La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes( Télécharger le fichier original )par Kisito Marie OWONA ALIMA Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007 |
III. L'instabilité politique : la fréquence des coups d'Etat.L'Afrique est un continent caractérisé par une grande instabilité politique à cause de nombreux coups d'Etat dont il fait l'objet depuis les indépendances jusqu'à nos jours. Au total, fait observer Michel KOUNOU, « entre 1963 et 2003, l'Afrique aura enregistré une centaine de coups d'Etat militaires ou de rebellions sanglantes d'une grave importance, dont pas moins de quatre-vingt sept réussis. »57(*) Généralement, les experts en polémologie s'attachent aux causes directes58(*) pour expliquer ces coups de force, en laissant de côté les facteurs indirects (qui influent aussi et peut-être même plus fortement) que sont, par exemple, l'accumulation et la circulation des armes. Entre1994 et 2004, l'Afrique Centrale a été fortement secouée par les coups d'Etat ratés ou réussis ou des mutineries majeures, en nombre et en fréquence, comme le montre le tableau ci-dessous : TABLEAU 5 : Coups d'Etat et mutineries majeures en Afrique Centrale (1994-2004)
* doublé au cours de la même année **triplé au cours de la même année Source : Extrait du tableau élaboré par Michel KOUNOU dans l'ouvrage précité, P.22. Ces coups de force sont, certes, la réaction violente des populations ou des groupes rebelles face aux frustrations, injustices et à la mauvaise gouvernance des dirigeants africains ; mais ils sont aussi, et peut-être surtout dus au fait que les armes circulent librement au sein des populations. Il faut d'ailleurs remarquer que 1994-2004 est une période où presque tous les rapports des Nations Unies (que ce soit ceux du Secrétaire Général ou ceux des organismes spécialisés comme l'UNICEF, le HCR, le PNUD, etc.) ou des ONG59(*) qui oeuvrent dans les droits de l'homme, sont unanimes à l'idée que les armes légères circulent de manière anarchique et incontrôlée en Afrique et principalement dans la sous-région d'Afrique Centrale. Par conséquent, il faut arriver à la conclusion selon laquelle l'accumulation et la circulation illicites des ALPC est une source permanente d'instabilité politique en Afrique Centrale. SECTION II : LES CONSEQUENCES SUR LA POPULATION CIVILEL'accumulation excessive des armements a également des conséquences dévastatrices sur le plan individuel. Elle aggrave l'insécurité, accroît le nombre de victimes ; elle augmente aussi le nombre de réfugiés et de déplacés. Elle constitue par ailleurs un frein pour le développement. * 57 Michel KOUNOU : problème de sécurité en Afrique, cours de DESS Stratégie, Défense, Sécurité et Gestion des conflits, université de Yaoundé II, FSJP, année académique 2005-2006, P.22, inédit. * 58 Par exemple mauvaise gestion des recettes pétrolières, détournements des fonds publics par les dirigeants, personnalisation du pouvoir, baisse du pouvoir d'achat des populations, etc. * 59 Amnesty International, Oxfam International, RAIAL / IANSA, GRIP, etc. |
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