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Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré

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par Pagnidemsom Nestor BOULOU
Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007
  

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3.3 Implication des femmes dans le PIC

Pendant longtemps s'est imposée une perception androcentrique des structures sociales. En effet, les concepts élaborés pour rendre compte de l'ensemble de la vie sociale laissaient dans l'ombre la part féminine, ignorée, ou implicitement considérée comme subordonnée, marginale. Les modèles utilisés par les spécialistes du développement ont longtemps implicitement reposé sur l'idée que la différence des sexes fonde une division naturelle du travail. La subordination de la femme persiste encore dans les sociétés africaines où elle est plus perceptible.

Pourtant, la question de l'excision est, malgré tout, une affaire d'hommes et de femmes de sorte qu'il faut obligatoirement tenir compte de l'approche genre dans les stratégies de lutte. Aujourd'hui on reconnaît que la prise en compte du genre est une condition d'efficacité et d'équité des stratégies de développement économique et social. Une enquête réalisée en 2001 sur la prévalence de l'excision au Burkina Faso indiquait que la décision d'exciser est prise par la grand-mère dans 57,1% des cas, par la mère dans 17,5% des cas, par les tantes dans 13,6% des cas et enfin par le père dans seulement 8% des cas106(*).

Ces chiffres font ressortir la responsabilité de la femme dans la pratique de sorte qu'elle doit fortement être impliquée dans la lutte contre cette pratique.

En effet, les femmes occupent une place importante dans l'architecture sociale de toute société. Elles représentent à l'heure actuelle plus de 52% de la population au Burkina Faso. Mais en dépit de leur rôle socio-économique de premier plan, elles restent sous représentées, parfois, totalement exclues des instances et des lieux de décision. D'ailleurs, la conclusion générale qui se dégage d'une centaine d'études réalisées par les Nations Unies et les organisations internationales est qu'aucun Etat au monde ne traite ses femmes comme ses hommes107(*).

Au regard donc des pesanteurs psychologiques et socioculturelles qui font que la femme en Afrique n'a pas toujours une liberté d'expression surtout en présence des hommes, il importe qu'elle fasse l'objet d'une stratégie spécifique. Cela répond au principe de la segmentation de la cible en tenant compte des caractéristiques de chaque partie prenante.

3.4 De la méthode d'évaluation du PIC

L'évaluation est l'une des étapes importantes de la mise en oeuvre d'une stratégie de communication. Cependant, il ne suffit pas d'évaluer pour remplir une simple formalité, mais de rechercher, par le biais de cet exercice les moyens d'améliorer la mise en oeuvre de la stratégie. Pour cela, il faut que l'évaluation soit participative afin de pouvoir déceler les réelles insuffisances de la stratégie pour son amélioration véritable.

Généralement, il est donné d'observer que les évaluations réalisées dans le cadre de bon nombre de projets répondent à des impératifs institutionnels comme l'a souligné Alfonso G. DAGRON. En effet, cet auteur mène, dans son livre intitulé  Ondes de choc,  une critique sur l'évaluation participative qui est un maillon essentiel du processus participatif de la communication pour le développement.

Même si les bénéficiaires sont progressivement mais insuffisamment impliqués dans les étapes de planification et de mise en oeuvre des projets, il demeure cependant que l'étape d'évaluation reste, en général, un exercice réservé aux agences de coopérations108(*). L'évaluation est donc de ce point de vue vertical et étranger aux bénéficiaires.

Le fait que les bailleurs ou les agences d'exécution évaluent eux-mêmes leurs projets influence la qualité des résultats. Le degré d'objectivité des auditeurs risque d'être affecté d'autant plus qu'ils dépendent de futurs contrats avec ces mêmes organisations ou d'autres semblables.

Dans le cadre du PIC, aucune évaluation véritable n'a encore été réalisée depuis sa mise en oeuvre ni par ceux qui sont chargés de sa réalisation sur le terrain, ni par les structures qui assurent sa tutelle. « Nous n'avons pas encore procédé à une évaluation en tant que telle. Mais le Comité National de Lutte nous a informé de son projet de faire une évaluation du PIC au plan national dans le courant de 2006 109(*)».

Cette insuffisance est une entrave à toute tentative d'amélioration du plan car il n'y a pas d'indicateurs de performance ou non. La déduction logique qu'une telle situation peut engendrer est que chaque année, il y a une nouvelle programmation du PIC et les actions se suivent et se ressemblent avec les mêmes insuffisances. L'étape d'évaluation est un maillon essentiel dans le processus de la communication pour le développement car elle permet de réajuster la stratégie pour une nouvelle mise en oeuvre.

En outre, il est ressorti de nos entretiens que le responsable du PIC au niveau local n'a pas une idée claire de la notion d'évaluation. « Cependant, nous avons des informations qui nous parviennent et qui nous permettent d'évaluer sur place la mise en oeuvre du PIC110(*) ». En fait, il s'agit de rapports des campagnes de sensibilisation ponctuelles appelés fiche de sortie que les noyaux relais font parvenir à la radio pour justifier la tenue et décrire l'activité réalisée.

Nous proposons deux exemples de fiche de sortie jointes en annexe. Nous proposons de nommer dans l'ordre la première fiche « fiche 1 » et la deuxième « fiche 2 ».

Nous pouvons remarquer que d'une manière générale, les deux fiches donnent des informations sur le déroulement d'une activité, relatives à l'intitulé de l'activité, au nombre de personnes ayant participé à cette dernière, l'appréciation de la participation de la population, aux préoccupations de la populations, aux difficultés rencontrées lors de la réalisation de l'activité et enfin, le sentiment des organisateurs de l'activités. A première vue, nous pouvons constater qu'il y a, par moment, des confusions sur la nature des informations.

Concernant, par exemple, l'intitulé de l'activité, il ressort que les rapporteurs n'ont pas toujours une bonne compréhension de ce qui est demandé. « L'activité a été bonne, les chrétiens, les musulmans etc. ont bien écouté et compris que l'activité s'est bien déroulée et bien terminée 111(*)». Ici, le rapporteur se presse de donner son appréciation marquée par une satisfaction subjective car, en réalité, rien ne lui permet d'affirmer que la population a été attentive et surtout qu'elle a compris le message qui lui a été transmis.

En outre, le rapporteur se contredit lors de son commentaire où il témoigne que « Au moment qu'ils étaient venus, les gens ont voulu repartir chez eux, mais par la grâce de Dieu, ça n'a pas été le cas, donc ça s'est bien passé112(*) ». Même si l'expression est confuse, il ressort au niveau du sens qu'il y a une résistance à assister à l'activité ou un doute. Il est impossible de dire, dans ce cas, qu'il n'y a pas eu de difficultés et que tout s'est bien passé. Une approche participative voudrait que les commanditaires de l'activité cherchent la raison de la résistance afin de trouver des moyens pour éviter de tels incidents pour les activités futures.

La crédibilité et la sincérité des informations données sur les fiches de sortie ne sont pas évidentes d'autant plus que sur la deuxième fiche aussi, il y a une grande contradiction dans les faits. Dans son commentaire, le rapporteur de la fiche 2 égrène une kyrielle de doléances pour l'amélioration de leurs conditions de travail alors que, paradoxalement, il soutient qu'au niveau des difficultés, il n' y a rien à signaler113(*).

Nous pensons que ces confusions sont dues au fait que les meneurs des activités ne sont pas formés à l'usage des fiches ou qu'ils cherchent à travers ces informations à se donner de bonnes notes quant à la qualité de l'activité. Cela est d'autant vrai que presque tous les rapporteurs ont tendance à être satisfaits et font ressortir que la campagne a été bonne.

Il convient de rappeler que la qualité d'une évaluation participative n'est pas de dire qu'il y a eu un grand nombre de participants ou que les échanges se sont bien déroulés. En tous les cas, de telles informations ne révèlent pas les insuffisances et les contraintes rencontrées de sorte qu'il est quasiment impossible d'améliorer la stratégie. Les informations que donnent les fiches de sortie ne sont pas fiables à telle enseigne que les responsables du PIC ne devraient pas seulement les considérer pour tirer des conclusions satisfaisantes sur le déroulement des activités.

Nous estimons qu'après avoir mis en oeuvre le PIC quatre fois, il est nécessaire de vérifier la pertinence de la stratégie. Il n'est pas tout à fait sûr que la mise en oeuvre du PIC donne déjà des résultats sur le terrain car il s'agit, avant d'un problème touchant aux mentalités et dont la transformation est latente. N'empêche, cependant, qu'une évaluation sur la démarche soit menée pour dégager des éventuelles insuffisances à corriger.

* 106 CNLPE, OMS, Etude sur la prévalence de l'excision au Burkina Faso, 2001, p32

* 107 SANON Victor, Thèse de doctorat sur "La liberté de presse dans les nouvelles démocraties d'Afrique de l'ouest sahélienne: enjeux et limites (Burkina Faso, Mali, Niger), 2000, p296

* 108 Alfonso Gumucio DAGRON, op cit, p38

* 109 Entretien réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio Vénégré, le 10 novembre 2005

* 110 Entretien réalisé avec monsieur Jean Baptiste SAWADOGO, directeur de radio Vénégré, le 10 novembre 2005

* 111 Cf. fiche 1

* 112 Cf. fiche 1

* 113 Cf. fiche 2

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand