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La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes

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par Kisito Marie OWONA ALIMA
Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007
  

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RESUME

Depuis la fin de la Guerre Froide, l'Afrique Centrale est fortement marquée par le phénomène de prolifération et de circulation illicites des armes légères et de petit calibre.


· Les raisons qui expliquent le phénomène

Plusieurs facteurs expliquent la prolifération et la circulation des armes dans la sous-région d'Afrique Centrale. Parmi lesquels, les facteurs socio-politiques, les conflits armés, les mouvements de réfugiés et le commerce international incontrôlé des armes.

Favorisent également la circulation illicite et anarchique des ALPC dans la sous-région : l'absence d'une norme internationale coercitive sur les ALPC, la réglementation mitigée de certaines armes telle que la kalachnikov (AK-47), l'absence d'un instrument fiable sur la traçabilité et le marquage des ALPC et enfin les caractéristiques physiques mêmes de ces armes.

D'énormes quantités d'armes légères et de munitions sont actuellement fabriquées dans de nombreuses usines disséminées à travers la planète, mais fortement concentrées dans les pays du Nord. Dans cette production sans cesse croissante et où les Etats-Unis figurent au peloton de tête à l'échelle mondiale, le continent africain occupe une place non négligeable avec ses industries naissantes, mais déjà très productives. L'Afrique excelle aussi dans la fabrication artisanale des armes. Cette fabrication locale est d'une importance mineure, mais aggrave considérablement le phénomène de la circulation des armes. Ces armes circulent abondamment et de façon incontrôlée dans le monde et en particulier dans la sous-région d'Afrique Centrale, grâce aux techniques de transfert mises en oeuvre par les trafiquants et à cause de la faiblesse des contrôles au niveau des frontières.


· Les conséquences du phénomène

La prolifération incontrôlée et la circulation anarchique des armes légères ne sont pas sans conséquences dévastatrices dans la sous-région. En plus de détruire de nombreuses vies humaines, les armes légères constituent une grave menace pour la paix, la sécurité et la stabilité ainsi que le développement durable au niveau individuel, local, national, régional et sous-régional. En Afrique Centrale, l'accumulation des armes légères prolonge les conflits, exacerbe la violence, contribue fortement au déplacement massif des civils et aux violations abusives des droits humains et du droit international humanitaire, en particulier au détriment des femmes et des enfants. Elle favorise également la recrudescence de la criminalité organisée nationale et transfrontalière ainsi que le développement des ramifications des liens existant entre le commerce illicite des armes légères, les trafics de drogues et de minéraux précieux. En outre, les armes légères constituent une grande entrave à la recherche d'une solution durable aux différents conflits qui déchirent le continent et en particulier l'Afrique Centrale.

Enfin, l'accumulation et la circulation excessives des ALPC entraînent des conséquences considérables sur le plan humanitaire : la difficulté d'agir de la communauté internationale dans les zones de conflits armés à cause des atrocités perpétrées à l'aide de ces armes, et les entraves à l'acheminement de l'aide humanitaire vers les populations civiles en proie aux souffrances multiples.


· Les mécanismes et les instruments de contrôle des ALPC dans la sous-région

Depuis quelques décennies, plusieurs mécanismes et instruments ont été mis en place, tant au niveau sous-régional qu'à l'échelle internationale, pour combattre le phénomène de prolifération et de circulation illicites des ALPC. Cependant, ces mécanismes et instruments comportent des lacunes importantes et ont montré leurs limites. Ce qui a contribué à aggraver considérablement le phénomène.


· Les approches de solutions

Pour mettre fin à la prolifération et à la circulation incontrôlées des armes légères, des efforts devraient être faits au niveau continental, au niveau sous-régional et à l'échelle internationale.

Au niveau continental, l'Union Africaine, en tant que système de sécurité collective, devrait pouvoir atteindre certains objectifs, notamment : négocier avec les pays la réduction des stocks d'armements ; créer des mécanismes ou des lieux de discussion afin de permettre le règlement pacifique des différends pour éviter que ceux-ci ne dégénèrent en conflits armés, sources d'accumulation des armes légères ; favoriser la coopération entre Etats en vue de faciliter le contrôle des frontières et la répression des trafics d'armes.

Au niveau sous-régional, la CEEAC devrait aussi atteindre certains objectifs: renforcer les mécanismes de contrôle qui ont montré les limites et créer d'autres mécanismes plus efficaces ; doter le COPAX d'un organe spécial de contrôle des armes légères ; renforcer les capacités des institutions de sécurité et impliquer les experts civils dans la lutte contre la circulation illicite des armes légères ; accélérer le processus d'harmonisation des législations nationales sur les armes et parvenir à un régime d'interdiction qui prévoit les autorisations et non un régime d'autorisation qui intègre les interdictions ; renforcer la coopération bilatérale et la coopération sous-régionale/sous-régionale pour permettre l'échange d'informations sur la circulation des armes ; créer un observatoire sous-régional des ALPC dont les missions seraient entre autres, collecter les informations sur les mouvements illicites des armes et des munitions afin de les mettre à la disposition des Etats, contrôler les frontières afin de prévenir et d'arrêter les mouvements illégaux des armes et des munitions, élaborer des stratégies, politiques et programmes de lutte contre la prolifération et la circulation illicites des armes.

Par ailleurs, la CEEAC devrait inciter les Etats à s'attaquer à la corruption, surtout à l'égard des forces de sécurité et du personnel des douanes chargés des contrôles au niveau des frontières. Les Etats membres devraient aussi mettre l'accent sur la lutte contre la pauvreté. Les gouvernements de la sous-région devraient surtout instaurer la démocratie et s'efforcer de pratiquer la bonne gouvernance afin d'éviter les tensions sociales, voire les conflits armés, sources d'accumulation des armes.

Pour ce qui est du cas spécifique du Cameroun, un module sur les armes légères devrait être ajouté dans le programme des enseignements du CSID.

Au niveau de l'ONU, des efforts doivent également être menés. L'article 51 de la Charte, qui accorde une liberté sans limite aux Etats d'accumuler ou de vendre des armes, doit être révisé. Le Registre des armes conventionnelles de 1991, qui exclut les armes légères de la liste des armes classiques faisant l'objet de déclaration, doit être complété pour intégrer ces armes ; les informations à communiquer par les Etats doivent inclure les stocks d'armements existants ; les déclarations des Etats membres doivent être obligatoires ; le Registre devrait pouvoir intégrer une disposition qui prévoit un office de contrôle international indépendant des Etats qui serait chargé d'opérer des vérifications. L'ONU doit également parvenir à un traité de non prolifération anarchique des ALPC et des munitions, et à la création d'une sorte d'agence internationale des armes légères et des munitions. La mission de l'agence serait d'inspecter dans des usines de production des ALPC pour voir si les Etats respectent les normes internationales et les quotas de production fixés.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus