1. La phase de stabilisation (1979-84)
Elle est caractérisée par le programme de
stabilisation à court terme sur la période (1979-80)
considéré comme un plan d'urgence de stabilisation de la
détérioration des agrégats macro-économiques. Ce
programme est suivi d'un plan de redressement économique et financier
(1980-1984) avec comme objectifs précis : l'équilibre des
finances publiques, des échanges extérieurs et des marchés
de l'emploi ainsi que la maîtrise de l'inflation dans le cadre de la
maîtrise de la demande globale.
Au plan des finances publiques, il s'agit
d'éliminer progressivement le déficit en comprimant les
dépenses telles que la masse salariale en vue de dégager une
épargne publique pouvant financer les investissements.
Les résultats furent mitigés car la
croissance moyenne par an du PIB s'est établie à 1,6% (figure 1),
en deçà de la croissance démographique estimée
à 2,7%, en raison notamment d'une évolution fortement
marquée par le comportement erratique des conditions
climatiques.
Figure 1 : Croissance du PIB,
1960-2000
Source : Diagne et Daffé
2002.
2. Le programme d'ajustement à moyen et long terme
1985-1991
Le document-cadre de politique économique et
financière soumis au Groupe consultatif pour le Sénégal en
décembre 1986 marque une rupture dans l'approche de l'ajustement. En
effet, le programme d'ajustement à moyen et long terme 1985-1991,
appelé à maintenir les acquis obtenus dans la réduction de
la demande, a été centré sur la promotion des exportations
et la mise en oeuvre des politiques sectorielles. C'est à ce titre qu'a
été adoptée la Nouvelle Politique Agricole
(NPA) en juillet 1986, le désengagement de l'Etat dans
les activités marchandes en 1987 ainsi qu'une nouvelle approche en
matière d'investissements. Aussi le système des incitations
industrielles a été révisé afin de rendre le
secteur plus compétitif sur les marchés intérieurs et
extérieurs. Les résultats : L'activité
économique en termes réels a cru de 2,9% en moyenne entre 1985 et
1991 soit un taux légèrement supérieur au croît
démographique. Le solde budgétaire est passé d'un
déficit de 5,7% en 1985/1986 à 1,1% en 1990/1991 avec un poids
réduit de la masse salariale de la Fonction publique qui
représente 41% des recettes courantes. Les arriérés de
l'Etat sont passés de 45 milliards en 1985/86 à 10 milliards au
30 juin 1991. Le solde courant extérieur ne représente que 3,6%
du PIB en 1991. Les avoirs extérieurs se sont améliorés
nettement de 43,8 milliards entre décembre 1985 et décembre 1991.
Il en est de même pour la position nette du gouvernement qui s'est
améliorée de (20,8 milliards sur la période) limitant
l'effet d'éviction que l'Etat suscitait en recourant massivement au
système bancaire. (Moustapha Kassé,
1991).
Cependant, en dépit du programme d'ajustement
à moyen et long terme (PAMLT), le Sénégal demeurait
confronté à des problèmes d'ordre structurel. Non
seulement la structure des finances publiques révélait une
précarité dans les améliorations, mais la balance
commerciale se caractérisait toujours par une rigidité des
importations et des exportations.
Ces éléments de précarité
sont vite apparus dans la rupture opérée avec les institutions de
Bretton Woods dans la période 1992-1993. En 1992, de graves
dérapages dans la politique financière ont amené le
déficit budgétaire à 3% du PIB, lequel était
financé par une accumulation d'arriérés de paiement
extérieurs évalués à plus de 4% du PIB. La
croissance du PIB réel s'est établie à 2,2% (figure 1), du
fait de la baisse de la production des céréales, et de celle de
l'industrie éprouvée par la politique des incitations
industrielles et la baisse des exportations qui ont aggravé le
déficit du compte courant.
Face à ces mauvais indicateurs
de l'année 1992 dont les tendances se sont prolongées en 1993,
une série de mesures internes de réduction des dépenses
publiques et d'amélioration des recettes ont été
adoptées par les pouvoirs publics dans le cadre du Plan d'urgence. Elles
concernent notamment la réduction des salaires de la Fonction publique,
la hausse des droits à l'import et des prix des produits
pétroliers.
Cependant, la mise en place de certaines mesures
structurelles en 1992 et durant le premier semestre de 1993, combinée
à une détérioration des termes de l'échange, ont
conduit à une aggravation de la situation financière et
économique du Sénégal (Kassé,
1991). Ce qui se traduit par une baisse de la production agricole en
1992-1993 de près de 20% et une croissance négative du PIB
réel de -2.1% (figure 1).
Globalement, les résultats
n'ont pas pu restaurer la capacité financière de l'Etat. Par
ailleurs, le taux de change effectif réel s'est substantiellement
apprécié, entravant sérieusement la
compétitivité de l'économie. La conséquence de tous
ces facteurs qu'on retrouvait dans la plupart des pays de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) sera la
dévaluation du Franc CFA de 50% en Janvier 1994.
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