La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes( Télécharger le fichier original )par Kisito Marie OWONA ALIMA Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007 |
II. L'accroissement de l'insécuritéLa propagation et le commerce illicites des armes légères constituent une grave menace pour la paix et la sécurité en Afrique Centrale. Tous les pays de la sous-région, sans exception, sont durement affectés aujourd'hui par le phénomène du grand banditisme, urbain et rural, à cause de la circulation anarchique des armes. Les braquages à mains armées sont devenus monnaie courante. Presque chaque jour, quelque part en Afrique Centrale, une personne est agressée par des bandes de malfrats fortement armés, ou tombe sous les balles d'une arme à feu. Le phénomène des « coupeurs de route »monte en puissance dans tous les pays. A cause de la circulation anarchique des armes, s'observe de plus en plus une insécurité transfrontalière. Au Cameroun par exemple, Samuel Mvondo Ayolo63(*) fait remarquer que les armes légères « sont la source du grand banditisme et de l'insécurité qui règnent dans toute la région d'Afrique Centrale »64(*). Il fait savoir que dans la région du Nord Cameroun la trop grande circulation de ces armes favorise certainement le phénomène des coupeurs de route qui y sévit. Il affirme que des bandits, avec une ou deux armes légères, barrent pendant quelques minutes une route bien fréquentée et dépouillent tous les véhicules et les voyageurs qui passent sur cette route à cet instant précis. Ils vont parfois même jusqu'à violer des femmes et tuer les conducteurs qui leur tiennent tête. Le 03 septembre 2007, par exemple, dans le village Babororo, dans l'Extrême- nord du Cameroun, des bandits armés avaient pris en otage un éleveur de boeufs, exigeant, pour le libérer, une rançon de cinq millions de francs CFA (environ 12000 dollars US ou 7587,254 euros). Au cours du violent accrochage qui a eu lieu par la suite entre les éléments du Bataillon d'Intervention Rapide et les bandits, le berger a reçu dans sa jambe droite une balle tirée par les malfrats. Dépassés par la riposte des militaires, les bandits ont abandonné une impressionnante armada militaire qui laisse penser à l'armement d'un bataillon militaire en déplacement. Ce Kidnapping de l'éleveur Camerounais rappelle un peu les prises d'otages spectaculaires qui se produisent en Occident ou dans les régions traditionnelles pour ce genre de criminalité : Afghanistan, Irak par exemple. Il s'agit là des signes annonciateurs du terrorisme international qui, si rien n'est fait d'ici là en matière de lutte contre la circulation anarchique des ALPC, va se propager dans la sous-région pour le grand malheur des populations. D'ailleurs, ce cas précité n'est pas l'unique exemple au Cameroun. D'autres cas similaires se sont produits dans le passé, notamment dans la province orientale du Cameroun. Le Cameroun n'est pas le seul à connaître ce genre de fait, d'autres pays de la sous-région en sont tous les jours victimes, surtout les pays touchés par les affrontements armés (Tchad, RDC). * 63 Il est directeur des Nations Unies et de la coopération décentralisée au ministère camerounais des Relations Extérieures. * 64 Cité par Raphaël Mvogo, « Développement-Afique Centrale : casse-tête pour arrêter la circulation de sept millions d'armes légères », in www.ipsinternational.org/fr |
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