2.5 Représentation graphique : les arbres
rhé-
toriques
La structure rhétorique d'un texte se présente
toujours sous la forme d'un arbre, les segments de discours
élémentaires apparaissant au niveau de ses feuilles et les
segments plus importants au niveau de ses noeuds. Les schémas sont
l'unité de base permettant de construire un arbre rhétorique, et
nous allons les étudier dans cette section.
2.5.1 Les schémas
Les schémas sont des structures abstraites
composées de: - un petit nombre de segments de discours.
- une relation qui lie entre eux ces segments.
- la relation qu'entretient le noyau avec les autres segments.
Ils permettent de représenter graphiquement une
relation qui lie deux ou plusieurs segments, et pour ce faire, on trouve dans
un schéma les éléments graphiques suivants:
- les lignes horizontales représentent les
segments de discours.
- une ligne verticale (ou en diagonale) permet de
repérer le noyau (un segment sans ligne verticale étant un
satellite).
- les arcs qui joignent deux lignes horizontales sont
les relations qui tiennent entre deux segments, la flèche indiquant le
sens de la relation.
Il existe 5 types de schémas, chacun correspondant
à une configuration particulière entre segments de discours que
l'on peut classer en deux classes9 : les relations
mononucléaires (de loin les plus courantes) et les relation
multinucléaires.
2.5.2 Relations mononucléaires
(2.10)
(2.9)
FIG. 2.3 - Relations mononucléaires
9Comme nous l'avons déjà
précisé à la section 2.4.
Dans la figure 2.3, le schéma 2.9 représente une
relation rhétorique binaire reliant un satellite à un noyau (un
segment de discours vient en compléter un autre). Ce schéma est
de loin le plus courant : on peut analyser un texte sans jamais en rencontrer
un autre type.
Le schéma 2.10 est plus rare: deux -- ou plusieurs --
satellites viennent compléter un seul noyau.
2.5.3 Relations multinucléaires
(2.12)
(2.11)
(2.13)
FIG. 2.4 - Relations multinucléaires
La figure 2.4 montre les trois types de relations
multinucléaires, n'ayant chacun qu'un seul représentant:
- Le schéma 2.11 correspond à la relation jonction
(joint en anglais) - Le schéma 2.12 correspond à la
relation de contraste
- Le schéma 2.13 correspond à la relation de
séquence.
2.5.4 Un exemple d'analyse
Pour illustrer la façon dont se présente un
arbre rhétorique, nous avons fait l'analyse du texte de la figure 2.1,
que nous présentons dans la figure 2.5.
Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur,
il raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un
yorkshire blanc.
et à récupérer les objets volés.
les gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer
chez lui
contraste
élaboration
élaboration
Mais il « travaillait » avec sa propre voiture.
Les voisins en ayant
relevé le numéro,
Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard
avec sa maîtresse,
une fillette de 4 ans.
Le cambrioleur a téléphoné à sa
mère, promettant de rapporter l'animal et les bijoux.
* Nous n'avons pas trouvé chez Mann et Thompson de
relation qui convenait ici, nous en avons donc créé une
nouvelle.
constatation *
Il n'y manquait que les bijoux et le chien.
jonction
cause
cause volitive
résultat volitif
Nous allons expliquer rapidement comment se fait l'analyse en
reprenant le texte de la figure 2.1 ci-dessous:
[Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur, il
raflait tout: argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
]s1 [[Mais il «travaillait» avec sa propre voiture.
]s2a [Les voisins en ayant relevé le numéro, les
gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer chez lui et à
récupérer les objets volés. Il n'y manquait que les bijoux
et le chien. Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard avec sa maîtresse, une fillette de 4 ans. Le cambrioleur a
téléphoné à sa mère, promettant de rapporter
l'animal et les bijoux. ]s2b ]s2
L'analyse avec la RST est descendante, comme nous l'avons
déjà précisé. Nous prenons donc le texte dans son
entier et nous essayons de le séparer en deux parties, s1 et
s2. La relation entre s1 et s2 est explicitement
marquée dans le texte: on a affaire à un contraste, marqué
par le connecteur mais, entre ces deux segments, et c'est pourquoi la
relation est représentée graphiquement par deux traits verticaux
marquant une relation entre deux noyaux (la relation de contraste est
multinucléaire). Ensuite, à l'intérieur même de ces
deux segments, et comme l'analyse est récursive, on essaie à
nouveau de trouver deux segments plus petits: par exemple, nous avons
séparé le segment s2 en deux segments plus petits,
s2a et s2b, s1 « élaborant » --
c'est-à-dire apportant des informations supplémentaires --
s2. La relation entre s2a et s2b est
représentée graphiquement par une flèche allant de s2b
à s2a car s2b est un satellite de s2a
qui est le noyau (l'information la plus importante). On continue de la
même façon jusqu'à ce qu'on n'ait plus que des segments
élémentaires, ne pouvant plus être
décomposés.
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