III / La Politique de l'investissement dans la SCA
Les progrès réalisés
récemment ne contribuent que lentement à réduire
l'écart entre le Sénégal et les autres régions du
monde. Les pays d'Asie qui, dans les années 60, avaient des revenus par
habitant comparables à ceux du Sénégal sont depuis devenus
des pays à revenu intermédiaires ou élevé. La part
du Sénégal dans les échanges mondiaux est
décevante. Les indicateurs standard de la financiarisation sont bien
plus faibles au Sénégal que dans les autres régions en
développement. Le manque d'infrastructures a aussi freiné la
croissance. Pour inverser ces tendances, des réformes s'imposent dans
nombre de domaines, notamment en ce qui concerne le climat de
l'investissement.
A / Les entraves du climat de l'investissement
Le Sénégal est encore loin de promouvoir
convenablement l'activité du secteur privé. Dans le rapport 2007
de la Banque Mondiale Doing Business : How to Reform, qui classe 175 pays
en fonction de la facilité d'y mener une activité
économique, la place du Sénégal est
146ème et a gagné 6 positions par rapport
à 2006 grâce à la baisse du taux d'impôt sur les
sociétés de 33% à 25%. Tous les types d'activités
privées se heurtent à des obstacles dans de multiples
domaines : octroi de licence, emploi, crédit et relation avec
l'administration,...etc.
Ainsi, en 2007 la création d'une entreprise
nécessite 09 démarches contre 05 en Chine, et requiert 58 jours
contre 30 jours seulement en Asie du sud, où elle coûte trois fois
moins en terme de revenu par habitant.
Malgré la reprise récente, l'investissement
au Sénégal, mesuré en pourcentage du PIB, n'est pas plus
élevé qu'au début des années 90. Le
développement du secteur privé est encore freiné non
seulement par les coûts d'exercice d'une activité
économique, qui vont de la complexité des démarches
administratives à la corruption et au dédale juridique, mais
aussi par le coût des services indispensables aux entreprises tels que
les télécommunications et l'énergie.
Cela explique le classement médiocre du
Sénégal dans les enquêtes sur la pratique des affaires,
telle que celle de la Banque Mondiale sur le climat de l'investissement.
B / L'amélioration du climat des affaires
Pour l'avenir à plus long terme, les gouvernants
et les observateurs extérieurs s'inquiètent
généralement de l'éducation et de l'état des
infrastructures matérielles, où les carences sont manifestes.
Néanmoins, on peut agir dans quantité d'autres domaines pour
améliorer plus vite l'environnement économique, en simplifiant,
par exemple, les innombrables règlements et obligations qui compliquent
la tâche des entrepreneurs et les incitent à
préférer le secteur informel. Ces règles concernent
l'immatriculation des sociétés, le recrutement, l'accès au
crédit, le commerce, l'exécution des contrats et les
réinvestissements.
Certains observateurs estiment que toutes ces
prescriptions n'ont guère d'importance, parce qu'elles sont peu
respectées et que l'activité économique est
essentiellement informelle. Mais ils prennent le problème à
l'envers. Le secteur non structuré se développe
précisément parce que le fonctionnement du secteur formel est
trop restrictif et que le respect des engagements dépend plus du bon
vouloir de l'administration que de l'application des règles. Le rapport
du groupe de la Banque Mondiale Doing in Business a montré que les
règlementations étaient plus contraignantes. Le
Sénégal fait partie des pays où il est plus difficile de
faire monter une affaire, que la solvabilité des emprunteurs potentiels
pose le plus de problèmes aux banques et qu'il est plus compliqué
de faire du commerce. Même le droit du travail a un effet dissuasif.
La simplification des démarches administratives
s'impose aussi dans le secteur commercial. Certes le Sénégal est
lourdement pénalisé par l'état de ses routes, le manque de
fiabilité, voire l'absence de réseaux électriques ou
l'inefficacité de ses ports, mais la lenteur des transports n'est pas le
principal motif de retard des livraisons ; d'après Doing in
Business, le problème est imputable à la paperasserie, aux
contrôles et aux formalités douanières.
Des progrès peuvent aussi être
réalisés à brève échéance en
gérant mieux les entreprises existantes. Même si les
salariés sont assez peu qualifiés, l'essentiel est de bien
utiliser leurs compétences. Les usines sénégalaises sont
presque aussi productives que leurs homologues chinoises. Autrement dit, les
travailleurs Sénégalais peuvent être très productifs
s'ils sont bien gérés. Il n'est pas nécessaire d'attendre
que la génération actuelle ait terminé sa scolarité
pour que la croissance commence à décoller.
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