B / Comment le climat de l'investissement influe-t-il sur
la croissance
Les entreprises sont naturellement attentives au climat
de l'investissement. Et le corps social devrait l'être aussi.
L'amélioration de ce climat joue un rôle fondamental en ce qu'elle
permet de stimuler la croissance. Comment ?
Lorsque la population augmente, la croissance
économique est le seul moyen durable d'améliorer les niveaux de
vie. Un bon climat de l'investissement permet de stimuler la croissance en
encourageant l'investissement et en augmentant la productivité.
L'investissement sous-tend la croissance en mettant de nouveaux moyens de
production au service des entreprises. La part relative des investissements
étrangers augmente dans les pays en développement, mais la plus
grande partie des investissements privés est le fait des entreprises
locales.
Un bon climat de l'investissement encourage les
entreprises à investir en réduisant les coûts
injustifiés, les risques et les obstacles à la concurrence.
À la suite des réformes engagées pour améliorer le
climat de l'investissement, l'investissement privé a presque
doublé en pourcentage du PIB en Chine et en Inde ; en Ouganda, il a plus
que doublé (voire encadré 1). Les données
microéconomiques confirment ce constat. En Pologne, en Roumanie, en
Russie, en Slovaquie et en Ukraine, la part des profits que les entreprises
assurées de leurs droits de propriété
réinvestissent est supérieure de 14 à 40 % à celle
des entreprises dont les droits sont peu sûrs. Les paysans
thaïlandais assurés de leurs droits sur la terre ont investi
tellement plus dans leurs champs que leur production était
supérieure de 14 à 25 % à celle de ceux qui travaillaient
des terres de qualité identique, mais sans titre de
propriété. La réduction des obstacles à la
concurrence dans les télécommunications au cours des
années 90 a entraîné un véritable bond en avant de
l'investissement, notamment par les microentrepreneurs du Bangladesh et de
l'Ouganda (Doing Business 2007).
D'après l'enquête sur le climat de
l'investissement de la Banque Mondiale, les données recueillies au
niveau des entreprises montrent qu'une meilleure prévisibilité de
la politique des pouvoirs publics peut accroître de plus de 30 % la
probabilité que les entreprises effectuent de nouveaux investissements.
Mais ce n'est pas seulement le volume de l'investissement qui importe pour la
croissance, ce sont les gains de productivité qu'il permet d'obtenir. De
fait, les études internationales montrent que la productivité
globale des facteurs (PGF) entre pour le même pourcentage de croissance
du PIB que l'accumulation du capital.
Lorsque le climat de l'investissement est bon, il
favorise les gains de productivité en fournissant des
opportunités de marché et il incite les entreprises à
développer leurs activités, à s'adapter et à
adopter de meilleures solutions, pas seulement des innovations du genre de
celles qui méritent un brevet, mais aussi une meilleure façon
d'organiser le processus de production, d'assurer la distribution des
marchandises et de répondre aux désirs des consommateurs.
Quelles sont les conditions à réunir pour
cela ? Il est essentiel de minimiser les obstacles à la diffusion de
nouvelles idées, en particulier ceux qui entravent les importations de
matériel moderne et empêchent d'ajuster le mode d'organisation du
travail.
De même, il est essentiel d'instaurer un
environnement susceptible de promouvoir des processus compétitifs, que
Joseph Schumpeter qualifie « de destruction
créatrice », un environnement où les entreprises ont la
possibilité et le désir de tester leurs idées, de
s'évertuer à obtenir du succès et de prospérer ou
d'échouer. Lorsque le climat de l'investissement est bon, les firmes
peuvent plus facilement entrer sur le marché ou en sortir dans le cadre
d'un processus qui favorise les gains de productivité et une croissance
plus rapide. Les entrées nettes sur le marché expliquent parfois
plus de 90 % des gains de productivité, d'après l'enquête.
Et les entreprises qui déclarent être confrontées à
une forte pression de la concurrence ont au moins 50 % de chances de plus
d'innover que celles qui s'estiment moins exposées à la
concurrence.
Cependant il existe des contraintes auxquelles se
heurtent les entreprises, il convient pour un bon climat des affaires de
dégager un programme d'action pour maîtriser ces
contraintes.
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