
Cependant, l'hypothèse générale ne
pouvant pas être vérifiée directement, il importe de
formuler des hypothèses de recherche.
b. Les hypothèses de recherche
Plus précises que l'hypothèse
générale, « leur rôle est de
déclencher la recherche et de baliser le terrain sur lequel elle va
s'exercer »7(*). Six hypothèses de recherche ont
été retenues.
· Première
hypothèse : les conflits armés internes et la
commercialisation des ALPC favorisent la prolifération et la circulation
illicites de ces armes.
· Deuxième
hypothèse : les caractéristiques des ALPC rendent
faciles la prolifération et la circulation anarchiques de ces armes.
· Troisième
hypothèse : la production incontrôlée des
ALPC dans le monde entraîne la circulation anarchique des ces armes en
Afrique Centrale.
· Quatrième
hypothèse : les modes d'acquisition et les techniques de
transfert facilitent la circulation illicite des ALPC en Afrique Centrale.
· Cinquième
hypothèse : l'accumulation excessive et la circulation
illicite des armes légères en Afrique Centrale entraînent
de graves conséquences, humanitaires, politiques et sur la population
civile.
· Sixième hypothèse :
les mécanismes et les instruments de contrôle inappropriés
des armes légères rendent difficile la lutte contre la
prolifération anarchique et la circulation illicite de ces armes.
5. La méthode de recherche
C'est le moyen par lequel le chercheur
accède à l'information. Il peut s'agir du questionnaire, de la
recherche documentaire, de l'interview des personnes ressources, etc. Dans le
présent travail, la recherche documentaire a été
privilégiée. Car elle est moins coûteuse en termes de temps
et de moyens financiers, comparativement aux autres méthodes qui
auraient nécessité de multiples déplacements dans toute la
sous-région d'Afrique Centrale. A la recherche documentaire a
été associée la méthode d'entretien qui consiste
à obtenir des informations tirées des causeries avec des
personnes ressources.
6. La localisation de l'étude
Il y a souvent confusion entre délimitation de
l'étude et localisation de l'étude. Alors que la
délimitation de l'étude revient à situer la recherche dans
son champ scientifique, la localisation de l'étude, en revanche, cherche
à préciser les frontières géographiques du
territoire dans lequel le chercheur entend mener sa recherche. C'est en
quelque sorte faire la description des lieux, présenter la photo de son
terrain de recherche.
La prolifération et la circulation illicites des ALPC
et les conséquences dévastatrices qui s'ensuivent sont un
fléau qui touche tout le continent africain et même toute la
planète. Mais ce travail limite l'étude à la
sous-région d'Afrique Centrale.
L'Afrique Centrale dont il est question dans cette
étude ne se limite pas aux pays membres de la CEMAC9(*), au nombre de six, mais
s'étend sur les onze Etats qui composent la CEEAC10(*). Créée en 1983, la
CEEAC regroupe les pays suivants : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Equatoriale, République Centrafricaine, Tchad, Angola, Burundi,
République Démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé et
Principe. Elle est peuplée d'environ 120 millions d'habitants pour une
superficie de 6 664 102 km².
Dénommée Centrale dans la terminologie de
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et de l'Organisation des
Nations Unies (ONU), cette sous-région africaine est un ensemble
géopolitique située au coeur du continent noir, entre l'Afrique
Septentrionale et l'Afrique Australe, entre l'Afrique Occidentale et l'Afrique
Orientale.
L'Afrique Centrale regorge de ressources naturelles de toutes
sortes. Grâce à un climat tropical humide et équatorial
ainsi qu'à la fertilité des sols, la région peut produire
toutes sortes de denrées agricoles vivrières et industrielles. Sa
faune et sa flore sont très diversifiées, surtout la flore qui
possède de nombreuses essences très prisées sur le
marché mondial des bois. L'hydrographie y est importante et
recèle de très importantes ressources halieutiques.
L'Afrique Centrale, c'est également et surtout le
domaine des sources d'énergie et de matières premières
minérales. Le potentiel hydroélectrique est fabuleux avec
notamment les cours d'eau angolais, camerounais, congolais et gabonais qui
peuvent recevoir des barrages hydroélectriques en plusieurs endroits. La
région dispose à elle seule du quart du potentiel
hydroélectrique mondial. En ce qui concerne les hydrocarbures (en terre
ferme et en mer), les côtes de l'Angola, du Cameroun, du Congo
Brazzaville, de la RDC, du Gabon et de la Guinée Equatoriale sont
très riches en pétrole et en gaz naturel. A cela, il faut ajouter
le potentiel tchadien. Il s'y trouve également de l'uranium en
quantités exploitables au Gabon, en RDC, en Angola. Quant aux
matières premières minérales, la sous-région bat le
record mondial : on y trouve l'or, l'argent, le platine, le phosphate, le
fer, le cobalt, le cuivre, le zinc, le plomb, l'aluminium, le nickel, le
tungstène, etc.
Toutes ces richesses et tous ces atouts économiques
dont dispose la sous-région ont fait dire à Atsutsé
Kokouvi Agbobli que « l'Afrique Centrale est bénie
des dieux. »11(*) Mais il faut quand même préciser que
dans le cadre de la présente étude, l'expérience d'autres
pays pourrait être considérée puisque limitrophes de la
sous-région. Il en est ainsi par exemple de l'Ouganda, de la Tanzanie,
du Kenya, etc. Cette extension s'explique par le fait que les armes
légères ainsi que leurs conséquences n'ont pas de
frontières. Les effets produits par ces armes en Ouganda, au Soudan ou
en Afrique Australe peuvent aussi être ressentis en Afrique Centrale.
7. Les difficultés rencontrées
Le présent travail comporte quelques
limites dues aux difficultés rencontrées sur le terrain. Il y a
lieu de relever ici la réticence des autorités administratives,
de sécurité ou de défense, à donner certaines
informations importantes qui auraient dû enrichir ce travail si elles
avaient été livrées. Il y a même d'abord la
difficulté à rencontrer ces autorités. Il a fallu ainsi
prendre trois, quatre, voire cinq rendez-vous pour ne pas être finalement
reçu, dans beaucoup de cas. Par ailleurs, le temps imparti pour mener
cette recherche était court, ce qui n'a pas donné la
possibilité de collecter toutes les informations nécessaires pour
faire des analyses beaucoup plus approfondies.
Le présent travail est divisé en deux parties.
La première traite du phénomène des ALPC. La seconde est
consacrée à l'étude des mécanismes de
contrôle de ces armes.
PREMIERE PARTIE : ETUDE DU PHENOMENE
Déchirée depuis longtemps par des conflits
armés meurtriers, mettant face à face les forces
irrégulières (bandes armées, milices, mouvements
rebelles...) et les forces gouvernementales, l'Afrique Centrale est devenue le
terrain de prédilection des trafiquants d'armes. L'estimation porte
aujourd'hui à plus de 875 millions12(*) le nombre d'armes légères en
circulation dans le monde, et de 8 à 10 millions d'armes s'ajoutent
à cet arsenal chaque année. Ce qui veut dire que d'ici 2015, 869
millions à 975 millions d'armes légères seront en
circulation à travers la planète. Environ 5 à 6% de cet
arsenal dangereux se retrouveraient en Afrique Centrale13(*) et alimente les conflits
armés tout en aggravant l'insécurité. Cette situation
alarmiste est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs,
allant de la production incontrôlée de ces armes jusqu'à
leur exportation ou leur importation excessives en passant par la corruption
d'Etat. Tous ces facteurs amènent à l'étude du
phénomène de la circulation illicite des ALPC dans la
sous-région.
Cette première partie est subdivisée en trois
chapitres. Le premier étudie les facteurs et les caractéristiques
de prolifération et de circulation illicites des ALPC en Afrique
Centrale ; le deuxième traite des processus de production et des
modes d'acquisition des armes légères ; le troisième
chapitre enfin montre les conséquences liées à la
circulation illicite des ALPC.
CHAPITRE 1ER : LES
CARACTERISTIQUES ET LES FACTEURS DE PROLIFERATION ET DE CIRCULATION ILLICITES
DES ARMES LEGERES ET DE PETIT CALIBRE EN AFRIQUE CENTRALE
Il y a 12 ans, les armes
légères et de petit calibre étaient presque totalement
absentes du champ de réflexion sur le contrôle des armes et le
désarmement. C'est davantage les armes dites de destruction massive
(armes nucléaires, armes biologiques, chimiques ou
bactériologiques) qui faisaient l'objet d'une attention
particulière de la part de la communauté internationale. Depuis
la fin de la seconde guerre mondiale, le monde vit constamment sous la crainte
de l'explosion d'une arme nucléaire. Inquiétude d'ailleurs
fondée, car, la bombe atomique, arme nucléaire, a détruit
en 1945 toute la population des villes de Hiroshima et de Nagasaki. Les effets
de cette bombe se font encore sentir aujourd'hui et continueront sans doute
à se faire sentir pendant des dizaines d'années, voire pendant
des siècles, selon les experts.
Pourtant aujourd'hui, les armes légères et de
petit calibre, le plus souvent oubliées, apparaissent plus dangereuses
et plus meurtrières à cause de leur capacité de
« destruction massive » lors des conflits armés. Ces
armes ont tué plus de 3 500 000 personnes (près du
triple de la population du Gabon) dans la seule République
Démocratique du Congo entre 1990 et 2004 et fait plus de 3 000 000
de morts en Afrique de l'Ouest14(*). S'il est ajouté à ce bilan tragique
les destructions causées par ces armes dans les autres zones de conflits
armés (Soudan, Somalie, Rwanda, Libéria, Sierra Léone,
etc.), la conclusion selon laquelle les ALPC causent autant de
dégâts sinon plus que l'arme nucléaire pourrait se
vérifier. Toutes choses qui font penser aux facteurs (section I) et
caractéristiques (section II) de prolifération et de circulation
des ALPC en Afrique Centrale.
SECTION I : LES FACTEURS DE PROLIFERATION ET DE
CIRCULATION DES ALPC
Plusieurs facteurs favorisent la prolifération et la
circulation illicites des armes en Afrique Centrale. Les facteurs historiques
(I), les facteurs socio-politiques (II), les conflits armés comme
facteurs (III), le rôle des réfugiés (IV), les facteurs
liés à la commercialisation des ALPC (V) et les progrès
technologiques (VI) seront successivement examinés.
I. Les facteurs historiques
En Afrique centrale, plusieurs facteurs historiques favorisent
l'accumulation des armes, surtout au niveau des populations civiles. Il y a
lieu de relever ici la tradition guerrière qui caractérise
certains peuples, comme par exemple ceux du Cameroun Septentrional, du Tchad ou
du Nord de la RCA. Les guerres de conquête ont fortement marqué
ces peuples et ces zones durant le XVIIIe et le XIXe
siècles. Habitués à faire la guerre, ces peuples ont
appris à fabriquer les armes (arcs, flèches, couteaux, sabres,
etc.) et surtout à les garder ou les porter pour préserver leur
sécurité ou se défendre. Cet instinct guerrier n'a pas
disparu, et aujourd'hui ces peuples ont toujours tendance à
s'approvisionner en armes, soit en fabriquant les armes traditionnelles et
archaïques, soit en acquérant les armes modernes.
Il y a aussi la tradition de la chasse qui explique la
détention des armes par les populations civiles en Afrique Centrale.
C'est le cas de certains peuples bantou qui vivent dans la partie sud du
Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon, en RDC, etc. Ces peuples de la
forêt ont aussi appris à fabriquer les armes rudimentaires comme
l'arc, pour chasser le gibier, l'une de leurs principales nourritures. Cet
instinct de chasse existe encore chez les Bantous et la modernisation fait
qu'aujourd'hui l'arc disparaît progressivement pour laisser la place au
fusil à canon.
II. Les facteurs socio-politiques
Les mouvements nationalistes, à partir des
années 1950, ont profondément remis en cause la stabilité
des Etats encore très fragiles sur le plan des institutions, qui se
mettaient progressivement mais difficilement en place. Un peu partout sur le
continent éclatent des conflits d'ordre ethnique, politique et
même religieux. Animée par la passion de se hisser au sommet de
l'Etat ou de se faire représenter dans les différentes
institutions politiques, chaque ethnie n'hésite pas à utiliser
des moyens illégaux, à recourir à la force.
Cette façon illégale et anti
démocratique d'accéder au pouvoir, utilisée par certaines
élites politiques africaines, crée des frustrations et de
profonds mécontentements au sein des populations qui prennent les armes
pour se révolter contre le régime anti démocratique mis en
place. Les groupes de rébellion, avec le plus souvent l'aide des
puissances occidentales complices, ont ainsi acquis des centaines de milliers
d'armes et de munitions contre , parfois si non tout le temps, l'exploitation
des ressources naturelles (or, diamant, etc.). Ces tonnes d'armes et de
munitions, illégalement acquises à la faveur des guerres
nationalistes, continuent de circuler à travers le continent et en
particulier dans la sous-région d'Afrique Centrale.
III. Les conflits armés internes comme facteurs de
prolifération des armes
Au début des indépendances ou des années
qui les ont suivies et après la fin de la guerre froide, nombre de pays
de l'Afrique Centrale ont connu des guerres civiles sanglantes ou se sont
impliqués dans ces guerres. A titre d'illustration, la guerre incessante
au Tchad dans les années 1970-1980, le conflit armé de longue
date en Angola, le conflit sanglant ethnique au Rwanda en 1994, la guerre
civile intermittente en République Démocratique du Congo à
laquelle se sont impliqués neuf Etats de la sous-région. Beaucoup
de ces armes, qui ont servi à faire ces guerres, circulent encore
librement aujourd'hui dans la sous-région et alimentent indubitablement
l'insécurité.
Deux types de conflits armés ont entraîné
la prolifération des ALPC : les conflits de succession politique
(ou de gouvernement) et les conflits de territoire. Pour Anatole
Ayissi15(*), l'Afrique,
comparativement aux autres continents, a connu relativement peu de conflits
territoriaux. En revanche, l'Afrique bat le record en matière de
conflits de succession politique. Ces conflits opposent plusieurs groupes
sociaux dont l'un a le contrôle de l'appareil militaire. Le groupe
contestataire du pouvoir en place va s'armer dans la mesure de ses moyens et se
tourner inévitablement vers des armements bon marché et faciles
à obtenir, par exemple les armes de fabrication locale. Le groupe
politique au pouvoir réagira en mettant en place un réseau de
défense civile lui permettant de faire face à la rébellion
armée. D'où la création de groupes paramilitaires et de
milices proches du pouvoir comme au Rwanda ou au Burundi, et l'achat
d'importantes quantités d'armes légères par le
gouvernement. Selon Bernard ADAM, directeur du GRIP, « cet
enchaînement conduit inexorablement à une militarisation
du pays et à l'installation d'une anarchie
armée »16(*). Il y a finalement des distributions
systématiques d'armes au sein de la population civile comme au Rwanda en
1993 et 1994, au Burundi en 1994 et 1995, etc. Cette dissémination
anarchique des armements provoque inévitablement la multiplication de
groupes armés échappant parfois au contrôle de ceux qui les
ont armés17(*);
elle accroît surtout l'insécurité.
En revanche, Michel KOUNOU voit une autre typologie des
conflits en Afrique susceptibles d'entraîner l'accumulation des armes. Il
affirme que « l'Afrique a connu au moins cinq [...] types
principaux de conflits majeurs depuis les indépendances, à
savoir, les mutineries ou les coups d'Etat ; les révoltes
populaires ; les conflits frontaliers ou les guerres d'invasion ;
les raids et interventions étrangers et les guerres
civiles »18(*). Tous ces conflits, activés très
souvent à l'extérieur, « permettent, sur le plan
international, à quelques puissances, d'écouler une quincaillerie
militaire obsolète »19(*), mais très nuisible, qui vient aggraver
l'insécurité et les souffrances des populations.
Par ailleurs, il faut remarquer que la fin d'un conflit
armé n'entraîne pas forcément la destruction des armes
ayant servi pendant la guerre. Très souvent, les gouvernements
éprouvent la difficulté à contrôler ou à
récupérer ces armes qui peuvent malheureusement se retrouver
très facilement entre les mains des populations civiles ou de quelques
trafiquants très peu responsables. C'est ce que souligne Laurent
Léger20(*) dans une
interview accordée au magazine " Diplomatie " :
« lorsque la situation se calme dans un pays en guerre, surgit
une difficulté à gérer les armes utilisées pendant
le conflit si elles ne sont pas détruites. C'est à ce moment
qu'elles peuvent être revendues, comme c'est le cas souvent d'armes
légères et de stocks importants, surtout en Afrique. Celles-ci
peuvent ainsi passer de pays en pays... Voilà l'un des dangers en
Afrique »21(*).
IV. Le rôle des réfugiés dans la
circulation des armes.
Les guerres civiles en Afrique finissent toujours par produire
un grand nombre de réfugiés qui, le plus souvent sinon tout le
temps, emportent avec eux des armes légères facilement
transportables et dissimulables à cause de leur
légèreté. Ces armes, qui échappent aux
contrôles douaniers et policiers, peuvent ainsi passer d'un pays à
un autre selon les mouvements des réfugiés. Justement, l'Afrique
Centrale compte aujourd'hui un grand nombre de réfugiés issus,
soit des conflits armés de la sous-région, soit des guerres
civiles hors de la sous-région (Soudan, Somalie, etc.). En 2006, le
nombre de réfugiés en Afrique Centrale (pays des Grands Lacs
inclus) est estimé à 135917522(*) . Il peut donc être imaginé, sans que
cela soit exact, le nombre d'armes en circulation dans la sous-région
si on admet que chaque réfugié détient une arme.
V. La commercialisation des ALPC
Le commerce d'armes tire sa légitimité de la
Charte des Nations Unies elle-même en faisant valoir le droit des Nations
à la légitime défense individuelle ou collective à
tout Etat membre. Ce droit est reconnu par l'article 51 qui dispose :
« Aucune disposition de la présente Charte ne porte
atteinte au droit naturel de légitime défense individuelle ou
collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l'objet
d'une agression armée ». Dès lors, les Etats ont
le droit à l'utilisation et au commerce des moyens de défense que
sont les armes.
Le commerce international des armes, qui ne fait pas l'objet
de contrôles rigoureux et efficaces, est le principal facteur de
prolifération et de circulation anarchiques et illicites des armes dans
le monde et en particulier dans la sous-région d' Afrique Centrale. En
dépit de leurs responsabilités et de leurs obligations
légales, nombreux sont les pays qui continuent librement à
fournir des armes et des munitions à des utilisateurs finaux
irresponsables, notamment en Afrique. Les pays occidentaux, et en particulier
ceux du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-uni
et Russie) jouent un rôle de premier plan dans ces transferts excessifs
d'ALPC. Sur les huit pays qui composent le G8, six figurent parmi les 10 plus
gros exportateurs d'armes à l'échelle mondiale. Les tableaux
ci-dessous indiquent respectivement le volume des principales armes classiques
fournies en 2003 et la valeur des exportations d'armes légères
effectuées en 2001 par les pays du G8.
TABLEAU 1 : Volume des
principales armes classiques fournies par les pays du G8 en 2003
Pays
|
Volume des exportations en millions de dollars
américains
|
Russie
|
6980
|
Etats-Unis
|
4385
|
France
|
1753
|
Allemagne
|
1549
|
Canada
|
556
|
Royaume-Uni
|
525
|
Italie
|
277
|
Japon
|
|
Source: SIPRI Yearbook 2004 Armaments,
Disarmament and International Security, Oxford University
Press, 2004, Tableau 12A.2.
TABLEAU 2 : Valeur des exportations
d'armes légères effectuées par les pays du G8 en
2001
Pays
|
Volume des exportations en millions de dollars
américains
|
Etats-Unis
|
741,4
|
Italie
|
298,7
|
Allemagne
|
156,7
|
Japon
|
70,3
|
Canada
|
53,6
|
Royaume-Uni
|
44,8
|
Russie
|
42,2
|
France
|
33,7
|
Source: Small Arms
Survey
Les tableaux ci-dessus laissent clairement voir que les pays
du G8, sans pour autant négliger les autres pays, figurent au peleton de
tête des fournisseurs d'armes à l'échelle mondiale, avec
les Etats-Unis comme chef de peleton. Bien qu'il soit difficile, voire
impossible de préciser le nombre d'armes exact exportées vers
chaque pays, force est de relever qu'une part importante de ces armes est
déversée sur le continent africain, en particulier dans les pays
de l'Afrique Centrale.
Les importations d'armes des pays africains ont cependant
sensiblement diminué entre les périodes 1978-1990 (13,7 milliards
de dollars) et 1991-1994(2,3 milliards de dollars) soit une baisse de 83%. Ces
chiffres montrent qu'entre 1987 et 1990 les transferts d'armes vers l'Afrique
représentaient moins de 10% des livraisons aux pays du Tiers-Monde
(1987-1990 :147 milliards de dollars ; 1991-1994 :72 milliards
de dollars) alors qu'entre1991et 1994 cette part est tombée à un
peu plus de 3%23(*) comme
le témoigne le tableau ci-dessous :
TABLEAU 3: Livraisons d'armes à
l'Afrique sub-saharienne (en millions de dollars courants)
Périodes
Pays
|
1987-1990
|
1991-1994
|
Etats-Unis
|
330
|
123
|
URSS /Russie
|
10 000
|
600
|
France
|
400
|
200
|
Royaume-Uni
|
300
|
300
|
Chine
|
400
|
200
|
Italie
|
300
|
100
|
Autres pays européens
|
700
|
300
|
Autres pays non européens
|
1300
|
500
|
TOTAUX
|
13 730
|
2 323
|
Source : Congressional
Research Service
Faut-il donc conclure que durant ces périodes le
phénomène de circulation illicite des armes a diminué en
Afrique sub-saharienne et en particulier dans la sous-région d'Afrique
centrale ? Ces deux périodes correspondent au moment où il
existe de fortes tensions en Afrique (le conflit armé angolais est
encore actif, le génocide rwandais commence en 1994, la guerre civile en
RDC pointe à l'horizon ou a même déjà
commencé, etc.). Forcément, les armes circulent pour alimenter
ces foyers de tension. Ensuite, il est très difficile, voire impossible
d'avoir des chiffres exacts en matière de vente d'armes, surtout en ce
qui concerne les armes légères, en raison du flou qui
caractérise les instruments juridiques réglementant l'exportation
et les transferts de ces armes. Il est donc fort probable que les chiffres
donnés par le Congressional Research Service (CRS) soient loin de la
réalité. Enfin, le CRS n'a pas relativisé ses
données statistiques en faisant cas du marché noir des armes qui
est pourtant florissant.
En somme, la diminution des livraisons d'armes à
l'Afrique subsaharienne, telle que présentée par CRS ne doit pas
absolument amener à la conclusion selon laquelle la circulation des ALPC
a diminué sur le continent du fait de la baisse des approvisionnements
pendant les périodes 1987-1990 et 1991 -1994.
VI. Le cybertrafic d'armes légères
Une autre tendance aujourd'hui, favorisant
considérablement la prolifération et l'accumulation faciles des
ALPC, est le « mariage » entre les innovations
technologiques, notamment les technologies de l'information, la mondialisation
de l'économie de marché et la montée en puissance et en
pouvoir des syndicats de crime organisé. Les activités
criminelles de ces syndicats sont maintenant rendues faciles par Internet
(International Network). Cette criminalité à partir de Internet
est appelée cybercriminalité.
Dans le domaine des transferts d'armements de petit calibre,
affirme Anatole Ayissi, « les progrès de l'informatique et
des télécommunications permettent aujourd'hui de se livrer,
souvent impunément et dans l'anonymat total, à l'abus, à
la fois, des règles du droit, des exigences de l'économie de
marché et des normes de la morale »24(*). Selon cet auteur, il suffit
aujourd'hui d'un ordinateur portable, d'un téléphone/fax et de
quelques papiers entête pour qu'à partir d'une chambre
d'hôtel ou de son domicile, un trafiquant puisse commander, par exemple,
des tonnes d'armes aux Etats-Unis, en Europe, en Asie, en Afrique du Sud,
etc... pour les acheminer en Afrique ou ailleurs, sans se faire repérer.
Il s'agit là du cybertrafic d'armes.
Après avoir examiné les facteurs de
prolifération et de circulation des ALPC, il convient à
présent d'en étudier les caractéristiques.
SECTION II : LES CARACTERISTIQUES DE PROLIFERATION ET DE
CIRCULATION ILLICITES DES ALPC
Par rapport aux autres armes
conventionnelles et les Armes de Destruction Massive (ADM), les ALPC ont ceci
de particulier : l'absence d'instruments juridiques rigoureux au niveau
international réglementant leur production et leur exportation
(I) ; ou quand ils existent, ces instruments comportent beaucoup de vides
juridiques (II) sur certains aspects du problème, notamment le transfert
et le transport des armes, les courtiers et autres intermédiaires lors
des ventes de ces armes ; en outre il est aussi regrettable de constater
qu'il n'existe pas un système de traçabilité et de
marquage (III) fiable permettant de maîtriser la mobilité des
ALPC. Enfin, les armes légères ont des caractéristiques
physiques (IV) qui rendent facile leur accumulation.
I. L'absence d'une norme internationale coercitive sur les
ALPC
Jusqu'en 1990, il n'existe pas un instrument juridique
international réglementant la production et la commercialisation des
armes conventionnelles. Ce n'est qu'en 1991 que les Nations Unies créent
le Registre des armes conventionnelles, dont le but est de garantir la
transparence sur les transferts d'armes. Le Registre établit sept
catégories d'armes devant être déclarées en cas de
transfert ou de vente. Il s'agit de : chars d'assaut, véhicules
blindés de combat, hélicoptères d'attaque, missiles,
lance-missiles et bâtiments de guerre. Se trouvent donc exclues les armes
légères et de petit calibre ainsi que les munitions. Les
trafiquants profitent de ce vide juridique pour se livrer à toutes
sortes de transfert. D'où la circulation excessive des ALPC à
travers le monde.
II. La réglementation mitigée de certaines
armes : le cas de l'AK-47
L'AK-4725(*), plus connu sous le nom de Kalachnikov (voir annexe),
est un fusil d'assaut inventé en 1945 et fabriqué en 1947 par le
général soviétique Mikhaïl Kalachnikov. Elle reste
l'arme la plus utilisée dans les zones de conflits armés, surtout
en Afrique, car faisant l'objet d'une piètre réglementation.
Selon un rapport de la
campagne « contrôlez les armes » menée
par Amnesty International, Oxfam International et le Réseau d'Action
International sur les Armes Légères (RAIAL) et publié en
juin 2006 à l'occasion de l'ouverture, à New York, de la
conférence mondiale des Nations Unies sur les armes
légères et de petit calibre, depuis son invention la Kalachnikov
n'a jamais été fabriquée dans autant de pays qu'à
l'heure actuelle : l' estimation porte à 14 le nombre de pays
producteurs de cette arme dans le monde. A ce nombre, il faut ajouter le
Venezuela, qui a récemment signé un contrat aux termes duquel des
kalachnikov seront assemblées sur place. Ce qui, naturellement, va
accroître la production et donc l'insécurité. Les auteurs
du rapport estiment d'ailleurs qu'il existe aujourd'hui environ 100 millions
d'AK-47 et de modèles dérivés à travers le monde,
donc une quantité considérable en Afrique Centrale.
Selon le rapport, intitulé AK-47 : The World's
Favorite Killing Machine26(*), cette prolifération s'explique par le fait
que la production, la commercialisation et l'utilisation de Kalachnikov ne sont
presque pas contrôlées au niveau international.
L'absence de normes internationales rigoureuses
réglementant le transfert et la commercialisation de l' AK-47 est l'une
des raisons fondamentales qui font que ces armes tombent facilement entre les
mains de courtiers très peu responsables, de braqueurs, de milices
armées et autres bandes criminelles. L'inventeur même de l'AK-47
s'en est inquiété et exige aujourd'hui le renforcement des
contrôles de cette arme. Dans une déclaration envoyée
à la campagne « contrôlez les armes »
menée par un groupe d'ONG27(*), il affirme : « En l'absence de
contrôles internationaux suffisants sur les ventes d'armes, des armes
légères aboutissent aisément dans des endroits du monde
où elles sont utilisées non seulement pour la défense
nationale, mais aussi par des agresseurs, des terroristes et toutes sortes de
criminels [...]. Quand je regarde la télévision et que je vois
des armes légères du genre des AK entre les mains de bandits, je
me demande toujours comment ils ont bien pu se les procurer. »
(Montréal, le 26 juin 2006)28(*).
III. L'absence d'un instrument fiable sur la
traçabilité et le marquage
Le traçage permet de contrôler les
différents circuits qu'emprunte l'arme, de l'usine de fabrication
jusqu'à l'utilisation finale, en passant par les intermédiaires
et autres transferts. Le marquage quant à lui aide à retrouver
l'arme dans un registre et est donc précieux pour le traçage et
la détermination de l'origine.
En application de la recommandation contenue dans le
Programme d'Action des Nations Unies de 1991 en vue de prévenir,
combattre et éliminer le commerce illicite des armes
légères sous tous ses aspects, l'Assemblée
Générale de l'Organisation Mondiale a adopté, en
décembre 2005, l'Instrument international sur la
traçabilité des ALPC. Le mérite de cet instrument est
d'exister. Il contient cependant un certain nombre de lacunes importantes
(voir, IV, p 71, infra). Toutes choses qui rendent difficiles les
contrôles et favorisent la prolifération et la circulation rapides
et aisées des ALPC.
IV. Les caractéristiques physiques des armes
légères
La circulation des ALPC est rendue bien plus facile encore
par leurs caractéristiques physiques. Les armes légères et
portatives, comme le nom l'indique, sont très légères,
faciles à transporter par une seule personne. Une Kalachnikov, version
195929(*), par exemple,
non chargée, pèse 3,14kg et mesure 870 millimètres. Elle
suffit bien dans un sac de voyage et un enfant de 7 ans peut aisément la
transporter. Le Pistolet Automatique (PA) est trop petit et entre facilement
dans une poche sans que cela attire l'attention des curieux. Les munitions
(voir annexe) aussi sont tellement minuscules au point qu'elles s'apparentent
à des stylos qu'on mettrait dans une trousse d'écolier sans
éveiller la curiosité de certains individus.
Certaines armes légères sont très
performantes : c'est le cas de l'AK-47. Sa cadence de tir est de 600 coups
par minute, sa vélocité 710 mètres par seconde et sa
portée maximale 1500 mètres. Ces caractéristiques font de
la Kalachnikov le fusil d'assaut le plus vendu dans le monde et le plus
utilisé dans les conflits armés.
Autre caractéristique des ALPC favorisant leur
circulation : leur longue durée de vie. Les armes
légères ne se détruisent pas vite et sont faciles à
entretenir : elles peuvent résister pendant plusieurs dizaines
d'années. Ainsi, les experts affirment que les armes qui ont servi
à la seconde guerre mondiale existent encore et sont aujourd'hui
utilisées par certaines bandes criminelles, voire certaines forces
armées régulières en Afrique. De même, les armes qui
ont été utilisées pendant la guerre froide continuent
aujourd'hui de circuler d'un conflit armé à un autre, surtout en
Afrique où ces surplus nuisibles ont été
déversés.
En définitive, l'Afrique Centrale est, depuis quelques
années, fortement secouée par les guerres civiles sanglantes qui
créent un grand besoin en ALPC. Elle est devenue par conséquent
une sous-région où le commerce des armes est important et
où ces armes circulent très facilement à cause de leurs
caractéristiques. Ce qui confirme donc les deux premières
hypothèses.
CHAPITRE 2 : LES PROCESSUS DE
PRODUCTION ET LES MODES D'ACQUISITION ILLICITES
La fin de la Guerre Froide a donné
l'espoir d'un monde en paix. Mais cet espoir a été vite
déçu par l'insécurité qui règne actuellement
sur la planète et en particulier dans la sous- région d'Afrique
Centrale, à cause de la prolifération et de la circulation
vertigineuses des ALPC qui alimentent les conflits armés et
détruisent tant de vies humaines, notamment en Afrique. Des estimations
portent à environ 300 000 le nombre de décès
causés par ces petites armes chaque année dans les zones de
conflits armés, soit plus de la moitié dans les conflits
africains. Ces armes tuent 200 000 personnes de plus par an dans les pays
en paix par homicides, suicides, tirs accidentels et tirs de la police. Selon
le Réseau d'Action Internationale sur les Armes Légères
(RAIAL / IANSA)30(*), le
stock mondial d'armes légères est estimé à environ
639 millions d'armes, soit une arme pour dix habitants sur la planète.
Environ 59% de cet arsenal destructeur est aux mains des civils, soit plus de
377 millions d'armes. La situation est catastrophique pour le continent
africain où près de 40% de ces machines de la mort sont en
circulation. Ce constat alarmant a une explication pertinente : la
production anarchique et incontrôlée des ALPC. Les
développements qui suivent font la distinction entre la production
industrielle (section I) et la production artisanale (section II), d'une
part, les modes d'acquisition et les techniques de transfert (section
III), d'autre part.
SECTION I : LA PRODUCTION INDUSTRIELLE DES ALPC DANS LE
MONDE
En 1960, moins de 50 pays sont producteurs
d'armes légères dans le monde et près de 208
sociétés fabriquant les armes légères et les
munitions. Selon Steve WRIGHT31(*), entre 1960 et 1999, le nombre de pays producteurs a
doublé et celui des sociétés productrices d'armes
légères a été multiplié par six.
Concrètement, il existe aujourd'hui à peu près 1249
sociétés réparties inégalement dans environ 98 pays
producteurs d'armes légères et de munitions. Naturellement, il
existe une forte concentration des industries d'armements dans les pays
industrialisés du Nord, sans pour autant négliger les industries
du Sud et notamment africaines comme le montre le tableau ci-dessous.
TABLEAU 4 : Répartition mondiale des
sociétés fabriquant des armes légères dans le
monde, 2002.
Région
|
Nombre (2002)
|
Pourcentage
|
Europe /CEI
|
500
|
44
|
Amérique du Nord / Centrale
|
407
|
36
|
Amérique du Sud
|
38
|
3
|
Asie-Pacifique
|
96
|
9
|
Moyen-Orient
|
59
|
5
|
Afrique Subsaharienne
|
34
|
3
|
TOTAL
|
1134
|
100
|
Source : Fondation Oméga
(2002)
L'analyse ci-dessous fait ressortir la production des pays
industrialisés du Nord d'un côté et la production des pays
africains d'un autre côté.
I. La production des pays industrialisés du
Nord
L'examen porte en premier lieu sur la production en Europe et
en second lieu, la production dans le continent américain.
A. Les pays et les industries d'armes européens
Il y a actuellement 41 pays européens
qui produisent les armes légères. Parmi eux cinq ont
particulièrement attiré l'attention à cause de leur volume
de production. Il s'agit de la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne,
l'Italie et la Russie.
1. La production et les industries françaises
d'armes légères
Selon Richard F. Grimmett32(*), la France a été le troisième
fournisseur d'armes classiques, en termes de valeur, en 2003. Elle est à
la fois un producteur et un exportateur important des principales armes
classiques, et un producteur moyen d'armes légères et de petit
calibre. En 2001, la France a exporté des armes légères
pour un montant évalué à 33,7 millions de dollars
américains. Elle dispose de plusieurs industries d'armements. Trois de
ces industries sont spécialisées dans la fabrication des armes
légères et de petit calibre, à savoir :
· La manufacture d'armes de Saint - Etienne :
produit les armes de petit calibre.
· La manufacture d'armes et Tulle : fabrique les
armes de moyen calibre.
· Les ateliers de Toulouse, de Mars et de Rennes,
spécialisés dans la fabrication des munitions de petit et moyen
calibre.
2- La Grande-Bretagne
D'après Richard F. Grimmett33(*), la Grande-Bretagne est le
deuxième plus gros exportateur d'armes à l'échelle
mondiale en termes de valeur avec des ventes annuelles s'élevant
à 4,3 milliards de dollars américains. En 2001, par exemple,
elle a exporté des armes légères pour un montant de 44,8
millions de dollars américains. Cette importante production tient
à l'existence de nombreuses industries, notamment :
· La Royal Ordonnance Factories (ROF) ;
· La Vicker Défense System (VDS)
Ces deux industries produisent à la fois des armes et
des munitions.
3- La production de l'Allemagne
L'Allemagne est un géant en
matière de production d'armes. Elle dispose d'au moins 279 entreprises
qui produisent ou vendent des biens et services dans les domaines militaire,
de sécurité et de police34(*). Parmi ces entreprises, il y a :
· Heckler et Kock : cette
entreprise a passé plusieurs accords de production sous licence avec
certains pays, notamment la Turquie. En effet, selon le rapport de Amnesty
International, Oxfam International et le Réseau d'Action International
sur les Armes Légères, rendu public le 22 juin 2005, le
gouvernement allemand a autorisé que les fusils d'assaut HK33 de calibre
5,56 mm (fabriqués par l'entreprise) soient produits sous licence dans
ce pays à la fin de années 90.
· Fritz Werner : cette entreprise
est le chef de file des entreprises
européennes35(*)
qui ont signé le 23 Août 2000 un accord de production sous licence
avec le gouvernement turc, d'une valeur comprise entre 40 et 45 millions
d'euros (soit 35,9 à 40,4 millions de dollars américains ou 26
milliards 360 millions à 29 milliards 655 millions de FCFA). Cet accord
permet à la société turque MKEK (qui produit les fusils G3
d'origine allemande) de fabriquer des munitions de calibre 5,56 mm pour fusils
d'assaut.
4. La production et les sociétés italiennes
d'armes
L'Italie figure aussi parmi les plus gros producteurs d'ALPC.
Entre 1996 et 2003, elle a figuré au dixième rang des plus gros
exportateurs d'armes à l'échelle mondiale. En 2001, ces
exportations d'armes légères ont représenté une
valeur de 298,7 millions de dollars américains36(*). De même en 2004,
Finmeccanica, Fincantieri et Avio, trois grosses entreprises italiennes, ont
vendu des armes pour une valeur de 6,6 milliards de dollars
américains37(*).
Les plus importantes autres industries sont les suivantes :
· Le groupe Aéritalia ;
· La société Agusta qui produit à la
fois les armes et les munitions ;
· La société OTO MELARA de la SPEZIA,
spécialisée dans la fabrication des blindés, des canons et
des obusiers ;
· La société BERRETTA de Gardone,
spécialisée dans la production d'armes légères.
5. La fabrication des armes en Russie
La Russie joue un rôle
considérable en matière de production d'ALPC à
l'échelle mondiale avec ses usines de fabrication d'AK-47 (ou
Kalachnikov), l'arme la plus meurtrière dans le monde. Actuellement, 15
pays ont obtenu une licence du gouvernement russe pour fabriquer cette arme.
Environ 100 millions d'AK-47 et modèles dérivés circulent
actuellement à travers la planète.
En dehors des usines de fabrication de Kalachnikov, d'autres
industries d'armements légers non moins importantes sont
implantées en Russie, entre autres : Sukhoi, Almaz-Antei, Irkut,
Aerokosmicheskoe.
B. Les industries d'armes américaines
Le continent américain abrite
plusieurs sociétés de production et de fabrication des armes,
parmi lesquelles les plus géantes du monde. Selon le rapport de Small
Arms Survey, publié en 2002, 16% des pays producteurs d'armes, à
l'échelle mondiale, se trouvent en Amérique, avec plus d'une
centaine de sociétés. Il convient maintenant d'étudier les
industries d'armement aux Etats-Unis, au Canada.
1. Les industries d'armement aux Etats-Unis
Les Etats-Unis, dominent le marché
international de l'armement (que ce soit les armes lourdes ou
légères) aussi bien en termes de production qu'en termes
d'exportation. Ils se sont classés au premier rang mondial des pays
fournisseurs d'armes classiques entre 1996 et 2003, avec des livraisons
s'élevant à un total de 151,9 milliards de dollars
américains38(*),
soit une moyenne annuelle de près de 19 milliards de dollars. Ils
abritent les plus grandes régions de production, à savoir :
Massachusetts, Connecticut, New York, Californie et Texas où sont
implantées quelques sociétés de fabrication d'ALPC. Parmi
ces sociétés, il y a notamment : Boeing, Lockheed Martin,
Hugles, IBYI, Collins, ITT, Honeywell, Général Hetors.
Ces sociétés fabriquent des milliers de tonnes
d'armes qui sont déversées dans le monde et en particulier dans
le continent africain.
2. La production des armes au Canada
Le Canada est également un important
producteur d'armes légères et de petit calibre,
ainsi que des munitions. En 2001, le montant de ses exportations d'armes de
petit calibre s'est élevé à 53,6 millions de dollars
américains39(*). Il a été
classé cinquième pays exportateur d'armes à
l'échelle du G840(*). En 2003, le volume des exportations canadiennes des
principales armes classiques s'est élevé à 556 millions de
dollars américains41(*).
Le Canada réalise plus de la moitié de ses
ventes d'armes aux Etats-Unis, mais les lacunes de sa réglementation,
combinées au laxisme étasunien (voir p.76, infra) permettent que
des équipements militaires et des armes, ainsi que des munitions soient
réexportés, sans son consentement, vers des destinations
sensibles, comme par exemple les zones de conflits armés en Afrique.
II. La fabrication des armes en Afrique
L'Afrique compte quelques pays qui
fabriquent aussi de façon industrielle les armes légères.
Parmi les producteurs africains, il y a notamment : l'Afrique du Sud, le
Zimbabwe, le Nigeria, la Namibie, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, l'Egypte,
le Ghana. Un examen particulier porte sur les cas de l'Afrique du Sud, de
l'Ouganda et du Nigeria.
A. Les industries sud-africaines d'armement
L'Afrique du Sud est le plus grand
producteur d'armes légères en Afrique avec près de 700
usines de fabrication et 22 500 employés.
Parmi les plus grandes industries, il y a lieu de
citer :
· VEKTER qui fabrique des revolvers, des fusils d'assaut,
des mitrailleuses, des mortiers, des canons automatiques de 20mm ;
· MGL MILKER MARKETING, spécialisée dans la
fabrication des lance-grenades automatiques ;
· MECHEM : fabrique les fusils anti
matériels de 12,7 et 20mm ;
· ARAM, New Generation Ammunition, Truvela Armourg
Division ;
· Pretoria Metal Pressing : produit les
mitrailleuses lourdes, les revolvers, les fusils et pièces d'armes
légères ainsi que des munitions de gros, moyen et petit
calibres.
La production sud-africaine d'armes est vendue dans une
soixantaine de pays et dont en particulier les pays africains.
B. Les industries de l'Ouganda
L'Ouganda possède une petite
industrie et au moins trois usines de fabrication d'armes. La plus importante
est Nakasongola Arms Factory. Elle produit des armes légères, des
munitions et des mines terrestres. Elle appartient à des
intérêts chinois. Les deux autres usines sont :
Saracen , appartenant au Trust Strategic Ressources Corporation,
liée à Executive Outcomes, et Ottoman Engineering Ltd, une firme
privée autorisée à vendre des armes à feu dans le
pays.
C- Les industries nigérianes
Parmi les industries productrices d'armes
légères, il y a lieu de citer :
· La Défense Industries Corporation ;
· La Défense Industries Corporation of Nigeria
Act ;
· L'Usine de Bauchi qui produit des véhicules
blindés.
Toutes ces usines fabriquent les ALPC exportées dans la
plupart des pays africains.
En somme, compte tenu des développements qui
précèdent, la conclusion est que la planète abrite un
nombre excessif d'industries d'armements. La conséquence est la
production exagérée et anarchique d'importantes quantités
d'armes. Naturellement, ces engins de la mort ne sont pas fabriqués pour
être stockés dans les magasins des usines de production. Ces armes
doivent être vendues pour que les producteurs en tirent les
bénéfices. Ce qui favorise indubitablement la
prolifération et la circulation illicites et anarchiques des ALPC dans
le monde, en général, et dans la sous-région d'Afrique
Centrale, en particulier.
La production industrielle des armes légères est
au premier chef responsable du phénomène sans cesse grandissant
de la prolifération et de la circulation anarchiques des ALPC. La
production artisanale en Afrique, non moins importante, contribue à
aggraver le phénomène.
SECTION II : LA FABRICATION ARTISANALE DES ARMES ET DES
MUNITIONS
La fabrication artisanale ou "fabrication-maison"
illégale d'armes légères existe dans de nombreux pays
à travers le monde. Même si elle représente un segment
mineur dans la production des armes légères face à la
production industrielle plus importante, la fabrication artisanale n'en reste
pas moins significative. Elle se fait sur une petite échelle,
crée une activité économique parallèle et
illégale, qui est réalisée dans de petits ateliers
privés clandestins. Les armes sont de fabrication rudimentaire.
La production artisanale illégale constitue une source
d'approvisionnement d'armes importante pour tous les acheteurs
géographiquement isolés, économiquement pauvres ou sous
embargo. Dans cette partie, l'étude porte sur la production artisanale
dans les pays de l'Afrique Centrale d' une part, et dans les pays africains
hors de la sous-région d'Afrique Centrale d'autre part.
I. La production dans les pays de la
sous-région d'Afrique Centrale
La fabrication artisanale d'armes n'est pas
une activité très développée en Afrique
Centrale. Il existe certes des petits fabricants clandestins
dans tous les pays de la sous-région, mais dont la production est
insignifiante. L'Afrique Centrale est cependant fort malheureusement
entourée de pays où cette activité illégale est
dynamique. Il en est ainsi, par exemple, de l'Afrique du Sud, des pays de
l'Afrique de l'ouest42(*).
Les Etats de la sous-région reçoivent cependant une bonne partie
de ces armes fabriquées localement dans ces pays, à cause de la
perméabilité des frontières qui caractérise les
Etats africains.
II. La fabrication dans les pays africains hors de la
sous-région
Les pays de l'Afrique de l'Ouest ont particulièrement
retenu notre attention. Depuis plus d'une quinzaine d'années, cette
région de l'Afrique est le théâtre de conflits armés
sanglants (Libéria, Sierra Léone, Côte d'Ivoire) qui sont
venus aggraver le phénomène de fabrication artisanale des armes.
Cinq pays s'intéressent particulièrement à cette
fabrication locale illégale : Mali, Niger, Nigeria, Bénin et
Ghana.
Le Mali et le Niger occupent une place non moins
négligeable en matière de fabrication artisanale d'armes. Selon
Mamadou Sékouba KANTE, cité par Chabi Dramane Bouko43(*), auteur de l'ouvrage
« De la fabrication locale d'armes au Mali » :
« ...Plus de 50% des armes qui échappent au contrôle
des Etats... sont des armes de fabrication locale ».
D'après KANTE, en 1996,1997 et 1998, un recensement
fait état respectivement de 2538,3149 et 3176 armes de fabrication
locale dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest.
La production artisanale des armes est aussi excessive au
Bénin, au Ghana et au Nigeria. Selon Chabi Dramane Bouko,
précité, il existe une forte concentration de producteurs locaux
d'armes légères dans le Nord du Bénin, notamment à
Parakou et dans certaines villes du Ghana comme Koumassi et Accra. Au Nigeria,
la fabrication locale des armes légères est très
développée à cause de la recherche du profit facile.
Comme il est aisé de le constater, le
phénomène de fabrication artisanale des armes est très
bien enraciné en Afrique de l'Ouest. Ce qui, à coup sûr,
contribue forcément à la prolifération anarchique des
armes. Bien évidemment, ces armes artisanales produites en Afrique de
l'Ouest ne restent pas sur place. A cause de la porosité des
frontières et de la faiblesse des législations nationales en
matière de transfert d'armes, ces petits engins de la mort atteignent
facilement l'Afrique Centrale.
SECTION III : LES MODES D'ACQUISITION ET LES TECHNIQUES
DE TRANSFERT
L'accumulation excessive des armes légères est
rendue facile par divers modes d'acquisition et des techniques de transfert
multiples.
I. Les modes d'acquisition des ALPC
Il y a lieu de distinguer : les modes d'acquisition
officiels et les modes d'acquisition illicites.
A. Les acquisitions par voie officielle
Ce sont les approvisionnements effectués par les
gouvernements internationalement reconnus. Les acquisitions de l'Etat peuvent
être légales ou illégales.
1. Les acquisitions légales
L'Etat achète les armes en quantité
raisonnable, pour assurer sa défense et sa sécurité en
respectant les normes internationales. Ces acquisitions ne posent pas de
problèmes majeurs.
Cependant l'Etat peut effectuer des achats irresponsables ou
achats sur le « marché gris »44(*). Il s'agit des achats
autorisés par les Nations Unies, mais qui sont d'une
légalité douteuse, du moins du point de vue du droit
international (risque important d'utilisations abusives, répression des
populations par exemple) ou irresponsables à tout autre égard
(risque important de détournement vers des destinataires non
autorisés). En Afrique, il est fréquent de voir que l'Etat
importe des quantités importantes d'armes, mais n'a finalement pas les
moyens adéquats pour contrôler ou garder les stocks. De grandes
quantités de ces armes disparaissent pour se retrouver entre les mains
des bandes criminelles qui causent les souffrances aux populations. Les cas
d'approvisionnements irresponsables sont nombreux en Afrique, surtout dans les
pays affectés par un conflit armé.
2. Les acquisitions illégales
Ce sont les achats d'armes effectués par l'Etat, mais
totalement non conformes à la législation internationale ou au
mépris des mesures restrictives (embargo par exemple) imposées
par les Nations Unies. En d'autres termes, il s'agit de l'approvisionnement
dans le marché noir. Les exemples d'acquisitions illégales
abondent aussi dans le continent africain, en particulier dans la
sous-région d'Afrique Centrale. Il en est ainsi du Soudan. Ce pays, qui
est déchiré par un conflit armé sanglant, a
été frappé par l'embargo de l'Union Européenne le
16 mars 1994 ; mais entre 2001 et 2004, il a importé
illégalement des quantités considérables d'armes de la
France45(*), bien
sûr avec la complicité du gouvernement français.
B. Les acquisitions illicites
Les acquisitions illicites d'armes sont le propre des
structures non étatiques (milices, bandes armées, rebellions,
insurgés, etc.) ou de simples particuliers non autorisés. Ces
trafiquants et bandes criminelles passent par divers moyens pour obtenir les
armes. Ainsi, ils peuvent détourner les armes légalement
achetées par l'Etat. Plusieurs fois les rebelles ont
détourné du matériel militaire destiné aux forces
armées de RDC. Au début du conflit congolais, affirme Georges
Berghezan46(*),
« 315 tonnes d'armes légères, explosifs et
munitions commandées par Kinshasa à la Chine sont
arrivées dans le port tanzanien de Dar-es-Salaam, puis ont
été dirigées sur l'Ouganda et expédiées
à Goma, sous contrôle rebelle »47(*). De même, en septembre
2000, le MLC48(*) se
serait emparé d'importants stocks d'armes légères des
forces gouvernementales.
Parfois, les brigands lancent un assaut-surprise dans les
commissariats, les postes de gendarmerie ou tout autre endroit où sont
gardées les armes (armureries) et récupèrent tout
l'arsenal y compris les munitions. Plusieurs fois au Cameroun, les postes de
police ou de gendarmerie ont été cambriolés par des bandes
de criminels fortement armés. Les armes et les munitions volées
par ces bandits ne sont pas souvent toutes récupérées par
les autorités locales. Ces armes, emportées par les malfrats, ont
certainement déjà servi à beaucoup de braquages
perpétrés dans le pays ces dernières années.
A défaut de casser les magasins d'armes, les brigands
peuvent directement agresser les forces de l'ordre dans les taxis ou dans
leurs domiciles. Les armes49(*) de celles-ci sont par la suite arrachées et
emportées pour alimenter la criminalité.
Ces bandes peuvent se ravitailler directement chez les
fabricants locaux dont la production est en nette croissance et répond
parfaitement à la forte demande.
Au total, tous ces modes d'acquisition contribuent fortement
à l'accumulation excessive des armes et des munitions en Afrique
Centrale.
II. Les techniques de transfert des armes
Les trafiquants d'armes ont l'imagination fertile.
D'après les informations recueillies auprès de certains
individus50(*), ces
trafiquants possèdent plusieurs techniques pour faire voyager leurs
marchandises destructrices. Sont présentées ci-dessous quelques
unes de ces techniques.
1. La technique de décomposition
Elle consiste à décomposer l'arme. Les
composants sont par la suite remis à des amis ou collaborateurs du
trafic criminel qui effectuent un voyage, en dissimulant ces pièces
dans les bagages. A destination les composants sont rassemblés et
l'arme est reconstituée et peut maintenant servir à braquer ou
à tuer.
2. Les techniques de dissimulation
Les armes et les munitions sont cachées dans la
marchandise destinée à être vendue aux populations, par
exemple des pistolets dans les sacs de farine ou de riz ou des munitions dans
les boîtes de conserve.
3. La technique des faux convois d'aide humanitaire
Elle est très pratiquée dans les zones de
conflits armés où justement les populations, victimes des
violences, ont un besoin urgent de l'aide pour alléger leurs
souffrances. Les trafiquants chargent, en quantités
considérables, les camions, et au-dessus posent quelques sacs de riz ou
de cartons de boîtes de conserve pour couvrir la marchandise macabre.
Avec de faux papiers, qu'ils prennent soin de se fabriquer à l'avance et
où il peut, par exemple, être lu : "Aide humanitaire de ...
à destination de ... ; ou ... Secours humanitaire...Laissez-passer,
etc", les trafiquants voyagent tranquillement et arrivent à destination
sans être inquiétés.
4. La technique des faux véhicules administratifs
En Afrique, les véhicules administratifs (pour
autorités civiles, militaires ou de police) ont
généralement un laissez-passer d'office et ne sont presque jamais
interpellés par les forces de l'ordre. Profitant de cette faille
béante, les trafiquants d'armes se font fabriquer de fausses plaques
d'immatriculation administrative qu'ils collent ensuite devant et
derrière les véhicules qui peuvent ainsi passer librement avec
les armes devant tous les postes de contrôles de police, de gendarmerie
ou de douane sans le moindre soupçon de la part de ces forces de
l'ordre, encore moins de la population civile.
5. La technique du faux policier ou du faux gendarme
Elle est proche de la précédente et parfois
même les deux vont ensemble ou l'une complète l'autre. Le faux
policier ou le faux gendarme, souvent haut gradé, s'asseoit à
bord du véhicule en uniforme acquise à l'avance grâce,
naturellement, à une agression ou à un simple vol. Par
solidarité de corps, les vrais gendarmes au contrôle laissent
passer le véhicule suspect sans savoir que celui-ci transporte une
marchandise létale et qu'à bord se trouve un criminel
dangereux.
6. La technique des convois funèbres et des
cercueils
En vertu du respect dû aux morts, les convois
funèbres passent en priorité et librement devant les postes de
contrôle de police ou de gendarmerie. Les corbillards et les cercueils ne
font l'objet d'aucune vérification ; c'est davantage la
pitié qui se lit sur le visage du gendarme ou du policier à
l'approche du corbillard. Malheureusement, ce corbillard ne porte pas toujours
le cadavre ; très souvent à l'intérieur du cercueil
transporté se trouvent, à la place du cadavre, des armes et des
munitions, soigneusement emballées dans un linceul approprié.
C'est une technique macabre très efficace qui permet aux trafiquants de
faire voyager d'énormes quantités d'armes et de munitions.
7. La technique d'utilisation des personnes
vulnérables
Les personnes vulnérables tel que définies par
les Nations Unies, bénéficient d'un traitement
particulièrement favorable de la part de la société. Elles
sont généralement considérées comme les populations
inoffensives et innocentes, donc très loin de commettre un crime ou de
participer à des actes criminels. Ces personnes traversent à cet
effet les contrôles de police et de gendarmerie sans présenter
leurs cartes nationales d'identité. Pourtant, c'est parfois avec ces
personnes vulnérables que les trafiquants d'armes opèrent. Ainsi,
des pistolets et munitions peuvent facilement être emballés avec
les couches d'un bébé et passer inaperçus aux
contrôles de douane ou de police ; des armes peuvent être
confiées aux enfants, aux femmes enceintes, aux handicapés, etc.,
qui ne font presque jamais l'objet de fouilles systématiques.
Au total, la production des ALPC dans le monde aujourd'hui
est extrêmement abondante, ce qui explique donc aussi leur circulation
excessive. Par ailleurs, il y a une infinité de techniques de transfert
d'armes qu'utilisent les trafiquants, mêmes techniques mises en oeuvre
pour le trafic des drogues. Ces techniques réussissent presque à
100% en Afrique à cause de la perméabilité des
frontières, de la corruption des forces de police ou du personnel des
douanes chargés des contrôles aux frontières et à
l'intérieur des Etats. A cela, il faut ajouter le manque de
matériel adéquat (outils de détection et autres) pour
effectuer des contrôles efficaces. Toutes choses qui contribuent
dangereusement à l'accumulation excessive et rapide d'armes et de
munitions dans la sous-région. La troisième et la
quatrième hypothèse se trouvent ainsi confirmées.
CHAPITRE 3 : LES CONSEQUENCES
DE LA PROLIFERATION ET DE LA CIRCULATION ILLICITES DES ALPC DANS LA
SOUS-REGION
Les deux précédents chapitres démontrent
indéniablement que des millions d'armes légères existent
et sont en circulation à travers la planète, et principalement
dans la sous-région d'Afrique Centrale touchée par les conflits
armés plus ou moins éteints. Des milliers d'autres armes
légères sont fabriquées quotidiennement, aussi bien dans
les pays industrialisés que dans les pays en voie de
développement. Des quantités importantes de ces armes sont
exportées de façon excessive et anarchique vers plusieurs pays,
surtout les pays africains affectés ou non par un conflit armé,
parfois au mépris des traités internationaux ou régionaux
ou alors en violation des législations nationales. Les trafics illicites
et les marchés noirs des ALPC sont nombreux et se multiplient en
Afrique comme partout d'ailleurs dans le monde. Naturellement, cette
accumulation excessive et déstabilisante ainsi que cette circulation
illicite et incontrôlée des armes légères
entraînent de graves conséquences dévastatrices, aussi
bien et principalement dans la sous-région d'Afrique Centrale que
partout sur la planète. Dans les développements ci-dessous, ces
conséquences, tirées de cette situation, sont classées en
trois catégories : les conséquences politiques (section
I) ; les conséquences sur la population civile (section II) et les
conséquences humanitaires (section III).
SECTION I : LES CONSEQUENCES POLITIQUES
La circulation illicite et anarchique des
armes légères s'accompagne toujours de graves conséquences
sur le plan politique. Elle entraîne la militarisation de la population
et bloque le dialogue ; elle est le catalyseur des conflits
armés ; elle est enfin source d'instabilité politique.
I. La militarisation de la population civile et l'impossible
dialogue
Le processus de militarisation de la population civile
signifie que les groupes en présence ont décidé de
créer entre eux un rapport de forces au moyen des armements et
d'abandonner systématiquement le terrain de la discussion politique et
de la négociation. La logique armée est rigoureusement
opposée à la logique de la négociation ou de la discussion
politique et dans la plupart des situations concrètes, il y a
incompatibilité entre ces deux processus. Dans plusieurs cas, bien
qu'un accord négocié entre les parties ait pu aboutir à
une solution politique, celle-ci, surtout quand elle ne satisfait pas les
intérêts des uns et des autres, n'a pu être
appliquée, à cause de la persistance de groupes armés
qui ont fait tout pour relancer les troubles ou les combats.
En Afrique, les exemples d'accords avortés sont
nombreux. En 1991, en Angola, pour ne citer que cet exemple, les accords de
Bicesse n'ont pu aboutir à un cessez-le-feu entre les forces
gouvernementales du MPLA51(*) de Eduardo Dos Santos et les troupes rebelles de
l'UNITA52(*) de Jonas
Savimbi, fortement armées par certaines puissances
étrangères53(*). Au Rwanda en 1993, les accords d'Arusha ont
échoué ; ils ont plutôt abouti au génocide
sanglant de 1994. Dans chacun de ces cas, on a sous-estimé l'importance
des armes légères qui ont pu être utilisées par les
factions d'irréductibles, refusant les accords. Aujourd'hui en RDC,
à cause de l'accumulation excessive des armes, il est difficile de
convaincre le mouvement rebelle de Laurent Nkunda de s'asseoir sur la table
de négociation avec le gouvernement de Kinshasa. Les combats sanglants
qui ont repris à l'Est du pays ce mois de décembre 2007 ne sont
que le résultat de la possession illégale des armes à
feu.
De manière plus générale, la
militarisation d'une partie de la société civile fragilise toute
tentative de règlement des différends de manière
pacifique. Chaque incident peut être l'étincelle qui met le feu
aux poudres. Le scénario est classique : « un
fait isolé entraîne des règlements de compte qui provoquent
à leur tour des actes de vengeance aboutissant finalement à des
massacres »54(*). Dans un tel climat, il est difficile, voire
impossible de raisonner ceux qui détiennent des armes. Les
mécanismes de dialogue et de négociation sont rejetés puis
qu'il est plus facile d'atteindre ses objectifs en faisant parler les
armes.
II. Les risques de conflits armés par la
prolifération des armes.
Même si elles ne constituent pas la cause directe des
conflits armés sanglants qui déchirent l'Afrique et d'autres
régions du monde, les ALPC en sont au moins l'élément
catalyseur. Lorsque les populations civiles ou les groupes rebelles se sentent
lésés dans leurs droits et qu'ils possèdent des armes,
ils penchent beaucoup plus à les utiliser pour faire entendre leur voix
qu'à s'asseoir sur la table de discussion. Autrement dit, si en soi ce
n'est pas l'accumulation des armes qui déclenche les guerres civiles, il
n'en demeure pas moins que leur propagation anarchique encourage le recours
à la violence, laquelle est perçue comme une solution aux
différends et tend à envenimer les conflits et à les
rendre plus meurtriers. Le génocide du Rwanda en 1994, par exemple,
aurait pu être évité si les armes n'étaient pas
distribuées à l'avance aux populations55(*). De même, la
rébellion du Nord-est du Tchad contre le pouvoir de Ndjamena ou celle du
Nord Kivu en RDC contre le gouvernement de Kinshasa n'auraient pu être
constituées si les rebelles n'avaient pas reçu d'importantes
quantités d'armes au préalable. Ces rebellions imposent
aujourd'hui aux forces gouvernementales des combats violents qui se soldent
toujours par de nombreuses destructions de vies humaines parmi lesquelles un
grand nombre de civils innocents. D'une manière générale,
toutes les guerres civiles en Afrique, et en particulier dans la
sous-région d'Afrique Centrale, sont le fait d'une propagation
incontrôlée des armes légères. Et comme le fait
remarquer Sayidiman Suryohadiprojo, la sécurité /
l'insécurité a un lien étroit avec la prolifération
des armes : « les problèmes de
sécurité ont toujours été étroitement
liés aux armes. Il y a des nations et des dirigeants qui croient en le
vieil adage romain "si vis pacem, para bellum" (si tu veux la paix,
prépare la guerre). Toutefois, posséder des arsenaux importants
c'est posséder en quelque sorte une épée à double
tranchant. Ces armes peuvent assurer une défense adéquate mais
inciter aussi à recourir plus facilement à la violence. Un pays
doté d'armes peut devenir agressif, en particulier si ses dirigeants se
sont fixés des objectifs nationaux très ambitieux. On ne peut
donc que conclure que les problèmes de sécurité sont
susceptibles de dégénérer en guerres ou au recours
à la violence lorsque de grandes quantités d'armes sont
disponibles »56(*)
III. L'instabilité politique : la fréquence
des coups d'Etat.
L'Afrique est un continent caractérisé par une
grande instabilité politique à cause de nombreux coups d'Etat
dont il fait l'objet depuis les indépendances jusqu'à nos jours.
Au total, fait observer Michel KOUNOU, « entre 1963 et 2003,
l'Afrique aura enregistré une centaine de coups d'Etat militaires ou de
rebellions sanglantes d'une grave importance, dont pas moins de quatre-vingt
sept réussis. »57(*)
Généralement, les experts en polémologie
s'attachent aux causes directes58(*) pour expliquer ces coups de force, en laissant de
côté les facteurs indirects (qui influent aussi et peut-être
même plus fortement) que sont, par exemple, l'accumulation et la
circulation des armes. Entre1994 et 2004, l'Afrique Centrale a
été fortement secouée par les coups d'Etat ratés
ou réussis ou des mutineries majeures, en nombre et en fréquence,
comme le montre le tableau ci-dessous :
TABLEAU 5 : Coups d'Etat et mutineries
majeures en Afrique Centrale (1994-2004)
Années
|
pays
|
1994
|
Rwanda
|
1995
|
Centrafrique, SaoTome et Principe
|
1996
|
Burundi, Centrafrique
|
1997
|
Burundi, Centrafrique**, Zaïre, Congo-Brazaville
|
1998
|
--------
|
1999
|
-------
|
2000
|
RDC
|
2001
|
RDC, Burundi*, Centrafrique
|
2002
|
Centrafrique
|
2003
|
Centrafrique, Sao Tome et Principe
|
2004
|
RCA, Tchad ; RDC
|
* doublé au cours de la
même année
**triplé au cours de la même
année
Source : Extrait du tableau
élaboré par Michel KOUNOU dans l'ouvrage précité,
P.22.
Ces coups de force sont, certes, la réaction violente
des populations ou des groupes rebelles face aux frustrations, injustices et
à la mauvaise gouvernance des dirigeants africains ; mais ils sont
aussi, et peut-être surtout dus au fait que les armes circulent librement
au sein des populations.
Il faut d'ailleurs remarquer que 1994-2004 est une
période où presque tous les rapports des Nations Unies (que ce
soit ceux du Secrétaire Général ou ceux des organismes
spécialisés comme l'UNICEF, le HCR, le PNUD, etc.) ou des
ONG59(*) qui oeuvrent dans
les droits de l'homme, sont unanimes à l'idée que les armes
légères circulent de manière anarchique et
incontrôlée en Afrique et principalement dans la
sous-région d'Afrique Centrale. Par conséquent, il faut arriver
à la conclusion selon laquelle l'accumulation et la circulation
illicites des ALPC est une source permanente d'instabilité politique en
Afrique Centrale.
SECTION II : LES CONSEQUENCES SUR LA POPULATION CIVILE
L'accumulation excessive des armements a
également des conséquences dévastatrices sur le plan
individuel. Elle aggrave l'insécurité, accroît le nombre
de victimes ; elle augmente aussi le nombre de réfugiés et
de déplacés. Elle constitue par ailleurs un frein pour le
développement.
I. L'accroissement du nombre de victimes civiles
Les conséquences des armes légères au
niveau de la population sont incalculables et dévastatrices, surtout en
Afrique Centrale. La dizaine de conflits armés majeurs, qui se sont
déroulés en Afrique depuis le début des années
1980, ont été extrêmement meurtriers et sanglants. Il
s'agissait à chaque fois de guerres civiles violentes et sanglantes
impliquant de nombreux groupes armés, dotés dans la plupart des
cas essentiellement d'armes légères. Dans ces conflits, les
civils, qui sont pris pour cible délibérée au
mépris du droit international humanitaire60(*) et des droits de l'homme,
représentent une proportion élevée de victimes. On estime
à environ 90% de civils, non impliqués dans la guerre et non
armés, tués dans les conflits armés ces dernières
années. Parmi eux, les femmes et les enfants sont les plus nombreux.
Plus de deux millions d'enfants ont été tués ces dix
dernières années au cours de conflits où des armes
légères ont été abondamment utilisées,
près de 5 millions sont handicapés et beaucoup ont
été enrôlés de force parmi les combattants et
contraints de participer aux hostilités.
S'agissant particulièrement du génocide
rwandais, il semble que les massacres qui ont débuté au lendemain
du 6 Avril 199461(*)
avaient été soigneusement préparés. Des listes de
personnes à abattre auraient été établies et des
armes légères auraient été distribuées aux
milices proches du pouvoir en place. Ces groupes armés, soigneusement
protégés par les forces armées rwandaises, ont
commencé à tuer sauvagement les civils. Ensuite, ces
éléments armés ont mobilisé une partie de la
population et l'ont forcée à continuer les massacres qui se sont
déroulés au moyen d'armes légères et d'armes
blanches, notamment les lances et les machettes. Selon Bernard
ADAM, « la population dotée d'armes blanches n'a pu
réaliser ces tueries que grâce à l'encadrement des milices
armées qui soit les obligeaient à perpétrer les massacres,
soit ont créé un sentiment d'impunité en les
protégeant. »62(*) Bien qu'il soit difficile de déterminer avec
précision le nombre de personnes tuées par balles dans cette
guerre d'une extrême atrocité, il y a lieu cependant de dire que
le nombre de victimes aurait été considérablement moins
important si les milices n'avaient pas été
équipées d'armes à feu. Au Burundi, en Ouganda, en RDC, en
Angola, etc., qui ont connu aussi des guerres atroces, les
conséquences au niveau de la population ont été aussi
dévastatrices à cause des armes légères comme le
montre le tableau ci-dessous.
TABLEAU 6: Nombre de
victimes dans les conflits en Afrique après 1980 (évaluation
à fin 1995)
Pays
|
Population (1995)
|
Durée
|
Estimation des victimes
|
Soudan
|
28 millions
|
1983-
|
500 000 à 1 million
|
Ethiopie
|
54 millions
|
1970-1991
|
450 000 à 1 million
|
Mozambique
|
15 millions
|
1979-1992
|
450 000 à 1 million
|
Angola*
|
10 millions
|
1975-1991
1992-1994
|
300 000 à 500 000
500 000
|
Ouganda*
|
20 millions
|
1980-1987
|
100 000 à 500 000
|
Somalie
|
9 millions
|
1982-
|
400 000 à 500 000
|
Rwanda*
|
7millions
|
1994
|
500 000 à 1 million
|
Burundi*
|
6 millions
|
1972
1988
|
100 000 à 300 000
250 000
|
Libéria
|
3 millions
|
1987-
|
200 000
|
Sierra Léone
|
3 millions
|
1991
|
50 000
|
* Pays de la sous-région d'Afrique
Centrale.
Source : Documents du GRIP,
1997.
II. L'accroissement de l'insécurité
La propagation et le commerce illicites des
armes légères constituent une grave menace pour la paix et la
sécurité en Afrique Centrale. Tous les pays de la
sous-région, sans exception, sont durement affectés aujourd'hui
par le phénomène du grand banditisme, urbain et rural, à
cause de la circulation anarchique des armes. Les braquages à mains
armées sont devenus monnaie courante. Presque chaque jour, quelque part
en Afrique Centrale, une personne est agressée par des bandes de
malfrats fortement armés, ou tombe sous les balles d'une arme à
feu. Le phénomène des « coupeurs de
route »monte en puissance dans tous les pays. A cause de la
circulation anarchique des armes, s'observe de plus en plus une
insécurité transfrontalière.
Au Cameroun par exemple, Samuel Mvondo Ayolo63(*) fait remarquer que les armes
légères « sont la source du grand banditisme et de
l'insécurité qui règnent dans toute la région
d'Afrique Centrale »64(*). Il fait savoir que dans la région du Nord
Cameroun la trop grande circulation de ces armes favorise certainement le
phénomène des coupeurs de route qui y sévit. Il affirme
que des bandits, avec une ou deux armes légères, barrent pendant
quelques minutes une route bien fréquentée et dépouillent
tous les véhicules et les voyageurs qui passent sur cette route à
cet instant précis. Ils vont parfois même jusqu'à violer
des femmes et tuer les conducteurs qui leur tiennent tête. Le 03
septembre 2007, par exemple, dans le village Babororo, dans l'Extrême-
nord du Cameroun, des bandits armés avaient pris en otage un
éleveur de boeufs, exigeant, pour le libérer, une rançon
de cinq millions de francs CFA (environ 12000 dollars US ou 7587,254 euros). Au
cours du violent accrochage qui a eu lieu par la suite entre les
éléments du Bataillon d'Intervention Rapide et les bandits, le
berger a reçu dans sa jambe droite une balle tirée par les
malfrats. Dépassés par la riposte des militaires, les bandits ont
abandonné une impressionnante armada militaire qui laisse penser
à l'armement d'un bataillon militaire en déplacement.
Ce Kidnapping de l'éleveur Camerounais rappelle un peu
les prises d'otages spectaculaires qui se produisent en Occident ou dans les
régions traditionnelles pour ce genre de criminalité :
Afghanistan, Irak par exemple. Il s'agit là des signes annonciateurs du
terrorisme international qui, si rien n'est fait d'ici là en
matière de lutte contre la circulation anarchique des ALPC, va se
propager dans la sous-région pour le grand malheur des populations.
D'ailleurs, ce cas précité n'est pas l'unique exemple au
Cameroun. D'autres cas similaires se sont produits dans le passé,
notamment dans la province orientale du Cameroun.
Le Cameroun n'est pas le seul à connaître ce
genre de fait, d'autres pays de la sous-région en sont tous les jours
victimes, surtout les pays touchés par les affrontements armés
(Tchad, RDC).
III. Le problème de réfugiés et de
déplacés
Les armes légères entraînent un autre
problème tout aussi grave : la prolifération des
réfugiés et des personnes déplacées.
L'atrocité et la violence des combats à l'arme
légère dans les pays touchés par la guerre font fuir les
populations civiles. A la recherche d'un abri, ces populations, affamées
et souffrant de blessures profondes ou légères ou d'autres
maladies chroniques, se déplacent en masse. Elles s'installent à
l'intérieur du pays, dans des endroits qui connaissent un calme
relatif, ou alors elles traversent les frontières. Quelque soit le lieu
où ces populations élisent domicile, la situation n'est
guère différente, les conséquences sont les
mêmes : décès en masse à cause de la famine,
des maladies difficiles à soigner faute de médicaments.
Les réfugiés constituent un gros fardeau et un
grand danger pour la sécurité dans les pays d'accueil.
Très souvent, ces réfugiés sont d'anciens combattants qui
ont réussi à conserver leurs armes. A la recherche des moyens de
subsistance, ils quittent les camps avec leurs armes et se transforment en
agresseurs sanguinaires. A défaut d'agir seul, le réfugié
armé intègre les bandes de malfrats locales. Au Cameroun, par
exemple, la situation est très préoccupante ; les agressions
à mains armées sont récurrentes, surtout dans la partie
septentrionale. Dans plus de 50% de braquages perpétrés dans
cette partie du pays, les auteurs sont les étrangers ou les
réfugiés en provenance du Tchad ou de la RCAou même du
Darfour (Soudan). La situation qui s'aggrave de jour en jour inquiète
les autorités locales. C'est d'autant plus inquiétant parce que
les femmes sont parfois parmi les assassins.
SECTION III : LES CONSEQUENCES HUMANITAIRES LIEES A LA
CIRCULATION DES ARMES LEGERES
Les ALPC entraînent deux types de conséquences
sur le plan humanitaire : la difficile action de la communauté
internationale d'une part, et le blocage pour secourir les victimes des armes
légères d'autre part.
I. La difficulté d'agir de la communauté
internationale
Face aux conséquences dévastatrices de la
guerre, la communauté internationale a souvent été
sollicitée pour opérer des médiations afin
d'arrêter les conflits armés en Afrique, notamment en
déployant les forces de maintien de la paix. Cependant, face aux groupes
armés, à l'escalade de la violence et aux atrocités
observées dans les conflits africains, tous les responsables militaires
de ces opérations sont unanimes pour souligner la difficulté de
leur mission. Cette déshumanisation croissante des conflits a
semblé aboutir au découragement et au désengagement des
Nations Unies dans leur action de rétablissement de la paix et de la
sécurité dans les années 1990.
L'échec des opérations des Nations Unies
ONUSOM65(*) en Somalie et
MINUAR66(*) au Rwanda est
entièrement imputable au fait qu'il n'a pas été possible
de désarmer les milices régulièrement et abondamment
approvisionnées en petits engins de la mort.
S'agissant particulièrement de la Somalie, après
l'échec de l'opération ONUSOM I au cours de laquelle, faute de
moyens suffisants, il ne fut pas possible de désarmer les combattants,
le gouvernement américain a lancé l'opération Restore
Hope. Mais, contre toute attente, les dirigeants américains se sont
opposés à ce projet de désarmement qui a finalement
été confié aux casques bleus de l'ONUSOM II à
partir de mai 1993. Pourtant, les Américains, à ce moment,
avaient suffisamment les moyens ; certainement ils ont dû renoncer
à cause de la cruauté des combats sur le terrain. L'ONUSOM II
fut à nouveau un échec total : le désarmement ne put
avoir lieu et l'ONU dut se désengager face à la violence
sanguinaire des combats et contrainte « d'abandonner la Somalie
à ses propres démons »67(*), pour reprendre Anatole
Ayissi.
De même au Rwanda, le conseil de sécurité,
constatant l'incapacité des parties au conflit à respecter les
clauses de l'Accord de paix d'Arusha, relatives au cessez-le-feu et surtout la
montée de la violence des armes, prit la décision de
réduire la force de Maintien de la paix. De 2545 hommes, cette force ne
devait rester qu'un petit groupe restreint. En Angola, où la violence
des armes s'est aussi amplifiée, l'Organisation Mondiale prit la
même décision. Au Libéria, en Sierra Léone, en RDC
ou au Burundi, l'action de l'ONU en faveur de la paix s'est également
estompée à cause de la violence, alimentée par les armes
légères.
La conséquence de ce
« désengagement » de la communauté
internationale en Afrique est dramatique : le prolongement des combats
dans certains de ces pays (Soudan, Somalie) ou la reprise des hostilités
dans d'autres (RDC), et donc le prolongement et la reprise des souffrances de
la population civile.
En somme, l'accumulation excessive des armes
légères empêche la communauté internationale
à rétablir la paix et à limiter les souffrances des
populations.
II. Les entraves à l'acheminement de l'aide
humanitaire
Les conflits armés, conséquence de l'abus
d'armes, multiplient le nombre de personnes qui ont de plus en plus besoin de
l'assistance et de l'aide humanitaires. Face aux souffrances des populations,
la communauté internationale est toujours prête à se
mobiliser pour secourir les nécessiteux. Malheureusement et très
souvent, l'aide humanitaire ne parvient pas toujours à ces derniers
à cause des groupes paramilitaires et autres milices armées qui
empêchent la circulation des convois humanitaires ou détournent
l'aide, dans le meilleur des cas. De tels actes inhumains et de tels
agissements, contraires au Droit International Humanitaire, sont très
fréquents en RDC. Caritas Congo, une association humanitaire
basée dans ce pays en guerre, raconte ce qui
suit : « Il a ainsi été
difficile de distribuer normalement de l'aide humanitaire dans le district de
l'Ituri, en province orientale : l'équipe a dû parfois
distribuer cette aide "sous les crépitements des balles". Au Nord-Kivu,
une autre équipe n'a pu organiser ni la foire aux semences d'août
- septembre 2005, ni une distribution humanitaire à Luofu, à
cause de la présence des Forces Démocratiques pour la
Libération du Rwanda (FDLR) et des Interhamwe. Après les
affrontements entre soldats loyalistes et militaires d'origine rwandophone,
autour de la localité de Kanyabayounga (au Nord-Kivu), Caritas Butembo
a accompagné une mission de l'office de coordination de l'aide
humanitaire des Nations Unies (OCHA) à Miriki pour secourir les
réfugiés : au retour, l'équipe est tombée sur
des hommes armés qui ont ravi tous les biens personnels de
l'équipe. De tels exemples sont nombreux. »68(*)
Le pire des cas se produit lorsque les milices se mettent
à massacrer les équipes de secours. CEREBA69(*), une autre ONG basée en
RDC, apporte le témoignage suivant : « Le travail de
terrain est devenu très difficile, car les animateurs peuvent
être attaqués à tout moment par les hommes en uniforme. Des
précautions insuffisantes peuvent être lourdes de
conséquences. Les animatrices qui s'occupent de l'identification et du
soutien psychologique aux femmes victimes de violences sexuelles, se rendent de
moins en moins dans les villages, craignant d'être violées par les
hommes en armes : cela s'est produit à Nyamilima, Rutshuru,
où une de nos animatrices a été violée en 2003. Les
centres d'alphabétisation à Binza sont fermés depuis 2003,
du fait de la présence d'hommes armés dans le secteur. On
enregistre des attentats sporadiques qui provoquent la suspension des travaux
dans les villages riverains du parc national des Virunga. Il y a cinq mois, un
de nos animateurs de développement a été abattu par les
hommes armés non identifiés. Les activités de terrain ont
été réduites de plus de 60% dans les zones
rurales. »70(*)
Ces tristes exemples de la RDC se produisent
fréquemment ailleurs dans d'autres zones de conflits armés
où circulent abondamment les armes légères.
Au total, les ALPC qui affluent de façon
incontrôlée dans les zones de conflits armés constituent
un obstacle majeur pour l'acheminement des secours et de l'aide humanitaires.
Il faut ajouter aussi que la circulation des ALPC a un impact négatif
sur les activités économiques dans la sous-région :
désinvestissements massifs, hésitation des hommes d'affaires
à investir à cause de l'insécurité
créée par les armes, surtout dans les zones d'hostilités.
D'où l'accroissement de la pauvreté, autre
insécurité majeure qui menace les populations.
En définitive, les conséquences liées
à la prolifération et à la circulation illicites des ALPC
sont extrêmement dévastatrices au sein des populations civiles
dans la sous-région. Dès lors, est ainsi vérifiée
la cinquième hypothèse de recherche, à savoir :
l'accumulation excessive et la circulation illicite des armes
légères en Afrique Centrale entraînent de graves
conséquences humanitaires, politiques et sur la population civile.
D'où l'urgence de réduire considérablement le flux de ces
armes et de trouver des solutions adéquates pour limiter les
souffrances humaines.
DEUXIEME PARTIE : LES MECANISMES DE CONTROLE DES ALPC
La prolifération et la circulation illicites des ALPC
sont un fléau aux conséquences désastreuses en Afrique
Centrale comme il a été démontré plus haut.
D'où la nécessité de le combattre d'une manière
décisive en mettant en place des mécanismes de contrôle
efficaces de ces armes. Les Etats de la sous-région et la
communauté internationale, conscients des effets destructeurs de ces
petites armes, s'activent depuis des années pour lutter contre ce mal,
mais sans parvenir aux résultats escomptés. Jusqu'aujourd'hui,
les armes continuent de circuler abondamment en Afrique Centrale et à
faire de nombreuses victimes. Il faut donc examiner ces mécanismes pour
comprendre les raisons de leur inefficacité. Ainsi, dans cette
deuxième partie, l'étude se penche sur les mécanismes de
contrôle des ALPC en deux chapitres. L'un est consacré
à la présentation de ces mécanismes (chapitre 4) ;
l'autre fait une analyse critique desdits mécanismes (chapitre 5).
CHAPITRE 4: PRESENTATION DES
MECANISMES DE CONTROLE DES ALPC
Les précédents chapitres ont permis de mesurer
l'ampleur du phénomène de la prolifération et de la
circulation illicite des ALPC à travers le monde et principalement dans
la sous-région d'Afrique Centrale. Il est apparu que la propagation et
le commerce illicites en sont anarchiques, avec des conséquences
incalculables sur tous les plans. Des initiatives visant à combattre et
à éradiquer ce fléau ont été prises, tant au
niveau international (section I) qu'au niveau de la sous-région
même (section II), ainsi que dans d'autres régions (section III)
du monde.
SECTION I : LES MECANISMES DE LUTTE AU NIVEAU
INTERNATIONAL
L'ancien secrétaire
général des Nations Unies, Kofi Annan, assimile les armes
légères aux « armes de destruction massive »,
au vue d'importantes pertes en vies humaines causées par ces petits
engins de la mort. Pourtant, contrairement à ce qui a été
fait pour les armes chimiques, biologiques, bactériologiques et
nucléaires, aucun régime de non-prolifération de ces armes
n'a encore été mis en place, certains Etats, qui tirent grand
profit de la vente des armes, s'opposant à un tel régime.
Néanmoins, depuis le milieu des années 90,
l'Assemblée Générale des Nations Unies a inscrit la
question des ALPC parmi les priorités internationales, dans un souci
d'éradiquer le fléau du trafic illicite des armes
légères. Au niveau des Nations Unies, plusieurs initiatives
contre les ALPC ont été prises ces dernières
années.
I. Le Protocole des Nations Unies contre la fabrication et le
trafic illicite d'armes à feu, de leurs pièces,
éléments et munitions
Il est adopté par l'Assemblée
Générale des Nations Unies le 31 Mai 2001. L'objet de ce
protocole est de promouvoir, de faciliter et de renforcer la
coopération entre les Etats parties en vue de prévenir, combattre
et d'éradiquer la fabrication et le trafic illicites des armes à
feu.
Le protocole demande aux Etats parties d'adopter, dans le
respect de leurs systèmes juridiques nationaux, les mesures
nécessaires pour empêcher le trafic illicite par des personnes non
autorisées et d'établir un système de
réglementation concernant les courtiers et leurs activités,
notamment en leur exigeant les licences et autorisations pour pratiquer le
courtage.
Le protocole appelle les Etats à mettre en place des
législations et réglementations garantissant l'efficacité
des systèmes de licences ou d'autorisations d'exportation, d'importation
et de transit. Avant chaque octroi des licences et d'autorisations
d'exportation, les Etats doivent s'assurer que les importateurs ont
délivré des licences ou autorisations d'exportation où
figurent certaines informations : dates de délivrance et
d'expiration, exportateur et importateur, destinataire final,
désignation et quantité des cargaisons, etc. Il est aussi
demandé aux Etats de prendre les mesures permettant de fournir et de
conserver les informations nécessaires (marquages, dates de
délivrance et d'expiration des licences ou autorisations établies
lors des transactions internationales, les pays d'exportation, d'importation et
de transit) pour permettre le traçage et l'identification des armes et
d'en vérifier l'authenticité.
Le Protocole incite enfin les Etats parties à exiger un
marquage des armes lors de leur fabrication ou importation, d'appliquer
certains principes quant à la neutralisation des armes illicites saisies
et de prévenir et d'éliminer les vols, pertes,
détournements, fabrications et trafics illicites, notamment par un
contrôle efficace des importations, exportations et une
coopération transfrontalière entre services de police et
douaniers et l'échange d'informations concernant les groupes criminels
participant au trafic d'armes, leurs méthodes, etc. Par rapport aux
instruments antérieurs, cette disposition est un progrès
significatif, car dans le passé, les informations concernant les
origines, les destinataires finaux des cargaisons d'armes illicites,
étaient aux mains des Etats, capables de recueillir ces
données, elles restaient presque exclusivement connues par les
organismes nationaux, régionaux et internationaux chargés du
respect des lois et de la prévention de la criminalité71(*). Le protocole favorise
maintenant la coopération transfrontalière entre services de
police et de douane.
II. Le Programme d'Action des Nations Unies sur les ALPC
La première conférence de l'ONU sur les armes
légères, en Juillet 2001, a eu pour objectif de s'accorder sur
un programme d'action en vue de prévenir, combattre et éradiquer
le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Au
terme des négociations, l'Assemblée Générale a
adopté ce Programme d'Action en décembre 2001.
Le Programme d'Action est le prolongement du protocole de mai
2001 engageant les Etats qui y souscrivent à adopter les règles
concrètes de contrôle des exportations, importations, de
traçage, de coopération à tous les niveaux. Ce Programme
incite les Etats à partager entre eux les informations exigées
dans le Protocole. Un organisme national unique chargé d'assurer la
liaison avec d'autres Etats parties pour les questions relatives au protocole
doit être désigné à cet effet.
En outre, le Programme appelle à une assistance entre
Etats en matière de gestion et sécurité des stocks, de
destruction d'armes légères, de formation des personnels de
sécurité, d'entraide judiciaire et de désarmement.
Enfin, le Programme appelle également les Etats
à coopérer en matière de traçage des armes. Ces
coopérations des Etats parties entre eux, mais aussi avec les
organisations internationales, les fabricants, négociants, importateurs,
exportateurs, courtiers et transporteurs d'armes, peuvent se faire au niveau
bilatéral, régional et international.
III. L'instrument de l'ONU sur la traçabilité
des ALPC
En décembre 2005, l'Assemblée
Générale de l'ONU a adopté l'instrument international sur
la traçabilité des ALPC, en application de la recommandation
contenue dans le Programme d'Action de juillet 2001. Cet instrument est un pas
important dans le cadre des mesures visant à combattre la
prolifération des ALPC. Il renforce les normes internationales en
matière de marquage et d'enregistrement et établit pour la
première fois un mécanisme de traçage au niveau global.
L'instrument international donne une définition claire
des ALPC. Cette définition est importante, car elle distingue nettement
les armes de petit calibre des armes légères72(*) et ce pour la
première fois dans un instrument international comme le fait remarquer
Ilhan Berkol73(*),
chargé de recherche au GRIP.
L'instrument comporte d'autres définitions, notamment
celles relatives au traçage, marquage, à l'enregistrement.
L'enregistrement contient l'information sur le marquage de l'arme avec son
historique depuis la fabrication. Il permet de suivre l'arme à tout
instant. Par ailleurs, l'instrument donne la définition d'ALPC
illicites dans son paragraphe 6 (a).
L'instrument de l'ONU sur la traçabilité des
ALPC est un progrès considérable dans la lutte contre la
prolifération des armes légères. Il améliore les
normes existantes, principalement en matière de définitions, la
coopération entre les Etats et le marquage.
SECTION II : LES INITIATIVES SOUS-REGIONALES CONTRE LA
PROLIFERATION DES ALPC
Au niveau de la Sous-région, beaucoup
d'initiatives contre la prolifération illicite des ALPC ont
été engagées au début des années 1990, soit
en application des normes internationales ou des recommandations des Nations
Unies ou des résolutions prises à l'échelle continentale,
soit en application des dispositions spécifiques des accords sous
-régionaux.
I. Le conseil de paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale.
Les pays de la CEEAC, conscients des conséquences
dévastatrices causées par les armes légères sur
tous les plans et profondément préoccupés par la
prolifération et la persistance des crises politiques et des conflits
armés qui constituent une menace contre la paix et la
sécurité dans la sous-région, ont créé, le
25 février 1999, le Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale (COPAX).
Le COPAX a pour objectifs, entre autres, oeuvrer au
renforcement de la paix et de la sécurité
sous-régionale ; développer et intensifier la
coopération sous-régionale en matière de défense et
de sécurité. A ce titre, le COPAX, comme dispose l'article 6 (a),
veille au renforcement de la coopération dans les secteurs de la
prévention des conflits, de l'alerte rapide, des opérations de
maintien de la paix, de la lutte contre les crimes transfrontaliers, le
terrorisme international, la prolifération anarchique et le trafic
illicite des armes, des munitions, des explosifs et de tous les autres
éléments connexes.
Parmi les instances dirigeantes du COPAX, il y a la commission
de défense et de sécurité (article 7). C'est un organe
consultatif composé des représentants74(*) des Etats membres. La
commission est chargée, entre autres, de l'examen de la stratégie
de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes à
l'échelon sous-régional (article 16). Dans le cadre de la mise
en oeuvre des objectifs sus-évoqués, les moyens suivants ont
été créés au sein du COPAX :
· Le Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique
Centrale (MARAC) ;
· La Force Multinationale de l'Afrique Centrale
(FOMAC).
Le MARAC est un mécanisme d'observation, de
surveillance, de prévention des crises et conflits. Il est chargé
de la collecte et de l'analyse des données aux fins de la
prévention des crises et des conflits (article 21), ce qui sous-entend
donc la collecte des données sur la circulation illicite des ALPC, cause
plus ou moins directe des guerres en Afrique Centrale.
La FOMAC, quant à elle, est une force constituée
par des contingents nationaux interarmées et police et des modules
civils des Etats membres de la CEEAC en vue d'accomplir des missions de paix,
de sécurité et d'assistance humanitaire. Elle est chargée,
entre autres, des missions suivantes : observation et surveillance ;
développement de la paix, désarmement et
démobilisation ; activités de maintien de l'ordre, y compris
la lutte contre la fraude et le crime organisé ; activités
de police, y compris la lutte contre la fraude et la criminalité
(article 24 ou article 2 du règlement intérieur de la
FOMAC).
Au vue de ce qui précède, il est donc
aisé de voir que la FOMAC poursuit des missions qui visent à
combattre le fléau de la circulation illicite des armes
légères. Car, en luttant contre le crime organisé et la
criminalité, la FOMAC cherche à éradiquer le trafic
illicite des ALPC, considéré effectivement comme la grande
criminalité.
II. La mise en oeuvre du Programme d'Action des Nations Unies
par les pays de la CEEAC
Les Nations Unies ont élaboré un Programme
d'Action sur les armes légères en juillet 2001. Les Etats membres
de la CEEAC se sont engagés depuis cette date à
développer un programme d'activités de mise en oeuvre de ce
Programme d'Action des Nations Unies. Le programme d'activités de la
sous-région prend en considération sept domaines
d'activités prioritaires. Il s'agit de :
1- la mise en place d'une commission
nationale/structure nationale de coordination des politiques de lutte contre la
prolifération des armes légères ;
2- la collecte et la destruction des
armes ;
3- la mise à jour, le renforcement
et l'harmonisation des législations, réglementations et
procédures administratives nationales sur le port, l'utilisation, la
fabrication et la vente des armes légères et munitions ;
4- le renforcement des capacités des
institutions de sécurité dans le contrôle des armes
légères ;
5- la promotion de la transparence dans le
contrôle des armes légères par l'établissement d'un
registre des armes et d'une banque de données ;
6- la promotion du rôle de la
société civile dans la lutte contre la prolifération et la
circulation illicites des armes légères ;
7- le renforcement de la coopération
transfrontalière dans le domaine du contrôle de la circulation
illicite des armes légères.
Pour rendre opérationnelles ces activités, le
calendrier ci-dessous a été élaboré :
TABLEAU 7. : Calendrier de mise en oeuvre
du programme des activités de la CEEAC dans le cadre de l'application du
Programme d'Action des Nations Unies sur les armes légères
Activités
|
Institutions / agences/
Organismes d'exécution
|
Périodicité
|
1- la mise en place d'une commission nationale
/Structure nationale de coordination des politiques de lutte contre la
prolifération des armes légères
|
Etats membres,
Secrétariat Général de la CEEAC
|
Action immédiate Mai 2003 -
Novembre 2003
|
2- la collecte et la destruction des
armes
|
Commissions / Structures nationales, Société
Civile
|
Mai 2003 -
Juillet 2005
|
3- la mise à jour, le renforcement et
l'harmonisation des législations, réglementations et
procédures administratives nationales sur le port, l'utilisation, la
fabrication et la vente des armes légères
|
Etats membres,
Commissions nationales, Secrétariat
Général de la CEEAC, Société Civile
|
Mai 2003 -
Juillet 2005
|
4- le renforcement des capacités des
institutions de sécurité dans le contrôle des armes
légères
|
Etats membres,
Secrétariat Général de la CEEAC
|
Mai 2003 -
Juillet 2005
|
5- la promotion de la transparence dans le
contrôle des armes légères par l'établissement d'un
registre des armes et d'une banque de données
|
Etats membres,
Commissions nationales, Secrétariat
Général de la CEEAC
|
Mai 2003 -
Novembre 2004
|
6- la promotion du rôle de la
société civile dans la lutte contre les armes
légères ;
|
Société Civile,
Commissions nationales,
|
Mai 2003 -
Juillet 2005
|
7- le renforcement de la coopération
transfrontalière dans le domaine du contrôle de la circulation
illicite des armes légères
|
Etats membres,
Secrétariat Général de la CEEAC,
Société Civile
|
Mai 2003 -
Juillet 2005
|
Source : Document de base de la
20e réunion ministérielle du Comité Consultatif
Permanent des Nations Unies sur les questions de Sécurité en
Afrique Centrale, tenu à Malabo, (Guinée Equatoriale), 27-31
octobre 2003.
III. L'accord de coopération en matière de
Police Criminelle en Afrique Centrale
La maîtrise du flux des armes légères et
des minutions est rendue difficile par la facilité de leur
dissimulation, par la porosité des frontières et l'insuffisance
des moyens des Etats. Une coopération renforcée entre les
services de sécurité des pays de la sous-région
s'avère nécessaire dans ce cas, de même que
l'échange d'informations permanent entre ces services. C'est la raison
pour laquelle les pays de l'Afrique Centrale ont pris des initiatives allant
dans le sens du renforcement de la coopération en matière de
sécurité ces dernières années. Un accord de
coopération en matière de police criminelle a donc
été signé à Yaoundé en Avril 1999. Cet
accord est une action concrète menée par le Comité des
Chefs de Police d'Afrique Centrale (CCPAC) qui a pour objectif essentiel de
promouvoir l'échange d'informations policières permettant de
réduire les activités criminelles menées par les bandes
armées et les coupeurs de route, acteurs de la circulation illicite des
armes et des munitions.
IV. La Déclaration de Nairobi sur le problème de
la prolifération des armes légères illicite dans la
région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique.
Elle est signée en mars 2000 et met en place une
stratégie à la fois globale et diversifiée entre dix pays
de la sous-région75(*). Cette stratégie vise aussi bien
l'amélioration des lois et réglementations nationales concernant
la fabrication, le commerce, l'acquisition, la possession et l'usage d'armes
légères, que la réalisation de programmes de collecte et
de destruction d'armes, ou encore une coopération renforcée entre
les services de police, de renseignement, des douanes et des contrôles
aux frontières. Cette déclaration envisage un large partenariat
entre gouvernements, organisations multilatérales et
représentations de la société civile. Il faut
préciser qu'en avril 2004, les ministres des Etats signataires ont
adopté le Protocole de Nairobi, juridiquement contraignant.
La Déclaration et le Protocole de Nairobi
méritent d'être soulignés ici comme faisant parties des
éléments de stratégie sous-régionale contre les
ALPC. Car en réalité, les actes de criminalité ou les
conflits armés en Afrique Orientale peuvent toucher ou touchent
directement ou indirectement les pays76(*) de l'Afrique Centrale. Les décisions ou les
mesures qui peuvent être prises dans cette sous-région sensible du
continent concernant la lutte contre la circulation illicite des armes,
intéressent l'Afrique Centrale. La CEEAC doit prendre ces
décisions et ces mesures au sérieux, au besoin, envoyer un
observateur ou un représentant chaque fois qu'il est question d'un
débat sur les ALPC dans cette partie de l'Afrique.
V. Le Programme d'Action coordonné sur la
prolifération des armes légères illicites dans la
région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique
Adopté en Novembre 2000, ce programme vise à
établir un cadre, institutionnel et opérationnel, pour mener des
actions durables. Il prévoit également des mesures
législatives minimales à prendre dans chaque Etat, des efforts de
collecte et de destruction d'armes, l'enregistrement et le contrôle de
toutes les armes (appartenant à l'Etat, aux civils ou aux
sociétés de sécurité), et enfin une
coopération avec l'ONU, les organisations régionales,
sous-régionales et la société civile.
Ce Programme intéresse aussi au plus haut point les
pays de l'Afrique Centrale dans la lutte contre le trafic des armes, tout comme
les initiatives ci-après.
VI. Le protocole sur le contrôle des armes à feu,
des munitions et des autres matériels connexes de l'Afrique Australe
Cette initiative a été signée, en
août 2001, par 16 pays d'Afrique Australe, dont la RDC. Il s'agit d'un
engagement à caractère juridiquement contraignant, qui porte sur
la détention d'armes par les civils. Ce Protocole prévoit une
série de mesures renforçant les législations. Il constitue
un engagement légal de coopérer dans la lutte contre le trafic
d'armes dans la région et d'établir de bonnes pratiques pour le
traçage et la gestion des armes, tout comme la destruction de
réserves.
VII. Les initiatives de l'Afrique de l'Ouest : le
Moratoire sur les armes légères.
Conscients que l'accumulation et la prolifération des
armes légères constituent une menace sérieuse à la
sécurité de la sous-région, les chefs d'Etat de la
CEDEAO77(*) ont
signé, le 30 octobre 1998 (à Abuja au Nigeria), un Moratoire sur
l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères
en Afrique de l'Ouest, à compter du 1er Novembre 1998 pour
une période renouvelable78(*) de 3 ans. Dans le cadre du Moratoire, les Etats
membres79(*) s'abstiennent
d'importer, d'exporter ou de fabriquer des armes. Le Programme de Coordination
et d'Assistance pour la Sécurité et le Développement
(PCASED) est le mécanisme de mise en oeuvre pour ce Moratoire. Le PCASED
devra soutenir, sur une période initiale de cinq ans, une série
d'activités prioritaires relatives à la sécurité.
Le 6 Juin 2006, le PCASCED a été remplacé par le projet
ECOSAP (Projet de contrôle des armes légères de la
CEDEAO).Ce projet, portant sur la mise en oeuvre du Moratoire, est
chargé de contrôler la vente et le trafic d'armes de petit
calibre, de renforcer les capacités des commissions nationales sur les
armes légères et de fournir une aide technique au
Secrétariat de la CEDEAO en la matière. Par ailleurs, un code de
conduite pour l'application du Moratoire a été adopté par
les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation sous-régionale le
10 décembre 1999 à Lomé. De plus, le champ d'application a
été élargi aux munitions et pièces de rechange pour
ALPC.
SECTION III : LES AUTRES INITIATIVES
Ces développements portent sur
l'Union Européenne et les Etats-Unis, sans pour autant sous-estimer les
autres régions comme l'Amérique du Sud, l'Asie, etc. Ce choix se
justifie par le fait que les Etats-Unis et les pays de l'Union
Européenne constituent les principaux fournisseurs d'armes à
l'Afrique et particulièrement l'Afrique Centrale. Les mesures qu'ils
peuvent prendre sur les ALPC ont, à coup sûr, un impact direct
dans la sous-région. Par exemple, une politique visant à baisser
la production ou à réduire leurs exportations vers l'Afrique va
certainement diminuer le phénomène de la circulation des ALPC et
donc renforcer la sécurité.
I. La politique de l'Union Européenne contre la
circulation illicite des ALPC.
Depuis la fin des années 1990, l'Union
Européenne se mobilise contre la prolifération et le trafic
illicites des ALPC. Elle a pris un certain nombre de mesures visant à
éradiquer le phénomène. Il peut notamment être fait
référence à son code de conduite en matière
d'exportation d'armements. Adopté en mai 1998, ce code fixe certaines
règles communes pour les exportations d'armes de la part des Etats
membres, et prévoit que ces derniers ne peuvent autoriser une
exportation que si le pays de destination satisfait à huit
critères. Le premier critère a trait au respect des engagements
internationaux : une autorisation d'exportation doit être
refusée si elle est incompatible avec les obligations internationales
des Etats membres et les engagements qu'ils ont pris d'appliquer les embargos
sur les armes décrétés par l'ONU, l'OSCE et l'Union
Européenne ou au titre d'armes spécifiques telles que les
missiles ou sur l'interdiction totale d'armes spécifiques telles que les
mines terrestres antipersonnel. Le deuxième critère est relatif
aux droits de l'homme : les Etats membres ne délivreront pas
l'autorisation d'exportation s'il existe un risque manifeste que le bien dont
l'exportation est envisagée serve à la répression
interne ; ils prendront en compte la nature de l'équipement en
question afin d'assurer le respect des droits humains. Le troisième et
le quatrième critère visent à limiter les conflits
internes et régionaux. Le cinquième critère porte sur la
nécessité de limiter les exportations à un cadre qui
respecte les intérêts des Etats membres et de leurs alliés
en matière de sécurité et de défense. Le
sixième critère a trait aux engagements du pays destinataire des
exportations à ne pas contribuer au terrorisme ni à la
criminalité internationale. Le septième critère impose aux
Etats membres de s'assurer que les armes ne sont pas détournées
compte tenu de la capacité du pays à réaliser un
contrôle effectif. Le dernier critère, enfin, porte sur le
développement durable.
Il faut préciser qu'en 2006 la
Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, le Canada, la Croatie, l'ancienne
République yougoslave de Macédoine, l'Islande, la Norvège
et la Roumanie se sont officiellement ralliées aux critères et
aux principes énoncés dans le code de conduite
européen.
Le code de conduite n'est pas la seule initiative
européenne visant à contrôler les risques liés aux
armes. D'autres résolutions ont été prises dont certaines
visent spécifiquement les armes légères et de petit
calibre. Il y a notamment :
1. le Traité des forces conventionnelles en
Europe : signé en 1990, ce traité limite cinq
catégories d'équipements militaires et apporte des dispositions
pour l'inspection des stocks d'armes.
2. L'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE) : elle regroupe tous les
Etats membres de l'Union Européenne. L'OSCE a adopté en Novembre
2000 un document sur les ALPC marquant l'engagement politique des Etats
membres à accepter et à appliquer des mesures nationales de
contrôle de fabrication, du transfert, du courtage des opérations
de marquage et des mesures de gestion, de destruction, de
sécurité des stocks. Elle définit pour ce cadre les
exportations et vise l'amélioration de la coopération
policière et judicaire ainsi que l'échange d'informations.
3. L'action commune des membres de l'Union
Européenne de 2002 : elle vise la réduction des
stocks de munitions, la lutte contre l'accumulation excessive et
incontrôlée et la dissémination des armes
légères, le combat contre les trafics illicites, le renforcement
des contrôles du commerce légal des armes
légères80(*), et la gestion des situations post-conflit. L'Action
commune recommande aux Etats parties de soutenir des mesures de retenue et de
transparence dans les différentes enceintes internationales, et
prévoit également l'octroi d'une assistance financière et
technique en faveur des pays affectés par les conséquences des
armes légères.
4. Position commune sur le courtage :
elle est adoptée le 23 juin 2003 par l'Union Européenne et exige
des Etats membres à tenir compte des principes directeurs dans leur
législation, afin d'exercer un contrôle efficace sur les
activités de courtage.
En plus de ces initiatives, il faut noter que le conseil de
partenariat euro-atlantique de l'OTAN a ajouté les armes
légères à ses 22 domaines de coopération, en vue
d'aider les pays (qui en font la demande) à ramener le volume des armes
légères à un niveau adapté aux stricts besoins de
défense et de sécurité interne, tout en améliorant
la gestion et la sécurité des stocks, afin de prévenir le
trafic illicite.
II. La stratégie des Etats-Unis contre la circulation
illicite des ALPC
Les Etats-Unis sont à la pointe des efforts
déployés sur la scène internationale pour enrayer le
trafic illicite et l'accumulation destabilisatrice des ALPC. Ils ont
conçu leur politique de façon à renforcer la
répression et les moyens juridiques, à décourager les
exportations irresponsables, à renforcer les sanctions contre ceux qui
enfreignent les embargos, etc. Plusieurs lois américaines
régissent la production, l'exportation et l'importation des armes.
C'est ainsi que les dispositions de la loi américaine
sur le contrôle des exportations d'armes (US Arms Export Control Act, ou
AECA) régissent les exportations commerciales de tous les
matériels et services militaires américains ainsi que les
transferts opérés par l'Etat dans le cadre du Programme sur les
ventes de matériel militaire à l'étranger. En vertu de
cette réglementation, l'approbation du gouvernement américain est
exigée pour toute transaction relative à du matériel ou
à des services militaires. Les utilisateurs de ces armes font l'objet de
contrôles stricts pour s'assurer qu'ils ne violent aucun des principes de
la directive de 1995 sur les transferts d'armes classiques81(*). Toutes les exportations
commerciales et tous les transferts non commerciaux d'armes doivent tenir
compte des critères rigoureux suivants : les besoins des Etats-Unis
et du pays bénéficiaire en matière de
sécurité ; les objectifs de politique
étrangère des Etats-Unis ; les risques de
conséquences préjudiciables pour le pays ou la région
bénéficiaire ; les antécédents du pays
bénéficiaire sur le plan des droits de l'homme, du terrorisme et
de la prolifération, et les risques d'usage abusif ; et les
possibilités de détournement ou d'utilisation non
autorisée des armes en question. Les violations de la
réglementation sur les exportations mènent au refus et à
la suspension de licences d'exportation, à des poursuites judiciaires et
à la suppression de toutes exportations de matériel militaire
vers certains pays. Les personnes poursuivies en vertu de cette
réglementation peuvent encourir des amendes et des peines de prison.
Le gouvernement américain considère que les
réexpéditions non autorisées sont une source importante de
prolifération d'armes légères et de petit calibre. En
raison du laxisme de certains règlements sur la
réexpédition, les armes initialement acquises légalement
peuvent se retrouver dans le circuit illicite. Les Etats-Unis sont l'un des
rares pays du monde à soumettre toutes les ventes commerciales et tous
les transferts gouvernementaux de matériel militaire à des
certificats d'utilisateur final, à des mesures adéquates de
sécurité pour empêcher un détournement illicite et
à des autorisations de réexpédition. La législation
américaine interdit aux pays importateurs de réexpédier
les armes et munitions en provenance des Etats-Unis sans approbation
préalable des autorités américaines. Les violations
présumées font l'objet d'enquêtes sur l'utilisation finale
qui peuvent mener à des sanctions pénales contre les personnes ou
entités concernées et à l'interdiction des exportations
à destination du pays coupable de ces infractions. La loi
américaine exige que toutes les armes légères et de petit
calibre américaines soient marquées au moment de leur fabrication
et de leur exportation pour faciliter le traçage en cas de
détournement illicite.
Le gouvernement américain pense également que
les courtiers en armes, qui opèrent impunément de façon
illicite, en raison de l'absence de réglementation, sont l'une des
sources principales du trafic illicite des ALPC à travers le monde. Les
Etats-Unis possèdent un régime de surveillance du courtage
international des armes assez complet. Une loi américaine adoptée
en 1996, en tant qu'amendement à l'AECA précitée, exige
que les courtiers, impliqués dans le commerce de matériel
militaire américain, se fassent enregistrer auprès du Bureau de
Contrôle des ventes de matériel militaire du département
d'Etat. Chaque transaction doit ensuite être pleinement autorisée
et agréée par ce bureau. Cette juridiction s'étend non
seulement aux ressortissants américains et aux étrangers
opérant aux Etats-Unis, mais à tous les Américains
résidant à l'étranger. Enfin, les courtiers doivent
soumettre des rapports annuels énumérant et décrivant
toutes leurs activités autorisées.
CHAPITRE 5 : APPRECIATION DES
MECANISMES DE CONTROLE
Le précédent chapitre a permis
de voir qu'il existe actuellement dans le monde, et particulièrement en
Afrique Centrale, plusieurs instruments et mécanismes de lutte contre la
prolifération et la circulation illicites des ALPC. Cependant, il est
aisé de constater que ces mécanismes et instruments comportent
des limites avérées. Beaucoup de facteurs concourent à
l'inefficacité et à l'échec de nombreuses initiatives
prises à différents niveaux. Le contrôle des armes
légères et des munitions est rendu difficile par les
intérêts industriels et politiques des Etats producteurs. Comme le
fait remarquer Benjamin Valverde à propos du code de conduite de l'Union
Européenne, « la signature, l'adhésion ou la
ratification d'un traité par un Etat n'empêche pas ce même
Etat d'agir dans la logique inverse du traité qu'il a
signé. »82(*) Cela est rendu possible, poursuit Valverde, par la
déficience d'organes internes83(*) chargés de vérifier que les Etats
respectent leurs engagements par rapport aux attentes internationales. De tels
agissements, contraires aux engagements pris ou aux normes internationales,
s'observent dans d'autres sous-régions ou regroupements d'Etats.
Dans ce chapitre, sont présentées les limites
des instruments des Nations Unies (section I), ensuite les faiblesses des
mécanismes sous-régionaux (section II) et enfin les lacunes de la
stratégie de l'Union Européenne et des Etats-Unis (section III)
en matière de lutte contre le trafic illicite des ALPC.
SECTION I : LES LIMITES DES INSTRUMENTS DES NATIONS
UNIES
Tous les instruments des Nations unies
présentés au chapitre 4 comportent des limites.
I. Le Registre des armes conventionnelles : une
législation restrictive
Le registre des Nations Unies, créé en 1991, a
pour mandat de relever les défis liés à la
prolifération des armes conventionnelles. Malheureusement, la
portée du registre est limitée aux armes lourdes, parce que se
trouvent exclues les armes légères et de petit calibre. Il
devient difficile dans ce cas de mesurer l'ampleur, la source et la destination
de ces petites armes. Par ailleurs, la portée du Registre de 1991 ne
bénéficie pas de la participation d'un nombre assez important de
pays, notamment ceux d'Afrique, à l'exception de l'Afrique du Sud. La
liberté est donc laissée à ces pays hors de la norme
internationale de continuer à faire le trafic des armes. En outre, les
informations à communiquer par les Etats n'incluent pas les stocks
d'armements existants. Cette faille laisse la possibilité aux Etats de
pouvoir accumuler d'importantes quantités d'armes qui échappent
ainsi au contrôle international. Enfin, l'autre faiblesse du Registre,
c'est qu'il ne rend pas obligatoires les déclarations des Etats, ce qui
vide totalement la substance de cet instrument des Nations Unies.
II. La portée limitée du protocole des Nations
Unies contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu et
munitions.
Depuis d'adoption en 2001 du protocole, des progrès
sensibles ont été réalisés dans le cadre de la
lutte contre le trafic illicite des ALPC. Certains Etats ont pris des mesures
rigoureuses pour collecter des armes et les détruire, d'autres ont
adopté des lois sur le contrôle des exportations et des
importations. La portée du protocole est cependant limitée par le
fait qu'il ne concerne que les aspects illicites, et ce dans un cadre bien
précis qui est celui de la lutte contre la criminalité
transnationale organisée. Le protocole laisse de côté le
trafic licite, ce qui est une grave faille, surtout quand on sait que la
frontière entre le trafic illicite et le trafic licite n'est pas
précise ou même n'existe pas du tout dans la pratique. Car les
armes, qui au départ empruntent le chemin légal, peuvent
très facilement se retrouver dans le circuit illicite, à cause
des failles qui existent dans les instruments internationaux de contrôle
de ces armes.
III. Le Programme d'Action des Nations Unies et ses
limites
La première conférence de l'ONU sur les armes
légères en juillet 2001 a eu pour objectif de s'accorder sur un
Programme d'Action en vue de prévenir, combattre et éradiquer le
commerce illicite des armes sous tous ses aspects. L'adoption de ce Programme
représente en elle-même un grand succès. Cependant, le
texte adopté est faible, à cause de la pression exercée
par certains Etats84(*),
grands producteurs d'armes légères. L'application de ses
paragraphes dépend de la volonté des Etats membres. Le Programme
d'action ne prévoit aucune sanction en cas de non respect ou de
passivité ni de mécanisme de contrôle pour mesurer le
niveau d'application. Ensuite, le Programme ne traite pas de certains points
sensibles, comme par exemple les mines terrestres ; il se focalise
plutôt sur la sphère civile, laissant totalement de
côté le domaine militaire. Enfin, un écueil non moins
important existe: les Etats parties à la convention mettant en
place ce programme peuvent rejeter la coopération avec les autres Etats
parties et se retirer à tout moment, s'ils le désirent. C'est
dire que le Programme d'Action des Nations Unies reste soumis au bon vouloir
des Etats.
IV. Le caractère minimaliste de l'instrument de l'ONU
sur la traçabilité des ALPC
L'instrument de l'ONU représente un pas modeste, mais
important, dans le cadre des mesures visant à combattre la
prolifération des ALPC, dans la mesure où il renforce les normes
internationales en matière de marquage et d'enregistrement au niveau
international. Cet instrument comporte cependant des lacunes importantes qu'il
convient de relever. D'abord les munitions sont exclues de son champ
d'application, ce qui vide l'ensemble de sa substance. Les munitions
conditionnent l'existence des ALPC. En effet, une arme ne peut pas fonctionner
sans munitions. Ensuite, l'instrument de 2005 n'est pas légalement
contraignant, ce qui laisse la possibilité à certains de se
dispenser de se conformer aux exigences en évoquant la
« sécurité nationale » sans aucune autre
explication et de continuer leur trafic illégal. Ainsi, le
mécanisme de traçage prévoit un système volontaire
et bilatéral, alors qu'il est nécessaire d'avoir un
système obligatoire et multilatéral pour aboutir aux
résultats escomptés.
Autre lacune de l'instrument : la mise à
l'écart de la possibilité de conduire des opérations de
traçage via les forces de maintien de la paix. Enfin, dans le document
aucune mesure préventive de vérification physique des transferts
n'y figure ; et concernant le transport des armes, aucune
vérification proactive de l'itinéraire ni des transporteurs
n'existe dans le document de 2005. Toute initiative, obligeant les Etats
à procéder à des contrôles sur le circuit licite
dans le but de prévenir la déviation vers le circuit illicite, a
été rejetée par un noyau d'Etats (dont les Etats-Unis),
réfractaires à toute mesure contraignante en la matière.
SECTION II : LES FAIBLESSES DES MECANISMES
SOUS-REGIONAUX
Dans la présente section, l'analyse porte sur le
Protocole sur le COPAX, la mise en oeuvre par la CEEAC du programme d'Action de
l'ONU sur les ALPC ainsi que certains autres instruments du continent qui,
d'une manière ou d'une autre, intéressent la
sous-région.
I. Les lacunes du protocole sur le COPAX
En signant le 24 février 2000 le protocole sur le
COPAX, les pays de la CEEAC ont marqué un pas positif en matière
de préservation et de renforcement de la paix et de la
sécurité. Toutefois, cet instrument présente des
insuffisances très importantes. D'abord le problème de
prolifération et de circulation illicites des ALPC (qui menacent
pourtant la sécurité sous-régionale) y occupe très
peu de place ou du moins y est abordé avec beaucoup de
discrétion, presque de façon implicite, alors qu'on aurait
dû prévoir dans le texte un organe spécialement
chargé de la question des armes légères. Par exemple, un
organe du type observatoire sous-régional des Armes
Légères et de Petit calibre.
En outre, le Protocole est un instrument légalement non
contraignant, ce qui laisse la possibilité aux Etats signataires de se
dispenser de se conformer à certaines dispositions, surtout quand
celles-ci sont incompatibles avec leurs intérêts, alors qu'on se
serait attendu à un Protocole qui prévoit des sanctions à
l'encontre de tout membre qui ne respecte pas ses engagements. La
conséquence de cette lacune est que les Etats ne versent pas à
temps ou ne donnent pas du tout leurs contributions exigibles en vue du
fonctionnement du COPAX : une autre difficulté qui concourt
inéluctablement à l'inefficacité ou à
l'affaiblissement du mécanisme.
II. Les difficultés dans la mise en oeuvre du
programme d'Action des Nations Unies
Les 20 et 21 septembre 2005 à Kigali au Rwanda, s'est
tenu un atelier sur la « Revue du progrès des Etats
membres de la CEEAC dans la mise en application du Programme des Nations Unies
sur les ALPC ». Cet atelier avait pour objectif, de promouvoir les
efforts des Etats membres de la CEEAC dans la mise en application du programme
d'activités prioritaires de l'Afrique Centrale, pour la mise en oeuvre
du Programme d'Action des Nations Unies sur le commerce illicite des armes
légères sous tous ses aspects. Il était surtout l'occasion
de voir les progrès réalisés par les Etats de la
sous-région dans la mise en application du Calendrier85(*) de mise en oeuvre du Programme
d'activités prioritaires.
Les rapports présentés par les
représentants des Etats lors dudit atelier ont permis de voir que, d'une
manière globale, les efforts louables ont été accomplis
dans le cadre de la mise en application du Programme d'Action des Nations
Unies. Des résultats positifs ont été atteints. En Angola
75 323 armes de différents calibres et 3126 mines ont
été récupérées entre 2000 et 200586(*). De même en RDC, plus de
4000 ALPC87(*) ont
été saisies et détruites. Au Rwanda aussi 6000 ALPC et 261
tonnes de munitions88(*)
ont été collectées et détruites. Ces exemples
montrent l'engagement des Etats de la sous-région à combattre la
circulation des armes à feu et à mettre en application les
recommandations de l'ONU inscrites dans le programme d'Action.
Cependant, il y a lieu de constater que si certains
Etats89(*) se sont
investis à mettre en application le Programme d'activités
prioritaires, d'autres, par contre, ont mené des activités
timides. Il faut remarquer que seuls les pays touchés par la guerre ont
réellement posé des actes concrets en matière de lutte
contre la circulation des ALPC. En revanche, les autres, qui connaissent une
stabilité relative, n'ont fait aucun effort. Il n'y a pas eu
d'avancées significatives quant à l'harmonisation des
législations nationales dans le domaine des armes à feu. Seuls la
RDC, le Rwanda et le Burundi ont travaillé dans ce sens. Cette attitude
peut s'expliquer par le fait que ni le Programme d'activités
prioritaires de l'Afrique Centrale ni le Programme d'Action des Nations Unies
ne sont pas accompagnés d'un texte juridique qui oblige les Etats
à les appliquer. A cela, il faut ajouter le manque de moyens : les
Etats n'ont pas assez de moyens pour mettre en oeuvre ces programmes.
Il apparaît donc que le Programme d'Action des Nations
unies n'a pas été totalement appliqué par les pays de
l'Afrique Centrale.
III. Les insuffisances dans le protocole de Nairobi
Le protocole de Nairobi, adopté le 21 avril 2004 en
vue de prévenir, contrôler et réduire les ALPC dans la
région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique et auquel ont
adhéré certains Etats90(*) de la CEEAC, a le mérite d'être un
instrument juridiquement contraignant. Le protocole a cependant une grande
insuffisance : les données sur le marquage et l'enregistrement
ainsi que le mécanisme de traçage que prévoit l'instrument
de l'ONU sur la traçabilité des ALPC91(*) y sont très peu
développés, d'autant que le marquage se fait en amont, donc chez
les producteurs. Cependant, le marquage par les industries
sous-régionales devrait être effectué, l'instrument
étant contraignant.
SECTION III : LA POLITIQUE AMBIGUË DE L'UNION
EUROPEENNE ET DES ETATS-UNIS SUR LES ARMES LEGERES.
Les pays de l'Union Européenne et les
Etats-Unis, principaux fournisseurs d'armes à l'Afrique, ont mis en
place des instruments et mécanismes92(*) pour lutter contre la circulation et le trafic
illicites des ALPC. Ces instruments et mécanismes comportent
malheureusement des failles et des faiblesses qu'il convient de relever.
I. Les failles du code de conduite de l'Union
Européenne
Le code comporte de nombreuses failles, la plus importante
étant la liberté laissée à l'Etat membre de prendre
la décision d'exporter ou non les armes. Une autre faille, c'est que le
code est un instrument juridiquement non contraignant. L'Etat est donc libre
de sa décision et aucune sanction pratique n'est prévue en cas de
non respect du code de bonne conduite. Le traité apparaît comme
une simple déclaration de principe et n'offre aucune garantie
légale face à des activités informelles ou
illégales menées plus ou moins directement par des Etats.
Profitant de ces failles et autres flous législatifs, ces Etats ont
toujours la possibilité de s'adonner officieusement à des trafics
d'armes, voire même de s'impliquer plus ou moins directement dans le
trafic illicite d'armes en évitant tous les embargos. Ce manque de
rigueur du code de conduite européen explique le comportement de
certains Etats qui continuent à vendre des armes à de nombreux
pays frappés par le double embargo des Nations Unies et de l'Union
Européenne. Il en est ainsi, par exemple, de la France qui a
continué à livrer des armes93(*) au Soudan, et au Myanmar (ex-Birmanie) en violation
manifeste des embargos94(*)imposés par l'Union Européenne, comme
l'indiquent les tableaux ci-dessous :
TABLEAU 8 : Exportations françaises
d'armes vers le Myanmar
|
AnnéesVolume des exportations en dollars
américains199818 3441999133 895200016 854
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Amnesty international, Oxfam,
Réseau d'Action international sur les Armes Légères, "les
pays exportateurs d'armes du G8 et les transferts d'armes irresponsables",
Document Public, 2005.
TABLEAU 9 : Exportations françaises
d'armes vers le Soudan
Années
|
Volume des exportations en dollars
américains
|
2001
|
447 687
|
2002
|
24 546
|
2003
|
124 493
|
2004
|
465 451
|
Source : Amnesty international, Oxfam,
RAIAL :"les pays exportateurs d'armes du G8 et les transferts d'armes
irresponsables", Document Public, 2005
Par ailleurs, d'après Benjamin
Valverde95(*), la France a
soutenu le régime d'Habyarimana contre l'offensive du Front Patriotique
Rwandais de Paul Kagamé, de 1988 à 1994, notamment en envoyant
officiellement un million d'euros d'armes en 1991, trois millions en 1992 et
plus d'un million d'euros en 1993.
La France n'est pas le seul pays de l'Union Européenne
à violer le code de conduite et à faire contourner l'embargo.
D'autres pays peuvent être indexés. Par exemple, l'Allemagne,
l'Italie, le Royaume-Uni. En 2003, l'Allemagne a autorisé des
exportations d'armes légères vers de nombreux pays sans
véritablement respecter le code de conduite et violant son propre
système qui comporte une faille béante. En effet, bien que
l'Allemagne ait, en théorie, une politique restrictive en matière
d'exportation d'armements, les pièces fabriquées sur son
territoire sont parfois intégrées dans des équipements
militaires qui pourraient facilement être utilisés pour contribuer
à un conflit ou alimenter la violence. Selon le rapport du Berlin
Information Center for Transatlantic Security et Oxfam Allemagne de mars 2005,
le gouvernement allemand applique deux poids deux mesures. Ce rapport indique
qu'il est plus facile d'obtenir une licence d'exportation pour des composants
que pour des armes complètes. Cette situation est due avant tout
à l'incohérence du système allemand d'autorisation des
exportations d'armements qui repose sur un double axe juridique : la Loi
relative au contrôle des armes de guerre, qui est restrictive, et la Loi
relative au commerce extérieur et aux paiements, qui facilite les
exportations d'armes.
Entre1996 et 2003, l'Italie a figuré au dixième
rang des plus gros exportateurs96(*) d'armes. Elle a transféré, ces
dernières années, des armes légères vers un certain
nombre de pays97(*)qui
sont le théâtre de violents conflits ou de violations des droits
de l'homme et du droit international humanitaire. Ces transferts internationaux
violent à la fois le code de conduite européen et la Loi
italienne 185/90, qui interdit les exportations à destination de pays
dont le gouvernement est responsable de violations flagrantes et
avérées des droits de l'homme, ou de pays qui sont en proie
à un conflit et soumis à un embargo sur les armes, ou qui
reçoivent de l'Italie une aide au développement et dont les
dépenses militaires excèdent les besoins en matière de
défense.
Le Royaume-Uni a aussi violé le code de bonne conduite
en vendant des armes à des pays98(*) où les forces armées et la police
commettent des violations des droits humains de manière persistante. Le
Royaume-Uni dispose pourtant d'un des meilleurs systèmes de
contrôle d'exportation d'armes, mais figure toujours parmi les cinq
premiers gros exportateurs à l'échelle mondiale. Il faut relever
que l'un des principaux problèmes qui affectent le système
britannique de contrôle des exportations d'armes réside dans le
fait que le gouvernement du Royaume-Uni recourt de manière croissante et
tout le temps aux licences ouvertes99(*), notamment en ce qui concerne le transfert de
technologies militaires, et encourage les entreprises exportatrices à
les utiliser chaque fois qu'elles le peuvent. Les licences ouvertes permettent
aux entreprises de faire plusieurs livraisons vers des destinations
précises. Lorsqu'une telle licence est accordée, aucune autre
autorisation préalable ou vérification n'est nécessaire
avant la livraison des biens. Cette grande ouverture, laissée par le
système britannique, explique donc les exportations anarchiques du
Royaume-Uni vers de nombreux pays notamment ceux de l'Afrique Centrale.
Au total, il y a lieu de dire que le code de conduite de
l'Union Européenne cherche davantage à protéger les
intérêts économiques et stratégiques des Etats
membres en consolidant un système qui assure la libre exportation des
armes. Ce code n'inquiète pas du tout les trafiquants d'armes ; il
s'apparente beaucoup plus à une simple déclaration politique non
juridiquement contraignante.
II. Les Etats-Unis : entre
respect de la loi et sauvegarde des intérêts
Les Etats-Unis sont le pays le plus transparent à
l'échelle mondiale en matière d'exportation d'armes, au vue de
leur législation100(*). Mais dans la pratique, ce pays a souvent tendance
à privilégier ses intérêts qu'à respecter ses
propres lois.
L'ampleur des intérêts économiques,
politiques, géopolitiques et stratégiques place souvent les USA
dans une position où leur politique de vente d'armes devient
« beaucoup moins scrupuleuse et respectueuse »101(*) des lois en vigueur ou des
critères éthiques. Il n'est pas rare de voir que le gouvernement
américain soit impliqué, directement ou indirectement, dans des
transferts illicites d'armes légères. Exploitant les lacunes au
sein des législations nationales ou internationales et violant
systématiquement les embargos, il n'hésite pas à recourir
aux certificats erronés de destinataire final ou aux transactions
occultes ou frauduleuses. Ainsi, les USA transfèrent des armes vers des
pays condamnés pour le non respect des droits humains, en dépit
du Conventional Arms Transfer Policy précité (p.67,supra). Dans
cette optique, Washington n'a défini aucun embargo sur les ventes
d'armes vers le Zimbabwe102(*) qui appartient pourtant à l' « axe
du mal », mais qui certainement est d'un grand intérêt
économique pour les USA.
D'après Amnesty International, Oxfam International et
RAIAL103(*), les USA
réalisent d'importants transferts d'armes vers des pays dont la
situation des droits humains continue de susciter de vives inquiétudes.
Au nombre de ces Etats, se trouvent le Nigeria, l'Egypte, l'Arabie Saoudite,
Israël, etc. En Août 2003, selon ces ONG, le gouvernement
américain a levé l'interdiction de l'assistance militaire au
gouvernement rwandais dont les violations des droits de l'homme sont
avérées.
De même en 2004, il a conclu un accord de
coopération militaire avec ce pays dont les forces armées et les
responsables ont été accusés, à l'issue
d'enquêtes menées par les Nations unies, de soutenir des groupes
armés dans l'est de la RDC.
Aux USA, il n'est pas nécessaire pour les
détenteurs d'armes légères de se soumettre à des
licences ou des enregistrements. Ce laxisme américain vis-à-vis
des armes ne se restreint pas seulement à l'intérieur des
frontières américaines. Selon Benjamin Valverde104(*), plus de 80% des armes
légères confisquées au Mexique à la suite de crimes
et pratiquement toutes les armes légères
récupérées en Jamaïque, trouvent leur origine aux
Etats-Unis.
En somme, le gouvernement américain viole de
façon flagrante les lois qu'il s'est lui- même volontairement
imposées et garde toujours une marge de manoeuvre suffisante sur les
opérations clandestines dès lors que ses intérêts
économiques, politiques, géopolitiques ou stratégiques
sont en jeu.
En définitive, de nombreux mécanismes et
instruments sur les ALPC existent tant au niveau sous-régional
qu'à l'échelon mondial. Mais, ces mécanismes et
instruments comportent des faiblesses importantes qui font que la lutte contre
la prolifération et la circulation illicite de ces armes
devient inefficace et demeure sans résultat concret. La
sixième hypothèse est ainsi vérifiée, à
savoir : les mécanismes et les instruments de contrôle
inappropriés des armes légères rendent difficile la lutte
contre la prolifération anarchique et la circulation illicite de ces
armes.
CONCLUSION
Au terme de la présente étude
qui consistait à examiner, d'une part, le phénomène de
prolifération et de circulation illicites des armes
légères et de petit calibre en Afrique Centrale, et d'autre
part, à faire une analyse critique des mécanismes de
contrôle de ces armes, il y a lieu d'affirmer que toutes les
hypothèses de recherche, énoncées au départ, ont
été confirmées. Ce qui confirme donc aussi
l'hypothèse générale, à savoir :
l'insécurité observée aujourd'hui en Afrique Centrale
résulte de la prolifération et de la circulation anarchiques des
ALPC.
Dès lors, comment mieux contrôler les transferts
d'armes ? Quelles stratégies faut-il aujourd'hui pour limiter la
prolifération et la circulation illicites des armes
légères et des munitions dans la sous-région et
peut-être même aussi dans le monde ? Une stratégie qui
s'applique au niveau continental, sous-régional et à
l'échelle internationale, serait efficace pour mettre fin à la
circulation incontrôlée des armes légères.
1- Le rôle de l'Union Africaine
En tant que système de sécurité
collective, l'Union Africaine doit pleinement jouer son rôle ; elle
doit pouvoir atteindre certains objectifs, notamment :
· Négocier avec les pays concernés la
réduction des stocks d'armements hérités de la guerre
froide (ou de toute autre guerre de quelque nature que ce soit) et qui risquent
de s'étendre ou s'étendent même déjà vers des
zones en crise ou de conflit armé ;
· Créer des mécanismes qui favorisent le
règlement pacifique des différends, pour éviter que
ceux-ci ne dégénèrent en conflits armés, sources
d'accumulation des armes légères ;
· Encourager la coopération entre Etats afin de
faciliter le contrôle des frontières et la répression des
trafics d'armes ;
· OEuvrer pour mettre rapidement fin aux conflits
armés, car lorsqu'un conflit dure longtemps, il y a un besoin croissant
en armement.
En plus de ces objectifs, l'Union Africaine devrait parvenir
à la création d'un traité régional de non
prolifération anarchique des armes légères et des
munitions.
2- Les mesures au niveau sous-régional
La CEEAC devrait sérieusement s'investir dans la lutte
contre la circulation anarchique des ALPC. Sa tâche devrait consister
maintenant à renforcer les mécanismes de contrôle des armes
qui présentent des faiblesses et qui ont montré des limites, et
créer d'autres mécanismes plus efficaces, le cas
échéant, au sein de son Département chargé de
l'Intégration Humaine, de la Paix, Sécurité et
Stabilité, créer un organe spécialement en charge des
questions liées à la circulation des armes
légères.
· Doter le COPAX d'un organe spécial de
contrôle des armes légères
L'une des lacunes du COPAX vient du fait que la question des
armes légères, l'une des causes principales de
l'insécurité, a été abordée presque de
manière implicite, ce qui le rend moins crédible. Il est donc
bénéfique qu'au sein du COPAX il y ait un organe
spécialement chargé du contrôle des ALPC doté d'un
pouvoir contraignant.
· Renforcer les capacités des institutions
de sécurité et impliquer les experts civils
La lutte contre la prolifération des
armes légères requiert le renforcement des structures et
l'amélioration des compétences des forces armées et de
sécurité ainsi que des techniques modernes de maîtrise du
flux des armes et l'application des lois. Le « renforcement des
capacités » est une composante essentielle dans la
stratégie de lutte contre les armes légères. Son absence
est un blocage à la réussite des politiques nationales de lutte
contre les ALPC. Le renforcement des capacités est également une
des conditions de réussite des programmes de collecte des armes, car ce
n'est que lorsque les forces de sécurité et les forces
armées seront en mesure d'assurer efficacement la sécurité
des populations que la tentation de celles-ci d'avoir recours aux armes pour se
défendre va diminuer et de ce fait auront des raisons légitimes
de remettre volontairement les armes. Les Etats membres de la CEEAC, avec
l'appui des organisations internationales, devraient donc oeuvrer pour assurer
la formation de leurs forces armées, de sécurité et de
police aux techniques modernes de maîtrise du flux d'armes et de
munitions, à l'application des lois, à la gestion et à la
sécurisation des stocks d'armements.
· Harmoniser les législations
nationales
L'une des causes majeures qui font
échouer la lutte contre la circulation illicite des ALPC est la
différence des législations nationales. Il serait donc
souhaitable que les pays de la sous-région procèdent à une
harmonisation des législations. Une harmonisation à deux ou
à trois, comme semble être la tendance aujourd'hui, est faible et
laisse des failles que pourraient exploiter les trafiquants. Par contre, une
harmonisation qui regroupe, autour d'une même table, tous les Etats de la
sous-région, est efficace. Il revient par conséquent à la
CEEAC d'organiser une conférence sous-régionale sur
l'harmonisation des législations nationales.
· Renforcer la coopération
bilatérale et la coopération sous-régionale/
sous-régionale
Le trafic illicite d'armes légères ne peut
être bien contrôlé par des pays agissant seuls, car le
commerce illicite profite de la perméabilité des
frontières. Les trafiquants savent vite trouver les filières
où les contrôles nationaux sont faibles et profitent d'une
coopération insuffisante entre les autorités chargées du
contrôle aux frontières ou de différences entre
réglementations nationales. Les Etats de la sous-région
gagneraient donc à renfoncer la coopération bilatérale,
notamment en mettant l'accent sur l'échange d'informations sur la
circulation des armes entre les forces de sécurité et le
personnel des douanes. Le Cameroun, par exemple, devrait
particulièrement consolider cette coopération vis-à-vis du
Tchad et de la RCA, pays partageant leurs frontières à l'Est avec
le Soudan (d'où viendraient les armes à cause de la guerre) et
fortement instables ces derniers temps ; il devrait également le
faire avec le Nigeria d'où se développeraient de nombreuses
activités de contre bande.
La coopération sous-régionale / sous
-régionale doit aussi être renforcée. Car, les armes sont
très têtues ; elles ne respectent pas les frontières.
Si elles ne peuvent pas passer par le Sud, elles entreront forcément par
le Nord, l'Est ou l'Ouest. Par conséquent, dans sa lutte contre la
prolifération et la circulation illicites des ALPC, la CEEAC devrait
collaborer avec les autres organisations sous-régionales du
continent : la CEDEAO, la SADC et les autres. Elle devrait adhérer
à tous les mécanismes et instruments de contrôle des ALPC
créés au sein de ces organisations, à l'instar du
Protocole de Nairobi ou du Protocole sur le contrôle des armes à
feu des pays d'Afrique Australe, et oeuvrer pour la bonne marche des
activités relatives à la lutte contre les armes
légères, entreprises dans ces espaces géographiques.
· Créer un observatoire
sous-régional des ALPC
Placé sous l'autorité de la CEEAC, il devra
avoir pour missions :
- collecter les informations sur les mouvements illicites des
armes légères et des munitions et mettre ces informations
à la disposition des Etats membres.
- Contrôler les frontières afin de
prévenir et d'arrêter les mouvements illégaux des armes et
des munitions.
- Elaborer des stratégies, politiques et programmes de
lutte contre la prolifération des armes légères.
- Faire des rapports (annuels ou périodiques) sur les
armes légères et les munitions.
· S'attaquer aux causes profondes du
fléau
En plus de ces actions, les Etats de la sous-région
devraient aussi mettre l'accent sur la lutte contre la corruption, surtout en
ce qui concerne les forces de sécurité et le personnel des
douanes chargés des contrôles au niveau des frontières.
Parallèlement, il faudrait combattre la pauvreté. Car en
réalité, ce qui pousse les individus à posséder les
armes, c'est l'accroissement excessif des besoins face à la
modicité des moyens. Les populations affamées n'hésitent
donc pas à chercher les armes pour braquer ou tuer pour survivre. Il
suffit donc de leur assurer le minimum vital pour que disparaisse la tentation
de recourir aux armes comme moyen de survie. C'est donc dire que, combattre la
corruption et la pauvreté, c'est combattre la circulation illicite des
armes légères.
·Tendre vers l'approche de solutions
démocratiques dans les Etats
Cette approche, qui semble réaliste, a l' avantage de
permettre d' aller à la source des problèmes et de comprendre
aujourd'hui que le déficit démocratique dans un pays est l' une
des causes principales des tensions sociales et des conflits armés,
sources d' accumulation des armes légères. Le Kenya,
affecté ces derniers jours par des tensions sociales
meurtrières105(*)
(qui laissent d'ailleurs augurer une guerre civile sanglante de longue
durée), est un exemple qui confirme parfaitement ce qui
précède. Pour amoindrir les causes des conflits armés, les
Etats de la sous-région devraient donc opter pour la
démocratisation des institutions. Cette démocratisation doit
être de nature à garantir la transparence dans les
différentes consultations électorales et à permettre
l'alternance au pouvoir.
Combattre efficacement la circulation anarchique des armes
légères revient donc à renforcer la démocratie dans
les Etats, et c'est à cette oeuvre que devrait s'atteler la CEEAC
aujourd'hui.
3. Les mesures à
l'échelle nationale
Les Etats de la sous-région doivent continuer à
mettre en oeuvre leurs stratégies de lutte contre la circulation
illicite des ALPC ; mais ils doivent aussi innover. Le Cameroun, par
exemple, a franchi un grand pas en matière de renforcement des
capacités de ses forces de défense, en créant le CSID. Au
vue des enseignements qui y sont dispensés, l'officier camerounais (mais
aussi les officiers des autres pays de la sous-région et même des
pays hors de la sous-région) a maintenant une large connaissance sur les
problèmes de sécurité, de défense, de droit
humanitaire. Mais le Cameroun gagnerait encore davantage si, dans le programme
des enseignements du CSID, il y est introduit un module spécial sur la
maîtrise des armes légères. Ce module pourrait comporter,
par exemple, trois créneaux (ou Unités de Valeur). Un premier
créneau intitulé : « Droit des armes
légères », viserait à donner aux officiers
stagiaires une large connaissance des textes (nationaux, sous-régionaux,
régionaux et internationaux) relatif aux armes légères et
munitions (traités, conventions, accords, protocoles, etc....). Un
deuxième créneau intitulé « Economie des armes
légères », aura pour but de permettre aux apprenants de
maîtriser le fonctionnement du marché des armes
légères et des munitions. Un troisième créneau
ayant pour titre : « Initiation aux techniques de contrôle
des armes légères », permettrait aux officiers
stagiaires de renforcer leurs capacités techniques en matière de
lutte contre la circulation illicite des ALPC. Cela suppose donc qu'il peut
être envisagé au sein du CSID la formation des officiers
spécialisés dans la lutte contre le trafic illicite des armes
légères.
4. les mesures au niveau
de l'ONU
Des efforts doivent également être faits au
niveau des Nations Unies.
· Améliorer les instruments sur les armes
légères
Les Nations Unies ont franchi un pas très important
dans le cadre de la lutte contre les armes légères en
créant en 1991 le Registre des armes conventionnelles, afin
d'améliorer la transparence. Cet outil, qui a déjà permis
de diffuser des informations sur les transferts de 1992, 1993 et 1994, est
important mais devrait être amélioré. Trois modifications
devraient pouvoir lui être apportées. D'abord les armes
légères devraient pouvoir y être inclues. Ensuite les
informations à communiquer par les Etats devraient également
inclure les stocks d'armements existants ; actuellement seuls sont
répertoriés les flux des importations et des exportations. Enfin,
il s'agirait de rendre obligatoires les déclarations des Etats membres.
Si de plus un office de contrôle international indépendant des
Etats pouvait opérer des vérifications, un pas
considérable serait franchi.
En ce qui concerne l'instrument international sur la
traçabilité des ALPC, des améliorations devraient aussi
être faites. D'abord les munitions, exclues de son champ d'application,
devraient être inclues. Ensuite, il faudrait donner la possibilité
aux forces de maintien de la paix pour pouvoir conduire les opérations
de traçage. En outre, il faudrait faire figurer sur le document des
mesures préventives de vérification physique des transferts ainsi
que les mesures de vérification proactive de l'itinéraire des
transporteurs. Enfin, il faudrait rendre l'instrument légalement
contraignant.
· Mettre au point un traité de non
prolifération anarchique des ALPC et des munitions
Tout comme elle l'a fait avec les armes nucléaires,
qui font aujourd'hui l'objet d'une stricte interdiction, la communauté
internationale devrait parvenir à un traité de non
prolifération anarchique des ALPC et des munitions. Ce traité
devrait déclarer la production ou la commercialisation illicite comme un
crime contre l'humanité. Il devrait interdire l'exportation des ALPC et
des munitions vers les pays qui violent les droits humains ou qui sont en
conflit armé. De telles livraisons d'armes devraient également
être considérées comme un crime contre l'humanité et
des sanctions sévères (embargo, interdiction de fabrication, etc)
devraient être prises à l'encontre des pays contrevenants ou des
trafiquants qui se livrent au commerce illicite. Les trafiquants qui ne se
conforment pas à la réglementation devraient être
poursuivis et traduits devant la cour Pénal International.
5- La responsabilité de
l'Union Européenne
Le code de conduite de l'Union Européenne doit
être profondément amélioré pour devenir un
véritable instrument de limitation des armes légères. En
plus de rendre cet instrument juridiquement contraignant, la liberté ne
devrait plus être laissée à l'Etat membre de prendre la
décision d'exporter ou non les armes. Les livraisons d'armes devraient
être conditionnées par le respect des huit critères
définis dans le code de conduite. Le non respect de ces critères
devrait entraîner des sanctions.
Par ailleurs, les pays comme le Royaume-Uni devraient rompre
avec le système de licences ouvertes, lesquelles favorisent une
prolifération et une circulation accrues des armes. Ils devraient
plutôt opter pour un système fermé qui freine, à
coup sûr, la production incontrôlée des armes
légères.
En définitive, la prolifération et la
circulation illicites des ALPC sont un problème qu'il faut attaquer
à la base. Jusqu'à présent, la communauté
internationale applique une politique de réaction alors qu'il faut
prendre des mesures préventives. En effet, c'est en amont que la
communauté internationale devrait agir et non en aval. Pour que la
circulation des armes s'amenuise, il faut absolument diminuer la production. Il
revient donc à l'ONU de prendre des mesures rigoureuses en imposant des
quotas de production aux Etats. Elle devrait déclarer les ALPC armes de
destruction massive, au même titre que les armes nucléaires, et
créer aussi une sorte d'agence internationale des armes
légères et des munitions, qui serait l'équivalente de
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique. L'agence internationale des
armes légères aura pour mission d'inspecter dans les usines de
production des ALPC pour voir si les Etats respectent les normes
internationales et les quotas fixés. C'est par ce chemin qu'il est
possible de parvenir à lutter contre la prolifération et la
circulation illicites des ALPC. La paix et la sécurité mondiales
en dépendent.
BIBLIOGRAPHIE
A. OUVRAGES GENERAUX
1- GRAWITZ, Madeleine, Méthodes
des Sciences sociales, Paris, Dalloz, 7e édition 1990,
1104 pages.
2- LOUBET DELBAYE, J. Louis, Introduction aux
méthodes de sciences sociales, Privat, 1989, 189 Pages.
B. MEMOIRES
1- Chabi Dramane Bouko, La circulation des armes
légères et de petit calibre en Afrique de l'ouest, contribution
à une étude au programme de désarmement,
Université d'Abomey- Calvi,
www.memoireonline.com
2- Valverde, Benjamin, Le trafic illicite d'armes
légères, DESS de géopolitique, Université de
Paris I Panthéon- Sorbonne, Septembre 2004,
www.memoireonline.com
C. ARTICLES
1- ADAM Bernard, « Les transferts d'armes vers les
pays africains », in Document du GRIP, G1610, Bruxelles,
20/10/97
2- Atsutsé Kokouvi Agbobli : « l'Afrique
Centrale : enjeux et rivalités des grandes puissances »,
in Prévention des conflits en Afrique Centrale : prospective
pour une culture de la paix, Ed. Karthala, Paris, 2001
3- AYISSI, Anatole, « La prolifération des
armes légères et de petit calibre : un défit majeur
de paix et de sécurité », in Revue Africaine
d'Etudes Politiques et Stratégiques, N° 1 Université de
Yaoundé II, FSJP, Yaoundé, 2001.
4- AYISSI, Anatole, « Le défi de la
sécurité régionale en Afrique après la guerre
froide : vers la diplomatie préventive et la sécurité
collective », in travaux de recherche, UNIDIR, 1994.
5- AYISSI, Anatole, « Paix générale et
sécurité fragmentée : l'Afrique dans / et le nouvel
ordre sécuritaire mondial », in
www.africaaction.org/rtable/ayiooo3f.htm
6- Berghezan, Georges, « Transferts d'armes vers
l'Afrique Centrale et leurs conséquences
géopolitiques », in La crise congolaise : enjeux et
reconstruction nationale, GRAPPE-Congo, sous la direction de Jeannot MOLOLI
DANGA KASSA, l' Harmattan, Université libre de Bruxelles, 16-17 mars
2001.
7- CEREBA et Caritas Congo : « L'impact sur le
développement de la prolifération d'armes légères
en République Démocratique du Congo », in Haut
Conseil de la Coopération Internationale, Paris, janvier 2006.
8- Grimmett, Richard, «Conventional Arms Transfer to
Developing Nations 1987 1994», in Congressional Research Service,
Washington, 4/08/96
9- Ilhan Berkol : « L'instrument international
de l'ONU sur la traçabilité des armes légères et de
petit calibre », in Notes d'Analyse du GRIP, 23 mars 2007.
10- Intriligator Michael D. « Les défis
que présente la définition de la sécurité, la
définition de la à l'échelle mondiale », in,
Revue périodique des Nations Unies sur le Désarmement,
vol. XIV, N°4, New York, 1991
11- KOUNOU, Michel, « les conflits armés post
guerre froide en Afrique au sud du Sahara : un essai de
caractérisation », in Revue Africaine d'Etudes Politiques
et Stratégiques, N° 1 Université de Yaoundé II,
FSJP, Yaoundé, 2001.
12- Sayidiman Surohadiprojo : « Les
Systèmes de sécurité visant à prévenir les
guerres », in Revue périodique des Nations Unies sur le
désarmement, volume XIV, N°4, New York, 1991
13- WRIGHT, Steve, « Ce trafic `'légal'' des
armes légères », in Le Monde Diplomatique,
Paris, janvier 2001.
D. RAPPORTS
1- Rapport 2007 du Graduate Institute Studies de Genève
sur les armes légères
2- RACKLEY, Edward B., Burundi-Armes légères
et violence armée : quel impact pour les femmes,
Document du GRIP, 27 pages
3- Ilhan Berkol, Marquage et traçage des armes
légères, Document du GRIP, 72 pages.
4- RENAULD, Anne, RDC-Ressources naturelles et transfert
d'armes, Document GRIP, 33 pages.
E. REVUES
1- Revue périodique des Nations
Unies sur le Désarmement, vol. XIV, N°4, New York, 1991
2- Revue Africaine d'Etudes Politiques et
Stratégiques, N° 1 Université de Yaoundé II,
FSJP, Yaoundé, 2001.
3- Revue Africaine d'Etudes Politiques et
Stratégiques, N° 3 Université de Yaoundé II,
FSJP, Yaoundé, 2006.
F. JOURNAUX ET MAGAZINES
1- Le Monde Diplomatique, N° 564, Paris, Mars
2001.
2- Diplomatie, N° 26, Paris, mai-juin 2007.
G. TEXTES OFFICIELS
1- Charte des Nations Unies
H. DICTIONNAIRES
1- Dictionnaire Encyclopédique Petit Larousse
illustré, 1993.
2- Dictionnaire Encyclopédique Petit Larousse
illustré, Ed. 1975
I. WEBOGRAPHIE
1- www.grip.org
2-www.oxfam.org
3- www.iansa.org
4- www.armyrecognition.com
5- www.ctcmr.org
6-
www.google.fr
7-
www.memoireonline.com
TABLES DES MATIERES
SOMMAIRE
I
DEDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
LISTE DES TABLEAUX
IV
LISTE DES ABREVIATIONS
V
RESUME
VII
ABSTRACT
X
AVANT-PROPOS
XIII
INTRODUCTION GENERALE
14
1. La définition des concepts de
l'étude
14
2. L'objectif et l'intérêt de
l'étude
15
3. La problématique de l'étude
15
4. La formulation des hypothèses
17
a. L'hypothèse générale
17
b. Les hypothèses de recherche
18
6. La localisation de l'étude
18
7. Les difficultés rencontrées
20
PREMIERE PARTIE : ETUDE DU PHENOMENE
21
CHAPITRE 1ER : LES CARACTERISTIQUES
ET LES FACTEURS DE PROLIFERATION ET DE CIRCULATION ILLICITES DES ARMES LEGERES
ET DE PETIT CALIBRE EN AFRIQUE CENTRALE
22
SECTION I : LES FACTEURS DE PROLIFERATION ET
DE CIRCULATION DES ALPC
22
I. Les facteurs historiques
23
II. Les facteurs socio-politiques
23
III. Les conflits armés internes comme
facteurs de prolifération des armes
24
IV. Le rôle des réfugiés dans
la circulation des armes.
25
V. La commercialisation des ALPC
26
SECTION II : LES CARACTERISTIQUES DE
PROLIFERATION ET DE CIRCULATION ILLICITES DES ALPC
29
I. L'absence d'une norme internationale coercitive
sur les ALPC
30
II. La réglementation mitigée de
certaines armes : le cas de l'AK-47
30
III.L' absence d'un instrument fiable sur la
traçabilité et le marquage
31
IV. Les caractéristiques physiques des armes
légères
31
CHAPITRE 2 : LES PROCESSUS DE PRODUCTION ET
LES MODES D'ACQUISITION ILLICITES
33
SECTION I : LA PRODUCTION INDUSTRIELLE DES
ALPC DANS LE MONDE
33
I. La production des pays industrialisés du
Nord
34
A. Les pays et les industries d'armes
européens
34
1. La production et les industries
françaises d'armes légères
34
2- La Grande-Bretagne
35
3- La production de l'Allemagne
35
4. La production et les sociétés
italiennes d'armes
36
5. La fabrication des armes en Russie
36
B. Les industries d'armes américaines
36
1. Les industries d'armement aux Etats-Unis
37
2. La production des armes au Canada
37
II. La fabrication des armes en Afrique
37
A. Les industries sud-africaines d'armement
38
B. Les industries de l'Ouganda
38
C- Les industries nigérianes
38
SECTION II : LA FABRICATION ARTISANALE DES
ARMES ET DES MUNITIONS
39
I. La production dans les pays de la
sous-région d'Afrique Centrale
39
II. La fabrication dans les pays africains hors de
la sous-région
39
SECTION III : LES MODES D'ACQUISITION ET LES
TECHNIQUES DE TRANSFERT
40
I. Les modes d'acquisition des ALPC
40
A. Les acquisitions par voie officielle
41
1. Les acquisitions légales
41
2. Les acquisitions illégales
41
B. Les acquisitions illicites
41
II. Les techniques de transfert des armes
42
1. La technique de décomposition
42
2. Les techniques de dissimulation
43
3. La technique des faux convois d'aide
humanitaire
43
4. La technique des faux véhicules
administratifs
43
5. La technique du faux policier ou du faux
gendarme
43
6. La technique des convois funèbres et des
cercueils
44
7. La technique d'utilisation des personnes
vulnérables
44
CHAPITRE 3 : LES CONSEQUENCES DE LA
PROLIFERATION ET DE LA CIRCULATION ILLICITES DES ALPC DANS LA SOUS-REGION
45
SECTION I : LES CONSEQUENCES POLITIQUES
45
I. La militarisation de la population civile et
l'impossible dialogue
45
II. Les risques de conflits armés par la
prolifération des armes.
46
III. L'instabilité politique : la
fréquence des coups d'Etat.
47
SECTION II : LES CONSEQUENCES SUR LA
POPULATION CIVILE
49
I. L'accroissement du nombre de victimes
civiles
49
II. L'accroissement de
l'insécurité
50
III. Le problème de réfugiés
et de déplacés
52
SECTION III : LES CONSEQUENCES HUMANITAIRES
LIEES A LA CIRCULATION DES ARMES LEGERES
52
I. La difficulté d'agir de la
communauté internationale
52
II. Les entraves à l'acheminement de l'aide
humanitaire
54
DEUXIEME PARTIE : LES MECANISMES DE CONTROLE
DES ALPC
56
CHAPITRE 4: PRESENTATION DES MECANISMES DE CONTROLE
DES ALPC
57
SECTION I : LES MECANISMES DE LUTTE AU NIVEAU
INTERNATIONAL
57
I. Le Protocole des Nations Unies contre la
fabrication et le trafic illicite d'armes à feu, de leurs pièces,
éléments et munitions
57
II. Le Programme d'Action des Nations Unies sur les
ALPC
58
III. L'instrument de l'ONU sur la
traçabilité des ALPC
59
SECTION II : LES INITIATIVES SOUS-REGIONALES
CONTRE LA PROLIFERATION DES ALPC
60
I. Le conseil de paix et de Sécurité
de l'Afrique Centrale.
60
II. La mise en oeuvre du Programme d'Action des
Nations Unies par les pays de la CEEAC
61
III. L'accord de coopération en
matière de Police Criminelle en Afrique Centrale
63
IV. La Déclaration de Nairobi sur le
problème de la prolifération des armes légères
illicite dans la région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique.
63
V. Le Programme d'Action coordonné sur la
prolifération des armes légères illicites dans la
région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique
64
VI. Le protocole sur le contrôle des armes
à feu, des munitions et des autres matériels connexes de
l'Afrique Australe
64
VII. Les initiatives de l'Afrique de l'Ouest :
le Moratoire sur les armes légères.
64
SECTION III : LES AUTRES INITIATIVES
65
I. La politique de l'Union Européenne
contre la circulation illicite des ALPC.
65
II. La stratégie des Etats-Unis contre la
circulation illicite des ALPC
67
CHAPITRE 5 : APPRECIATION DES MECANISMES DE
CONTROLE
69
SECTION I : LES LIMITES DES INSTRUMENTS DES
NATIONS UNIES
69
I. Le Registre des armes conventionnelles :
une législation restrictive
69
II. La portée limitée du protocole
des Nations Unies contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à
feu et munitions.
70
III. Le Programme d'Action des Nations Unies et ses
limites
70
IV. Le caractère minimaliste de l'instrument
de l'ONU sur la traçabilité des ALPC
71
SECTION II : LES FAIBLESSES DES MECANISMES
SOUS-REGIONAUX
71
I. Les lacunes du protocole sur le COPAX
72
II. Les difficultés dans la mise en oeuvre
du programme d'Action des Nations Unies
72
III. Les insuffisances dans le protocole de
Nairobi
73
SECTION III : LA POLITIQUE AMBIGUË DE
L'UNION EUROPEENNE ET DES ETATS-UNIS SUR LES ARMES LEGERES.
74
I. Les failles du code de conduite de l'Union
Européenne
74
II. Les Etats-Unis : entre respect de la loi
et sauvegarde des intérêts
77
CONCLUSION
79
1- Le rôle de l'Union Africaine
79
2- Les mesures au niveau sous-régional
80
3. Les mesures à l'échelle
nationale
82
4. les mesures au niveau de l'ONU
83
5- La responsabilité de l'Union
Européenne
84
BIBLIOGRAPHIE
86
ANNEXES
ANNEXE 1
Fusil d'assaut AK-47 (kalachnikov)
L'arme la moins réglementée, la plus
meurtrière et la plus vendue dans le monde
Caractéristiques :
§ Poids : 3,8 kg
(vide) ; 4,3 kg (chargé)
§ Longueur : 870mm
§ Capacité du tir : 600
coups/min
§ Vélocité :
710m/s
§ Portée maximale : 1500 m
Source :
www.google.fr
ANNEXE 2
MP5A3
Le Pistolet Mitrailleur le plus répandu dans le
monde
Caractéristiques :
§ Longueur : 680 mm
§ Poids : 2,970 kg
§ Longueur du canon : 225 mm
§ Chargeur : de 15ou 30 coups
§ Cadence de tir : 800 coups/min
Source :
www.armyrecognition.com/forum
ANNEXE 3 :
Quelques armes de poing
Bersa Thunder 22
Taurus P22
Calibre 22LR
Calibre 22LR
10 coups
9+1 coups
Crosse polymère
Double action
Finition bronzée, bi-colore ou argentée
Bronzée
Longueur 168 mm
3''
Poids 535 g
1 ère catégorie
4éme catégorie
SIG P226
Taurus 44CP
· Calibre 9mm PARA
· Construloc
· 15 coups
Calibre 9 mm PARA
Finition bronzée ou Inox Matte
Construction tout acier
Calibre 44Mag
Culasse monobloc
Capacité 6 coups
15 coups
Poids 1,5 kg
Visée fixe
Crosse synthétique
1ère catégorie
4éme
catégorie
Source :
www.google.fr
ANNEXE 4
Quelques exemples de munitions
Source : www.
ctcmr.org/debut/munition.html
ANNEXE 2
MP5A3
Le Pistolet Mitrailleur le plus répandu dans le
monde
Caractéristiques :
§ Longueur : 680 mm
§ Poids : 2,970 kg
§ Longueur du canon : 225 mm
§ Chargeur : de 15ou 30 coups
§ Cadence de tir : 800 coups/min
Source :
www.armyrecognition.com/forum
ANNEXE 3 :
Quelques armes de poing
Bersa Thunder 22
Taurus P22
Calibre 22LR
Calibre 22LR
10 coups
9+1 coups
Crosse polymère
Double action
Finition bronzée, bi-colore ou argentée
Bronzée
Longueur 168 mm
3''
Poids 535 g
1 ère catégorie
4éme catégorie
SIG P226
Taurus 44CP
· Calibre 9mm PARA
· Construloc
· 15 coups
Calibre 9 mm PARA
Finition bronzée ou Inox Matte
Construction tout acier
Calibre 44Mag
Culasse monobloc
Capacité 6 coups
15 coups
Poids 1,5 kg
Visée fixe
Crosse synthétique
1ère catégorie
4éme
catégorie
Source :
www.google.fr
ANNEXE 4
Quelques exemples de munitions
Source : www.
ctcmr.org/debut/munition.html
* 1 Madeleine GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 1990, P.425
* 2 Directrice du Bureau des
affaires de désarmement de l'ONU.
* 3 Michael D.
Intriligator : « Les défis que présente la
définition de la sécurité. La définition de la
sécurité à l'échelle mondiale », in
Revue périodique des Nations Unies sur Désarmement, volume
XIV, N°4, 1991, p.64
* 4 La Corée du Nord a
déjà l'arme nucléaire
* 5 L'Iran cherche
peut-être encore à se doter de l'arme nucléaire
* 6 J. Louis LOUBET DELBAYLE,
Introduction aux méthodes des sciences sociales, Privat, 1989, P.
158
* 7 8 J. Louis LOUBET
DELBAYLE, Op. Cit. P. 160.
* 9 Commission Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Equatoriale, RCA et Tchad).
* 10 Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale.
* 11 Atsutsé kokouvi
Agbobli : « l'Afrique Centrale : enjeux et
rivalités des grandes puissances », in la prévention
des conflits en Afrique Centrale : prospective pour une culture de la
paix, Ed. Karthala, Paris, 2001, P.40
* 12 Selon la rapport 2007 sur
le armes légères émanant du Graduate Institute Studies de
Genève ; il y a 5 ans, ce même rapport répertoriait
640 millions d'armes dans le monde.
* 13 Selon certaines sources
non officielles.
* 14 Chabi Dramane BOUKO, La
circulation des armes légères et de petit calibre en Afrique de
l'Ouest : contribution à une étude au programme de
désarmement, Université d'Abomey-calavi, P.3, www.
mémoire online.com
* 15 Anatole Ayissi,
« Le défi de la sécurité régionale en
Afrique après la guerre froide : vers la diplomatie
préventive et la sécurité collective », travaux
de recherche, UNIDIR, 1994.
* 16Bernard ADAM,
« Les transferts d'armes vers les pays africains- Quels
contrôles ? », in Document du GRIP, G1610,
20/10/97.
* 17 Bernard ADAM,
idem.
* 18 Michel KOUNOU,
« Les conflits armés post guerre froide en Afrique au Sud du
Sahara : un essai de caractérisation », in Revue
Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques, N° 1,
Université de Yaoundé II, FSJP, Yaoundé, 2001, P. 232.
* 19 Michel KOUNOU, idem.
* 20 Auteur de Trafics
d'armes : enquête sur les marchands de mort, Paris, Flammarion,
2006.
* 21 Diplomatie
N°26, Mai-Juin 2007, P.76.
* 22Selon l'information
recueillie au site web : www.wikipedia.org
* 23 Richard Grimmett,
«Conventional Arms Transfers to Developing Nations, 1987-1994»,
Congressional Research Service, Washington, 4/08/95.
* 24 Anatole Ayissi,
« La prolifération des armes légères et de petit
calibre : un défis majeur de paix et de
sécurité », in Revue Africaine d'Etudes Politiques
et Stratégiques, N° 1, Université de Yaoundé II,
FSJP, Yaoundé, 2001, P. 174.
* 25 Avtomat Kalachnikova
modèle 1947.
* 26 Cité par Oxfam
International, in Communiqué de presse Oxfam, 26 juin 2006.
* 27 Amnesty Intrenational,
Oxfam International et le Réseau d'Action International sur les Armes
Légères
* 28 Cité dans
Diplomatie, N° 26, Mai-Juin 2007, p 75.
* 29 Généralement
appelée AKM ou Kalachnikov Economique en raison de son coût de
production réduit.
* 30 Un mouvement mondial qui
lutte contre la violence armée. Il rassemble plus de 500 organisations
de la société civile qui travaillent dans 100 pays pour mettre un
terme à la prolifération et à l'utilisation abusive des
armes légères et de petit calibre.
* 31 Steve
WRIGHT : « ce trafic"légal" des armes
légères », in Le Monde Diplomatique, Paris,
janvier 2001, P.12 et 13.
* 32 Richard F. Grimmett,
conventional Arms Transfers to Developing Nations, 1996-2003, Congressional
Research Service Report for Congress, 26 Août 2004.
* 33 Richard F. Grimmett,op.
cit.
* 34 Base de données de
la Fondation Omega sur les entreprises du secteur militaire, de
sécurité et de police.
* 35 Fritz Werner (Allemagne),
New Lachausée (Belgique), Santa Barbara (Espagne) et Manurhin
(France).
* 36 Annuaire sur les armes
légères 2004 : droits en péril, projet de l'Institut
Universitaire des Hautes Etudes Internationales, Genève, 2004, P.100.
* 37 SIPRI, Year book 2005.
* 38 Richard F. Grimmett, op.
cit.
* 39 Amnesty International,
RAIAL et Oxfam International, « les pays exportateurs d'armes du G8
et les transferts d'armes irresponsables », in Document
Public, index AI : POL 30/007/2005, 22 juin 2005.
* 40 Le groupe des huit pays
les plus industrialisés du monde.
* 41 Informations tirées
du SIPRI Yearbook 2004 Armaments, Disarmement and International Security,
Oxford University Press, 2004, tableau 12A.2
* 42 Voir P.40, infra.
* 43 Chabi Dramane Bouko,
« La circulation des armes légères et de petit
calibre en Afrique de l'Ouest : Contribution à une étude au
programme de désarmement », Université
d'Abomey-Calvi, www.mémoireonline.com
* 44 Voir la définition
des concepts.
* 45 Voir tableau 8 et 9, pp.
74 et 75, infra.
* 46 Chercheur au GRIP.
* 47 Georges
Berghezan : « Transferts d'armes vers l'Afrique Centrale et
leurs conséquences géopolitiques », in La crise
Congolaise : enjeux et reconstruction nationale, GRAPPE-Congo, sous la
direction de Jeannot MOLOLI DANGA KASSA, L'Harmattan, Université libre
de Bruxelles, 16-17 Mars 2001, P.63.
* 48 Mouvement de
Libération du Congo.
* 49 Surtout les armes de
poing comme les Pistolets Automatiques.
* 50 Ces personnes ont requis
l'anonymat.
* 51 Mouvement Populaire pour
la Libération de l'Angola.
* 52 Union Nationale pour la
Libération Totale de l'Angola.
* 53 Surtout les Etats
-unis.
* 54 Bernard
ADAM : « Les transferts d'armes vers les pays
africains », in Documents du GRIP, Bruxelles, 1997, P.3.
* 55 Précisément
aux deux principales ethnies que sont les Hutu et les Tutsi.
* 56 Sayidiman
Suryohadiprojo : « les systèmes de
sécurité visant à prévenir les guerres »,
in Revue périodique des Nations Unies sur le désarmement,
volume XIV, N°4, New York, 1991, PP.78 et 79.
* 57 Michel KOUNOU :
problème de sécurité en Afrique, cours de DESS
Stratégie, Défense, Sécurité et Gestion des
conflits, université de Yaoundé II, FSJP, année
académique 2005-2006, P.22, inédit.
* 58 Par exemple mauvaise
gestion des recettes pétrolières, détournements des fonds
publics par les dirigeants, personnalisation du pouvoir, baisse du pouvoir
d'achat des populations, etc.
* 59 Amnesty International,
Oxfam International, RAIAL / IANSA, GRIP, etc.
* 60 Notamment la convention IV
de Genève de 1949sur la protection des personnes civiles.
* 61 Date de
décès par accident d'avion du président rwandais
Abyarimana et son homologue burundais.
* 62 Bernard
ADAM : « les transferts d'armes vers les pays
africains », in Document du GRIP, Bruxelles, 1997, P.4.
* 63 Il est directeur des
Nations Unies et de la coopération décentralisée au
ministère camerounais des Relations Extérieures.
* 64 Cité par
Raphaël Mvogo, « Développement-Afique Centrale :
casse-tête pour arrêter la circulation de sept millions d'armes
légères », in www.ipsinternational.org/fr
* 65 Mission de l'Organisation
des Nations Unies en Somalie.
* 66 Mission des Nations Unies
au Rwanda.
* 67 Anatole
Ayissi : « paix générale et
sécurité fragmentée : l'Afrique dans / et le nouvel
ordre sécuritaire. mondial », in
www.africa action. Org/rtable/ayi0003f.htm
* 68 CEREBA :
« L'impact sur le développement de la prolifération
d'armes légères en République Démocratique du
Congo », in Haut Conseil de la Coopération
Internationale, Paris, janvier 2006, P.4.
* 69 Centre d'Etudes et de
Recherche en Education de Base pour le Développement
Intégré.
* 70 Caritas
Congo : « L'impact sur le développement de la
prolifération d'armes légères en République
Démocratique du Congo », in Haut Conseil de la
Coopération Internationale, Paris, janvier 2006, P.4.
* 71 Benjamin Valverde,
« Le trafic illicite d'armes légères », DESS
de géopolitique, université Paris I Panthéon - Sorbonne,
Septembre 2004, www.memoireonline.com
* 72 Pargraphes 4 a et 4 b de
l'Instrument International.
* 73 Ilhan Berkol, «
L'instrument international de l'ONU sur la traçabilité des armes
légères et de petit calibre », in Notes d'Analyse du
GRIP, 23 mars 2007.
* 74 Chefs d'Etat-Major des
forces armées ou leurs représentants ; chefs de
police ; experts des ministères des Affaires
étrangères / Relations extérieures ; expert des
ministères de la Défense / Forces armées ; experts
des ministères de l'intérieur / Sécurité ;
experts d'autres départements ministériels invités en
fonction de l'ordre du jour de la commission.
* 75 Burundi, Djibouti,
Erythrée, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Somalie et
Tanzanie.
* 76 Le Tchad, la RCA, la RDC
partagent la frontière avec le Soudan ; la RDC est limitrophe avec
la Tanzanie, etc.
* 77 Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
* 78 Le Moratoire a
été renouvelé en Juillet 2001 pour une autre
période de 3 ans.
* 79 Bénin, Burkina
Faso, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée- Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal,
Sierra Leone, Togo.
* 80 Notamment par un
renforcement des cadres législatifs nationaux, la transparence, et
l'amélioration de la gestion et de la sécurité des
stocks.
* 81 Il s'agit de l'US
Conventional Arms Transfer Policy, ou CAT.
* 82 Benjamin Valverde,op.cit,
p.35.
* 83 Parlements nationaux.
* 84 Les Etats-Unis et la Chine
notamment.
* 85 Le Calendrier de mise en
oeuvre du programme d'activités prioritaires a été
élaboré en 2003 (voir Tableau 7, p. 62, supra).
* 86 Rapport final de
l'atelier, P.3
* 87 Ibid P.8
* 88 Ibidem P.10
* 89 Notamment l'Angola, la
RDC, le Burundi.
* 90 Notamment la RDC.
* 91 Voir IV, Section I,
chapitre 4, p. 63, supra.
* 92 Voir I et II, Section III,
chapitre 4, pp. 65et 67, supra.
* 93 Bombes, grenades,
munitions, mines et autres.
* 94 L'union Européenne
a décrété l'embargo contre le Soudan le 16 Mars 1994et
contre le Myanmar en 1996.
* 95 Benjamin Valverde Op. Cit.
P. 14.
* 96 En 2001, les exportations
d'armes légères italiennes ont représenté une
valeur de 298,7 millions de dollars américains selon l'Annuaire sur les
armes légères 2004 : droits en péril, projet de
l'Institut universitaire des hautes études internationales,
Genève.
* 97 Algérie, Colombie,
Erythrée, Inde, Indonésie, Israël, Kazakhstan, Nigeria,
Pakistan et Sierra Léone.
* 98 Notamment
l'Algérie, l'Arabie Saoudite, le Maroc, le Pakistan, la Syrie et la
Turquie.
* 99 Il y a des licences
d'exportations individuelles ouvertes (Open Individual Export Licences) et des
licences d'exportation générales ouvertes (Open General Export
Licences).
* 100 Voir II, section III,
chapitre 4, Supra.
* 101 Benjamin valverde, op.
cit. P. 58.
* 102 Sophie Clairet,
« Commerce des armes, l'impossible contrôle », in
Diplomatie, N°26 Paris mi-juin 2007, P. 65.
* 103Amnesty International,
Oxfam International et RAIAL, « Les pays exportateurs d'armes du
G8 et les transferts d'armes irresponsables », in Document
Public, 22 juin 2005, P.10.
* 104 Benjamin Valverde,
op.cit. P. 46.
* 105 A la date du 18 janvier
2008 ces tensions sociales auraient déjà fait plus de 700 morts
parmi les civils.
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