2.3.2 Les relations rhétoriques
Les relations rhétoriques sont des
constructions abstraites qui relient deux segments de discours entre
eux3 -- ces deux segments ne devant pas se chevaucher -- et
déterminent les relations sémantiques et pragmatiques qui
tiennent entre eux. Les segments de discours pouvant être de taille
quelconque, une relation rhétorique pourra relier deux parties minimales
d'un texte (inférieures à la phrase) aussi bien qu'un ensemble de
phrases.
Cette propriété permet une analyse
récursive et descendante (ou ascendante) d'un texte, les mêmes
relations pouvant être utilisées à tous les niveaux de la
structure du texte.
Une propriété très importante des
relations rhétoriques est à noter (MANN et THOMPSON (1986)),
c'est qu'il n'existe pas de signe spécifique de leur existence. En
effet, les relations ne sont pas forcément signalées par un
indice linguistique contenu dans une des deux propositions; souvent aucun
signal explicite n'est présent. Les connecteurs sont un exemple d'indice
linguistique permettant de repérer une relation rhétorique
particulière (nous en reparlerons dans la section 2.8).
Considérons l'exemple suivant:
(2.3) Barbie est malheureuse parce que Ken n'est pas venu.
(2.4) Barbie est malheureuse: Ken n'est pas venu.
La relation de cause peut être marquée
linguistiquement comme dans l'exemple (2.3) ou non (exemple
(2.4))4.
3On peut définir les relations
rhétoriques comme une sorte de prédicat à 2 (ou plusieurs)
arguments qui prendrait comme premier argument le premier segment et comme
deuxième argument le deuxième segment de discours qu'elles
relient.
4Nous renvoyons ici à la notion de
connexité expliquée dans la section 2.1.2 : ici on a
2.3.3 Définition et distinction des relations
Chaque relation rhétorique doit respecter une
définition stricte afin de pouvoir être utilisée et
distinguée5 des autres relations, les relations ne devant pas
se recouper au niveau du sens.
Mann et Thompson utilisent quatre champs pour définir une
relation: - les contraintes sur le noyau
- les contraintes sur le satellite
- les contraintes sur la combinaison des deux
- l'effet
La figure 2.2 nous donne un exemple de définition d'une
relation (le but ici)6.
Relation but
Contraintes sur le noyau présente une
activité
Contraintes sur le satellite présente une
situation qui n'est pas réalisée
Contraintes sur la combinaison noyau-satellite
Le locuteur présente une situation qui doit être
réalisée grâce à l'activité dans le noyau
Effet L'interlocuteur reconnaît que
l'activité dans le noyau est initiée pour réaliser le
satellite
Lieu de l'effet noyau et satellite
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FIG. 2.2 - définition de la relation de but
une même relation et le texte est cohérent, mais la
connexité est explicite ou implicite.
5Avec les définitions seules, il n'est pas
toujours aisé de se faire une idée de la façon dont ont
peut distinguer les relations. Nous en reparlerons dans la section 2.7.
6Cet exemple est tiré de MANN et THOMPSON
(1987), p. 63-64
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